La Traque

Chapitre 8

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:36

Chapitre 8

Ses doigts aux ongles vernis pianotaient impatiemment à côté de son clavier tandis que des centaines de mines réjouies défilaient sur son écran... Le nombre d'élèves de l'université de Californie était impressionnant : elle comptait près de trente-quatre mille inscrits, d'où ce travail laborieux et lent… Et elle n'avait rien trouvé d'intéressant jusqu'à présent. Harper Hillman était introuvable, l'un des hommes de la photo était mort dans un accident de voiture quelques années auparavant et l'autre vivait à l'étranger. Il ne restait plus qu'à trouver « Brad »/ « Brendan » et prier pour que cette piste soit valable. Un long soupir souleva sa poitrine et sa vue se brouilla un instant. La fatigue et la lassitude commençaient à la gagner. Son corps était engourdi et son dos était raide et tendu. Elle se frotta doucement les yeux, tout en veillant à ne pas étaler le fard à paupière bleu électrique qui surmontait ses yeux marrons, et lança ensuite un bref regard à son écran. Les sourcils arqués dans une moue stupéfaite, elle remarqua qu'il était déjà trois heures trente du matin… Après un bref calcul, elle déduisit qu'il était minuit et demi à Richmond, en Californie… Un nouveau profond soupir ébranla le silence de la pièce.

Une paire de mains chaudes et rassurantes se posa alors sur ses épaules et les massa lentement. Garcia émit un petit gémissement d'aise et sentit la tension s'évacuer… La jeune femme ferma les yeux et laissa sa tête partir mollement en arrière.

-Tu n'es pas obligé de rester ici, beau Prince du monde virtuel.

Elle rouvrit les yeux et aperçut les traits tirés mais joyeux de Kevin Lynch. L'homme de sa vie arrêta le massage un instant, remonta ses lunettes qui glissaient sur son nez et répondit aussitôt, avant de poser à nouveau ses mains sur les omoplates de l'informaticienne:

-Je t'avais promis un resto et une soirée en tête à tête. Bon… Le chinois dans des boites en aluminium n'était pas forcément ce à quoi nous nous attendions, mais ce n'était pas si mal… Et j'avoue que le cadre, à savoir ton bureau avec des photos de cadavres sur une bonne partie des écrans, n'est pas très romantique… Mais ça ne m'empêchera pas de rester avec la femme que j'aime, comme je l'avais promis à la base.

Penelope vit le visage de Kevin s'approcher du sien et ses lèvres douces effleurèrent les siennes, très tendrement, avant de l'embrasser d'une manière un peu moins chaste. Garcia finit par le repousser doucement –déontologie oblige- et lui sourit :

-Informaticien, courageux et romantique… J'ai vraiment de la chance.

Elle releva la tête et frotta sa nuque endolorie par cette position, avant de se laisser à nouveau aller aux massages de son compagnon. La voix de son petit-ami résonna derrière elle :

-Tu as oublié de dire que j'étais un super bon masseur et que j'étais très sexy.

Un sourire amusé illumina le visage rosi de Penelope et elle rétorqua, d'un ton moqueur :

-Je ne contesterai pas l'une de ses informations… Mais j'ai comme qui dirait quelques doutes sur l'autre, mon Hobbit à lunettes.

Les mains se crispèrent légèrement dans son dos et s'immobilisèrent un instant.

-Mon massage n'est pas agréable ?

Garcia rit doucement.

-Mauvaise pioche !

Les mains devinrent plus taquines et se baladèrent sur ses côtes, pour la chatouiller. La jeune femme émit un glapissement à la fois amusé et horrifié par cette invasion désagréable. Elle tenta vainement de le repousser et réussit à articuler, entre son rire cristallin et ses cris de surprise :

-Tu es très sexy… mon Docteur Doug Ross des ordinateurs !

Un petit rire se fit entendre et les mains battirent aussitôt en retraite :

-C'est déjà mieux…

Kevin attira une chaise à lui et s'assit à côté de Garcia.

