La vie d'une Reine

Chapitre 2 : D'une princesse à une Reine

5121 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/08/2021 22:18

Chapitre II : D’une princesse à une reine


 Le jour fatidique est arrivé, et Adèle, ma fidèle servante, se hâte dans ma chambre pour ouvrir les lourds rideaux en velours rouge d’un geste sec.

-      Ma dame, il est temps de vous préparer ! Me dit-elle avec un brin d’excitation dans la voix.

Une excitation que je ne partage pas du tout. Loin de là. Et c’est sans entrain aucun que je me lève, et je me déshabille pour me glisser dans mon bain.

-      Pour être franche, commence-t-elle, je ne le trouve pas laid votre futur époux. Et il semble si raffiné ! S’exclame ma dame de compagnie avec ferveur.

-      Certes, il n’est pas laid. Confirme-je.

Bien sûr, j’ai déjà vue des hommes plus beaux que cela lors de réception donnée par mon père. Mais, j’attends de voir ce qu’il va donner sans tous ces artifices qui sont censés le rendre plus « beau ». Pour ma part, j’ai tendance à préférer les hommes plus naturels. Qui font moins dans la fioriture. A l’image de Tristan, mon palefrenier dont la beauté naturelle est sans pareille à mes yeux. Et rien que de penser à lui, mon cœur se sert tandis que je réalise que nous ne partagerons jamais rien d’autre qu’une complicité d’enfant. Nous ne serons jamais amant, et encore moins mari et femme. Et même si c’est pour le bien de mon pays, de ma famille et de mes sujets, je ne peux m’empêcher d’avoir le cœur brisé.


Durant toute la préparation de ma tenue et de ma coiffure, je ne ressens aucun sentiment de joie ou de bonheur. Seulement une forme de désespoir et de fatalité. Je réalise alors seulement aujourd’hui que le destin d’une princesse est de devenir une reine. Et qu’une Reine n’épouse pas l’homme qu’elle aime. Elle n’est pas libre d’être elle-même. Car, au-delà de de renoncer à l’homme que j’aime. Je renonce aussi à ma vie à Magnolia. A mes parents. Mes amis. A la vie que je chéries depuis ma plus tendre enfance. Et mon seul réconfort là-dedans est la certitude que mon geste garantie la sécurité de mon pays.

Une fois prête, je me lève pour m’admirer dans le miroir. Je suis coiffée d’une très belle perruque, qui encore une fois, s’élève haut dans le ciel. D’une couleur blanche, voire un peu rose, elle est affublée d’une sublime coiffe blanche et or dont la traine touche le sol. Quant à ma robe, elle est aussi belle que tout ce que j’ai pu imaginer lorsque j’étais petite fille. D’une blancheur immaculée possède trois gros nœuds qui recouvre tout mon buste. Mes épaules quant à elles sont recouvertes par des manches qui ont des froufrous blancs en soie et qui se termine au niveau des coudes par une fine dentelle. Quant au bas de ma robe, il s’agit d’une longue robe qui descend jusqu’à mes escarpins blancs faite d’une tissu soyeux recouvert d’une bonne centaine de petits diamants. Afin de donner du volume au bas de ma robe, j’ai de gros nœuds installés dans le bas de mon dos ce qui permets également de dévoiler le tissue blanc pailleté visible sous le voile recouvert de diamants et de broderie[1]. Et je dois dire que maquillée, coiffée et vêtue ainsi je ne me reconnais à peine. Et, pour dire vrai, je suis impressionnée par la beauté que je dégage grâce à tous ces artifices. On ne dirait même pas moi. Et c’est précisément ce moment que choisie ma mère pour entrer dans la chambre.

-      Ma fille… S’exclame-t-elle avec émotion lorsque je me tourne vers elle. Tu es… digne de ton rang…

Elle court jusqu’à moi, et me sers fort contre elle. Puis, elle se recule pour admirer à nouveau le travail d’orfèvre réalisé par Adèle.

-      Comment tu te trouves ? Me questionne-t-elle avec des étoiles dans les yeux.

-      Aussi belle que dans mes rêves d’enfant.

-      Vraiment ? S’exclame-t-elle avec soulagement.

-      Oui maman, j’espère juste que le roi ne sera pas déçu en découvrant à quoi je ressemble réellement ! Plaisante-je.

