Redux
Chapitre 3 : Plastic panic
1740 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a 3 jours
Chapitre 3:
Plastic panic
Les Autons étaient semblables aux abeilles. Animés à distance par la conscience Nestene, via un flux d'énergie, ces drones utilisaient la matière plastique pour se manifester.
Les mannequins de grands magasins étaient donc les hôtes idéals pour réceptionner le flux d'énergie afin de devenir Autons.
-... semblables à des abeilles ? Des fourmis ouvrières ? Une nuée de moustiques stellaires ? Des oiseaux de mauvais augures.
Un doux parfum floral émanait de la tasse qu'il tenait d'une main. Le Docteur parlait seul.
Il souffla.
Il n'y avait aucune gloire à être le plus intelligent dans la pièce lorsqu'on y était seul.
Il déposa la tasse dans la soucoupe perdue au milieu des manettes et des boutons du tableau de bord. Face aux commandes du Tardis, il attendait que le logiciel termine l'analyse des données récoltées par le tournevis sonique. Celui-ci était pris à chaque extrémité entre d'épaisses pince-crocodiles, elles-mêmes reliées à l'un des écrans suspendus au bout d'un bras escamotable.
Adossé à l'une des colonnes courbées, les bras croisés, le voyageur lisait le compte rendu sur le vieil écran bombé : le signal était directement réceptionné puis amplifié par les antennes situées sur le toit d'Henrik’s, le magasin de vêtements.
Il devait se débarrasser des Autons, sans oublier de détruire toutes antennes susceptibles de propager leur signal. Ayant eu toute l'après-midi pour absorber les ondes, les mannequins de la boutique devaient tous être animés au moment où le Docteur récupéra son tournevis pour disparaitre dans les tréfonds du Tardis.
Se débarrasser des monstres était son activité à plein temps avant la Guerre. D'ailleurs, activer le Moment avait été une façon de faire disparaitre d'autres monstres.
Aller et venir, voyager, en gardant à l'esprit de laisser un peu de positif derrière lui, tel était sa vie d'avant.
Il devait vivre. Vivre au nom de ceux qui ne le pouvaient plus.
Il devait redevenir l'homme qu'il était avant la Guerre.
Les couloirs étaient remplis d'ombres. Le Tardis l'attendait sur le toit. Les clients et les employées d'Henrik’s avaient, semblait-il, déserté le magasin mais il devait s'en assurer avant de mettre son plan à exécution. Aussi cheminait-il désormais dans les ombres du sous-sol, seul.
Il n'avait jamais connu de solitude aussi longue. Il n'avait d'ailleurs jamais supporté la solitude.
Voyager et chasser les monstres était bien plus grisant accompagné.
Le Brigadier, Ace, Sarah Jane, Aldric, Mel...
Le Docteur se souvenait de chacun de ses compagnons de voyage.
Peut-être étaient-ils davantage son peuple que ne l'étaient les Seigneurs du Temps ?
Ses réflexions allaient devoir attendre.
Se dissimulant derrière une pile de cartons, le Docteur observa un groupe d'Autons. Penchés au-dessus de quelque chose, ils s'affairaient à de sombres besognes. Les cris étouffés qui lui parvenaient indiquèrent au Docteur la teneur des évènements : ils étaient en train d'étouffer quelqu'un.
Saisissant un balai appuyé contre une conduite, il surgit au milieu de la foule, frappant sans discernement les mannequins. Déboitant têtes, bras et autres parties détachables de la foule aux visages pâles et inexpressifs, le Docteur mit rapidement les assaillants hors d'état de nuire.
Il était malheureusement trop tard.
L'individu avait le regard vide, le souffle inexistant. L'homme d'âge mûr était vêtu d'une combinaison grise, au torse de laquelle il était brodé Wilson.
Le Seigneur du Temps ravala sa rage. Il ne pouvait plus s'offrir le luxe de ressasser le passé. Il devait avancer.
Lâchant le balai sur les débris Autons, il reprit son inspection au pas de course.
Plus loin, l'écho d'une porte qui claque se répercuta.
-Vous m'avez eu, très amusant.
L'écho fut suivi d'une voix féminine.
-C'est bon, j'ai compris ! C'est une idée de qui ? C'est Derek ?
Le Docteur arriva derrière elle.
Il reconnut l'une des vendeuses qu'il avait vu plus tôt dans la journée. Une jeune blonde vêtue d'un sweat à capuche rose qui faisait face à un petit groupe d'Auton dans le recoin d'une réserve.
Les mannequins se réunissaient face à la jeune vendeuse, nullement démunie.
-Derek, est-ce que c'est toi ?
Elle était indéniablement effrayée, mais ne semblait pas vouloir fuir sans avoir eu de réponses.
S'agissait-il de courage ou d'inconscience? L'heure n'était plus à la réflexion. L'un des mannequins, le plus proche, était sur le point de la frapper.
S'interposant, le Seigneur du Temps surgit hors des ombres, saisit la main de la jeune femme avant de lui ordonner :
-Courez !
Ce qu'elle fit.
Lui faisait-elle confiance ? Il était certes moins impressionnant que les Autons, mais elle ne le connaissait pas encore.
C'est avec cette pensée en tête et un sourire au coin des lèvres que le Docteur entraina l'infortunée au-delà d'une porte coupe-feu jusqu'à l'intérieur d'un ascenseur.
Le monte-charge allait se refermer lorsqu'un Auton passa le bras entre les portes. L'homme à la veste de cuir noir le saisi au niveau du coude et déboitât le membre d'un mouvement circulaire.