-Et puis, on m'a toujours dit que je ressemblais à George Clooney.

Garcia lui lança un regard dubitatif et amusé.

-Avec de l'imagination…

Les mains de Kevin se levèrent brusquement et elle se rattrapa aussitôt :

-…on peut voir apparaître la blouse blanche de médecin et effectivement tu lui ressembles ! Sans l'imagination, je te vois tout de même plus comme Leonard Hofstadter de The Big Bang Theory.

Son compagnon fronça brusquement les sourcils :

-Leonard Hofstadter?

La jeune femme lança un bref regard à l'ordinateur qui cherchait toujours l'identité de « Brad »/« Brendan », puis approuva :

-C'est un geek et il est intelligent. Bref, il a tout pour plaire… Plus qu'un Doug Ross.

Kevin acquiesça pensivement en souriant, tout en jouant inconsciemment avec un pli de sa chemise hawaïenne.

-What else ?

Garcia sourit encore et continua :

-Il porte des lunettes comme toi. Et il est amoureux d'une magnifique blonde…Comme toi !

Avant que son homme n'ait pu répondre, l'ordinateur émit un « bip » significatif suivi d'une petite musique victorieuse. Penelope se tourna rapidement vers son bébé, délaissant son compagnon pour se concentrer sur son boulot. La reconnaissance faciale avait marché et un nom s'affichait sur son écran :

-Brandon Coolper…

Elle se mordilla la lèvre inférieure, tout en lisant les informations concernant cette possible future victime. Un silence studieux accompagna sa lecture. Elle entendit à peine le souffle de son compagnon à côté d'elle. Ses yeux s'arrêtèrent alors sur une information capitale : cet homme habitait à Richmond.

La ville dans laquelle se trouvaient ses petits protégés.

Son cœur rata un battement et sa respiration s'accéléra. Dans ce genre de moments, elle avait presque l'impression d'être sur le terrain, de participer de manière palpable et très active à l'enquête. Elle ressentait la peur, la pression et l'adrénaline couler dans ses veines, même si elle ne se tenait que derrière un écran d'ordinateur et non dans une ruelle obscure avec une arme dans la main.

Rapidement, d'un geste précis, elle attrapa le téléphone pour prévenir son patron. Elle avait vraisemblablement trouvé la prochaine cible d'Hillman…

Il fallait agir rapidement.

 


 

Les secondes s'égrenaient lentement. Le corps de sa victime tremblait à côté de lui, incapable de maîtriser la panique qui le gagnait. Sa respiration était erratique et tout son être exhalait le parfum de la terreur.

Ivre de cette toute-puissance et de ce contrôle total, Spencer entendait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Après un long moment durant lequel il savoura la peur de Brandon, il le salua d'une voix calme, mais teintée de colère :

-Bonsoir Brandon. Tu ne me reconnais pas ? M'aurais-tu déjà oublié ?

Jouer avec cette proie qui n'avait aucune chance de s'en sortir, était amusant… Malgré la pénombre, Reid put voir Brandon se recroqueviller sous ses draps de satin. Sa voix chevrotante et entrecoupée de hoquets nerveux lui répondit aussitôt :

-Je… Je ne vois pas… Non… désolé… Pitié, ne me faites pas de mal…

Spencer pencha un peu la tête et sourit à nouveau, sentant l'hôte se délecter de cette emprise qu'il avait sur sa victime.

-Spencer Reid. Le type que tu as violé. Tu t'en souviens maintenant ou alors ce passage de ta vie a été tellement insignifiant que tu ne te rappelles plus du mal que tu m'as fait ?

Un silence abasourdi suivit cette révélation… L'homme à ses côtés avait arrêté de respirer… Le visage déformé par le plaisir de Brandon se mit alors à danser dans la pénombre, sous les yeux de Spencer qui émit un sifflement rageur. Ses oreilles bourdonnaient horriblement et percevaient au loin la clameur des élèves qui observaient avec attention le spectacle accordé par son corps nu et offert à ses bourreaux. Ses doigts raffermirent leur emprise sur l'arme qu'il pointait toujours sur le crâne de Brandon et il s'arracha à ses sinistres réminiscences.

