Myna DRACULA

Chapitre 1

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 07:39

Je me nomme Myna DRACULA, j’ai dix-huit ans et je suis née un 31 octobre, au château d’Amlas en Roumanie.

 

Je suis la fille de la Princesse Ilina de Hongrie (sœur du roi Mathias) et de Vlad III DrÇŽculea, autrement appelé Vlad Tepesh dit l’Empaleur, ou plus communément Comte Dracula, simple vampire, décrit par un célèbre écrivain irlandais (que je déteste, même s’il n’avait pas tort sur le point essentiel), comme une créature des ténèbres assoiffée de sang, sans cœur et sans âme.

 

Quoi qu’il en soit et sans revenir sur la transformation  de mes parents, mon père était un vampire à part entière et, on a jamais su pourquoi, ma mère était un hybride, mi-vampire, mi-humaine. Et après bien des années de séparation (l’un et l’autre, croyant l’autre mort), et quelques aventures, amoureuses ou non, des deux côtés, mes parents se sont réunis à nouveau et de cette unions naquirent deux enfants. Un garçon tout d’abord, puis, plus tard, bien plus tard, une fille.

 

Le premier fut appelé Mircea, en l’honneur de son grand-père paternel, mort au combat, bien des décennies auparavant. Il avait hérité des traits de son père, mais la chevelure blonde de son autre oncle paternel Radu (traître à son nom, et à son pays). Mon père, tout d’abord déconcerté, ne l’en aima que plus, car, comment un si petit enfant pouvait-il être responsable des erreurs de ses aînés.

 

Mircea est né complètement humain, mais a dû être transformé à l’âge de vingt sept ans, à cause d’une attaque de notre oncle Radu qui avait failli lui coûter la vie. Ce dernier aillant subi la même malédiction que son frère.

 

A ma naissance, et suite à une grossesse extrêmement difficile pour ma mère, qui si j’en crois le journal de mon père, aurait pu coûter la vie à ma mère si elle n’avait pas été un hybride, il fit tester mon sang et il s’avéra que je possédais tous les gênes vampiriques mais que rien ne s’était encore développé chez moi. Mes parents décidèrent donc que je serais élevée comme n’importe quel enfant.

 

Malheureusement, deux mois après ma naissance, lors du voyage rituel qu’ils effectuaient chaques années, mes parents moururent dans des circonstances qui nous sont encore inconnues, bien que mon frère ai mené son enquête durant de très nombreuses années avant de renoncer, enfin c’est ce que j’ai longtemps cru. 

 

Dès lors, c’est Mircea qui s’est occupé de moi, qui s’est investit et a pris sur lui, malgré sa douleur, et qui m’a élevée jusqu’à aujourd’hui.

 

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Mircea, mon frère, du haut de ses deux cent quarante ans, bien qu’il en paraissa vingt sept, âge de sa transformation, me disais souvent que je ressemblais beaucoup à notre mère. J’avais hérité de sa taille fine, ainsi que son doux visage et de ses fins cheveux bruns. La seule chose que mon père m’ait laissé étaient ses fascinants yeux vert émeraude, que je retrouvais aussi chez Mircea.

 

Mon frère étais très doux, calme et patient. Mais également très protecteur.

 

Quand j’étais enfant, mon frère avait engagé une nourrice pour s’occuper de moi, lors de ses incessants voyages. Malheureusement, l’année de mes dix ans elle mourut subitement, laissant derrière elle, un mari éploré et un petit garçon de onze, qui avec les années était devenu mon meilleur ami.

 

Les gens du village savaient que nous vivions dans la demeure attenante  au vieux château du Voïvode Vlad, pour eux nous n’étions que de simples descendants, et lors de la mort de mes parents, beaucoup ont été affectés et le bourgmestre avait même décrété six jours de deuil. Ils n’avaient pas peur de monter jusqu’au château en journée mais dès que les premiers rayons du soleil commençaient à disparaître dans les montagnes, tous redescendaient car disait-on, on était jamais certain de revoir le jour. Haha quelle fable !

 

Cela me fait penser aux angoisses que nous infligions certaines nuits d’été, mes amis Andreï (le fils de ma nourrice) et Dan et moi, à notre amie Mayra, en lui racontant les légendes de nos montagnes. Nous campions à la lisière de la forêt et la pauvre sursautait au moindre bruit de la nuit, et se levait le lendemain avec les yeux rougis et cernés par le manque de sommeil.

