La Princesse de This
Teremun la tirait si violemment qu’elle n’avait d’autre choix que de le suivre à travers les longs couloirs du palais. Ils descendaient les marches de marbre si rapidement qu’elle manqua à plusieurs reprises l’une d’elles et glissa régulièrement. Les gardes du traitre qui les encadraient si fidèlement l’empêchèrent de chuter et finalement elle osa demander :
- Où fuyons-nous comme ça ?
Teremun ne répondit cependant pas, il poursuivait sa course. Fuir montrait qu’il n’était pas digne d’être le roi de This. Elle bloqua sa course en plantant du mieux possible les pieds dans le sol. Il fallait qu’elle aide son amie, il fallait, elle aussi, qu’elle sauve le royaume de This, qu’elle soit forte. Elle tenta donc de gagner le plus de temps possible. Le roi imposteur n’eut d’autre choix que de s’arrêter également et se retourner vers sa promise :
- J’exige que tu me libères, j’exige que tu rendes ce palais à notre reine. Tu as perdu Teremun. Ton règne prend fin en ce jour.
- Et puis quoi encore ?! Si je faisais ça, j’ordonnerais ma propre mort. Et ce ne sont pas les quelques troupes de ton amie qui lui permettra de vaincre mon armée.
- Layla se fera clémente si tu arrêtes là ! Tu ne gagneras pas cette bataille. Ne sacrifie de vies inutilement.
Teremun tenta de tirer une nouvelle fois le bras de son otage, mais en voyant qu’elle ne bougerait pas, il jeta un regard entendu à l’un de ses gardes qui cogna d’un coup résolu derrière le crâne d’Halima. Elle s’effondra sans même avoir eu le temps de ressentir la douleur. La seule chose qu’elle entendit fut la voix courroucée de Teremun qui hurla :
- Fermez les entrées et n’hésitez pas à tuer tous ceux qui entrent. Surtout s’il s’agit de cette traitresse de Layla. Les dieux testent notre force, il est temps de leur montrer qu’on est plus fort qu’ils le pensent.
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Teremun se félicita intérieurement d’avoir préparé cet instant. Les Ensis n’allaient pas tarder à venir sur This écraser ces rebelles. Chacun d’eux ne tenaient qu’à une chose : le pouvoir. Or, si Layla montait sur le trône, ils pourraient dire adieu à leur privilège. Elle était encore plus stupide que son pauvre frère Mosegi. Pour elle, seul le mot altruisme importait. Elle oubliait que le pouvoir qu’elle cherchait à obtenir empêchait, à lui seul, cette utopie de se réaliser. Les armées font gagner les guerres, pas les petites gens. Qui avait-elle dans ses troupes ? Des vieillards, des enfants et des femmes. Ils avaient les hommes. Des hommes formés et fidèles. Et il avait l’argent. Une guerre civile s’arrête pour deux raisons : la mort d’une troupe entière ou la corruption de cette troupe.
Trois gardes l’entouraient et attendaient ses ordres. Il esquissa son rictus le plus confiant et ordonna à chacun d’entre eux :
- Vous allez contacter mes amis Ensis, faire sonner le clairon guerrier et ouvrir le coffre.
- Ouvrir le coffre ?
- Nous allons donnez à ces malheureux une raison de ne plus me défier. Laissons ma chère nièce voir la vraie nature humaine. Elle pense les connaitre parce qu’elle est allée en classe avec eux, mais, contrairement à ses camarades, elle n’a jamais connu ni famine ni désespoir. Elle a toujours vécu dans un palace, n’a jamais eu besoin de notre argent. Eux si. Exécution !
Ses trois gardes partirent immédiatement à leur mission et il se retrouva seul avec le corps inerte d’Halima. Il le tira par les cheveux vers la salle du trône et la laissa devant son siège, aux pieds du lieu de son pouvoir. Quand cette guerre sera finie il engrossera cette roturière et créera une nouvelle dynastie. Puis il épousera une fille d’Ensis pour asseoir son pouvoir et enfin une étrangère pour l’étendre. Dehors, il entendit la bataille faire rage, les lames cognèrent les unes contre les autres, les râles, de plus en plus nombreux, s’élevèrent vers le ciel et lentement le désespoir naissait.
