Wastelanders

Lorsque nous jetâmes un œil par l'entrée de la caverne, nous ne vîmes pas grand chose à part une ouverture sur notre gauche. Il faisait très sombre mais John parvint à trouver des traces d'occupation humaine datant déjà d'un certain temps.

Nos yeux s'habituèrent rapidement à la pénombre et la faible lueur produite par la présence de champignons luminescents, fut suffisante pour que nous puissions nous diriger. Ces champignons, source de nourriture pour les animaux cavernicoles, étaient aussi comestibles pour les humains. En les cuisant ou en les séchant, ils pourraient faire de précieuses réserves. Peut-être en ramasserons-nous quand nous quitterons les lieux. En tout cas, à ce moment, leur lumière nous fut bien utile même si cela signifiait que l’endroit était fortement humide. Nous espérâmes alors que cela n'entraverait pas notre progression.

John Long Fellow alluma sa lampe torche et l'attacha à son épaule avant de prendre la tête du groupe et disparaître au coin du tunnel. Il se trouva face à une porte en métal assez rouillée. Des marques provenant d'un usage récent étaient visibles. John l'ouvrit et nous entendîmes clairement quelqu'un crier :

• Eh, on a de la visite !

Et une autre personne répondre :

• Pétard, sur quoi va-t-on encore tomber ?

Il y avait des traces de pas dans la boue et en avançant nous nous retrouvâmes nez à nez avec deux types habillés en raider. Ils possédaient une lanterne allumée qui nous permit de bien voir leurs visages crasseux. John décida de tenter un coup de bluff :

• Je suis ici pour la tenancière du Red Rocket car son fils me doit du fric.

Malheureusement un des gars en face de nous possédait lui aussi une lampe torche et lorsqu'il la braqua sur nous, il reconnut facilement notre uniforme de milicien.

• J'vais ramener du monde ! S'écria celui qui était le plus éloigné de notre position.
• Non, on va s'les faire. Répondit son acolyte.

Tenant toujours sa lampe torche, il leva son flingue, un petit calibre de fabrication artisanale, et tira sur John. Le tir rata sa cible et se perdit dans le mur. Le deuxième raider visa Sly qui, moins chanceux, reçut une légère blessure au pied droit.

Notre ami capitaine se rua sur son assaillant pour lui planter son harpon dans la poitrine. Le type s'effondra en crachant du sang.

• Gérard, non ! J'vais t'buter ! Rugit le deuxième troufion à l'adresse de Long Fellow.

Dans la mêlée qui s'en suivit, Lucy emprunta le hachoir du vieux loup de mer et trancha à l'ennemi une de ses oreilles tandis que, bandant mon arc, je l'achevai d'une flèche dans la gorge.

Après cette petite échauffourée, nous reprîmes notre souffle et nous en profitâmes pour détrousser nos victimes.

Je récupérai ma flèche et Sly ramassa la lampe torche du premier raider ainsi que onze balles pour son arme. Lucy, quant à elle, décida d'emporter la lanterne à huile car celle-ci pourrait nous être fort utile plus tard. Elle récupéra aussi quelques munitions artisanales.

En reprenant son harpon, John remarqua que l'homme qu'il venait d'embrocher avait avalé un bon paquet de boulettes de coke. Après une dissection hasardeuse, tout ce que nous arrivâmes finalement à obtenir fut un cadavre totalement réduit en charpie.

Dommage que Sly Fu ne soit pas réellement médecin, nous aurions pu toucher un joli magot avec ça. Entièrement couvert de sang, Sly ne s'avoua pas vaincu pour autant. Il décida de s'attaquer au deuxième macchabée qui, pas de chance pour nous, ne contenait aucune drogue. Notre apprenti secouriste récupéra néanmoins deux caps dans le double fond des bottes.

Nous reprîmes notre route et arrivâmes devant une porte de bois renforcée par un peu de métal. L'humidité ambiante l'avait fait gonfler mais Sly vigilant, parvint à l'ouvrir sans bruit. Furtivement il balaya le couloir avec le faisceau de sa lampe avant de l'éteindre. Ce couloir était moins humide que le précédent et nous pûmes y voir deux portes dont l'une semblait être une grille de prison.

Une ombre se dessinait au loin. Discrètement Sly Fu s'approcha de la grille et vit par la même occasion qu'une embuscade nous était tendue un peu plus loin. Notre nouvel adversaire n'avait pas remarqué que la faible lumière derrière lui, projetait son ombre sur le sol. On la distinguait à peine mais elle suffit à le trahir. Un halètement nous parvint aux oreilles. Il devait y avoir un animal avec lui.

