Mère
Ypso se tient devant Mère et moi. Elle semble fière et sûre d'elle. Elle met les mains sur les hanches et lève le menton.
- Cela fait longtemps... dit-elle.
- Très longtemps, répond Mère.
- Je vois que cet endroit n'a pas changé.
- Comme tu peux le voir, je ne me suis pas sentie dans le besoin de changer la déco.
Mère regarde les fils d'Ypso, au milieu des siens. Une hostilité à peine voilée règne déjà entre les monstres.
- C'est une véritable armée que tu as amenée avec toi. Es-tu venue ici pour m'envahir ?
- Si c'était le cas, nous n'en serions pas là... Ils sont juste venus faire connaissance. Soit tu es sincère et mes fils sympathiseront avec les tiens, soit tu m'as menti et ils seront là pour me défendre. La suite des évènements ne dépend que de toi.
Mère dévisage sa fille qui attend une réponse de sa part.
- Alors ?
- Hm... L'heure n'est plus aux conflits. J'ai souffert de m'être retrouvée abandonnée après notre bataille. Mes filles étaient les enfants pour lesquels j'avais le plus d'affection et qui me ressemblaient le plus. Avoir été trahie, rejetée et abandonnée comme ça... Je me suis sentie très vide... Je ne veux pas revivre ça. Il nous est maintenant offert l'opportunité de réparer ce qui a été cassé et je ne veux pas passer à côté. Je veux que nous nous réconcilions.
- Hm.
- Ypso, ma fille, je ne plierai pas le genou devant toi, c'est exclu, et je te sais trop fière toi aussi pour en faire autant. Adressons-nous l'une à l'autre sur un pied d'égalité et coexistons comme les deux reines que nous sommes.
Ma sœur attend. Mère s'écrie :
- Il n'y aura pas d'hostilités entre nous !
Mes frères rugissent en signe d'obéissance et d'approbation.
- Il n'y en aura pas non plus de notre part ! répond Ypso.
Ses fils à elles, des espèces d'hommes insectes armés, émettent ensemble un puissant ultrason. Mère passe son bras derrière Ypso et la serre contre elle.
- Tu m'as manqué, ma fille.
Ypso la serre contre elle à son tour.
- Tu m'as manqué aussi, maman.
Elle se recule et me regarde.
- Et qui est-ce ?
- Mon nouvel aîné.
- A-t'il un nom ?
- Pureté.
"J'ai un nom ?! J'ai enfin un nom ?!"
- Bonjour Pureté. Je suis ta grande sœur.
"Comme elle a l'air gentille !"
- Et là, c'est mon aîné à moi : Gritt.
Le colosse hoche la tête en grognant.
- Et c'est ton neveu. Gritt ? l'appelle-t-elle, Lui, c'est ton oncle.
- Oncle ?
Cette idée lui échappait autant qu'à moi. Il ne concevait pas plus ce qu'était un oncle que moi je ne concevais ce qu'était un neveu.
- Mais c'est vrai ! remarqua Mère, Ils ne conçoivent pas ça eux non plus !
Elle s'adressa aux autres.
- Mes fils ! Les enfants d'Ypso sont vos neveux !
- Ne... Veux ?...articulèrent-ils.
- Oui, vous en êtes les oncles. Faîtes connaissance avec eux. Mélangez-vous ! Tous ensemble, maintenant, vous formez une famille.
Mes frères se calment et se rapprochent de leurs neveux. Ils apprennent à communiquer avec eux et l'atmosphère commence à se détendre.
- Allons nous asseoir, termina Mère.
Nous revînmes sur la scène où se trouvaient mes trois autres frères aînés. Guédon, ne semblant pas intéressé par ces retrouvailles, s'en alla en volant. Il n'avait ni ailes ni moyen de propulsion. Il semblait juste ne pas être affecté par la gravité.
Baltro, lui, s'en alla calmement, sans dire un mot. Seul Olivo resta, droit et digne, et vint se tenir aux côtés de Mère quand elle revint en faisant apparaître des sièges. Zagaan, lui, demeura absent.
- Tiens, ma fille, dit Mère en me donnant à ma sœur. Prends Pureté dans tes bras. Après tout, c'est ton petit frère.
- D'accord, répondit-elle surprise.
Dans ses bras, je me sentis bien et me mis à rayonner d'une lumière blanche.
- Tiens ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- C'est parce qu'il t'aime bien.
C'était la première fois que je le faisais mais oui, j'appréciais Ypso. Ça me plaît d'avoir une grande sœur. Jusqu'ici, plus qu'avoir des frères.
Mère et elle se mirent ensuite à discuter.
- Ton armée toute entière n'est pas là, Mère. N'est-ce pas ?
- Non, en effet. Je m'attaque toujours à plusieurs mondes en même temps. J'ai toujours un grand nombre de fils occupé à effectuer des raids mais j'en ai quand même gardé la plupart ici, au cas ou tes intentions seraient hostiles.
- Je dois reconnaître qu'il y en a plus que ce à quoi je m'attendais mais moi aussi, je n'ai pas amené tout le monde. Cela aurait été difficile et inutile si le but était juste d'assurer ma protection.
- Tu as eu raison.
- Dis-moi... Cela te fait quel effet d'être grand-mère, maintenant ?
- Pardon ?
- Tu ne te sens pas plus vieille ? Menacée ?...
- Eh bien... Étant donné que mon dernier bébé est dans tes bras, je dirais que cela ne change rien pour moi : je me sens toujours mère et non grand-mère.
- Je dois avouer que je suis assez étonnée par l'apparence de tes aînés.
- Quoi ? Une tête, un visage, un cou, un tronc, deux bras, deux jambes... C'est une apparence que j'ai toujours appréciée. La preuve : vous, mes filles, l'avez toutes.
- Tu ne l'as ensuite appliqué qu'à quelques uns de tes aînés, à l'époque. Bon nombre d'entre eux avait une apparence aussi monstrueuse que celles de tes autres fils.
- Je n'avais plus de filles, après votre départ. Je n'avais donc plus de raison de ne plus donner cette apparence qu'à mes filles...
- Mais... Et tes deux aînés qui sont partis... Ils ne sont pas de toi ? Je veux dire... Ils ne correspondent pas à ton style...
- Tu as raison, ils ne sont pas de moi. Je les ai adoptés. Baltro s'est écrasé ici je ne sais pas comment. Je ne sais ni d'où il vient, ni comment il a atterri ici. Je l'ai simplement récupéré et, après avoir sondé sa mémoire, je l'ai trouvé à mon goût et ai décidé de le garder. J'ai dû le modifier pour qu'il puisse s'adapter à son nouvel environnement, dispose de capacités que je souhaite retrouver chez chacun de mes fils, comme émettre un signal radar que je perçoive, et l'améliorer pour qu'il puisse utiliser ses pouvoirs plus librement et soit plus efficace dans les missions que je lui confie.
- Je vois. Et l'autre ?
- Guédon ? Lui, il est venu de son propre chef. Il a rasé son monde natal avant de réaliser qu'il n'avait plus nulle part où aller après. Il a ensuite trouvé un de mes éclaireurs qui était caché sur son monde et m'en signalait la présence. Guédon l'a donc interrogé de manière musclée puis l'a forcé à le conduire jusqu'à moi. Nous nous sommes entretenus et, comme il n'avait rien de mieux à faire, il a accepté de travailler pour moi et, après encore quelques petites améliorations, il a pu rejoindre les rangs de mes aînés.
- Et Zagaan, alors ? demandais-je naïvement.
- Tu as un autre aîné dans les parages ? s'étonna Ypso.
- Eh bien... Oui mais il dort.
- Je vois.
