Opéra Sanglant

Chapitre 3 : Fermeture.

Chapitre final

3173 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:01

Dexter passa une dernière fois devant l'entrée principale de l'opéra, rien n'était ouvert, aucun moyen de rentrer, ou de sortir...

Il soupira, cinq jours qu'il passait tous les soirs et qu'il trouvait les portes closes, à croire que l'Artiste s'était foutu de lui.

Dexter détestait qu'on se foute de lui, cela lui donnait la sensation qu'on ne le prenait pas au sérieux, et il y avait une chose et une seule à faire avec lui:

le prendre au sérieux.

Il grommela en regardant une énième fois le bout de papier froissé où sont invitation était inscrite, c'était pourtant clair !

"COME"

un message simple !

Il voulait y répondre, plus le temps passait, plus son envie devenait féroce et plus son désir de rencontrer l'Artiste devenait ardent.

Celui-ci avait frappé une seconde fois depuis qu'il avait reçu l'invitation, une femme cette fois-ci, écorchée et brûlée comme le premier mais le lieu où on l'avait retrouvée était assez différent, à la fenêtre d'un immeuble en cours de construction, l'Artiste avait fait très attention à la disposition du corps et à son 'expression faciale" pour que le corps mutilé ressemble au tableau mondialement connu qu'était Mona Lisa, la Joconde.

Là encore, il était impossible à Dexter de déceler quoi que ce soit sur le tueur, et il n'avait absolument aucunes preuves hormis le bout de papier qu'il avait reçu.

Il avait bien évidemment fait analyser la feuille, mais le criminel était ingénieux, en utilisant une paire de gants tout ce qu'il y avait de plus commune, il avait hannilé les maigres chances d'identification qu'avait Dexter.

Il tourna dans une rue et se rendit au poste comme tous les matins.

En plus des meurtres et de la menace permanente qu'était l'Artiste, une série de disparitions avaient eu lieu ces trois derniers jours, en tout, cinq personnes étaient portées disparues et n'avaient pas encore étés retrouvées.

Le seule point commun entre elles toutes était leur emploi, toutes les victimes étaient des ouvriers dans le bâtiment.

On soupçonnait l'Artiste d'être à l'origine des disparitions, mais ça manquait de sens....

pourquoi un serial-killer irait enlever des personnes et surtout, si il les tuait, comment cela se faisait-il que les corps n'aient pas encore été retrouvés?

 Il les stocke, il prévoit une grande exposition, une galerie entière recouverte de ses créations  se dit Dexter, et en se répétant cela, il se dirigea vers son labo pour analyser une centième fois les "preuves" qu'on lui avait donné et se creuser la tête encore et encore.

***

Marina essuya son front couvert de sueur et étala par mégarde un peu de l'encre rouge qui maculait ses doigts sur sa figure pâle.

Non pas que la création lui déplaisait, mais elle devait bien reconnaître que c'était un travail éreintant.

Elle se déplaça vers le mécanisme qui servait à relever les décors et tira la manette.

Les poulies se mirent en marche et doucement, très doucement, dans la lumière des projecteurs et les grincements du mécanisme sollicité un peu violemment s'éleva la silhouette d'une de ses œuvres.

D'épaisses cordes nouées autours de ses bras et de ses hanches, le visage déformé par une expression de joie qui ravissait Marina, l'homme était suspendu dans le vide.

Un craquement sinistre retentit alors que sous la tension qu'exerçaient les cordes, les articulations de l'homme avaient cédé, le faisant s'affaisser en avant, les bras tordus dans un angle innovant, rajoutant aux yeux de Marina un charme tout particulier à cette œuvre.

C'était la deuxième de la journée qu'elle créait, ses bras étaient endoloris et elle était sacrément essoufflée mais elle n'était pas peu fière du résultat:

de chaque côtés de la scène, à des hauteurs différentes, des blocs de marbre taillés étaient suspendus, leur position était variable, celui à l'extrême gauche par exemple avait le dos arqué en arrière et les bras levés comme si il priait un dieu quelquonque, alors que la seconde à partir de la droite restait d'une immobilité remarquable.

Marina releva la manette, bloquant le mécanisme et laissant les cordes tendues en l'air. Elle n'avait jamais été aussi proche de l'apogée de sa célébrité, les matériaux ne manquaient pas puisque dès que quelqu'un s'aventurait dans l'opéra, il finissait automatiquement taillé et modelé en tant qu'œuvre d'art.

Marina se recoiffa et sortit de la salle de représentation pour arriver dans un couloir qui n'était éclairé que par les lampes indiquant les sorties de secours.

Appuyés contre un mur, pieds et mains attachés par des pans de tissus très serrés, les yeux bandés et bâillonnés, gisaient son futur chef-d’œuvre:

un jeune homme aux cheveux bruns longs ondulés, et une femme assez âgée aux cheveux bruns aux racines grises.

Elle les entendait sangloter dans le noir, 

ne vous en faites pas, votre tour viendra bien assez tôt, ne soyez pas si pressés... se dit-elle.

