Jeune pousse

Chapitre 12 : Partie 11

1911 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/04/2022 14:00



Dans les mois qui ont suivi Alaois m'a fait découvrir les moindres recoins de la forêt, les rivières de la Colombie-Britannique et il m'a aidé à trouver un emploi dans Hyder. Je travaille à l'école où j'y seconde la professeur des écoles, je m'y sens utile beaucoup plus que quand je travaillais pour Ronnie.

Mes matinées je les passe avec Léa, prof de cette unique école je l'aide sur la mise en place d'activités permettant d'apprendre à lire, à écrire et à compter aux enfants.

Avec cette organisation je peux passer mes après-midi auprès d'Alaois, il m'apprend quelques astuces venant de son ami marcheur de rivière, on pèche, on profite du soleil sur sa plage de galet et nous finissons inévitablement nos journées dans la cabane. Alaois au piano et moi à ses côtés l'écoutant attentivement.


Ce matin comme tous les matins depuis quelques mois, je prends ma douche avant d'aller travailler, aujourd'hui Alaois a décidé de me rejoindre dans la salle de bain, seulement il ne sait pas que je me sers sa cabine de douche comme salle de concert. D'abord, surpris de me voir danser et chanter, il hésite un court instant avant de me rejoindre sous l'eau chaude. Ensemble sous sa douche nous chantons à l'unisson I LOVE ROCKN ROLL.


J'arrive finalement à l'école à huit heures, Léa me parle rapidement du programme de la mâtiné, mathématiques, dictée de mots, lecture d'un passage de Walden d'Henry David Thoreau et me demande déjà de trouver une idée pour la dictée de demain. J'ai bien envie de leur raconter ma rencontre avec le cerf de la forêt et de la découverte du piano. Je lui explique rapidement comment je vois cette dictée.


  • C'est parfait Chloé du moment que tu utilises des mots simples pour les enfants me répond-elle.
  • Bien sûr pas de mots complexes pour eux.
  • Très bien, tu vas assurer comme toujours.
  • Merci.
  • En attendant on va commencer par des maths avec les additions un groupe de 50 chacune comme d'habitude ça te va.
  • Oui parfait.











***


En fin de matinée quand les enfants prennent encore quelques notes, j'aperçois par la fenêtre Alaoïs qui m'attend dehors comme chaque fois. Nos regards se croisent, dans le sien j'aperçois de la contrariété il m'arrive souvent de me dire que cette vie si bien réglée n'est qu'un rêve, un rêve duquel je vais me réveiller.

Peut-être, lui aussi se dit que ce bonheur ne va pas durer ou alors il regrette de m'avoir ici. J'ai envahi sa vie, depuis notre rencontre la mienne à changer mais peut-être que son quotidien est trop chamboulé.


En le rejoignant je suis décidé de discuter sérieusement avec lui.

  • Ça va Alaoïs, je t'ai vu de la fenêtre tu semblais soucieux?
  • Non ça va, tu sais que j'ai toujours un peu de musique dans la tête.
  • mmmm, c'est vrai que ça envahit ton esprit, c'est ta passion tu vis pour ça.
  • Pas que pour ça, j'ai d'ailleurs un truc à te faire découvrir.
  • mmm hi ris Ai-je.
  • Qu'est-ce qu'il y a pourquoi tu rigoles ?
  • Parce que tu es un homme étonnant dans un endroit étonnant à me faire découvrir encore et toujours des merveilles étonnantes .
  • Et tu es toujours prête à me suivre qui de nous deux est le plus étonnant.
  • On est fait pour s'entendre
  • Je me dis souvent que notre rencontre n'est pas un hasard.
  • Je te le dis souvent depuis le jour où tu m'as sauvé de cet ours .
  • En parlant d'ours es-tu prête à manger comme eux.
  • Euh c'est-à-dire, dis-je un peu dégoûter à l'idée de manger du poisson cru.
  • Je déconne, Pete mon ami marcheur de rivière m'a donné rendez-vous pour nous montrer comment attraper des poissons, a la main comme les ours.
  • Que tu es bêtes, ça semble sympa comme sortie, nous allons prendre un bateau ?
  • Un Zodiac, on va aller sur la rivière, vers le nord de la forêt, un côté qu'on n'a pas encore vu.
  • La première fois que j'y suis rentrée je me suis dit que jamais personne n'arriverait à percer tous ses secrets.
  • La nature est en perpétuel changement.
  • La forêt aussi rajout-je.










