Children Of The Galaxy

Chapitre 1 : ORPHELINAT SMITH POUR ENFANTS AFFLIGÉS

4133 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/09/2021 16:19



J'ai encore fait ce même rêve que je ne comprends pas, empli de couleurs et de bruits dont je ne saisis pas la moitié et que je suis encore moins capable d'identifier. Je me suis à nouveau réveillée en sursaut dans ce dortoir de l'orphelinat, un nouveau jour morne prêt à commencer. Naturellement le personnel était au petit soin pour mon anniversaire, que ce soit Madame Smith la directrice ou encore Monsieur Crane le psychologue. La petite Annabelle était extrêmement heureuse de me souhaiter mon anniversaire mais moi j'étais déjà triste. Si tu veux savoir la raison de ma tristesse, c'est qu'elle va nous quitter, elle a été adoptée. Je suis très heureuse pour elle sois en assuré, mais je suis surtout malheureuse qu'elle parte le jour même de mon anniversaire comme si le destin avait choisi de me faire du mal aujourd'hui. Ensuite, Tyler a encore agi comme une pourriture avec moi, j'en ai marre. Lui avec ses quinze ans devrait pourtant savoir aussi à quel point c'est dur de voir les autres se faire adopter alors que l'on vieillit et que l'on intéresse moins d'éventuels parents. En plus il n'arrête jamais de m'attaquer sur mon physique, il me rabaisse sans cesse en disant qu'il serait temps d'avoir des seins. C'est ma faute si les hormones semblent oublier mon existence ? Je prends des fesses et un peu du ventre mais pas des seins, c'est pas juste! De toute façon plus de seins ne fera pas que l'on m'adopte... Enfin je pense. J'aimerais tant que des parents veuillent de moi... Je ne suis pas chiante, encore moins méchante et en plus je suis bonne élève... C'est pas juste! Je vais te laisser cher journal, aujourd'hui, il y a d'autres parents qui viennent rencontrer des enfants. Si tu avais des doigts, je te dirai de les croiser pour moi mais malheureusement ce n'est pas le cas. Allez des parents. ADOPTEZ MOI!!!!!

La jeune fille de treize ans assise sur son lit referma alors son journal intime en soupirant. Cela faisait déjà dix ans que chaque matin, Mia Stevenson se réveillait dans ce grand dortoir des filles de l'orphelinat destiné aux enfants possédant de lourds traumatismes visibles ou invisibles d'ailleurs. Dix ans qu'elle avait perdu sa mère dans un accident de voiture et qu'elle habitait là, dans l'état de Washington, tout près de la frontière canadienne. Elle se leva prestement de son lit et fit de son mieux pour cacher son si précieux journal intime. Elle y exprimait tous ses doutes et toutes ses craintes depuis bien longtemps, espérant secrètement ne plus devoir le cacher dans ce dortoir. Elle avança alors vers son miroir attaché à son armoire personnelle. Chacun des enfants en avait une, souvent peu garnie de vêtements car l'orphelinat ne dépensait guère des fortunes dans l'habillement. Elle avait plus de livres que de vêtements d'ailleurs, souvent des histoires romantiques ou de voyages, ces mêmes voyages qu'elle attendait patiemment de faire. Elle referma la porte du placard et s'approcha du miroir. Mia était une jeune adolescente assez petite avec son mètre quarante-cinq, arborant un carré court roux qui lui donnait encore un air plus jeune. Elle n'avait cependant aucun sens de la mode, à peine faisait-elle attention que ses vêtements soient propres. Ce n'était pas avec ses sempiternels jeans bleu et ses sweat à capuche qu'elle attirerait un photographe de mode, ni même avec son corps à son propre avis. Comme elle l'avait rédigé quelques instants plus tôt, elle avait un peu de ventre qui la complexait et surtout peu de poitrine, ce qui la complexait encore plus. Miss White, l'infirmière de l'orphelinat lui avait assuré que ce n'était pas définitif et que peut-être son corps allait changer tout d'un coup. Elle soupira alors en se regardant. Ce que Mia se demandait par-dessus tout était surtout si elle ressemblait à sa mère. Elle n'en avait en effet aucun souvenir dans sa mémoire ou même en tant qu'objet. Elle se demandait souvent si elle était pauvre pour ne rien lui avoir laissé. En réalité, elle avait bien un souvenir de sa mère, un seul. Il s'agissait du bracelet dont elle ne se séparait jamais mais absolument jamais. C'était en réalité trois bracelets en maillons extrêmement fins qui se rejoignaient sur le dos du poignet dans une sorte d'anneau qui ne laissait en fait l'espace qu'aux maillons, son centre étant occupé par une petit disque plat sur lequel on pouvait distinguer, pour peu que l'on y prête attention, un trône avec une femme assise dessus. Mia le conservait toujours précieusement ignorant totalement si ce dernier avait une quelconque valeur. À l'inverse, elle n'avait aucun souvenir réel de sa mère, à peine son prénom. Elle l'avait appris un soir où elle s'était faufilée dans le bureau de la direction pour fouiller son dossier. Alors qu'il n'y avait aucun nom pour son mère, l'étrangeté de celui de sa mère lui avait sauté aux yeux: Jolyne. Autant le dire, c'était très peu pour en apprendre sur ses origines. Elle se regarda alors une dernière fois avant de parler toute seule.