***

Dexter reposa sa pile de documents sur son bureau, les dernières analyses n'avaient rien révélé, il avait renoncé à passer devant l'opéra le soir de la veille et avait plutôt remis son expédition au lendemain.

Il soupira et ferma les yeux pour se reposer quelques instants, cette affaire le perturbait et par-dessus tout, lui filait une migraine monstrueuse.

Il rouvrit les yeux et fixa l'horloge en face de lui.

Il était déjà l'heure de partir, il prit son sac, éteignit la lumière du labo et se pressa de sortir du bâtiment.

Il avait prévenu Rita qu'il ne rentrerait pas ce soir car il avait du travail à faire, ce qui était évidemment faux, mais un petit mensonge valait bien la capture d'un meurtrier qui lui riait au nez non ?

Il marcha d'un pas rapide vers le lieu de rencontre qu'il arpentait chaque soir sans succès et fit un tour rapide.

Rien n'avait changé hormis la palette de bois qui avait été retirée du devant de la porte...

la réponse tilta dans sa tête. Il poussa la lourde porte sculptée, contrairement aux autres fois, elle s'ouvrit lentement sous la pression de son épaule.

Le hall, n'était pas éclairé, il avança à tâtons dans la pièce plongée dans le noir, il posa les pieds dans ce qui semblait être un couloir aboutissant par une porte qui semblait le séparer d'une pièce bien éclairée, la salle de spectacle certainement.

Il posa sa main sur la rambarde et la retira aussitôt,

un liquide visqueux la maculait...

du sang coagulé...

 Il tordit du nez après cette pensée, il haïssait le sang, ça n'était pas pour rien qu'il faisait autant attention à la propreté quand il rendait justice.

Réprimant un frisson de dégoût, il poussa la porte et fut aveuglé par les feux des projecteurs.

En face de lui, la scène la plus horrible à laquelle il n'ait jamais assisté, s'était produite:

cinq corps étaient suspendus, les membres disloqués, le visage déformé par la douleur et se balançaient à un rythme macabre sous l'impulsion que leur infligeait une enfant blonde.

A la droite de la petite fille, un jeune homme brun, vociférait avec panique, attaché et bâillonné, des cordes encore molles entourant ses genoux et son torse.

L'enfant, arrêta son jeu pour se tourner vers lui, leva la main et le salua :

"Bienvenue à mon exposition ! ".

***

Marina était fière.

Tellement fière!

 Il était venu, il avait enfin répondu, elle le regarda descendre les gradins, il arriva en face d'elle:

"- toi?

- oui ! Moi! Vous vous souvenez enfin ?! Vous vous souvenez de moi ? "

Marina lui agrippa le bras, droit et le mena vers le jeune brun.

"Voudriez-vous créer avec moi?"

Marina le regardait droit dans les yeux, l'espoir et l'excitation dilataient les pupilles, il restait sans-voix, elle voyait ses yeux passer d'une œuvre à l'autre.

Quand il eut finit son inspection il tourna ses yeux vers Marina, elle eut un pincement au cœur, elle le sentait si proche d'elle !

Il pourrait l'aimer, œuvrer avec elle, ils formeraient un duo,

une famille pensa-t-elle.

"C'est toi qui a fait ça?" murmura-t-il.

"Oui!" répondit Marina avec fierté,

"vous ne voulez pas le faire avec moi?"

il ne lui répondit pas,

il semblait perdu dans ses pensées.

"Ce n'est pas grave, je vais le faire toute seule", elle attrapa sa lame favorite et s'approcha du brun, celui-ci émit un glapissement en la voyant arriver.

Marina leva le bras pour abattre sa lame sur lui quand une main puissante se referma sur son poignet droit.

***

"Mais...qu'est-ce que vous faites?!"

cria la petite blonde en essayant de libérer son bras de la poigne de Dexter, elle le fusillait du regard.

Dexter était perdu, il avait tout imaginé,

tout,

sauf la possibilité que ça soit une gosse qui ai fait tout ça. I

l ne pouvait pas tuer une enfant,

ça n'était pas possible,

il ne pouvait pas non plus la laisser faire ce qu'elle faisait.

Son esprit tournait et tournait encore, la seule chose réelle était le poignet de l'enfant qu'il serrait dans sa main.

"ARRÊTEZ VOUS ME FAITES MAL!"

Hurla l'enfant en secouant le bras et en le tirant de sa rêverie.

Dexter ne savait pas ce qu'il devait faire, il y avait cependant une alternative possible...

Il saisit le deuxième bras de l'enfant et l'immobilisa avant même qu'elle n'eut pu faire un quelquonque mouvement.

Il saisit un bout de tissu et lui attacha les poignets alors qu'elle vociférait.

"Mais pourquoi vous faites ça vous êtes pas censé m'aimer? M’AIMER?!"  

L'incompréhension se lisait sur son, visage,

un visage qui ne lui était pas inconnu...

c'était celui d'une femme...

à qui il avait rendu son jugement bien des années avant...

Il se plongea dans ses souvenirs...

Il revit la maison où il était allé, dans le jardin jouait une enfant en bas âge.

La petite fille avait tourné son regard bleu nuit vers lui et il lui avait souri. Il se souvint avoir jeté un œil aux jeux de la bambine, des peluches, de simples peluches.