***


Revenus à l'appartement pour nous changer et attendre son ami Alaois me disent avant d'entrer dans la salle de bain :

  • Si on tape tu pourras aller ouvrir.
  • Oui pas de soucis dis-je.

La porte de la salle de bain se ferme encore devant mes yeux, je n'ai pas le temps de me lever pour le rejoindre et lui demander des explications qu'un bruit raisonne sur la porte.


En ouvrant j'y trouve un homme brun, barbu, musclé, d'un âge avancé, le visage rempli de fierté et il me dit :

–vous devez être Chloé et je suis Pete l'ami d'Alaoïs.

–Le marcheur des rivières, enchanté de vous rencontrer, Alaoïs m'a raconté vos histoires dans cette forêt.

–Elles sont toutes vraies mais c'est mieux des vivres que de les écouter.

–mmm mmm comme toutes les bonnes histoires.

  • C'est pour cela qu'on est là aujourd'hui, avec moi vous allez-vous aussi vivre une vraie histoire de marcheur de rivière.
  • Oh ce n'est pas vrai.
  • Alaoïs ne vous en a pas parlé.
  • Il m'a juste parlé de bateau, d'histoire de manger comme un ours.
  • C'est Alaois tout cracher.
  • Il ne cesse jamais de me surprendre...
  • Vous allez adorer l'endroit où je vous amène, nous allons voir des saumons, je vous expliquerais tout cela sur place vous êtes prêts tous les deux.
  • Moi oui, Alaoïs est toujours dans la salle de bain.
  • On va l'attendre il ne devrait pas tarder.
  • Je peux vous offrir quelque chose à boire en attendant.
  • Un petit café si vous avez ça.
  • Va pour un kawa










***


Le souffle du vent dans les cheveux, l'eau qui m'éclabousse à petite goutte le visage et les mains sur le volant du bateau, j'ai l'impression d'être une marcheuse de rivière à mon tour.

Pete me demande finalement de stopper le bateau, en trois, quartes man?uvres nous voilà arrêtés, Alaoïs dit à son ami.


  • Tu pourrais expliquer à Chloé pourquoi nous nous arrêtons ici.
  • Tu ne préfères pas le faire toi-même histoire de l'épater.
  • Je n'ai pas besoin de l'épater et ça depuis longtemps dit-il en me faisant un clin d'oeil.
  • Et on ne m'épate pas si facilement, donc pourquoi on s'arrête ici dis-je.
  • Eh bien, miss a du caractère en plus
  • Oui et si tu lui réponds par elle va te pousser par-dessus bord de ton propre bateau rajoute Alaois en riant.
  • De toute façon c'est moi qui vais prendre les commandes maintenant, tu vois le rapide à quelques mètres là-bas, il est assez costaud.
  • C'est vrai qu'il a l'air bien fort, je vous laisse le bard mon capitaine dis-je en riant.
  • Accrochez-vous moussaillon ri-il à son tour.
  • Prête à être une vraie exploratrice des rivières dites à son tour Alaoïs.
  • Carrément prête oh capitaine mon capitaine.

Après avoir pris de l'élan Pete nous fait passer plusieurs rapides, tout en tentant de m'accrocher je profite de la nature. Je suis abasourdie par la dextérité de Pete avec le bateau et de sa force d'âme, il donne de son temps pour protéger cette faune et cette flore.

