Cube And Pentacle

Chapitre 1 : Connectée

7803 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/04/2021 09:33


I. Connectée

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Sur la côte est des États-Unis, au bord de l'océan, se trouvait une ville mondialement connue, Salem dans le Massachusetts. Naturellement elle était connue pour le fameux procès des sorcières au dix-septième siècle, et par tout son commerce ésotérique parallèle surfant sur le tourisme. Elle était également connue depuis vingt ans pour la société de développement informatique qui s'y était installée : la société HyperCube. Cette société spécialisée dans le développement de logiciels avait vu son essor prendre une importance incroyable grâce au développement du nouveau système d'exploitation informatique créé par cette société et devenant le système le plus usité du monde. Qui aurait cru que la simplicité d'une idée aurait un tel succès? Ses fondateurs, dans leur garage, guidés par l'idée de créer un système d'exploitation capable de non seulement fonctionner sur les smartphones et les ordinateurs de toutes les marques mais également sur tout les périphériques connectables produits par la société ou non, avaient alors réussi l'inconcevable : créer Hexahedron, raccourci désormais par Hexa, un interface d'une simplicité totale basée sur le cube, chaque fonction étant disposée sur une face par un système intelligent de rangement. Aujourd'hui, plus personne n'ignorait l'existence d'Hexahedron et même mondialement l'application était reconnue. Désormais il figurait dans bon nombre d'appareils connectés dès la mise sur le marché, la gratuité de celui-ci restant sa plus grande attractivité grâce aux achats possibles mais non indispensable, et la ville de Salem vivait royalement, beaucoup d'habitants travaillant désormais dans cette société. Une société prospère amenant la prospérité à ses habitants et surtout à ses patrons, les trois frères Graham, Will, James et Damian; tous trois faisant actuellement partie de la liste des personnalités les plus riches d'Amérique aux côtés de personnes comme Musk et sa société SpaceX. La société HyperCube, en ce jour de rentrée scolaire s'apprêtait à lancer une énième fonction surprenante mais comme souvent, les gens ignoraient les secrets et les manipulations derrière le succès... et parfois, il valait mieux.

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Dans un appartement assez luxueux du centre-ville de la cité du Massachusetts, au milieu d'une chambre décorée de posters à l'effigie de chanteurs tels Justin Bieber, Harry Styles ou encore le groupe coréen BTS, remuait une couette enroulée. Alors que la journée démarrait, un téléphone posé sur la table de nuit résonna. Il était l'heure de se réveiller pour sa propriétaire et tandis que résonnait déjà Watermelon Sugar d'Harry Styles, une main frêle et fine sortit de la couette pour l'attraper et couper le réveil.

" Je me lève, je me lève" pensa la propriétaire.

La couette fût alors rejetée sauvagement par la jeune fille logée dessous et qui sauta hors du lit sans hésitation. D'un pas lent à cause du réveil récent, celle-ci se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit ainsi que le volet de bois derrière laissant les rayons du soleil inonder la chambre et son corps adolescent.

- Il va faire bon aujourd'hui, fit la jeune fille laissant ainsi sa chambre aérée.

Celle-ci se dirigea vers sa table de chevet et saisit son téléphone lançant déjà l'application Hexahedron qui démarra extrêmement rapidement et le message d'accueil s'afficha.

BONJOUR ALICE. NOUS SOMMES LE PREMIER SEPTEMBRE. BONNE RENTRÉE.

Elle s'appelait Alice, Alice Martha Cornell de son nom complet. Alice était une adolescente assez normale mesurant un mètre soixante cinq pour cinquante-quatre kilogrammes, vêtue à cet instant d'un grand t-shirt blanc masquant son quatre-vingt-cinq B et d'une culotte rouge à rayures noires et âgée d'à peine quatorze ans, elle allait avoir quinze ans dans trois semaines. Elle n'avait rien de bien particulier, aucun problème familial, aucun traumatisme particulier, ni aucune spécificité étrange ; elle était une adolescente normale ou presque. En réalité, elle avait surtout une avance dans sa scolarité, lui faisant ainsi assister aux mêmes cours que les élèves de seize ans qui en auraient dix-sept durant l'année, elle avait déjà sauté deux classes. Elle ne se considérait nullement comme une surdouée même si elle l'était un peu grâce à sa mémoire éidetique mais cela ne lui avait causé aucun réel problème, elle n'était nullement brimée et ne subissait aucun harcèlement scolaire. Elle avait des amis comme tous le monde, même si forcément ils étaient un peu plus âgé qu'elle vu que sa classe était plus avancée. Tandis qu'elle activait la première face de l'Hexahedron, celle permettant les communications, elle passa sa main dans ses longs cheveux auburn et ondulés pour essayer de les dompter quelque peu.

VOUS AVEZ UN MESSAGE.

Elle était assez surprise de remarquer cela dès le matin et activa la messagerie instantanée de l'Hexahedron pour le découvrir.

[ BECCA ]

Salut ma grande, je passerai te chercher pour aller au lycée.

[ MOI ]


Ok je t'attendrai, bisous.

[ BECCA ]

Impatiente de te retrouver.

[ MOI ]


Et moi donc ma belle.

Becca n'était autre que Rebecca Dawkins, sa meilleure amie de seize ans, une blonde pétillante et cultivée et qui l'avait prise sous son aile, et accessoirement la fille de Karen Dawkins, la mairesse de Salem. Alice reposa son téléphone pour faire son lit tranquillement avant de se diriger vers son placard pour y récupérer les vêtements préparé la veille pour sa rentrée : un jean noir, un chemisier blanc au col en dentelle et à manche courte, ainsi que des sous-vêtements en coton blanc. Elle les déposa sur son lit en se dirigeant vers la salle de bain privative de sa chambre, jetant son t-shirt dans la panière pour le linge sale de celle-ci et s'approcha de son miroir.