Gritt observait ce qui se passait autour de lui. Il était très méfiant. Olivo, lui, restait présent et stoïque tandis que Guédon avait disparu et que Baltro s'était posé dans son coin et attendait tranquillement, le sourire aux lèvres. Mère et Ypso continuaient de parler entre elles.
- Tu t'es installé dans un système solaire qui contient cinq mondes habités ?
- Le démiurge qui vit là-bas a aligné les cinq planètes habitables qui s'y trouvaient sur le même axe orbital. Elles tournent sur la même ligne, à distances égales les unes des autres, dans la zone du système solaire où la température permet à la vie de prospérer. Les mondes sont habités par une même espèce d'hominidés mais divisée en peuples indépendants les uns des autres. Il sont apparus simultanément sur les cinq planètes et ne voyagent pas de l'une à l'autre. Leur technologie n'est pas très développée et ils parlent des langues très différentes d'un clan à un autre.
- Et tu leur rends régulièrement visite.
- Je ne suis pas comme toi : cela ne m'intéresse pas de trouver un monde et de le dévorer aussi vite que possible. Je savoure. Je récolte auprès d'eux les dépouilles de leurs défunts. Une partie de mes fils va régulièrement les moissonner, dit-elle en désignant ceux ressemblant à des soldats, tandis que d'autres arpentent quotidiennement les planètes pour récolter les carcasses des être vivants qui sont morts, dit-elle en désignant ceux qui ressemblaient à des bêtes sauvages. Les planètes tournent en cercle. Le démiurge vit d'un côté et redonne un petit peu d'énergie vitale à ses mondes lorsqu'ils passent devant lui, tandis que moi, je vis de l'autre côté et je les moissonne. Ils vénèrent leur démiurge et le voient comme l'incarnation de la vie alors que moi, ils m'acceptent et me voient comme l'incarnation de la mort. Ils ont donc du abandonner leurs rites funéraires car si jamais la moisson n'est pas assez bonne à mon goût, je tue et emporte des individus vivants pour compenser. Et malheur à qui oserait se rebeller : j'ai déjà rasé plusieurs cités et n'hésiterai pas une seule seconde à le refaire !
- Nous ne sommes pas si différentes, finalement.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- C'est jouissif, le pouvoir, hein ?
- C'est vrai. Être grande, forte, crainte... Je ne réalisais pas combien c'était jubilatoire avant d'être à ta place.
- Tu fais quand même preuve d'énormément de retenue. Moi, j'aurais dévoré ce démiurge après l'avoir obligé à me regarder raser ses monde l'un après l'autre.
- Je m'occuperai du cas de ce démiurge quand il ne me servira plus à rien. Avec ma méthode, ce garde-manger va me servir encore plusieurs milliers d'année.
- Et tu les récoltes. Les dévore. Assimile l'énergie vitale qui les a constitué et qui réside encore en eux pour devenir plus forte et faire plus de fils.
- Il faut croire que personne ne peut nier sa véritable nature.
- Et tu ne t'es pas fait de filles ?
- Non. J'ai appris de tes erreurs. C'est facile d'avoir des fils. Ils se programment facilement et te donnent tout pour un seul signe d'amour en retour. Cela peut-être une caresse, un mot, un regard... N'importe quoi fera l'affaire pour le reste de leur existence ! Avec les filles, par contre, c'est tout ou rien : soit tu fais des nounous dont le rôle se limite à t'occuper d'un enfant qui va grandir, soit tu fais un reflet de toi qui finit tôt ou tard par entrer en conflit avec toi et cherchera à s'émanciper. De la rivalité naît forcément avec une fille. Avec un fils, il n'y a que du dévouement.
Ypso lève les yeux au ciel.
- Encore une fois, j'ai beaucoup appris en t'observant. Tes fils sont des bêtes que tu tiens en laisse. Les miens sont plutôt les rouages d'une grande machine. Ils jouent tous un rôle et jouissent ainsi d'une intelligence collective. Et je me revois, après chaque moisson, assise sur mon trône, au milieu de ma ruche, et je consomme cette gelée concoctée avec la moisson... Tous ces souvenirs... Toutes ces informations... Toute cette énergie contenue dans chaque être vivant... Et je m'en repais. Et je leur dis : "Je me suis régalée", pour en retour, récolter la joie et la fierté qu'ils ressentent en me servant.
- C'est à peu près pareil pour moi. Je dévore les démiurges mais mes fils récoltent tout ce qui a pu être vivant et les mettent dans des cuves avec lesquelles je les digèrent. L'énergie récoltée circule dans tous mon organisme, dit-elle en désignant son repaire, et je leur dit : "Votre mère n'a plus faim."
- On dirait que je voulais être comme toi.
- Nous sommes pareilles, Ypso. Deux monstres qui tentent maintenant de coexister.
Ma sœur me soulève.
- Pourquoi as-tu fais un aîné enfant qui va grandir ? Tes fils naissent avec un corps déjà adulte, d'habitude...
- C'est parce que j'ai d'autres projets pour lui.
- Ah ? Lesquels ?
- Ypso, tu comptes rester longtemps parmi nous ?
- Non. Je pense même ne pas tarder à partir.
- Bon...
Puis Mère se leva. Ypso me fit redescendre et posa son nez contre le mien.
- Tu es mignon, toi.
Je ris. Mère se dirigea vers le bord de la scène et s'adressa à l'interminable foule qui se tenait devant elle.
- Vous vous entendez bien avec vos neveux, mes fils ?
- Ouais ! répondirent-ils.
- Et vous, mes garçons, dit Ypso après un petit rire, vous appréciez vos on...
- Bien. Tuez-les, maintenant.
- Hein ?
Pas une seule seconde d'hésitation. Alors qu'Ypso et moi nous demandions si nous avions bien entendu, mes frères exécutèrent l'ordre dans la seconde et ce fut un bain de sang ! Beaucoup de nos neveux s'étaient mélangés à eux et furent massacrés sur le champ. Les autres parvinrent à se réunirent et purent tenter de se défendre mais je n'en revenais pas de ce que je voyais ! Ils tuaient leurs neveux, oui, mais ils le faisaient de manières horribles... De vrais bouchers ! Ils leur brisaient les os, leur arrachaient les membres, les écrasaient... Ils se baignaient dans leur sang en hurlant avant de reprendre le carnage.
- Espèce de...
Mère claqua des doigts, je me mis à briller et vidais alors ma sœur de toute son énergie. Elle qui s'apprêtait à bondir, retomba à genoux.
- Qu'est-ce que...
- Tu voulais savoir à quoi il servait ? C'est simple : je l'ai créé spécialement pour ta visite. Tu ne pouvais pas te méfier d'un aîné dont l'apparence était aussi inoffensive. Dans tes bras, il a pu se familiariser avec ton énergie et ensuite, je n'avais plus qu'à attendre le bon moment pour activer sa fonction : neutraliser les pouvoir des autres divinités.
- Une arme... Contre moi ?!
- Exactement.
- Pourquoi ?! Je croyais que tu voulais faire la paix ! criait-elle en se redressant, Tu disais que...
- Et tu as cru à mes mensonges ?
Mère la repoussa en déclenchant une onde de choc. Ypso avait été éloignée et était allongée par terre. La main gauche sur la hanche, Mère avança lentement comme une diva.
- Pauvre petite fille naïve. Tu voulais tellement la reconnaissance de ta môman que tu as mangé le pain qu'elle te tendait, fut-il empoisonné.
- Je croyais que tu m'aimais... Je suis comme toi...
- Ta gueule !!! hurla-t-elle.
Ma génitrice commença ensuite à s'élever dans les airs tandis que Gritt se rendait auprès de la sienne.
