Les mystères d'Eldarya
Chapitre 17 : Chapitre 16 : Le Miel et la Lune
5936 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 17/02/2017 22:27
-ON EST LE 14 FEVRIER !!!!!!!!!!!!! crièrent Alajéa, Karenn et Sibylle.
Je me levais si vite que j’en eus le tournis, totalement sonnée par ce réveil brutal. Alajéa me pris par les joues et s’adressa à moi comme elle l’aurait fait avec un bébé.
- C’est qui le gros bébé qui va se marier ? C’est qui ? C’est ma Séliou !
Je ne pus m’empêcher de sourire et de les prendre dans mes bras, geste simple qui illustrait le bonheur pur d’une future mariée.
- Je vous aime trop les filles, dis-je en souriant
J’en avais presque les larmes aux yeux.
- Oh ne pleure pas mon bout de chou ! s’exclama Alajéa. Aujourd’hui c’est le plus beau jour de ta vie, il ne faut pas pleurer.
Je réussis à lui sourire. Ce n’étaient pas des larmes de tristesse, mais bien des larmes de joie. J’allais me marier… me marier ! Et le 14 février, symbole de l’amour. A Eldarya personne ne connaissait la valeur de la Saint Valentin, mais savoir que j’allais me marier le jour de la fête de l’amour me donnait une satisfaction incroyable.
Depuis le déplorable incident qui avait eu lieu avec Nevra, Ezarel et moi ne se quittions plus de vue. J’ai tellement eu peur de le perdre que rester loin de lui trop longtemps m’angoissait. Et lui était tellement heureux que son amour soit réciproque qu’il ne me quittait pas de peur qu’il se réveille d’un coup et qu’il se dise « ce n’était qu’un beau rêve… ». Mais non, c’était bel et bien la réalité. La plus belle des réalités.
On ne sait pas ce qu’il est advenu de Nevra. Mais je lui en voulais trop pour ce qu’il avait fait pour que je puisse me soucier de lui. Encore moins le jour de mon mariage ! D’ailleurs je ne sais pas par quelle magie Ezarel est revenu à la vie. Car il nous avait bien quitté pendant un instant… Miiko pense que c’est mon chant, et cet avis est partagé par Kero. Ewelein dit que c’est un miracle et que la science n’a aucune explication. Mais pour moi l’essentiel c’est qu’il soit en vie, saint, et sauf, et qu’il soit avec moi pour l’éternité…
Mon Dieu, je me marie !! Je me marie aujourd’hui. Cette phrase résonnait dans mon esprit avec une étrange douceur. Je me marie, et aujourd’hui je vais pouvoir débuter une nouvelle vie à Eldarya, auprès de l’elfe que j’aime. Qui aurait dit que mon destin était de marier un elfe ?
Je vais pouvoir reproduire le schéma des films Disney, vêtir une robe d’une finesse inouïe, et défiler sur mon carrosse auprès d’Ezarel pour m’installer dans un merveilleux château. Bon… le schéma ‘classique’ ne va pas être imité parfaitement. Car je ne vais pas m’installer dans un ‘merveilleux château’… Je vais aller voir la famille d’Ezarel !! Dans l’une des plus belles forêts d’Eldarya… et vivre ma Lune de Miel.
« J’ai hâte de te présenter ma famille ! »m’avait-il dit en souriant
« J’espère qu’ils ne vont pas te manger le soir en découvrant tout ce que tu m’as fait subir depuis que tu existes… »ajouta-t-il. Car Ezarel sans ce petit piquant de taquinerie n’était pas Ezarel. Comme pour se faire pardonner, après m’avoir dit ça, il me prit dans ses bras et posa un doux baiser sur mon front.
- Sélia reviens parmi nous !! s’exclama Alajéa, me tirant de mes réflexions
- Ce n’est pas normal qu’Alajéa soit plus excitée que toi à l’idée que TU vas te marier, rit Karenn.
- Arrête je suis sûre que tu caches bien ton jeu Karenn, souligna Alajéa, toi aussi tu es trop heureuse d’être… comment vous dites déjà dans votre monde… ah voila ! Nymphe d’honneur. On est des nymphes d’honneur !!