- Pff... Au moins j'ai l'air mignonne, soupira Mia d'un air las.

Elle pouvait entendre les cris dans les couloirs, comme souvent lors des visites d'adoptants dans ces journées "portes ouvertes" comme elle les appelait. Elle avait surtout l'impression que ces jours là, elle avait l'air d'une boîte de petits pois dans un rayonnage de supermarché. Elle devait minauder pour plaire, ce qui ne lui ressemblait pas d'ailleurs, Mia étant plutôt d'une nature directe et franche. Elle avança vers la porte du dortoir quand elle vit passer la tête du fameux Tyler et se figea.

- Allez planche à pain, t'auras peut-être du bol aujourd'hui, dit-il méchamment.

- Va chier, lui rétorqua la jeune fille en serrant les poings le long de ses jambes.

Lui, il s'en moqua et continua sa route tandis que Mia, de nouveau blessée, sortit dans le couloir. Elle traversa ce long couloir au sol carrelé pour se rendre dans la cour.

"Je me demande bien à quoi cela sert que je me déplace, personne n'adoptera une fille de mon âge", pensa alors Mia.

Elle le savait bien depuis le temps, les plus âgés des enfants ne se faisaient jamais adopter. Elle en avait vu plusieurs dans ce cas parmis les plus vieux qui partaient au final pour rejoindre la vie active. Elle passa devant le bureau d'accueil vide quand soudain, une lumière attira son regard. Croyant d'abord à l'arrière-plan de l'ordinateur, ou même à son écran de veille, elle n'y prêta pas attention mais elle crut alors voir un flash lumineux. Elle se figea donc et regarda attentivement.m à l'intérieur de la pièce.

- Il y a quelqu'un ? appela-t-elle en regardant dans les recoins.

Elle crut alors voir quelqu'un et ouvrit la porte pour s'engouffrer dans le bureau d'accueil.

- Hé ho! appela de nouveau la jeune fille.

Elle aurait juré avoir vu quelque chose mais étonnement, elle était seule.

- Mouais... Manquerait plus que je devienne tarée, dit-elle pour elle-même.

- Mia? appela une voix derrière elle.

Mia sursauta de peur et se retourna en plaquant sa main sur son cœur. La source de la phrase l'ayant faite sursauter s'avéra être une femme dans la quarantaine et brune, vêtue d'un pantalon gris et d'un chemisier blanc. Il s'agissait de Madame Smith, la directrice de cet orphelinat qu'elle dirigeait avec son mari, petit-fils du fondateur.

- Madame Smith, vous étiez dans le bureau ? s'enquit Mia inquiète.

- Non je viens de passer la porte, lui assura la quarantenaire. Pourquoi donc?

- J'ai cru voir quelqu'un... expliqua simplement l'adolescente.

- J'étais allée aux toilettes donc non... Tout va bien?

- Moui... marmonna Mia peu convaincue.

- Allez viens, dit Madame Smith pour l'attirer à elle. Tu vas peut-être trouver tes nouveaux parents.

