Divalis : l'éveil

Chapitre 42 : Eclipse de Lune

Chapitre final

2021 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 14/06/2024 21:21

Le Nouvel An est passé, nous sommes en deux mille cinquante et un. Les cryptides et les villageois ont repris leurs activités. Aziel est retourné à la clinique, Aéon continue de promener les touristes, Abysse et Buntar l’y accompagnant. En dehors des jours fériés, il y a beaucoup moins de places disponibles pour accéder au village, donc les journées sont bien plus calmes.

Au début, Aéon était nerveuse quant au comportement à adopter avec Aziel, bien que celui-ci n’ait pas spécialement changé d’attitude. Finalement, février sera arrivé plus vite qu’ils ne l’auraient pensé.

À l’heure actuelle, Aziel et Ulrick se préparent à parcourir tout le village pour placer un implant hormonal chez les ecolyns mâles. Il s’agit essentiellement d’une castration chimique.

Ulrick voyage avec Aziel, puisque Grisfer est sur ses vieux jours et qu’il se repose chez son propriétaire. Ils vont d’une propriété à l’autre, ici, au ranch de la famille d’Hector. En plus de Danseuse, la femelle et son petit, il y a également deux mâles adultes. Les drakes ne sont pas toujours coopératifs, l’aiguille pour parvenir à percer leur peau est faite en diamants et ils ne sont pas toujours ravis d’être piqués. Pendant qu’Aziel calme l’animal dont il s’occupe, Ulrick vient à poser une question au jeune.

 

— Dis, Aziel, j’ai remarqué tout à l’heure, en prenant les implants, qu’il en manquait chez les chiens.

 

Le vieil homme remonte la tête vers le bicolore, tout en appuyant là où il vient de percer l’animal pour introduire l’implant hormonal.

 

— Il y a une éclipse de lune dans quelques jours, c’est le moment où les femelles divalis entrent dans leur cycle, explique Aziel.

— C’est bien ce que je pensais, dit l’homme. Et si ton métabolisme est différent et que cela ne fait rien ?

— Je ne suis pas certain de pouvoir me contrôler, répond Aziel.

— Dans ce cas, enferme-toi dans l’un des box de la clinique, intervient Hector, qui les rejoint.

Aziel et Ulrick se retournent sur le brun, qui les salue.

 

— Et si je deviens con et que je défonce les barreaux ? réplique Aziel.

— Ils sont tout de même conçus pour retenir un ecolyn. Et, s’il y a des éclipses lors de votre voyage et que l’implant ne fonctionne pas sur toi ? remarque Hector.

— C’est pour ça que je veux voir avant le départ. Si cela ne fonctionne pas, je ne la suivrai pas, répond Aziel.

— Et tu retiens Dagan et tu pries pour que ce divalis qu’elle va chercher ne soit pas un mâle ? rétorque Hector. Restez à la clinique, enferme-toi dans une cage, je resterai avec vous, et si tu t’emportes, Ulrick a les fusils avec les flèches anesthésiantes.

— Heu, je suis moyen pour l’idée du tranquillisant, réplique Ulrick à Hector.

— T’inquiète, je l’endors uniquement si ses instincts de mâle en rut sont plus forts que sa tête, ricane Hector.

— Aéon peut rester à la maison, dit Aziel tout en regardant Hector.

— Donc tu t’enfermes et tu la laisses en compagnie de Dagan, logique ! réplique le brun. Elle reste près de toi et, au moins, vous saurez à quoi vous attendre pour les prochaines nuits.

— L’idée d’Hector me paraît bien. Les drakes sont plus nerveux et agressifs en période de reproduction. En revanche, ils ne le sont pas au point d’être totalement incontrôlables, dit Ulrick.

 

Aziel hoche de la tête tout en soupirant, puis il regarde le brun tout en se massant la nuque.

 

— Hector, tiens-le pour toi, c’est gênant d’en parler…

 

Le brun se met à rire, il accompagne les vétérinaires jusqu’à Fafnir et voici venir son tour d’être nerveux.

 

— Aziel, heu… Je pensais faire saillir Danseuse cette année et je me disais que ça pourrait donner un petit avec une belle couleur, dit Hector.

— Certes, avec quel mâle ?

— Fafnir, répond Hector en raclant sa gorge.

— On part au début de leur cycle et Fafnir n’est pas dégourdi, répond Aziel en grimaçant.

— Si rien ne se passe, ce sera reporté à l’année prochaine, conclut Hector en haussant les épaules.

 

Il laisse les vétérinaires continuer leur travail et Hector rentre chez lui s’occuper du sien. Ils vont mettre la journée pour faire tout le village.

Jour après jour, ils se rapprochent de la fameuse nuit que le duo de divalis redoute. Par ailleurs, ils n’ont pas dormi à cause du stress. Le trio se rejoint à la clinique avec appréhension pour Aziel et Aéon. Ils ont donc pris des couvertures, de quoi grignoter et boire. 

Aziel entre dans la cage, Hector refermant derrière lui. Aéon se sent mal de le voir là-dedans, mais ils ont accepté d’un commun accord d’agir par conséquent. Le brun est assis sur sa couverture, il a ouvert un paquet de biscuits qu’il grignote tout en observant les deux autres. Aziel est adossé au fond de sa cellule, Aéon est assise à côté d’Hector, emmitouflée dans sa couverture, comme une chenille, à boire un soda.

 

— Dans le dossier sur ton espèce, il y a des détails sur la reproduction ? demande Hector.

— Oui, répond Aziel.

— Et ? C’est dit que vous devenez agressifs, pour que tu flippes autant ?