- Votre altesse ? fit la voix grave d’un soldat. Nous sommes prêts.
C’était le moment. Celui de reprendre le contrôle de la situation, de donner cet espoir. En un simple hochement de tête l’ordre fut donné : toutes les fenêtres s’ouvrirent en grand et chacun des soldats hurlèrent en lançant les pièces d’or :
- DE LA PART DE VOTRE AIMABLE SERVITEUR, TEREMUN II.
Dans la salle du trône, celui-ci jubilait, laissant s’échapper un de ses rires machiavéliques qui, s’il n’était pas seul, aurait refroidi l’enthousiasme que ces pièces d’or avaient provoqué.
La bataille allait vite être close. Il s’imaginait sa nièce entourée de gens au sol en train de ramasser quelques pauvres pièces. Chacun d’eux ayant baissé les armes. Il avait gagné. Après tout, qu’est-ce qu’une femme n’ayant jamais manié un sabre pouvait faire contre le stratège qu’il était ?
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Entrer dans le palais quand ses troupes maintenaient les gardes occupés n’avait pas été compliqué, les pièces étaient tombées des fenêtres, comme l’espion soldat avait dit. Le peuple les récupérera plus tard. Il méritait au moins cette redevance pour toutes ces années d’attente. Avant d’entrer, elle avait jeté un dernier regard sur son armée, leur colère se répandait parmi les soldats, leurs maris, frères, fils et peu à peu les troupes de Teremun abandonnèrent celui qui se pensait tout puissant. Layla n’en avait pas douté, les dieux savaient être justes et pouvaient voir en elle la pureté de son envie de reprendre le trône.
Ce n’était pas ainsi qu’elle avait imaginé rentrer chez elle quand elle avait quitté le palais, il y a six ans de cela. Bien que les murs soient restés les mêmes, elle eut du mal à reconnaître les lieux. Le palais avait perdu de sa splendeur, de son aura et l’amour que son père diffusait avait complètement disparu. Mais l’heure n’était pas à la nostalgie. Seth régnait là où Hathor avait disparue.
Où pouvait se trouver Teremun ? Halima allait-elle bien ? Était-elle en danger ? Une angoisse se développa à l’intérieur de la princesse.
- Layla ! couina une voix qu’elle avait presqu’oubliée. Est-ce bien vous ?
Madam Palm descendit les marches sans prendre garde au sol glissant. Les rides s’étaient formées sur son front, son dos s’était affaissé par l’âge, mais fort heureusement, la douceur tatouait toujours ses traits. Layla n’eut aucun mal à la reconnaître et s’aperçut à quel point elle l’avait manqué. Elle avait été pendant toute son enfance celle qui ressemblait le plus à une mère.
Ravie de la savoir toujours en vie, elle serra Madam Palm rapidement dans ses bras puis ne tarda pas à demander si elle savait où était l’imposteur.
- Je partais justement à sa poursuite, un garde m’a dit qu’il partait vers la salle du trône avec la jeune Halima. Elle n’avait pas l’air de vouloir le suivre. Oh Layla ! Si vous saviez ce qu’il lui a fait subir.
- J’y vais alors ! Vous, je veux que vous cherchiez un homme du nom d’Osiris. C’est un vaillant soldat. Dites-lui de me rejoindre !
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« Père, dites-moi, qu’est-ce qu’un bon roi ?
- Je ne crois pas être celui qui a la réponse à cette question. »
Layla n’avait au cours de son existence que très rarement parcouru ces couloirs menant à la salle du trône. Si, dans le palais, il s’agissait de la pièce la plus importante et somptueuse, elle n’était ouverte qu’en de très rares occasions.
Du moins, du temps de son père. Mosegi III ne portait que rarement sa couronne et tout l’attirail qui faisait de lui un roi. Il avait été un homme humble.
Layla s’imaginait Teremun assit régulièrement sur le trône, couvert d’or et d’égoïsme, de cupidité et d’avarie.
