Nouvelle vie
Cuddy était restée debout dans son entrée à contempler sa porte. Ce fut Rachel qui la ramena à la réalité.
"Geg bisou ma-man !"
Lisa rejoignit sa fille. Elle s'était levée et se tenait au bord du parc. Elle regardait sa mère qui lui souriait. Inlassablement, l'enfant continuait de répéter :
"Geg bisou ma-man !"
Lisa prit sa fille dans ses bras.
"C'est le genre de choses qu'il ne vaut mieux pas répéter ma chérie."
"Geg pa-tit ?" Demanda la petite.
Cuddy prit sa fille dans ses bras.
"Oui Greg est parti. Il te manque à toi aussi... Je suis persuadée qu'on le reverra bientôt, très bientôt." Lui avoua-t-elle dans un large sourire en l'embrassant.
Cuddy avait appelé la nourrice. Cette dernière devait venir vers quatorze heures, afin que Lisa puisse passer l'après-midi à l'hôpital. Elle souhaitait que Wilson lui fasse un rapport sur ces derniers jours. Comme cela, demain, elle pourrait se mettre immédiatement au travail.
La mère et la fille avaient déjeuné. Rachel était à la sieste, Cuddy s'était changée et d'ici une demie heure Marina arriverait.
Lisa n'arrivait pas à chasser House de ses pensées. Ces quelques jours avaient fait s'effondrer ses certitudes, mais maintenant elle en était sûre c'était lui et personne d'autre. Ça avait toujours été lui, son cœur, son corps, tout son être le criaient haut et fort. Comment avait elle pût se mentir aussi longtemps ? Quoi qu'elle fasse les images de la nuit dernière s'imposaient à elle. Juste une parenthèse avait il dit et pourtant c'est lui-même qui avait enfreint les règles avec ce dernier baiser. Il n'avait pas su se résoudre à partir sans l'embrasser une dernière fois. Etait-ce sa façon de lui dire qu'il tenait à elle ?
Il fallait qu'elle pense à autre chose avant d'aller à l'hôpital sans quoi elle n'arriverait pas à se concentrer. House avait-il tout raconté à son ami Wilson ?
"Penser à autre chose" se répétât-elle à haute voix.
Il fallait qu'elle s'occupe afin que son esprit arrête de gambader vers House.
Cuddy s'installa devant son ordinateur. Son regard s'arrêta sur la photographie où elle était avec Lucas. Celle-là même que House avait repérée lors de sa dernière visite. Elle prit le cadre et le rangea dans un tiroir.
Pendant son absence Lisa avait consulté ses mails professionnels sur son Black Berry, mais n'avait pas pris le temps d'interroger sa boîte personnelle. Elle se dit que ça lui changerait les idées et occuperait son esprit. Parmi la liste des messages, il y en avait deux de House. Elle remarqua immédiatement l'absence de pièce jointe. Le fait qu'ils soient différents de ceux qu'il lui avaient envoyé depuis Paris piqua sa curiosité et elle décida de les ouvrir en premier. Elle savait que ce n'était pas le meilleur moyen pour ne pas penser à lui, mais avait elle réellement envie de l'oublier ? Elle double cliqua sur le premier courriel et put y lire :
"Désolé problème de connexion... Rassurez-vous je vais bien. Merci de vous êtes inquiétée !!!"
Elle souriait à l'écran. Il avait pensé à elle, il aurait aimé poursuivre leurs échanges. Lisa relut le message afin de s'en imprégner. Elle s'en voulait un peu de ne pas lui avoir accordé l'ombre d'un doute. Elle avait immédiatement imaginé qu'il l'avait abandonné. La fin du message, lui montrait qu'il avait été blessé par le fait qu'elle ne cherche pas à avoir de ses nouvelles. Et pourtant, alors qu'elle s'était comportée égoïstement, dès qu'il avait su pour sa mère il n'avait pas hésité à quitter Paris et Hélène pour venir la rejoindre.
Ce nouveau House la déstabilisait vraiment. Elle conserva le courriel et ouvrit le suivant. Quel ne fut pas sa surprise devant un tel changement de ton.