- Cela m'étonnerait, fit simplement Mia en rejoignant la directrice près de la porte.

Alors qu'elle avançait vers la directrice devant elle, Mia se figea avant de se retourner brusquement. Elle cherchait clairement quelque chose du regard et cela alerta la directrice.

- Qu'y a-t-il Mia? demanda-t-elle alors.

- Vous n'avez pas entendu ? lui demanda la jeune fille en réponse.

- Entendu quoi? insista la directrice.

- Non rien, répondit Mia en s'avouant vaincue.

" Je suis sûre que j'ai entendu quelqu'un m'appeler par mon prénom... Je mettrai bien ma main à couper", pensa la jeune fille.

En réalité, ce genre de choses lui arrivait souvent. Selon le psy de l'établissement, c'était dû à son imagination débordante mais Mia était convaincue du contraire. En effet, depuis toute petite, elle avait l'impression de repérer des flashs de lumière, de voir des gens qui n'étaient pas présents mais qui restaient souvent de simples ombres mais également des éclats de voix comme à cet instant. Cependant, dès l'instant où Mia se livrait à une recherche active des sources de désagréments et de distractions, elle se retrouvait face à des pièces vides. Elle évitait de trop en parler pour ne pas passer pour une folle ou effrayer d'éventuels parents adoptifs.

- Tu n'es pas trop triste du départ d'Annabelle? demanda soudain la directrice visiblement inquiète.

- Je... Je me suis beaucoup attachée à elle mais je suis heureuse. Elle aura des parents, dit-elle en réponse.

- Cela t'arrivera ma grande, j'en suis certaine, la rassura la directrice.

- Si vous le dites, rétorqua Mia peu convaincue.

Et ce fut d'ailleurs toute aussi peu convaincue que Mia accepta de rejoindre la directrice pour sortir du bâtiment. Lentement, elle passa les portes pour admirer le petit parc qu'elle avait tant arpenté par le passé. Les jeux extérieurs avaient déjà été remplacés par deux fois depuis son arrivée et chacun portait des souvenirs. La balançoire sur laquelle elle s'était fendue une lèvre, la cage à écureuils dans laquelle elle aimait se réfugier ainsi que les bancs sur lesquels elle aimait s'attarder l'été pour lire des romans d'aventures. Ce fut d'ailleurs sur un des bancs qu'elle jeta son dévolu pour patienter. Elle passa près des enfants qui couraient partout tandis que de futurs adoptants circulaient entre eux et discutaient avec les enfants. Mia pensa soudainement qu'elle aurait dû prévoir un livre car après tout, elle le pensait bien, elle ne serait pas choisie. Elle s'assit calmement et regardait les futurs adoptants. Elle remarqua un couple assez jeune, sachant qu'eux choisirait obligatoirement un enfant en bas âge pour ne pas choquer leur entourage. Elle croisa les doigts quand elle vit un couple de femmes discuter avec des enfants un peu plus âgés, autour des huits ou neufs ans. Cependant, Mia n'attirait aucun regard précis, sans doute car semblant par bien trop renfermée. Elle soupira en observant les enfants rirent auprès des adoptants quand soudain, elle fut sortie de sa rêverie.

- Excusez moi Mademoiselle, fit une voix âgée.

Mia tourna la tête vers l'origine de la voix et découvrit un couple de personnes proches de la soixantaine. Elle eût alors un petit sursaut de bonheur. C'était d'ailleurs la femme très souriante qui lui avait parlé.

- Oui? demanda-t-elle poliment.

- Vous allez bien? demanda alors la femme.

- Oui... Vous cherchez à adopter? l'interrogea Mia intéressée.

- Tout à fait, lui confirma cette fois le mari.

- Vous avez un âge précis en tête ? questionna Mia encore plus intéressée.

- Nous... cherchons un ou une enfant d'environ cinq ou six ans..., répondit alors la dame visiblement gênée de l'affront.

- Ho... Évidemment..., répondit Mia en soupirant.

- Navrée de te déranger, fit alors la dame.

- Ce n'est rien. Je peux vous renseigner.

