Une Nouvelle Terre

Chapitre 12 : La Peste Humaine

3428 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/11/2023 20:19

— Oh Mon Dieu…

Le chuchotement horrifié de Cassandra est à peine audible par-dessus les gémissements plaintifs qui remplissent la salle en masse. Elle et Chip ont été enfin rattrapés par le Docteur sur l’une des passerelles une dizaine de niveaux plus bas. Luttant tous les trois pour reprendre leur souffle, ils regardent par-dessus la rambarde et voient les dernières serrures sauter des portes dans un bruit de détonations. Des hordes de silhouettes sombres sortent à l’unisson de leurs cellules vertes, s’attroupant au-dehors en râlant : « Sauvez-nous… »

— Regardes ce que tu as fait ! Le Docteur balance l’accusation sans pitié alors qu’il s’agrippe à la rambarde et observe le chaos autour d’eux avec effroi.  

— Ce n’était pas moi ! crie Cassandra en retour, l’air réellement terrorisée. Le bras de Rose a pris des étincelles lorsqu’elle esquivait les décharges électriques venant des portes et elle peut sentir la brûlure sur sa peau. Chip se recroqueville derrière elle, ressemblant à un petit chien perdu.

Malgré toutes ses manigances et ses manipulations, Cassandra n’avait pas prévu que les Sœurs refuseraient de satisfaire son avarice. À présent, elle commence tout juste à comprendre à quel point sa cupidité les a mis dans le pétrin. Ce n’est plus une simple question d’infection : le complexe tout entier vient d’être exposé au grand jour, et ils ont désormais affaire à une véritable pandémie. Tous les cobayes humains emprisonnés – la « Chair » cultivée par les Sœurs, qui n’ont rien connu d’autre que l’intérieur de leurs cellules tout au long de leur misérable existence – sont à présent en liberté, explorant leurs nouveaux environs ensemble comme un gigantesque organisme contagieux.

Et maintenant ils les encerclent par centaines…

Le sourire arrogant a longtemps disparu du visage de Rose. Jamais Cassandra n’a voulu ça ! Que faire si ces… choses s’emparent d’elle et viennent poser leurs mains hideuses et difformes partout sur sa belle peau neuve… ?

— Un seul contact et tu attraperas toutes les maladies du monde ! tonne le Docteur. Et je tiens à ce que ce corps reste sain, Cassandra ! (Il se tourne vers Chip et lui arrache son tournevis sonique des mains avant de leur indiquer la volée de marches la plus proche :) On doit descendre !

Mais elle ne bouge pas d’un pouce. Chip non plus.

Ils sont tous les deux pétrifiés. Et avec les projets de Cassandra désormais en ruines, ni elle ni son serviteur ne savent quoi faire. La défaitiste en elle se demande même à quoi bon cela servira de s’enfuir.

Ou s’il reste encore quelque part où aller…

 

La puanteur de la pestilence ambulante de l’hôpital les atteignit avant les porteurs eux-mêmes. Les étages des Soins Intensifs regorgeaient de corps à présent – des mains malades se tendant vers eux de tous les côtés, des mots rauques s’échappant de lèvres gercées :

« Aidez-nous… Sauvez-nous… »

Le Docteur leva les yeux vers les escaliers qui les ramèneraient jusqu’aux niveaux supérieurs. D’autres spécimens infectés descendaient progressivement les marches vers eux…

Hors de question. Il n’y avait qu’une seule issue possible.

Il bouscula l’épaule de Rose pour que Cassandra se remette à courir :

— Il faut qu’on descende, maintenant !

— Mais ils sont des milliers… !

Tout à coup, le Docteur en avait assez. Déjà aujourd’hui, il s’était fait duper, assommer et enfermer. Maintenant, avec des légions et des légions de clones malades créés par les Sœurs libérés de leurs cellules, toute la planète était en danger. Et pour couronner le tout, il devait faire face à tout ça sans l’aide de Rose ; son corps dévoyé et dénaturé par l’écho psychique d’une diva pervers-narcissique – qui maintenant avait l’audace de se plaindre !