— Il parle des éclipses et de l’imprégnation, mais il ne donne pas d’autres détails. Les mâles paradent, mais Dagan est devenu agressif quand elle l’a refusé. J’ignore si je me contenterai d’avoir un comportement séducteur ou si je me montrerai agressif.

 

Aéon détourne les yeux, se faisant toute petite.

 

— Tu te compares à Dagan ? De ce que j’ai compris, contrairement à toi, il considérait normal de forcer Aéon. Je ne pense pas que tu céderas à tes pulsions, ricane Hector.

— Si elle a ses chaleurs aujourd’hui, ce ne sera plus le même enjeu, dit Aziel.

— Pourquoi penses-tu réagir autrement que la dernière fois ? Tu étais aussi en rut, dis-je en prenant ma forme spectrale, ce qui fait sursauter Hector et tiquer Aziel.

— Je l’avais oublié celui-là, réplique l’humain.

— Les informations que tu as ne sont pas complètes, continuais-je. Les femelles divalis n’ont pas de cycles tant qu’elles ne sont pas imprégnées.

— Tu as l’art de donner des informations à la volée, intervient Hector.

 

Je dévisage Hector un instant, souris et disparais aussi soudainement. Hector fronce les sourcils tout en regardant les deux autres, perplexes quant à mon intervention.

Le silence revient dans la pièce, Aéon et Hector mangent les biscuits tandis qu’Aziel semble se déconnecter. Il a le regard vague et ne réagit plus aux deux autres. Hector, qui finit de mâcher la friandise, rompt une nouvelle fois le silence.

 

— Tu n’as jamais ressenti l’envie de fuir le village ?

— Ça m’est arrivé, mais je n’en ai jamais eu le courage, avoue Aziel, sorti de sa rêverie.

— Je pense que l’on a tous envie de fuir le village, une fois que l’on se sent différent, déclare Hector.

— Tu veux partir d’Ecolyne ? demande Aéon.

— De changer d’air.

— Que voudrais-tu faire ? continue Aziel.

— Aucune idée, faire comme vous, voyager, insinue le garçon.

— Viens avec nous, propose la dorée en lui souriant.

— Je ne sais pas, je ne suis pas comme vous, non plus, répond Hector.

— Et alors ? Tu ne seras pas seul et tu suivras grâce à Danseuse. Prépare-toi une tente, un sac de couchage, quelques affaires de rechange et, pour le reste, on t’aidera, dit Aziel, Aéon hochant vivement la tête pour appuyer ses propos.

— Je vais y réfléchir…

 

Aéon se rapproche du brun, venant donner un petit coup d’épaule dans son bras. Aziel, qui a les yeux sur elle, fronce les sourcils, s’apercevant qu’il n’apprécie pas qu’elle soit aussi proche du garçon. Il secoue sa tête pour se reprendre à cette idée idiote qu’il vient d’avoir.

 

— Ça va, Aziel ? demandent Hector et Aéon de concert.

— J’ai chaud, répond simplement le bicolore.

— Les ennuis commencent ? ricane le brun en regardant sa montre.

— Personnellement, j’ai envie de dormir, intervient Aéon tout en bâillant.

— J’ai envie de pisser, mais je n’ai pas envie de sortir, dit Hector.

 

Aziel pose le bras contre les barreaux, son visage fixé sur celui d’Aéon. Hector, qui le dévisage, déglutit face au regard qu’affiche le divalis. Le garçon l’a toujours trouvé séduisant, mais c’est bien la première fois qu’il le voit afficher une telle expression ! Surtout qu’Aziel semble volontairement se montrer sensuel. Hector s’apprête à le narguer, mais son regard curieux se dirige d’abord vers le visage d’Aéon, qui a les joues rouges et qui évite le bicolore des yeux.

Le brun laisse tomber son idée et s’étire, puis attrape sa boisson pour y boire quelques gorgées. Celui-ci espérant qu’aucun des deux ne remarque qu’il aimerait être à la place de la dorée.

 

— Aéon, est-ce que tu m’en veux pour ce que j’ai fait à Aziel ?

— J’étais en colère quand tu as manqué de le tuer. J’avoue être heureuse qu’aujourd’hui vous puissiez vous faire confiance, et sache que si tu nous rejoins pour le voyage, je veillerai sur toi, comme n’importe quel membre de la meute, dit-elle en lui souriant.

 

Hector la regarde, béat, et baisse sa tête en se la grattant, ses joues prenant des couleurs.

 

— Avec ta taille, ce serait plutôt à nous de te protéger, plaisante Hector.

 

Aziel sourit tout en regardant l’heure, il est presque une heure du matin. Doucement, il se relève et s’étire sous le regard des deux autres, se rassurant de voir que cet instant n’est pas différent des autres jours. Il est soulagé de constater que cette phase est finalement aussi courte !

 

— Qu’est-ce que l’on fait, on passe la nuit ici ou l’on rentre ? demande Aziel.

— Je t’avoue que je n’ai pas envie d’affronter le froid, réplique Hector.

— Moi, vous pouvez me laisser ici dans ma couverture !

 

Hector lui ouvre la porte, Aziel hésitant un peu avant de sortir de sa cellule. Il vient près d’eux afin d’arranger les couvertures pour le camping improvisé.

 

— Je suis déçu, Aziel ne nous a même pas fait une petite danse, ricane Hector.

 

Le mentionné dévisage Hector, puis se dandine d’un air moqueur, soulevant l’hilarité des deux autres. Aéon est toujours enveloppée dans sa couverture, qu’elle n’a pas quittée, Hector s’allonge, laissant le soin à Aziel d’éteindre la lampe. Une fois cela de fait, il vient à son tour s’emmitoufler dans les couvertures, le froid le rattrapant.

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