Un coup et la cervelle de cet enfoiré maculerait les draps propres et soyeux… Un coup et sa misérable existence prendrait fin. Un coup et l'hôte serait rassasié.

Mais auparavant, il fallait s'amuser un peu avec lui, le faire souffrir comme lui-même avait souffert… Une chaleur intense et agréable se dégageait de son bas-ventre. L'excitation palpitait un peu partout sous sa peau.

Brandon sortit enfin de son mutisme et répondit, d'une voix étrangement aigüe :

-Oh… Mon Dieu… Désolé… Pitié… Spencer… Nous étions jeunes… Nous ne savions pas ce que nous faisions… Désolé, désolé… Je sais que ça a dû être horrible… Mais la vengeance n'est pas une solution, elle ne résout rien…

Les yeux de Reid flamboyèrent un instant et le dégoût le submergea : ses excuses étaient pitoyables. Il dut se faire violence pour ne pas abattre la crosse de son arme sur le visage de ce crétin, jusqu'à ce que ses traits réguliers et parfaits explosent, jusqu'à ce que ses dents se cassent et que son nez ne s'écrase dans un craquement sinistre.

-Vous ne saviez pas ce que vous faisiez lorsque vous m'avez déshabillé, attaché nu à un goal de foot et violé ? Vraiment ? Et je ne pense pas que tu puisses savoir à quel point ça a dû être horrible. Mais promis, je vais essayer de te faire ressentir ce que vous m'avez fait subir, pour que tu comprennes bien à quel point ça fait mal…

Brandon fut parcouru d'un tremblement nerveux et secoua vigoureusement la tête :

-Si… enfin… nous… je… Désolé… Pitié, ne me fais pas de mal… J'ai une femme… Elle attend un enfant… Je vais être papa.

La voix sifflante et rageuse de Reid le coupa brusquement :

-Si tu ne la fermes pas, j'attendrai avec toi son retour et je lui crèverai le ventre avant de l'égorger.

L'autre éclata en sanglots. Reid observa avec dégoût la morve couler de son nez, ses yeux chiasseux le supplier silencieusement et sa bouche mouillée se tordre dans un rictus douloureux.

Lamentable… Mais tellement agréable.

Soudain, dans un brusque sursaut, sa proie tenta de se redresser et de lui prendre son arme. Sa rapidité surprit le jeune homme, mais il réussit, dans un réflexe d'une dextérité incroyable, à esquiver la main de sa proie et abattit la crosse de son arme sur le nez de Brandon…

Un sinistre craquement accompagné d'un gémissement pitoyable suivi cette tentative désespérée. Les mains de Brandon se portèrent immédiatement à son visage maculé de sang. Son nez émit un gargouillis répugnant et un liquide poisseux et incarnat se mit à pisser abondamment entre ses doigts, tachant les draps.

Spencer se leva d'un bond du lit, le souffle court… Et pointa son arme sur la tête de Brandon, en tremblant de rage.

-Pauvre idiot. Encore une tentative comme ça et je te tire une balle entre les yeux avant d'attendre ta charmante épouse. Sa garde devrait se finir dans trois heures environ, non ?

Malgré l'obscurité, il vit le visage de Brandon se décomposer avant d'opiner lentement, dans un gémissement misérable. Spencer se calma légèrement en savourant la souffrance de sa victime, et continua :

-Sors de ton lit et mets-toi à quatre pattes.

Tout en donnant cet ordre, il fit quelques pas en arrière et laissa ses mains tremblantes d'excitation parcourir le papier peint. Elles rencontrèrent enfin un interrupteur et la lumière éclata comme une bombe dans la pièce.

