L'oeuxteurminateur.

Chapitre 3 : Une belle investi-action.

4443 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/10/2021 16:15

Créteil. 2048. 23h23.



« Donc il te faut quoi encore pour faire ta croisade, cow-boy ? Lança Justin Peux, un armurier de la cinquantaine d'années aux cheveux bruns et au visage bien conservé, très connu du quartier des Buttes qui s'était installé ici en raison de sa proximité avec l'hôpital de la ville et qui recevait des clients régulièrement voulant mettre à profit leur revanche dû à des blessures par arme énergétique. Parmi sa tournée de personnes sollicitant son aide se trouvait Jacky qui avait dépensé sans compter pour avoir le nec plus ultra de la technologie ancienne. Toutes les armes se trouvant caché dans un panneau pivotant en acier niché derrière le vendeur, il n'y avait aucun risque qu'un vol puisse être orchestré par un malandrin.


-En dehors du .88 Magnum, de la MG-69, du GP-To, des œufs pour maman, du meuhtoyeur et de la centaines de milliers de balles qui vont partir dans le buffet de ces enflures, je pense qu'on a fait le turn ! Dit Mitchell en vendant au magasinier sa MILF-35 dont la rareté avait permit d'acheter l'ensemble du futur équipement du mercenaire.


Et en supplément, tu ne voudrais pas que je te rajoute la grenade sonique T-50 ? Demanda le vendeur en posant l'objet juste en face du regard de Jacky sur le comptoir.


-L'explosif le plus ridiculement mortel de tous les temps ? Tu joues avec mes sentiments là. Bon okay. Mais juste un, Justin !


D'accord d'accord. Dit Peux en faisant glisser la grenade au point de la faire tomber de son support tout en se dirigeant vers la caisse située légèrement sur sa droite afin d’additionner le prix. Alors avec la vente de ta MILF-35, nous sommes rendus à 35 000€. En liquide ou en gazeux ?


-C'est sacrément cher. Mais il existe une autre méthode de paiement, bro'. » Avoua Jacky avec un large sourire tout en se rapprochant le plus près possible du comptoir et de l'armurier.


Quelques secondes plus tard, l'américain quitta la pièce décorée d'une lourde enseigne holographique représentant une pin-up blonde caucasienne danser avec un Uzi dans sa main gauche. En traçant sa route, Jacky croisa le chemin d'une personne munie d'une casquette blessée par laser au bras droit. Ayant été prit dans un règlement de compte, l'homme entra dans la boutique en criant de douleur et trouva le corps évanoui de Justin Peux, un œil au beurre noir étant apparent sur son visage fermé. Voyant qu'un témoin oculaire était entré dans l'armurerie, Mitchell pressa le pas et atteignit son chopper personnel de marque Harvey Denisson. Flottant grâce à un système d'air comprimé tout comme les voitures modernes, Jacky s'assit sur la selle tannée de la moto à la peinture dessinant des flammes intenses rouges le long de la tôle en kevlar dont l'avant avait été reconverti en bélier aiguisé. Écrasant avec son pied droit le démarreur, le chopper cracha des vapeurs d'eau et sillonna la rue donnant sur l'hôpital silencieux avant de partir vers des quartiers pouvant abriter des Gladiateurs. Dans son esprit, la recherche de sa némésis ne prendrait qu'une poignée de jours. La tâche ne serait pas aisée mais procurerait à Jacky sa dose d'adrénaline suffisante pour garder le sourire et la forme. Esquissant un rictus, Mitchell dévora les kilomètres à grande vitesse tout en passant devant un méli-mélo de néons et d'architecture napoléonienne laissée en l'état, les halos éclairant les formes géométriques de son chopper.



Saint-Denis. 2051. 20h50min59sec.


Ayant passé des années à sillonner les quartiers de toute la banlieue parisienne et ayant démantelé la quasi intégralité du gang des Gladiateurs, le personnage de Jacky assista impuissant à l'accès de Irène Chiabien à la présidence du pays, sa super-arme ayant fait ses preuves en tant qu'ultimatum. Entouré de bâtiments en flammes et de cadavres en putréfaction appartenant aux criminels, l'avatar se trouvait en plein milieu d'une route bordant un écran-géant dessinant le visage de son ennemi passer ses ordres directement depuis le bureau du palais de l'Élysée dont la teinte dorée s'opposait à la texture sombre qui dessinait l'allure vestimentaire de la nouvelle dirigeante.


