La petite voleuse de cookies

Chapitre 8 : C8 : Enquêtes parallèles

4289 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/01/2016 12:05

CHAPITRE VIII

JACK HARKNESS

A chaque fois qu'il ressuscitait, c'était toujours le même phénomène qui se reproduisait invariablement. Sa conscience éparse commençait à se focaliser jusqu'au point où, bien avant de retrouver une pensée construite, il entendait une musique aérienne d'une étrange beauté et voyait derrière ses paupières fermées une intense lumière dorée. Ensuite seulement, les sensations physiques commençaient à revenir.

Quand il n'avait pas de chance, il éprouvait souvent de grandes douleurs qui s'estompaient heureusement vite – en souvenir évident de la façon plus ou moins cruelle dont il venait de décéder.

Quand il avait encore moins que pas de chance – quand il était maudit et abandonné des dieux – il enchaînait les morts à répétition. Comme par exemple pendant toutes ces années passées dans une tombe, à renaître et à mourir, étouffé par le poids toujours plus lourd des sédiments terreux du sous-sol de ce qui serait un jour Cardiff. Et alors la musique et la lueur dorée avaient été les seules choses qui l'avaient empêché de devenir totalement et irrémédiablement fou.

Et puis d'autres fois, il avait de la chance. Parce qu'il ne s'éveillait pas seul. Parce que quelqu'un se trouvant là essayait de le réanimer : une bouche fébrile sur la sienne tentait d'insuffler un peu de vie dans ses poumons paresseux, des mains dures mais salvatrices malmenaient son cœur pour tenter de le faire redémarrer… Il sentait qu'on jetait une couverture de survie sur lui pour le maintenir au chaud…

Et en de trop rares occasions comme ce jour-ci, il pouvait remercier le ciel des plus ardemment. Car il était rappelé au monde et à la vie serré entre des bras aimants, la tête posée sur le plus doux des oreillers, bercé par le son erratique et pourtant merveilleux, d'un cœur battant trop fort sous le coup l'appréhension, ou qui sait, du chagrin de l'avoir perdu.

Il déglutit et réussit à articuler avec un pauvre sourire pour la jeune femme dont il ignorait le nom :

― Mon héros !

Miss Moneypenny arrêta le chuchotement litanique de ses prières et le repoussa doucement mais avec une réticence perceptible : de toute évidence, elle n'avait pas envie de lâcher. La pauvre petite avait l'air si choquée ! Elle devait savoir de façon théorique qu'il ne pouvait pas mourir, mais sans doute que se trouver mise devant le fait accompli la perturbait plus qu'elle ne l'escomptait.

Jack lui sourit en se relevant, brossant un peu ses jupons et rajustant sa perruque bousculée, il soupira comme si tout cela n'avait été qu'une simple interruption qui lui avait fait perdre le fil :

― Parfait, je vais pouvoir le pister maintenant.

― Comment ça, le pister ? demanda-t-elle avec un peu d'incompréhension.

― Vous m'avez demandé tout à l'heure si j'avais un plan… Oui. J'en avais un. J'ai placé dans sa poche un objet radioactif qui est facilement détectable même avec un équipement sommaire. Grâce à lui, je saurai où il se cache, je pourrai surveiller ses allées et venues et si j'ai de la chance, je pourrai l'attraper au moment où il s'y attend le moins, même en plein jour.

― Qu'allez-vous faire ?

― Déjà… certainement pas vous mêler à mes activités, répondit-il. Il est… abominablement tard. Ou abominablement tôt, si vous préférez. J'entends qu'on vient par là. Que voulez-vous faire ? Demander à ces gens de vous raccompagner ?

Elle baissa les yeux nerveusement avec un coup d'œil latéral.

― Est-ce que j'ai une autre option ?

― Et bien, c'est-à-dire que j'en vois bien une, mais j'imagine que vous allez m'envoyer balader si je me risque à la formuler…

― Ça dépend. De temps en temps, vous savez jouer plus finement… Si vous ne vous trompez pas dans la question, vous pourriez être surpris.

Il battit des paupières, avec un peu d'étonnement, et pencha la tête sur le côté pour la toiser un instant, alors que les pas et les voix revenaient vers eux.Pour éviter de dire quelque chose qui ne la déçoive, il tendit alors la main vers elle un air interrogateur peint sur le visage. Sans un mot, après un bref signe de tête qui lui fit penser qu'il n'avait pas forcément mal joué cette fois-là, elle glissa sa main dans sa paume large et ils quittèrent les lieux en courant.