J’éclatais de rire en voyant que « fille d’honneur » s’est transformé en « nymphe d’honneur ». D’ailleurs c’en était pas moins poétique, et je ne corrigeais pas l’erreur d’Alajéa.
- Pourquoi tu rigoles ? demanda-t-elle d’une mine boudeuse.
- Parce que t’es trop mignonne.
Ma jolie sirène sourit et dit soudain :
- Bon, Karenn, Sibylle, on a une mariée à préparer !!
Sibylle et Karenn hochèrent de la tête de manière sérieuse.
- Le programme de la journée c’est : aller aux bains, puis chez l’esthéticienne, la coiffeuse, et enfin, chez la couturière pour que Sélia puisse enfin mettre sa robe avec les dernières retouches.
Sibylle et Karenn hochèrent de nouveau de la tête d’une manière quasi-militaire.
Alajéa me prit par le bras et me força vers l’extérieur.
- Hé mais attends ! Je ne peux pas aller voir Ez ?
Alajéa ouvrit grand la bouche en signe d’horreur :
- Non mais ça va pas ! Hors de question, ce n’est pas selon les coutumes ça !
Je fronçais les sourcils.
- La mariée ne peut voir le marié qu’après être totalement prête, expliqua Sibylle de sa voix sibylline.
- Et pourquoi ? dis-je un peu triste
- Pour que l’unique image que le marié retienne de son épouse soit celle d’une beauté fatale. Et non d’une Sélia à peine réveillée. Il aura l’occasion de te voir comme cela tous les prochains matins de votre vie.
Je rougis à l’allusion.
- C’est comme ça pour toutes les espèces faery ? demandais-je
- Chaque espèce à ses propres traditions mais celle-ci est commune à toutes. Dommage pour toi ! dit la jeune sirène.
Elle me reprit par les bras et dit :
- Maintenant direction les bains parfumés pour la mariée et les nymphes d’honneur.
On rit toutes en cœur et nous dirigeâmes vers les bains du QG destinés d’habitude aux invités d’honneur comme les Feng Hua. Miiko nous as légué les lieux sans hésitations d’ailleurs, elle était tellement heureuse pour Ezarel et moi que c’en était trop mignon. En plus de cela elle a insisté pour aider à la préparation de la cérémonie de mariage avec Ezarel, tout ce qui est organisation de la décoration des lieux. J’ai tenté d’y participer mais Ez m’avait dit :
- Fais-nous confiance, on va te préparer une jolie surprise.
Je n’insistais pas pour une fois. Je ne voulais pas faire ma tête de mule. En plus je lui faisais vraiment confiance.
Miiko nous attendait à l’entrée des bains. La porte était immense, peut être cinq mètres de haut sur quatre mètres de large. Elle était faite de bois poli puis verni, et était couverte d’arabesques dorées. C’était du grand art. On arrivait à entendre de l’extérieur les clapotis de l’eau, une musique douce, ainsi que des gloussements de femmes. Je fus un peu étonnée d’entendre des rires féminins, je pensais que j’allais être seule avec mes « nymphes d’honneur ».
- Sélia, je suis heureuse de te voir ! dit Miiko avec un sourire jusqu’aux oreilles.
- Moi aussi Miiko ! Dis-moi, il y a des invités à l’intérieur ?
- Ce ne sont pas exactement des invités. Toutes les femmes des différentes gardes d’Eel se préparent pour votre mariage. Il faut dire que votre histoire a eu un retentissement considérable sur Eldarya, et tout le monde souhaite assister à votre mariage ! s’exclama Miiko avec excitation.
Je ne l’ai jamais vu comme ça, elle est vraiment loin de la Miiko rigoureuse et autoritaire que je connaissais. Mais elle était tellement mieux comme ça ! Je ne sus quoi dire face à tant d’engouement.
- Je ne connais pas la liste des invités, admettais-je. Il y aura tant de personnes que cela ? fis-je, d’un coup angoissée. Ezarel voulait inviter un maximum de personnes. Sa famille ne peut pas se déplacer mais il voulait que tous les membres de la garde d’Eel y assistent. Ça doit faire une cinquantaine de personnes au maximum…
- Une cinquantaine de personnes ? dit Miiko choquée.