- Alors..., fit elle en cliquant sur les icônes du miroir connecté.

Ce miroir connecté, fleuron de la domotique produite par HyperCube, faisait partie de sa vie depuis un moment déjà, son père Kenneth étant en réalité un des experts en programmation de la société et, comme chacun des employés de la société hyper technologique, il avait accès à toutes ces technologies connectées modernes et facilitant la vie au premier abord. Une autre des nombreuses spécificités de cette société, c'était d'avoir fait l'acquisition de nombreux logements pour les moderniser et permettre à ses employés de l'acquérir pour une bouchée de pain, ou plutôt grâce à des prêts à intérêt zéro.

- Éclairage léger, c'est bon... Pas de musique, dit elle alors en sélectionnant les fonctions. Programmation douche...

Elle arpentait le menu tactile du miroir cherchant son profil de douche, elle survola celui de son père et ses trente-trois degrés, celui de sa mère Emma et ses quarante et un degré, beaucoup trop élevée mais également celui de son frère Dylan, dix ans, à trente cinq degré. Elle vit celui au nom d'Alice et ses trente-sept degré, la température optimale à son goût, et cliqua alors dessus tandis qu'apparaissait le logo de la société, un cube où était inscrit C³ sur chacune des faces autour duquel tournait la Terre sur un elliptique ovoïde et vit le message.

MERCI DE VOTRE CHOIX ALICE. BONNES ABLUTIONS.

Alice entendit alors la douche s'activer et enleva sa culotte pour s'y glisser, adorant sa propre programmation habituelle.

"Holala ce que cela fait du bien", pensa alors Alice en profitant de sa douche

Son père avait préféré désactiver la commande vocale de toute la domotique, les erreurs techniques pouvant être nombreuses si la machine détectait des phrases codes. Elle se lava tranquillement, frottant son corps avec son gel douche aux senteurs de pain d'épices, avant de la couper en passant sa main devant le pommeau pour l'éteindre grâce au détecteur. Elle s'essuya alors après en être sortie toute fraîche et se dirigea vers sa chambre pour enfiler ses vêtements. Désormais vêtue, elle récupéra son sac à dos pour le lycée et le prit par la poignée, avant d'attraper son téléphone. Marchant dans le couloir qui desservait les trois chambres, le bureau de son père et la salle de bain d'invités, elle arpenta l'application pour passer sur la face contenant les appareils domotiques connectés et sélectionna la machine à café sélectionnant une dosette de chocolat chaud. Elle n'aurait qu'à placer un mug et sélectionner son profil. Elle débarqua alors dans la grande pièce de vie toute ouverte et à la couleur grise métallisée prédominante.

- Salut la famille, fit elle en approchant son père devant la télé pour l'embrasser.

Kenneth était un homme dans la force de l'âge, aux cheveux bruns comme sa fille, cependant rasés courts, mais très grand par rapport à elle avec ses quasiment deux mètres, toujours habillés de son costume cravate.

- Salut ma puce, fit son père posant son journal. Prête pour la rentrée ?

- Et comment, dit elle en se dirigeant vers la cuisine ouverte où elle voyait les autres membres de la famille.

Sa mère, une magnifique rousse aux cheveux courts d'un mètre soixante-dix vêtue d'un pantalon noir et d'un chemisier bleu clair, était la parfaite femme d'intérieur, cuisinière émérite et mère attentionnée qui avait transmis sa passion de la lecture à sa fille.

- Salut Maman, fit elle en embrassant sa mère.

- Bien dormi? demanda sa mère affairée sur les œufs brouillés.

- Parfaitement, j'ai reprogrammé la climatisation de ma chambre, il faisait trop chaud hier soir, répondit alors Alice en plaçant un mug et sélectionnant son profil sur la machine à café au logo de la société.

- Salut Ali! fit son petit frère à table devant un écran sortit de la table.

- Salut moucheron, répliqua affectueusement Alice en passant sa main sur la tête de son petit frère.

- Tes œufs seront bientôt prêts, fit sa mère en préparant son assiette.

- Merci Maman, fit elle en voyant son assiette arriver.

Elle saisit sa fourchette et commença à manger tandis que, de sa main libre, elle vérifiait les informations du jour.

- Dites donc les deux accrocs, fit sa mère faussement contrite. Vous ne pourriez pas laisser les écrans de côté le matin?

- Non, fit Dylan en regardant ses dessins animés en mangeant ses céréales, préférant celles-ci car ce dernier était allergique aux ovoproduits.

- Je regarde juste les informations, répondit Alice en sélectionnant la face des loisirs.

C'était une de ses préférées, après celle de réseaux sociaux dont C³Wall, le réseau social d'HyperCube ayant détrôné Facebook ou Twitter dans le cœur de beaucoup d'adolescents; et navigua entre les icônes de cette face contenant musiques, livres et surtout chaînes de télévision. Elle regarda le fil d'actualité et vit immédiatement l'annonce d'HyperCube, forcément placée en tête de liste, par un habile système leur donnant priorité. Elle attrapa alors une de ses oreillettes bluetooth pour la placer dans son oreille gauche et lança l'interview du frère responsable du marché américain : Damian Graham. Le frère Will gérait le marché européen et James le marché asiatique. Elle patienta à peine trois secondes avant de découvrir l'image d'un homme de trente-sept ans dans un costume anthracite aux cheveux noirs et arborant un bouc magnifiquement taillé, lui donnant un air d'acteur extrêmement séduisant.

