Myna DRACULA

Chapitre 4

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:40

Quelques semaines plus tard, la vie avait repris son court normal.

 

Sandor avait ouvert son cabinet au village, Nick lui servait d’aide et de secrétaire, en profitant pour prendre ses premiers cours de médecine. Madame Marinesco, quant à elle avait ouvert un cabinet d’infirmière. A présent elle travaillait main dans la main avec le médecin.

 

Julie, elle, s’occupait de ses jumeaux. Pour l’aider, mon père avait pris à son service la fille aînée de Piétrava et Ector. Elle était devenue leur nourrice.

 

Un jour, alors la jeune femme était malade et que Julie l’avait renvoyée chez elle. La jeune maman se lamentait, car sa première sortie depuis des mois avec son mari, était annulé. Je proposais mon aide.

 

-         Tu es sûre, nous pouvons appeler Nikola.

-         Impossible, il est parti avec Madame Marinesco dans la montagne pour effectuer des soins.

 

Julie sembla réfléchir un instant. Puis regarda son mari.

-         Bien je te fais confiance. Je viens de les nourrir. Ils dorment dans leurs lit. S’ils se réveillent, il te faudra les changer et peut être leur redonner à manger. Les biberons sont au réfrigérateur. Tu n’auras qu’à les faire réchauffer.

-         Bien, les changer et les nourrir

-         Par contre, repris Julie, il ne faudra pas les sortir.

-         D’accord.

 

Julie et Sandor allèrent se préparer. Puis ils sortirent.

 

Les petits dormirent encore un moment. Ils finirent par se réveiller et se mirent à pleurer. Je les changeais, puis préparait leurs biberons. Je le leur donnais.

 

Quand tout fut fait, les bébés ne voulurent pas se rendormir. Je les rechangeais mais, ils ne se calmèrent pas. Je les habillais chaudement et les plaçais dans leur poussette. Nous sortîmes dans la cour, puis nous avancèrent encore et encore. A chaque fois que je tentais de m’arrêter, ils se remettaient à pleurer.

 

Lorsque je fut sûre, qu’ils étaient bien endorme, je fit demi-tourr. Le chemin du retour fut long, je n’avais pas remarqué que j’étais aller aussi loin.

 

Quand je pénétrai dans le hall, j’étais attendue par Julie et Sandor, ainsi que mon frère.

 

Julie attrapa la poussette et sorti avec ses enfants, sans un mot. Sandor quant à lui me regarda dans les yeux et me dit :

 

-         Myna, tu nous as vraiment déçus, Julie et moi pensions que nous pouvions te faire confiance, mais au lieu de cela tu as bravé le formel interdit que nous avions énoncé.

 

Je ne comprenais rien de ce qu’il me disait. Je tentais de dire quelque chose, mais mon frère m’interrompis, et se leva en m’intimant de me taire. Puis il me prend par le bras et m’emporte vers ma chambre. Je sais qu’il est inutile de résister, et quand bien même il me viendrait à l’idée de le faire, je savais qu’il n’utilisait envers qu’une infime partie de sa force.

 

Dans ma chambre, il m’ordonna de m’asseoir devant mon bureau, puis me dit :

        

-         Tu vas achever ta journée dans ta chambre, tu vas…

-         Qu’est ce que…

-         SILENCE, me dit-il d’un air sévère. Si tu ne sais pas ce que tu as fait, tu vas y réfléchir. Ton acte était irresponsable… Julie et Sandor te faisaient confiance.

 

Je restai interloquée, je ne comprenais rien, quel acte irresponsable, en quoi avais-je déçu le fils adoptif de mon père et son épouse ?

 

-         Je n’ai rien fait de mal… Tu n’as pas le droit de me faire cela…

-         Dis-toi bien une chose jeune fille, aussi longtemps que je vivrais je serais responsable de toi, ton tuteur, ce qui veut dire que j’ai le droit d’agir comme je l’entends en ce qui concerne ton éducation.

 

Je baissai la tête, je bouillonnai. Mais lui continuait :

 

-         Tu vas prendre une feuille et réfléchir à tes actes. Ces derniers temps tu es une vraie calamité, tu enchaînes les bêtises. J’ai été bien assez indulgent.

 

Sur ces mots Mircea sorti de la chambre dont il ferma la porte à clef. Je restai seule dans ma chambre et pleurai. Non pas de repentir, mais de rage contre mon frère qui me faisait cela, alors que je n’avais rien fait de mal.

 

Je regardai autour de moi pour voir si je pouvais m’échapper. La fenêtre ? Mieux valais ne pas y penser, la maison était à pic sur le versant sud, celui de ma chambre, et il y avait au minimum dix mètres de vide en dessous. La porte ? Contre laquelle je me lançais avec violence, mais elle était trop solide pour être brisée et je ne pus que frotter mon épaule endolorie.

