JE SUIS VIVANT
Indigestion
Connor était assis à côté de Hank à l'arrière d'une voiture noire banalisée garée à quelques pâtés de maisons d'un chantier maritime suspect. Habillé du même déguisement porté lors de son infiltration à Jericho la nuit du raid, il ressemblait à n'importe quel humain normal errant dans la ville avec son bonnet noir sur la tête et son épais manteau en cuir marron foncé par dessus son sweat gris à capuche.
Le jeune homme étudia une dernière fois les détails de sa mission. Plusieurs déviants avaient été retrouvés sans leurs biocomposants vitaux et vidés de la quasi-totalité de leur Thirium. Toutes les preuves recueillies pointaient vers un petit groupe de trafiquants qui volaient les pièces vitales pour les vendre illégalement au marché noir. L'abondance des enlèvements était pour le moins déconcertante, et avec le nombre croissant de victimes découvertes, la division déviante était déterminée à mettre fin aux agressions et à retrouver les auteurs.
« Tu es certain de pouvoir faire ça, Connor ? Tu peux encore refuser. » S'inquièta le Lieutenant en se rappelant la similitude de l'affaire avec celle de Martin Jonas.
« Je suis prêt, Hank. » Répondit l'androïde avec confiance. « Vous surveillerez ma position ? »
« Oui, avec Chris et Gavin. Ils seront à proximité, dissimulés dans un autre véhicule. » Hank posa sa main sur son épaule. « Localise la cachette, et respecte le plan qui a été convenu. »
« Compris. »
« Bien. Tu as ton gilet en Kevlar sur toi ? »
En réponse, Connor tapota deux fois son torse pour signifier qu'il l'avait bien sur lui.
« Parfait. Alors c'est parti. Va sur les quais. Si les informations de notre indic sont exactes, il devrait y avoir une réunion à vingt deux heures ce soir. Notre trafiquant, un certain “Lazare”, va venir proposer du boulot aux petits voyous de la ville. C'est ta chance de localiser les cibles. »
« Je suis dessus, Ha... Lieutenant. »
Souriant à l'autocorrection du déviant, le policier se contenta de secouer la tête et d'agiter sa main gauche avec dédain.
« Sois prudent, gamin. » Prévint t'il en regardant son coéquipier sortir et s'éloigner prudemment du véhicule pour s'enfoncer dans la nuit noire.
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Connor mit les mains dans les poches de sa veste et marcha calmement sous la neige tombante jusqu'à arriver au lieu du rendez-vous. Au total, six personnes s'étaient rassemblées sur les quais. La façon dont tout le monde gardait la tête baissée sans se regarder était un signe révélateur de la capacité des criminels à ne pas poser de questions et à s'occuper de leurs propres affaires.
Les humains, tous dans la vingtaine, ne semblèrent pas soupçonner Connor qui se fondait parfaitement dans leur groupe.
Synchronisant ses processeurs audios, il permit un lien de communication entre lui et ses collègues.
« Putain, j'espère que ce travail en vaut vraiment la peine. » Déclara l'un des humains. « Je viens pas me geler cul pour rien. »
« Ça vaut le coup. » Répondit un deuxième voyou baraqué d'une voix rauque alors qu'il sortait sa pipe en verre et allumait un petit morceau de RED ICE. « Crois moi mec, tu vas te faire un bon petit paquet de fric. »
« Tu as déjà bossé pour lui ? »
Avant de répondre, l'homme prit une profonde inhalation qu'il expira d'une toux gutturale.
« ...Ouais, je lui ai choppé des androïdes pour son commerce. Des YK500, tu sais, ces enfants robots. » Le nuage de fumée rouge de la drogue s'infiltra à travers les dents horriblement endommagées du criminel.
« Il voulait en faire quoi ? »
« Ça, j'en sais rien et je m'en fous. » Répondit son interlocuteur d'un sourire sinistre et peu attrayant.
Le premier humain remarqua Connor appuyé nonchalamment contre une grande caisse en bois, les bras croisés sur sa poitrine.
