La Flamme de Mililian - Tome 1 - Partie 1
Chapitre 20 : Des nouvelles du forgeron
3928 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 02/06/2021 11:30
— Tu en as encore pour longtemps ?
Faelor s’impatientait. Avëlëa, penchée sur sa cheville, palpa la blessure avant d’y appliquer un peu d’onguent.
— Laisse-moi te soigner, soupira-t-elle, excédée. Tu as prévu quelque chose pour ce soir, à t’agiter autant ?
— J’aimerais faire le point sur nos provisions… et j’ai promis quelque chose à Fëlia.
— Ah ? s’enquit l’elfe de feu.
Le jeune homme hocha la tête.
— Mais je ne te dirai rien, poursuivit-il avec un sourire mystérieux. Tu verras ça en même temps que les autres.
— Mais, protesta-t-elle. Pourquoi ?
— Fëlia me l’a demandé.
— Je peux avoir un indice ? tenta-t-elle.
— Non.
L’alfombre laissa échapper un petit rire devant la mine boudeuse de son infirmière.
— Vraiment aucun indice ? insista-t-elle. C’est amusant à voir, quand tu réfléchis.
Il hésita un instant, attendri par son regard implorant.
— Allez, céda-t-il enfin. C’est une chose à laquelle je suis certain que tu ne t’attendes pas.
Sa déclaration sembla laisser Avëlëa perplexe, car elle garda le silence. Son expression décontenancée fit naître un sourire sur les lèvres du jeune homme, qui n’ajouta rien de plus. Il la regarda reprendre ses soins, avec des gestes plus lents, absents. Elle se torturait l’esprit pour essayer de deviner ce qu’il cachait, Faelor le devina sans peine.
— Il y a un rapport avec Falëon ? demanda-t-elle d’un air innocent.
— Peut-être, éluda l’alfombre. Ou peut-être pas. Je ne sais pas…
— Bon, c’est qu’il y a quelque chose, alors, décida-t-elle.
Le jeune homme retint avec peine un fou rire, mais son expression n’échappa pas à l’elfe de feu.
— Ou pas, vu comme tu as l’air de t’amuser de mes déductions.
— Tu verrais ta tête, aussi, se moqua-t-il avec gentillesse.
— Mais ce que tu peux être méchant… soupira-t-elle.
L’alfombre se remit à rire. Il allait lui répondre quelque chose lorsque des pas résonnèrent dans le couloir. Un courant d’air violent fit claquer la porte, et les deux adolescents sentirent un vent glacé effleurer leur peau.
— Tiens, coucou Laertha ! s’exclama Faelor. Tu as l’air contente. Ça s’est bien passé avec Anathor ?
— Déjà ? s’étonna Avëlëa. Elle a été vite… ça ne fait même pas une heure que le soleil est voilé.
— Disons que j’ai préféré venir discuter directement avec vous, déclara une voix.
Les deux orphelins sursautèrent. Ils portèrent d’un même mouvement leur regard vers la porte, contre laquelle était adossé le forgeron. Une sensation d’euphorie s’empara du cœur de l’alfombre, tandis qu’un immense sourire ravi étirait ses lèvres.
— Anathor ! s’exclama-t-il.
— Ravi de vous revoir, les salua-t-il en s’approchant. J’ai cru comprendre que Raeni avait frappé si fort que l’Ahal a fait de cette histoire une affaire personnelle, et je me suis dit qu’un peu d’aide ne vous ferait pas de mal.
— Tu n’imagines pas à quel point on en aurait besoin, confirma le jeune homme. C’est devenu un enfer d’échapper aux gardes.
— Ne m’en parle pas… soupira-t-il. Ils ne m’ont pas lâché pendant plusieurs jours. Vanador lui-même est venu me demander des comptes. Je suis bien content que ce vieux troll moisi n’ait pas la capacité de lire dans les pensées…
— Il a été si collant que ça ? s’inquiéta Avëlëa.
Anathor hocha la tête avec un soupir et sortit un objet de sa poche.
— Tellement qu’il ne m’a pas laissé aller chez l’apothicaire quand je me suis lâché un marteau sur le pied, il y a deux jours. Il a fallu que je menace un garde de ne pas lui affûter son épée pour avoir de quoi soulager la douleur. Ce n’est qu’après ça que j’ai eu droit à un guérisseur, qui m’a filé ça.