- Jamais vous ne serez mon égal ! Vous vous plaigniez d'être dans mon ombre ? Mais c'était exactement la place qui vous était réservée ! C'est moi, votre reine ! Jamais je ne pardonnerai l'insubordination ! Jamais je ne tolérerai la contestation ! Et jamais, au grand jamais, je n'accepterai la coexistence !!!
Elle était hors d'elle.
- Je vous traquerai toutes autant que vous êtes ! Tu as été assez bête pour te jeter dans la gueule du loup, Ypso, mais je te le dit clairement : aucune d'entre vous ne m'arrive à la cheville ! Il ne peut y avoir qu'une seule mère, qu'une seule reine, qu'une seule déesse, et c'est moi ! Je règne sans partage sur l'univers et tuerai sans pitié jusqu'à la dernière de mes filles !!!
Jamais je ne me serais attendu à ça... Ypso jeta son regard sur son aîné puis me désigna.
- Gritt ! Le bébé ! Tue-le !
À ces mots, le colosse bondit et abattit ses bras puissants sur moi. Ces derniers furent stoppés par un champ de force blanc qui m'enveloppait comme une bulle de savon.
- Tu croyais vraiment que j'allais te laisser faire ? demanda Mère, Pureté jouis de pouvoirs défensifs qui le mettent à l'abri du danger.
- Gritt, hurla Ypso, dépêche-toi de briser son bouclier ! Il n'y a que comme ça que je ne serais plus affaiblis !
- À tes ordres !
Gritt se mit alors à frapper ma bulle avec acharnement. Ses coups avaient une force et une vitesse hallucinante ! Je sentais ma défense menacée... C'est alors que j'entendis sa voix dans ma tête.
Gritt
Je m'appelle Gritt. Je suis le fils d'Ypso. Un ainé... Son seul ainé !
Il paraît que je ne suis pas le premier. Simplement un nouveau modèle qui s'est vu transmettre l'expérience et les souvenirs de ses prédécesseurs. Est-ce que ça m'affecte ? Absolument pas ! Je me contrefiche de mes frères ! Seul compte ma mère.
M'man m'a chargé d'une mission que je m'applique à accomplir : la nourrir. Je n'ai aucune considération pour les gens que je rackette lors des moissons. J'achève même les mourants pour pouvoir les ramener maintenant. Ils n'ont pas pu dire au revoir à leurs proches ? Mais quelle faiblesse ! Leur seule et unique raison d'exister est de nourrir celle que je sers ! Je suis totalement hermétique à toutes ces notions auquelles ils s'attachent. L'amitié ? L'amour ? Le respect ? Le deuil ?... Mais de quoi est-ce qu'ils s'encombrent l'esprit ?! Servir Ypso, c'est la seule et unique vérité ! Elle seule a raison ! Elle seule est digne ! Elle seule règne !
Je suis sans pitié. Hommes, femmes, enfants, vieillards... Qu'ils soient forts ou faibles, bons ou mauvais, cela ne change rien pour moi. L'étranger n'est qu'une victime potentielle. Peut-être serais-je plus heureux en effectuant des raids, comme mes oncles, mais pas si cette décision ne vient pas d'Ypso ! Je lui obéis au doigt et à l'oeil. Sa volonté fait loi ! J'aime me battre : j'ai déjà rasé des cités qui ont voulu se rebeller et je suis même aller personnellement détruire les villages qui se trouvaient dans les parages, histoire que les peuples comprennent bien que nous ne plaisantons pas. Personne ne s'oppose à Ypso. Personne !
Je suis conçus pour pouvoir détruire absolument n'importe quel être vivant, y compris des ainés comme ceux auxquels ma mère a déjà eu affaire. Elle ne connaît pas ceux-là ? Parfait ! Ça sera l'occasion pour moi de déployer pleinement mes pouvoirs ! Je n'ai jamais eu que des adversaires trop faibles jusqu'à présent. Toute cette puissante inutilisée... Je vais enfin avoir le combat que j'attendais !
Chez Mère
"Je le connais", me disais-je, "J'entends ce qu'il pense !"
Gritt presse la bulle entre ses mains.
- De l'énergie cinétique ? Et tu te crois à l'abri, petit ?
Je sens que le champ de force est en train d'atteindre ses limites.
- Rien ni personne ne peut te protéger de moi.
"La bulle va céder !..."
C'est alors qu'un violent choc l'interrompt.
- Ha !...
C'est Olivo ! Mon frère ainé vient d'effectuer une puissante charge d'épaule, percutant Gritt dans la colonne vertébrale et l'envoyant dans le décors.
- Tu parles fort et c'est très facile de s'en prendre aux enfants...
Puis il sort une espèce de grosse épée de sa carapace pendant que Gritt se relève, mécontent.
- ... Mais voyons ce que tu vaux face à un adversaire à ta taille.
- Gritt ! hurla Ypso en plongeant sur mon frère mais Mère plongea sur elle et l'emporta.
- Hop hop hop ! C'est moi qui suis ton adversaire, ma fille.
Gritt défia Olivo du regard et abattit son poing contre sa paume.
- J'ai envie de te tuer depuis que je t'ai aperçu. Content de pouvoir le faire dès maintenant.
Puis ils foncèrent l'un sur l'autre.
Je m'écartais et mon regard se reposa sur Ypso qui venait de repousser notre mère.
- Feu ! s'écria la jeune déesse.
L'espèce de ruche volante qui lui servait de vaisseau sortit des canons et laissa s'échapper d'autres vaisseaux plus petits. Le champs de bataille reçu alors une pluie de tirs de plasma.
- Détruisez-les, grogna Mère.
Une partie de mes frère s'envola et s'attaqua à la ruche.
- Ils ne feront pas le poids ! hurla ma sœur.
- Guédon !
Mère venait d'appeler l'un de ses ainés. Ce dernier était dans le ciel.
- Ils m'énervent, ceux-là ! grognait-il.
- Eh bien qu'attends-tu ? Je compte sur toi pour faire le ménage.
Je l'entendais pousser un hurlement de fureur avant de foncer au combat. Guédon était une brique volante : il volait à toute vitesse et pulvérisait tout sur son passage. Aucun des vaisseaux ennemis qu'il avait pris en chasse ne parvenait à lui échapper. De plus, il était invulnérable, pouvait provoquer des ondes de choc dévastatrice et tirer des rayons lasers depuis les différentes parties de son corps. Grâce à lui, mes frères purent atteindre plus facilement la coque du vaisseau géant.
- Maintenant ! appela Ypso.
Soudain, les capsules pleines de soldats qu'elle avait fait se poser sur le sol en arrivant s'ouvrir par le haut et, depuis chacune d'elle, sortie une espèce de très grosses libellules qui se mirent à voler vers ma sœur en transportant des paquets brillant d'une lumière aveuglante. Mes frères tentèrent de les intercepter et les arrêtèrent toutes, sauf une. Ypso se saisit de l'espèce de capsule que l'insecte lui apportait et en absorba l'énergie contenue.
- Des batteries ? demanda Mère.
- Pour qui me prends-tu ? lui répondit sa fille, tu croyais que j'allais venir les mains vides ? Je m'étais préparée à cet affrontement !
Mes frères avaient massacrés tous les soldats qui étaient au sol. Ils voulurent fondre sur elle mais Ypso claqua des doigts et les piles d'énergie qui n'avaient pas put arriver jusqu'à elle explosèrent comme des grenades, tuant un bon paquet de monstres.
- À nous deux !
Ma sœur, rechargée, se jeta ensuite sur notre génitrice et la roua de coups. La coque qui enveloppait le corps de fumée et d'énergie de Mère se fissurait un petit peu plus après chaque coup, jusqu'à ce qu'Ypso lui plante son avant-bras dans le ventre en la transperçant avec un direct du droit dans l'estomac.
- Ha...