« Et toi ? C'est quoi ton histoire ? Un morceau de plastique t'a aussi volé ton travail ? »
« Ouais, on peut dire ça. » Répondit le déviant d'une voix morne légèrement plus grave que son timbre naturel. « Bon, il est où le gars qu'on attend ? J'aimerais savoir si je perds mon temps ici pour du boulot intéressant. »
« Eh, détends-toi. » Sourit le fumeur défoncé. « Il sera là. Il est toujours là à l'heure. »
« Conneries ! Il est vingt deux heures passées ! » Grogna avec colère un troisième jeune malfrat. « Merde, j'en ai marre d'attendre ! »
« La patience c'est vraiment pas votre fort, les gars. » Toussa le drogué en faisant signe à l'une des autres personnes présentes avant l'arrivée de Connor. « Eddy, file moi une bière et une part de cette pizza. Je crève la dalle. »
La personne interpellée montra un air ennuyé mais fit ce qu’on lui dit.
« Si tu arrêtais de fumer cette merde toutes les deux minutes, tu ne boufferais pas autant. » Rétorqua son collègue en lui tendant la bouteille et le morceau de nourriture.
« Allez les mecs. Servez-vous. » Héla le junkie en invitant les autres voyous au repas. « C'est moi qui régale. »
Le premier humain faillit rire en se servant une part.
« Tu t'es cru à une putain de soirée pyjama ou quoi ? »
Terrifié à l'idée que sa couverture soit démasquée, Connor n'eut d'autre choix que de copier les autres humains. Se déplaçant aussi naturellement que possible, il prit une des bières, ôta la capsule d'un mouvement rapide et avala une gorgée.
Il essaya d'éviter la pizza mais le drogué lui ficha le carton devant le visage en insistant pour qu'il se serve aussi.
« Ah... Merci. » Répondit le déviant en prenant à contrecœur une part.
Instinctivement, l'androïde analysa la nourriture indigeste pour noter l'apport calorique, les glucides, les niveaux de sodium et des dizaines d'autres facteurs concernant chaque ingrédient puis commença à mordre une petite bouchée.
De multiples avertissements concernant l'ingestion malavisée de nourriture humaine apparurent dans les processeurs visuels de Connor.
ALERTE.
CORPS ÉTRANGERS DÉTECTÉS
Activer le programme d'expulsion d'urgence [O/N]
NON
« Putain...» se plaignit l'un des voyous en jetant soudainement sa part dans la boîte en carton. « Des ananas ? T'es sérieux ? Cette drogue t'a pourri la langue ou quoi ? »
Même si Connor était tenté de jeter aussi sa propre part, il savait que cela pourrait attirer l'attention sur lui. Il força donc la pizza à descendre dans son estomac artificiel à l'aide de grosses gorgées de bière, luttant en même temps avec son système qui essayait d'activer son programme d'expulsion d'urgence.
Près de vingt minutes passèrent et Connor restait silencieux, les bras toujours croisés sur sa poitrine. Il continua à rejeter les messages incessants concernant les corps étrangers accumulés dans son organisme.
Les autres criminels devenaient de plus en plus impatients. Certains se goinffraient toujours plus de pizza et de bières, d'autres prenaient des bouffées de RED ICE tout en faisant les cent pas avec colère et frustration. Connor de son côté, serrait douloureusement les dents et tâchait de limiter ses mouvements. S'il ne parvenait pas à éliminer rapidement la nourriture, son état empirera.
« Ce type se fout de notre gueule. » Se plaignit le premier humain en éclatant de colère le cadavre de sa bière sur le sol. « J'en ai marre ! »
« Salope encore mon quai, petit merdeux et je te le fais nettoyer avec la langue. » S'exclama à quelques mètres de là une voix graveleuse.
Tout le monde se retourna vers la silhouette en approche et resta silencieux en sa présence.
