Ces ombres familières

Chapitre 2 : Dans cette version, ça arrive

Chapitre final

3620 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/09/2023 10:58

Cela aurait pu ne pas arriver et la vie aurait poursuivi son cours. Mais dans cette version-là ça arrive et la vie poursuit aussi son cours.

(Mention spéciale à Bucky pour la relecture et les encouragements ! Je te remercie pour ton enthousiasme !)


oOo



La lourde porte s’ouvrit sur les rires de Jack et du Docteur. Ils s'engouffrèrent à l’intérieur de la base, tous deux aussi ravis, excités et amusés qu’il était possible de l’être. Quiconque les aurait aperçu à cet instant se serait étonné de leur aspect : le long manteau bleu marine de Jack était recouvert d’une substance verdâtre qui débordait sur le cou, les mains et le visage de l’homme, lequel n’osait rien toucher et gardait les bras levés ; quant au Docteur, il n’était pas mieux lotis : il portait son manteau d’une main, désespéré par son aspect répugnant. Le pire étant que même ses baskets étaient recouvertes de cette drôle de substance. 

« Je vous avais dit de ne pas les provoquer ! s’exclama Jack en se faufilant jusqu’à l’escalier. Quand ils sont en colère, ils explosent et quand ils explosent… »

Il s’arrêta sur la première marche et se retourna pour faire face au Docteur qui l'observait avec un sourire amusé et des yeux brillants. 

« Ça donne ça, conclut le Capitaine avec un soupir affligé qui ne trompa pas son ami. 

— Si je ne l’avais pas fait, c’est toi qui t’en serais chargé, réplique le Docteur en le suivant jusqu’à son bureau. Tu n’es pas en reste quand il s’agit de provocation. » 

Jack arqua faussement les sourcils, mais son sourire gacha l’air étonné qu’il voulut se donner. Les deux hommes échangèrent un éclat de rire complice. La mission qu’ils venaient d’effectuer n’avait été ni foncièrement dangereuse ni palpitante, mais ils avaient fait la rencontre d’une étrange espèce d’alien qui portait, littéralement, une poche pleine de pus en bandoulière — « Fascinant ! avait dit le Docteur. C’est leur arme de défense ! ». Pas de casse, ni dans leur camp ni dans celui des aliens qui avaient voulu envahir un quartier de la ville, mais deux tenues fichues en l’air.

Le Docteur abandonna son manteau dans un coin et entreprit d’ôter sa veste et ses chaussures sans pouvoir retenir un mimique dégoûtée. De son côté, Jack se lamentait de l’état de son manteau. 

« Où sont-ils tous donc passés ? » s’étonna le Docteur en s’approchant de la vitre qui offrait une vue sur le reste de la base. 

Effectivement, l’endroit semblait totalement vide, à l’exception du ptérodactyle qui vivait sereinement sa vie dans les hauteurs du Hub. L’équipe s’était scindée en deux à un moment de la soirée et le Docteur pensait qu’ils se retrouveraient tous ici. 

« Ils sont rentrés, l’informa Jack. Ils n’allaient pas rester toute la soirée ici. » 

Le Capitaine n’était d’ailleurs pas mécontent de l’absence de son équipe. Les visites du Docteur étaient toujours trop rares et trop rapides à son goût. Avec toutes les horreurs qui leur étaient arrivées ces derniers temps, et à chaque fois qu’il s’était retrouvé en compagnie de l’extraterrestre et de sa drôle de boîte bleue, ils n’avaient jamais pu passer un moment sans monde à sauver, attaque extraterrestre à déjouer ou autres catastrophes du même acabit. Ce soir, pour la première fois, Jack espérait qu’ils pourraient passer une soirée sereine à discuter et partager autre chose que des frayeurs. Cela dit, il n’avait aucune idée de si le Docteur appréciait ce genre de choses. L’extraterrestre avait de lui-même pris la décision de rester pour cette “aventure avec le Capitaine” mais le connaissant, il profitera de la moindre occasion pour sauter dans son TARDIS et s’enfuir vers d’autres horizons. Qu’il souffre de la solitude ou non, c’était la même chose. 