"Vous vous êtes bien foutu de ma gueule ! Votre gigolo est rentré plus tôt que prévu ? Ou y a-t-il un troisième homme dans la place ? Bafouées notre amitié et nos promesses... Je suis donc si peu important pour vous ? J'espère que vous vous êtes bien amusée avec le pauvre infirme et ses sentiments ! Remarquez j'aurais dû m'en douter à la vitesse à laquelle vous m'aviez remplacé lors de mon séjour en hôpital psychiatrique. Continuez à penser avec votre cul plutôt qu'avec votre cœur et vous finirez seule... J'ai connu des putes plus sincères que vous."
Dès la première phrase elle comprit qu'il était passé de la déception à la colère. C'est d'ailleurs ce qu'elle ressentait elle aussi. De la colère ! Non, elle était furieuse. Comment pouvait-il l'insulter de cette façon. C'était réellement ce qu'il pensait d'elle. Etait-il possible qu'il la connaisse si mal ? Les mots étaient crus et blessants. Il avait voulu lui faire mal et il avait réussit. Elle se sentait salie par l'homme qui avait partagé son lit il y a encore quelques heures, par celui avec qui elle espérait commencer une histoire il y a encore quelques minutes. Elle aurait aimer déverser sa colère sur lui.
Lorsque Marina arriva, elle trouva une Cuddy énervée et d'une humeur de chien qui partit immédiatement en lui laissant juste quelques recommandations. Elle claqua la porte et monta d'un pas décidé dans sa voiture. Elle prit la direction de l'hôpital.
Cuddy n'arrivait pas a décolérer contre House. A la colère s'ajoutait la déception et la tristesse. Ce pouvait-il qu'elle se soit encore trompée ? House s'était-il encore joué d'elle ?
Des mots, des bribes de phrases qu'elle venait de lire lui revenaient sans cesse à l'esprit. Elle appuya à s'en faire mal à la main sur son klaxon parce que l'automobiliste devant elle n'avait pas démarré au quart de second lorsque le feu était repassé au vert.
Elle ne pouvait oublier les accusations de House. Chacune résonnait comme une claque plus violente que la précédente.
En arrivant sur le parking de l'hôpital, les pneus de sa voiture crissèrent lorsque brusquement elle fit demi-tour pour prendre la route qui menait chez House. Il fallait qu'elle lui déballe son sac, qu'elle déverse toute cette colère sur la personne concernée. De toute façon dans un tel état elle n'aurait pas du tout était réceptive à Wilson, ni a qui que ce soit d'autre d'ailleurs.
Gigolo, pute résonnait dans sa tête. Ce n'était pourtant pas ce qui l'avait le plus blessé. D'accord l'image n'était pas très flatteuse et les mots étaient grossiers, mais d'autres insinuations la perturbaient bien davantage. Elle lui en voulait énormément... Il avait tout cassé.
Elle sonna chez House. Lorsqu'il la vit derrière sa porte, il lui adressa un sourire.
"Je pensais à vous justement... Vous me..."
Il croisa son regard noir, vit sa mâchoire crispée et ses poings serrés.
"Que se passe-t-il ? Entrez !"
Elle fit quelques pas. Il ferma la porte. Elle n'avait toujours rien dit et restait plantée dans l'entrée.
Il était inquiet. Que pouvait-il lui être arrivé pour qu'elle soit dans un tel état nerveux ?
Il posa sa main sur son épaule. Elle la rejeta avec violence et une diarrhée verbale s'abattit sur lui. Il ne comprit pas tout de suite de quoi elle parlait, ni ce qu'elle pouvait lui reprocher, mais elle était dans un tel état de colère et d'excitation qu'il comprit qu'il valait mieux la laisser parler et attendre que la foudre s'arrête.
"Comment osez-vous ? Comment avez-vous pu ? Je pensais que vous aviez changé, que je pouvais vous faire confiance. Mais je me suis encore laissée berner. Je devrais pourtant en avoir l'habitude avec le temps. Mais non vous avez raison... Tout le monde ment et vous en premier ! Vous ne changerez donc jamais ?"
Il la regardait incrédule. Ne comprenant rien de ce qu'elle pouvait lui reprocher. Les yeux écarquillé sous l'effet de la surprise, cherchant ce qu'il avait pu faire pour mériter son courroux. Elle poursuivait son monologue.