Spencer grimaça de douleur et vit d'étranges jeux de couleur virevolter devant ses yeux et brouiller sa vue pendant quelques secondes, avant que la pièce n'apparaisse à nouveau complètement… Il put mieux se rendre compte de la décoration simple mais luxueuse de la chambre. Sa victime lâcha enfin son nez brisé et sortit de son lit, à moitié assommée par le coup qu'il lui avait porté, avant de se mettre à quatre pattes en frémissant.

La lumière jetait une clarté sordide, indécente et sale sur le corps de l'homme asservi… Seulement vêtu d'un boxer de marque, Brandon était dépouillé de dignité. Spencer sourit cruellement et se sentit partir légèrement. Le plaisir qu'il ressentait était purement malsain, mais il ne pouvait le combattre.

Sa voix, rendue rauque par l'excitation, intima enfin à sa victime de se rendre dans la salle de bain. Mécaniquement, il regarda l'homme ramper devant lui et s'exécuter en tremblant de peur.

Le plaisir en était presque douloureux. Seules les images du viol envoyées par l'hôte l'empêchaient de se laisser complètement aller. Il devait effectivement se concentrer, faire payer le prix fort à Brandon.

L'homme au sol atteignit enfin la pièce carrelée… Ses mains couvertes de sang laissèrent de longues trainées écarlates sur le sol immaculé. Spencer le suivit sans perdre une miette du spectacle et alluma la lampe de la salle bain pour mieux observer sa victime. Ses yeux glissèrent sur le jacuzzi et les robinets en argent. La haine le fit trembler légèrement…

Tant de biens, tant de richesses non mérités.

Brandon s'arrêta enfin au milieu de la pièce assez spacieuse et se laissa tomber mollement sur le sol, abattu par la peur et la douleur qui émanait de son nez. Sans dire un mot, Spencer sortit de son sac une caméra et commença à filmer la déchéance de sa proie…

Imprimer à jamais la souffrance de ses bourreaux faisait partie de son rituel.

Sa voix métallique résonna enfin dans la pièce :

-Déshabille-toi entièrement.

L'homme au sol releva légèrement la tête et aperçut avec effroi la caméra qu'il tenait en main. Il lui lança alors un regard abasourdi et rempli de larmes.

-Quoi ?

Spencer serra les dents, se contint de justesse de lui asséner un nouveau coup et articula lentement :

-En-lè-ve ton bo-xer.

Brandon battit plusieurs fois des paupières et ouvrit la bouche, sans rien dire, avant d'obtempérer lentement sous l'œil de la caméra… Spencer frémit légèrement de plaisir, se délectant de dominer ainsi cet homme qui l'avait tant fait souffrir. Une vague de plaisir déferla dans le creux de ses reins lorsqu'il vit le boxer tomber sur le sol.

-Maintenant maquille-toi.

Comme les bourreaux eux-mêmes l'avaient maquillé lorsqu'il était nu et attaché au goal de foot… Brandon, sans discuter, se releva sur ses jambes flageolantes et s'empara d'une trousse posée à côté de l'évier… Il se laissa retomber sur le sol puis l'ouvrit et prit un fard à paupière. Sa voix hésitante se fit alors entendre :

-Je… j'ai de l'argent… Si c'est ce qui te manque…

Reid reçut cette phrase comme une gifle, une décharge électrique. Il poussa un grognement rageur et il se revit devant les parents de Rudy Clints, en train de recevoir un énorme chèque pour qu'il garde le silence sur cette fameuse soirée. Sa voix étranglée et aigüe transperça le silence inquiet qui avait suivi cette déclaration :

-De l'argent ?! Tout se résume-t-il à cela ? Crois-tu qu'on peut tout effacer avec le fric ?