Il glissa l’objet dans les mains de la jeune femme. Une petite boîte de bois poli, ornée de motifs pyrogravés sur son couvercle.
— C’est un onguent à base de fleurs de feu séchées. Je crois qu’il y a aussi une décoction de sève de pin noir et d’écorce de saule sauvage avec. C’est très efficace. D’après le guérisseur, j’avais un orteil cassé. En deux jours, il était réparé.
— Oh, génial, ça ! s’exclama Faelor. Ça marche aussi sur le nez et les côtes ?
— Tu vas quand même attendre que je te donne l’autorisation de te débarrasser de tes béquilles avant de retourner te balader, le prévint Avëlëa.
Un petit rire échappa au forgeron.
— Ça ira vite, Faelor, le rassura-t-il. Dans deux jours, peut-être trois, tu seras sur pieds.
— J’espère bien, grommela l’alfombre. J’en ai vraiment marre d’être le seul à ne rien pouvoir faire.
— Avëlëa ne te laisse même pas mettre au point un plan ?
— Si, mais je préfère bouger plutôt que de me casser la tête à chercher quoi faire et comment, avoua-t-il.
— Pourtant, tu es le mieux placé pour t’occuper de tout ça, s’étonna Anathor. Raeni et toi étiez très proches, elle a dû t’apprendre pas mal de choses…
— Pas tant que ça, soupira-t-il. Ça n’a jamais été mon truc, de diriger.
— Je veux bien te filer quelques conseils, alors, proposa son aîné. Mais je ne peux pas prendre ta place. Je peux me balader un peu, prétexter avoir une commande à livrer et en profiter pour venir vous voir, mais j’ai beaucoup de travail à la forge. L’air de rien, l’incendie de la grange a fait pas mal de dégâts et il faut la réparer, maintenant.
— Oui, j’ai cru comprendre ça, souffla Faelor. Fëlia m’a décrit un peu ce qu’il s’était passé. Je suis bien content de ne pas y avoir assisté.
— Il n’y a eu que des dégâts matériels, assura Anathor. Heureusement.
— C’était un peu le but, se rappela l’alfombre. Raeni n’aurait jamais voulu qu’il y ait de blessés. Sauf peut-être Khassendrah.
— Ah, elle, en revanche, elle n’a pas été épargnée, ricana le forgeron. Je ne sais pas ce que Rae lui a fait, mais on ne l’a pas vue sortir de l’orphelinat depuis plusieurs jours.
— Oh, elle est assez en forme pour embêter les petits, grogna Avëlëa. On a eu quelques nouvelles de Valmaëlën. Je suis bien contente de ne pas y être…
— Vanador a fait virer le directeur, annonça Faelor d’un ton grave.
Anathor écarquilla les yeux à l’annonce de la nouvelle.
— Quoi ? s’exclama-t-il.
— On l’a appris hier, expliqua l’alfombre. Apparemment, le troll a réussi à le déclarer incompétent puisqu’il n’a pas su anticiper la fugue de Rae et d’Ayrik.
— Par les Treize… souffla le forgeron. Il doit être effondré…
— On n’a pas encore pu avoir de nouvelles, regretta Avëlëa.
— J’essayerai de le trouver et d’aller lui parler, promit-il. S’il faut, je pourrai toujours l’héberger, aussi. Il n’était peut-être pas assez sévère avec Khassendrah, trop avec Ayrik, mais il nous a quand même offert un foyer pendant pas mal de temps… Je lui dois bien ça.
— Fais attention à ne pas te faire attraper par Vanador, alors, le prévint la jeune femme. Il a l’air décidé à lui mener la vie dure juste pour passer ses nerfs puisqu’il ne nous a pas sous la main.
— Je ferai mon possible pour l’aider, affirma-t-il. Quitte à lui faire quitter la ville s’il faut. J’ai gardé quelques contacts de l’armée, qui pourraient l’accueillir et l’aider à refaire sa vie ailleurs si Vanador l’embête trop.
— Tu connais vraiment des gens qui peuvent faire ça ? s’émerveilla Faelor.