Mia bondit sur ses pieds et chercha parmis les enfants qui pourrait être leur futur enfant. Elle estima qu'au vu de leur âge, ils seraient plus à l'aise avec des enfants plus sages.

- Vous avez Kyle, il est énergique mais suffisamment posé. Il aime les grands espaces, il sera sportif, fit Mia en indiquant un jeune garçon blond.

- D'accord..., fit l'homme en observant.

- Sinon il y a Carla aussi, fit Mia en indiquant une petite fille sur une balançoire. Elle aime la musique et la danse. Elle serait parfaite.

Mia accrocha alors le regard de la femme qui l'observait en souriant et visiblement mal à l'aise. Mia comprit qu'elle était gênée d'être guidée par une enfant à adopter.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, fit alors Mia d'une voix rassurante. Je sais qu'à mon âge les chances sont réduites.

- Nous ne voulions pas te blesser, fit alors l'homme.

- Ce n'est rien je vous assure, je comprends parfaitement,. annonça Mia en souriant malgré sa déception.

- Je suis sûre que quelqu'un va te choisir, fit la femme.

- J'espère également, fit Mia. Discutez avec les enfants, vous verrez ils savent se vendre, fit alors Mia avec un clin d'œil.

Elle se rassit quand le couple s'éloigna. Elle soupira encore, déçue de n'être encore une fois qu'une décoration. Dans ce genre de situation, elle remarquait bien que les grands pouvaient vaquer à leurs occupations sans que personne ne s'en approche et pourtant elle croisait encore les doigts avec espoir.

" S'il-vous-plait... Quelqu'un... Au moins pour discuter de moi..." pensa Mia tristement.

Le temps passa et elle eut une discussion avec une couple dans la quarantaine. Eux cherchaient visiblement un enfant un peu plus âgé et compréhensif car ils déménageaient souvent, l'époux étant militaire. Cependant, au fil de la discussion, Mia comprit que le fameux militaire voulait un garçon. Encore une fois, elle fut déçue. Alors que d'autres adoptants passaient près d'elle, elle vit apparaître devant elle la petite blonde à couettes qu'était Annabelle.

- Mia... Ils sont venus, fit la petite fille de quatre ans.

- D'accord, ma grande, tu es contente ? demanda Mia.

- Oui... et un peu triste. Tu veux venir faire ma valise avec moi? l'interrogea Annabelle toute penaude.

Mia ne pouvait dire non à la petite, après tout elle l'adorait et cela lui laisserait encore un peu de temps avec elle. Elle l'accompagna en lui tendant la main pour qu'elle la serre. Elle rencontra alors dans le dortoir les fameux nouveaux parents d'Annabelle. Vu à quel point ils étaient jeunes, vingt-cinq ans tout au plus, Mia comprit qu'ils ne devaient pas être capables d'avoir des enfants naturels. C'était un peu aléatoire mais elle savait comprendre les adoptants. Les jeunes étaient en effet souvent stériles, les plus âgés avaient besoin de compagnie et les entre deux espéraient donner une chance à un enfant. Elle les regardait préparer les affaires d'Annabelle légèrement mal à l'aise de sa présence. Désireuse de ne pas s'effondrer en larmes au départ de la petite, elle choisit de leur donner des informations sur elle.

- Annabelle aime beaucoup les princesses Disney, surtout Elsa, annonça Mia.

- Merci, dit la future mère.

- Elle n'est pas très difficile pour la nourriture mais... Elle n'aime pas beaucoup les légumes verts, ajouta Mia.

- D'accord, répondit l'adoptante en souriant.

- Elle a besoin d'une veilleuse... Ou de quelqu'un. Mais elle n'a pas de terreur nocturne, précisa Mia.

- Je vois...

Mia relevait de plus en plus le côté mal à l'aise des parents mais l'heure du départ approchait rapidement. Elle finit par faire ses adieux à la petite Annabelle qui fondit en larmes dans ses bras. Mia la souleva d'ailleurs pour la rassurer avant de décider de s'approcher de celui qui était désormais officiellement le nouveau père d'Annabelle.

- Elle s'endormira à force de pleurer, fit Mia tristement. Veillez bien sur elle. Elle le mérite.

- Nous allons la choyer je te le promets, lui répondit l'homme.