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LE DOCTEUR

― Où sont-elles passées ? pesta Vastra en faisant des allées et venues d'un pas sec à l'endroit désert où les deux femmes se trouvaient quelques instants plus tôt.

― Devons-nous les poursuivre, Madame ? demanda Strax plein d'espoir. Je n'ai pas encore rangé le filet…

Le Docteur secoua la tête en déclarant que c'était inutile et qu'ils pouvaient rentrer au manoir. Vastra n'était pas très contente mais elle s'inclina, assez docilement. Elle devait vraiment avoir envie de l'impressionner.

― Dois-je y faire préparer une chambre pour vous ? s'informa-t-elle.

― Non merci beaucoup, je dois encore porter un mot aux universitaires pour leur donner le signalement de l'individu que nous avons… presque capturé ce soir.

― Vous n'êtes pas déçu de nous ?

― Absolument pas ! Vous n'avez pas le moins du monde démérité, mais nous n'avions pas affaire à quelqu'un d'ordinaire. C'est déjà une information en soi et cela restreint le champ de nos recherches. Je vais rentrer à mon vaisseau ensuite pour programmer une détection sur des formes de vie non-humaines… Rentrez chez vous, mes amis. Nous nous reverrons bientôt.

― Docteur, je dois vous dire que j'ai mordu cet homme et qu'à présent, mon venin va l'affaiblir. Vous connaissez son effet…

Il acquiesça sobrement.

― Oui, et cela m'inquiète car je crains un peu des interactions désordonnées avec sa biologie préexistante qui est déjà… un peu en vrac.

― Les rues sont-elles sûres pour vous ? voulut savoir encore Vastra, décidément très protectrice.

Le Docteur souleva poliment son chapeau, arbora un sourire malicieux puis s'effaça à leur vue en redevenant invisible.

― Très sûres, si je reste discret !

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LE DOCTEUR ET NIKOLA TESLA

Le Docteur fit ce qu'il s'était promis. Avant de rentrer au Tardis, il passa réveiller le portier de la maison d'Helen Magnus en lui laissant une courte note où il lui disait qu'il souhaitait la voir pour lui communiquer de nouveaux éléments qui pourraient leur être utiles. Bien sûr, il n'avait pas réellement besoin de leur aide, mais Miss Moneypenny lui avait fait comprendre qu'il était mal élevé envers eux et qu'il valait mieux faire mine de les inclure dans le processus.

En sortant de chez Helen, il avisa qu'un homme se tenait un peu plus loin embusqué sous un arbre, le nez en l'air, des jumelles d'opéra sur ses yeux tournés vers les fenêtres de la demeure qu'il fixait avec attention. S'effaçant au premier angle de rue, le Docteur fit le tour du pâté de maisons et revint attraper le bras du voyeur, tout en enfonçant son tournevis sonique dans les côtes de son dos pour lui faire croire qu'il s'agissait d'une arme.

― Qu'est-ce que vous espionnez là ? demanda le Docteur.

L'homme leva les mains en l'air et se retourna lentement. Il était jeune avec des cheveux bruns courts hérissés sur son crâne et des yeux sombres et un peu tristes sous son haut front nostalgique. Son long nez droit assez altier était contrebalancé par un rictus un tantinet désabusé pourvu de dents légèrement pointues qui donnaient à sa physionomie un air involontairement menaçant, alors qu'il respirait par ailleurs l'intelligence et la malice.

― Oh, mais vous n'êtes pas Nigel ! J'étais loin de m'imaginer qu'il pouvait se reproduire aussi vite ! lâcha-t-il en regardant de haut en bas un costume vide qui semblait se mouvoir seul. Qui êtes-vous et que voulez-vous ?

― Je suis le Docteur.

― Sobre. Concis. Pompeux. J'adore ! Helen m'a parlé de vous. Comment diable avez-vous fait pour l'obliger à vous injecter du Sang ? demanda-t-il curieusement d'une voix basse de conspirateur.

Le Docteur dévoila son visage.

― Je n'ai que deux options, commenta-t-il. Soit vous êtes Druitt, soit vous êtes Tesla.