Il nous faut passer encore cinq ou six petits rapides successifs, Pete stop enfin le bateau, devant nous se trouve deux bras de rivières. Le courant y est plus fort, même un grand bateau ne pourrait le traverser.


  • Nous y sommes si vous observez bien vous verrez des saumons et peut-être même des truites sautaient d'un bras de rivière l'autre c'est leur façon de migrer. Dit Pete
  • Ce n'est pas dangereux pour eux ? Demande-je
  • De migrer dit-il surpris.
  • De remonter les courants des rivières, il s'expose à des prédateurs non?
  • Oui bien sûr mais c'est la chaîne alimentaire, enfin si on ne vient pas mettre notre grain de sel dans cette chaîne...
  • Parce qu'elle est fragile le coup Alaois.
  • Je vois qu'on a retenu mes leçons, Alaois ça ne me surprend pas de ta part je l'ai toujours su, Chloé tu me surprends encore une fois, à moins que ce soit lui qui t'ait appris ça.
  • Non c'est ma grand-mère, elle avait quelques notions de survie dans la nature, il y en a quelques-unes que j'ai retenu mais j'ai encore quelques lacunes.
  • Elle voulait faire une bataille d'oeil avec un ours ce n'est plus des lacunes mais de l'inconscience dite Alaoïs se moquant gentiment de moi .
  • Ou alors c'est d'un extrême courage dit Pete.
  • Non il a raison je n'avais aucune idée de ce que je faisais, face à cet ours. Dis-je en riant.
  • Si tu avais su nous ne nous serions jamais rencontré.
  • Mmm peut-être, en tout cas ce jour-là tu m'as sauvé la vie. Dis-je un sourire idiot aux lèvres en regardant Alaoïs.
  • Vous êtes choux tous les deux dit Pete en riant...
  • Oh la ferme le coupe Alaoïs.
  • Quoi, vous êtes mignons ces beaux d'être amoureux.
  • Merci, je t'interdis de nous comparons à un quelconque animal.
  • Je n'allais vraiment pas faire ça.
  • Bien sûr, comme si je ne te connaissais pas.
  • Pas si bien que ça, crois-tu …
  • Hey les gars euh il y a un autre bateau au loin. On dirait qu'il nous rejoint les coups-je.
  • C'est le cas, ces deux jeunes hommes que je veux vous présenter, ce sont des futurs marcheurs de rivières
  • Tu leur apprends tout ce que tu sais pour protéger ses lieux.
  • Oui, c'est d'autant plus important parce qu'ils appartiennent à la tribu qui a initialement vécu ici il y a quelques siècles et eux m'apprennent des choses de leur culture.
  • C'est un bel échange de culture.
  • C'est plus que ça, je n'ai pas eu la chance d'avoir d'enfants, Tika et Pika sont deux jeunes hommes très motivé, je les considère comme tels.











***


Il continue à nous parler d'eux avec fierté .Cet après-midi-là mon univers s'ouvrit un peu plus à de nouvelles cultures. Nous continuons à parcourir la rivière et la forêt. Ils me montrèrent et m'expliquèrent pourquoi l'eau des rivières doit être propre et pas seulement pour nous humain, non car son chemin prend fin dans l'océan où y vivent les baleines, les dauphins, les tortues et d'autres de nombreux animaux marins.

Toutes ses créatures sont importantes pour l'équilibre naturel du monde, en vingt ans on a vu disparaître les dauphins d'eau douce et maintenant les abeilles disparaissent peu à peu. Grâce à des gens comme Pete et ses fils, qui se batte pour empêcher la disparition des baleines tout est possible. Ensemble nous pouvons éviter, les maladies des saumons, la pollution de nos eaux vives, l'abatage des arbres et la pollution des forêts.

À notre retour à l'appartement je n'ai qu'une envie apprendre cela aux enfants du village. C'est Alaois qui me propose une idée des plus farfelus, fallait-il pour ça convaincre Léa et les parents, les persuader de faire sortir leurs enfants de leur salle de classe.






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