C'est-ainsi qu'un ''Game Over'' se matérialisa sur la Pocket Vista du mercenaire qui éteindra sa console portable rectangulaire en verre, sa poigne étant proche de briser l'appareil en la rangeant.



Saint-Denis. 2048. 01h10 (pour de vrai cette fois).



Après avoir écumé deux cités de cette banlieue sans obtenir de résultat convenable pendant des jours, Jacky décida de maintenir son rythme cardiaque à une cadence élevée en jouant à ce jeu-vidéo qu'était ''Prédiction Simulator 2048''. Ayant perdu encore une fois et rangé sa console, Mitchell se trouvait sur un des toits sombres du quartier Franc-Moisin, le phare xénon de sa moto rendant sa silhouette accroupie ombrée visible aux yeux de tous. Tel un justicier masqué, l'américain scruta de son œil avisé tout en faisant fondre son cigare par son inspiration une réunion entre camés du territoire. En effet, un peu plus bas dans la cour gravillonnée centrale ornée d'un jeu de l'arbre constitué de cordes solides et raides, un homme coiffé d'un casque de la Wehrmacht vert foncé, d'un pull en laine noir et de rangers modifiés disposant de ressorts d'amortissage imitait un corsaire en se tenant au sommet du mât métallique tout en tenant dans sa main gauche la brique de drogue. Disposant d'un cache-œil en cuir noir sur sa vue gauche, le Gladiateur entendit un sifflement buccal d'une forte tonalité et baissa sa seule pupille. Voyant un groupe d'une dizaine d'hommes et de femmes habillés de sarouels mauves, d'une cigarette électronique expirant de la fumée à la couleur variable rangée dans un étui située vers la cage thoracique qui n'était que moyennement camouflé par la longue robe de chambre rouge et de pantoufles usées, le supposé pirate sauta de son perchoir et atterrit avec fracas sur les graviers qui giclèrent telles une éclaboussure sur les visages exposés de la bande. Se présentant comme le gang des ACLR, des communistes protecteurs de l'environnement, les principaux concernés commencèrent à entamer les négociations avec leur fournisseur.


Perplexe à l'idée de voir un nazi collaborer avec des rouges sans penser direct à une trahison future, Jacky enleva son long manteau pour attacher les manches autour de son cou pour s'en improviser une cape. Ayant entreposé tout son arsenal juste à côté de son chopper, le super-héros supposé se releva pour se diriger juste à côté de sa moto afin de choisir quel outil serait approprié. Voulant faire un maximum de dégâts parmi ses adversaires, c'est en toute logique que l'américain jeta son regard sur sa MG-69. Cependant, afin de garder l'effet de surprise, Jacky se retourna vers sa monture mécanique pour éteindre les phares et se retrouver dans les ténèbres les plus totales semblables aux abysses des profondeurs des océans. Retournant à sa position initiale sur le rebord du toit d'un des immeubles en plissant ses jambes à nouveau, sa figure étant éclairée par la lumière ardente de son cigare, le mercenaire empoigna alors son arme sur laquelle il avait jeté son dévolu et la plaça juste devant ses yeux. Tournant le commutateur de son Kama-Té pour le placer sur ''Super Atterrissage'', l'outil sauta à la gorge de son propriétaire tel un guépard et fit apparaître des lignes vertes se croisant à des angles variés. Ayant pleinement conscience d'avoir un ersatz de circuit imprimé implanté sur sa peau, Jacky se laissa chuter à vive allure en plein milieu du groupe de criminels. Malheureusement, l'un d'entre eux bougea au dernier moment pour s'emparer de son bien et se fit écraser par le mercenaire. La puissance de l'impact créa un souffle qui dispersa l'entièreté du groupe telles des feuilles balayées par une brise d'automne. Tandis que les membres de l'ACLR s'étaient de nouveau retrouvés la tête dans la roche, le corps du Gladiateur venait de frapper durement le massif métallique de la cour, déformant sa colonne vertébrale aussi mollement qu'une pâte. Tout en se remettant aussi droit qu'un pilier, le dos tourné aux communistes, ces derniers eurent alors la silhouette d'un justicier muni d'une cape noire et d'un corps développé.


« C'est Batman. Faut qu'on file ! Cria une femme de l'ACLR à la chevelure négligée dont les yeux noircis témoignait de l'utilisation abusive de mascara.


