MÉMORIA ZÉRO - TOME 1 (Ancienne version)

Chapitre 4 : UNE ENTREVUE GLACIALE

3685 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/07/2021 16:52

Les Dragyans ont tous disparu lors de La Chute des Dragons. Il y a très peu de chance que tu rencontres des survivants.

 

Son père lui avait répété maintes fois cette phrase et pourtant, une fascinante découverte venait de la mettre en émoi. Lyria n’aurait jamais pensé croiser un jour un mâle de son espèce soi-disant éteinte. Profondément troublée par cette rencontre, elle peinait à contenir son excitation. Tout son corps tremblait d’une joie incontrôlable tandis qu’à ses côtés, un animal filiforme la dévisageait d’un air perplexe.

— Tu t’rends compte, Oz ? Je n’suis pas seule, il y a un autre Dragyan ! Comment est-ce possible ?

Son xéobrat, petite créature noire semblable à une écharpe, pencha la tête et émit un couinement d’incompréhension pour toute réponse. Assise sur la branche d’un arbre centenaire, Lyria fixait le ciel par-dessus les feuillages pendant que son esprit vagabondait vers le magnifique Dragyan. Elle se remémora sa chevelure indisciplinée d’un beau châtain roux d’où retombaient de longues mèches sur un visage au teint légèrement bronzé. Sa mâchoire fine et anguleuse. Ses pommettes saillantes et son nez droit. Mais surtout, son impressionnant gabarit.

Quand il s’était redressé, elle lui arrivait tout juste au menton et la sensation indescriptible qui l’avait envahie au moment où leurs mains étaient entrées en contact avait achevé de la troubler. Une infime étincelle s’était propagée dans tout son corps et la vision d’un dragon noir déployant ses ailes lui était apparue l’espace d’une seconde.

Ce ne fut toutefois pas la seule chose à l’avoir déconcertée. Elle se savait différente, mais le fait d’entendre une voix dans sa tête était... inédit.

Lui, avait soufflé celle-ci.

Ignorant la signification de cette étrange manifestation, elle soupira avant de reporter son attention sur son compagnon et fronça les sourcils.

— Je n’ai même pas eu l’temps de lui parler à cause de l’autre vieux con. Par contre, sa tête me rappelle vaguement quelqu’un, mais qui ?

Lyria fouilla dans sa mémoire, mais rien ne lui revint. Oz la fixait de son regard sombre. Si le xéobrat avait été doté de parole, peut-être l’aurait-il aidée ? Malheureusement, le petit animal en était incapable. Consciente qu’elle n’obtiendrait aucune affirmation de la part de son partenaire, elle décida d’examiner sa récolte fraîchement débusquée et sortit d’un sac en velours noir une liasse de bijoux. Aucun n’attira son attention, sauf un : celui qu’elle avait dérobé à sa dernière victime.

Subjuguée par l’étonnant joyau, elle le détailla sous toutes les coutures. De la forme d’une croix argentée aussi grosse que son poing, des motifs runiques gravés dans le métal ornaient les branches tandis qu’en son centre brillait un splendide saphir poli. À ses côtés, les prunelles d’Oz luisaient de curiosité face à l’étrange artéfact.

— On dirait l’un des objets que Sven et Séréna recherchent, lui indiqua-t-elle. Ça ressemble à la description qu’ils m’en ont faite. J’me demande bien ce qu’ils veulent faire avec ça.

Ses doigts caressèrent la pierre précieuse et elle porta le bijou à son nez pour en humer la fragrance qui l’imprégnait. C’était une odeur peu commune, semblable à celle ressentie lors d’une tempête de neige. Un effluve hivernal, mais incroyablement chaleureux. Elle appréciait déjà ce parfum entêtant.

 Du haut de ses dix-neuf ans, Lyria continuait d’avoir soif de connaissances et aimait multiplier les découvertes. Élevée parmi les humains, le mode de vie ainsi que le langage corporel des Dragyans demeuraient pour elle une énigme. Son père lui avait expliqué les grandes lignes concernant ces fabuleuses créatures capables de se transformer en dragons, mais elle restait persuadée qu’il lui cachait des détails importants. Quand elle voulait en savoir plus, il lui conseillait de s’en remettre à un manuel d’anthropologie qu’il lui avait offert. Cependant, cela ne faisait qu’accentuer sa frustration, car elle ne pouvait se fier uniquement aux connaissances acquises dans un livre.

