Fairy Big 4 : La légende des quatre saisons
[Royaume de l’été]
Un peu maladroitement, la nouvelle fée estivale arriva dans son foyer, accompagnée de sa tutrice qui lui ouvrait la voie en souriant. Il la regarda pour se donner du courage, lui qui venait à peine de naitre dans ce monde inconnu gigantesque.
Habillée d’un vert citron éclatant malgré la nuit, celle qui s’occupait de ce royaume amena sont petit protégé et ses autres enfants sur une branche d’un arbre foisonnant de verdure.
- Bienvenue chez les fées de l’été, jeune pousse. Ici, c’est le royaume de l’abondance où tous est feuillus, fleurit, vivant et lumineux ! – Enfin, en pleine journée, rit-elle doucement-. Je m’appelle Pâquerette et je suis là pour te guider.
- Le meilleur endroit de toute la vallée si tu veux mon avis, répliqua une fée vêtue de rose aux long cheveux vénitiens et aux yeux ciel. Les fleurs y sentent si bon !
Le nouveau lui sourit timidement.
- Et le soleil y est le plus brillant ! Dit une autre habillée de jaune, cheveux brun attaché en une queue de cheval basse.
- Les animaux aussi préfère le beau temps et les jours les plus long de l’année ! Enchaina la troisième, vêtue de orange, peau sombre et cheveux corbeau frisé. C’est l’apogée de la nature !
- Allons, allons, les filles, calmez-vous, vous allez l’entourner.
Les trois se mirent à rire gentiment et arrêtèrent de lui tourner autour pour se poser à côté de lui. La rose se pencha vers lui.
- Comment tu t’appelles ?
- Heu je… je ne sais pas.
- Concentre toi, tu dois le sentir au fond de toi, lui sourit la tutrice.
Son air maternel aida le nouveau à se détendre. Elle avait l’âme d’une bonne grand-mère gâteau, prête à tout pour ses petits-enfants. Ses cheveux grisés tirés en chignon et son petit chapeau citron lui donnait encore d’avantage de douceur.
- Ha…rold. Oui, c’est bien cela, Harold.
- Enchantée Harold !!! Tu vas voir tu vas bien te plaire ici ! Moi c’est Giselle !! Fée des Jardins !
- Et moi c’est Belle, répondit la jaune. Fée de la lumière.
- Tiana, continua la troisième. Fée des Animaux !
- Enchanté, leur sourit Harold sincèrement.
- Si tu as besoin de quoique ce soit pour commencer nous t’aiderons, ne t’en fais pas, reprit Pâquerette. Tu as le temps d’apprendre tout ce qu’il faut savoir sur la vallée, les saisons et ton travail de fée bricoleuse. Suis-nous.
En chemin, les fées lui expliquèrent le jour de la renaissance, la fin de l’hiver et le retour des beaux jours. Les préparatifs de l’été avançaient bon train mais calmement. Ils avaient encore du temps. On lui fit part des quatre saisons et de leurs identités propres. Puis ils arrivèrent dans une jungle luxuriante aussi coloré que verdoyante. Enroulées dans des immenses feuilles rondes d’arbustes Farfugium se cachaient pleins de maison aux toits à feuillages exotiques provenant des plantes environnantes. Au-dessus du village, de fines fleurs jaune les contemplaient de toutes leurs hauteur.
Harold fut impressionné, émerveillé par la construction fait mains des fées. Il inspecta aussitôt le toit et la feuille enroulé en murs circulaires.
- C’est magnifique !
Des étoiles dans les yeux il entra à l’intérieur pour trouver tout un tas de meubles en bois aux couleurs exotiques.
- Ce qui est sûr c’est que tu es bien une fée bricoleuse, rit Pâquerette, amusée. Tu pourras toi aussi en construire d’autres, avec tes amis, pour les prochaines venues !
- J’ai hâte, approuva-t-il tout en regardant sa table incrustée de coquillage et de mini perle avec ravissement. Il en arrive souvent, des nouveaux ?