— DESCENDEZ CES ESCALIERS TOUT DE SUITE ! beugla-t-il, poussant Chip et Cassandra vers les marches les plus proches. ALLEZ !

Avec un hurlement de terreur, Cassandra s’exécuta.

— ALLEZ ! ALLEZ ! cria le Docteur après eux. DESCENDEZ !

Trois paires de pieds paniqués dévalèrent les marches métalliques deux à la fois, suivis lentement mais sûrement par une innombrable quantité d’autres…

 

Matrone Casp avait regagné les étages supérieurs en état de choc. Elle voyait encore le visage horriblement contaminé de Sœur Jatt ; réentendait les cris de sa collègue alors que les mêmes microbes et maladies indescriptibles portés par les patients s’étaient transmis dans son organisme par milliers…

Comment les choses avaient-elles pu en arriver là ?

D’autres monstruosités étaient déjà à sa poursuite, gravissant les escaliers derrière elle. Par chance, cependant, la matrone venait de tomber sur l’un des rares téléphones d’urgence qu’elle avait fait installer dans les Soins Intensifs. Se précipitant dessus avec des pattes tremblantes, elle hurla un ordre précis dans le combiné :

— METTEZ LE BÂTIMENT EN QUARANTAINE !

Instantanément, les sirènes se remirent à hurler, et cette fois-ci, elles semblaient se déclencher partout à la fois. Sans plus attendre, Casp lâcha le téléphone et reprit la fuite – esquivant juste à temps une ruée de bras tendus qui cherchaient à l’atteindre…

Et au-dessus, l’interphone de l’hôpital se remit en marche :

« Attention : ce bâtiment est maintenant en quarantaine. Personne n’est autorisé à quitter son enceinte. Je répète : ce bâtiment est maintenant en quarantaine. Personne n’est autorisé à quitter son enceinte… »


Le Docteur entendit les haut-parleurs diffuser l’annonce avec un calme affreux alors qu’il dévala les escaliers après Chip et Cassandra, son soulagement se dissipant avant même qu’il puisse en tirer du réconfort.

Il aurait aimé croire qu’il était calme, lui, au moins, mais il n’en était rien. Au contraire, il était terrifié.

Une fois le protocole de confinement mis en place, leurs mouvements seraient limités au maximum… et le Docteur savait qu’ils avaient besoin de mettre un maximum de distance possible entre eux et les porteurs pour éviter d’être infectés à leur tour. S’ils avaient de la chance – s’ils avaient beaucoup, beaucoup de chance – l’atmosphère stérile de l’hôpital suffirait à empêcher toute propagation aérienne des maladies. Et quiconque avait ordonné la quarantaine avait bien réagi; cela ferait en sorte au moins que la contagion ne se répandrait pas en dehors de l’hôpital...

Mais cela signifiait aussi qu’ils avaient nulle part où aller. Les patients, le personnel et les visiteurs allaient tous se retrouver pris au piège à l’intérieur.

Aucun moyen d’entrer ou de sortir, désormais…

Tous les trois continuèrent à descendre, dévalant escalier après escalier, leurs souffles pénibles et saccadés, sans jamais ralentir une seule seconde. Et tout autour, ils pouvaient entendre les bruits de pas titubants, les supplications désespérées, l’agonie des malheureux qui les pourchassaient, confus et en colère...

Le Docteur sentit ses cœurs se serrer dans sa poitrine lorsqu’il pensa à Rose, impuissante, coincée dans son propre corps que Cassandra était progressivement en train d’épuiser. Si jamais elle se faisait infecter par l’une de ces maladies… Il s’était persuadé que la jeune femme était toujours saine et sauve quelque part dans sa propre tête, mais toute la pression atroce causée par l’intrusion de Cassandra l’aurait sûrement déjà tuée d’ici-là, non…?

— Continuez ! Descendez ! leur cria-t-il une dernière fois, alors qu’ils passèrent une porte tout en bas et laissèrent enfin les escaliers derrière eux.