Sa rencontre avec ce bel individu lui redonna alors espoir et elle escomptait bien obtenir de lui des réponses concrètes. Après tout, observer le quotidien d’un de ses congénères en direct était le meilleur apprentissage !

Néanmoins, un problème subsistait. Le détrousser n’avait pas été l’approche la plus judicieuse pour créer un contact amical et à son grand dilemme, elle ne pourrait pas lui rendre son butin. La confrérie des Red Skulls ne lui autoriserait pas cet écart de conduite, sous peine de sanctions.

Depuis qu’elle avait rejoint en secret cette guilde à la mauvaise réputation – pour gagner un peu d’argent facile comme on le lui avait promis – Lyria œuvrait dans l’ombre, camouflée sous sa cape noire. Même si les cambriolages ou le racolage étaient loin d’être glorieux, cela lui permettait au moins d’épargner pour son prochain périple. Bien sûr, elle avait pris soin de le cacher à son père.

Allister et elle s’étaient installés dans cette région six mois auparavant et elle espérait bien ne pas repartir trop vite. En effet, leur quotidien se résumait à des voyages incessants à travers le monde et elle n’avait donc jamais le temps de créer des liens avec qui que ce soit ni de se projeter dans l’avenir. Lasse de supporter ces perpétuelles pérégrinations et cette vie sans attache, Lyria rêvait de stabilité et le cadre montagnard de la vallée d’Aerendal l’avait séduite.

Un craquement en provenance du sous-bois la sortit de ses réflexions. D’un geste prudent, elle rangea son trésor pendant qu’Oz se réfugiait autour de son cou, puis observa les alentours en humant l’air. Ses entrailles se nouèrent à la fois d’excitation et d’appréhension lorsqu’elle reconnut l’odeur de la silhouette qui progressait dans sa direction.

Réajustant sa capuche au-dessus de son visage, Lyria se figea sur son perchoir et ne quitta pas le bel inconnu des yeux. La fuite aurait dû être sa priorité, mais la curiosité la tenaillait. Elle resta toutefois sur le qui-vive. Si le Dragyan venait à se montrer hostile, elle userait de son éther d’illusion pour le duper et disparaîtrait ensuite pour se réfugier au sein de sa guilde. Malgré sa force, un individu comme lui n’oserait pas se mesurer à une trentaine de personnes armées jusqu’aux dents.

Le jeune homme se planta bientôt au pied de l’arbre et leva les yeux.

— Je sais que tu es là, alors montre-toi !

Son ton menaçant laissait présager une entrevue toute sauf amicale. Lyria se raidit et sa gorge se dessécha. Elle hésita quant à la démarche à suivre. À présent repérée, elle jugea inutile de se cacher plus longtemps et décida de lui faire face. Son regard doré auparavant profond et hypnotique s’était voilé de rage.

— Descends de là tout de suite et rends-moi ce que tu m’as volé.

— Quoi ? Mais je n’t’ai rien volé, moi.

— Ne fais pas l’innocente, tu sais très bien de quoi je parle.

Elle soupira en secouant la tête.

— On n’pourrait pas plutôt discuter ? Y a sûrement un malentendu...

— Je n’en ai pas envie, rends-moi mon pendentif, sinon...

— Sinon quoi ? le coupa-t-elle d’un ton malicieux. Tu vas m’mettre une fessée pour mauvaise conduite ?

D’abord sidéré par son insolence, l’homme-dragon resta bouche bée, mais son regard s’assombrit aussitôt et une aura menaçante émana de lui. Celle-ci se matérialisa autour de lui en un halo bleuté tandis que l’air vibrait et se refroidissait.

Cette fois, Lyria comprit qu’il ne plaisantait pas lorsqu’elle sentit sa peau frissonner et le bois rugueux se figer dans une substance gelée sous ses mains. Elle bondit juste avant qu’une étreinte glaciale l’emprisonne et se réceptionna d’un geste habile sur une autre branche en contrebas. À peine y posa-t-elle le pied, que celle-ci se cristallisa à son tour et sa botte glissa dans le vide.