-Mauvaise fiction, you stupid whore ! En plus Batman n'est pas aussi surpuissant que moi ! Je cherche Irène Chiabien. Sais-tu où je peux la trouver ? Demanda Jacky en se retournant face à l'intéressée, l'accent sépulcral provoqué par le Kama-Té renforçant l'aspect menaçant du mercenaire.


On n'est pas du même gang elle et nous, on en sait foutrement rien. Pourquoi tu nous poses cette question ?


-Parce que votre copain là juste derrière est mort. J'ai pas d'autre choix. Puis ça me ferait chier de m'être déplacé pour rien quoi !


Mais non ! J'suis pas mort espèce d'abruti ! Kess tu racontes toi encore ? Lança le Gladiateur en se relevant tant bien que mal de sa douleur.


-Ah bon ok j'ai rien dit ! Pouvez vous barrer si vous voulez ! Allez, zou ! » Cria Jacky au groupe avant de faire face au Gladiateur de plus belle.


Par ailleurs, les membres de l'ACLR ne l'entendirent pas de cette oreille et se relevèrent à leur tour en sortant des poignards rétractables. Ayant constaté le cliquetis provoqué par les lames de ses assaillants, Jacky détacha sa cape pour révéler un fourreau de katana. Pressentant un désavantage évident, les nostalgiques du régime de Staline rangèrent leurs armes blanches et prirent leur jambe à leur coup, la fumée de leur cigarette leur donnant un air de wagon d'une époque révolue. C'est-alors que le mercenaire put reprendre ses investigations, sa main droite tournant le bouton de son Kama-Té pour lui redonner une apparence normale, et interroger son ennemi afin de parvenir à ses fins. Le Gladiateur sortit alors à son tour un couteau-laser pour tenter de se défendre. Jacky se tournera encore une fois pour dévoiler son arme d'origine nippone, ce qui fera répéter au laquais de Irène Chiabien la gestuelle de ses camarades. Se remettant en face du néo-nazi présumé en faisant un geste de pouce vers le bas, Mitchell se rapprocha tranquillement du Gladiateur pour le soulever par le col de son tee-shirt et le plaquer contre le poteau imposant du jeu pour enfants. La lumière du cigare éclairant les deux individus, Jacky prit enfin de nouveau la parole.


« Alors mon petit gars, tu vas me dire où se trouve ta boss. Ou on risque de ne pas être copain-copain très longtemps. Ordonna avec un grand sourire Mitchell, ses dents mâchant fermement son bâton de tabac.


-Les vrais copains ne se soulèvent pas par le col mon gars... Siffla le captif, sa tête étant penché sur le côté à cause de la forte pression exercée par les poignes de son adversaire.


Ah oui pas faux, tu as raison. Reconnût Jacky en lâchant son prisonnier pour le choper par les testicules à la place, le faisant plier de douleur. Mais ça fait des chats-bite par opposition. Alors ? Tu causes ou je te mycose ?


-Mais ça veut rien dire mec ! Arrête de divaguer !


Je sais. Mais j'avais rien trouvé d'autre pour la rime. Listen, pal. Si tu n'avoues rien, je serre encore.


-Ok ok c'est bon t'as gagné ! Elle se trouve aux Pyramides, tu pourras pas la louper ! Avoua le Gladiateur dont la grimace mimait la douleur provoquée par l'étreinte.


Vachement coopératif comparé aux autres, c'est bien ! Plus vite j'aurais trouvé Irène plus vite ce sera fini. Ça coûtera moins d'encre comme ça ! Dit Jacky en lâchant sa prise tel un pêcheur et laissant son poisson voguer de nouveau librement.


-De l'encre ? Mais t'as fumé quoi mon gars ?


C'est une munition spéciale de mon lance-grenades, cherche pas. Rétorqua Mitchell en reprenant en main son Kama-Té pour tourner le commutateur sur l'annotation ''Kaïra''. Se retrouvant avec une casquette de marque ''New Era'' et un pantalon de sport, le mercenaire fit un regard perçant au Gladiateur pour l'intimider. Maintenant casse toi wesh ! Ou je te hagar ! »


Cette stratégie ayant fait son effet, le soldat de Irène reprit son casque d'acier tombé au sol et partit à toute vitesse vers un des bâtiments situé à sa droite. Jacky reprit une apparence normale de plus belle et constatait un effroyable problème. Le mercenaire avait oublié de payer une option pour pouvoir disposer de rétro-fusées afin de décoller sur le toit. Reprenant son manteau en baissant sa tête en guise de honte, Mitchell marcha lentement vers l'immeuble où se trouvait son chopper.