Elle posa ensuite sa main gauche sur son épaule et effectua un balayage devant elle, décapitant son adversaire.
- Maman ! m'écriais-je.
Puis Ypso dégagea une puissante vague d'énergie depuis son avant bras, pulvérisant le corps de Mère, puis vint attraper sa tête d'une main.
- Alors ?
- Oups, répondit la tête. On dirait que je suis morte.
Puis ma sœur ferma le poing et détruisit ce qu'il restait du corps.
Olivo s'écrasa ensuite à côté de moi, m'arrachant un cri. Gritt bondit sur lui. Mon frère le retint comme il peut.
- Ça t'étonne, hein ?
Gritt était beaucoup plus musclé et corpulent qu'avant. Olivo parvint finalement à le repousser. Il se releva ensuite, haletant.
- Admet-le, tonton. Tu n'as aucune chance contre moi.
- Je... Je n'abandonnerais pas... Je me battrais jusqu'au bout !
C'est alors que je me mis à entendre sa voix, comme pour Gritt, toute à l'heure.
Olivo
Je m'appelle Olivo. Je suis un aîné.
Je suis né avec un corps d'adulte et ai été programmé pour commander mes frères tout en accomplissant la mission sacrée qui est de nourrir ma créatrice. Je dirige les raids, participe aux combats, décide des manœuvres et des sanctions... J'ai été créé après que Mère, surprise par une caste de guerriers qu'elle avait trouvée sous différents noms sur plusieurs mondes – le plus commun était chevalier – a décidé de s'en inspirer pour voir ce qu'un tel fils pouvait lui apporter.
Elle ne fut pas déçue. Du moins, j'y ai veillé. Mère est ma seule et unique raison de vivre. Mon existence n'a pas de sens sans elle. Toute ma vie et toute mon existence lui sont dévouées. Beaucoup de mes frères me trouvent ridicule parce que j'instaure une certaine forme de discipline quand je commande, fais preuve de patience, accorde des affrontements à la loyale... C'est très loin des attaques barbares et chaotiques que ces derniers ont l'habitude d'effectuer mais respecter les principes qu'elle m'a implanter et mettre autant ma vie en jeu que celle de mes frères, ce n'est pas faire défaut à Mère, c'est lui faire honneur de la manière la plus noble qui soit.
Jamais je ne conteste ses ordres, jamais je ne proteste. Je suis son serviteur dévoué et je servirai toujours Mère, tout en sachant que si je mourai, je le ferai dans l'intégrité et l'honneur, faisant que mon existence aura été plus fière que celle de tous mes frères.
Mère a toujours raison. Sa parole fait loi !
Chez Mère
Ypso se tourne vers moi et me lance un regard assassin.
- Tu t'es bien foutu de moi... dit-elle sans desserrer les dents.
"Mais... Mais je n'y suis pour rien !"
Olivo pousse un énorme cri de douleur. Je me retourne et vois que Gritt lui a planté son poing dans le flan gauche. Aussi, son armure est brisée à plusieurs endroits, laissant sa chair à vif, du sang lui coule tout le long du visage et il a l'air épuisé. Notre neveu le plaque ensuite violemment contre un mur.
- Achève-le, Gritt ! Tue ce moins que rien puis règle son compte au bébé !
"Quoi ?!", m'écriai-je intérieurement. L'ennemi sourit.
- À tes ordres, m'man.
Puis il tend ses doigts pour que sa main ressemble à la pointe d'une lance et il l'enfonce dans la plaie béante qu'Olivo a dans le flan.
- Olivo ! Non !
- Oui, Gritt ! Tue-le !
Olivo crie à plein poumons.
- T'es solide, je l'avoue, dit Gritt. Mais aucun blindage ne peut me résister.
- Aaargh...
- Baltro !
"Hein ? J'ai rêvé ou je viens d'entendre la voix de mère ?"
C'est alors que Baltro, le frère contre lequel Olivo m'avait le plus mis en garde, apparu subitement en passant à travers un portail fait de ténèbres. Il arriva, le sourire aux lèvres, et regarda tranquillement Olivo en train de se faire tuer. Mère apparue derrière lui, uniquement faite de fumée, cette fois, et vint lui masser les épaules.
- Soit un bon garçon et interviens maintenant.
- Tss.
Le jeune homme généra un javelot noir, l'empoigna et, avec une force et une vitesse prodigieuse, l'envoya se planter dans le dos de Gritt.
- Ha !
- Feu d'artifice.
Puis l'objet explosa dans une formidable déflagration. Quand les flammes s'éteignirent, Gritt était affaibli avec le dos brûlé et écorché et Olivo avait refermé son casque juste à temps pour le pas périr le visage brûlé, mais il était visiblement en très piteux état.
Notre neveu, qui avait mis le genou à terre, se releva en se tournant vers son nouvel assaillant.
- Ah, tu as survécu ? Tant mieux. J'aurais été déçu que tu crèves pour si peu.
- T'es qui, toi ?!
- Moi ? répondit Baltro en faisant apparaître une épée noire, Je suis ton pire cauchemar !
Puis il fonce sur son adversaire. Pendant qu'il régénère sa blessure, Gritt attrape Olivo à la gorge et l'utilise comme bouclier humain. Ce dernier ouvre de grands yeux en voyant notre frère arriver.
- Baltro, arrête ! Je suis devant !
Rien à faire. Baltro le transperce comme une feuille de papier et cherche à atteindre Gritt aussi. Notre neveu, surpris, s'écarte juste à temps mais reçoit quand même une entaille au niveau des côtes. Il s'éloigne pendant que Baltro, ennuyé d'avoir maintenant le corps d'Olivo empalé sur son épée, s'en débarrasse en le déchiquetant avec son épée, en la maniant à une vitesse telle que je ne l'ai pas vu bouger le bras.
"Olivo !" m'écriai-je.
- Petit, petit, petit, appela Baltro. Viens jouer avec moi.
- J'vais te massacrer comme ton frère !
Puis, Gritt bondit dans les airs, prit une grande inspiration et cracha un torrent de lave sur Baltro qui tendit sa main gauche droit devant lui, faisant apparaitre un immense bouclier noir, accompagné d'un champ de force, avec lequel il arrêta l'attaque sans sourciller. Notre neveu n'en cru pas ses yeux.
- Comment ?
- Tu m'as cru au même niveau qu'Olivo ? Mon pauvre ami...
Le bouclier dissipé, Baltro lève alors la main gauche, génère une immense boule de feu ressemblant à un mini Soleil...
- Je suis beaucoup, beaucoup plus fort que lui.
Puis il la lance sur son adversaire qui ne parvient pas à l'esquiver.
Mère réapparait derrière Ypso qui se retourne en entendant sa voix.
- Le spectacle te plaît ?
Ma sœur plonge sur elle et lui fait passer son poing au travers du visage. Le corps de Mère meurt puis elle en génère un autre qui apparaît derrière sa fille.
- C'est inutile...
Ypso se dégage, fond sur elle et la décapite. Un autre double apparait à nouveau.
- Ça ne sert à rien, Ypso. Ce ne sont que des pantins que je contrôle à distance. Mon vrai corps n'est pas là mais au cœur de cette structure.
- Sale...
Elle plonge sur le sol pour pouvoir passer au travers. Elle se heurte à un champ de force et plusieurs copies apparaissent et fondent sur elle, l'attrapant et la plaquant au sol.
- Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser faire ?
- Ôte tes sales pattes !
J'entends que Gritt se relève. Je me tourne et le vois recouvert d'une épaisse peau ressemblant à du diamant.
- Hm ? fait Baltro.
- Connard... Tu vas me le payer !
Gritt se détache des diamants et fonce sur Baltro. Il est encore plus rapide que quand il attaquait Olivo.
