Le coeur a ses raisons que la raison ignore...
Eragon et Aleisa se regardaient sans rien dire, yeux dans les yeux. Même Saphira respectait ce silence, et Eragon savait qu'elle se retenait à grand-peine. Eragon se décida enfin à lui parler, car il savait qu'ils n'avaient pas beaucoup de temps :
- Tu... Tu voudrais partir ?
Aleisa resta muette, les yeux brillants, fixés dans ceux de l'humain-elfe. Eragon s'était exprimé en ancien langage. Elle avait forcément compris.
- Si tu veux partir, hoche simplement la tête. Nous n'avons pas beaucoup de temps, tu sais...
La jeune elfe hocha la tête, ses yeux laissant échapper une larme semblable à un diamant liquide, et baissa la tête. Eragon contacta alors Saphira :
*Viens, nous allons nous enfuir d'ici...*
Aleisa leva la tête, comme si elle avait entendu, et laissa pour la première fois entendre sa voix, un son clair, chantant, en ancien langage :
- Ton dragon... Pardon, ta dragonne arrive, mais Galbatorix va la tuer. Il faut que nous partions tout de suite, Eragon !
Eragon hocha la tête, sans se demander plus que ça comment elle le savait. Il se souvint alors de ce que lui avait dit un ami : il y avait un passage secret dans ce château... Qui, selon ses souvenirs, se trouvait en dessous de sa cellule ! Il canalisa son énergie, et dit en ancien langage :
- Passage, ouvre toi !
La terre, à un mètre de lui, se souleva, laissant apparaître un escalier en pierre sombre et humide. Eragon prit Aleisa par la main, et ils s'enfoncèrent dans le sous sol froid. ils parcoururent ainsi plusieurs kilomètres, en courant comme les elfes le font, sans se lâcher la main. Saphira en était informée, et elle les attendait au bout du tunnel. Eragon savait que le moment de revoir Saphira était proche, et il courait de plus en plus vite. Soudain le passage remonta, en pente raide, et sans ralentir leur allure ils passèrent au travers de buissons et arrivèrent à l'air libre dans le crépuscule. Saphira, ses écailles bleues brillant dans le noir, rugit, mais une flèche enflammée vint transpercer la membrane de son aile gauche déployée. Elle hurla de douleur, et Eragon hurla lui aussi, sortant Brisingr de son fourreau : étrangement les gardes ne lui avaient pas prise... Il courut vers Saphira, s'assura qu'elle n'était pas trop blessée, et s'apprêta à foncer quand la douce voix d'Aleisa l'en empêcha :
- Non, Eragon, c'est un piège ! Il faut que nous partions chez les Vardens ! Eragon, suis moi !
Ils montèrent tout deux sur la Dragonne, Eragon soignant au passage à l'aide d'un sort la blessure de sa compagne, et ils s'envolèrent dans le soleil couchant...