Soudain notre agresseur passa à l'offensive en criant :

• Ils arrivent ! Allez mon grand, à l'attaque !

Un molosse, dont le corps était protégé par une sorte de gilet métallique, nous fonça dessus. Son maître le suivit de près, armé d'un rondin de bois clouté. Sly s'en prit un coup au niveau du torse et grogna de douleur. Lucy nous débarrassa du chien en le décapitant et son propriétaire s'effondra à sa suite, une de mes flèches plantée dans la gorge.

Un rapide coup d’œil par la grille de la cellule nous confirma la présence de deux personnes. Un jeune homme, la tête entre les mains, était prostré contre le mur du fond et une quadragénaire était allongée sur le sol, inconsciente.

Par sécurité, je regardai par l'intersection d'où était arrivé notre agresseur mais à part des traces de pas dans la boue, il n'y avait rien à signaler. Je retournai vers mes compagnons et Lucy me tendit une paire de lunettes style soudeur, trouvée sur le raider que nous venions de tuer. Tout se revendant et rien ne se perdant, elle conserva les trois clopes qu'elle avait également ramassées sur le corps. Sly, dont le torse était encore endolori par sa rencontre avec le bâton clouté, s'empressa de prendre le plastron de ferraille. John, quant à lui, prit la paire de brassard, eux aussi en ferraille, avant de dépecer le chien. La nourriture quelle qu'elle fût, était toujours bonne à prendre. Une fois cuisiné, ces magnifiques jarrets nous dépanneraient et nous feraient économiser nos rations.

Avant de libérer Trudy et Jason, John décida d'inspecter la pièce du fond. Il ouvrit la porte et nous pûmes constater qu'elle menait à une sorte de salle de repos. Là quatre raiders, arme au poing, nous attendaient. Sly offrit une belle balafre à celui qui se trouvait le plus près de l'entrée tandis que Long Fellow lui perforait le crâne de son harpon.

J'encochai une flèche, visai un raider au hasard et lui plantai mon projectile dans l’œil. Hébété, ce dernier ne réagit pas tout de suite contrairement aux deux autres raiders toujours indemnes qui se jetèrent sur John. Le premier lui érafla la jambe et le second explosa un de ses orteils. Lucy et moi essayâmes de l'aider mais nos tirs se perdirent dans le décor. Heureusement, Sly réussit à blesser sérieusement l'un des attaquants, mais pas avant que notre capitaine ne subisse une autre blessure à la jambe.

Le type que j'avais éborgné, se planqua derrière la table et en profita pour tirer sur John, lui éraflant légèrement le visage.

Décidé à aider notre ami mal en point, nous attaquâmes les trois assaillants. Lucy acheva l'homme le plus proche et Sly Fu s'occupa du borgne. Il n'en restait plus qu'un. Après avoir perdu une autre flèche, je parvins à planter la suivante en plein dans la tête du raider que Lucy venait de blesser.

À la fin du combat, nous fouillâmes la pièce. Tout au fond se trouvaient huit paillasses ainsi qu'un coffre verrouillé. Je le forçai avec mon couteau et trouvai à l'intérieur une tenue complète des Terres Désolées et trois combinaisons de travail.

Il y avait aussi une boîte portant l'ancien emblème de la croix rouge qui contenait un kit de premier secours. Elle finit entre les mains de Fu notre secouriste amateur.

Dans un sac en toile de jute, se trouvait un bel œuf bien plus gros que celui d'une autruche. Lucy décida de le garder. Elle prit aussi une des combinaisons de travail en plus des quatorze caps et des quinze cigarettes ramassées sur un des gars qu'on venaient de refroidir.

Le coffre possédait un double fond où était caché un revolver petit calibre « Lucky Star » flambant neuf. Il contenait déjà six balles et était accompagné de deux chargeurs rapides possédant six balles chacun. Avec sa crosse en ivoire et argent cette relique de l'ancien monde était très bien conservée et je l'offris à Sly.

Une fois sortie de la pièce, Lucy ouvrit la grille pour libérer les prisonniers. Ils étaient retenus depuis vingt-quatre ou quarante-huit heures et bien qu'en état de manque avancé, Jason nous supplia d'aider sa mère.

Nous décidâmes d'arrêter là nos investigations dans la mine et ramenâmes tout le monde au Red Rocket. Il nous fallait soigner les blessés et prendre du repos.

Lorsque nous retrouvâmes le bosquet masquant la caverne, nous entendîmes des grognements dans le lointain. La propriétaire de l’œuf était-elle déjà à notre recherche ?