- Je dirais deux fois par saisons. Quoique, ces derniers temps… cela se raréfiait. Nous n’avions eu personne en hiver et peu les autres saisons…, déplora la fée.
- Mère-Nature s’est bien rattrapée, intervint Giselle en tournoyant. Quatre d’un coup ! Quelle splendide cadeau ! C’est déjà arrivée d’ailleurs ?
- Jamais, répondit Belle d’un air assuré. J’ai longuement parcourut l’histoire des fées et c’est une première. Même trois ce n’est jamais arrivée.
- Ah…
- Il faut une première fois à tout, coupa Pâquerette précipitamment. Maintenant, nous devrions laisser notre nouveau se reposer, vous ne croyez pas ? Griselle, tu t’occuperas de lui demain ?
- Avec plaisir !
Elle se mit à sautiller. Harold en sourit tout en repensant fugacement à deux personnes. Son enthousiasme lui rappelait la rousse… et son apparence la blonde… Ses autres compagnons de naissance.
- Repose toi bien jeune pousse ! À bientôt.
- À… Bientôt, les salua-t-il d’une main.
Pâquerette poussa le trio dehors qui ronchonna puis les sermonna pour aller se coucher avant de filer vers le cœur du bosquet. Le point lumineux disparut lentement.
Seul, le nouveau se sentit mal à l’aise.
- Pssst.
- !! Giselle ?!
- Chut, moins fort, hihi.
Harold la retrouva sur une feuille sous une de ses ouvertures faisant office de fenêtre. Il lui offrit un regard amusé.
- Je n’avais pas encore envie de rentrer, je suis trop excité par ta venue ! Je peux entrer ?
- Viens, moi aussi je ne crois pas pouvoir dormir de sitôt.
La fée des Fleurs entra par la fenêtre, virevolta un peu puis se posa au sol. Elle était gracieuse et lumineuse.
- C’est bizarre que nous soyons nés à quatre, non ? Reprit aussitôt Harold en s’asseyant sur une chaise.
- Je trouve que c’est une bonne chose. C’est même excitant.
- Hmmmm. Je me demande ce que font les autres en ce moment.
- Ceux qui étaient avec toi ? La même chose probablement.
- Tu crois que je pourrai les revoir même si nous ne sommes pas du même royaume ?
- Les fées de même talents se retrouvent tous les matins, peu importe la saison, à leur lieu de travail.
- Nous ne sommes pas du même talent, rappela-t-il.
- Ah… Eh bien, au cours d’une promenade, tu les croiseras sûrement. Nous vivons tous dans la même vallée après tout. Même si nous sommes plusieurs et très occupées, nous pouvons toujours nous retrouver.
Un sourire s’adoucit sur le visage de la fée bricoleuse. Giselle l’examina un peu : Pour une fée masculine il était très chétif et très timide. Cela lui plut, il semblait, tout comme elle autrefois et bien d’autres avant, chercher sa place dans ce monde.
- Ne t’en fais pas, on a tous trouver notre rôle et notre bonheur ici. Toi aussi tu auras le tiens.
- Ca me rassure, avoua-t-il. Au moins, aucunes fées n’est laissées de côté.
- … Oui…
- ?
Giselle s’assombrit un peu, ses beaux yeux bleus divaguèrent vers le néant.
- Il y a des fées « abandonnées » ?
- Pas abandonnées, non ! Mais… Disons qu’il y en a qui n’arrivent jamais à trouver leur place ou qui… qui n’ont aucuns talents.
- C’est possible ça ?!
Elle opina. Il déglutit. Sa peur refit aussitôt surface.
- C’est très rare !! Reprit-elle aussitôt en se levant. Il en existe très peu et se sont vraiment des exceptions ! Des sortes… d’anomalies, comme certains les appellent. Mais moi je déteste ce surnoms. Ce sont justes des fées différentes.
- Que deviennent-elles ?
- La plupart aide la fée matriarche à distribuer la poussière de fées et à effectuer des tâches secondaires pour les autres. Certaines s’en vont et ne reviennent jamais de la vallée.