 

Je cherchais quelques choses à briser. Les murs en pierre froide étaient recouverts de tentures indéchirables, restait la plume et le papier et un livre que Mircea m’avait prêté. Je saisis la plume, la jetai à terre, l’écrasai sous mon pied, je déchirai le papier en mille morceaux. Je me précipitai sur le livre, en arrachait les pages que je chiffonnai et le mit en pièce. Je fit valser tous les objets qui se trouvaient sur mon bureau. Je voulais aussi briser la chaise, mais je n’en eus pas la force et retombai par terre haletante et en sueur.

 

Quand je n’eus plus rien à casser et à déchirer, je fut bien obligée de rester tranquille. Petit à petit, ma colère retomba et se calma. Je me mit à réfléchir, et je fut épouvantée par le spectacle qui s’offrait à mes yeux. Ma chambre d’ordinaire si bien rangée était un vrai champ de bataille. Tout était brisé ou déchiré. Mon lit était retourné, les tentures du baldaquin étaient arrachées, les plumes de mes oreillers que j’avais éventrés voletaient encore autour du lit…

 

Qu’allait dire mon frère ? Qu’allait-il penser ou faire ? Ah bah ! N’y pensons plus et tâchons de dormir… Je m’allongeais sur les vestiges de mon lit et fermai les yeux, mais le sommeil me fuyais. J’étais inquiète, je tressaillait au moindre bruit, je croyais toujours voir la porte s’ouvrir.

 

Une heure se passa. J’entendis la clef tourner dans la serrure. Je ne m’étais pas trompée cette fois-ci : la porte s’ouvris et mon frère entra. Je m’assoyais sur mon lit et restai interdite. Je m’attendais à ce qu’il me saute dessus et me file la correction que je méritais mais au lieu de cela, il regarda les papiers et me dit d’un ton calme :

 

-         Lèves-toi et ramasse tout cela, Myna.

 

Je ne bougeai pas.

 

-         Je te dit de ramasser tous ces objets, répéta Mircéa.

 

Je restai immobile. Mircéa toujours calme reprit :

 

-         Tu ne veux pas ? Tu as tort : tu aggraves ta faute et ta punition par conséquent.

 

Mon frère appela : « Julie, Piétrava, voulez-vous venir un instant, je vous prie ? ».

 

Les deux femmes entrèrent et restèrent ébahie devant ce désordre. Piétrava en vint même à se signer.

 

-         Ma bonne Piétrava, voulez vous je vous prie, ramasser ces débris ? c’est Myna qui a mis en pièce toute sa chambre. Et vous Julie voulez vous m’apporter une autre plume et du papier, vous en trouverez dans mon bureau. Puis si vous le voulez bien vous aiderez Piétrava à emporter tout cela, car je crois que deux bras n’y suffiront pas.

 

Pendant que notre cuisinière balayait les papiers et que Julie était aller chercher les objets demandés, puis pendant qu’elles emportaient les débris, mon frère s’était assis sur la chaise qu’il avait ramassée et me regardait. Moi, tremblante devant son calme, j’aurais tout donner pour n’avoir pas laisser ma fureur m’emporter.

 

Quand les deux femmes eurent fini et furent sortis, Mircéa se leva, m’appela tranquillement et me fit à nouveau asseoir sur la chaise, puis me dit :

 

-         Tu vas faire le travail que je t’ai demandé, et en plus, puisque tu te comportes comme une enfant , tu copiera cinq cent fois : « je prendrais soins de mes affaires et celles des autres à l’avenir ». Tu n’aura pour dîner que de la soupe, du pain et de l’eau. Tu paiera les objets que tu as cassé avec l’argent que tu doit avoir chaque semaine. Au lieu de revenir avec nos amis, tu passera tes journées ici. Je t’y enverrai tes repas. Tu ne sera délivrée que lorsque le repentir, un vrai repentir sera entré dans ton cœur, pour ton égoisme, ton irresponsabilité et ta vanité, de ton esprit de colère et de ta méchanceté qui t’ont porté à casser tout ce que tu pouvais briser et déchirer, de ton esprit de révolte qui t’a poussé à résister à mes ordres.

 

Sans une parole de plus, Mircéa s’en retourna et ferma la porte derière lui, mais sans en tourner la clef. Il savait que ses paroles avaient fait mouche et portées au bon endroit.

 

Cette preuve de confiance me toucha et augmenta mon regret d’avoir été si détestable. Comment me dis-je, ais-je pu me livrer à une telle colère, et être aussi hardie envers une personne à qui je doit tout, et si douce que mon frère Mircéa.