- C’est beaucoup trop pour vous ? dis-je en sentant avoir dit une gourde.
- J’ai bien peur que ce ne soit pas une cinquantaine de personnes qui vont venir… Mais bien plus Sélia. Tout Eldarya a entendu parler de votre histoire, et je peux te dire qu’elle en a émue plus d’un. Ce ne sera pas très privé comme cadre. Mais enfin bref, je ne vous retarde pas plus !
Miiko s’en alla alors, sous le regard pressant d’Alajéa.
- Ce n’est pas trop tôt ! Bon les filles, on se retrouve dans deux heures maximum.
- Quoi ? tu ne viens pas avec nous ? dis-je de ma voix choquée.
- Tu sais bien que j’aurais aimé, soupira Alajéa. Mais tu n’as pas une queue de sirène qui pousse à chaque fois que tu touches l’eau toi…
- Mais tu ne te douches jamais ? demanda Karenn soudain intéressée.
- Bien sûr que si patate. Mais je n’ai pas beaucoup d’élixir, et je ne peux pas me permettre de rester autant de temps au contact de l’eau. Bref, je vais aller m’enduire de crèmes et j’arrive ! Ne dépassez pas plus de deux heures s’il vous plait, j’ai promis à l’esthéticienne qu’on ne sera pas en retard ! Et occupe-toi bien d’elle Sibylle !
- Je rêve, et moi je sers de déco ? s’outragea Karenn
Aljéa lui tira la langue de loin et partit.
- Aller on rentre les filles, proposa Sibylle.
La toute petite fée semblait encore plus petite face à cette porte gigantesque. Ses petites mains cherchaient à atteindre la poignée de la porte, et Karenn l’aida discrètement en poussant la porte avec elle.
Une odeur agréable et délicate de fleurs se répandit dans mes poumons. On rentra dans une petite pièce qui servait de vestiaires pour se mettre en sous-vêtements. Heureusement qu’il n’y avait que des femmes d’ailleurs… Et cette petite pièce donnait sur la pièce centrale qui était juste… gigantesque. Une énorme salle aux multiples fonctions avec une hauteur sous-plafond exceptionnelle s’offrait à nous. De la vapeur d’eau envahissait l’espace, qui était d’une chaleur intense. Il y avait un grand bain de la taille d’une piscine municipale, avec de l’eau brûlante qui ne nous donnait qu’une envie : se jeter à l’eau. Ce grand bain était totalement moussé, et on voyait émerger des bulles tel un jacuzzi. Des trousses de bain étaient disponibles pour qui désirait, avec des savons aux parfums divers, des shampoings pour tous les types de cheveux, des mousses, des masques… Moi qui suis très coquette, je me suis retrouvée face à un petit paradis merveilleux.
Il y avait une vingtaine de filles de différentes gardes qui se baignaient dans une ambiance très féminine, et lorsqu’elle me virent elles crièrent :
- Longue vie à la mariée !!
Et tel un conte oriental, les jeunes femmes se mirent à pousser des youyous aigus en m’acclamant. J’en rosis de gêne.
- Tu es magnifique, me dit une jeune femme aux formes généreuses, tu as des yeux encore plus beaux que ce que l’on raconte.
Avant que je ne puisse la remercier une autre me dit :
- Ce qu’Ezarel est chanceux d’épouser une femme comme toi !
- Viens on va s’occuper de toi !
Sibylle et Karenn se sourirent alors que moi je me faisais kidnapper par ces femmes. Elles m’exfolièrent la peau, ou plutôt m’arrachèrent la peau. J’en gémis de douleur.
- Ne fais pas ta doucette, c’est pour que ton mari n’aie pas envie d’arrêter de te caresser ! me dit la jeune femme de tout à l’heure.
J’avais envie de disparaitre…
Elles me savonnèrent comme ma mère le faisait quand j’étais petite. Un brin de mélancolie me secoua. Rien n’est plus comme avant.
- Tes cheveux sont tellement humains ! s’exclama une petite fille.
Je ne savais pas ce que pouvait bien signifier cette expression…
- Ces boucles noires sont tellement originales, me complimentèrent les filles.