La princesse ne fut donc pas surprise de revoir son oncle assit nonchalamment sur le siège au bois gravé de l’histoire de ceux qui l’ont occupé. Teremun méprisait même son rôle et sa posture. Il n’avait rien d’un roi : ni le couronnement, ni la stature, ni la légitimité. Les dieux ne pouvaient pardonner de tels actes.
Puis, soudain, elle vit la forme inerte aux pieds de l’imposteur. Halima gisait au sol, inconsciente. L’homme qui voulait la posséder ne la regardait même pas, ne s’inquiétait pas de son état. Quel homme horripilant, se disait-elle alors. Jamais elle n’avait pu s’imaginer son bon père faire de même avec sa défunte mère. Mais Teremun, lui, asseyait son imposture et sa violence absolument partout. Il fallait qu’elle règle son cas. Une fois pour toute.
Et finalement, elle entra dans sa tenue de guerrière, son sabre au poing. Elle allait récupérer son royaume, elle allait le sauver et écraser la tyrannie de Teremun. Elle allait détruire toute particule de ce qu’il était, tout ce qu’il avait construit.
- Oh, feignit la surprise de Teremun, ma chère nièce. Tu as changé.
- Vous non. Vous avez le même regard qu’autrefois, vous êtes hantés par Apophis.
- Il y a une chose qui a changé chez moi : la mort de Mosegi.
- Vous… Non il suffit. Tu l’as toujours souhaité.
- Ne me dis pas que toi non, Layla. Sa mort aurait pu signifier beaucoup pour toi… enfin si je n’étais pas là.
- Tu admirais mon père et son rôle et pourtant tu as détruit leurs deux images. Tu n’as rien de la splendeur de Mosegi, ni d’aucun autre souverain. Tu ne peux te définir roi que lorsqu’un royaume existe. Tu as détruit le royaume de This. Tu n’es roi de rien si ce n’est de ta petite cour d’Ensis vicelards et avares.
- C’est pourtant l’un de ses Ensis qui t’a accueilli à Memphis.
- Abram est l’homme le plus grand que j’aie pu rencontrer après père.
- Pourtant il se prélasse actuellement dans son palais alors que la guerre fait rage, que la famine hurle et que la mort sonne.
- Beaucoup de bruits que tu as ignoré, suppléant du roi.
- Ces bruits ont toujours existé, ma chère. Ton père savait seulement les étouffer par des mensonges et des leurres. Parce que si j’ai appris une chose depuis sa mort, c’est que je ne suis pas à la hauteur de Mosegi.
- C’était évident Teremun.
- À la hauteur de sa bassesse, de ses mensonges. Mosegi n’a réussi à faire que deux choses lors de son règne. La première est de mettre de la peinture sur une façade pourrie. La seconde est d’élever sa fille dans le mensonge et l’illusion. Tu te dis être la future reine du peuple, très bien. Mais explique-moi où vas-tu trouver les récoltes lorsque la pluie ne tombe pas ? Où vas-tu enterrer rapidement les morts si tu veux à la fois respecter leur dignité et éviter la maladie ? Où trouveras-tu les hommes de ton armée si tu te mets tous les Ensis à dos ? Avec quel argent construiras-tu les écoles qui te sont si chères si tu ne voles pas le peuple ? Ouvre tes yeux enfantins, Layla. Tu n’as ni les épaules, ni le courage de monter sur ce trône.
- Voudrais-tu parier ? déclara Layla en brandissant son sabre face à elle. J’ai les dieux à mes côtés !
- Oh ma chère, ne va pas me faire croire que tu saches manier cette arme. Tu ne mens pas aussi bien que ton père. Et il va falloir que tu apprennes que nos dieux savent se rendre aveugle quand cela les arrange…
Layla ne les supportait plus, lui et ses inepties. Elle hurla sa rage et se précipita vers le trône et l’imposteur qui s’asseyait dessus.