Oh, comme il espérait désespérément que Rose soit encore en vie…

 

« Toutes les issues sont hermétiquement fermées. Je répète : toutes les issues sont hermétiquement fermées… »

Alors que les annonces d’urgence retentirent à travers le bâtiment, Sœur Corvine se tourna vers ses visiteurs dans la Section 7, très reconnaissante du voile qui lui cachait le visage :

— La quarantaine n’est qu’une simple procédure standard, dit-elle de sa voix la plus rassurante. Si vous voulez bien me suivre…

Mr et Mme Clay s’échangèrent un regard tandis que la Sœur les conduisit rapidement à travers les couloirs. Les hôpitaux leur faisaient toujours froid dans le dos, et celui-ci les avaient laissés dubitatifs dès le départ. Ils avaient seulement fait le trajet jusqu’ici depuis New New York afin de rendre visite à leur fille, Hélène (nommée, naturellement, après sa mère), qu’on avait admise pour un cas exceptionnel de Maladie de Lazar.

Au début, ses parents avaient supposé qu’il s’agissait simplement d’un coup de fatigue venant du travail exhaustif (et épuisant) que Hélène faisait pour la Fondation du Testament à l’Université de Nouvelle Terre. Quelle cruelle malchance que leur plus grande fierté avait en réalité été terrassée par une maladie virulente que l’évolution aurait dû éradiquer depuis longtemps !

Mais les Sœurs de la Plénitude pouvaient tout soigner. On leur avait assuré que c’était le cas. « Venez sur Nouvelle Terre, et laissez-nous vous soigner ! » était le joyeux refrain de leurs vidéos holographiques promotionnelles. « Nous pouvons tout guérir. Vos dons sont les bienvenus ! »

Alors Mr et Mme Clay donnèrent, et ils donnèrent généreusement. Rien que le meilleur des traitements pour leur petite fille adorée – bien que, 12 ans après sa grande découverte scientifique, le Professeur Hélène Clay n’était plus vraiment très petite…

Et maintenant une quarantaine ! Ça avait certainement provoqué tout un émoi en bas au rez-de-chaussée : les visiteurs et le personnel se retournant pour voir le foyer d’accueil brusquement en train de se fermer, des grandes barrières de protection renforcées s’abattant sur chacune des entrées et des sorties…

Mais Sœur Corvine avait longtemps redouté que ce jour n’arrive. Sous le règne de Matrone Casp, la communauté avait toujours poussé, privatisé et aspiré à plus. À mieux. Et donc, inévitablement, cela avait mené à des secrets, à des raccourcis… et finalement aux horreurs qui sévissaient en bas au cœur des Soins Intensifs.

Si les gens de New New York savaient... 

« Ils ne veulent rien savoir, » lui avait dit Casp une fois, le dédain pesant lourdement dans sa voix. « Ils s’en fichent. Nous pourrions massacrer une ville entière un jour après l’autre, et les gens ne se poseront même pas la question tant qu’ils peuvent vivre en sécurité dans l’ignorance de ce qu’ils ne voient pas. Les humains... ! Ils viennent sur cette planète et ils l’appellent Nouvelle Terre, comme si elle leur appartenait de droit ! Mais n’oubliez jamais, ma Sœur, que nous étions là les premières… »

Avec le temps, la matrone était parvenue à lui faire comprendre la valeur du travail que leur communauté était en train d’accomplir. La Chair était façonnée pour souffrir, disait-elle. Façonnée pour contenir la pourriture et les maladies. Façonnée pour mourir, constamment, afin que d’autres puissent vivre.

« Ne vous fiez pas à leur apparence humaine », disait Casp aux nouvelles novices effrayées lors de leur première descente aux Soins Intensifs. « Ils ne sont rien d’autre que de la chair. Ils ne sont pas vivants. Ils… sont, tout simplement. »

Mais Sœur Corvine avait protesté. Elle avait débattu et contesté ses consœurs, qui l’écoutaient poliment. Puis elle alla plus loin, faisant de ses théories le sujet d’études académiques, que ses collègues lisaient poliment.