-      Ne dit pas de sottise ma fille, tu es d’une beauté angélique !

-      Comme ma mère ? Souligne-je avec malice, car c’est la phrase préférée de mon honorable père.

-      Bien entendu, approuve ma mère avec un sourire narquois.

Je me tourne à nouveau vers le miroir. Et je ne peux m’empêcher de repenser à ma plaisanterie avec plus de sérieux. Je suis belle dans cette tenue. C’est indéniable. Pourtant, je trouve que je ne me ressemble en rien. Je suis si différente que je ne peux m’empêcher de me demander si le roi me trouvera à son goût sans tous ces artifices. J’ai presque l’impression d’être déguisée en quelqu’un d’autre. Adieu la petite fille qui se roulait dans la boue et dont les cheveux était couvert d’herbe et de crasse.

-      Ma fille… j’ai quelque chose pour toi. Dit ma mère en s’approchant de moi en douceur.

Elle me tend une broche sur laquelle est représenté un magnolia.

-      Ma mère me l’a confié le jour de son mariage, et je me suis promis de le donner à mon unique fille.

-      Merci… Oh merci maman !

Je saute dans les bras de ma chère mère. Je suis si heureuse de recevoir ce présent en ce jour. J’avoue que depuis que je suis enfant, je ne cesse d’admirer cette broche que ma mère porte constamment sur elle. Presque comme un talisman ou un porte-bonheur.

-      Tu ne seras pas trop triste de t’en séparer ? Fini-je tout de même par lui demander.

-      Non ma chérie, car je sais qu’ainsi, je serais toujours un peu près de toi.

-      Merci…

Je serre la broche contre mon cœur avec émotion. Il est vrai que ce cadeau me rappellera ma mère. Mais aussi mon pays et ma famille. En ce jour béni des Dieux, je crois que c’est le plus beau présent que l’on pouvait me faire.

-      Merci… Du fonds du cœur…

-      Bien, ma chérie, il faut maintenant que nous prenions le chemin du palais. Ton heure approche.

-      Bien. Soupire-je.

Je me sens comme une condamnée à mort marchant vers l’échafaudage. Et tandis que nous nous apprêtions à quitter ma chambre, mon père, le Roi Édouard IV, fait son apparition. Il demande à ma mère et à Adèle de quitter ma demeure pour que l’on puisse discuter seul à seul.

-      Ma chère fille… Je crois que tu es encore plus belle que ta mère lors de notre mariage… Adèle à des doigts en or.

-      Merci, Père.

De son veston vermeil, il sort un collier sertit de diamant sur lequel est incrusté un immense saphir.

-      Père ?! Qu’est-ce que c’est ?! Souffle-je surprise de ce présent magnifique.

-      C’est un cadeau pour toi, ma chère enfant. Pour qu’un mariage soit réunie, nous avons coutume de dire qu’une femme doit porter quelque chose d’ancien, dit-il en désignant la broche offerte par maman. Quelque chose de neuf et quelque chose de bleu. Ainsi, tu auras les trois.

-      Mais c’est de la folie ! M’exclame-je en admirant ce collier dont la valeur devait être démentielle.

-      C’est un présent que nous avons choisi, ta mère, moi et tes frères. Notre dernier cadeau pour te remercier de ton sacrifice ma chère fille.

-      Je ne me sacrifie pas, Père… Mentis-je.

-      Tu ne peux pas me tromper, Elizabeth. Dit-il solennellement. Je sais ce que tu ressens au fond de ton cœur tendre, car nous avons le même. Toutefois, sache une chose, ma chère enfant. Ton destin dépend de toi. Et uniquement de toi. Il sera tel que tu choisiras de le façonner.

-      Je n’ai guère le choix, ne pus-je m’empêcher de souffler.

-      Souhaites-tu que nous annulions tout ? Si tel est ton souhait, ma fille. Je m’y plierais.

Mon père me fixe avec sérieux et je sais que sa proposition est réelle. Que si je le supplie de ne pas épouser le roi des Lys, il se pliera à ma volonté. Pourtant, je ne peux pas leur faire cela. Plus maintenant que tout le monde est arrivé et que nous attendons cela depuis des mois. SI je n’ai rien dit avant, c’est parce que je sais quel est mon rôle dans la société. Je sais ce que je dois faire pour la sécurité de tous.