- Nous sommes actuellement avec Damian Graham, Président Directeur Général d'HyperCube US, qui va nous annoncer une grande nouvelle, fit la voix d'une journaliste hors-champ.

- Bonjour, fit ce dernier d'une magnifique voix de stentor. C'est un plaisir de vous accorder cette interview.

- Le plaisir est pour nous, fit alors la journaliste. Quelle magnifique innovation allez vous nous présenter ?

- Et bien ma chère, HyperCube US a le plaisir d'annoncer aux possesseurs de notre système la mise en place d'une nouvelle application culturelle, répondit le PDG.

- Ha oui? Et en quoi consiste-t-elle? demanda la journaliste.

- Il s'agit d'une construction en trois dimensions des villes, fit il ménageant son effet.

- Mais encore? demanda la journée d'une voix amusée.

- Les détenteurs du système Hexahedron pourront créer un avatar en trois dimensions, à leur effigie ou non, leur permettant de visiter des reproductions numériques des villes principales des États-Unis.

- Ce programme semble assez gourmand, avança alors la journaliste.

- Effectivement, mais une version allégée pour smartphone existe déjà, créant une version en trois dimensions mais statique. Ainsi, les personnes ne possédant nullement de moyens de locomotions pourront quand même visiter les plus belles villes américaines, fit Damian Graham fier de lui.

- Il ne s'agit que d'une application touristique ? demanda alors la journaliste surprise.

- Ce serait incongru, cela permettra en fait aux musées de créer des versions numériques de leurs expositions, grâce à nos programmateurs bien sûr et offrant ainsi les expositions gratuites au plus grand nombre. La culture est importante et encore beaucoup trop de gens ne peuvent y accéder, la gratuité d'Hexahedron permet de contourner ce problème. Ainsi, même si vous vivez au milieu du désert du Nevada, il vous sera possible de découvrir Hollywood Boulevard et ses étoiles, le Mont Rushmore, les plus beaux musées New Yorkais et à terme des spectacles de Broadway ou des pièces de théâtre, annonça alors le PDG. Et en plus, grâce à un système de Chat sécurisé, les avatars pourront discuter avec d'autres des œuvres exposées.

- Tout cela gratuitement ? fit la journaliste.

- Uniquement grâce au forfait mobile, bien sûr les dons et les panneaux publicitaires permettent cela, mais sans jamais envahir les écrans.

- Et pour l'instant, quels sont les sites visitables ? demanda la journaliste.

- Le Museum d'Histoire Naturelle de New York est le premier musée intégralement numérisé, pour l'instant le seul, fit alors Damian Graham.

- N'auriez vous pas dû attendre la mise à disposition d'autres musées ? demanda la journaliste.

- Certes, il s'agit encore de la phase bêta test ouverte au plus grand nombre, fit il alors.

- Nous commençons à vous connaître Monsieur Graham, fit la journaliste amusée. Vous nous cachez une surprise.

- Héhé, effectivement, fit celui-ci amusé d'être ainsi découvert. Comme vous le savez le siège de la société et son centre de recherche et développement se trouve à Salem.

- Bien évidemment, il s'agit presque du lieu de pèlerinage des afficionados de Hexahedron. Mais quel est le rapport ? demanda alors la journaliste.

- Salem a été intégralement modélisée et augmentée pour cette application, permettant ainsi d'explorer cette magnifique ville et son histoire, en remerciement de l'accueil qu'elle nous avait offert à l'époque où nous étions trois hipsters avec des idées plein la tête, répondit Damian Graham en souriant.

- Salem a été intégralement modélisée ? Tous ses bâtiments? demanda alors la journaliste intéressée.

- Et oui, même le siège d'HyperCube, les parties accessibles au public uniquement bien sûr, personne ne saura à quel point mon bureau est mal rangé, à part Sally, fit il amusé. Ma secrétaire, précisa-t-il, que je remercie du courage dont elle fait preuve depuis qu'elle travaille pour moi.

- Je crois que dès la fin de cet interview, votre application sera téléchargée par le plus grand nombre, fit la journaliste.

Alice coupa alors la vidéo et lança effectivement le téléchargement de l'application, comme beaucoup d'autres sans doute et elle remarqua son père à table.

- Tu as travaillé sur la nouvelle application ? demanda Alice intriguée.

- On ne parle pas travail à table, fit sa mère contrite.

- Non, pas réellement à part pour la partie en réalité augmentée, fit son père tandis que la mère soupirait encore.

- Elle va servir à quoi la réalité augmentée ? demanda Alice intriguée.

- Pour un petit côté touristique, surtout dans les rues de Salem, fit son père amusé de l'intérêt de sa fille.

- C'est pas mal, je vais pouvoir redécouvrir des choses, répondit Alice en attaquant de nouveau ses oeufs.

- Mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'annoncer aujourd'hui, fit alors son père.

- Quoi? Tu... penses que l'application est loin d'être au point ? s'enquit Alice alors que sa mère laissait entendre un raclement de gorge.

- Une nouvelle application un jour de rentrée scolaire, c'est sans doute le meilleur moyen d'énerver tout le corps professoral des États-Unis, dit il alors en riant.

- D'ailleurs, vu que je remarque que tu l'as déjà téléchargée, j'espère que tu ne seras pas dissipée pour la rentrée, dit alors sa mère en indiquant le téléphone.

- Tu es sûre de te souvenir que je suis ta fille? demanda Alice en plaçant son téléphone dans sa poche. Ai-je déjà été dissipée en cours?