 

Je continuais sur le fil de mes pensées, les traçant au fur et à mesure sur le papier. Alors que je ne sus plus quoi écrire, Julie entre pour m’apporter  mon dîner, une assiette de soupe, un gros morceau de pain et une carafe d’eau.

 

-         Voici, mademoiselle, un vrai repas de prisonnière. Mais si tu as faim, tu le trouvera bon tout de même.

-         Hélas, ma bonne Julie, je n’en mérite pas tant, c’est encore trop bon pour une fille comme moi.

-         Ha, ha ! Nous avons changé de ton depuis tantôt. J’en suis bien aise, Myna. Si tu t’étais vu ! Tu avais un air, mais un air… Vrai, on aurais dit un démon.

-         C’est que je l’étais vraiment, mais j’en ai bien du regret, je t’en assure, et j’espère bien ne jamais recommencer. Vois-tu, j’étais en colère car je ne savais pas pourquoi j’étais puni, et Mircéa refusais de me répondre et me laisser me justifier.

-         Alors je vais te répondre. Tu te souviens, lorsque nous sommes sortis avec Sandor, nous t’avons signifié que tu ne devais pas sortir les jumeaux. Ils sont malade, et je préférais éviter que cela ne s’aggrave. Quand nous sommes rentrés, il n’y avait personne, pas de billet laissé, rien, nous avons pris peur. Ton frère est rentré peu de temps après nous et quand nous lui avons expliqué notre malaise, il a été tout aussi affolé que nous, nous avons eu du mal à le retenir…

-         Je comprend à présent, mais je ne pensais pas à mal. J’avoue, que j’ai oublié ta recommandation mais ils pleuraient et c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour les calmer.

 

Pendant cette discussion je m’étais mise à manger et j’avalais  mon repas. Quand j’eu terminé, Julie emporta les restes et me laissa seule à ma méditation.

 

Docilement je me remit au travail et fit les lignes. Quand j’eu enfin fini, je me couchai et ne tardai pas à m’endormir.

 

La journée du lendemain se passa assez tristement. Je passais le début de ma journée dans ma chambre. Personne ne vint me voir, sauf Julie qui vint m’apporter mon déjeuner.

 

-         Comment va mon frère, Julie ?

-         Il va bien, seulement il n’est pas gaie…

-         Il est en colère contre moi ?

-         Non, je ne crois pas. Hier soir il a eu une longue discussion avec Piétru et quand ils sont sortis, il avait l’air rassénérer.

-         En qu’en dit Piétru ?

-         Lui il dit que ton frère a eu raison d’avoir été sévère avec toi. Vois-tu, tu arrive à un âge où il faut t’inculquer certaines choses qu’une vie passée à courir par mont et par vaut ne peuvent t’enseigner, tel que la discipline, la responsabilité et bien d’autres choses.

-         Je comprend… Je te remercie…

 

Au moment de sortir, Julie me lança :

 

-         Au fait, ton frère a laisser entendre que si tu a fini ton travail avant demain matin, tu pourrais peut-être te rendre au village pour effectuer tes derniers achats de Noël.

-         Oui, mais malheureusement, mes derniers deniers vont servir à payer mes dégats d’hier.

-         Oh… désolée.

 

Avant que Julie ne sorte, je lui remit mes "devoirs" en lui demandant de bien vouloir les remettre à mon frère.

 

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Mon emprisonnement dura environ une semaine. Une semaine durant laquelle je ne vis que Piétrava.

 

Il ne m’adressait pas la parole, si ce n’est la première fois qu’elle m’apporta mon plateau pour me dire que mon frère avait interdit que l’on me parle et par conséquent avait interdit à Julie et sa famille de monter me voir.

 

Au bout de la semaine, alors que je me réveillait dans mon lit inconfortable, (Mon frère avait interdit qu’on me les remplace. Il avait dit que si je voulais d’autres oreillers, je n’avais qu’à en racheter avec mes propres deniers), mon regard se porta involontairement sur la porte de ma chambre. Elle était ouverte, et je sus que j’était libre. Je me levai, et me rendit dans le bureau de mon frère. Il était assis à son bureau dans le noir, très concentré. A tel point, qu’il ne remarqua pas ma présence, ou en tout cas, ne la releva pas.

 

Je passais dans la cuisine, il n’y avait personne. Tant mieux, je ne voulais voir personne pour l’instant. Je ne voulais pas avoir à m’expliquer aujourd’hui. Je me rendais à l’écurie. Je préparais mon Rovine que je n’avais pas vu depuis le début de mon isolement, et le montais. Je laissai me cheval avancer à son gré, l’air frais me faisait du bien. Je retrouvais enfin ma liberté.

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