Avec un cri étouffé, elle bascula et dégringola à travers les frondaisons. Son corps percuta à plusieurs reprises des ramures noueuses jusqu’à ce qu’un épais tapis de feuilles mortes amortisse sa chute. Sans perdre une seconde, elle se releva, mais un élancement atroce au niveau du flanc gauche lui coupa le souffle.

Son ennemi profita de ce court instant de faiblesse pour se jeter sur elle.

Deux secondes lui suffirent pour analyser le terrain et d’un bref clignement de paupières, Lyria psalmodia son sort de téléportation. La magie imprégna ses sens. Son corps s’échauffa et picota comme si des milliers de fourmis grouillaient sous sa peau. Le paysage se bouscula, puis se transforma devant ses yeux en un rideau multicolore. Un flash plus tard, elle se retrouva sur une branche éloignée d’une trentaine de mètres de son point de départ. Le cœur battant, elle prit quelques secondes pour reprendre son souffle. La magie de téléportation consommait beaucoup d’énergie et elle ne l’utilisait qu’en dernier recours. Juste avant de fuir, elle avisa la situation en contrebas d’un rapide coup d’œil et un sourire narquois étira ses lèvres.

Déstabilisé dans son élan, le Dragyan s’était échoué au sol après être passé au travers d’une illusion résiduelle que Lyria avait créée derrière elle. Tout en jurant, il se redressa, puis survola les alentours d’un regard acéré et huma l’air. Avec son odorat aiguisé, il ne tarderait pas à la repérer. Chaque seconde comptait. Elle devait absolument quitter les lieux.

Mais, au moment de sauter dans l’arbre voisin, sa cheville droite refusa de bouger. Elle perdit l’équilibre et tomba une nouvelle fois. Dans sa chute, son dos heurta une branche et son crâne rencontra une pierre dissimulée sous la couverture végétale. Trop sonnée par l’impact et incapable de se relever, elle se retrouva à la merci de son rival qui la plaqua au sol.

Dans un élan instinctif de survie, Lyria se débattit frénétiquement et chercha à mordre son agresseur, mais ce dernier accentua sa prise et lui tonna de sa voix grave et forte :

— Calme-toi ! Je ne veux pas te faire de mal !

Ignorant ses paroles, elle continua de gesticuler pour se dégager. En vain. Un corps chaud et lourd s’affala sur elle pour la bloquer. Autour de son cou, Oz s’était statufié. De nature peureuse, le xéobrat n’osait jamais intervenir et l’aura menaçante du Dragyan l’avait tétanisé.

À bout de souffle, elle finit par capituler. Son assaillant pesait presque le double de son poids et ce n’était pas avec sa frêle stature qu’elle réussirait à le renverser. Les paupières mi-closes, elle les rouvrit pour lui faire face. Deux magnifiques prunelles dorées la fixaient. Des yeux de dragon, d’un beau jaune vif constellé d’étoiles cuivrées, fendus d’une pupille verticale d’un noir abyssal dans lesquels elle faillit bien se perdre. Malgré son regard farouche, le Dragyan se radoucit, mais sa voix resta ferme.

— Ça y est, tu es un peu plus disposée à obtempérer, maintenant ? C’est quand même dommage d’en arriver là.

 Lyria laissa échapper un grognement sourd de sa gorge avant de ruer une nouvelle fois.

— Qu’est-ce que tu m’veux ? Lâche-moi !

— Je veux simplement que tu me rendes ce qui m’appartient.

— Mais je n’l’ai pas, ton pendentif !

— Arrête de mentir, je sais que tu l’as sur toi. Je le sens.

Il a raison, redonne-lui, gronda la voix qu’elle avait entendue plus tôt dans sa tête. Arrange les choses.

Encore cet étrange phénomène ! Comme si elle n’avait pas déjà assez de problèmes ! Elle l’ignora. Elle n’obéissait qu’à ses supérieurs ou à son père et ce n’était pas les mises en garde douteuses de son esprit qui la feraient changer d’avis.

Les lèvres pincées, elle réfléchit à une stratégie pour s’échapper. Son sortilège de téléportation demeurait très efficace, mais nécessitait quelques minutes avant de pouvoir être réinvoqué. Elle devait donc gagner du temps, juste assez pour recouvrer son énergie et ensuite, déceler un infime moment d’inattention de la part de son ennemi qui, pour se l’avouer, ne la laissait pas indifférente.