Une nouvelle vague de youyous envahit les bains.
Je jetais à coup d’œil vers Sibylle et Karenn. Elles aussi se faisaient chouchouter.
- Mais tu es musclée en fait ! s’exclama une femme en tâtant mes bras.
- C’est pour mieux me défendre. Je m’entraine avec Valkyon.
Des cris suraigus d’excitation gagnèrent la salle.
- Le vrai Valkyon ? Le chef de garde ? tu le vois tous les jours ?
Et c’est ainsi que je me suis avérée être entourée d’un fanclub qui n’avait d’yeux que pour Valkyon... Dieu merci Alajéa n’était pas là sinon elle aurait pété un câble. Elle était très possessive et tenait à son Valkyon. Mais pour faire plaisir aux filles je répondis à leurs questions lorsque je connaissais les réponses. On passa les deux heures à discuter de tout et n’importe quoi et les éclats de rires étaient plus que fréquents.
Les deux heures s’écoulèrent avec une rapidité surprenante, et je ne voulais plus quitter les bains. Je me levais à contrecœur pour partir mais les filles insistèrent pour me poser un masque de dernière minute sur le visage pour que mon « teint soit plus lumineux ». Je le laissais reposer, me rinçais le visage et sortit. Je quittais les filles en les remerciant.
- On se revoit toutes ce soir ! s’exclamèrent les filles en riant.
En me séchant, je n’arrivais pas à croire que ma peau était si douce. Je me regardais dans le miroir et fut surprise par le reflet qu’il me renvoyait. Les crèmes étaient juste ultra hydratantes, je sentais bon, mon teint était homogène, mes cheveux n’ont jamais été aussi souples et mes boucles dessinaient des belles courbes… Je ne portais aucun maquillage et pourtant je me sentais plus belle que d’habitude. Mes lèvres étaient rouges sang, mes yeux plus violets que jamais… Mon teint était vraiment plus clair, c’en était choquant.
- Elles ont toutes été adorables, dis-je à mes nymphes d’honneur en parlant des femmes.
- C’est pas comme ça sur Terre ? demanda Sibylle surprise.
- Je ne sais pas, j’ai jamais eu l’occasion d’assister à un mariage en tant qu’invité important.
- Ici on se serre toutes les coudes, la solidarité féminine est très forte à Eldarya. On vit dans un monde avec de multiples tensions, et lorsque les hommes partent, souvent pour des mois, on reste ensemble et on se rassure mutuellement.
Alajéa débarqua dans les vestiaires comme une furie et s’exclama :
- VOUS AVEZ UNE HEURE DE RETARD !
Karenn mit la main devant sa bouche pour étouffer un rire.
- Je ne trouva pas ça drôle moi ! Aller venez avant que je ne vous transforme en mollusques décérébrés.
On suivit toutes les trois Alajéa. Mais avant de sortir elle me donna un vêtement.
- Tiens porte ça, personne ne doit voir encore la mariée.
- Mais tu avais dit que ce n’était que le mari qui…
- Tut, tut, tut, aucune protestation, je sais très bien ce que j’ai dit !
Je mis donc une sorte de machin entre une tunique et une robe, d’une blancheur chaste, avec une capuche pour cacher mes cheveux.
- Mais c’est MOCHE ! m’exclamais-je
- Je ne veux rien savoir, dit Alajéa.
Elle me mit le truc de force et on se dirigea vers l’esthéticienne. On arriva face à la porte après quelques minutes de marche.
Celle-ci, lorsqu’elle me vit faillit pleurer de joie.
- Alajéa ma poupée, il fallait me dire que tu me donnais un diamant brut à tailler. Mais quelle beauté ma chérie !
L’esthéticienne était une sorte de kitsune tirée à quatre épingles, avec des cheveux formant un chignon serré simple et très soigné. Ses lèvres étaient d’un rose mate et ses rides étaient cachées par des couches de fond de teint. Elle ne négligeait rien à son apparence malgré son âge avancé et son métier lui allait très bien.
- Je vous en prie asseyez-vous, dit-elle en s’adressant à moi.