- Ha ça j'avoue que de toi je n'ai pas à me plaindre, je n'ai jamais été convoquée pour toi, répondit sa mère en observant le plus jeune de la tablée.

- Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat, fit le concerné en buvant son bol de lait.

Alice sourit à la situation, sachant pertinemment que même si son frère était extrêmement dissipé et bavard en classe, il restait cependant un élève assidu avec des notes pouvant ravir un bien grand nombre de parents, les leur compris. C'était effectivement le point commun entre Alice et son jeune frère Dylan, tous les deux avaient d'excellentes dispositions pour les études, ce dernier n'ayant jamais besoin d'aide pour ses devoirs ou ses interrogations même si elles étaient des interrogations surprises. Elle-même, pourtant adolescente, n'avait jamais aucun problème et se tenait plutôt bien en général même si depuis l'année dernière, elle commençait à sortir un peu avec son amie Becca, mais toujours avec une certaine retenue. Alice posa sa fourchette dans son assiette et se leva pour déposer sa vaisselle sale dans le lave-vaisselle.

- Tu es contente de reprendre le lycée ? lui demanda alors sa mère amusée de l'empressement de sa fille.

- Oui, d'ailleurs je prends mon sac et je descends attendre Becca sur le trottoir, avoua Alice en se dirigeant vers le porte-manteau.

- Mademoiselle va tester la nouvelle application, fit alors sa mère en la regardant s'habiller.

Alice enfila sa sempiternelle veste en jean noire et courte, presque un porte-bonheur, et revint pour embrasser ses parents.

- Bonne journée à tous les trois, fit elle en les embrassant en commençant par son père.

- Bon cours, et salue Becca de ma part, fit alors sa mère habituée depuis longtemps à la meilleure amie de sa fille.

- Promis, à plus la famille, fit elle en sortant son téléphone.

Elle activa Hexahedron et chercha la fonction clef pour passer devant le détecteur et ainsi ouvrir la porte. Cette fonction n'était pas la plus utile, chaque membre de la famille possédant la clef physique mais permettait aux parents de savoir si leurs progénitures étaient à la maison, comme par un système de pointage d'usine qui s'inscrivait dans la chronologie de la domotique. Elle referma derrière elle et descendit tranquillement les trois étages, évitant la voisine du premier et ses fichus chihuahuas hurlant sans cesse dès qu'ils croisaient quelqu'un et se plaça sur le trottoir près de la grande porte d'accueil après avoir vérifié le panneau des messages du rez-de-chaussée. Une invention un peu plus idiote à ses propres yeux mais permettant aux locataires et propriétaires de l'immeuble de laisser des messages d'informations.

" Voyons voyons... Quel peut bien être mon horaire ?" se demanda Alice en déverrouillant l'écran.

Alors appuyée contre le mur de l'immeuble, elle sortit son téléphone et chercha la face consacrée à internet et ses applications dédiées et sélectionna son favori, le site de la Potion des Sorcières, le journal de son lycée. Forcément, mais elle s'en doutait un peu, à part un message d'accueil pour souhaiter une bonne rentrée aux élèves du lycée, il n'y avait pas grand chose de nouveau à lire depuis la fin de l'année scolaire mais Alice savait qu'en allant dans l'onglet liens utiles, elle pourrait accéder aisément au listing des élèves et ainsi accéder à son nouvel horaire. Elle passait toujours par le journal de son lycée, fait par des lycéens plutôt que par celui de son lycée même car elle le trouvait bien moins ergonomique. Elle entendit un coup de klaxon au moment où elle finissait de taper son numéro d'étudiante et releva la tête, découvrant une coccinelle Volkswagen bleu électrique avec une jeune fille blonde au volant.

- C'est combien Mademoiselle ? fit la jeune fille blonde un sourire aux lèvres.

- Quel humour de si bon matin, répondit Alice en ouvrant la portière pour s'installer.

- On ne discute pas du tarif? Intéressant, fit Becca en l'embrassant sur la joue.

- Prête pour la rentrée ? demanda alors Alice en attachant sa ceinture.

- Et comment ! T'étais déjà sur la nouvelle application d'Hexa? s'enquit Becca.

- Non, je voulais voir mon horaire, lui expliqua Alice avec honnêteté.

- Ha... Et bonne ou mauvaise nouvelle ? demanda Becca.

- Tu m'as empêchée de regarder, fit Alice en se reportant sur son téléphone.

Tandis que Becca démarrait sa coccinelle pour emmener sa meilleure amie, cette dernière consultait encore son horaire. Connaissant par cœur le numéro de la carte estudiantine de sa meilleure amie, elle consulta également le sien.

- Bon, une bonne et une mauvaise nouvelle, fit alors Alice.

- Allez la bonne d'abord, fit Becca en s'allumant alors une cigarette.

Alice toussa un peu, n'aimant vraiment pas la cigarette même si il lui arrivait d'essayer de temps en temps.

- La bonne nouvelle, c'est que nous serons dans la même classe cette année encore, fit Alice.

- Yes!!!!!! Ça c'est cool, fit alors Becca. Je pourrais te gratter tes notes de cours.

- Bosser serait il une meilleure idée ? lui demanda Alice amusée.

- Mouais mais je joue la facilité, fit alors Becca.

Naturellement, l'une comme l'autre savait déjà que ce n'était qu'une simple boutade amicale, Becca n'ayant que peu de fois besoin d'aide en cours même si dans ce genre de cas, elle pouvait largement compter sur Alice.

- Tu veux la mauvaise ? demanda alors Alice.

- Allez balance, répondit ensuite Becca.