— Bien sûr, répondit le forgeron avec un petit rire. Combattre aux côtés d’autres althëliens, ça aide. Tous ne seront pas prêts à se dresser contre Vanador, mais… j’en connais un ou deux qui s’amuseraient de la situation…
— Ça n’a rien de drôle, grommela Avëlëa. Je te rappelle qu’on est menacés de mort à cause de Raeni et de sa fugue. Vanador est en train de fiche le bazar, Khassendrah n’a jamais eu autant de liberté et de pouvoir que depuis la fuite de Rae. Non, ça n’a vraiment rien d’amusant.
— D’accord, la situation est délicate, concéda l’aîné, mais arrête d’être aussi pessimiste.
Un sourire étira ses lèvres. Il fit quelques pas, puis reprit :
— Tant qu’on parle de lui, le directeur était venu me voir, il y a quelques jours. Il savait que j’étais lié au plan de Rae, mais, comme il n’avait aucune preuve, il ne pouvait pas m’accuser. Il m’a avoué que Khassendrah s’était faite taper sur les doigts par Vanador pour avoir essayé d’intercepter Rae et Ayrik seule, sans lui en parler. De ce qu’il m’a dit, ça l’a bien énervée et humiliée, surtout qu’elle a été blessée assez gravement. Si jamais le directeur disparaît, ou l’un d’entre vous, d’ailleurs, Vanador sera très déçu d’elle…
— Et elle se fera emprisonner ? demanda Faelor, plein d’espoir.
Le forgeron hocha la tête, un sourire sadique aux lèvres.
— Il pourrait aller jusqu’à la tuer, confirma-t-il.
— C’est cruel, souffla Avëlëa, parcourue d’un frisson.
— Ne me dis pas que tu as pitié d’elle ? s’étonna le blessé. Après toutes les horreurs qu’elle a pu faire ?
— D’accord, elle est horrible, concéda-t-elle, mais la tuer reste… extrême, comme méthode.
— Parce que tyranniser des gamins ce n’est pas extrême, peut-être ? protesta Anathor. Je dois te rappeler qu’elle a poussé plusieurs personnes au suicide ?
— Même, se défendit l’elfe de feu, ce n’est pas parce qu’elle l’a fait qu’on est obligés de faire pareil… Je veux dire, c’est monstrueux de souhaiter la mort de quelqu’un ! Personne ne mériterait une telle chose, pas même elle…
— Elle joue avec la mort presque aussi bien qu’un assassin, rappela le forgeron. Elle ne la donne pas elle-même, mais elle l’ordonne et l’appelle. Ses victimes voyaient la vie comme un fardeau, le trépas comme une délivrance. Tu ne vas pas me faire croire que quelqu’un qui réussit à persuader les gens d’une telle chose mérite de vivre ?
— Nous n’avons aucun droit de vie ou de mort sur les autres, souffla la jeune femme. Seuls les Originels…
— Ça, c’est ce qu’on fait croire aux gamins pour qu’ils ne deviennent pas assassins, la rembarra-t-il. Je peux te garantir qu’après avoir combattu pour des pseudo-grandes causes, tu reconsidères la question autrement.
Il s’approcha d’elle d’une démarche assurée. Il se planta juste devant elle, la dominant de toute sa taille. Ses yeux écarlates, sous ses épais sourcils noirs, luisaient de colère et de sévérité. L’elfe de feu frissonna lorsqu’il reprit d’un ton accusateur :
— Khassendrah est une manipulatrice-née, comme il en existe des dizaines, voire des centaines, dans la haute société thalëni. Ces trucs-là sont pires que des araignées luminescentes. Si tu ne les massacre pas tant que tu le peux encore, ils finissent par envahir le monde, gangrener tout ce qui se trouve autour d’eux, et se reproduire pour asseoir un peu plus leur suprématie sur le monde entier. Ils se cachent derrière leur puissance et leur habileté à manier les mots, mais ils ne valent rien.
Son regard s’assombrit un peu. Sa voix devint plus grave, plus basse, tandis qu’un flot de souvenirs remontaient à sa mémoire.