"Vous serez toujours un salopard. Ce besoin de détruire tout ce qui vous entoure, de faire du mal à ceux qui osent vous approcher... Stop ! Je n'en peux plus de vos reproches, de vos insultes infondées et contradictoires. Non parce qu'il faudrait savoir... Je suis une pute ou j'ai un gigolo ? Etant donné que dans un cas on me paye et dans l'autre c'est moi qui raque. J'aimerais donc savoir qui de nous deux doit de l'argent à l'autre ?"
Aux mots gigolo et pute House comprit enfin qu'elle avait lu son mail. Il sourit en voyant dans qu'elle état ces quelques lignes l'avaient mise. Il avait voulu la mettre en colère et avait réussi. Certes un peu tard, mais il y était arrivé.
Cuddy surpris son sourire et sa colère montât d'un cran. Sa voix était emplie de haine.
"Ça vous amuse ? Vous m'insultez et ça vous fait rire ? Vous comparez Lucas à un gigolo, mais il est honnête lui au moins, il tient à moi, me respecte et je sais qu'il m'aime. Vous vous êtes incapable d'exprimer le moindre sentiment, à se demander si vous en avez. Ah si, les seules choses que vous laissez paraître sont votre dédain pour les autres et votre supériorité. Vous n'êtes qu'un égoïste, aigri et malheureux !
Après l'incompréhension et l'amusement, House ressentait de la colère maintenant face à cette condamnation. Comment pouvait-elle venir chez lui et le comparer à Lucas ? Mettre dans la même phrase le verbe aimer et Lucas ? N'était elle pas en partie responsable de son malheur ? Elle voulait lui faire mal ? Elle avait réussi ! Il ne pouvait la laisser l'attaquer sans répliquer.
"Vous ne serez jamais heureux !"
Il mit sa main dans la poche arrière de son jeans et se saisit de son porte-feuille. Il le jeta brutalement à ses pieds. Sous la surprise elle se tue. Elle baissa les yeux pour voir ce qu'il lui avait lancé. Pour la première fois depuis son entrée il parla. Sa voix était froide.
"Tenez servez vous ! Je n'ai aucune idée de combien vaut une catin de luxe..."
Elle releva les yeux vers lui. Son visage était blanc, elle fut surprise de trouver de la déception et de la douleur dans son regard. Ce constat lui fit radoucir le ton de sa voix. Elle était toujours en colère, mais les cris avaient remplacé le ton haineux.
"Vous pouvez me traiter de pute, de catin, de cougar et m'attribuer un gigolo si ça vous chante, ce n'est pas la première fois. C'est gratuit et ce n'est ni plus ni moins violent que les autres fois, mais je pensais que vous me connaissiez, que vous aviez confiance en moi. Comment pouvez-vous remettre ma sincérité en question ?"
House fut pris d'un fou rire. Ce qui stoppa net les cris de Cuddy.
"Alors, je peux vous envoyer les pires insanités sans m'inquiéter de votre colère, mais je ne peux pas remettre en compte votre sincérité ? Vous êtes unique Docteur Cuddy !"
"Vous ne comprenez vraiment rien House ! Vous m'accusez de tout vos maux et vous avez l'air surpris que je réagisse..."
Ses yeux s'emplissaient de larmes. Ce qui eut pour effet immédiat de stopper le rire de House.
"De nous deux qui se joue de l'autre ? Qui joue avec les sentiments de l'autre ? L'année dernière, à plusieurs reprises, je vous ai laissé entendre que j'aurai aimé entamer une relation avec vous. Et à chaque fois vous m'avez repoussé."
Les larmes coulaient sur ses joues et Cuddy recommençait à s'énerver. House comprenait qu'une fois encore il l'avait blessé. Qu'elle en avait gros sur le cœur et qu'elle avait besoin de lui faire partager. Il se contentât d'écouter ce qu'elle disait en essayant de comprendre pourquoi cette fois-ci les choses prenaient de telles proportions.
"J'ai toujours été là pour vous, je vous ais toujours soutenu. Ces derniers mois j'ai essayé en vain de me protéger de vous, mais je ne suis jamais partie, je ne vous ai jamais abandonné moi. Comment pouvez-vous émettre le moindre doute sur mon amitié et émettre un jugement quantitatif sur votre importance pour moi ?"