- Notre prof principal c'est Mr Bartholomew, annonça la brune.

- Putain de merde... Vraiment pas de bol, fit la blonde.

Autant Alice ne mettait pas en doute les connaissances et les capacités pédagogiques du fameux professeur d'histoire, mais plutôt le manque total de diversité dans les discussions, ce professeur faisant une fixette sur le procès des sorcières.

Cependant, alors qu'elles roulaient vers leur lycée, Alice remarqua que Becca se garait devant le Coffee Time Bake Shop.

- Désolée, arrêt café, fit celle-ci en sortant de la voiture.

- Je viens avec toi, fit Alice en faisant ainsi de même.

Salem, cette ville était réputée pour ses très nombreux commerces de bouches, et Becca ne déjeunant jamais chez elle, Alice s'était habituée à ses arrêts fréquents. Alice pouvait remarquer que le petit commerce était rempli d'étudiants et même la file d'attente se prolongeait à l'extérieur. Avec Becca, elle s'y insinua prête à patienter longuement, quand elle remarqua que le regard de Becca se perdait sur le parking.

- T'as vu quelqu'un ? lui demanda Alice.

- Non, je regardais la voiture mauve foncé devant, fit alors Becca en lui montrant du doigt.

Alice regarda donc la fameuse voiture, une muscle car typiquement américaine. À l'inverse de sa meilleure amie, Alice n'avait aucune notion en automobiles et le fait de n'avoir que quatorze ans et étant donc loin d'avoir le droit de conduire, elle ne s'y intéressait pas du tout. Elle s'apprêtait à sortir son téléphone pour utiliser les applications de reconnaissance, comme celle capable de détecter une chanson à sa mélodie pour en donner le titre et l'auteur, afin d'identifier le modèle mais Becca fut plus rapide.

- Une Pontiac GTO de soixante-cinq, fit elle. Et elle a l'air en parfait état, ajouta Becca.

- Et c'est intéressant ? demanda Alice complètement à côté de la plaque.

- Ce genre de voiture a vu naître le concept même de muscle car, tu passes du zéro aux cent kilomètres à l'heure en quatre secondes six dixièmes. Une vitesse maximale de cent quatre-vingt-trois kilomètres heures... C'est la classe, expliqua alors l'accro aux grosses cylindrées.

- D'accord... fit Alice dubitative.

- Je sais... toi et les voitures, fit Becca en agitant la main.

- Désolée de ne pas avoir une chambre décorée de voiture de courses, fit Alice amusée.

- Désolée d'être accro à la vitesse, fit son amie en riant.

Tandis qu'elles avançaient, Alice remarquait la quantité de jeunes qui feraient leur rentrée et elle regardait si il y avait certaines de ses connaissances dans le lot mais elle n'identifia aucune de ses fréquentations et préféra alors reprendre la parole.

- Sinon, ta mère est déjà en train de se préparer pour sa campagne l'année prochaine ? demanda Alice.

- Oui, j'espère que l'on pourra compter sur toi, répondit Becca.

- Évidemment, j'ai déjà réservé la place pour mon badge, fit elle en riant.

Becca passa alors sa commande, proposant à Alice de prendre un café mais celle-ci refusa. Elle purent alors retourner à la coccinelle tandis que Becca regardait la Pontiac GTO avec envie avant de redémarrer. Les deux jeunes filles profitèrent alors du trajet pour discuter du dernier album de Dua Lipa en voyant apparaître au loin le bâtiment particulier de l'école situé au soixante-dix-sept de la rue Wilson. La Salem High School était un immense bâtiment jaunâtre avec des bandes rouges horizontales ainsi que des strates grises béton séparant les trois niveaux. Alice pouvait déjà voir le soleil se refléter dans les grandes fenêtres des classes. Becca se dirigeait vers le parking passant devant les grandes baies vitrées de l'entrée aux dalles blanches et rouges. Lorsque celle-ci fut enfin garée, les deux jeunes filles sortirent ensemble de la Volkswagen et se dirigèrent vers l'accès arrière, passant devant les tables du parc du lycée et saluant d'autres élèves qu'elles connaissaient toutes deux.

- Ils sont où bon sang? fit Becca en cherchant leurs amis proches.

- C'est pas Ben là bas? fit alors Alice indiquant un jeune homme afro-américain au cheveux courts.

- Mais qu'est-ce-qu'il est beau! fit Becca en se dirigeant vers lui.

- On sait ma belle, ton chéri est beau, répondit Alice amusée.

Tandis qu'elles se dirigeaient vers le jeune homme en tenue de sport, elle remarqua qu'il était en compagnie des deux autres membres de leur groupe d'amis. Pour Alice, Ben Marshall, le petit ami de Becca était indisociable de cette dernière, tant elle ne les avait connus qu'ensemble. Ben et Becca étaient en couple depuis l'âge de douze ans et même si Alice ne les avait rencontrés que quand ceux-ci avaient déjà quatorze ans, ils étaient le symbole du couple de jeunes qui durait. Et d'ailleurs c'était grâce à Becca qu'Alice vivait un peu une relation de couple par procuration, abreuvée ainsi de quelques détails parfois salaces et parfois coquins comme quand Becca avait perdu sa virginité l'été précédent celui-ci. Alors que Becca fonçait donc dans les bras de son si merveilleux petit ami, Alice se dirigea vers les deux autres jeunes du groupe d'amis. Elle se dirigea d'abord vers la fille, Jenny Garrison, une brune un peu forte mais tout de même féminine, une amie fidèle qui avait aussi peu de succès auprès des garçons qu'Alice. Jenny Garrison était également la fille de Miles Garrison, le chef de la police de Salem. Celle-ci était une férue de cinéma et surtout de films d'horreur. Le nombre de soirées streaming qui réunissaient les trois filles était assez énorme en réalité et c'était l'idéal pour Alice. Comme souvent la jeune fille brune portait un t-shirt noir à l'effigie d'un groupe de hard rock, ici Iron Maiden, et arborait des ongles noircis par un vernis couleur ébène.