- Je lui souhaite tout le bonheur qu'elle mérite, insista Mia.

- Chéri, fit alors la jeune mère, je vais rester un peu, tu l'amènes à la voiture ?

- Bien sûr... À toute suite, répondit son supposé époux.

Mia était étonnée de la situation et observa ce petit ange partir pour démarrer sa nouvelle vie. Elle regarda alors le bout de ses baskets inquiète de la suite.

- Installe toi près de moi, fit la jeune mère en tapotant le lit.

Mia s'assit doucement sur ce qui était désormais l'ancien lit d'Annabelle. Cela lui faisait beaucoup de mal, elle avait presque les larmes aux yeux tant c'était douloureux. Elle sursauta quand, sans crier gare, la jeune mère caressa son dos.

- Ce n'est pas trop dur? demanda tout bas celle-ci.

- Un peu... Mais je suis contente pour elle, fit Mia.

- Tu sais, nous sommes venus plusieurs fois pour préparer Annabelle...

- Oui, elle était contente à chaque fois, confirma l'adolescente.

- Et à chaque fois elle nous a demandé si tu pouvais devenir sa grande sœur, fit la femme gênée.

Mia reçut alors un choc, celle-là, elle ne s'y attendait pas. Mais cela la mit également mal à l'aise vis à vis d'eux.

- Nous... Nous avons hésité, lui annonça la femme.

- Je...

- Malheureusement j'ai à peine vingt-trois ans et... Je ne me pense pas capables d'élever immédiatement une adolescente, ajouta-t-elle.

- Je comprends parfaitement, et puis cela aurait pû pousser les gens à poser des questions, dit Mia calmement.

- Je suis navrée, je sais que tu prenais soin d'elle, elle nous l'a dit. Je prie Dieu chaque soir pour que quelqu'un t'adopte car toi aussi tu le mérites, lui signifia la femme en lui caressant le dos.

- C'est très gentil à vous Madame... Attendez.

Mia se leva alors et se dirigea vers son placard et l'ouvrit prestement. Elle chercha dans une boîte tout en bas de ce dernier, désireuse d'offrir un souvenir à Annabelle. Elle trouva alors ce qu'elle cherchait. Ses doigts touchèrent alors la matière duveteuse d'une peluche rose, une jolie licorne qu'elle avait reçu en cadeau peu après son arrivée. Elle se releva en tendant la peluche à la femme.

- Donnez lui cela de ma part, fit Mia. Dites lui que je veillerai de loin sur elle.

- Merci... Je ne sais pas quoi dire, fit la femme mal à l'aise.

- Ne dîtes rien, mais promettez moi une chose, insista Mia.

- Laquelle ? répondit la femme surprise.

- Je veux que vous soyez des parents merveilleux avec elle, pas que vous lui cédiez tout non plus mais qu'elle soit heureuse, expliqua Mia d'une voix tremblotante.

- Je te le promets, fit la femme en embrassant le front de Mia. Les parents qui t'adopteront auront beaucoup de chance.

- Si je suis adoptée, répondit Mia peu convaincue.

Elle regarda enfin la femme partir et se dirigea vers la fenêtre pour regarder partir Annabelle. Elle n'avait pas le courage de descendre à la voiture pour lui dire adieu, cela serait trop dur. Malgré tout, les larmes ruisselaient sur ses joues tant elle était heureuse pour Annabelle et triste pour elle-même. Elle n'avait encore une fois attiré le regard de personne et voyait partir une autre fillette. Dégoûtée de son manque d'attrait, elle se réfugia sur son lit et pleura autant de rage que de tristesse. Elle serrait ses draps de colère tant elle en voulait au destin de ne pas lui donner sa chance. Mia Stevenson était une jeune fille malheureuse qui ne demandait qu'à recevoir de l'amour. Elle voulait une famille, qu'elle soit nombreuse, monoparentale ou même homoparentale, cela elle s'en moquait tant que l'on lui laissait da chance. Elle resta donc sur son lit durant le reste du temps des visites des futurs adoptants. Elle ne désirait même plus se montrer, personne ne la désirant. Combien de temps plus tard, elle l'ignorait totalement, mais elle finit par être interpellée.