-      Merci Père. Merci. Mais, je sais ce que je dois faire.

-      Ma fille, pense que l’amour se cache parfois là où on ne l’attend pas. Traite ton mari avec respect, et s’il en fait de même, il se pourrait que naisse un amour doux et sincère entre vous.

-      Comme Mère et vous. Rétorque-je avec une forme d’espoir.

-      Je l’espère du plus profond de mon cœur de Père, Elizabeth. Je prie pour que tu sois heureuse en sa compagnie. Il a l’air tout à fait charmant.

J’enlace mon Père. Et je profite de ce doux moment, car je n’aurais probablement que peu d’autres occasions de partager un tel moment en sa compagnie.


Puis, après les accolades, vient enfin le moment de se rendre à la cérémonie. Je passe mon bras autours de celui de mon père, et c’est avec la grâce qui sied à notre rang que nous descendons les marches du palais. La tête et le dos bien droit, je tente de cacher toute l’angoisse que je ressens à l’idée de me lier jusqu’à la fin de mes jours à un parfait étranger.

Avec fébrilité, je franchis le seuil de l’église dans laquelle tous nos convives nous attendent dans tes tenues toutes plus belles et époustouflantes les unes que les autres. En face de moi, j’aperçois mon futur époux qui se tient bien droit et qui semblait fixer l’entrée de la cathédrale avec appréhension. Vêtu d’une veste bleue avec des insignes de lys brodés dessus, et un pantalon bleu aux liserés dorés qui se coupe à la hauteur son genou sous laquelle on peut retrouver des collants blancs. Et pour habiller le tout, il porte une cape bleue sur laquelle sont brodées des lys dorées et qui est entourée d’une fourrure blanche. Je dois avouer qu’il est très élégant dans cette tenue, et je ne peux que constater les efforts qu’il a dû également fournir pour se présenter ainsi. Même si je dois avouer que sa perruque me laisse perplexe. Un peu comme toutes les perruques à vrai dire. Je ne comprends pas pourquoi les nobles s’obstinent à cacher leurs si beaux cheveux pour se parader avec des coiffes qui nous vieillissent et, qui, il faut l’avouer également, nous enlaidissent.

Puis, mon regard se pose sur le prêtre qui nous attends avec un large sourire. Vêtu de sa tenue traditionnelle noire et blanche avec son étole jaune et blanche déposé avec soin sur ses épaules. Et, c’est lentement que nous marchons jusqu’à eux.


Lorsque j’arrive à leur hauteur, mon Père est contraint de me lâcher pour que je puisse prendre place à côté de mon futur mari. Celui-ci, d’ailleurs, me fixe sans discontinuer depuis mon entrée dans l’église.

-      Vous êtes d’une beauté à rendre jaloux les Dieux. Commente-t-il le souffle presque coupé.

-      Merci, vous êtes également très élégant. M’exclame-je en retour.

Je peux voir les joues du jeune roi s’empourprée, et il ne semble pas très à l’aise face à mes compliments. Le voir ainsi me touche, car il me fait penser à un enfant innocent.

-      Mes frères et sœurs, avec le Roi Louis XI du royaume des Lys et la princesse Elizabeth du royaume de Magnolia ; débute le prêtre sur un ton solennel : nous avons écouté la parole de Dieu, qui a révélé tout le sens de l’amour humain.[2]

Le silence se fait alors entendre dans l’église béni des Dieux. Puis l’homme d’église reprend sur le même ton :

-      Le mariage suppose que les époux s’engagent l’un envers l’autre sans y être forcés par personne, se promettant fidélité pour toute leur vie et acceptant la responsabilité d’époux et de parents. Roi Louis XI et princesse Elizabeth, est-ce bien ainsi que vous avez l’intention de vivre dans le mariage ? Nous questionne-t-il.

-      Oui. Répond-t-on en même temps.

-      Afin que vous soyez unis dans le Christ, et que votre amour, transformé par lui devienne pour les hommes un signe de l’amour de Dieu, devant l’église ici rassemblée, échangez vos consentements.