Et puis le bon travail continua… poliment.

Mais les « incidents » ne cessaient de se reproduire. Chaque jour, il semblait à Sœur Corvine que ses théories devenaient de plus en plus tangibles. Les malades n’avaient pas de noms, certes ; ils n’étaient que de la « chair ». Mais ils continuaient, néanmoins, à vouloir, à désirer – à demander – la vie.

Quel autre choix se présentait à eux ? Qui y’avait-il d’autre ?

Aussi calmement qu’elle le put, Sœur Corvine escorta ses visiteurs vers une porte située au bout du couloir :

— Si vous voulez bien attendre dans la Salle des Familles…

Puis elle ouvrit la porte, et Mme Clay lâcha un hurlement.

« Sauvez-nous… »

La Salle des Familles était remplie – littéralement remplie, du sol au plafond – de malades. Entassés les uns sur les autres, tendant leurs mains vers eux. Un mur de chair !

Ils s’agrippèrent au bras de Mme Clay et elle hurla de nouveau – cette fois au secours, alors que d’horribles furoncles noirs se mirent à remonter le long de ses mains, sous ses vêtements, sur son visage... Son mari se précipita vers elle, et se retrouva entraîné dans la foule à son tour. Les deux Clays disparurent dans le groupe des créatures difformes, hurlant à tue-tête alors qu’une lèpre galopante ravagea leurs corps : la Maladie de Lazar, mêlée à une ribambelle d’autres horreurs sans nom…

Sœur Corvine souleva lentement son voile pour contempler l’affreuse galerie de visages devant elle. Infectés, implorants, boursouflés. Ils se pressèrent dans un cercle autour d’elle, leurs bras et leurs mains tendus en avant – un monde grouillant et vivant et fétide de bouches ouvertes, de yeux exorbités et d’immonde chair répugnante…

Et brièvement, juste avant la fin, elle éprouva la petite fierté professionnelle d’avoir eu raison depuis le début.

 

Cassandra reconnaît immédiatement ses environs.

Un sol en béton, des grains de poussière, un dédale de tuyaux rouillés et d’anciens appareils médicaux…

Les catacombes de l’hôpital. Où elle a vécu avec Chip pendant si longtemps.

Mais il faut absolument remonter à l’étage. Ne perdant pas une seconde pour reprendre son souffle, elle se dirige aussitôt vers les ascenseurs et martèle le bouton d’appel avec le pouce de Rose jusqu’à ce qu’elle soit presque certaine de s’être cassé un ongle.

— Non, c’est inutile, on est en quarantaine ! crie le Docteur. Les ascenseurs sont bloqués. Plus rien ne bouge !

— Par ici, alors ! crie Cassandra en retour. Et elle fonce dans la direction opposée, propulsée en avant par l’impulsion désespérée qu’elle va – qu’elle doit – survivre à ce cauchemar. Quoi qu’il en coûte.

Ici au moins, elle sait où elle va. Ils sont dans le même couloir où la blondasse a rencontré Chip pour la première fois. Cela signifie donc que son ancienne cachette ne devrait plus être très loin.

Allez, encore un effort…

 

Le Docteur la talonna de près, son esprit travaillant deux fois plus vite maintenant qu’il sait que celui de Rose est en jeu.

Mais ce passage étroit et sinueux ne lui plaisait pas du tout. C’était un parfait terrain d’embuscade ! S’ils tombaient sur ces personnes infectées par ici…

« Pitié… Aidez-nous… »

Oh ! Pourquoi, oh pourquoi y avait-il même pensé ?

Un groupe errant des malades venait soudain d’émerger d’une porte adjacente. Cassandra se précipita en avant, les dépassant de justesse – et ils se retrouvèrent alors à s’avancer vers le Docteur. Piquant une pointe de vitesse, ce dernier bondit sur le côté, se contorsionna sur un pied,faisant tout pour contourner les malades sans les toucher…

…et parvint tout juste à les esquiver, humant au passage leur odeur corporelle purulente.