Le chef du réseau, enfin arrivé, était d'une carrure imposante. Chauve avec des tatouages sur le cou et une cicatrice sur l'oreille gauche, il avait cet air patibulaire qui ne donnait clairement pas envie de se frotter à lui.
Le trafiquant passa rapidement en revue les six recrues rassemblées et leur lança à tous un regard froid avant de se concentrer plus particulièrement sur le fumeur de RED ICE.
« Arrête cette merde ! » Frappant la pipe en verre des mains tremblantes de l'homme, le chef l'attrapa par le col et l'attira vers son propre visage. « Qu'est-ce que je t'ai dit à propos de ça ? Pas avant le boulot ! »
«...J-Je n'y peux rien ! » Répondit pathétiquement le junkie avec un sourire stupide qui montrait ses horribles dents noires pourries et cariées. « J'ai une mauvaise mémoire, Vous savez... »
« Putain. Je ne veux pas de toi dans le groupe. » Le chef secoua la tête et désigna un entrepôt à quelques mètres du quai. « Va là bas et surveille les flics. »
Alors que l'homme de grande taille s'éloignait comme ordonné, le trafiquant reporta son attention sur les jeunes voyous prêts à bosser pour lui.
« Très bien. Je m'appelle « Lazare », c'est tout ce que vous devez savoir. Vous cinq, vous allez démanteler les androïdes qui sont stockés là dedans. » Désignant un petit conteneur de fret sans prétention à quelques mètres derrière Connor, le trafiquant dirigea ses recrues vers leur horrible mission. « Chaque biocomposant doit être manipulé avec soin. Si vous terminez avant la fin de la nuit, vous recevrez deux mille dollars chacun. Maintenant rentrez vos fesses là-dedans et faites le job sans attirer l'attention. J'ai un acheteur dans le coin et je dois effectuer un dépôt ce soir. »
Connor effectua une analyse du conteneur de fret et découvrit neuf déviants retenus captifs à l'intérieur. Sans plus attendre, il envoya le signal cybernétique aux renforts pour les faire converger vers la position et recula sagement et discrètement pour se cacher derrière des caisses, hors de vue.
« Gavin, vas-y. »
Soudain, un concert de sirènes et de lumières clignotantes anima le lieu. Huit voitures et deux douzaines de drones de police encerclèrent en quelques secondes les quais.
« Putain de merde ! Les flics ! » Cria l'un des jeunes voyous, éberlué par l'arrivée rapide des forces de l'ordre. Il essaya, tout comme ses comparses, de prendre la fuite avant d'abandonner l'idée et de se rendre docilement les mains en l'air. « Ils sont partout ! »
Discrètement, Connor se révéla à Gavin pour lui permettre de l'arrêter au milieu du groupe afin de garder sa couverture intacte et d’éloigner tous soupçons.
« Je t'embarque. » Déclara le sergent à voix haute alors que Connor faisait semblant de lutter avec ses mains menottées derrière le dos. « Tu as le droit... »
« Je connais mes droits ! » Cria t'il avec virulence pour maintenir la façade. « Je veux un avocat ! »
« Ouais, crois moi, tu vas en avoir besoin ! »
Alors que Gavin le « balançait » sans ménagement sur la banquette arrière de la voiture, il grimaça à l'affichage des nouveaux avertissements concernant la contamination. Prenant une profonde inspiration, Connor fit de son mieux pour calmer sa réaction très humainement nauséabonde face au repas inattendu.
« C'est quoi ton problème, le morceau de plastique ? » Demanda curieusement Gavin en ouvrant la portière conducteur pour attraper la radio et informer de la réussite de l'opération. « Tu es malade ? »
« O-Ouais... J'ai juste besoin d'expulser un contaminant étranger de mon système. »
« Putain, Tu n'as pas intérêt de dégueuler dans ma voiture ! »
« Je tacherais de m'abstenir... » Le déviant offrit néanmoins un petit sourire sournois à son désagréable collègue. « ...Mais je ne te promets rien.»
« Retiens toi ! Je ne veux pas de ta merde bleue sur mes sièges. » Avertit amèrement Gavin en s'installant derrière le volant.