- Salut Jenny, fit alors Alice en l'embrassant sur la joue.

- Tu vas bien? demanda la jeune fille.

- Toujours quand c'est la rentrée, avoua Alice en serrant son sac.

- Tiens... Une autre année avec les deux ventouses, dit elle en regardant les deux tourtereaux.

- On ne les changera plus, fit Alice amusée.

- Et moi? On ne me dit pas bonjour ? fit le jeune homme à côté de la brune.

- Si bien sûr, fit Alice en se dirigeant vers lui pour le saluer.

Le dernier ami de la bande, Andrew Turner dit Andy, un autre sportif comme l'attestait son blouson à l'effigie de l'équipe de sport de La crosse. Lui était surtout l'ami de Ben à la base mais il était devenu le cinquième membre de la bande. Il était grand et blond et surtout assez musclé. Alice avait toujours secrètement espéré qu'Andy la remarque un jour autrement que comme l'intello un peu plus jeune mais malheureusement ce jour n'arrivait toujours pas. Dès l'instant où Ben avait présenté Andy au groupe, Alice avait sentit les papillons dans son ventre, la transformant en amoureuse transie. Ce détail était cependant connu de ses deux amies mais elles lui disaient souvent de passer à autre chose mais elle n'y arrivait pas. Elle rêvait toujours qu'il lui propose un rencard et elle espérait que le fait d'être devenue un peu plus féminine puisse un jour le motiver à la voir autrement. Elle se maquillait un peu plus quand elle savait qu'il serait présent lors d'une sortie, elle mettait de plus beaux vêtements, de jolis bijoux mais jamais il ne réagissait. Elle était presque convaincue qu'il ne la voyait guère plus que comme une sorte de petite sœur à protéger. Elle croisait encore les doigts pour que cela change... toujours en vain.

- Tu as qui comme professeur principal ? lui demanda Alice espérant être dans sa classe.

- Monsieur Bartholomew, et toi ? demanda-t-il alors en la regardant.

- Le même, on sera en classe ensemble, dit elle clairement trop réjouie pour être honnête.

- C'est chiant, fit alors Jenny. Moi j'ai Miss Clark.

- Qui ? demanda alors Alice surprise du nom.

- La nouvelle professeur de mathématiques, développa alors Jenny. Elle débarque cette année.

- Je me disais bien que je ne connaissais pas ce nom, fit alors Alice en regardant Jenny qui lisait son magazine de cinéma les jambes croisées sous elle.

Elle vit alors à côté d'elle Andy saluer d'autres sportifs et s'éloigner pour aller les voir, soupirant de dépit.

- Tu devrais penser à chercher ailleurs, lui fit alors Jenny sans quitter son magazine.

- Il va peut-être me remarquer cette année, dit Alice en espérant.

- Tu pourrais t'égosiller autant que tu le veux lors des matchs, il remarquera uniquement les pom-pom girls, fit la fan de cinéma.

- Je suis plus féminine qu'avant pourtant, se justifia Alice.

- Désolée pour toi, on est parfois plus tranquille seule que mal accompagnée, fit Jenny.

- Pourquoi mal accompagnée ? s'enquit alors Alice.

- Il est superficiel, il préfère les bonnes nunuches écervelées, fit Jenny en fermant son magazine.

- Mouais... J'ai pas de chance quoi... fit Alice dépitée.

- Tu es si pressée que cela de te trouver un mec? demanda Jenny amusée.

- Pas vraiment un mec... juste Andy, fit elle gênée.

- Oublie je te dis, fit Jenny. Alors t'as vu l'interview de Damian Graham ce matin ? demanda-t-elle alors pour changer de sujet.

- Tu m'étonnes que je l'ai vue, je l'ai déjà téléchargée même, mon père a bossé sur la réalité augmentée d'ailleurs, fit Alice avec beaucoup de fierté dans la voix.

- La gentille fifille à son papa, fit Jenny amusée.

- Rhoooooo te moques pas bon sang, fit Alice tout autant amusée.

- Et ben ça rigole ça rigole, fit Becca en approchant.

- Tiens... T'as lâché ton mec? fit alors Jenny avec mesquinerie.

- Parti voir des potes... Haaa les sportifs, fit elle en riant à gorge déployée.

- Il y en a d'autres qui en voudraient des sportifs, fit Jenny avec un grand sourire.

- Hey! fit Alice offusquée.

- Tu rêves encore des bras d'Andy, ma pauvre chérie, fit Becca.

- Vas-y fous toi de ma gueule, je ne dirai rien, fit Alice vexée.

- Ben dis rien alors, fit Becca en riant.

" C'est si choquant que ça ? Franchement ? " pensa alors Alice consternée.

- Mais je peux comprendre, tu traines qu'avec nous et forcément des garçons plus âgés, fit alors Becca.

- Et il est où le rapport ? demanda Alice.

- C'est un fait, les filles préfèrent les garçons plus âgés, plus matures... enfin ça dépend, fit Jenny.

- Ça dépend ? répéta Alice étonnée.

- Ou c'est parce qu'ils sont plus expérimentés ma chérie, fit alors Becca insinuant des choses.

- Bon vous allez insister sur mon côté désespérée et frustrée jusque la fin de l'année ? fit Alice énervée.