- Mia? l'appela alors la voix de la directrice.

Mia, les yeux extrêmement rougis et la gorge tout aussi extrêmement douloureuse de ses pleurs, releva alors la tête pour regarder la directrice à l'entrée du dortoir. De la manche de son sweat grisâtre, elle frotta rapidement ses yeux pour essuyer le sel qui restait de ses larmes.

- Je sais que tu étais proche d'Annabelle, fit la directrice en s'approchant du lit.

- Oui... Mais c'est normal, la plupart ne sont là que pour un petit moment, confirma Mia.

- Tu pleurais aussi pour toi même n'est-ce pas? insista la directrice.

- Pour tout dire... Oui. Je n'arrive pas à comprendre ce qui ne plait pas chez moi, fit-elle quelque peu vexée.

Elle regarda le visage de la directrice qui semblait compréhensive. Elle remarqua alors une lumière qui se reflétait à l'arrière et pivota la tête. Cela ne devait être qu'un reflet provenant de l'extérieur. Elle soupira alors de lassitude.

- Il n'y a rien chez toi qui pose problème... Au premier abord, évidemment, lui avoua la directrice.

- Au premier abord? répéta Mia presque offusquée.

- Ne le prends pas mal Mia... Ce n'était pas méchant, la rassura la directrice. Mais nous avons l'habitude des raisons qui poussent les adoptants à ne pas choisir quelqu'un.

- Et dans mon cas? Qu'est-ce qui pose problème ? l'interrogea alors Mia intéressée.

- Le fait que nous n'avons pas l'identité de ton père biologique. Certains parents pensent, sans doute à tort, qu'il pourrait surgir un jour ou l'autre, l'informa la directrice.

- Mais... Je n'y peux rien moi, fit Mia dégoûtée.

- C'est bête je sais... De même que d'autres pensent que d'éventuels traumatismes refoulés pourraient apparaître... Ce sont des craintes compréhensibles tu sais, lui indiqua la directrice.

- C'est n'importe quoi... C'est écrit non? Pour enfants affligés... Il y a des victimes d'abus, de violences, des rescapés d'accident, s'énerva alors Mia.

- Ne hausse pas le ton quand tu me parles s'il-te-plaît, la gronda légèrement la directrice.

- Pardon Madame Smith, fit Mia.

- Ce n'est rien... Dis moi... Te souviens-tu de l'idée de mon mari? demanda la directrice.

- Il en a beaucoup, avoua Mia en réfléchissant. Vous parlez de laquelle ?

- Les vidéos de présentation sur notre site, lui précisa la directrice calmement.

- Ha oui... Il nous a pris pour des produits Amazon, répondit Mia.

Mia avait trouvé cela encore plus affligeant que de devoir monopoliser l'attention lors des portes ouvertes. Pour elle c'était comme si elle n'était qu'un vulgaire produit de consommation courante. Il ne manquerait plus que l'envoi par FedEx pour que ce soit le pompon.

- Mia...

- C'est vrai non? C'est affligeant je trouve, insista la jeune fille.

- Je pensais comme toi surtout que cela ne semblait pas très efficace et pourtant...

- Pourtant ? Vous voulez dire qu'un enfant a attiré quelqu'un par ces vidéos ? demanda Mia surprise.

- Oui, nous avons surtout posté des vidéos des enfants les plus âgés, développa la directrice.

- Rassurez moi... Ce n'est pas ce crétin de Tyler ? questionna Mia méfiante.

Elle vit alors la directrice hausser les sourcils surprise de la question. Mia réagit bêtement, s'attendant à se faire enguirlander.

- Mia...

- Navrée... Ce serait injuste, se justifia la jeune fille.

- Tu devrais avoir plus confiance en toi, lui dit simplement la directrice.

Mia haussa les épaules avant de relever la tête. Elle réalisa enfin ce que lui annonçait la directrice et fit un bon sur ses pieds toute à sa joie.

- Moi? Quelqu'un veut m'adopter? demanda Mia.

- Calme-toi... Elle veut te rencontrer, lui indiqua la directrice.

- Elle? C'est une femme? Une femme seule?

- Oui, une étrangère, suédoise il me semble, fit la directrice.












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