Le jeune homme tordit sa bouche d'un sourire méprisant et ses yeux lancèrent des éclairs.

― Oh, je vous en prie, tâchez de faire une déduction maligne…

― Ou sinon quoi ? C'est moi qui suis en position de pouvoir dire au Docteur Magnus que vous espionnez sa maison... ou peut-être même sa personne ?

Le jeune homme sourit d'un air très juvénile et retors avant de déclarer d'une voix suave et un peu précieuse, dans sa langue natale :

― Faites donc ça, je vous en prie. Et dites-lui bien que je suis tout prêt à la surveiller encore plus étroitement, car je l'adore.

― Je crois qu'elle le sait, répondit le Docteur dans la même langue.

― Vous parlez le croate ? s'étonna son jeune interlocuteur, l'air enfin impressionné.

― Nikola, que faites-vous ici ? demanda le Docteur d'un ton réprobateur. Avez-vous conscience que votre présence rôdeuse et subreptice peut vous causer autant de tort qu'à elle ?

Nikola Tesla haussa les épaules.

― Ce sont mes affaires et elles ne vous regardent pas.

― Temporairement, si. Avez-vous des difficultés particulières à gérer votre appétence au sang ?

Les yeux du jeune homme se plissèrent de colère mais il ne sut pas cacher qu'ils devenaient soudain très larges et très noirs. Comprenant qu'il s'était montré indiscret et intrusif trop rapidement, le Docteur leva une main apaisante et en lui souriant il dévoila une de ses propres canines anormalement longue. Cette vision produisit sur le jeune scientifique l'effet d'empathie qu'il attendait.

― Oh pauvre diable, murmura-t-il stupéfait. Vous cumulez donc la malédiction de Nigel avec la mienne ? Venez, je vous offre un verre, nous partagerons ainsi le poids de nos gloires et nos infirmités… Vous savez que le vin est la seule chose que j'arrive à ingurgiter à part « mon régime obligatoire » ?

Ravi et cachant sa satisfaction sous un air débonnaire, le Docteur accepta aussitôt même s'il détestait l'alcool. Il avait besoin de pouvoir cerner ce sociétaire des Cinq qu'il ne connaissait pas encore bien. Les impulsions provenant du parasite responsable de ce qu'ils appelaient le vampirisme étaient très violentes et quasi incontrôlables pour un simple humain. Quelque charmant qu'il puisse être lorsqu'il avait toute sa raison, Nikola était un candidat sérieux pour les meurtres, d'autant plus que c'était un amoureux éconduit par sa belle et que sa frustration devait être intense.

La température ayant fraîchi, ils marchèrent d'un bon pas jusqu'au domicile très modeste de Tesla, et pendant ce laps de temps, le Docteur s'employa à essayer de gagner sa confiance en lui parlant des travaux et des publications qu'il avait déjà lues à son sujet. Tesla essayait de le tester mais le Docteur lui répondait des choses que le jeune homme ne pouvait que trouver intrigantes.

Ils étaient presque arrivés devant chez lui quand le Gallifréen pensa que le moment était venu pour une confidence judicieuse qui l'impliquerait personnellement, afin de pousser le jeune homme à répondre plus volontiers par la suite.

― Pardonnez cette question directe mais si désespérément cruciale… Puis-je vous demander comment vous… jugulez les symptômes et le désir irrépressible de mordre ? Je vous le demande car je crains pour la sécurité de ma garde-malade, Miss Moneypenny. Un peu plus tôt dans la journée, j'ai été quasiment obligé de m'assommer pour ne pas déchirer sa gorge, et je dois vous avouer que c'était… terrifiant.

Tesla avait grimpé les marches de son perron, et il opina en s'assombrissant, une main pensive sur le heurtoir.

― J'ai reçu l'aide de Watson et de Magnus, admit-il, car la médecine n'est pas ma spécialité. Ils sont en train de concevoir un traitement qui, pris régulièrement, m'aidera à vivre presque normalement, en me limant les crocs, métaphoriquement parlant.

― Y a-t-il des contreparties ? Des effets indésirables ? Je peux chercher comment améliorer le produit, car je ne suis pas sans ressources…

― Je ne saurais dire si les profonds accès de mélancolie que je ressens parfois sont dus à la prise de ces pilules. Ou s'ils se produisent malgré elles. Ou si c'est simplement une tare familiale, s'amusa-t-il en lui ouvrant la porte de sa maison.