Depuis sa fenêtre, Connor regarda Lazare, son drogué en second et les quatre autres hommes être chargés dans les autres voitures de police. Il poussa un soupir de soulagement en apercevant également les neuf déviants enfin libérés du conteneur et surtout sains et saufs.
La mission était clairement un succès.
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Endurant tout le processus nécessaire, Connor enfermé dans la cellule de détention avec les autres hommes arrêtés, faisait les cent pas en gardant sa main droite pressée contre son ventre. Tandis qu'il gigotait, les yeux du junkie l'observaient nerveusement depuis le banc. Il attribua son attitude au fait que l'homme était devenu paranoïaque à cause de la RED ICE inhalée plus tôt.
Incapable de s'arrêter de bouger de peur que son estomac se rebelle contre lui, Connor continuait simplement à faire des allers-retours en espérant que Hank le ferait bientôt sortir. S'il tombait malade devant le trafiquant, celui-ci le dénoncerait comme étant l'agent infiltré qui les avait arrêtés sur les quais.
« P... putain ! M...mais assieds-toi ! » Balbutia le drogué en se balancant d'avant en arrière. « Tu vas me rendre dingue, mec ! »
Chris apparut devant la cellule et déverrouilla la porte électronique. Désignant le déviant infiltré, il lui fit signe avec un pouce par-dessus son épaule.
« Tu es le prochain, mon pote. Allons-y. »
« Où est mon avocat ? » Demanda brusquement Connor qui tâchait de rester dans son personnage. « Je ne dis rien sans mon avocat ! »
« Il t'attend. Maintenant, bouge de là. Je ne te le redemanderai pas. »
Se déplaçant lentement, le jeune homme sortit de la cellule, tendit les mains vers l'extérieur pour que Chris puisse remettre les menottes autour de ses poignets, puis le laissa l'amener dans l'une des deux salles d'interrogatoire. Après être entré dans la pièce, Connor s'assit lourdement à la table et regarda Hank installé face à lui, la mine visiblement inquiète.
« Avec vous comme avocat, Je suis sauvé. » Connor essaya de faire un peu d'humour mais il était évident qu'il était très mal à l'aise et se sentait horriblement malade.
« Est-ce que ça va aller ? » Demanda Hank d'un ton neutre alors qu'il déverrouillait les menottes. « Tu ne peux ingérer que du Thirium et un peu d'alcool, je me trompe ? »
« C'est exact. » Enlevant sa veste en cuir pour se sentir un peu plus à l'aise face à la surchauffe, Connor Clarifia la situation. « J'ai reporté trop souvent l'expulsion d'urgence maintenant je vais devoir attendre de me sentir vraiment très mal pour évacuer les contaminants. »
« Prépare toi à passer un sale quart d'heure gamin. »
« Les risques du métier. » Répondit le deviant avec un pauvre sourire.
« Tu as l'air de vraiment souffrir. »
« Oui. Je ne vous le cache pas. » Avoua sincèrement le déviant de sa voix faible. « Ce n'est pas un moment agréable pour moi... »
Hank prit un instant pour évaluer l'état du gamin puis croisa autoritairement les bras sur sa poitrine.
« Connor, voilà ce qui va se passer. Tu vas retourner en cellule et faire semblant de t'évanouir. »
« M'évanouir ? »
« Ouais. De cette façon, nous pourrons te faire sortir d'ici sans qu'aucun des autres suspects ne pense que tu les as dénoncés ou pire, découvre que tu es un flic. Ensuite, tu rentreras directement à la maison pour te reposer. »
« Compris. Une fois remis, je reviens au poste pour vous aider avec... »
« Pas question Connor ! » Coupa fermement le Lieutenant « Tu en as terminé. »
Sous le bonnet, la LED de l'androïde vira à un jaune contrarié.
