[Nathaniel][Castiel] La passion des Amants Maudits
Ma chère Rima,
A l’heure où tu lis cette lettre, je suis ne suis certainement déjà plus.
Je l’ai compris très tôt.
Que je n’étais pas l’Elu. Ni d’Eel. Ni peut être même de ton cœur…
C’était ainsi.
Je vivais sereinement les derniers instants passés en ta compagnie, profitant de chaque seconde, mémorisant chacune de tes phrases, répondant à tes rires, prêtant attention à chacune de tes expressions, m’imprégnant de ton parfum… J’étais plongé dans une forme de léthargie profonde, emplie de rêves merveilleux.
Etrangement, c’est dans cette acceptation muette et fataliste que je vivais, en tentant d’oublier que prochainement, je ne pourrais jamais plus te voir.
Pour ton bien, je devais mourir. Et c’est dans ce désir de te protéger, de te servir, de t’accompagner, pour le meilleur et pour le pire, que l’idée m’est apparue inévitable, naturelle. J’étais la moitié de Reyx. Pour le détruire, il fallait me détruire.
Et pourtant, rien n’est plus triste pour moi que de t’imaginer lisant cette lettre. Je t’en prie, sèche-moi ces larmes que je vois couler à flots. Laisse-moi contempler ces beaux yeux tristes, leur dire que tout va bien. La mort ne me fait pas peur.
Mon unique crainte et de te savoir malheureuse.
Je ne veux pas que tu penses à moi avec nostalgie, mélancolie, tristesse… Je recommencerai à l’infini cette vie tant qu’elle croise ton chemin. Chaque mot échangé, chaque seconde écoulée… tout en valait la peine. Tout.
Tu as été la lumière de ma vie. Tu es la lumière de ma vie, Rima.
Tu es cette absente de tout bouquet. Cette fleur insaisissable, dont la beauté flétrit l’attrait de ses sœurs, et qui brille en toute circonstances. Cette fleur que j’ai regardée, dans sa solitude mélancolique, et dont la gloire est intarissable. Dont l’harmonie est incontestée, incontestable.
A cette fleur que j’ai eu honte d’aimer, par peur de la corrompre, j’adresse ces derniers mots.
A cette femme florissante au-delà de tout foisonnement ostentatoire.
Non, je ne cherche pas à te flatter de mots creux.
Non, là n’est pas mon intention. Et c’est avec soin que je choisis ces dernières lignes, sachant que celle qui me lira m’est l’être le plus cher de tous les mondes.
Je n’oublierai jamais la première fois que je t’ai vu, je ne saurai expliquer quelle évidence m’a traversée. La douceur de ton visage, tes petits sourires en coin, la manière que tu avais de te tenir, l’usage que tu faisais de tes mais, la vivacité de ton esprit… Je t’aimais.
Mais je t’en prie, ne m’en veux pas de ne pas t’avoir avertie plus tôt. Tu aurais mis tout en œuvre pour empêcher l’irréversible. Faux-espoir sur faux-espoir, tu m’aurais pensé vivant pour un siècle encore. Je ne voulais pas faire durer l’illusion. Le flèche du temps à un sens. Le destin est écrit, je n’ai pas eu droit au libre arbitre. Et puis qui suis-je, finalement ? Tu es celle qui mérite un avenir glorieux. Reste avec Castiel, il te protégera après moi.
Ne me pleure pas. J’ai été heureux. J’ai eu mon temps.
Ne t’encombre pas d’un devoir de mémoire. J’ai été heureux. J’ai eu mon temps.
A toi de saisir le tien.
Une dernière chose avant de clore cette lettre.
Ce soir-là, notre premier soir à Eel, quand on n’arrivait pas à dormir. Le soir où tu m’as dit tant de choses... Je ne dormais pas. J’écoutais Castiel pleurer. Je lisais votre avenir. Et je me taisais.
Nath