- Sainte Mère-Nature… ! Qui est la fée matriarche ?
Il bailla malgré lui. Giselle sourit et se dirigea lentement vers la fenêtre.
- Une fée née d’un bourgeon de l’Arbre-Monde. Elle est venue au monde pour protéger et s’occuper de la poussière de fée. On la surnomme Abuela. Car c’est comme notre grand-mère à toute. Elle veille sur l’arbre depuis aussi longtemps qu’il existe. Tout comme notre reine, la grande fée bleue !
Harold avait une soif d’apprendre gigantesque, il dut se retenir de poser toutes ses questions en même temps. Giselle s’assit sur le rebord de la fenêtre tout en regardant les étoiles. Il la rejoignit.
- Il y en a eu une justement avant ta naissance. Une « sans-talent ». Aussi rare que légendaire… En Automne plus précisément. Cela se produit toujours à la naissance, dès que la poussière entre en contact avec la pétale magique. La lumière est faible, disparait et, souvent, un problème arrive. Cette fois, la fée ne voyait presque rien, elle était myope. Notre reine a aussitôt demandé aux bricoleuses d’amener une paire de « Longues-Vues » en pierres enchantées et infusées à la poussière de fée. Cela aurait pu s’arrêter là car il arrive que certaines fées en ai besoin dans de rare cas. Mais… Ensuite, lors du test , la fée n’a jamais réussi à allumer un seul des champignons de talents. Pas une lumière, rien. Notre reine était très triste et ne savait pas trop quoi dire. Le silence qui résonnait dans la vallée m’a brisée le cœur. Mais encore plus le regard de cette pauvre fée solitaire...
- Ça me fend le cœur… Et ça arrivait juste au moment où les fées se raréfiaient… Etrange...
- Enfin, depuis, elle travaille avec la matriarche et elle a des amis avec elle. Elle a dû trouver sa propre place. C’est d’ailleurs elle qui a versé la poussière sur toi ! La reine y tenait personnellement.
- Je n’ai pas fait attention ! Il faudra que j’aille lui parler un de ses jours.
- Tu auras tous le temps de le faire, elle ne bouge jamais de la vallée.
- Parce que nous si ?
Giselle s’illumina comme une enfant pour lui parler du monde extérieur, des continents, des hommes… Il but ses paroles avec intérêt et une légère crainte au fond du ventre. Le monde était beaucoup trop vaste pour ses petites épaules !
Après d’autres bâillements, Giselle décida de partir pour le laisser se reposer. Harold la remercia chaleureusement pour leur conversation avant de l’observer s’envoler en voltigeant vers une autre maison, non loin de là. Il resta assis un long moment après cela, la tête remplie, une légère angoisse palpitant au fond de lui. Il ne se sentait pas à la hauteur de ce monde… Et quelque chose sur la quadruple naissance ainsi que la sans-talent le remuait.
Vite fatigué par tout ça, Harold prit tout de même la peine de se changer comme le lui avait conseillée sa tutrice plus tôt. Il enleva sa pétale de naissance qu’il serra contre lui. Puis il rangea son Euphorbe dans une malle prévue à cet effet sur le côté de l’armoire. Giselle lui avait bien expliquée la marche à suivre.
Une tunique longue verte feuille pour le haut, boutonnée par des graines et un pantalon brun feuillus avec des sacoches en poils lui convinrent parfaitement. Il trouva également une paire de chaussure feuillus qu’il lia avec une liane. Lorsqu’il fut convenablement habillé, il se coucha dans son amas de mousse fraiche avant de se laisser sombrer.
Nul besoin de couverture. La chaleur ici était étouffante, même la nuit.
**
[ Royaume de l’Automne]
Dans les airs venteux automnaux, la nouvelle fée des Animaux hurlait de bonheur, se laissant entrainer par les courants ascendants dans tous les sens. Ses amis de saisons s’amusèrent avec elle tout en suivant leur dirigeante qui secouaient la tête, faussement blasée. Elle les rappela à l’ordre quand elles dérivèrent de la direction du village tout en prenant la tête du cortège. Habillée de bleue cæruleum, cheveux corbeau attaché en chignon elle semblait à la fois sévère et aimante.