Le corps de sa proie se crispa brusquement et trembla de plus belle. Ses mains serrèrent le fard à paupière tellement fort que la petite boite céda dans un petit claquement sec… Une pluie de poudre argentée tomba sur le sol… Brandon secoua vivement la tête :

-Non… Je… non… Ca n'efface rien…

Promptement, pour apaiser Reid, il se maquilla comme il pouvait, en maîtrisant tant bien que mal ses doigts tremblants. Spencer le fixa avec colère et posa la caméra à côté de l'évier. Il laissa sa main libre se glisser sans son sac et attraper un sachet. Il le sortit brusquement et le lança vers sa victime.

-Recouvre-toi de ça. Tu comprendras en quoi le fric n'efface pas la souillure que tu m'as laissée.

Brandon lâcha la trousse et regarda avec horreur et incompréhension le sachet posé à côté de lui.

-C'est… c'est… ce sont…

Spencer reprit sa caméra et pointa à nouveau l'objectif sur Brandon.

-Des excréments, oui. Je veux que tu t'étales cette merde de chien sur tout ton corps et que tu en bouffes. Je veux que tu saches ce que ça fait d'être sale, horriblement sale.

Effarée, sa victime recula légèrement et se mit à bafouiller :

-Je… euh… non… Pitié… Je ne veux pas… Tout mais pas ça…

Reid observa son dégoût sans ressentir la moindre compassion pour cette ordure. Il rangea son revolver dans son sac et s'empara de son couteau. Sans dire un mot, il s'approcha de Brandon qui se recroquevilla instinctivement et posa ses mains sur le bas de son ventre pour protéger son sexe.

-Pitié… Pitié…

Spencer s'agenouilla à côté de sa victime qui était parcourue de spasmes d'horreur. D'un geste brusque, il plaqua la lame de son couteau sur la gorge de Brandon. Des étoiles dansèrent devant ses yeux et le sol vacilla sous ses pieds, tellement le plaisir qu'il ressentait était grisant… Un mince filet de sang se mit à couler sur la gorge et le torse déjà maculé de sa proie.

Il vit la poitrine de Brandon se soulever rapidement, dans un mouvement ample et erratique… Sa pomme d'Adam tressautait dans sa gorge chaude et roulait sous son couteau. Des larmes rejoignirent le sang qui formait des grumeaux sur les poils de son torse.

Spencer observa la carotide de sa victime tressauter sur le rythme des battements de son cœur. La terreur pulsait le sang à toute allure dans ses artères…

La voix rauque, mais calme de Reid rompit le silence imposé par le couteau :

-Quand elle rentrera… Je m'amuserai avec elle. Je m'enivrerai du parfum de ses cheveux, je laisserai mes mains parcourir ses formes et je la ferai mienne… Employant la même douceur que tu m'as autrefois accordée. Une fois « soulagé », je ferai glisser cette lame sur sa poitrine…

La lame glissa du cou au torse de sa victime, déchirant sa peau délicate au passage. Des gouttes écarlates glissèrent paresseusement sur son corps qui était parcouru de tremblements incontrôlables.

-Puis j'arriverai à son ventre rond… Je poserai mon visage dessus, j'essaierai sentir ton petit bâtard bouger… Puis, j'enfoncerai cette même lame profondément dans son corps.

Il fit pénétrer la lame un peu plus profondément dans le ventre de l'homme qui pleurait à chaude larmes, en hoquetant de douleur et de terreur. L'évocation de ce meurtre et la terreur de Brandon faisaient tourner la tête à Reid… Il avait l'impression de n'être plus totalement présent, comme si un autre parlait à sa place…

-Je regarderai enfin son visage horrifié et baigné de larmes, tous ses espoirs brisés et la vie la quitter.

Il repoussa brusquement sa victime qui tomba à la renverse. Sa tête heurta le sol dans un bruit mat. Brandon resta sur le sol, immobile, haletant et à moitié assommé. Reid put observer à loisir son torse et son ventre qui étaient couverts d'entailles, de plaies à vif et de sang.

Son œuvre.

C'était tellement grisant. Le monstre en lui jubilait et ankylosait ses pensées. Il entendit de très loin sa propre voix s'adresser à Brandon :

-Recouvre-toi de merde.