Il avait réussi à passer ! Il était indemne !

— MAÎTRESSE !

Le Docteur et Cassandra s’arrêtèrent si brusquement qu’ils faillirent se rentrer dedans lorsqu’ils s’aperçurent qu’ils avaient oublié…

Chip.

Le petit assistant rabougri de Cassandra avait été trop lent. Des dizaines de porteurs malades se déversaient à présent dans le couloir devant lui, le séparant des deux autres, et un pitoyable gémissement lui échappa lorsqu’il vit qu’il n’y avait plus aucun moyen de passer.

— Ne te laisse pas toucher ! s’écria le Docteur. Déjà, il faisait demi-tour ; s’il pouvait juste trouver quelque chose avec quoi repousser la horde, les distraire…

Mais la main de Rose lui saisit le bras, l’obligeant à s’arrêter.

— Laisse le ! cria Cassandra par-dessus les geignements terrifiés de son serviteur alors que les créatures s’avancèrent vers lui.

Le Docteur tenta une nouvelle fois de se précipiter à son secours :

— Quelqu’un va le toucher !

— Oh, ça ne fait rien ! répliqua Cassandra alors qu’elle tira le Docteur agressivement par le bras et le força à revenir vers elle. Ce n’est qu’un clone ! Il n’a qu’une demi-vie ! Allez, viens ! 

— Maîtresse ! sanglota Chip de l’autre côté de la foule convergente de malades, tendant une main pathétique dans la direction de Rose. Mais Cassandra s’éloignait déjà au pas de course, sa longue chevelure blonde défilant derrière elle. Elle ne lui accorda même pas un dernier regard.

Et sachant bien que c’était injuste – que si ça avait été Rose, la vraie Rose, elle serait revenue chercher Chip sans hésiter une seconde – le Docteur ne pouvait pas rester l’aider. Pas tant que la jeune femme était encore sous l’influence égoïste de Cassandra …

— Désolé ! cria-t-il à Chip, alors même qu’il grinça des dents et se sauva en courant. Je suis désolé, mais je ne peux pas la laisser s’échapper !

 

— Ma Maîtresse ! gémit Chip encore une fois, mais il n’y a plus personne pour l’entendre. Le Docteur et la Maîtresse sont partis.

Il est tout seul. Il ne sait pas quoi faire.

Pendant un moment, il ne fait rien. Il reste là ; à pleurnicher et s’apitoyer sur son sort, tandis que les porteurs malades se rapprochent de plus en plus… Se lamentant une époque plus simple, avant que la Maîtresse s’est affranchie de sa peau pour aller courir après les blondes, les Docteurs et les secrets d’infirmières-chats – une époque où elle le laissait s’asseoir en tailleur sur le sol froid à côté d’elle pendant qu’elle dormait, contemplant sa magnifique cervelle dans son bocal avec une couverture volée autour de ses petites épaules…

Puis la peur reprend le dessus. Avec un cri strident, Chip tourne les talons et détale dans la seule direction qui lui reste…

Tout droit dans une impasse.

Le passage s’arrête brusquement dans une petite alcôve fermée, remplie du genre de barils de déchets industriels dans lesquels il avait l’habitude de fouiller. 

Mais… il y a une issue !

Derrière l’un des barils se trouve un conduit de vide-ordures, juste assez large pour laisser passer un corps. Dans un affolement désespéré, Chip s’y précipite dessus. Un rapide coup d’œil par-dessus son épaule perçoit les ombres de ses poursuivants, et il lâche un dernier sanglot avant de se forcer à escalader le rebord.

Avec fracas, le petit serviteur pâle de Cassandra saute à l’intérieur du conduit et se laisse glisser dans le vide… Ou bien pour s’y trouver une cachette et revenir un jour servir sa maîtresse, ou bien pour mourir plus vite dans sa chute.

L’un ou l’autre. À ce stade, ça lui est égal.

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