"J'étais fou de rage Cuddy !" Essaya-t-il peu assuré.
"Et moi ? Dans quel état pensez-vous que je sois après avoir lu que je vous considérais comme un infirme ? Avez-vous déjà vu de la compassion ou de la pitié dans mon regard ? Des remords, de la culpabilité face à votre douleur... Oui !"
Les larmes étaient de plus en plus grosses et nombreuses.
"J'étais ivre et furieux. Je voulais vous faire mal afin que vous réagissiez. Apparemment cela a marché, mais je le regrette... J'en suis désolé Cuddy ! Je ne veux plus vous voir pleurer à cause de moi..."
Il avança sa main vers le visage de la femme pour arrêter une larme, mais elle ne le laissa pas faire.
"Ne me touchez pas House ! Je vous interdis de me toucher. C'est fini ! Je ne veux pas encore souffrir à cause de vous. Et puis il faut que je pense à Rachel..."
"Et nous ?"
"Ce fut une jolie parenthèse, House. J'y ai cru... Mais vous m'avez rappelé que c'était impossible, que je devais aller de l'avant ! J'espère sincèrement que vous respecterez mes choix et que nous resterons amis."
Elle entrouvrit la porte pour partir. Il la referma.
"Attendez Cuddy ! Ne me laissez pas tout gâcher, aidez-moi à vous montrer que j'ai changé. Je suis différent ! Vous avez bien vu ces derniers jours. J'étais bien à vos côtés et vous étiez bien avec moi. Vous ne pouvez pas le nier..."
Maintenant c'était elle qui l'écoutait. Ils se fixaient.
"C'est lorsque je suis loin de vous que je dérape. J'ai peur et je fais n'importe quoi. J'ai besoin de vous. S'il vous plait ne me laissez pas tout gâcher... Accordez-moi une dernière chance !"
"Je... je ne sais pas House, je vous en ai déjà tellement laissé... et on en est toujours au même point. Je crois qu'il est trop tard..."
Elle rouvrit la porte. Il la ferma à nouveau. Il y plaqua Cuddy et déposa ses lèvres sur les siennes. Lisa tentât de le repousser, puis succombant au plaisir elle se laissa faire et fini par participer activement au baiser. L'envie et la passion prenant le dessus elle l'enlaça, passant ses doigts dans ses cheveux, caressant sa joue de sa main. A bout de souffle ils séparèrent leurs bouches, sans se quitter des yeux. Leurs regards étaient pleins de désir. House vint poser sa joue contre celle de Cuddy et lui murmura, d'un ton haletant, à l'oreille :
"Ne gâchons pas tout... Réfléchissez... Et venez déjeuner lundi... s'il vous plait !"
Puis il vient de nouveau perdre son regard dans le sien. Après quelques secondes Cuddy déposa un léger baiser sur la joue de House. Elle ouvrit la porte et avant de partir lui répondit :
"Je ne sais pas !"
Cuddy était rentrée directement chez elle. Marina remarqua qu'elle était beaucoup plus calme qu'à son départ. Elle appela Wilson pour s'excuser de son empêchement. Puis elle s'aperçut que son ordinateur était resté allumé. Lorsqu'elle voulu l'éteindre elle vit qu'elle avait un nouveau mail de House. Elle l'ouvrit et double cliqua sur la pièce jointe. Le drapeau américain. Elle retourna au message, parcouru en diagonale l'histoire du drapeau et arriva à ce qui l'intéressait :
"Vous m'avez laissé partir. Je suis revenu pour vous. Vous êtes la seule à pouvoir me faire partir ou revenir, à pouvoir me mettre hors de moi ou à me rendre heureux. Ne me laissez pas tout gâcher ! J'ai besoin de vous..."
Elle lui répondit :
"Je suis perdue, je ne sais plus où j'en suis... Ma tête et mon cœur ne sont pas d'accord ! J'ai besoin de temps. Laissez-moi jusqu'à lundi... Quelle que soit ma décision, j'aimerais savoir que vous serez toujours là pour moi, comme vous pourrez toujours compter sur moi. J'ai besoin de vous..."