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Ennannaoum leva ses yeux abimés vers le plafond de son cachot. Sous le palais on pouvait tout entendre. Même avec des oreilles aussi fatiguées que les siennes. Des pas pressés et pressants claquaient sur le sol des couloirs. Des pas au rythme particulier. Des soldats. Il y avait eu une voix d’homme, des bruits de tintements, comme si l’on lançait des pièces ou des graviers. Mais surtout dans les cachots on entendait des mots. Et surtout des noms. Un nom. Ennannaoum cru l’avoir oublié tant il s’était fait rare depuis la mort du bon vieux Mosegi.
Layla.
La vieille femme se souvenait de sa forme nourrissonne, puis de l’enfant incertaine qu’elle avait été, des erreurs de jeune princesse qu’elle avait faite, du caractère naissant indiquant le futur fort esprit qu’elle allait avoir. Teremun ne l’avait donc pas trouvé morte comme il l’avait chanté aux Ensis pour obtenir leurs faveurs ?
La rumeur de chuchotements des prisonniers politiques élevait peu à peu ce nom pour le faire chanter dans les bas cieux des prisons souterraines. Ennannaoum savait que la rébellion allait naitre. Un sourire naquit parmi ses rides et ses pensées replongèrent dans ses croyances.
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Osiris ne lésinait pas sur ses coups. Bien qu’il n’en fût jamais devenu un, son esprit était, à cet instant, celui d’un soldat qui servait sa reine. Même si le trône n’était pas encore sien.
La chute d’or avait failli leur être fatale, beaucoup d’hommes et de femmes s’étaient détournés du droit chemin. Osiris ne les comprenait qu’à moitié. N’était-ce pas eux qui voulait faire régner la justice ? Leur morale était-elle si faible qu’un peu d’or pouvait briser leur esprit combatif ?
Mais que savait-il, lui, homme de la noblesse, de la pauvreté, de la faim et de la maladie ? Alors il se battit plus vigoureusement encore, il s’endurcit pour refaire naitre leur courage en lui. Fort heureusement, il n’était pas le seul. D’autres le suivirent. Des femmes, des enfants et des hommes. Certains soldats avaient révélé leur vraie fidélité et abandonnèrent le tyran. Ensemble, sur la place principale de This, ils tentèrent de tenir la rébellion éveillée.
Quel fut l’agréable surprise de voir des centaines d’hommes sortir des cachots et briser la ligne immuable de soldats aux ordres de Teremun.
C’était leur chance ! Ils allaient pouvoir entrer ! Le palais allait bientôt être à eux. Bientôt Teremun ramperait au sol et Layla rayonnerait sur son trône. Bientôt la justice serait, avec la clémence des dieux, de retour.
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- Êtes-vous l’homme prénommé Osiris ? fit une vieille femme alors qu’il faisait ses premiers pas dans le palais de This.
Osiris se redressa et observa la dame en tenue de servante. Sur son visage ridé se trouvait une douceur agréable. Celle qu’il s’était imaginé sur celui de sa défunte mère.
- Suis-moi, notre Reine vous demande.
Dans son regard, Osiris comprit qu’elle avait tout comprit de leur relation avec Layla. Si Layla n’avait pas de moyen d’obtenir la bénédiction d’un parent, cette femme devrait le faire à leur place.
Il suivit alors la femme qui tentait de courir aussi vite que son corps fatigué le lui permettait. Au cours de son avancée dans le palais, Osiris pu apercevoir les différents lieux de l’enfance de Layla. Il ne sut si cela était dû à la présence du traitre Teremun, mais le palais de This était bien plus sombre et triste que celui de Memphis. Comme si la lumière de Râ ne parvenait à pénétrer le bâtiment.
- Je ne m’approcherais pas plus, fit soudain la femme. Car si les dieux décident de donner le pouvoir à Teremun, je ne pense pas être en mesure de supporter le décès de celle que je considère comme ma fille.
- Les dieux sont justes. Ils verront la pureté de la volonté de Layla.
- J’espère qu’ils vous entendront, brave jeune homme.
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Si la fuite des prisons des traitres à la patrie avait apporté quelque chose de bon c’était le chaos. Pili profita de ce chaos pour échapper à la vigilance des troupes de celle qui fut son amie. Les pièces étaient tombées. Le plan du roi Teremun était en route. Bientôt la paix sera de retour et les traitres de nouveau enfermés. Layla sera parmi eux.