Elle ne fit aucune remarque quant à notre retard et je fusillais Alajéa du regard pour nous avoir tant stressé.
- Que voulez-vous exactement ma chère ?
- Heu…
- Faites-lui ce que vous voulez ! dit Alajéa qui prenait décidemment beaucoup de libertés aujourd’hui.
Les yeux de l’esthéticienne s’illuminèrent.
- Même la coiffure ?
Je suppliais Alajéa de ne pas répondre par l’affirmative.
-Même la coiffure !
L’esthéticienne sautilla de joie.
- Oh et couvrez aussi le miroir, sinon ce n’est pas drôle.
Je vais tuer Alajéa. Oh mon Dieu je crains le pire.
Elle s’approcha de moi et je lui chuchotais d’une voix pressante :
- Mais qu’est-ce que tu fais Alajéa ? Je sais pas si je peux faire confiance à cette dame, c’est mon mariage quand même !
- Ecoute Sélia, Mlle. Lys est la meilleure esthéticienne d’Eldarya. Des reines viennent ici pour se faire coiffer par elle. Elle a des doigts de fée et va te faire le plus beau maquillage au monde. Fais lui confiance. Et de toute façon je sais que tu ne sais pas ce que tu veux.
Elle marquait un point là… Je me décidais donc à m’abandonner à cette bonne dame et prier pour que le résultat soit à la hauteur de mes espérances. De toute façon ça ne m’aurais pas dérangé d’y aller aussi naturelle que maintenant. Mais un maquillage raté aurait des conséquences catastrophiques.
Je sentais les poudres se mêler dans mon visage, des crèmes se répandre sur ma peau. Ce n’était pas désagréable. Puis vint le moment de la coiffure. Mme. Lys remonta les manches de son chemisier et j’ai même cru l’entendre dire : « à nous deux ! ». Je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. Je ne sais pas ce qu’elle faisait de mes cheveux mais ça faisait mal. Elle passa un coup de pinceau sur mes lèvres, et je devinais déjà l’intensité de la couleur.
- Et voilà ! s’exclama Mme. Lys. Un chef d’œuvre !
Sibylle et Karenn qui s’ennuyaient depuis tout à l’heure jetèrent un coup d’œil, puis furent scotchées. Elles ne disaient rien et ça me faisait flipper.
- Qu’est-ce que vous avez toutes les deux ? Vous me stressez !
Elles ne répondirent pas.
- Regarde toi pour voir, dit Alajéa avec un regard de vainqueur.
Je me regardais dans le miroir. Je n’y croyais pas.
- Tu es un ange… dit Sibylle.
La coiffure était légère et sophistiquée, et des mèches encadraient joliment mon visage. Des fleurs blanches étaient posées sur mes cheveux. Mes cheveux étaient si noirs comparés à mon teint éclairci. Mes lèvres étaient d’un rouge bordeaux doux, non agressif. Un mascara noir accentuait la clarté de mes yeux violets, et même avec les yeux ouverts mes cils touchaient mes paupières supérieures.
- Merci… balbutiais-je à l’intention de Mme. Lys.
- Un chef d’œuvre ! s’exclama-t-elle émue, comme si elle m’avait engendrée.
- On s’excuse Mme. Lys, on doit aller chez la couturière pour que Sélia ne soit pas en retard.
- Un chef d’œuvre ! s’exclama-t-elle comme si elle ne m’avait pas entendue.
On partit et on s’assura qu’elle allait bien venir au mariage.
- Bien sur mes enfants ! Qui n’y va pas ?
Heureusement la couturière était à deux mètres de l’esthéticienne.
- Il est déjà 16 heures Sélia ! La cérémonie commence à 18 heures !
- C’est bon on a le temps…
- Non ! Allez grouillez les filles !
Je lui souris. Je l’aimais bien ma petite Alajéa.
La couturière était aussi bizarre que Mme. Lys. Sauf que c’était UN couturier…
- Oh ma chérie, quel plaisir de te revoir ! s’exclama M.Lord
Il m’approcha de lui avec son mètre et commença à me mesurer de partout.
- Parfait ! Oui, bien… Un peu plus ici. Deux petit réglages…
J’ai réussi à me convaincre qu’il parlait tout seul.