On se tourne alors l’un vers l’autre. Et nous attrapons nos mains comme le veut la coutume. Et, je dois dire que lorsque je pose mes mains avec délicatesse sur les siennes, mon cœur s’emballe. De joie ? De peur ? D’excitation ? De regrets ? D’un peu tout cela à la fois ? Et, aux vues des tremblements qui agitent les mains de mon futur époux, il doit se trouver dans le même état que moi. Peut-être même plus stressé encore vue qu’il n’ose même pas me regarder dans les yeux. Il se contente de fixer nos mains, et de souffler avec une appréhension palpable.

-      Roi Louis XI, s’exclame le prête, voulez-vous prendre la princesse Elizabeth comme épouse et promettez-lui de lui rester fidèle, dans le bonheur ou dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour l’aimer tous les jours de votre vie ?

-      Oui. Réplique-t-il simplement.

Un petit silence se fait entendre. Il vient de dire oui. Et je crois que c’est un soulagement pour tout le monde. Même si ce n’est guère une surprise, je dois dire que je me sens moins même libérée d’un poids de ne pas l’avoir repoussé rien que par la vue. Mais mon répit est de courte durée, puisque c’est maintenant à mon tour de répondre à la question fatidique. Celle qui va sceller mon destin à jamais.

-      Princesse Elizabeth, voulez-vous prendre le Roi Louis XI comme époux et promettez-lui de lui rester fidèle, dans le bonheur ou dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour l’aimer tous les jours de votre vie ?

-      Oui. Souffle-je aussi fort que possible.

Ainsi, le prêtre pose sa main sur les nôtres avant de déclarer :

-      Désormais, vous êtes unis par Dieu dans le mariage[3]. S’exclame-t-il avant de s’adresser autant à nous qu’à l’assemblée : Recueillez-vous en pensant à ce que Dieu a fait pour vous.

Puis, le prêtre entonne le chant remerciant notre Seigneur tout puissant de veiller sur nous. La voix de cristal du prêtre s’élevé et résonne dans l’église dans un harmonieux concert avec l’orgue qui laisse s’échapper quelques notes de musiques angéliques. Puis, le chant touche à sa fin, et vient enfin le moment d’échanger nos alliances. Une petite fille aux cheveux blonds, ma petite cousine, s’avancent jusqu’ à nous avec le coussin sur lequel repose les bagues. Une fois à notre hauteur, le prêtre se saisit du panier, non sans remercier la fillette, avant de se redresser et reprendre le cérémoniale :

-      Seigneur, notre Dieu, toi qui as fait alliance avec nous par Jésus-Christ, bénis maintenant ces alliances et donne à la Princesse Elizabeth et au Roi Louis XI qui les porteront à leur doigt de se garder toujours une parfaite fidélité.

Toujours tremblant, le roi saisie la magnifique bague en or blanc ornée d’un diamant rose. Puis, il prend une grande inspiration avant de me déclarer en me fixant tant bien que mal dans les yeux :

-      Princesse Elizabeth, je vous donne cette alliance, signe de notre amour et de notre fidélité.

A mon tour, je me saisis de la bague en or massif sur laquelle a été imposée un lys pour la passer au doigt de mon futur époux :

-      Roi Louis XI, je vous donne cette alliance, signe de notre amour et de notre fidélité. Déclare-je avec plus d’assurance que mon désormais époux.

-      Roi Louis XI et Princesse Elizabeth, aimez-vous l’un l’autre, à l’exemple du Christ et de son église !

Nous savons que ce petit laïus clôture le discours du prêtre. Et est censé clôture cette cérémonie de mariage. Toutefois, c’est sans compter sur mon mari qui semble soudainement pris de l’envie de partager ses émotions. Il glisse à nouveau sa main sur moi, et me fixe avec intensité :

-      Princesse Elizabeth, votre beauté et votre grâce est sans pareille. Vous êtes un ange tombé du ciel, et je remercie le Seigneur tout puissant pour cette alliance qui s’avérera bénéfique, j’en suis certain.

Je reste un peu bouche bée face à cette déclaration à laquelle je ne m’attendais pas. Et je me sens un peu stupide, car pour ma part, je n’ai rien préparé.

-      Merci, mon cher époux. Je suis certaine que notre… futur sera fructueux. Commente-je avec incertitude.