- Seulement jusque Noël, fit alors Becca amusée.

- C'est franchement pas drôle, fit Alice en serrant son sac à dos.

- Désolée ma puce, fit Becca.

- Tu dis ça mais t'insistes à chaque fois, fit Alice. J'y peux rien moi.

- C'est pas pour nous moquer de toi, justifia alors Jenny.

- Je le sais bien, mais c'est blessant, déjà que lui m'ignore royalement, fit Alice en l'indiquant d'un mouvement de tête.

- T'as une possibilité, fit alors Becca.

- Ha oui? Et laquelle ? demanda Alice dubitative mais intéressée.

- Les sextos ou des nudes, fit alors Becca sérieusement.

- Tu me prends pour qui? demanda Alice consternée.

- Pour une amoureuse transie, répondit Jenny.

Alice savait bien qu'elle n'avait aucune chance, elle n'avait rien du physique incroyable des conquêtes d'Andy, loin de là mais elle espérait toujours. Ni vu ni connu, elles changèrent de sujet, parlant d'applications quand Ben et Andy revinrent à leurs côtés.

- C'est vrai que comme application c'est sympa, fit Andy.

- Ha oui? fit Alice espérant trouver un centre d'intérêt commun.

- Oui, j'aurai l'air moins idiot en sortant, je pourrai faire celui qui s'y connait, dit il alors.

- Ho mais tu n'as pas l'air idiot tu sais, fit alors Alice sous les regards amusés des deux filles.

- Merci Alice, c'est gentil mais je sais que je n'ai pas ton cerveau, je suis un peu nul en classe, avoua Andy.

- Mais cette année, on est dans la même classe, je pourrai t'aider... Enfin si tu veux, fit elle en espérant.

- Ce serait sympa en effet, dit elle. Merci ma grande, fit Andy.

Alice avait pris ça comme une victoire et peut-être une petite chance de se rapprocher de lui et de surtout passer du temps avec lui.

- Faudra vous voir en dehors des cours, fit Becca désireuse d'aider Alice.

- C'est compliqué avec les entraînements, fit alors Andy.

- Et ses conquêtes surtout, fit Ben ignorant totalement l'erreur qu'il avait commise.

Alice se renfrogna alors quelque peu sous le regard gêné de Jenny. Elle comptait dire quelque chose quand soudain, une musique tonitruante retentit.

- C'est quoi ce bordel? fit alors Andy surpris.

Alice entendait un mélange de guitare électrique et de batterie extrêmement rythmé presque violent même quand elle vit apparaître sur le parking la fameuse Pontiac GTO qui avait tant fait rêver Becca.

- Ho c'est la Pontiac, fit alors Becca effarée. Quelle voiture !

Alice trouvait que celle-ci roulait un peu vite sur le parking du lycée quand elle entendit les paroles de la chanson. Elle ne parlait nullement la langue mais reconnut de l'allemand. Elle sortit alors son téléphone et lança la reconnaissance musicale en regardant la voiture se garer.

RECHERCHE EN COURS... VEUILLEZ PATIENTER ALICE... EXTRAIT MUSICAL TROUVÉ : PROBABILITÉ DE CORRESPONDANCE 99,75 POURCENTS. GROUPE: RAMMSTEIN. CHANSON: SEX DE L'ALBUM RAMMSTEIN.

Le titre de la chanson interpella assez Alice en réalité, et comme elle n'était pas vraiment une fan de ce style musical, elle appuya sur le nom du groupe afin d'effectuer une recherche basique sur celui-ci.

RAMMSTEIN EST UN GROUPE DE MÉTAL INDUSTRIEL ALLEMAND. SIX ALBUMS À SON ACTIF DONT LE PREMIER EST HERZELEID. L'ESSOR DE CE GROUPE PRINCIPALEMENT CONNU EN EUROPE EST DÛ À SA PRÉSENCE SUR LES BANDES ORIGINALES DE PLUSIEURS BLOCKBUSTERS AMÉRICAINS DONT XXX AVEC VIN DIESEL ET RESIDENT EVIL NÉMÉSIS AVEC MILLA JOVOVITCH. PLUSIEURS SCANDALES LIÉS À LA MORALITÉ ONT PARCOURU LES ÉTATS-UNIS ET LE GROUPE CONNU POUR SES EFFETS PYROTECHNIQUES EN CONCERT EST CENSURÉ SUR LE TERRITOIRE.

Elle n'en fut pas très rassurée et reporta son attention sur la fameuse voiture dont le propriétaire n'était visiblement pas un adepte de la discrétion. Preuve en était que ce dernier ne coupait pas du tout le son de la musique.

- Franchement pas discret, fit alors Jenny.

- Un peu m'as-tu vu, fit alors Alice.

La portière avant du côté conducteur s'ouvrit devant eux et Alice vit alors apparaître deux jambes nues d'une longueur incroyable et portant des bottes en cuir montant jusqu'aux genoux. La jeune fille se leva alors de sa voiture en refermant la portière dont la vitre était restée ouverte balançant toujours cette musique assourdissante. La jeune fille était clairement un canon de beauté tant elle était sculpturale avec une poitrine développée cachée par un chemisier blanc sur lequel reposait une cravate noire nouée lâchement. Elle arborait également une mini-jupe en cuir qui ne devait laisser que peu de place à l'imagination. Ses magnifiques et longs cheveux blonds étaient noués en une longue tresse lui tombant sur la poitrine. Le summum de son physique de mannequin était son visage, caché par de grandes lunettes de soleil à verres bleus et ses lèvres maquillées d'un rouge passion. Alice la vit porter une cigarette à ses lèvres et l'allumer pour fumer.