« Quoi ? Vous m'excluez du reste de l'enquête ? »
« Je ne comptais pas te laisser continuer après ta mission d'infiltration. » Avoua Hank d'un froncement de sourcils « C'est trop dangereux pour toi. »
« Dangereux ? Mais je dois découvrir qui est le client de Lazare et savoir où... »
« Non Connor ! » Gronda le Détective « Tu as joué ton rôle, maintenant tu te retires de l'enquête comme je te l'ai demandé. »
« Ne faites pas ça, Hank... » Supplia le déviant en resserrant ses bras autour de son abdomen douloureux.
« La discussion est close. » Le détective fit un signe de tête à Chris pour lui demander d'escorter à nouveau le déviant à sa cellule. « Tu seras assigné dès demain à une autre affaire. »
Furieux, Connor se leva péniblement de sa chaise et récupéra sa veste en jetant un regard rageur à son supérieur.
Il rejoignit silencieusement l'officier Miller et accepta d'être à nouveau menotté.
« Ça va aller, Connor ? » Lui murmura gentiment Chris. « Tu vas pouvoir gérer ? »
« Ouais. Finissons-en » Répondit l'androïde d'une voix tendue par la douleur et la contrariété.
Au départ des deux hommes, Hank poussa un lourd soupir. Il était obligé d'agir de la sorte pour protéger Connor. Son instinct lui répétait de se méfier de cette enquête. Il sentait qu'il devait préserver le gamin de celle-ci, aussi bien physiquement qu'émotionnellement.
Le pensait-il encore trop fragile après son retour du Canada ?
Peut-être.
Tenait-il trop à lui pour risquer de le perdre encore une fois ?
C'était certain.
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« Malade ou pas mon gars, on va t'obliger à cracher le morceau. » Héla Chris en dirigeant Connor à l'entrée de la cellule.
« Je vous raconte pas de conneries. Je me sens vraiment pas... » Le déviant laissa échapper un soudain gémissement d'agonie et s'effondra dans un évanouissement convaincant.
S'accroupissant à côté du corps inerte, l'officier fit la vérification du pouls.
« Vite ! » Hurla t'il à travers le commissariat « Emmenez-le au poste médical. »
Immédiatement une civière fut apportée par deux agents complices qui installèrent Connor dessus avant de l'évacuer, hors de vue.
Le junkie dans la cellule commença à paniquer.
« Oh merde... Est ce qu'il est mort ? »
« Pas encore. » Se penchant plus près de la vitre, Chris adressa à l'homme un sourire tordu. « Mais c'est ce qui arrive lorsque tu mélanges de l'alcool avec de la RED ICE. »
Les yeux noirs du grand homme s'écarquillèrent d'une peur paranoïaque.
« C... comment Ça... ?! »
« Tu ne le savais pas ? Les deux ensemble te font fondre les tripes. »
« F...FONDRE ?! » Le drogué commença à prendre sa tête en étau et à se balancer nerveusement d'avant en arrière. « OH NON. NON. NON. NON. NON. »
Croisant les bras sur sa poitrine, Chris resta planté devant la cellule, amusé par la réaction du junkie complètement terrifié à l'idée de subir le même sort.
C'était cruel mais tellement drôle.
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Trébuchant hors du taxi autonome avec son bras droit enroulé autour de son ventre douloureux, Connor remonta sans grâce l'allée et tomba pratiquement contre la porte d'entrée alors qu'il cherchait la clé de secours cachée derrière la sonnette. Une fois à l'intérieur de la maison, il fut immédiatement accueilli par Sumo qui aboya une fois pour attirer l'attention affectueuse de la part de l'androïde.
«...Eh, mon grand.» Salua Connor d'une voix fatiguée. « Je jouerai avec toi plus tard. » Grattant légèrement les oreilles de Sumo, il se dirigea ensuite vers le couloir et entra dans sa chambre. Il enleva sa tenue, le gilet en kevlar et enfila des vêtements plus légers ; un pantalon de survêtement gris et un t-shirt marron. Une fois fait, il tomba à la renverse sur son lit, épuisé.