- Prends ça !
Baltro et lui se battent au corps à corps. Gritt se déchaîne.
- J'suis conçu pour ne pas pouvoir perdre, connard ! s'écrit-il, Je peux survivre à n'importe quel environnement ou catastrophe naturelle !
- Ah oui ?
Baltro esquive un crochet porté en direction de sa tête, se relève et envoie son poing dans la mâchoire de son adversaire. La puissance du coup est telle qu'il provoque un bruit comparable à celui d'une explosion.
- Ça se voit que tu n'as jamais visité mon monde, alors !
Je suis impressionné : Baltro, qui me paraissait bravache et prétentieux, se révélait finalement être un combattant exceptionnel ! Il était fort, rapide, précis... Il semblait plus adroit et plus expérimenté que Gritt. De plus, son corps semble dégager une énergie qui, lorsqu'il s'apprête à recevoir un coup, agit comme un champ de force protecteur qui se déploie quelques centimètres au-dessus de sa peau, ce qui amoindrit les coups de notre neveu, mais qui agit aussi de manière offensive. Lorsque Baltro porte un coup, j'ai l'impression qu'il est accompagné d'une explosion ou d'un onde de choc...
C'est alors que j'entends la voix de mon grand-frère.
Baltro
Je m'appelle Baltro. Je viens d'un monde que Mère n'a pas encore trouvé. Là-bas, un panthéon de divinité a créé la vie et engendré ceux de mon espèce.
Je suis un "noble". Ce n'est bien sûr qu'une traduction approximative du nom de ma race mais il conviendra. Les démiurges de mon monde ont créé la vie de manière assez arbitraire. Ils ont d'abord créé une faune riche et hostile, composée de monstres violents qui ne pensaient qu'à se battre entre eux avant de réaliser que cette démarche ne créerait jamais d'équilibre naturel. Ils ont alors révisé leurs projets et ont créé un monde différent, peuplé d'êtres vivants dont le corps est parcouru d'une énergie fantastique que chaque espèce exploite différemment.
Imaginez une espèce de, euh... "Biche" ! Ou une "gazelle"... Bref, je ne sais pas comment vous appelez vos animaux mais bon, je suis sûr que vous voyez de quoi je parle. Et maintenant, imaginez que cette gazelle ait la capacité de se dupliquer et que son prédateur, un "félin", ait le pouvoir d'aller très vite pendant un temps limité. Eh bien alors, en cas de chasse, vous verriez la biche de démultiplier et fuir en se dispersant avec ses copies tandis que le félin se lancerait à leur poursuite. S'il tombe sur une copie, elle disparaitra et il ne pourra pas manger, alors que s'il tombe sur la vraie biche, il aura son repas. Le félin devra donc retenter sa chance autant de fois que possible avant que son pouvoir ne fasse plus effet et devra attraper la vraie biche avant qu'elle ne s'échappe s'il veut manger.
Mes dieux et mes déesses ont fait du très bon travail. Ils ont créé de nombreux environnements riches et prospères, ainsi que des écosystèmes variés. Puis, c'est là qu'ils ont eu l'idée d'y inclure des hominidés. Ils en créèrent donc un, un être parfait, disposant d'une quantité d'énergie inédite et disproportionnée par rapport à sa petite taille. Un individu de deux mètres de haut, taillé pour le combat, capable de s'adapter à presque tous les environnements terrestres, intelligent, polyvalent et en mesure de faire tout ce qu'il voulait ou presque avec les pouvoirs dont il disposait. C'est ainsi que naquit le tout premier noble.
Ils ont d'abord créé un homme puis, plus tard, une femme. Les deux individus auraient du se reproduire ensemble mais ils n'en firent rien : les nobles ne s'intéressent pas suffisamment les uns autres pour ça. Il avaient besoin de partenaires qui leur étaient différents. Les démiurges créèrent alors de nombreux peuples qui, comme les animaux, contribuaient à l'entretien de leurs habitats naturels et pouvaient utiliser la magie d'une manière précise mais variant d'un peuple à l'autre.
Ces hominidés ne peuvent pas se reproduire entre eux : si deux membres d'un couple sont issus de peuples différents, ils ne peuvent pas avoir d'enfants ensemble parce qu'ils n'appartiennent pas à la même espèce. Les nobles, par contre, peuvent se reproduire avec n'importe quel hominidé. Peu importe qui est l'autre parent : si l'un d'entre est un noble, la progéniture engendrée est forcément un autre noble. Au sein de ma race, les notions telles que la bâtardise et le métissage n'existent donc pas.
Les nobles se reproduise à un rythme très lent mais vivent longtemps, presque mille ans. Ils sont incroyablement puissant et sont vénérés comme des dieux : peu importe les démiurges, ces derniers sont absent et laissent leurs enfants jouir du monde qu'ils ont fait pour eux. Les nobles sont au sommet de la pyramide et les autres peuples vivent dans leur suprématie. Ils ont besoin d'eux, après tout. Les nobles sont capables de provoquer énormément de destruction, mais ils dégagent naturellement beaucoup d'énergie et cette dernière contribue à l'évolution et à l'enrichissement de l'environnement et des être vivants.
En tant que noble, je dispose d'une incroyable réserve d'énergie... Ou de magie. Je ne sais pas comment les autres préfèrent appeler ça et je m'en moque. Mon père était un noble et ma mère, qu'on appelait "la folle", appartenait à une espèce différente. Laquelle ? Je m'en fiche. Je suis né avec une peau violette, comme tous les nobles, je sais donc à quelle espèce j'appartiens. Peut-être que j'aurais pu en savoir plus si ma génitrice n'était pas morte quand j'étais petit, mais tant pis, ce qui est arrivé est arrivé, rien ni personne ne peut changer le passé.
Quand j'ai quitté mon monde, je participais à un événement appelé le "cycle de l'apothéose", une compétition organisée par les démiurges dont le vainqueur se voit octroyé des pouvoirs extraordinaires, faisant de lui l'équivalent d'un dieu, ainsi que la mission de conduire son monde vers une nouvelle ère. J'aurais dû gagner mais je suis accidentellement tombé à travers un portail qui m'a fait atterrir ici où j'ai rencontré la déesse que je sers aujourd'hui.
Elle est la mère que je n'ai pas eu et dont j'avais besoin. Je suis heureux de la servir parce qu'elle donne un sens à mon existence. Elle m'a modifié pour pouvoir m'offrir la vie et la jeunesse éternelle et pour ça, je lui en serais toujours redevable. Mère a toujours raison et sa parole fait l... Pfffha ha ha ! Non mais sérieusement, j'ai vraiment failli dire ça ?
Chez Mère
D'un mouvement, Baltro génère une tornade qui part en ligne droite depuis les paumes de ses mains, envoyant Gritt s'écraser contre un mur. Ce dernier encaisse assez bien l'attaque parce qu'il a eu le réflexe de couvrir son corps de sa peau de diamant.
- C'est une bonne idée de protéger ton corps avec cette peau en cristaux... lui dit Baltro.
Il fait ensuite apparaître une nuée d'éclairs autour de lui, pointés vers son ennemis.
- J'espère pour toi qu'elle n'est pas conductrice.
Gritt a juste le temps d'ouvrir de grand yeux de stupéfaction avant que les projectiles ne fondent sur lui à une vitesse prodigieuse et, à défaut de pouvoir le transpercer, ces derniers le foudroient.
L'explosion est stupéfiante. Baltro jubile.