- Et ben, fit Jenny, il y en une qui se la pète bien.

- Limite vulgaire, fit Alice en entendant quelques sifflets lourds de sens de la part de la gente masculine en rut.

- Elle aime se faire remarquer cette pétasse, fit alors Becca.

- Elle est canon, dit juste Andy en vexant Alice.

Alice fut surprise de la voir taper sur le toit de sa voiture mais elle en comprit rapidement la raison. En effet, la portière du côté passager s'ouvrit et elle vit apparaître une chevelure noire courte mais sans trop l'être tandis que la personne qui l'arborait sortait de l'habitacle. C'était un jeune homme assez grand, d'environ un mètre quatre-vingt-cinq avec une certaine musculature laissant penser à un sportif. Celui-ci se retourna alors pour parler à la jeune fille qui lui alluma une cigarette. Le garçon fit alors le tour de la voiture et s'appuya à côté de la jeune blonde en discutant. Sa tenue était assez simple: un jean bleu moulant dont les jambes semblaient entrer dans des caterpillars brunes, une chemise noire à bouton argenté et une veste en cuir bleu foncé, et il portait égale une paire de lunettes de soleil aux verres noirs celles-ci. Ils fumaient tranquillement en regardant vers l'école et en discutant.

- Comment ils se la pètent ces deux là, fit alors Ben.

- Ils se croient dans la zone, fit alors Jenny.

- Ils pourraient surtout baisser le volume, fit alors Alice.

Étonnement, un professeur passa près d'eux, le professeur Matheson, enseignant l'éducation physique et sportive, et leur parla. Le garçon passa la tête dans l'habitacle et coupa la musique.

- Haaa ça soulage, fit alors Alice apaisée.

Elle vit alors, tandis que le professeur s'éloignait, la jeune fille lui faire un doigt d'honneur dans le dos.

" D'accord... clairement pas des élèves au comportement exemplaire..." pensa alors Alice choquée du geste.

- En tout cas, vu que ça a l'air de nouveaux élèves, c'est pas avec leur comportement qu'ils vont se montrer sympathiques, fit alors Alice.

- Je crois que la demoiselle sera populaire de toute façon, fit alors Jenny.

- Ils sont déjà en train de baver, fit alors Becca.

Alice remarqua qu'en effet la plupart des garçons semblaient déjà très intéressés par la demoiselle loin d'être en détresse. Et les commentaires fusaient également, consternant Alice. Celle-ci remarqua également le regard assez avide d'Andy et se sentit plus bas que terre, elle qui avait un physique bien plus banal. Elle les vit alors s'avancer vers l'escalier côte à côte, la jeune fille avec un déhanché assez équivoque et roulant des hanches sous les regards affamés.

- Quelle pétasse, fit alors Becca. Et arrête de mater! ajouta-t-elle pour Ben.

Alice vit alors apparaître derrière le muret qui dissimulait l'escalier les deux têtes des jeunes à la Pontiac, la jeune fille plus près du muret que le garçon. Ils se dirigeaient lentement vers la porte et Alice pût entendre la réplique de la jeune fille.

- Je sens qu'on va bien s'amuser ici, fit elle au garçon.

- En tout cas bravo pour ta discrétion, fit il avec un sourire aux lèvres.

- Fallait s'imposer, je te l'ai dit, fit elle en le bousculant.

Alice avait une sensation dérangeante en les voyant se diriger vers la porte et cette sensation fut encore plus dérangeante quand elle vit le garçon la regarder par dessus l'épaule. Elle était sûre d'avoir été regardée car il avait légèrement redressé la tête. Elle était habituée à ce genre de réaction, elle faisait bien plus jeune que les autres autour d'elle, rendant assez évident qu'elle n'avait pas le même âge. Mais chez lui, c'était différent, elle ne se sentait pas bien tout simplement, tellement qu'elle frissonna toute seule.

- Ça va Alice? demanda Jenny prêt d'elle.

- Ils ne m'inspirent pas confiance ces deux là, fit Alice. J'espère qu'ils ne seront pas dans la même classe que moi.

- Il y a peu de chance pour elle, elle est clairement plus âgée, fit Jenny.

- J'aimerais bien faire un tour dans sa voiture par contre, fit Becca bloquée dessus.

Alice les regardait encore et fut surprise, ils s'étaient arrêtés sur le pas de la porte d'entrée du lycée et elle vit le garçon effleurer la main de la fille avant d'entrer ensemble. Et encore une fois, elle vit la tête du garçon se tourner dans sa direction, sans doute se demandant ce qu'elle faisait là.

" Vraiment un drôle de couple... Pourquoi s'arrêter sur le pas de la porte? Il me donne froid dans le dos ce mec..."

Alice sentit alors une main sur son épaule et remarqua que Becca en était la propriétaire.

- Il t'a observée deux fois, fit elle amusée.

- Il doit se dire comme les autres, que je me suis trompée d'école, dit Alice habituée à cette erreur.

- En tout cas, il est plutôt pas mal, fit alors Jenny.

- T'as des goûts bizarres, fit alors Becca consternée.

- Vous aimez les sportifs, moi j'aime les ténébreux lugubres et intriguants, fit Jenny amusée.

- Il est bizarre c'est surtout ça, fit Alice en se dirigeant vers la porte.

- Bah il se la joue, c'est un style, répondit Jenny.

- Prête pour le cours d'histoire ? demanda alors Becca à Alice.

- Ouais, premier cours de l'année, en route.

Et elles aussi passèrent la porte d'entrée de Salem High.

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