Lorcana: Monde Patchwork

Chapitre 11 : Et ils vécurent heureux...

Chapitre final

1299 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/08/2024 09:43


Et ils vécurent heureux...




Premier épilogue:



Les cailloux bruts dansaient sous les remous du cours d'eau. Sous leur couverture transparente, ils semblaient scintiller, semblable à un tapis de saphir. Peut-être était-ce simplement les rayons du jour sur les vaguelettes du fleuve.


Semblables aux bras d'une rivière, les ramures chargées de l'olivier s'éloignaient de leur tronc, projetant une ombre agréable autour de Mégara.

Couchée dans l'herbe, une main fatiguée plongée dans le courant frais, la jeune femme était rêveuse.

Sur son corps délicat, le souffle chaud imprimait des vagues dans le tissu lila de sa toge.

Un bras glissé sous sa nuque, les yeux fermés, elle savourait sa liberté nouvellement gagnée.

Meg avait servi le Seigneur des Enfers. Elle l'avait trahi en tombant amoureuse, puis trahis l'homme qu'elle aimait en obéissant à Hadès.

Si ce dernier s'était montré revanchard, Hercule, lui, l'avait pardonné.

Son beau Hercule. Son tendre Hercule.

Még se l'était finalement avouée: elle l'aimait.

Elle s'en sentait légère et reconnaissante. Mais ça, non non, jamais elle ne l'avouerait.

Les sabots impatients de Pégase tapaient la terre. Le destrier céleste ne connaissait pas la patience. Sans lever la tête, ni ouvrir les yeux, Mégara abonda dans son sens.

-Je suis bien d'accord avec toi, Herc est parti depuis un bon moment maintenant. Mais, il va revenir.

Le cheval ailé s'ébroua, frustré. Il rejoignit le cours d'eau pour s'y pencher et profiter d'une gorgée d'eau fraîche.

Dans la manœuvre, Pégase éclaboussa par mégarde les chevilles de Mégara.

-Hey canasson, fais attention !

Le cheval empli ses joues d'eau qu'il recracha sur le visage de la jeune femme.

Dégoulinante d'eau et de baves, elle ramassa une lourde branche feuillue avant de se lever. Ainsi armée, elle menaça l'animal tout en l'invectivant.

Hercule émergea d'un buisson :

-Vous pourriez faire un effort pour bien vous entendre.

Prise par surprise, Mégara envoya la branche dans le fleuve puis pointa un doigt accusateur vers la créature magique.

-C'est lui qui a commencé !

Sa chevelure bordeaux découlait sur son visage, ses épaules et sa toge.


En plus d'une petite amphore, Hercule avait un petit sac de tissu en bandoulière duquel il tira une pomme qu'il lança au cheval ailé. Celui-ci l'attrapa élégamment au vol.

-Tu es une fripouille Pégase, soit sage maintenant.

Il déposa sa besace ainsi que la boisson au pied de l'olivier avant de prendre Mégara contre lui.

-Il peut avoir mauvais caractère, mais c'est une brave bête.

-Moi aussi, je peux avoir mauvais caractère, bougonna-t-elle.

Suspendant le temps, Hercule tempéra la colère de Mégara d'un long et tendre baisé.

-Viens Meg, le repas est servi.


Confortablement installés, les amoureux partageaient un pique-nique composé de pain aux olives, de quelques tranches de saucisson de chèvre, de pommes et de vin.

Assise adossée au tronc, Mégara faisait danser ses doigts au milieu des boucles rousses de son champion, la tête posée sur ses cuisses. Le demi-dieu avait l'esprit ailleurs.

-Que t'arrive-t-il Super Mâle?

-Pardon ?

-Tu n'es pas du genre loquace en temps normal, ça c'est un plus, j'aime les hommes beau et silencieux, mais là, tu n'as pas dit un mot depuis le début du repas.

Il ne pouvait rien lui cacher. Qu'elle puisse lire en lui comme dans un livre ouvert avait quelque chose de rassurant.

-J'ai cru me perdre tout à l'heure, avoua-t-il au bout d'un moment. Je connais ces sentiers, je pourrais y cheminer les yeux fermés, et pourtant l'espace d'un instant, j'ai cru y être perdu.

Sa voix était troublée.