.°.

 

CLARA OSWALD ET JACK HARKNESS

Au terme d'une course échevelée, Jack l'avait conduite à quelques rues de là, dans une petite maison, dont la porte était presque invisible au fond d'une cour retirée, elle-même dissimulée par une haute porte cochère.

― C'est là que vous vivez ? demanda-t-elle à voix basse avec étonnement en pénétrant dans une pièce à peine plus grande que celle où vivait son Echo.

Les murs simplement chaulés et les quelques meubles simples et fonctionnels procuraient à l'ensemble un aspect relativement spartiate. Il arracha la perruque rousse de sa tête en l'envoyant valser sur un petit lit étroit et se gratta le cuir chevelu avec un plaisir évident avant de se recoiffer vaguement de deux trois coups donnés du plat de la main.

― Non, répondit-il. C'est une planque occasionnelle que j'utilise quand je viens à Londres.

Quand il se mit en devoir de retirer aussi ses bottines, elle le toisa d'un air sévère en se croisant les bras.

― Ne me faites pas ces yeux ! Elles ne sont pas vraiment à ma taille, vous savez… A ma place, vous feriez pareil.

― Je me trompe ou vous cherchez la moindre occasion de vous déshabiller devant moi ?

Il lui adressa un sourire amusé assorti d'un clin d'œil, sans répondre de suite avant de se diriger vers une armoire en bois sombre à l'angle de la pièce, dont il sortit un appareil qui semblait bricolé avec les moyens du bord et des vêtements de rechange. Il posa l'appareil sur la table.

― Je vais me changer dans la salle de bains.

― La salle de bains ?

L'air un peu trop sûr de son effet d'annonce, il opina en tendant le bras comme pour l'inviter à venir voir cela de plus près.

― Oh mon Dieu ! fit Clara en passant une tête par la porte qu'il lui désignait. Vous avez une vraie salle de bains !

Il ne put faire autrement que de laisser échapper un petit rire devant son air réjoui.

― Ah, je suis ravi de pouvoir enfin susciter votre approbation sur un point… L'une des choses qui me manquent le plus ce sont vraiment les commodités des siècles ultérieurs… J'ai demandé à un architecte de me réaliser tout ça. Il m'a pris pour un cinglé… Je voulais une douche mais je n'ai pas eu le temps de la faire installer encore. Je ne viens pas très souvent en ville.

― D'où vient l'eau ?

― Prudente, hein ?... releva-t-il en la couvant d'un œil ravi. De la Tamise, mais j'ai contacté un chimiste. Il me fabrique des pastilles désinfectantes que je mets dans le ballon… Je reconnais que ça décape un peu mais ça me fait la peau douce…

Elle baissa les yeux et battit en retraite dans l'autre pièce, en murmurant qu'elle le laissait se changer. Il resta incrédule un instant en comprenant qu'elle n'allait même pas lui demander de tester la baignoire.

En vérité, si elle ne s'était pas douchée dans le Tardis, Clara aurait été prête à beaucoup pouvoir se laver aussi confortablement, se souvenant encore du simple broc d'eau et de la vasque présents chez la Clara locale. Encore une fois, le vaisseau lui avait sauvé la mise en lui autorisant l'accès à sa future chambre, autrement rien n'aurait pu l'empêcher d'accepter avec bonheur de pouvoir enfin se tremper dans un vrai bain. Avec un risque énorme que le propriétaire tienne particulièrement à lui frotter le dos. Au minimum…

Elle eut à ce moment une pensée coupable pour Dave Tenner et leur impossible rendez-vous dont elle voyait l'échéance reculer comme un horizon de moins en moins plausible. Pourquoi avait-elle accepté de venir avec Jack jusque dans sa garçonnière ? Enfin… « garçonnière ». Ce n'était quand même pas trop l'idée qu'elle se faisait d'un piège à filles, toutefois.Elle connaissait la réponse à cette question. Contrairement au Docteur, lui au moins avait l'air d'apprécier ouvertement sa compagnie, et sous n'importe laquelle de ses incarnations…

Mécontente d'elle-même, elle s'était assise à la petite table rectangulaire qui était rangée le long d'un mur pour observer l'appareil qu'il avait sorti de l'armoire. Elle le manipula délicatement. Le boîtier était de bois foncé, les cadrans de cuivre terni, quelques boutons d'une matière qu'elle ne reconnaissait pas tournaient apparemment à vide.