Baltro
Pourquoi est-ce que ma mère était folle ? Parce qu'elle était entièrement dévouée à un culte qui ambitionnait de créer un être divin. Des espèces de dérangés, avec qui ma lignée avait collaborée, qui décidaient quels candidats et quelles candidates auraient le privilèges de se reproduire avec des nobles dans le but que ces derniers n'aient des enfants qu'avec les meilleurs afin que chaque génération engendrée surpasse la précédente jusqu'à ce qu'à terme, un enfant incroyablement talentueux, devant lequel tous s'agenouilleraient, vienne au monde, et se révèle plus fort que tous les autres nobles et soit le seul à même de devenir apothéose...
Cet enfant ? C'est moi. C'est tellement bête mais les méthodes que cette organisation appliquait ne faisait qu'engendrer des nobles qui avaient de meilleurs dispositions que d'autres mais, à chaque fois, dans des domaines précis. Pas tous. Ils auraient pu attendre longtemps avant de l'avoir, leur être divin, mais je suis arrivé. Fort. Doué. J'étais tout juste un adolescent que j'étais déjà plus puissant que les autres nobles adultes. À commencer par mon père... Ce pauvre tocard de merde ! Pour qui il se prenait, à croire qu'il pouvait me dicter ma conduite ? Fier de me voir exceller, contrarié de me voir mépriser... Ha ha ha, mais quel clown !
Je vais vous dire un petit secret : quand vous êtes fort et charismatique, il vous suffit ensuite d'être rusé pour que l'opinion publique soit toujours de votre côté. J'aimais regarder les autres enfants et adolescents qui avaient, physiquement, le même âge que moi. J'aimais les regarder travailler, développer leurs différents talents, aspirer à pouvoir vivre auprès des nobles... Et je savais quoi faire ensuite. De quoi est-ce que je parle ? Eh bien c'est très simple : je ne suis pas un homme qui reçoit, je suis un homme qui prend ! À chaque fois que je rencontre quelqu'un, je me demande ce que je peux lui prendre.
Je revois ce jeune homme, si fier, sûr de lui... J'apprenais le maniement de l'épée et j'ai été confié aux bons soins d'un nouveau maître d'arme qui, lui, entrainait aussi d'autres apprentis soldats... Tous m'ont mis sur un piédestal sauf le maître qui me voyait comme un élève comme les autres et ce jeune talent qui pensait que l'on pourrait devenir ami... Mais quel débile ! Comme si nous étions égaux. J'ai d'abord eu recours aux coups bas, discrets, furtifs... Puis à l'intimidation... Et enfin... Je lui ai brisé les mains !
Oh, rien que d'y penser, j'ai le cœur qui bat... Aucune preuve que c'était moi, mais aucune preuve que c'était un accident non plus. Pourtant, c'est la version des faits que les gens ont adoptés sans se poser de questions. Oh bon sang... Prendre ce qu'ils ont aux gens jusqu'à ce qu'ils soient démunis, comme quand on arrache tous ses pétales à une fleur ou toutes ses pattes à un insecte, c'est une chose, mais quand vous leur arrachez délibérément ce qui faisait leur vie, croyez-moi, c'est juste incomparable !
Il disait qu'il allait s'en aller. Je lui avait suffisamment ruiné le moral pour qu'il décide de partir... Mais je n'allais pas permettre ça, moi. Il n'était pas question qu'il ait l'occasion de remonter la pente ! Je suis allé le voir, calmement, prétendant m'excuser et regretter que ça se soit mal passé, et il commençait à y croire ! Et quand nous avons joins nos mains... J'ai serré les miennes ! C'était la première fois que je brisais les os d'un autre hominidé ! J'ai vu sa surprise, l'horreur, la peur, la douleur déformant son beau visage ! Et comment il a hurlé ! J'ai appelé à l'aide, prétendu que je l'avais trouvé comme ça... Il était là, à genoux... Les autres me félicitaient d'avoir appelé à l'aide et lui, le visage trempé de larmes, me regardait avec stupéfaction : seul son regard croisait le mien et il voyait que je jubilais pendant que ses camarades tapaient dans le dos de son bourreau.
Je me suis occupé du maître d'arme plus tard. Il n'était pas en admiration devant moi et me soupçonnait d'avoir fait du mal à mon camarade. Il m'observait et avait fini par me cerner. Il cherchait un moyen de me démasquer, de révéler publiquement qui j'étais... Comme si j'allais lui en laisser l'occasion ! Je plaisais à sa fille. Je le savais et je m'en amusais. Cela l'énervais et moi, j'adorais ça. Il a fini par lui interdire de me voir. Quelle naïveté : en agissant ainsi, l'adolescente a plus eu envie que jamais de passer du temps avec moi et puis un jour, on l'a retrouvé morte.
Un accident. Noyée dans un marécage après avoir tenté une fugue... Je revois cet homme, retenant son souffle au moment où il releva le drap posé sur le corps qu'on lui avait amené pour en révéler le visage de la morte qui se révélait être sa fille. Je le revois tomber à genoux, hurlant sa douleur et son désespoir, prenant le corps de sa fille dans ses bras en pleurant toutes les larmes de son corps... Lui qui était veuf venait maintenant de perdre son seul enfant. Son cœur, brisé... Comme cela devait lui faire mal...
Je me suis approché derrière-lui, lui ai adressé quelques paroles de condoléances, lui disant combien j'étais désolé, ce que les gens autour ont grandement apprécié, moi, innocent et faisant preuve de tant de considération envers un homme qui m'était inférieur et qui ne m'aimait pas... Je me suis accroupi, l'ai pris dans mes bras en disant "Ça finira par s'arranger..." juste avant de lui murmurer à l'oreille : "J'ai finalement su quoi te prendre."
Le changement que cela a engendré ! Il a tout de suite interrompu ses pleurs puis s'est tourné vers moi pendant que je m'éloignais à reculons sans le quitter des yeux. Je vis l'horreur et la stupéfaction dans ses yeux. Oui, c'était moi. Mais comment prouver que j'avais tout calculer ? Comment prouver que j'avais invité la jeune fille à faire le mur ? Que je lui avais donné rendez-vous dans un endroit que je savais dangereux ? Que j'étais resté caché, dans l'ombre, l'avais vu se perdre, avoir peur, tomber à l'eau et avais assisté à sa noyade sans jamais venir à son secours, quand bien-même elle ne cessait de pleurer et d'appeler à l'aide ?
Je vis la rage le consumer. Un seul petit geste de ma part en signe de provocation le fit céder : il prit une arme et m'attaqua. Je répliquais en faisant semblant de me défendre, tout ça pour finalement contre-attaquer avec brutalité et lui briser les jambes, les bras, puis enfin la colonne vertébrale.
Un noble broie aisément une pierre placée au creux de sa main. Quelles étaient les chances pour qu'un squelette me résiste ?
Il était là, par terre, agonisant, et les gens autour, qu'il connaissait, se réunirent autour de lui, demandant "Pourquoi ?"... Ils étaient tellement déçu... Je vins m'asseoir sur sa poitrine et posais ma main sur son nez et sa bouche avant de dire que perdre sa fille l'avait rendu fou et que mourir était la rédemption qu'il cherchait. Puis nous eûmes un dernier échange de regard : je le dominais et lui se noyait maintenant dans le désespoir. Je saisis ensuite son cou et l'écrasais, avant de sentir son sang chaud qui remontait dans sa bouche m'éclabousser la main, et le voir mourir en étouffant.
Je me suis ensuite relevé et réalise aujourd'hui que, ce jour-là, j'ai appliqué pour la première fois ce que j'ai fais toute ma vie : jamais je n'oublie, jamais je ne pardonne, toujours je prends, toujours je me venge.