- Un peu de calme les Automnales ! Je sais que cela fait très longtemps que nous n’avions eu personne, mais tout de même, restons sérieuses.
Les fées se calmèrent, gardant leur entrain au bord des lèvres. La nouvelle suivit le cortège admirant le paysage de haut en bas. Malgré la nuit elle percevait les couleurs vives des arbres aux milliards de teintes se poser devant ses yeux azurins. Une splendide palette de couleur qui illuminait la vallée. Orange, jaune, vert clairs, marrons, rouge ! C’était indescriptible, incommensurable beauté de la nature à son paroxysme.
- Toutes ses couleurs ! Je ne sais plus où donner de la tête ! Assura la fée des Animaux. C’est si beau !!
- Nous possédons les plus beaux paysages, approuva fièrement la tutrice. Et nous avons une mission capitale ici ! Même si elle a mauvaise réputation.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Pourquoi ne pas demander à tes nouvelles camarades ?
L’une d’elle s’avança vers la rousse. Elle semblait emplit d’une certaine sagesse comparées aux autres. Elle était vêtue d’une tenue grenadine appartenant aux fées des Jardins.
- Certaines fées – et humains- ne comprennent pas l’importance du repos et de la mort végétale. Elle ne savent pas apprécier la beauté de l’instant et l’importance qu’elle revêt pour la survie de la nature.
- L’importance de la mort ?
- Je vais t’expliquer.
La fée des jardins à la peau tannée et aux long cheveux noir encre lui prit la main et l’emmena vers la forêt qui se dévêtait de sa parure. Les feuilles tombaient lentement vers le sol, rendant leur dernier souffle. La rousse ne savait pas trop quoi en penser.
- Regarde bien. C’est le chant du cygne de ces arbres avant leur repos hivernal. Les couleurs vues plus tôt sont leur plus bel hommage. Ils savent que le froid va arriver et que, pour leur bien et pour régénérer leur énergie vitale, ils ont besoin de dormir. Comme nous le soir. C’est un cycle essentiel à la vie. Car cela va de pair. Comme le Printemps et l’Automne sont complémentaires. La mort puis la renaissance. Tandis que l’Eté et l’Hiver montre l’explosion de l’énergie d’un côté et le grand repos de l’autre.
Tournant autour de feuilles, la rousse contempla la scène, comprenant les paroles de son aînée. Elle attrapa une grosse graine volante au passage et se laissa porter avec elle jusqu’à la terre.
- D’ailleurs, ces feuilles ne sont pas mortes pour rien. Elle seront là pour protéger leur hôte pendant le gel des jours sombres puis pour leur fournir de la nourriture pendant le renouveau. Avant de donner la place à de nouvelles amies.
- C’est le cycle de la vie, conclut une autre fée vêtue de rouge carmin.
La nouvelle opina vivement, comprenant parfaitement la situation. Elle trouvait cela très joli. Poétique. Pâquerette leur demanda de reprendre la route ce que les trois fées firent en prenant leur temps.
- Au fait, je m’appelle Merida, dit la rousse sur un coup de tête. Et toi ?
- Pocahontas. Je suis une fée des Jardins, je m’occupe de ses arbres comme de mes enfants.
Merida avait les yeux brillants d’une jeunette face à un adulte savant. Elle avait beaucoup de question à lui poser mais demanda d’abord le nom de la deuxième.
- Moi ? C’est Raya. Je suis une fée de la flamme. Je m’occupe de tout ce qui touche à la chaleur et au cycle de l’évaporation pour donner de la pluie. En Automne tu sauras que c’est capitale.
- Au Printemps aussi, lui rappela Pocahontas.
- C’est vrai.
- Ouah , la nature est INCROYABLE !
- Je suis plus que d’accord, sourit Raya en se laissant porter jusqu’à Pâquerette.
Celle-ci qui se mit à parler du jour de la renaissance qui tombait en ce moment, du retour des Hivernales et du début du Printemps.