 

Tant et si bien qu’un jour, la mère de Mayra, infirmière de son état, demanda aux parents de Dan et au père d’Andreï et à mon frère de venir chez elle, afin de leur raconter ce qu’il se passait. Elle nous avait déjà demandé d’arrêter, mais nous n’avions pas écouté et elle avait donc décidé de frapper plus fort.

 

Quand Mircea était rentré, il avait l’air hors de lui. J’ignorais alors qu’il revenait de chez la mère de Mayra. Il m’a envoyé dans son bureau et m’a ordonné de l’y attendre le temps qu’il se change. Ne sachant pas la raison de sa colère, je m’exécutais sans broncher. Quelques minutes plus tard, il entra en silence, s’assit dans l’antique fauteuil en bois précieux de notre père, posa ses coudes sur le bureau et sa tête dans ses mains. Il me regarda me dandiner un moment, avant de me demander.

 

-          Dit-moi, que faites-vous les nuits où tes amis et toi partez camper ?

-          Ben… on se raconte des histoires…

-          Quel genre d’histoire ?

-          Des légendes qui font un peu peur.

 

Il me considéra un instant avant de reprendre.

 

-          Et la mère de Mayra ne vous a-t-elle jamais demandé de vous abstenir, en présence de sa fille ?

 

Je n’eus pas le temps de répondre que déjà Mircea s’était levé, avait contourné le bureau, et m’avais arraché au sol d’un seul bras, sans aucun effort. Et me jeta à plat ventre sur le bureau. Il m’y cloua d’une poigne d’airain et se saisi de la lourde règle parallélépipédique avec laquelle, il m’était arrivé de jouer. Elle était lourde, épaisse, incassable. Je m’en souviens encore…

 

J’attendais le châtiment, les larmes aux yeux… et la règle s’abattit… Je sursautais au claquement sec. Mon frère avait porté le coup à côté, sur le panneau de bois, il ne m’avait pas touché. Il relâcha son étreinte en me disant que les pères de Dan et d’Andreï n’auront sûrement pas hésités eux. Et que s’il devait encore entendre se plaindre de moi, j’y aurait droit pour de bon.

 

-          Bref, après avoir discuté, nous avons jugé nécessaire de vous interdire ces sorties nocturnes.

-          Mais….

-          Et estime toi heureuse, dit-il avant que je ne puisse dire autre chose, que nous ayons pu convaincre Madame Marinescu de ne pas interdire à sa fille de vous fréquenter. Toutefois, elle nous a bien dit que cela ne l’empêcherais pas de vous flanquer une bonne correction si vous recommencez vos bêtises et que vous y entraînez encore Mayra.

 

Au fond de moi, je pensais que, même si cela devait arriver, aucun de nous n’irais s’en plaindre. Mircea et le père de Dan, diraient sûrement que nous l’avions mérité mais celui d’Andreï, qui était devenu alcoolique et violent, avec le temps, lui en aurait donné une autre pour s’être fait corrigé par quelqu’un d’autre que lui et pour être venu s’en plaindre. Ce dernier ne s’était d’ailleurs pas privé, en rentrant chez lui. Et madame Marinescu s’en est toujours voulu quand elle a vu ce qu’elle avait provoqué sans le vouloir.

 

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C’est perdu dans mes pensées, que je me dirige dans ma petit voiture, dernier cadeau d’anniversaire de mon frère, vers la maison d’Andreï. Cette dernière est à l’écart du village, à l’opposé de ma propre maison. Je me gare devant la porte d’entrée de la maison délabrée, qui n’a pas été entretenu depuis de longues années. Sa vue m’arrache un soupir, mais je n’ai pas le temps de m’appesantir, car je remarque que la porte est ouverte et mon instinct me dit que quelque chose ne vas pas.

 

J’appelle depuis l’entrée, rien, pas un bruit, mais ce que je découvre me glace. Une scène désastreuse. Les chaises et les tabourets sont cassés, la vaisselle que ma chère nourrice avait conservé précieusement de son vivant est fracassée à terre. Dans un coin de la pièce, je trouve Andreï, inanimé. A côté de lui, gît la ceinture de son père. Les vêtements de mon ami sont déchirés et en sang. Cette fois-ci, quelle qu’en soit la raison, son père n’y a pas été de main morte.