— C’étaient des gens comme ça qui nous dirigeaient, pendant la guerre. Ils nous ont forcé à tuer des femmes, des enfants, des vieillards. Pourquoi ? Juste parce qu’ils étaient humains. Juste parce que, comme Ayrik pour Khassendrah, ils leur déplaisaient. Ils jugeaient de si oui ou non ces innocents pouvaient mourir, se prenaient pour des dieux à décréter qu’on devait les assassiner dans leur lit ou les brûler en place publique. Et si tu refusais d’obéir aux ordres parce que tu possédais une minuscule étincelle d’empathie en toi, tu te faisais pourrir la vie, enfermer, voire exécuter dans des conditions humiliantes.
— J’aurais préféré mourir, alors, s’entêta Avëlëa. C’est honteux d’accepter de telles choses.
— Et ça t’aurait amenée à quoi ? ricana-t-il, amer. Tu aurais été traitée de faible, de lâche, voire de traîtresse. On t’aurait fait passer pour la méchante de l’histoire. La guerre n’était peut-être pas très juste, mais elle l’aurait encore moins été si tous ceux qui avaient refusé de tuer s’étaient bornés comme toi. Et l’humanité aurait été rasée. Complètement. C’est ça que tu aurais voulu ? Condamner des milliers d’innocents ?
— Si tout le monde s’était bougé, les thalëni n’auraient pas eu ainsi la victoire, répliqua l’elfe de feu.
— Ton innocence te perdra, toi.
Son regard brilla un court instant de fureur, puis il détourna la tête et croisa les bras. Ses cheveux, attachés en une queue de cheval haute, bruissèrent à son geste.
— Je peux te garantir que ça n’aurait rien changé. C’est justement parce que l’armée comportait des soldats sans expérience, des paysans forcés à prendre les armes et des gamins des rues, sans famille, auxquels on avait promis gloire et richesse que le désastre a pu être évité. Si tous avaient été tués, les dragons auraient pris le relais.
La mention des créatures ailées fit frissonner la jeune femme. L’alfombre la regarda à nouveau. Ses sourcils froncés, ses yeux remplis de colère à peine contenue et la grimace qui étirait ses lèvres ne la rassurèrent pas.
— Tu sais aussi bien que moi à quel point eux sont implacables. Entêtés. Impossibles à raisonner sans preuve formelle qu’ils se trompent. Une rébellion althëlienne n’aurait rien changé, ils nous auraient considérés comme de vulgaires moucherons corrompus par le mal.
Avëlëa ne répondit plus rien. Son regard se riva sur ses mains. Anathor la fixa durant quelques instants encore, puis son visage se détendit. Il posa une main sur son épaule.
— Khassendrah est une vipère, souffla-t-il pour reprendre le fil de leur discussion de départ. Même si sa mort te paraît extrême, elle serait nécessaire pour sauver des dizaines d’autres vies. A commencer par les vôtres.
L’elfe de feu releva les yeux d’un geste timide. Ses iris orangés plongèrent dans ceux, écarlates, du forgeron. Celui-ci lui adressa un léger sourire qu’il voulut bienveillant, pour la rassurer. Il savait qu’il avait peut-être été un peu loin avec elle, puisqu’elle n’avait connu qu’une vague partie de la guerre, racontée par son peuple, qui n’allait pas se vanter de ses crimes. Mais il savait aussi que sa douceur, son innocence et son empathie risquaient de l’amener à faire des bêtises, et il voulait la protéger de son mieux, comme il avait toujours protégé les jeunes orphelins lorsqu’il était encore le chef de leur bande.
Un courant d’air frais passa sur le visage de l’elfe de feu. Ses paupières s’abaissèrent un instant pour savourer la caresse fantomatique sur sa peau.
— On dirait que Laertha est d’accord avec moi, souffla-t-il. Je sais que c’est dur, pour toi, d’admettre que j’ai raison, que la mort de Khassendrah résoudrait le problème. Mais je peux t’assurer que c’est l’unique solution, pour nous. Qu’elle soit emprisonnée, ou, mieux encore, exécutée. Khaëlentis serait alors libéré de son influence maléfique. Et on serait enfin libres.
— Mais toujours accusés de complicité, soupira-t-elle. Même si on parvient à se débarrasser d’elle, il y aura toujours la menace de Vanador. Il nous en veut d’avoir aidé Rae à fuir. Sa tête est mise à prix non pas à cause des bêtises de Khassendrah, mais à cause du vol du Perle d’Ambre. C’est trop tard, maintenant. Tuer Khassendrah ne nous avancera à rien…
— Si l’Ahal vient à la tuer lui-même, intervint Faelor, nous serons tranquilles. Il continuera sans doute à poursuivre Raeni, mais n’aura plus personne d’assez fidèle en ville pour le guider jusqu’à nous.