Pili connaissait le plan du roi Teremun sur le bout de ses doigts. S’il l’avait respecté, alors Pili pourrait rejoindre son suzerain dans la salle du trône. Il fallait qu’il fasse vite. Avant que Layla et ses troupes ne parviennent au roi.
Pili ignora tout le reste de la bataille, seule la sécurité de Teremun et d’Halima importait. Et rapidement il réalisa qu’il avait été trop tardif.
Avant même d’entrer dans la salle du trône il avait entendu un cri, quelque chose de bestial, quelque chose que les dieux ne permettraient pas. Comment Layla pouvait-elle se dire héritière du trône alors qu’aucune humanité ne résonnait dans ce cri ?
Son esprit ne réfléchit plus alors. Son entraînement de soldat lui permettait de réagir parfaitement à n’importe quelle situation. Il entra dans la salle du trône, prêt à tuer la traitre.
Et finalement il hésita.
Halima était au sol, un léger filet de sang dans le coin de sa lèvre. Elle essayait de se relever. Mais les forces lui manquaient. Et Pili ne prit plus la peine de réfléchir. À la vue de celle qu’il aimait, il avait immédiatement fait de Layla la coupable de son état. Elle ne respectait donc même plus celle qui l’avait défendue jusqu’au bout, celle qui avait fait de cette lâche une divinité. Elle avait osé s’en prendre à Halima.
À mains nues, il se précipita sur celle qui se prétendait reine et la poussa dans le mur. Celle-ci laissa échapper un cri et son arme que Pili ne tarda pas à récupérer. Il plaça la lame sous la gorge de Layla et attendit l’ordre de son roi.
- Tue-la, fit alors froidement Teremun.
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Osiris avait dû se cacher. L’ami de Layla était là. S’il aimait Layla, il n’avait cependant aucune confiance en cet homme. Il était persuadé que le « monstre » qui était sorti de ses lèvres ne définissait pas Teremun, mais s’adressait à Layla. Dans le regard de ce Pili il avait vu une haine irraisonnable.
Et puis, s’il avait été aussi proche de Layla pourquoi n’avait-il pas fait comme d’autres soldats ? Pourquoi n’était-il pas devenu son espion ?
Puis, soudain, Osiris entendit des souffles courts, des armes qui s’entrechoquaient, des plaintes de douleur. Layla était en train de se battre. Le sang d’Osiris ne fit qu’un tour. Il fallait la protéger. Elle était sa reine, son exemple et surtout elle était celle qu’il chérissait le plus.
Quand il entra dans la salle du trône, Layla était à terre, son regard n’était pas effrayé, mais questionneur. Elle ne comprenait pas la situation, elle n’arrivait pas à intégrer que son ami ait pu se ranger du côté de son ennemi.
Voilà le point faible de Layla. Elle donnait bien trop facilement sa confiance et ne voyait jamais la faillibilité de l’humain.
La lame protectrice d’Osiris croisa finalement celle sanguinaire de Pili. Le combat fut long. Layla se tenait la poitrine. Elle avait été blessée. Pourtant elle se redressa et prononça doucement :
- Ne le tue pas, Osiris. Ne tue pas Pili, je t’en prie.
Les deux adversaires se retournèrent et observèrent Layla qui avançait, le dos courbé vers Halima. Pili se précipita et Osiris y vit sa chance, il retourna son sabre et frappa d’un coup fort du pommeau l’arrière du crâne du fidèle de Teremun. Ils avaient gagné. Pourtant un cri d’horreur retenti :
- Halima !
Le sang d’Osiris, qui maintenait le corps lourd de Pili, se glaça. Alors qu’ils n’avaient plus qu’à tuer Teremun celui-ci avait tourné la situation en sa faveur. La lame sous la gorge d’Halima, l’imposteur souriait et savourait déjà sa victoire.
Parce que même Osiris l’avait compris : jamais Layla ne sacrifiera Halima. Teremun allait pouvoir garder son trône. Les dieux de Layla avaient fait le choix du contrôle et de l’horreur.