Et c'est ainsi que se poursuivit mon existence. Je partis plus tard de chez moi car, à la fin de l'adolescence, les nobles effectuent une sorte de pèlerinage à travers le monde. Cela sert à les faire grandir, à devenir adulte... Ce n'est pas une coutume instaurée... C'est un appel naturel vers la découverte, l'exploration et la liberté auquel les nobles ne répondent qu'une fois en mesure de se débrouiller seuls et qu'ils sont libres d'arrêter ou de reprendre quand ils le veulent... Les peuples rencontrés en chemins sont alors ravis de rencontrer des nobles et cherchent alors à leur donner envie de rester sur leurs terres, ce qui assurera leur pérennité.
Je me suis installé à plusieurs endroit... On dit que les environnements changent pour se mettre à ressembler aux nobles qui les habitent... Eh bien à chaque fois, les territoires que j'habitais mourraient comme-ci, au lieu de les enrichir, je les vampirisais... Ce qui serait logique... Et c'est fou ce que les gens qui vous admirent sont prêts à faire pour vous... Ils vous mangent dans la main. Se laissent convaincre d'accepter toujours plus de règles contre leurs intérêts tout en étant convaincu du contraire parce que c'est ce que vous leur avez dit... Ils sont comme ces petites créatures que je m'amusais à mutiler quand j'étais enfant, à la différence que eux, ils m'en remercient.
Ce n'était qu'une fois que je leur avais tout pris qu'ils réalisaient leur erreur, dépités, puis je les effaçais comme une tâche sur laquelle on passe une éponge. J'ai fait ça plusieurs fois avant que mon père ne me convoque. Il prétendait s'inquiéter parce que je ne lui avais jamais donné de nouvelles, puis il me révéla les échos qu'il avait entendu à mon sujet. Sans déconner ! Lui ? Qui ne s'était que rarement occupé de moi, sous prétexte qu'il était occupé et avait dû me confier à ceux en qui il avait confiance ? Lui ? Que je n'avais jamais écouté, si ce n'est par stratégie pour pouvoir rendormir sa vigilance et tirer profit de ce que je pouvais tirer comme enseignement de ses paroles ?...
Je ne me suis pas laissé faire. J'ai finalement provoqué la bagarre et me suis montré sans pitié. Il savait encore se défendre, le vieux. Il m'avait eu tard et jouissait d'une plus grande expérience mais ça ne l'a pas sauvé. J'eus besoin de soin et de repos mais, une fois que ce fut fait, je bus ensuite mon alcool dans son crâne et attendis patiemment qu'à la fin de la saison ne commence le cycle de l'apothéose.
Chez Mère
Gritt a pris cher. Allongé sur le sol, il se met péniblement à quatre pattes en haletant. Baltro se détourne maintenant de lui pour me fixer moi.
- Tu ne serais pas en train d'explorer ma tête ?
Je me pétrifie sur place.
Baltro
J'ai toujours su que Mère existait. Sur mon monde, la légende prétend que les divinités accordent leur pouvoir à un noble, le faisant devenir l'apothéose, car ils souhaitent récompensé l'enfant qui se sera montré le plus méritant en réussissant le plus d'épreuves, épreuves charger d'amener les concurrents à prendre conscience de l'importance du bien commun et du sens des responsabilités... Foutaises !
Celui qui mérite de devenir apothéose, c'est celui qui désire le plus s'emparer du pouvoir ! Et qu'est-ce que c'est que toutes ces conneries ? Cette coutume n'est jamais venue d'une pulsion altruiste : selon une légende moins connue, un démiurge appelé le "dieu visiteur" avait fuit son monde, dévoré par Mère. Les autres divinités qui étaient à ses côtés s'étaient sacrifiées pour lui permettre de s'enfuir et depuis, il voyage à travers l'univers pour avertir un maximum de dieux de l'existence de Mère et du danger qu'elle représente. Il est un jour arrivé sur mon monde et a mis mon panthéon en garde avant de construire un artefact avec eux puis de partir. L'apothéose n'est pas un ange gardien : c'est en réalité une arme capable de détruire Mère et dont la véritable mission est de la vaincre si jamais elle venait à venir ici.
Je me fichais de l'existence, réelle ou non, de cette déesse carnivore. Je savais juste que l'artefact créé par le dieu visiteur permettait de réaliser des choses incroyables et, potentiellement, de voyager vers d'autres mondes habités ! Allais-je me contenter de rester sur mon monde une fois celui-ci conquit en remportant le cycle de l'apothéose ? Bien sûr que non ! J'allais en envahir d'autres ! Bâtir un réseau entre les multiples mondes que j'aurais asservis...
J'ai trouvé cet artefacts et ai fais de grande choses avec !... J'aurais dû gagner ! J'étais le plus fort... Mais d'autres concurrents, de plus en plus nombreux, se sont associés contre mes armées et moi et ont fini par prendre l'avantage ! Alors oui, pendant le cycle de l'apothéose, les participants ont l'occasion de mettre la main sur des armes extraordinaires mais ce n'est pas suffisant ! Je suis surpuissant, invincible et irrattrapable !
Le meneur de cette coalition... Grrr, une espèce de grosse face de connard, a eu l'audace de me sortir je ne sais quelles balivernes absurde pour justifier ça : "Tu n'as aucune stratégie", "Tu te bats seul", "Tu sous-estime tes adversaire", "Tu es incapable de réfléchir sur le long terme, ni même d'apprendre de tes erreurs", "Psychopathe arrogant et prétentieux !"... Non mais ils se prennent pour qui, là, sérieux ?! Je ne joue jamais selon les règles ! Une porte est verrouillée ? Je la défonce au lieu de perdre mon temps à chercher la clé ! C'est moi qui ai raison ! À la fin, c'est moi qui gagne !!!
Ils m'ont battu et blessé. Je me suis refugié dans mon repaire pour reprendre des forces avant d'y retourner mais ce connard de meneur est revenu, m'a réaffronté et m'a battu, puis il a brisé l'artefact ! Je ne sais pas trop ce qui s'est passé ensuite mais j'ai été emporté à travers un portail et suis tombé pendant très longtemps avant de finalement arriver ici. Des fils m'ont trouvé, surpris, puis l'un d'eux m'a figé dans de l'ambre et conduit à Mère. À mon réveil, elle me tenait dans ses bras, la main posée sur ma poitrine, les ongles plantés dans mon torse, me modifiant et accédant à mes souvenirs, tout en me passant la main dans les cheveux.
- "Mon enfant, mais que t'est-il arrivé ?
- Qui êtes-vous ?
- Je suis ta mère."
Elle m'a dit qu'un tueur né comme moi avait toute sa place ici. Elle a fini de me modifier et, grâce à ma puissance et à mon intelligence, j'ai été nommé "aîné" et en suis, aujourd'hui encore, l'un des plus fort.
Chez Mère
Une réplique de Mère apparait en tapant dans les mains.
- C'est bien, Baltro ! Je suis fière de toi !
- Merci, Mère.
Baltro
Je déteste Mère. Du plus profond de mon âme, je la hais !
Je passe mon temps à lui lécher les bottes mais, en réalité, je la méprise. À chaque fois que je m'empare d'un monde et le lui livre, elle me remercie et je fais semblant de m'en satisfaire mais, au fond de moi, je fulmine !
- "Méprisable truie boulimique et répugnante ! Tu ne penses qu'à te baffrer alors que tu passes totalement à côté du potentiel de ces mondes ! J'ai des ambitions, mégère, et elles n'impliquent pas de remplir la panse d'une dégueulasserie dans ton genre !!!"
Oh Mère, je n'attends qu'une seule chose : trouver un moyen de retourner sur mon monde pour pouvoir rentrer chez moi, devenir apothéose et revenir à mes projets initiaux en attendant de recroiser ta route et te régler ton compte une bonne fois pour toute !
Nous ne sommes que des alliés de circonstances et je fais semblant à chaque fois. Ne l'oublie pas : je ne sers que moi !