Toutes les fées suivirent la route qui les conduisirent dans un sous-bois dont les feuilles mortes tombaient en permanence sur le sol en terre sombre. Des glands, des noisettes, des baies et toutes sortes de graines accompagnaient ce jolie tapis brunis où se posèrent les Automnales. Au-dessus, une myriade de couleurs enchanteresses puis, au sol, la fin de la course.
- Attendez… Comment l’Automne peut-être ici si vous me dites que c’est le début du Printemps ? Questionna la rousse toujours happée par le spectacle.
- Parce que la vallée des fées est différente du reste du monde, expliqua la tutrice. Les saisons se succèdent continuellement autour de l’Arbre-Monde. Actuellement, nous sommes dans la partie Est, où se déroule l’Automne mais quand la prochaine saison humaine passera nous nous retrouverons vers l’Ouest.
- On… tourne autour du gros arbre centrale ?!
- L’Arbre-Monde, rectifia Pocahontas amusée.
- Oui c’est ça, nous migrons de villages en villages dans chaque partie de la vallée. Nous en avons tous un attitré dans un coin. Notre royaume est en perpétuelle rotation.
- Ça donne le tournis !
Raya se mit à rire. Merida haussa les épaules et admira le village sous la lune ronde. Elle vit pleins de maisons faites en branchages et en graines partout autour d’elle. De gros légumes poussaient non loin d’eux tandis qu’ on apercevait de magnifiques champs de blé dorés endormie à perte de vue.
- Enorme, souffla-t-elle.
- Et voilà ton petit chez toi ! Sourit une autre fée tannée aux cheveux sombres appelée Nakoma.
- TROP TROP CLASSE !
La rousse prit rapidement ses quartiers tout en faisant le tour du propriétaire avec ses nouvelles amies. Elle apprit pour les vêtements, sa pétale de naissance et pour le calme qui régnait dans la vallée maintenant que l’Automne était bien loin d’arrivée dans le reste du monde.
- Je vais pouvoir explorer ?! Génial !
- Il faudra aussi travailler, sermonna Pâquerette. Il faut que tu apprennes ton devoir auprès des tiens et que tu comprennes bien ton rôle ici.
- Mais je pourrais quand même explorer… ?
- Bien sûr. Tu n’es pas en prison, sourit la tutrice malgré elle. Cela dit, il t’ai formellement interdit de quitter la vallée. Et encore moins d’aller dans le royaume de l’hiver !
- Ah bon ?! Pourquoi ?!! Et le monde des humains ?!!
Pocahontas s’avança pour la faire s’asseoir sur une chaise. Elle prit place à ses côtés d’un air sérieux.
- Si tu franchit la barrière de notre vallée, tu seras en danger. Il rôde des …
Un regard de la Cheffe et Pocahontas changea de formulation à la dernière minute.
- Des êtres dangereux. Pour l’instant tu es bien trop jeune pour leur faire face. Nous ne sortons de la vallée que pour les changements de saisons où nous nous regroupons tous ensemble. Ainsi, nous ne nous faisons pas attaquer. Quant à l’hiver, c’est une zone glaciale où seules les fées givrées peuvent y survivre. Si tu y allais tu mourrais comme ses feuilles dehors, congelée et brisée en morceaux.
- Ça ne vend pas du rêve…, hoqueta-t-elle.
- Mais ici, dans notre belle vallée tu ne crains rien du tout, approuva Pâquerette. Ne t’en fais pas, aucun être malfaisant ne peut pénétrer la barrière de notre grand arbre. Tu pourras librement parcourir notre royaume et les deux autres si l’envies t’en prends. C’est déjà bien assez.
- Je pourrai aller dans le monde des humains avec vous en Automne ?
- Oui, d’ici là… Tu seras prête.
- Mais… Quels sont ces dangers ? Quels êtres nous menacent ? Les humains ? Les animaux ?
- Tu le sauras en temps voulu.
- Pourquoi pas maintenant ?! Je veux savoir !!