Sauf que Jack était déterminé à le garder ici, au moins pour quelques heures encore. Il n’avait pas manqué de remarquer les yeux tristes du Docteur, lors de son arrivée. Il fallait être un goujat doublé d’un idiot pour ne pas avoir compris que les événements récents avec le Maître et le départ de Martha avaient profondément chamboulé le Seigneur du temps, beaucoup plus que Jack pensait cela possible. Alors s’il pouvait lui offrir, le temps d’une soirée, une parenthèse hors de sa solitude, il ferait tout pour le faire. 

Insensible à ses pensées inquiètes, le Docteur reniflait curieusement les oripeaux qui étaient autrefois sa veste et son manteau dans l’espoir de comprendre ce qu’était exactement cette substance. L’odeur lui donna tout un tas d’informations, évidemment, mais pas la plus importante : cela partirait-il au lavage ? Bah, ce n’est pas comme s’il n’avait pas d’autres exemplaires de ces vêtements dans son vaisseau. Peut-être pourrait-il aller se changer, et après…

Il baissa les bras et perdit son air jovial en se rappelant qu’il n’avait pas grand-chose à faire, après. Repartir à l’aventure, logiquement. Oui, comme toujours. Mais cette idée lui était tout aussi étrange qu’il y a deux jours, lorsqu’il était arrivé ici. À vrai dire, il n’avait aucune idée de que faire et d’où aller, et quand il se mettait à y penser, parce qu’il y était bien forcé, une vague montait en lui, dans sa gorge et dans ses deux cœurs, qui obstruait totalement ses pensées. Que faire ? Il n’en savait rien. Où aller ? Il n’en avait aucune idée. Il n’était pas pour autant inquiet. Il était habitué à cette profonde lassitude, à cette douleur qui sourdait dans son corps. Oui, il était habitué, il savait que cela finirait par passer. Tout finissait toujours par passer, n’est-ce pas ? 

« Il y a une douche, dans le fond, par là-bas. » 

La voix de Jack lui parut lointaine. Il l’entendit sans comprendre le sens de ses paroles. Il se retourna vers lui, perplexe. 

« Quoi ? 

— Une douche, là-bas. À moins que vous ne vouliez rester comme ça ? s’amusa Jack en le désignant des pieds à la tête. 

— Oh. » Puis un grand sourire lui illumina le visage. « Je sens mauvais, mais je suis toujours aussi mignon, n’est-ce pas ? 

— À qui le dites-vous, » répliqua le Capitaine en lui jetant une œillade en biais. 

Des sourires lumineux qui dévoilaient ses dents, le Docteur en avait à la pelle. C’est qu’ils lui allaient bien, ces grands sourires, mais lorsque l’on fréquentait un petit peu le Seigneur du temps, cela devenait évident que ces sourires n’étaient parfois qu’une façade rondement bien construite. Et ce soir, la façade était plus évidente à déceler que les autres fois. Oui, Jack n’était pas dupe. Le Docteur n’était pas dupe. Et le silence soudainement tombé dans le bureau était éloquent. 

« Je dois retourner au TARDIS, » fit le Docteur au bout d’un moment. 

Le Capitaine grimaça et se détourna du bureau pour lui accorder toute son attention. Ses bretelles pendaient autour de ses hanches, tout aussi puantes et gluantes que le reste de ses vêtements. Qu’il avait hâte de retrouver une tenue plus agréable ! Mais pour le moment, le problème était le Docteur et son foutu air contrit. 

« Non, refusa Jack. Pas cette fois. Allez vous doucher et rev… 

— Tu sais que j’ai aussi une douche dans le TARDIS, n’est-ce pas ? sourit le Docteur, insolent jusqu’au bout de ses cheveux en bataille. 

— Si vous retournez au TARDIS, commença Jack sur un ton sérieux qui fit soupirer le Docteur, vous ne reviendrez pas. » 

Impossible de se tromper quant à l’air du Seigneur du temps. Ces lèvres pincées, ce sourire qui n’en était pas réellement un et ce regard, oh ce regard qui faisait comprendre à Jack qu’il avait évidemment raison : il ne reviendrait pas. 