En dépit des circonstances, cette proximité affolait ses sens et sa fragrance masculine l’étourdissait. Lyria s’attarda malgré elle sur sa bouche aux courbures sensuelles d’où émanait à chaque expiration un souffle glacé et une envie subite d’en suivre les contours de son doigt lui effleura l’esprit. Sans savoir pourquoi, elle n’arrivait pas à quitter ces lèvres tentatrices des yeux et elle aurait bien voulu...

Tu as perdu la tête, Ly ? C’est un mâle de ton espèce, ok, mais tu ne le connais même pas. Tu lui as volé son pendentif et il a une bonne raison de te malmener, mais est-ce que c’est vraiment le moment de fantasmer sur lui alors que tu es piégée ? Non, mais qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?

Elle réalisa, en effet, que cela n’avait aucun sens et le charme fut brisé. Ce ténébreux spécimen ne l’ensorcèlerait pas. Remarquant qu’elle le fixait avec insistance, le Dragyan reprit la parole, cette fois sur un ton plus doux.

— Écoute, je ne te veux aucun mal. Si tu me rends mon pendentif, je fermerai les yeux sur tes méfaits et je ne te dénoncerai pas.

Lyria le scruta d’un air méfiant. Pouvait-elle vraiment faire confiance à un vulgaire inconnu ?

— Qu’est-ce qui m’prouve que tu tiendras parole ?

— Parce que je n’apprécie pas ce vieux rapace de bijoutier. Il m’a demandé de te traquer, mais j’ai refusé.

— Et pourtant, t’es ici.

— Oui, parce que tu m’as volé.

Elle leva les yeux au ciel et soupira.

—Je t’ai dit que je n’l’avais pas.

— Très bien, alors dans ce cas, tu ne me laisses pas le choix.

À ces mots, il lui remonta les mains au-dessus de la tête tandis qu’il invoquait sa magie de glace pour la menotter à même le sol. Lyria grimaça face à la sensation désagréable du froid mordant sa peau et pendant que le Dragyan commençait à la fouiller, elle se concentra. Par chance, son énergie s’était presque rechargée. Elle visualisa un imposant sapin situé à une centaine de mètres et de l’espoir recourba ses lèvres. Plus que quelques petites minutes et elle pourrait user d’une nouvelle téléportation. Toutefois, l’homme-dragon ne tarderait pas à trouver la bourse cachée dans sa lingerie, et ce, avant qu’elle ne puisse s’enfuir. Elle tenta alors de le distraire :

— Est-ce que t’es le seul Dragyan par ici ?

L’intéressé s’interrompit dans sa fouille et haussa un sourcil.

— Oui, pourquoi cette question, tout à coup ?

— Je n’ai jamais eu la chance de croiser quelqu’un de mon espèce jusqu’à aujourd’hui, je pensais être la dernière.

— Sérieusement ? Tu devais bien vivre sur l’île de Dragonia toi aussi, non ?

Lyria secoua la tête. Si ce lieu lui évoquait quelque chose, elle n’avait aucun souvenir d’y avoir vécu.

— Tout ce que j’sais, c’est que notre race a disparu lors d’un triste événement il y a dix ans. D’ailleurs, comment t’as fait pour t’en sortir ?

Le Dragyan resta silencieux tout en reprenant sa fouille. Lyria n’était pas dupe et avait décelé une légère crispation de sa mâchoire en même temps que ses prunelles s’étaient assombries.

— Ça ne te regarde pas, lui répondit-il enfin.

Je m’en doutais, il ne dira rien...

Une moue agacée déforma ses traits.

— Dis-moi au moins ton nom.

Il la sonda quelques secondes d’un regard hésitant avant de lui avouer :

— Nexus.

Lyria était ravie de connaître son identité et aurait aimé discuter davantage avec lui, mais son énergie s’était enfin régénérée. À présent, la fuite devenait son salut. Tout en invoquant mentalement son sort, elle lui dédia son plus beau sourire joint d’un malicieux clin d’œil.