- Karenn, Alajéa et Sibylle, vos robes sont prêtes, allez vous habiller le temps que je vérifie que la robe de Sélia est parfaite.
Elles gloussèrent et partirent mettre leurs robes.
- J’ai ajouté un petit quelque chose à ta robe Sélia ! C’est juste trop mignon, je te montra ça tout de suite !
M.Lord ramena ma robe sur un mannequin qui faisait exactement ma taille et mes mensurations. Elle était encore plus belle qu’en vrai. Une belle robe sirène blanche qui mettait en valeur mes formes. Elle était longue et traînait sur au moins deux mètres. Le tissu était très fin et fait de dentelle. Un joli voile allait de part et d’autre de mes hanches et… l’apothéose furent les ailes magnifiques ajoutées à la robe. C’était le « petit quelque chose mignon » ajouté. De longues ailes magnifiques qui finalisaient l’idée d’ange. J’aime ce couturier.
Je n’avais qu’une hâte : porter la robe! Ce que je fis. En me regardant dans la glace, je sus qu’il me manquait quelque chose pour être réellement complète. Je pris la lulynaë que je gardais toujours sur moi, et la posais sur mes cheveux. J’étais prête.
- Les filles !! On est prêtes !! criais-je
Je vis mes nymphes d’honneur débarquer avec des robes magnifiques.
- Les filles !! Aller on y va !! dis-je toute excitée.
- Tu ne nous complimentes pas ? taquina Karenn.
- VOUS ETES SUBLIMES !! m’exclamais-je euphorique. Les filles je stresse trop.
Le couturier nous regardait un mouchoir à la main.
- A tout à l’heure mes chéries, dit-il en reniflant bruyamment.
Je pris mes amies par le bras et leur demanda :
- Est-ce que vous pensez que je vais plaire à Ez ?
Je n’arrivais plus à respirer calmement tellement je stressais.
- Je ne sais pas comment il va faire pour attendre la Lune de Miel en te voyant…
- Pff mais oui bien sûr. Tu m’aides pas à déstresser !!
- Je pense que ça va beaucoup plaire à Ez… la lulynaë est vraiment à sa place.
- C’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire Sibylle, dis-je en la serrant dans mes bras.
J’avais tellement hâte de voir Ez, je me demandais à quoi il allait ressembler. Mais j’étais également très angoissée… Non en fait ce n’était pas de l’angoisse. L’angoisse c’est désagréable, alors que moi je me sentais juste… bizarre. Des papillons avaient élu refuge dans mon ventre, et ne cessaient de virevolter dans tous les sens. Je les calmais tant bien que mal, mais eux ne pensaient qu’à danser dans les airs.
On était à une demi-heure de marche jusqu’à la plage. Je ne sais pas comment j’allais tenir jusque-là… Je voulais voir Ezarel sur le champ. En plus j’étais trop fatiguée pour marcher, et j’avais peur d’abîmer ma robe. Mais alors qu’on sortait à peine de chez le couturier, je vis un carrosse majestueux se mettre du côté de la chaussé. Je me dis qu’il devait appartenir à un personnage important. Les chevaux étaient si blancs que la neige paraissait grise en comparaison.
- Alajéa, Karenn, Sibylle, regardez ce magnifique carrosse ! A votre avis je peux m’approcher des chevaux ?
Sibylle dit :
- Ce sera même nécessaire.
Je ne compris pas tout de suite l’implicite de la phrase. Puis je me figeais.
- Ce… C’est… Nous… Vraiment ? balbutiais-je
- Oui Sélia, dit Alajéa en rigolant, vas-y monte !
Mon cœur battait la chamade. Je m’approchais de ces créatures majestueuses et touchais leur robe éclatante. Le cocher, un jeune adolescent habillé en costar, m’aida à monter. J’ai cru voir ses joues qui s’empourpraient lorsque je lui souris pour le remercier, ce que je trouvais attendrissant. Je fis attention à ne pas abîmer mes ailes, et m’assis en m’appuyant sur les ornements dorés du carrosse. Sibylle, Alajéa et Karenn me rejoignirent et s’assirent en face de moi.