-Ce n'est pas tant d'être perdu moi, ou d'avoir perdu ma route... L'espace d'un instant, une fraction de seconde, j'ai cru ne pas pouvoir te rejoindre.

Il leva de grands yeux vers Meg. Avec un tendre sourire, elle le rassura.

-Tu sais que tu es trop choux? Tu es venu me retrouver jusqu'en enfer. S'il y a un homme sur terre qui pourrait me retrouver n'importe où, c'est toi. Peu importe où tu t'égares, tu ne me perdras jamais.





Dernier épilogue :



Les branches de noisetier ondulaient sous le vent chaud de l'été, craquant faiblement sous sa douce caresse.

La lumière déclinante de cette fin d'après-midi passait au travers les feuilles, colorant le chemin de mille nuances d'émeraude.

L'écho des rires de Tigrou, venant du lointain, étaient rassurants. La joie de son ami, se répercutant entre les arbres, faisait sourire le petit ourson. Il avait passé la journée à jardiner en compagnie de Porcinet et de Coco Lapin. Tigrou les avait rejoints plus tard, s'occupant surtout à bondir autour du carré potager, mettant à rude épreuve les nerfs de leur ami lapin.

Il lui semblait ne pas avoir vécu de journée aussi agréable dans la Forêt des Rêves Bleus depuis bien longtemps.


Le cœur empli de bonheur, Winnie s'apprêtait à clore cette agréable journée. Il lui restait cependant une personne à voir. La personne la plus importante au monde aux yeux du petit ours en peluche.

Le plantigrade n'eut pas à chercher longtemps. Au-delà d'un petit pont de bois, de l'autre côté de la rivière, Jean-Christophe était là.

Son garçon, son ami, celui pour qui Winnie aurait réalisé l'impossible.

Peut-être l'avait-il d'ailleurs réalisé sans le savoir, sans même s'en souvenir.


Vêtu d'un polo à rayures, d'un pantalon d'écolier, le jeune garçon blond lançait des cailloux à la surface du large cours d'eau.

À peine eut-il posé le pied sur le pont, que Winnie appelait :

-Bonjour Jean-Christophe !

-Salut Winnie !

Après avoir rejoint son ami sur l'autre rive, l'ourson s'installa sur un tendre tapis d'herbe.

Ils restèrent silencieux, Winnie assis par terre, Jean-Christophe lançant ses galets. Les deux amis profitaient simplement de la joie d'être ensemble.

L'ours en peluche suivait des yeux les petits cailloux faisant de bonds à la surface de l'eau

Le garçon finit par demander :

-A quoi penses-tu Winnie ?

-Je me demande d'où viennent les galets.

-C'est l'eau de la rivière qui arrondie les cailloux qu'il y a au fond de l'eau.

-Un peu comme la vie.

-Que veux-tu dire, Winnie ?

-Les cailloux bruts du fond de l'eau sont comme nos vies, je pense. Le courant des rivières ou le remous des lacs sont comme les épreuves qui nous changent. Comme l'encre des histoires, les cauchemars ou les rêves la nuit ou comme les peines et les joies qui peuvent faire de nous des gens différents. Tu comprends ?

-Je crois. Moi, je sais que ce sont les galets les plus lisses qui font les meilleurs rebonds lorsqu'on les lance sur l'eau.

-Jean-Christophe ?

- Qu'y a-t-il, Winnie ?

-Tu m'as manqué.

-Toi aussi. Mon drôle de petit ourson.


Le blondinet lança son dernier galet, sans même en compter les rebonds. Il prit la main de Winnie l'ourson.

-Je n'ai pas école demain. À quoi aurais-tu envie de jouer ?

Les deux amis empruntent à nouveau le pont, en direction de la Forêt des Rêves Bleus. Jean-Christophe continua, hasardant :

-Ça te dirait de faire un spectacle de magie ?

L'ourson réfléchit :

-Je ne saurais pas dire pourquoi, mais il me semble avoir trop fait de magie ces derniers temps.

-En faisant disparaitre des pots de miel ? Plaisanta le garçon, alors qu'ils avançaient sous les ombres teintées d'émeraude.

-C'est fort possible Jean-Christophe, s'amusa l'ourson. C'est que je suis gourmand.

-Alors, à quoi pourrait-on jouer demain?

-Aux pirates ? Répondit Winnie. Ce serait amusant.

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