Chez Mère
- Gritt !!!
Ypso hurle la presque disparition de son fils. Gritt a survécu aux attaques de Baltro mais n'est plus en état de combattre.
- Dois-je l'éliminer elle aussi ou c'est ton privilège ? demanda Baltro.
- Mmh... répondit Mère, Attendons encore un peu... Je suis curieuse de savoir ce qu'elle nous réserve.
Ma génitrice appela d'autres de ses fils en renfort. Ypso regarda autour d'elle puis, après avoir constaté qu'elle était encerclée, jeta un regard plein de haine à notre mère.
- Tu tiens vraiment à me pousser à bout, hein ?!
Puis elle leva la tête et le bras droit, main grande ouverte, en direction de son gigantesque vaisseau sphérique, dont Guédon, malgré des assauts répétés, n'arrivait pas à détruire le champ de force.
D'un mouvement du poignet, Ypso fit que les nombreux canons à plasma de la machine se tournent vers l'aîné et lui tirent dessus en même temps, l'envoyant dans le décors, puis un canon géant s'ouvre sous le vaisseau et se charge en énergie.
- Baltro... appelle Mère inquiète, Tiens-toi prêt...
- D'accord... Là, ça va être chaud...
- ZAGAAN !!! Réveil-toi ! MAINTENANT !
"Za-ga-ane ?" pensais-je, "Ce ne serait pas l'aîné que Mère disait garder en réserve et que je n'ai toujours pas vu ?"
C'est alors qu'une énorme voix se mit à gronder dans ma tête : "Je suis là, Mère. Je serais toujours là pour toi."
Avant même d'avoir eu le temps de poser des questions, je vois un morceau de cadavre d'Olivo se mettre à bouger et une espèce de gros vaisseau sanguin sort du sol pour se connecter au dos de Baltro.
- On aurait pu éviter ça, Mère ! s'écrie Ypso folle de rage, Ce qui arrive, c'est toi qui m'y a forcé !
- Baltro ! Maintenant !!!
Ypso abaisse son bras et le canon, chargé, tire un gigantesque rayon continue de plasma en direction du sol. Baltro lève les bras en disant un mot que je ne saurais prononcer, puis il génère une protection au-dessus de nous, ressemblant à un mixte entre un champs de force impénétrable et un dôme blindé. Gritt et quelques fils se retrouvent alors à l'abri sous cette protection.
Ypso, au dessus du dôme, disparait son le rayon. Mes frères qui l'encerclaient sont désintégrés et Baltro, lui, empêche de laser d'atteindre la surface du sol.
- Agh... gémit-il en résistant.
Soudain, ma grande sœur apparaît à la surface du champs de force et s'adresse à nous.
- Alors ? On apprécie la surprise ?
- Ma fille... Qu'es-tu en train de faire ?! hurle Mère.
- Ce que je fais ? Mais je te remets à ta place.
Étrangement, j'entends parfaitement bien Ypso malgré le bruit assourdissant que fait le canon et la rafale à laquelle nous tentons tant bien que mal de résister.
- Vois-tu, Mère, je m'étais préparé à me battre contre toi. Tu jouis peut-être de l'avantage conféré par l'expérience, mais moi de celui conféré par l'effet de surprise ! Ce vaisseau emploie une forme d'énergie formidable que j'ai mis au point. Mes fils et moi y sommes immunisés et d'ailleurs, comme les batteries que j'ai réclamé toute à l'heure, ce rayon me recharge en énergie. Je suis maintenant plus en forme que jamais !
- Grrr...
- Tu ne l'as jamais révélé avant mais je me doutais bien que ton point faible se trouvait au cœur de cette structure. Mon rayon va continuer de tirer jusqu'à ce qu'il ait percé ta surface et creusé jusqu'à ton noyau et alors là, il n'y aura plus qu'à le détruire et je serais définitivement débarrassée de toi.
Baltro laisse échapper un cri d'effort.
- J'avais prévu que tu durcisses ta peau, d'où la mise au point d'un rayon continue, ou que tu détournes ou absorbe mon énergie, d'où l'intérêt d'en employer une que tu ne connais pas. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'un de tes aînés l'arrête de lui-même...
- Baltro maîtrise ce genre de sorts, répond Mère. Je lui transmets toute l'énergie dont il a besoin pour pouvoir maintenir une protection jusqu'à ce que ton rayon s'arrête.
- Oh ? Il m'a l'air de faiblir, pourtant.
Baltro, tient bon mais semble peiner.
- Tu aurais tort de le sous-estimer !
- Tu as raison. Ce serait déplaisant qu'au bout du compte, il tienne plus longtemps que mon rayon. Aussi ai-je décidé de faire appel à des renforts. Gritt ?
Je me retourne et vois que Gritt est en train de se relever et de se régénérer.
- Quoi ?! hurle Mère.
- Notre relation est quelque peu... "Fusionnelle", on va dire. Nous sommes très liés l'un à l'autre.
- Comment ça ?
- Nous avons une sorte de portail dimensionnel dans nos corps respectifs qui les lie l'un à l'autre. Cela nous permet de communiquer par télépathie, mais aussi de se transférer de l'énergie.
Je sursaute en comprenant ce qu'elle veut dire.
- Je n'ai plus besoin d'énergie car mes batteries sont maintenant chargées mais je peux en transférer autant que je veux à Gritt, en toute indifférence de l'obstacle que représente ce bouclier.
Mes frères grognent en se tournant vers Gritt. Baltro regarde dans sa direction et semble très mal à l'aise.
- Hi hi. Je pourrais le charger au point de le faire exploser mais ça ne correspond pas à ma manière de faire. De plus, cela consommerait trop d'énergie et aura un effet amoindri sur le sol.
Mon neveu se redresse. Il a l'air encore plus fort qu'avant.
- Gritt va se recharger et, grâce à l'énergie que je lui transfère, il va se battre en restant au maximum de ses capacités.
Ses muscles gonflent.
- Que se passera-t-il quand Gritt aura attaqué Baltro ? Hein ? Il ne pourra plus maintenir le dôme et alors, mon attaque réussira et je gagnerai.
Mes frères rugissent et se tiennent prêts.
- Ne crois pas que tes fils inférieurs ont une chance contre lui. Gritt est fait pour le combat ! Il n'a jamais eu l'occasion de se déchainer et là, crois-moi, il va se faire plaisir !
Gritt rugit, fait un rond avec son cou en faisant partir sa tête vers l'arrière depuis son épaule gauche vers son épaule droite, puis vers l'avant de son épaule droite vers son épaule gauche. De brefs moulinets avec ses épaules puis il fonce dans le tas.
- Ne le laissez pas atteindre Baltro ! hurle Mère.
Puis elle se rapproche de la surface du dôme. Sa fille la toise.
- C'est drôle mais tu as l'air de m'être inférieure, maintenant.
Mes frères combattent Gritt de toutes leurs forces mais se font déchiquetés tandis que Baltro redouble d'efforts pour maintenir le champs de force actif. C'est visiblement la première fois qu'il retient quelque chose d'aussi puissant que le vaisseau d'Ypso sur une surface aussi grande que celle qu'il recouvre.
Mère soutient le regard de ma sœur.
- Ce n'est plus qu'une question de temps avant que tout ne s'arrête. C'est terminée, maman. Tu as perdu.
Ma génitrice soupir en baissant la tête. Les choses allaient-elles donc se terminer comme ça ? Allais-je disparaître aussi vite après avoir rencontrer celle qui m'avait mis au monde ?...
- "Maman..." murmurais-je.
- Oh Ypso... Tu te crois capable de me vaincre...
- Hm ?
- Seulement...
Mère releva soudain la tête.
- Je n'ai pas encore abattu toutes mes cartes !