« C’est comme ça que ça doit se passer. Oh, allons, Jack ! s’exclama le Docteur, ne fais pas cette tête, tu vas…

— Pourquoi est-ce que vous partez toujours ? l'interrompit Jack. Qu'est-ce qui vous empêche de rester ? 

— Je ne peux pas rester là. » Il était déterminé. « La place d'un Seigneur du temps est là-haut. »

Un drôle de sourire étira les lèvres du Capitaine Harkness. Il s'approcha de l'extraterrestre qui, Seigneur du temps ou non, était semblable à tout un chacun quand il était en chaussettes : adorablement ridicule, surtout quand on était habitué à le voir affublé de ses baskets, son costume et son manteau. Le Docteur le suivit du regard et, malgré son air fermé, esquissa un sourire en réponse à celui de Jack. Ce dernier suivait son instinct qui lui dictait d'être sincère, tout simplement — il n'avait rien à perdre. Il posa la main sur l'épaule du Docteur, ce sourire toujours amusé aux lèvres. 

« Je ne parlais pas pour toujours, mais pour ce soir. Autorisez-vous à rester encore un peu. Ne me faites pas croire que l'idée de repartir seul là-haut vous fait envie. Pour le moment du moins. »

Il ôta sa main et si son doigt frôla le cou du Docteur pendant le processus, c'était sûrement le hasard — mais le hasard fit bondir son cœur. Jack poursuivit jusqu’à la porte du bureau près de laquelle il s’immobilisa, la main sur le chambranle. Il offrit un sourire charmeur au Docteur qui n'avait pas bougé. 

« Soyez encore là quand je sortirai de la douche, » lui demanda-t-il sur un ton joyeux qui ne convenait pas au moment.

Il disparut en laissant le Docteur avec ses frusques puantes. Celui-ci soupira. Désormais seul, plus besoin d'afficher des sourires ou de faire des grimaces enjouées. Non pas qu'il se forçait dès qu'il était en public, mais elles sortaient plus facilement quand il avait de la compagnie. Quand le silence l'entourait, comme maintenant, le poids de la vie pesait de nouveau sur ses épaules. 

Il ferait mieux de partir maintenant. Jack ne lui en voudra pas longtemps de l'avoir laissé en plan. Et puis il avait son équipe. Tout irait bien pour lui, songea le Docteur en allant s'asseoir sur le canapé. Oui, c'était la décision la plus raisonnable. La plus logique.

Certes.

Alors pourquoi restait-il assis sur le canapé ? Pourquoi ne se levait-il pas pour récupérer ses affaires et s'en aller avant que Jack ne revienne, ce qui ne tarderait pas ? Il lui fallut un temps considérable pour se décider à bouger — ce fut la disparition soudaine de l’eau qui coulait qui le décida. Il ramassa sa veste et décida au dernier moment de garder à la main ses baskets malodorantes. Jack n’allait pas apprécier, mais c’était mieux comme cela. Quelque chose lui disait que si l’homme revenait maintenant, partir allait être beaucoup plus difficile. Face à la solitude, le Capitaine Jack Harkness, son humour, sa bonhomie et ses grands sourires étaient beaucoup trop forts. 

Il s’engageait dans l’escalier lorsque un bruit de porte résonna. Il grimaça et se retourna en sentant une présence dans son dos. Jack le regardait avec un drôle d’air, la serviette autour du cou, la chemise boutonnée à la va-vite et les bretelles à moitié enfilées. Comme s’il s’était précipité hors de la salle de bains — avait-il deviné ses intentions ? 

« Jack… 

— Que diriez-vous d’une pizza ? »

Quoi ? Le Capitaine semblait sérieux. Il lança sa serviette sur la rambarde et fit glisser ses bretelles sur ses épaules. Il avait un grand sourire, comme s’il ne venait pas de surprendre le Docteur en train de s’en aller en catimini. 

« Une pizza, vous ne devez pas en manger souvent à bord du TARDIS ou pendant vos aventures. »

Le Docteur s’accouda à la main courante. Il était malgré lui amusé. 