- Vous étiez au courant qu’on allait rentrer sur ce carrosse ?
Elles hochèrent la tête.
- Et vous ne m’avez rien dit ?
- Miiko a tenu à te faire cette petite surprise, expliqua Karenn.
C’était tellement adorable de leur part que je faillis en pleurer. Je les ai prises dans mes bras et les serrais très fort en murmurant :
- Vous êtes les meilleurs amies du monde !
A mesure que l’on se rapprochait vers notre destination finale qu’était la plage, je sentais le regard des faeliens se poser sur moi, et je lisais dans leurs regards une certaine empathie, parfois de l’admiration. Mais d’autres personnes, en me voyant, décidaient de se joindre à nous vers le mariage en criant des : « Vive la mariée ! » ou bien « Longue vie à Sélia et Ezarel ! ». Je leurs envoyais des sourires et m’imaginais les serrer dans mes bras. J’aurais aimé arrêter le carrosse pour prendre le temps de les remercier comme il se doit mais je n’avais pas le temps.
Les paysages avaient des allures de tableaux impressionnistes dû à la vitesse du carrosse. Ce n’était qu’une palette de couleurs floues apaisantes. La vue était tellement magnifique que je n’éprouvais même plus besoin de parler à mes amies pour tuer le temps. J’avais l’impression que je pourrais rester pour toujours sur ce carrosse, m’endormir sur ces coussins moelleux, et respirer cet air frais si naturel. C’était le plus beau jour de ma vie. Mes cheveux noirs virevoltaient dans tous les sens et je ne fis rien pour les calmer. J’aimais me sentir en harmonie avec la nature. La campagne laissa place doucement à du sable fin, et je ne réalisais pas tout de suite qu’on était à deux secondes d’arriver.
- Descends princesse, on est arrivés, dit Alajéa d’une voix étonnamment douce.
- Oh attends ! dit Sibylle.
Elle posa sur mon visage le voile des mariées.
- Tu peux descendre maintenant, conclu-t-elle
Je descendis et fut absolument scotchée par ce que je vis.
Des milliers de faeriens étaient là, certains autour de tables, d’autres sur le sable. Lorsqu’ils me virent ils m’acclamèrent moi et Ezarel. Je ne pus bouger, nouée par l’émotion.
Dans le brouhaha assourdissant des acclamations, je vis la silhouette de Leiftan apparaître. Il s’inclina respectueusement et dit :
- Aurais-je l’honneur de vous accompagner jusqu’à votre époux ?
Incapable du moindre mot, j’acceptais le bras que m’offrait Leiftan. Un joli sillon a été dessiné sur le sable, et était parsemé de pétales de roses. On l’emprunta, et mon cœur rata un battement lorsque je vis que ce chemin menait vers l’arche des mariés, vers Ezarel…
Ma longue robe traînait sur le sable, et je vis jaillis de nulle part des enfants qui prirent des pans de ma robe pour l’empêcher de toucher le sable. Peu importe les cultures, il y a des choses qui sont immuables.
Dans le décor, on retrouvait la touche romantique d’Ezarel. Des fleurs, des lucioles, des fontaines, des rubans de dentelle joignant deux poutres… C’était magnifique. Le soleil se couchait, et se déliait de ses rayons pour les fusionner aux nuages. Le ciel était doré, tirait vers le rose, vers le bleu…
Mon cœur rata un battement
Ezarel.
Il était là.
De beaux yeux verts emplis de tendresse me regardaient.
Totalement assumés.
Un beau sourire sincère.
Un peu timide.
Je quittais le bras de Leiftan pour rejoindre celui d’Ezarel.
La foule cria pour signifier sa joie.
Ezarel posa ses longs doigts sur mon voile et découvris mon visage.
A l’instant même où il vit mon visage, secoué par l’émotion, je sentis ses yeux s’embuer.
Je serrais le plus fort possible ses mains, pour qu’il comprenne que moi aussi j’éprouvais la même chose.
A Eldarya, il n’y avait pas de prêtres pour lier les mariés. Les futurs époux devaient tous deux proclamer un discours, et ainsi ils seraient unis pour la vie. A Eldarya il ne fallait prouver rien à personne, deux être qui s’aiment se marient, et c’est ainsi. L’homme devait toujours commencer le premier.