— Nexus, c’est un joli nom. Je m’en souviendrai. Ç’a été un plaisir de t’rencontrer. À la prochaine !

Elle eut juste le temps d’apercevoir son visage prendre une expression effarée avant de disparaître dans un rideau de lumière aveuglante. Quelques secondes plus tard, elle se retrouva face à un amas d’aiguilles d’un vert sombre. Des étoiles dansèrent devant ses yeux. Peu habituée à utiliser ce sortilège aussi souvent en peu de temps, elle s’adossa au conifère quelques secondes pour recouvrer ses forces. Puis, lorsqu’elle remarqua que les menottes de glace l’entravaient toujours, elle entreprit de les briser en les frappant de toutes ses forces contre l’écorce.

Après s’être brièvement massée ses poignets bleuis, elle sauta au pied de l’arbre, puis fila à travers bois pour s’éloigner le plus possible de Nexus. Elle accéléra le pas lorsqu’un rugissement de rage retentit. Si elle bénissait ses capacités de femme-dragon, sa guérison était plus longue et usait beaucoup d’énergie. Au bout de plusieurs minutes de course effrénée, ses blessures ne tardèrent pas à la ralentir et elle commença à s’essouffler.

— Et merde, jura-t-elle, une main posée sur ses côtes.

Néanmoins, la chance lui sourit quand elle déboucha sur le Mésoa. Cette rivière possédait une profondeur suffisante pour nager et sur la rive opposée, les racines d’un saule en bordure de talus attirèrent son attention. Couvertes de mousse et de lierre, elles formaient un rideau végétal parfait pour se cacher et l’eau masquerait son odeur. Lyria n’hésita pas une seconde et plongea jusqu’à son nouvel abri avant de s’y dissimuler. Nexus surgit peu de temps après. Trop peu à son goût.

Il est rapide, le bougre !

Elle l’observa, sa respiration presque retenue pour éviter le moindre bruit. Le Dragyan humait l’air, scrutait le haut des arbres, fouillait chaque buisson, puis tapa du pied dans un malheureux caillou.

— Putain de merde ! Fais chier !

Lyria n’osait plus faire un geste. Son cœur martelait si fort dans sa poitrine qu’elle eut peur que l’homme-dragon l’entende. Finalement, au bout de quelques minutes, son poursuivant finit par abandonner ses recherches et rebroussa chemin en pestant. Elle resta camouflée encore un long instant afin de s’assurer que tout danger était enfin écarté et sortit de sa cachette après avoir survolé les lieux d’un regard prudent.

Elle continua de courir sur une bonne centaine de mètres, mais dut s’arrêter, encombrée par le poids de ses vêtements trempés. Oz se déroula de son cou et s’ébroua en gémissant de mécontentement tandis qu’elle s’asseyait sur le tronc d’un sapin déraciné pour reprendre son souffle.

— Bon sang, c’était moins une ! soupira-t-elle tout en observant son compagnon. On n’a pas intérêt à le recroiser !

Oz la fixa d’un regard sévère et se mit à pousser une série de couinements stridents. Lyria sursauta face au vacarme du petit animal. Il n’avait visiblement pas apprécié qu’elle prenne autant de risques. Amusée par sa réaction, elle l’attrapa pour le serrer dans ses bras et grâce à quelques caresses, la créature s’apaisa.

— T’inquiète pas. La prochaine fois, je ferai plus attention.

  

Enfin guérie de ses blessures, Lyria avait grimpé en haut d’un arbre aux abords d’une clairière baignée de soleil. Oz dormait pendant qu’elle se réchauffait sous les rayons brûlants et faisait courir ses doigts fins sur la croix argentée. Grâce à la chaleur, ses vêtements n’avaient pas mis longtemps à sécher. Tandis qu’elle contemplait le bijou, elle se remémora ses péripéties. Nexus la fascinait. Pas seulement parce que c’était le premier individu de son espèce qu’elle rencontrait, mais aussi parce qu’il avait éveillé en elle une curieuse émotion : du désir. Le poids de son corps pressé contre le sien avait suffi à attiser une flamme qu’elle n’avait jamais soupçonnée. Mais, à présent, son seul regret était de l’avoir connu dans de mauvaises circonstances, car son pendentif volé deviendrait l’objet d’une intense rancœur.


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