-Vous lui avez arraché le bras !
-Ouep.
Il le lui lança, précisant :
-Plastique !
D'une pression sur le tableau, l'ascenseur se mit en mouvement.
Sa protégée était maintenant agacée :
-Très malin, joli tour ! C'était qui, des étudiants ? C'est une farce d'étudiants, quelque chose comme ça ?
-Pourquoi seraient-ce des étudiants ?
-Je ne sais pas...
Il avait enfin quelqu'un avec qui débattre, il n'allait pas lâcher. À plus forte raison que cette soirée s'annonçait plus amusante que prévu.
-Hey bien, vous l'avez dit ! Pourquoi des étudiants ?
- Parce que... Autant de personnes déguisées à faire les fous… Ce doit être des étudiants.
Les bras croisés, regardant défiler les étages sur l'écran digital, le Docteur eut un petit rire. Elle semblait se prêter au jeu.
- C'est logique ! Bien joué.
- Merci.
-Ce ne sont pas des étudiants.
-Peu importe qui ils sont, quand Wilson les verra, il appellera la police.
-Qui est Wilson?
-Le chef électricien.
L'ascenseur s'immobilisa.
-Wilson est mort.
Ils quittèrent l'ascenseur. L'agacement de la jeune femme fit place à la colère :
-Ce n'est pas drôle. Pas du tout.
-Écartez vous. Attention les yeux.
Il pointa le tournevis sonique vers la commande d'appel de l'ascenseur qui explosa en une volée d'étincelles.
-Je n'en peux plus, ça suffit, lâcha la jeune femme.
Le Docteur en convenait, pour une novice, avoir tenu sans craquer jusque-là était une belle preuve de courage.
Du courage, ce n'était donc pas uniquement de l'inconscience, se dit-il.
Ne le lâchant pas d'une semelle, la jeune vendeuse le fusilla de questions :
- Alors, vous êtes qui ? Et qui sont ces gens-là ?
Mais l'homme ne l'écoutait que d'une oreille.
-J'ai dit : « Qui sont-ils ? »
Le Docteur avait suffisamment joué les mystérieux. Et il n'avait jamais su résister bien longtemps à une question.
-Ils sont faits de plastique. De plastique vivant. Ils sont contrôlés par l'antenne relais sur le toit. Ce qui serait une énorme problème si je n'avais pas ceci.
Il sortit de sa poche une imposante télécommande faite d'un assemblage de bric et de broc.
- Donc, repris t'il en ouvrant une issue de secours donnant sur une ruelle. Je vais monter là-haut, et tout faire sauter. Il se peut que je meure dans la manœuvre, mais ne vous inquiétez pas pour moi, non. Rentrez chez vous ! Rentrez et faites-vous de délicieux beans on toast.
Tenant toujours le bras de mannequin serré contre elle, la jeune vendeuse quitta les lieux.
-Ne dites rien à personne. Si vous le faisiez, vous pourriez vous faire tuer.
Après cet ultime recommandation, il referma la porte, sans pour autant en lâcher la poignée. Il n'avait pas couvert l'entièreté des éléments. Une dernière chose devait être élucidée, presque aussi importante que la menace des Autons.
Il ouvrit une nouvelle fois l'issue de secours. Sa protégée ne s'était éloignée que de quelques pas.
-Je suis le Docteur. Comment vous appelez vous ?
Elle hésita :
-Rose.
-Ravi de vous avoir rencontré, Rose.
Il remua la commande, comme un rappel des choses à venir :
-Courez pour vivre !
Suite à quoi, il referma la porte avant de reprendre sa course folle.
Rose avait été sauvé, Wilson ne pouvait plus l'être, les lieux avaient été vérifié. Plus concrètement, l'ascenseur était bloqué. Ce fut donc via l'escalier, que le Docteur remonta quatre à quatre, qu'il atteignit le toit.
Les Autons s'amassaient déjà autour de l'antenne sous le ciel étoilé de Londres.
Autant de drones écervelés cherchant à se connecter à la large coupelle blanche, sans se rendre compte que son support avait été modifié pour accueillir un dispositif explosif, semblables à de nombreux autres disséminés dans les étages d'Henrik’s.
À petite foulée le Docteur dépassa l'antenne se dirigea vers sa petite boîte bleue pour disparaitre.
Avec un son semblable à une lourde respiration mécanique, la présence du Tardis s'effaça progressivement, disparaissant complètement alors que les explosions déchiraient le bâtiment dans une fureur de flamme et de béton, emportant les Autons et la menace Nestene.
À l'abri dans une ruelle voisine, la petite boîte bleue réapparue.
De par son aspect, les rues de Londres devaient être son habitat naturel. Celui d'une boîte de police comme il y en avait tellement plusieurs décennies auparavant.
Le Docteur posa la télécommande, qui venait de faire son office, sur le tableau de bord, non loin de la tasse de porcelaine.
Les ronronnements de son vaisseau étaient réprobateur.
-Je sais, s'excusa le voyageur un peu honteux. Je ne ferai plus exploser de bâtiments, c'est promis.
Il tira vers lui l'un des écrans de contrôle afin de confirmer ses craintes.
La menace Nestene n'était pas écartée.
Un signal Autons émanait toujours quelque part sur les radars.
Se souvenant soudainement qu'il avait laissé filer un membre en plastique, il sourit.
La partie n'était pas terminée : il allait devoir retrouver le bras, et... Rose.
La conclusion se trouve dans le premier épisode de Doctor Who (2005).