— Et si quelqu’un d’autre s’allie à lui ? s’inquiéta la jeune femme.
— C’est un risque à prendre, mais je pense qu’on aurait aussi du monde pour nous soutenir, expliqua Anathor. J’ai entendu quelques clients discuter entre eux, à la forge. Tout le monde n’apprécie pas les libertés qu’il se prend dans notre ville. Je ne saurais pas dire combien sont contre lui, mais vous pouvez être certains que vous aurez un peu d’aide, même si le vol du Perle d’Ambre n’a plu à personne.
— Ça, c’est une bonne nouvelle, se réjouit le blessé. Tu saurais nous donner des noms ?
— Je verrai, promit-il.
— Aide le directeur en priorité, implora Avëlëa. Ça me fait de la peine de le savoir à la rue… il ne mérite pas ça.
— Je ferai de mon mieux, ne t’inquiètes pas. Dès demain, je vais essayer de contacter mes connaissances de l’armée pour voir qui accepterait de l’accueillir. Peut-être que je trouverai quelqu’un capable de vous fournir de la nourriture, voire même une aide un peu plus conséquente pour vous permettre de survivre un peu plus efficacement.
— C’est si catastrophique que ça ? s’inquiéta Faelor.
Un sourire moqueur étira les lèvres d’Anathor.
— Tant que vous aurez de la nourriture et de l’eau potable, vous tiendrez un peu, assura-t-il, mais si vous avez besoin de soins, ou d’armes…
— Hors de question qu’on se batte, siffla Avëlëa.
— Et si tu n’en as pas le choix ?
— Pour l’instant, ce n’est pas le sujet, intervint Faelor pour éviter une nouvelle dispute entre eux. On ne s’aventure pas dans les ruelles les plus mal famées, et on ne quitte pas la planque à la noct-heure. Les seuls risques qu’on prend, c’est pour aller chercher de la nourriture.
— Vous allez où, pour ça ? demanda le forgeron.
— On fait le tour des arbres fruitiers laissés à l’abandon, on pique quelques trucs dans les granges et on a trouvé une crique tranquille où on peut trouver des coquillages et pêcher quelques poissons, expliqua Avëlëa.
— Excellent, ça, les félicita-t-il. Vous vous en sortez plutôt bien, en fait.
— On fait de notre mieux, avoua Faelor.
— C’est déjà pas mal, l’encouragea-t-il.
Il avisa sa cheville blessée, puis demanda :
— Av’, je peux lui parler un peu seul à seul ? J’aimerais lui expliquer quelques petites choses en tant qu’ancien chef de la bande, pour l’aider à la gérer un peu mieux.
— Plutôt demain, non ? Il a besoin de repos.
— C’est pas un peu de sommeil en moins qui va me poser problème… grommela le jeune homme.
— Pour le coup, Avëlëa a raison, soupira Anathor. Tu es blessé, tu dois ménager tes forces.
— T’es au courant que je ne peux rien faire de la journée ? Je me reposerai demain, ce n’est rien.
— Tu vas rester ici et dormir ! lui ordonna l’elfe de feu. Tant que tu ne seras pas guéri…
— … je dois éviter de bouger pour ne pas aggraver mes plaies, je sais, la coupa-t-il. Mais j’aimerais quand même pouvoir aider la bande, et, si je peux profiter de l’expérience d’Anathor pour ça, alors je le ferai.
— Je veux bien te filer deux ou trois tuyaux, accepta le forgeron, mais on va y aller doucement tant que tu ne seras pas rétabli.
— Alors qu’est-ce que tu attends pour commencer ? s’impatienta le blessé.
Un courant d’air l’aida à se relever, puis entoura Anathor et Avëlëa.
— Je crois que Laertha est motivée aussi, s’enthousiasma-t-il. Direction le bureau de Rae, donc ?
Anathor lui adressa un sourire.
— Je te suis, annonça-t-il. Il est temps que tu reçoives un entraînement accéléré pour diriger ta bande.