Une déclaration qui arrache un petit sourire amusé à l’homme qui me fait face. Sans doute s’attendait-il à ce que je sois quelqu’un de charismatique et d’éloquent. Si tel est le cas, je crains qu’il risque d’être déçue. Je suis bien plus à l’aise dans les champs et dans la boue qu’au milieu d’un palais.


Puis, nous sommes applaudis par toute l’assemblée qui semble fêter notre mariage. Nous nous quittons l’église sous le lancer de pétales de Magnolia comme le veut la coutume de mon pays. On se rend ensuite jusqu’à la grande salle de bal dans laquelle nous attends des tables déjà dressées pour que nous puissions célébrer notre union par un repas digne de ce nom. Mon mari et moi prenons place à la table d’honneur, et à mes côtés se trouvent mes parents. Quant aux siens, il doit également s’agir de membres de sa famille. Bien qu’il ne puisse s’agir ni de son père ni de sa mère qui ne sont, malheureusement, plus de ce monde tous les deux. Et une fois que tous les convives ont trouvés leurs places, mon Père se lève pour porter un toast à notre union :

-      Nous sommes réunis ce jour pour célébrer le mariage de ma fille unique : Elizabeth. Je dois dire que je ne pourrais pas être plus heureux qu’en ce jour. Car l’union entre ma princesse, et le Roi des Lys, Louis XI, me comble de bonheur. Buvons à leur union, à leur bonheur et à la prospérité de nos royaumes.

Nous brandissons tous nos verres, et nous le portent à nos lèvres pour goûter le liquide âpre qui nous a été servi. Et c’est ainsi que débute le buffet où nous mangeons, comme toujours, beaucoup trop.


Puis, une fois terminé, les servants viennent rapidement nous débarrasser pour que nous puissions débuter l’avant dernière partie de cette journée : Le bal. Je me lève et j’enroule mon bras autours de celui de Louis XI pour nous rendre jusqu’à la piste de danse. Nous nous mettons face à face, et dès que la musique débute, nous entamons notre valse sous le regard de tous nos invités.

-      J’espère que vous n’êtes pas déçu, Elizabeth.

-      J’espère que vous ne l’êtes pas non plus, lui renvoyais-je la balle.

Le Roi me sourit. Et me répond presque instantanément :

-      Non. Je ne le suis pas. M’avoue-t-il.

Et nous continuons notre valse. Et mes pensées fusent quant à notre potentielle relation. Et j’avoue que cela me turlupine qu’il me trouve si belle aujourd’hui. Que va-t-il penser en me voyant sans tous mes artifices ? Pensera-t-il toujours la même chose ? Pire encore, quand il va apprendre à me connaitre, ne regrettera-t-il pas son choix ?

Puis, notre première danse se termine et bientôt la piste se remplie. Je délaisse ainsi mon époux pour échanger des danses avec mon père, ma mère et même mes frères ! Et, je dois avouer que je m’amuse énormément, et pour la première fois de la journée, je décompresse un peu. Et nous dansons, dansons jusqu’au bout de la nuit. Cependant, l’inévitable se produit. Mon roi et mon époux demande à se retirer afin que nous puissions profiter de notre nuit de noce. A ce moment-là, je sens l’angoisse m’envahir. Je sais que je vais devoir franchir le pas. Perdre ma virginité ce soir. Et c’est sous le regards bienveillant, et parfois envieux, de nos convives que nous regagnons la chambre dans laquelle est logée mon époux.


Nous marchons en silence jusqu’à la chambre tel deux condamnés à mort. Et lorsque nous arrivons dans celle-ci, nous restons debout devant la porte tel deux ignorants.

-      Vous êtes exquise. Tente-t-il de briser la glace.

Mais cela ne prend pas. Moi, je suis simplement angoissée. Aussi, il tente à nouveau :

-      Voulez-vous vous assoir ? Vos jambes doivent vous faire souffrir ?

-      Non, j’ai l’habitude de porter des talons hauts. Rétorque-je avec une froideur involontaire.

Le roi ne semble pas tellement plus à l’aise que moi, et finalement, il s’approche en douceur pour attraper mes mains dans les siennes.

-      Avez-vous besoin d’un peu de temps, seule ? Je peux partir faire un tour le temps que vous rassembliez vos esprits.

-      Je veux bien, acquiesce-je avec une forme de soulagement.