Sa proie se redressa difficilement et attrapa le sachet avec empressement. Il l'ouvrit et plongea ses mains dedans, sans hésiter, avant de se badigeonner le corps d'excréments. Reid s'appliqua à le filmer, tout en sentant le plaisir éclater en petites bulles sucrées dans son esprit…

Sa voix métallique et sortie de nulle part retentit à nouveau dans la pièce :

-Mange.

Le ton était implacable et froid. Un frisson parcourut le corps de Spencer : il perdait le contrôle… Mais se laisser aller à la vengeance pure, perdre la raison, était tellement agréable.

Et puis, il savait qu'il n'était pas fou. Il restait conscient de ce qu'il faisait…

Il lança un regard avide à sa victime qui commençait à lécher ses doigts. Brandon fermait les yeux, tout en avalant les excréments. Soudain, son corps se tordit brusquement et il vomit sur le sol poisseux. Reid sourit un peu et répéta à nouveau, tout en faisant tourner son couteau devant lui :

-Mange.

L'homme au sol fondit encore en larmes, mais s'exécuta sans dire un mot, sous l'œil attentif de Spencer. Le jeune agent entrouvrit la bouche. Sa respiration était bruyante, excitée…

Il vit à nouveau le corps de Brandon se tordre, à cause des nausées et des haut-le-cœur, mais celui parvint à se retenir de tout rendre une seconde fois.

Reid observa le corps souillé de sa victime et ne put s'empêcher de se revoir, des années auparavant, dans sa salle de bain miteuse, en train de contempler les vestiges de son corps couvert de boue, de sperme et de graffitis. Une douleur cuisante se réveilla dans sa tête et sa vue se brouilla brusquement. Il gémit violemment et fit un pas en arrière. Les souvenirs déferlaient en lui et le ravageaient.

Pris d'une épouvantable colère, il hurla sur sa proie médusée qui ne comprenait rien à ce qui se passait :

-LEVE-TOI SALE MERDE ! REGARDE COMME TU ES SALE ! ON COMPREND QUE TU N'AIES PAS D'AMIS !

Sa mère l'avait vu dans cet état. Sa mère l'avait jugé… Il revoyait son regard, il l'entendait à nouveau prononcer cette horrible phrase : « Tu sais Spencer…J'ai réfléchi… Je comprends que tu n'aies pas d'amis : tu es tellement sale. Regarde-toi ! ». La douleur se propagea dans tout son corps. Entre ses larmes, il vit sa victime, toujours à terre et se remit à crier :

-LEVE-TOI ! REGARDE-TOI DANS LA GLACE !

Sa proie se releva promptement, en tremblant violemment et se posta devant le miroir. Spencer se calma légèrement s'approcha de lui :

-Avoue que tu n'es qu'une ordure…

Brandon lui lança un regard inquiet et effrayé, puis répéta, d'une voix faible et brisée :

-Je ne suis qu'une ordure…

Reid fit glisser la lame de son couteau dans le dos de sa victime et posa un regard distrait sur le sang qui coulait.

-C'est insupportable de se voir comme ça… N'est-ce pas ?... Brise-le…

L'homme à côté de lui, tendu à l'extrême et paralysé par la terreur lui demanda faiblement :

-Briser quoi ?

Spencer lui lança un regard dément et hurla à nouveau, tout en enfonçant un peu plus la lame dans le dos de Brandon. Le cri de sa victime résonna en même temps que le sien :

-LE MIROIR !

Sa proie balança brusquement son poing dans le miroir, pour que Reid retire cette lame qui lui déchirait la peau. Une pluie d'éclats tomba sur le sol dans un bruyant tintement… L'homme à côté de lui, hébété et blessé, regarda les débris argentés à ses pieds, le souffle court, tandis que Spencer enlevait la pointe de son couteau de sa chair.

Ils restèrent un instant ainsi, côte à côte, pantelants et silencieux.

Bourreau et victime. Victime et bourreau…

A suivre...

 

 

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