― C'est vous qui avez fabriqué ce machin ? demanda-t-elle en haussant un peu la voix.

― Oui, répondit-il depuis la salle de bains dont la porte était restée ouverte.

Elle patienta un moment en entendant l'eau couler du robinet et attendit un peu avant de poser une autre question. Les boutons ne semblaient pas l'activer, aucun de ceux qu'elle essayait ne faisait quoi que ce soit.

― Et est-ce qu'il marche ?

Quand il revint vers elle, son visage ne portait plus de trace de maquillage et ses cheveux bruns mouillés se dressaient en petits pics. Il était pieds nus avec un nouveau pantalon gris brun et une chemise blanche qu'il finissait de boutonner.

Pas franchement mécontent de voir qu'elle le détaillait de cette façon, il ne fit néanmoins aucun commentaire, et tendit la main vers le détecteur pour qu'elle le lui rende et il retourna l'objet en insérant un index dans une petite boucle plate de métal qui était incrustée au dos. En la tirant, il dégagea une sorte de poignée qui ressemblait à une manivelle une fois déployée, qu'il se mit à tourner plusieurs fois.

― Il y a un genre de dynamo là-dedans ? s'émerveilla-t-elle.

Jack la regardait avec un léger sourire qui paraissait étrangement familier à Clara.

― Vous vouliez que je le branche où, sinon ?

Il pressa un petit bouton latéral et la boîte grésilla doucement.

― Tadaa ! chanta-t-il l'air satisfait.

― Jack, seriez-vous le père du Steampunk ? s'amusa-t-elle.

Il cligna encore de l'œil en posant un doigt sur la bouche, comme pour lui faire comprendre de se taire et de garder le secret.

― Donnez-moi dix minutes, le temps de finir de m'habiller et on va le tester dehors.

― Vous… ne dormez jamais ?

― Pas beaucoup, reconnut-il en prenant des chaussures dans son armoire. En plus, je n'ai pas beaucoup de temps devant moi. Je dois reprendre le premier train pour rentrer, après demain matin très tôt. Je me rattraperai à ce moment. Vous, vous êtes fatiguée ?

― Toujours pas, réfuta-t-elle d'un ton rassurant. Je suis arrivée à la nuit alors que pour moi c'était le petit matin… Que pensez-vous avoir le temps de faire sur une durée si courte ? L'identifier ? Votre détecteur ne peut pas être aussi puissant que ça… Par où comptez-vous commencer à chercher ?

Comme il venait de finir de lacer ses chaussures, il attrapa un manteau de coupe sobre et sans ostentation dans l'armoire qu'il referma avant d'empocher le détecteur et d'ouvrir la porte principale.

― Est-ce que je vous plais encore comme ça ? demanda-t-il pour la taquiner en lui tendant son coude plié pour qu'elle y noue son bras, avant de ressortir de la planque.

― Jack, ne recommencez pas…

Il soupira.

― Vous ne sauriez être plus différente de votre sœur. Figurez-vous qu'elle me disait très exactement tout le contraire !…

Elle lui tapa sur le bras mais il avait l'air de s'en moquer complètement.

― On va dans les beaux quartiers, l'informa-t-il plus factuellement mais les yeux brillants. Notre homme était propre, ses mains étaient entretenues. Il sentait l'eau de Cologne et le tissu de ses vêtements était de bonne qualité. Un bourgeois au minimum, peut-être un aristocrate qui sortait incognito dans des vêtements simples.

― Quel genre de mouchard avez-vous bien pu mettre sur lui ?

― Oh… Juste une vieille bague mais d'un métal rare*... Je l'ai glissée dans sa poche quand son attention a été détournée…

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* Réf. Torchwood Saison 2 - Episode final "La Faille"C'est John Hart qui jette délibérément cette bague dans la tombe de Jack. Sa radioactivité permettra aux agents Torchwood de la fin du 19e siècle de détecter un signal étrange inconnu sur Terre et de le sortir de là après des siècles. Notez que ses fringues sont restées impeccables et pas désagrégées au bout de presque 2000 ans...  

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