Sans plus attendre, il quitte la pièce pour me laisser le temps de me recentrer sur mon devoir. Je sais que je dois le faire. Et cela ne doit pas être si terrible que cela. N’est-ce pas ?


Le temps passe, et l’angoisse continue de monter malgré tout ce que je tente de faire pour diminuer mes peurs. Je m’empresse alors de me rendre sur le balcon pour prendre un bon bol d’air frais.

-      Vous vous sentez mieux ? Demande une voix maladroite dans mon dos.

-      Un peu. Mentis-je, car je sais bien que je ne peux pas continuer à agir de la sorte.

Je me tourne vers mon époux qui me regarde avec appréhension. Peut-être a-t-il aussi peur que moi ? J’ai toujours présumé que mon futur époux aurait déjà connue des femmes dans sa vie. Mais aux vues de sa maladresse, je commence à me questionner. Aussi, nous marchons jusqu’à notre lit, et je ne peux m’empêcher de lui demander :

-      Avez-vous… déjà de l’expérience dans ce domaine ?

-      Bien sûr que non, s’exclame-t-il avec ferveur. Je ne trahirais jamais le chemin de Dieu.

-      Vous êtes très croyant… Souffle-je car je sais que mes frères ne se privent pas dans ce domaine.

-      Vous savez ma reine, je n’ai à la fois ni le temps ni le désir de trouver des femmes de petites vertus.

Puis, délicatement, il pose sa main ornée de la bague sur la mienne.

-      Maintenant, nous sommes maris et femmes. Et, je peux vous promettre que je ferais tout ce que je peux pour vous offrir la vie que vous méritez.

-      Merci… Souffle-je surprise par cette déclaration.

Je me sens gênée par toutes ses belles paroles. Je n’ai pas l’habitude que l’on me traite ainsi. Moi qui ai toujours grandi entourée par des gens simples. Même mes parents, malgré leur statut, ont toujours été d’une grande simplicité dans leurs rapports à leurs progénitures. Et même ma dame de compagnie ne m’a jamais traitée comme une chose fragile ou de grande valeur ! Aussi, à l’exception de mes prétendants lors de bal, je n’ai jamais reçu ce genre de compliment.


           Puis, les choses sérieuses débutent et nous finissons par passer la nuit l’un dans les bras de l’autre. Nos ébats sont maladroits et un peu gênant. Et lorsqu’ils se terminent, je me sens un peu soulagée d’avoir enfin affronté cette épreuve. A vrai dire, c’était plus douloureux qu’agréable. Mais, je n’ai pas passé un mauvais moment. Et je dois dire que le roi Louis XI est quelqu’un de très doux et de très précautionneux. La preuve en est qu’il m’a régulièrement demandé si ce n’était pas trop douloureux.

           Après quelques échanges de banalités, je m’allonge à ses côtés, totalement épuisée. Je lui tourne machinalement le dos, et nous nous endormons l’un contre l’autre. Puis, doucement, mais sûrement, mes yeux commencent à se fermer et je me sens emportée dans les bras de Morphée. Et, je sais que lorsque je me réveillerais demain ce sera désormais en tant qu’épouse. Et en tant que Reine. Finie la vie de princesse que je chérissais tant avec mes parents. Finie ma vie au royaume de Magnolia. Demain, je pars pour le royaume des lys.


A suivre


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Bonjour, bonsoir !


J’espère que ce chapitre vous aura plu ! Même s’il a un peu tardé à sortir, je dois dire que j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire !


Nous découvrons ici le premier visage du roi Louis XI ! J’espère que pour le moment vous appréciez ce personnage !


Merci aux personnes qui ont pris le temps de laisser des commentaires sur le chapitre précédent, je suis toujours ravie de pouvoir les lires !


Sur ce, bonne soirée et bonne lecture !


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[1] Encore une tenue qui fait référence aux tenues présente dans le jeu « Dress Up Time Princess »

[2] Le discours du prêtre est tiré du site : https://www.mariage-discount.fr/organisation-mariage/mariage-religieux/echange-des-consentements-au-mariage-a-l-eglise.html

[3] Les paroles suivantes sont tirés du site : https://croire.la-croix.com/Definitions/Sacrements/Mariage/L-echange-de-consentement-le-Oui

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