Ezarel se racla la gorge. A l’instant même où il commença à parler, la foule se tut. On aurait même pu entendre un papillon voler à cet instant.
- Sélia, mon amour…
Ma gorge se noua. Ezarel fit une pause, gagné par l’émotion.
- Pourvoir t’appeler ainsi est la plus belle des choses qui puisse m’arriver. Mon amour. Ma vie. Ma femme. Aujourd’hui, je suis le plus heureux des elfes, accompagné de la plus belle femme d’Eldarya.
La foule cria de joie, nous arrachant un sourire.
- Aujourd’hui, poursuivi-t-il, je sais que la vie sans toi m’est impossible. Que même le plus tendre des jours me semblera fade sans toi. On dit que le bonheur est promis à ceux sur qui le soleil luit le jour de leur mariage. Et regarde ce ciel Sélia, qui se joint à nous aujourd’hui et pour toujours. Il symbolise notre amour sans fin, ou dont la fin est infinie. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé… mon amour.
Je voulais pleurer et le prendre dans mes bras. Je sentais mes yeux s’embuer, mais je ne pouvais pas me laisser aller, c’était à moi de faire un discours à la hauteur de celui d’Ezarel. J’entendis des pleurs émaner de la foule et ça me fit sourire.
- Ezarel, mon amour…
Il me sourit avec tendresse.
- Rien ne me comble plus que d’être là, avec toi, mes mains dans les tiennes. Et je sais que peu importe le lieu, peu importe le temps, je sais que rien ne pourra jamais altérer l’amour que je te porte. Il faut de tout pour faire un monde mais il ne me faut que toi pour faire le mien.
Un « oh » long et prolongé sortit de la foule.
- Vous pouvez embrasser la mariée ! dit Leiftan en jouant le rôle du prêtre.
Je posais mon front contre les sien jusqu’à ce que les bout de mon nez touche le sien. Il s’approcha se moi, posa ses mains sur ma taille et m’embrassa avec passion. Il sentait aussi bon que d’habitude…
- Longue vie aux mariés !!! cria Alajéa
Je vis Valkyon qui était juste derrière mon amie. Il lui toucha l’épaule, et celle-ci se retourna d’un coup. Sans rien dire, il l’approcha à lui et l’embrassa avec amour. J’ai le sentiment qu’on va avoir plein de choses à se dire…
Les musiciens jouèrent un morceau de fête qui incitait à danser. La fête ne venait que de commencer… Je songeais à tout ce qu’il me restait à vivre, à tout ce que j’allais bien pouvoir faire avec Ezarel. Je songeais à sa famille que j’allais découvrir, à notre lune de miel, à notre vie ensemble à la garde. Le plus bel avenir qui puisse exister.
Lorsqu’on fut seuls sans la foule pour nous épier, je dis à Ez :
- Je suis vraiment heureuse aujourd’hui…
- Et qu’est-ce qui te rend le plus heureuse ? me demanda-t-il d’un ton taquin
- A quoi penses-tu petit elfe ? dis-je d’un ton faussement méfiant.
- Oh non à rien ! dit-il en faisant semblant de fixer un point
Je lui donnais un coup de coude en lui murmurant : tu n’as pas honte !
- Donc tu disais… ? poursuivit-il en ignorant ma remarque
- … que j’étais heureuse vu que je vais pouvoir te toucher les cheveux chaque soir à partir de maintenant. Et que tu ne peux rien faire contre cela.
Je le sentis frissonner. Et en passant ma main sur son bras mon observation se confirma, il avait la chair de poule.
- Je t’aime tellement que s’en est douloureux Sélia. Je n’ai même plus la force de t’embêter. Je t’aime trop. Ça me fait peur.
- Qu’est-ce qui te fais peur ? chuchotais-je entre ses bras.
- De te perdre.
- Ça n’arrivera pas… Ça n’arrivera pas… Regarde le ciel pour t’en convaincre.
Il posa son menton sur ma tête et observa le ciel qui brillait toujours.
- Notre histoire commence de la plus belle manière qui soit…