 

Le temps qu’Andreï reprenne ses esprits, je nettoie son visage en sang et tuméfié. Apparemment il n’y a pas de blessures graves. La compresse froide que je lui applique le réveille. Il me regarde d’un air triste mais ne dit rien. Je glisse un oreiller sous sa tête et pendant qu’il se remette, je tente de ranger l’unique pièce de la maison, mais c’est peine perdu.

 

Quand il est tout à fait prêt à se lever, je tente de l’aider, mais il me repousse, sur la défensive, en me demandant ce que je fabrique chez lui. Sans me démonter, je lui répond que j’étais venu lui proposer de venir se baigner avec Dan et Mayra à la rivière, afin de profiter de l’un de nos derniers jours de congé d’été. Et je l’avais trouvé lui et sa maison dans cet état désastreux.

 

-          Pardonne-moi, Myna, je ne voulais pas être désagréable.

-          Ne t’inquiète pas, ce n’est rien.

 

Lui signifiant ainsi que je ne lui en tiens pas rigueur, et que la "discussion" est clause.

 

Il me demande alors de me retourner, le temps de lui permettre de se changer.

 

C’est ce moment que le père d’Andreï choisit pour faire son apparition. Il sent très fortement l’alcool. Il ne remarque même pas ma présence. Il se rue sur mon ami, qui était entrain de lasser ses chaussures et n’a pas eu e temps de se relever pour se dérober. Il l’attrape par les cheveux et le traîne dans la pièce avec la ferme intention de se défouler encore une fois sur son fils. Désespérément, je m’accroche à son bras mais l’homme m’envoie bouler loin, tel une poupée de chiffons. C’est dans ces moments là que je regrette de n’être qu’une simple humaine. Andreï cris à son père de me laisser mais en échange, il reçois une nouvelle volée de coups pour lui faire payer son insolence.

 

Lorsque Andreï réussi enfin à se libérer, nous nous enfuyons dans ma voiture, et je me dirige droit chez Mayra afin que sa mère puisse l’examiner et soigner ses blessures.

 

En nous voyant arriver, Marina se met à pleurer en disant qu’un jour il arriverait un malheur. Madame Marinescu oblige Andreï a retirer son pull. Nous découvrons qu’il est couvert de bleus à différents stades de guérison.

 

-          Que s’est il passé cette fois, Andreï, lui demande l’infirmière d’un air dépité.

-          Il n’avait plus rien a boire et il a voulu que je lui donne de l’argent pour aller en acheter.

-          Tu aurais dû lui donner, lui dit Marina en prenant son fiancé dans ses bras (ils avaient prévus de se marier dès que la jeune femme aurait fini ses études d’infirmière et d’aller s’installer dès qu’elle aurait trouvé un poste, peu importe où, pourvu que ce soit loin)

 

Andreï prend Mayra dans ses bras en grimaçant de douleur avant de lui répondre :

 

-          Non car je n’aurais eu la paix que cinq minutes, le temps qu’il change d’avis et m’ordonne d’aller lui en chercher moi-même, puis je serais rentré avec les bouteilles et il m’aurait reproché d’avoir été trop long. Il m’aurait battu de toutes façons avant de m’ordonner de ranger le bordel que j’avais provoqué.

-          Bon, fait la mère de Marina. Tu vas poser cette compresse froide sur ton œil et je vais te donner des antalgiques pour calmer la douleur. Ce soir tu restes dormir ici, nous aviserons demain.

 

Puis se tournant vers moi :

 

-          Toi, Myna, rentre chez toi. Ton frère va s’inquiéter. Tu lui dira que j’irais chercher le nouveau médecin demain matin comme prévu, il comprendra. Tu n’oubliera pas ?

-          Non Madame.

 

Je salue mes amis et m’en retourne chez moi.

 

Lorsque j’arrive à la maison, tout est sombre et silencieux. Je me rend dans le bureau de mon frère. Je me dirige vers la cheminée, et j’appuis sur une pierre marquée. Le fond de la cheminé bascule et libère un étroit passage. Sur le linteau je prend une bougie que j’allume. Je ne sais pas pourquoi, mon frère préfère s’éclairer à la bougie le soir lorsqu’il est tout seul, plutôt qu’à la lumière artificielle d’une lampe de bureau.