« Je trouve des spécialités planétaires fabuleuses pendant mes aventures qui feraient passer les pizzas terriennes pour un mets bien banal. 

— Raison de plus pour en manger une ce soir, pour vous rappeler le goût des bonnes choses que cette planète que vous aimez a à offrir ! » s’exclama Jack en contournant le Docteur pour descendre les escaliers. 

Il se retourna pour jeter par dessus son épaule : 

« Je reviens avec ce qu’il faut et vous, n’hésitez pas à utiliser la douche ! » 

Il laissa en plan le Docteur dans l’escalier, lequel considérait la silhouette de l’homme qui s’éloignait avec hésitation. Habituellement, c’était lui qui entraînait les autres, que ce soit dans des aventures, des courses endiablées ou juste des découvertes exceptionnelles. Mais ce soir Jack semblait si déterminé à le faire rester que… Et bien qu’il remonta jusqu’au bureau du Capitaine pour aller se débarrasser de la substance malodorante qui lui titillait les narines — il n’était désormais plus question de s’en aller ou même de faire semblant que des choses plus importantes l’appelaient ailleurs. Il était incapable de retrouver la solitude du TARDIS et il le savait parfaitement bien. 

Quelques dizaines de minutes plus tard, ils étaient tous deux assis sur le canapé, une boîte en carton ouverte entre eux. Le Docteur avait une grande part de pizza dans la main et s’extasiait sur le goût qui le changeait de ces saveurs exotiques de l’espace et d’autres temps. Jack lui racontait certaines aventures vécues avec son équipe et l’extraterrestre l’écoutait en faisait de temps en temps un commentaire. 

« Que deviendrait la Terre sans toi et ton équipe ? » se demanda le Docteur une fois sa part engloutie et les cartons poussés sur le côté.

Les jambes allongées devant lui et les mains croisées sur le ventre, il avait le regard perdu dans le vide et s’étonnait de trouver à Torchwood des qualités qu’il n’aurait jamais su voir sans le Capitaine Jack Harkness. 

« La Terre aurait toujours le Docteur pour veiller sur elle, sourit Jack en réponse. 

— Arf… » Le Seigneur du temps laissa tomber sa tête contre le dossier. « Je ne peux pas déjouer tous les dangers, ni être toujours là. 

— Et quel dommage ! Je m’accommoderais bien d’un Docteur toujours présent, rétorqua Jack sur un ton charmeur. 

— Ne dis pas de bêtises, tu ne me supporterais pas bien longtemps. 

— Vous seriez surpris. » 

Jack gourmanda le Docteur d’un regard insolent. L’extraterrestre tourna la tête vers son ami, une grimace désabusée aux lèvres — c’était souvent ainsi quand le premier sortait une énormité au second. Ou une vérité dérangeante. 

C’était un regard tout à fait banal, comme il s’en échangeait des milliers dans le monde au même instant, mais il dura une seconde, peut-être deux de trop et cela suffit à Jack pour que son cœur manque un battement. Le Docteur ne bougeait pas, la tête abandonnée sur le dossier du canapé, les yeux braqués sur lui. Jack prit conscience de leur proximité et sa bouche s’assécha quand il se fit la réflexion qu’il n’y avait moins d’une longueur de bras entre eux deux. 

Le Docteur se faisait violence pour ne pas bouger, comme s’il avait conscience que le moindre mouvement pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre — et lui, il aurait bien aimé la voir rester stable. 

Très naturellement, Jack leva le bras. Il n’hésita qu’un quart de seconde avant d’avancer sa main et de la glisser sur la nuque du Docteur, appréciant la chaleur nouvelle contre sa paume. Son souffle se coupa par anticipation. Il s’approcha lentement et posa ses lèvres sur celles du Seigneur du temps. 

Leurs souffles se mélangèrent dans un lent baiser tendre. Le Capitaine frémit en sentant une main glisser sur sa joue et il ne put résister à l’envie de passer ses doigts dans la chevelure de l’autre homme, appréciant leur texture et en profitant pour se rapprocher de lui afin d’approfondir leur baiser. Celui-ci n’avait rien à voir avec celui qu’il avait échangé, plutôt bref et concis, avec sa précédente incarnation. Et il signifiait tout autre chose. Jack se gorgeait de chaque sensation, respirant l’odeur du Docteur et appréciant la douceur de ses lèvres timides. 