Evry. 2048. Plus d'un milliard d'heures après J-C (il est 02h20).



Parcourant les rues se situant à proximité de ce qui fut jadis le quartier du rappeur Sérébr4l dans les années 2010, Jacky s'arrêta sur le bas-côté en terre de son parcours pour analyser à distance les éventuelles défenses qui auraient pu être érigées par le gang des Gladiateurs. Enclenchant la béquille de son véhicule volant, Mitchell fit son mouvement de pincette pour passer en vision infrarouge et son étonnement se fit remarquer par un levé de sourcil derrière son verre opaque. En effet, un véritable bataillon de mitrailleurs et d'androïdes de combat de forme humanoïde similaires au vigile du restaurant ''Au Dodo de Saumure'' reprogrammés s'était assemblé tout autour de ce quartier désordonné. En continuant de parcourir des yeux le squelette bétonné des bâtiments, Jacky vit une femme avec une coupe qu'il jugeait immonde. Comprenant en un éclair qu'il s'agissait bien de sa némésis, le mercenaire coupa son infravision et commença à placer sa mitrailleuse MG-69 sur le guidon de sa moto. Similaire à la légendaire MG-42 allemande dont les câbles électroniques et les diodes électroluminescentes recouvraient l'intégralité de l'habillage métallique comme une décoration de Noël, Jacky plaça la bande de munitions autour de son cou telle une écharpe pour ne pas avoir de gêne lors des passages qu'il allait effectuer. Remettant les gaz tout en remontant la barre d'acier, Mitchell appuya sur une commande pour dévoiler des enceintes de forte intensité afin de les laisser crier du rock métal, ce qui alarma tout le gang. En effet, une des vigies aux cheveux longs verts et au torse exposé qui entendait tout comme ses camarades un genre musical aujourd'hui disparu au profit de la K-Pop et de la Trap, empoigna ses jumelles multi-fonctions et glissa son index gauche sur un bouton poussoir pour passer en vision radioscopique. Voyant le signal représenter par un contour circulaire dessiné d'un smiley fort mécontent s'intensifier et se rapprocher de plus en plus, l'observateur signala l'intrusion en se penchant par-dessus son balcon en pointant du doigt la direction de l'éventuel agresseur et toutes les unités se mirent en position de défense. Les automates pressèrent leur gâchette, la rotation de leur mini-gun laser se faisant et étant prête à faire feu. Quant aux Gladiateurs, tous équipés d'une Kalash-47, une AK-12 modifiée, ces derniers s'étaient rangés du côté de leurs véhicules pour s'apprêter à prendre en chasse l'américain. Entendant le raisonnement des cordes des guitares se rapprocher de plus en plus, les Gladiateurs mirent leur doigt sur la gâchette en direction de la source du bruit située juste derrière le bâtiment vers leur gauche et qui semblait prendre l'entrée de la cité se trouvant juste devant eux.


Après quelques secondes d'attente interminables un chopper se présenta juste devant les criminels, conduit par Jacky, qui fit un dérapage en se frottant contre le bitume, abîmant ce dernier. Sans sommation, les Gladiateurs ainsi que les robots tirèrent tout ce qu'ils avaient sur leur adversaire sans parvenir à le toucher. Amusé par cette situation risible, l'américain pointa son canon sur ses cibles et fit feu à son tour pour se mêler au tohu-bohu sonore qui s'animait dans les airs. Rasant le banc de combattants se trouvant devant lui, Jacky faucha un petit nombre de ces derniers avec son bélier et en élimina une autre partie avec ses salves continues de mitrailleuse. Après plusieurs allers et retours où les Gladiateurs et les androïdes, pour une raison quelconque, ne voulaient pas se mettre à l'abri pour mieux riposter, un membre du groupe eut soudain un déclic foudroyant tel le tonnerre de Zeus. En effet, en cessant de tirer pour examiner son arme, un homme coiffé d'une crête jaune vit que le sélecteur de tir avait été mit par défaut sur ''Nullard de film d'action''. Pour constater son idée, le sous-fifre tira en direction de son collègue situé à sa droite à côté d'un des camions dont les pneus avaient été crevés par les passages de l'américain. Comme il s'y attendait, aucun laser ne toucha son allié. Voulant quand même s'assurer de la fiabilité de son matériel, le punk tourna le commutateur et tira à nouveau sur ce même Gladiateur qui tomba raide mort. Ravi de voir que cela fonctionnait, le laquais qui avait montré des signes d'intelligence comparé aux autres hurla de changer la manipulation de leur arme. Tout le monde s'y exécuta sans tarder y compris les automates.