Il était tard ce jour-là, ou plutôt ce soir-là,

il avait fait attention à ce que l'enfant reste sur le porche de la maison et était entré.

Un air de violon, semblable à une berceuse pour enfant résonnait dans le salon, une grande femme blonde tenant l'instrument de musique en question se figea et le regarda, la peur dans le regard.

"Je sais pourquoi vous êtes là...par pitié, ne faites rien à ma fille...ma petite Marina...pitié..."

Ce soir-là, il avait rendu son jugement, le sang avait coulé dans la pièce tapissée de plastique.

Un instant, il avait vu un reflet à travers une fenêtre, puis plus rien, ça ne l'avait pas inquiété.

Après avoir nettoyé la maison, il avait cherché l'enfant partout dans le jardin, elle était introuvable.

En faisant le tour de l'habitation, il était tombé sur un spectacle macabre, un chat, deux lapins et plusieurs écureuils gisaient, cloués sur le sol, la plupart éventrés, d'autres simplement égorgés.

Partout autour de la scène, des marques de petites mains maculées de sang tapissaient les murs et le carrelage.

Dexter sortit de sa rêverie et dévisagea l'enfant du regard.

"Tu es la fille de Marissa Lonn...Marina...".

A ces mots la petite fille se raidit.

"Vous êtes mon papa?".

***

"Vous êtes mon papa?"

Marina était incertaine...

il connaissait son prénom...

personne ne connaissait son prénom...

à part son père.

Il ne pouvait être que son père..

."est-ce que tu es fier de moi...papa ?

Tu as vu ? Je suis comme toi !

Je me souviens... je t'ai vu !

Et toi aussi tu m'as vu !

Dis quelque chose !

Est-ce que tu es fier de moi ?"

Elle était attachée mais elle faisait tout pour s'approcher de lui, elle l'aimait tout à coup !

Comment ne pas aimer son père ?

Mais il ne répondait pas, pourquoi il ne répondait pas ?

Il l'avait reconnue !

POURQUOI ne disait-il rien ?!

Ne l'aimait-il donc PAS ?!

Les accords de violon dans sa tête s'étaient accélérés, devenaient stridents, s'embrouillaient, la rendaient plus folle qu'elle ne l'était déjà.

En entendant son prénom être prononcé par un autre, le barrage à ses souvenirs explosa.

Le visage d'une femme apparut dans sa tête: 

maman ?

Maman !

MAMAN ! 

Le visage disparut, remplacé par celui masqué d'un médecin.

 MAMAN ! 

Le médecin disparut et la vieille Wilma prit sa place, un sentiment atroce posséda Marina, lui tordant les entrailles, la faisant trembler.

Elle devait fuir, vite très vite, s'en aller, se mettre à l'abri, se protéger...

ses jambes étaient encore libres, elle se redressa avec vivacité, prête à s'enfuir le plus vite possible.

Son cerveau fonctionnait de façon binaire, elle partit tout droit, pas le temps de réfléchir.

Elle percuta une de ses œuvres, le corps se balança et la frappa de nouveau.

Horrifiée par la vision du corps contorsionné, Marina fit un bout en arrière.

Son pied glissa dans une flaque de sang...

elle perdit l'équilibre...

Marina bascula dans la fosse à orchestre...

elle voulut battre des bras mais ses poignets attachés l'en empêchèrent...

son crâne frappa durement contre la marche du bas de la fosse...

Marina de vit plus rien...

***

Les évènements s'étaient enchaînés si vite...

Dexter regardait la scène, le regard perdu..

.dans la fosse a orchestre, la forme de l'enfant, immobile, se profilait...

on ne voyait que les fils d'or de sa chevelure baignant dans le rubis de son sang.

Dexter tourna les talons, il assomma le jeune homme brun qui était encore attaché et qui voulait hurler à l'aide, puis remonta lentement les gradins, il passa dans le couloir, en profita pour essuyer la tache de sang qu'il avait touché pour effacer ses traces, puis sortit de l'opéra.

Épilogue

 

Flash info, la police vient de retrouver la dernière œuvre de l'Artiste.

Pourquoi dernière ?

Car le corps du tueur, ou plutôt de la tueuse gisait au milieu de ses victimes.

Alors qui était vraiment l'Artiste ?

Aussi étrange et triste que cela c'est une enfant; Marina Lonn, sortie de l'hôpital psychiatrique pour enfants de Miami.

Elle aurait commencé ses activités avec le très sanglant meurtre de Wilma Nancy, sa marraine.

Quelles sont les conséquences de sa mort ?

L'enfant était déstabilisée mentalement, les équipes scientifiques en ont déduit que durant une de ses manipulations, l'enfant aurait glissé et se serait brisé la nuque sur une marche.

La petite Marina avait d'ailleurs fait un prisonnier, les équipes de police l'ont retrouvé, inconscient et immobilisé, il est en ce moment même en suivi psychiatrique.

Pour résumer la situation:

la peur ne règne plus sur Miami,

l'Artiste a clos sa dernière exposition.

 

 

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