Contrairement à ce qu’il espérait, le Docteur mit rapidement fin au baiser en s’éloignant doucement de Jack, le regard fuyant. Le Capitaine le regarda faire avec regret et une légère appréhension.  

« Jack, je suis désolé…, » commença-t-il. 

Je suis désolé, mais je ne peux me permettre de te donner de vains espoirs ? Je suis désolé, mais je vais repartir dès que possible ? Je suis désolé, mais je n’ai pas envie de ce que tu me proposes ? Je suis désolé, mais malgré le plaisir évident que je retire de ce baiser, je préfère m’en aller ? Le Docteur avait conscience que c’était un mélange de tout cela et il aurait dû dire ces choses, les prononcer à voix haute avant que ce ne soit trop tard. Mais ses cœurs battaient trop violemment contre sa cage thoracique et les ombres dans sa tête commençaient déjà à revenir alors que ces dernières minutes il les avait totalement oubliées. 

Jack lui lança son fameux regard, celui qui voulait dire : je sais mais… 

« C’est systématique chez les Seigneurs du Temps, ça ? lui demanda-t-il avec un sourire en coin auquel le Docteur ne s’attendait pas.

— De s’excuser ?

— Non, ironisa Jack, de répondre à un baiser puis de faire marche arrière envers et contre toute raison. » 

Et envers et contre toute raison, le Capitaine balaya ses craintes et s’approcha de nouveau du Docteur, lequel recula la tête, réticent, avant de d’hésiter et de s’avancer à son tour dans un mouvement timide, comme s’il laissait l’occasion à Jack de mettre fin à tout cela. Mais Jack n’avait aucune intention de faire une telle chose. Il supprima la distance entre eux deux et sourit au moment où ses lèvres capturèrent celles du Docteur.

Il y avait des tas de raisons pour lesquelles l’extraterrestre aurait voulu que tout cela n’arrive pas. Premièrement, il n’avait plus envie de laisser qui que ce soit éprouver à son égard de doux sentiments qui pourraient les faire souffrir l’un comme l’autre — il avait encore en tête une certaine personne coincée dans une certaine autre dimension dont le souvenir revenait encore le hanter et le faire souffrir. Ce soir, il n’y pensait pas tellement. Il fallait dire qu’il n’y avait pas grand chose en commun entre Jack et Rose. Deuxièmement, et bien…

… et bien c’est à ce moment précis que le Docteur cessa de penser. Parce que Jack venait de glisser pour la seconde fois de la soirée les doigts entre ses mèches brouillonnes et qu’un long frisson glissa le long de son dos. Parce que ses lèvres bougeaient habilement contre les siennes et que sa langue le taquinait, parce que ce baiser l’empêchait de penser à tout le reste et que ça lui convenait bien. 

Il fallut quelques secondes au Docteur, secondes durant lesquelles il se laissa emporter par ce baiser qu’il n’avait pas cherché, avant de réussir à lever le bras à son tour pour crocheter ses doigts sur la chemise de Jack, dans son dos. C’était peut-être le signe que celui-ci attendait car aussitôt il poussa sur les épaules du Docteur pour l’allonger sur le canapé. 

Peut-être que le lendemain, le Docteur laissera filer les heures avant de repartir dans son TARDIS. 

Peut-être que la faille s’ouvrira une seconde fois et qu’il restera plus longtemps, encouragé par Jack à les aider une nouvelle fois. 

Peut-être qu’il glanera dans ces heures passées avec son ami le courage de repartir à la vie qu’il aime, malgré la terrible solitude qui lui grignotait régulièrement les cœurs. 

Et peut-être que sur son chemin, il rencontrera une femme au caractère bien trempé qui fera grandir ses sourires et qui le canalisera dans les pires moments. 

Peut-être. Mais pour le moment, Jack appuyait ses lèvres contre les siennes et le Docteur ne pensait pas à l’avenir ni à quoi que ce soit d'autre et c’était très bien comme cela.

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