Alors qu'il se trouvait à l'autre bout de la cité en s'appuyant sur un lampadaire avec son bras gauche pour mieux repartir à l'attaque, Jacky fut soudain étonné de voir ses ennemis tirer avec plus de précision soudainement. Affichant malgré tout un sourire d'homme satisfait, Mitchell retira son manteau tout en slalomant parmi les rafales de laser qui se rapprochaient dangereusement de lui. Lors de son pénultième passage, le mercenaire jeta son pardessus par-dessus sa tête et le vent le porta sur la figure d'un des imposants robots. Curieusement, le vêtement jeté était illuminé par des petits gyrophares rouges. Comme pour répondre à cette interrogation que commençait à se poser les Gladiateurs, Jacky appuya sur une télécommande en forme de pommeau de vitesse. Une explosion gigantesque créant une légère secousse se créa et tous les criminels ainsi que les machines bipèdes n'étaient plus. Arrêtant le moteur de sa moto juste à proximité du charnier nouveau, Jacky descendit avec délicatesse et écrasa un des androïdes dont la diode oculaire continuait de briller.


« Tu es terminated, fumier. » Dit Mitchell en pointant sa mitrailleuse sur la source lumineuse, le tir détruisant définitivement la source d'existence de la machine. Le mercenaire garda fermement son arme avec son bras droit en le maintenant à l'horizontale. Afin d'être sûr de ne pas se tromper d'étage et de tomber dans un piège grossier, le mercenaire reprit son infravision et vit son ennemi avec une octuple de soldats dont un qui se trouvait sur un balcon juste au-dessus de sa tête. Il s'agissait en effet de la vigie qui l'avait repéré quelques minutes plus tôt. Se sentant en danger, tel un chaton apeuré par l'arrivée d'un humain qu'il n'avait jamais vu, le Gladiateur sortit un imploseur en forme de bâton de dynamite, le même qui avait servi à détruire le restaurant, et le lança en direction de son ennemi après l'avoir tourné comme un essorage de torchon mouillé pour l'activer. Ayant capté la direction de l'explosif juste devant l'entrée, Jacky accéléra le pas et se trouva au pas de la porte pour l'attraper avec sa bouche, sa main gauche ayant rattrapé son cigare qui venait de chuter. Le bâton étant droit comme un piquet, Mitchell prit une grosse inspiration par le nez et fit un souffle puissant qui fit décoller l'explosif qui retourna à l'envoyeur. Ce dernier termina en plusieurs dizaines de milliers de morceaux à cause de la déflagration provoquée. Gaussant à la vue de ce feu d'artifice organique, Jacky mordit cette fois ce qu'il restait de son cigare et revint en chasse contre Irène.


De son côté, la chef des Gladiateurs attendait patiemment son invité en s'accoudant contre la fenêtre centrale de la pièce, ses jambes s'entrecroisant. Pour elle, son ennemi allait se montrer prudent et passer par l'escalier. En effet, même si ce n'était pas le cas, elle aurait très bien pu piéger l'ascenseur pour en finir une bonne fois pour toutes. Cependant, les gardes de Irène alignés devant leur despote virent l'affichage numérique de l'élévateur indiquer le nombre d'étages qui allait croissant. Dégustant un pain en chocolat avec sa main droite, pour la chef Gladiateur, il ne pouvait s'agir que d'une ruse. Comme pour affirmer sa position, Irène appela ses gardes à concentrer leur ligne de tir vers l'entrée de l'escalier qui se trouvait à droite de l'ascenseur qui était représenté par une porte coulissante en acajou. Les chiffres grimpèrent au fur et à mesure que les secondes passaient et que Irène achevait lentement sa viennoiserie. Enfin, l'étage indiquait le leur et la lourde porte en fer de l'ascenseur s'ouvrit. Pour montrer leur désarroi et leur déception à la fois, tous les Gladiateurs présents dans la pièce devinrent bouche-bée au point de baisser leurs armes.