- Les jeunes recrues n’ont pas à le savoir, répliqua Nakoma. Tu dois te concentrer sur ton apprentissage d’abord. C’est ainsi que nous préférons procéder. Histoire de ne pas faire paniquer les nouveaux.
- Je ne paniquerai pas, promis ! Allez je veux savoir ce qui m’attends si je mets le nez dehors ! Je suis capable de le faire juste pour savoir.
La rousse les défia du regard. Pâquerette soupira en se massant le front. Un vrai tempérament la nouvelle ! Peut-être que cela irait pour une fois, après tout, aucune règle n’interdisait d’en parler. C’est juste qu’elles préféraient attendre que les nouvelles-nées se soient habituées à leur monde avant. C’était la grande fée bleue qui le préconisait.
- Je t’aurais prévenu.
- J’assumerai.
Pocahontas, Nakoma et Raya échangèrent un regard amusé, surprises mais aussi remplit de fiertés envers leur nouvelle camarade. La rousse allait déchainer leur royaume, elles le sentaient.
Pour Pâquerette, elle voyait surtout poindre les problèmes …! Autant lui couper l’herbe sous le pied et la calmer dans son désir d’exploration :
- Il existe, en dehors de notre belle vallée, un ennemi naturel qui veut notre extinction. Et qui, s’il nous prends esseulé en dehors de notre monde, nous assassine froidement sans aucune once de remord. Ce danger est omniprésent, toujours à rôder autour de nous lorsque nous sortons dans le monde des humains. Ils ne désirent qu’une chose : détruire. Nous détruire nous, l’Arbre-Monde et le cycle naturel. Nous avons perdue beaucoup d’entre nous récemment à cause d’eux…
- Qui sont-ils ?!
- Ce sont les fées noires. Des fées nées de la poussière noire au fin fond de la Terre. Nous ne savons pas tout à leur sujet, avoua la tutrice, mal à l’aise. Mais nous savons qu’ils naissent du cri de terreur d’un enfant traumatisé et d’un végétal éteint/disparu à cause de l’homme. Ils sont le reflets des émotions négatives de l’être humain. Tandis que nous, nous sommes leur parfait contraire. Ils existent depuis toujours, né en même temps que nous. Mais ils restent mystérieux et surtout dangereux. Si tu en vois une, tu dois fuir et ne jamais t’éloigner des autres. Tu comprends ?
Merida opina en silence. Elle sentit les regards durs posés sur elle avant que Pâquerette ne tape dans ses mains pour retrouver le sourire.
- Mais comme je le disais, ici, tu ne risques rien du tout ! Alors profite de la vallée, va te coucher et apprends bien parmi nous. N’hésite pas à venir me voir en cas de problème… Je serais au creux de l’arbre au-dessus, dans un cocon de soie d’araignée. L’Automne n’attend plus que toi !
Les fées présentes saluèrent Merida l’une après l’autre avant que la rousse ne se retrouve seule sur son lit de soie, étrangement mal à l’aise. On l’avait prévenu mais elle n’avait pas su retenir sa curiosité… Des fées noires ? Des tueuses nées de la douleur humaine et naturelle? Voilà qui la fit plonger dans ses pensées. Elle venait à peine de naitre et déjà elle se sentait assaillie par trop de chose en même temps.
- Bon, au lit.
Lasse de son cerveau en ébullition, elle secoua la tête, se dévêtit et laissa tout trainer par terre sans même prendre le temps de s’habiller. Elle aurait tout le temps de le faire demain matin avant son tour d’exploration ! Elle était tout excitée à l’idée de voir ce que la vallée avait à lui offrir.
Sans plus de chichi elle s’endormie d’une traite, enroulée dans la soie, ses cheveux dans tous les sens. Ronflant allégrement elle se laissa glisser loin dans les songes.
Son cœur se serra pendant la nuit. Dans son inconscient elle vit ses amis de naissance au loin, voulut les atteindre , sans succès. Les lumières disparurent. Quant dans l’ombre de son cauchemar, soudain, émergea une grande fée noire sans visage qui tenta de l’assaillir en ricanant.