 

Le passage est étroit, je sent qu’il descend lentement. Il finit par s’élargir et je me retrouve dans une crypte. C’est ici qu’auraient dû reposer mes parents, si on avait pu retrouver leur corps. Mon frère y a entreposé certaines de leurs affaires. J’espère trouver un peu de réconfort mais à la place je trouve une malle que je n’avais jamais vu auparavant.

 

Je l’ouvre et à l’intérieur se trouve quelques effets. Je devine qu’il s’agit là d’objets aillant appartenus à mes parents. Parmi ceux-ci se trouve une robe de brocart bleu vert, qui doit dater du Moyen-Âge et un énorme grimoire écrit à la plume. C’est le journal de mon père.

 

J’emporte les deux objets dans ma chambre.

 

J’essaie la robe de ma mère et m’observe devant un grand miroir. J’ai l’impression que la robe a été taillée juste pour moi. Je décide de me montrer à mon frère dès qu’il rentrera. En attendant, je la retire et la pose délicatement au pied de mon lit.

 

Je m’installe ensuite sur mon lit, pose le grimoire sur mes genoux et en commence la lecture. A l’intérieur, je découvre la jeunesse de mon père. Son emprisonnement chez les Ottomans, son entraînement militaire en compagnie d’autres jeunes otages, la corruption de son jeune frère Radu. Il y relate sa rencontre d’avec sa future femme, et lorsque le roi Mathias l’a envoyé la chercher en Italie. Cette aventure me fait sourire.

 

Je saute plusieurs pages, j’ai bien le temps de le lire.

 

J’arrive au passage de la naissance de mon frère, puis sa renaissance vingt-sept ans plus tard.

 

Je passe directement à la dernière page. Mon père y décrit les étapes de leur voyage et leur intention de me confier à mon frère plutôt que de m’emmener avec eux.

 

Au moment où je referme doucement le grimoire, j’entend la porte d’entrée. Bien sûr, Mircea aurait pu rentrer sans que je le remarque, mais il a pris cette habitude de faire du bruit afin que je sache qu’il est présent. J’enfile aussi rapidement que possible la robe de ma mère et me dirige vers l’escalier.

 

A ma vue, mon frère semble défaillir, pourquoi ? Je n’en sait rien.

 

-          Pitié, ne me dit pas que j’ai fait…

-          Non rassure-toi… mais viens approche que je t’admire…

 

Je descends lentement l’escalier, en faisant bien attention de ne pas marcher sur la robe, et par le fait éviter de tomber, bien que je sache que mon frère n’aurait pas de mal de me rattraper avant que je ne me fasse du mal.

 

Il prend ma main pour m’aider à descendre les dernières marches, puis il me fait tourner sur moi-même pour m’observer sous toutes les coutures.

 

-          Je me rend compte que tu as bien changé, tu as grandis. Tu es devenu très belle.

 

Je rougis sous le compliment, et il continue :

 

-          Il faut que je te montre le portrait !

-          Le quoi ?

-          Viens, tu vas voir…

 

Il m’entraîne à sa suite. Il va très vite, je lui cris de ralentir. Mais il semble ne pas m’entendre. Nous traversons le salons, passons à l’office, dans la cuisine, puis dans le cellier. Là il se dirige vers le fond de la pièce, déplace une étagère pleine de victuailles puis actionne un crochet, que j’avais déjà vu mais auquel je n’avais pas jamais porté attention.

 

Le mur se décale à sont tour, et donne vu sur une tapisserie à l’ancienne. Mircea la déplace, et me fait pénétrer dans une pièce sombre. Il y fait doux.

 

            - Attend, j’allume quelques bougies, nous nous trouvons à l’intérieur du château.

 

Avant que je puisse dire quoi que ce soit, la pièce s’éclaire. Les bougies s’allument une à une à grande vitesse.

 

Je reste sans voix devant les portraits qui s’alignent devant moi. Il y en a un de notre père dans sa tenue d’apparat du Grand Dragon. Mon frère m’explique qu’il a été fait lorsque le roi Mathias le tenais prisonnier dans la Tour Salomon au Château de Visegrad.

 

Il y a aussi un portrait de mon frère. Et puis soudain, je me crois devant un miroir…. C’est un portrait de notre mère. Je m’approche du portrait et je lis la plaque juste en dessous.

 

ILINA DE HUNEDOARA

XVIII printemps

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