«... Ouais et là je lui dit ''Meuf ! Sérieux ! Avance ou recule, comment veux-tu comment veux-tu que je...'' Euh désolé de te lâcher mais j'ai un très mauvais coup à tirer là. On se rappelle plus t... Roh t'es trop con toi des fois, hahaha. Bon allez je te laisse. Bye, take care. Dit Jacky qui s'était assis en tailleur sur le socle lourd de l'élévateur dont l'oreille gauche était parcourue par des flux circulaires multicolores. Reprenant son fusil-mitrailleur et se relevant avec élégance, Mitchell quitta l'ascenseur.


-Mais tou es tlo clétino toi ! Tou compte vlaiment nous alléter alols que tou aulais pou moulil en vlai ? Lança sur un ton indigné Alvaro qui avait décidé de lever son arme vers son futur adversaire.


Ouuuuuuuuh, cet accent. T'es sûr que tu n'as pas raté ta vocation toi ? Je t'aurais plus vu faire les fourneaux du resto' espagnol à côté, à servir de la paella. Dit Jacky en ayant un large sourire, ce qui provoqua une hilarité totale chez les gangsters à l'exception de l'hispanique.


-Laisse, Alvaro. Je vais m'occuper de cet homme moi-même. Il est à moi et personne d'autre. Coupa Irène en dépassant sa rangée de soldats qui s'était accroupi à cause du rire collectif. Vous avez un sacré culot de vous pointer comme ça Monsieur Mitchell. Cette fois-ci je vais pouvoir me réjouir de vous voir mourir en direct.


Tu me vends un peu trop rapidement espèce de margoulin. Je ne suis pas du genre à clamser aussi vite. Ce qui n'est pas le cas de tes gars. Tiens d'ailleurs, comment t'as su que j'allais arriver ?


-Un de mes hommes que vous avez interrogé. Vous ne l'avez pas buté et il m'a appelé pour dire que vous étiez encore vivant. Alors j'ai pu préparer tout ce dispositif et aller à fond la caisse pour la suite de mon plan. Avoua Irène en finissant de mâcher son pain au chocolat, sa silhouette se dévoilant de plus en plus dans la partie lumineuse de la pièce ou se situait son opposant.


T'as de ces expressions toi. T'as squatté que des boomers pendant ton petit séjour en colonie de vacances ou quoi ?


-Taisez vous ! Je vais bientôt accomplir mon objectif ! Ce dodo que nous avons obtenu est une bénédiction ! Cria la chef Gladiateur qui ne se trouvait plus qu'à quelques pas de Jacky en pleine lumière, qui put enfin voir l'apparence entière de la jeune femme. Son visage fin hâlé contenait une longue cicatrice parcourant le côté de sa bouche et son œil droit qui avait été modifié génétiquement, lui donnant une couleur rouge pourpre. Sa tenue vestimentaire était composée d'une veste légère en cuir bordeau parcourue par un étui de pistolet automatique et d'un jean's troué vert olive. Et c'est pas avec votre chance que vous allez pouvoir faire quoi que ce soit.


Tu veux parier, bitch ? On va voir si c'est juste de la chance ! » Rétorqua l'américain en courant vers sa némésis avant d'entendre un bruit mécanique se créer et éviter de justesse un coup de tronçonneuse en provenance de sa droite. Se retrouvant dos à l'entrée de l'ascenseur, Jacky fit face à deux êtres robotiques d'une taille imposante. Ayant une cage thoracique anormalement gonflée, les deux robots bipèdes de visage féminin étaient faits d'une armature en acier chromé, de pieds semblables à des pattes de varans et de membres constitués de lames acérées sur la partie gauche et d'une tronçonneuse sur la partie droite. Ayant reprit sa position au bord de la fenêtre, Irène présenta ses deux monstres.


« Je vous présente mes deux nouvelles gardes du corps en provenance de la Corée du Sud. Qi-Ki et Fufu-Ne. J'espère qu'elles seront à votre goût. Nous allons dans tous les cas assister à un spectacle réjouissant. Adieu, Monsieur Mitchell. » Monologua calmement la chef des Gladiateurs, dont le regard confiant amplifiait son stoïcisme.


Se déclarant comme peu enclin à s'adonner à des fantasmes mécanophiles, Jacky garda une posture normale malgré la menace évidente que représentait les deux gynoïdes. Crachant à ses pieds son cigare entamé, le mercenaire avait très clairement une idée en tête. Affichant un large sourire, l'américain sentait que sa contre-offensive allait verdir de rage son ennemi.



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