Plaçant son bras gauche sous sa tête, Connor ferma les yeux et posa son bras droit sur son abdomen douloureux. Alors qu'il commençait à réfléchir au cas inhabituel de la nuit et aux déviants qu'il avait réussi à sauver, plus de questions que de réponses commencèrent à affliger le détective. Où les pièces d'androïdes devaient elles être expédiées ? Qui était l’acheteur en relation avec Lazare ? Et surtout, pourquoi Hank refusait de le mettre sur l'enquête ?
Il enrageait d'une telle décision.
Petit à petit, Connor commença à passer en mode repos quand soudain une étrange crampe se resserra dans son estomac.
S'asseyant lentement, le jeune homme réalisa qu'il allait être malade et se précipita maladroitement à travers la porte de sa chambre pour atteindre la salle de bain.
Tombant à genoux, il vomit dans les toilettes, expulsant le moindre petit morceau de nourriture présent dans son organisme.
Sumo rejoignit l'androïde dans la salle de bain et s'allongea sur le sol pendant qu'il continuait de vomir et de cracher le contenu ignoble de sa bouche dans la cuvette.
« ...Putain. »
Connor retomba sur sa hanche gauche et passa l'arrière de son bras droit sur sa bouche et son menton. Juste au moment où il commençait reprendre son souffle, la même crampe frappa à nouveau son estomac et immédiatement, il recommença à vomir. La réaction violente provoqua des gémissements douloureux, amenant Sumo à se rapprocher un peu plus du déviant malade.
Posant sa main tremblante sur le dos du chien, Connor garda sa paume là, sachant que le processus d'expulsion était encore loin d'être terminé.
« ...Je vais bien. J'ai juste besoin d'un moment pour... Oh... merde... »
La tête plongée dans les toilettes, l'androïde fut réparti pour un tour.
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Il fallut à Hank un peu plus de quatre heures pour regagner la maison après avoir subi les interrogatoires prolongés des cinq hommes. Épuisé, il entra dans le salon en bâillant, jeta les clés de la voiture sur la table de la cuisine avant d'enlever son manteau pour le draper sur le dossier de la chaise.
Alors qu'il s'aventurait dans le petit couloir, il aperçut la lumière allumée de la salle de bain et entendit Sumo gémir.
« Connor ? » En entrant dans la pièce, Hank vit le deviant effondré sur son côté droit au milieu du sol, les bras enroulés autour de son ventre. « Bon sang ! »
Les iris bruns du jeune homme se dirigèrent vers le visage de Hank agenouillé au-dessus de lui.
« ...Je vais bien. »
« Conneries. Une personne qui va bien ne dort pas sur le sol d'une salle de bain. »
« Je ne suis plus malade. » Expliqua Connor à voix basse en sentant la main de Hank se presser contre son front. « Mais je n'ai pas eu la force de me relever. »
« Ça a été si horrible que ça ? »
« Mon volume de thirium est tombé à soixante et onze pour cent. »
« Ok. Ça répond à ma question. » Hank offrit un petit sourire de sympathie. « Attends, je vais t'apporter une bouteille de... »
« Non ! » Protesta Connor en roulant sur le dos. « Bien que je ne sois plus malade, je ne peux plus rien ingérer sans que cela me provoque une autre expulsion d'urgence. »
« Oh, super. Quand pourras-tu boire du Thirium. »
« Dans sept heures. D'ici là, je vais laisser mon programme d'auto-guérison se dérouler pour corriger le lancement du programme. »
« Très bien. » S'accrochant au biceps de Connor, Hank le souleva lentement du sol. Il pressa son autre main sur le bras opposé de l'androïde et l'aida à retrouver son équilibre alors qu'il vacillait sur ses pieds. « Tu dois dormir dans ton lit, pas par terre. »
« Je peux marcher. »
« Pas très bien. » Ricana Hank en sentant Connor trébucher et lutter pour rester debout.
« Je vous dis que je peux marcher ! » Répéta plus fort le déviant en s'éloignant brusquement de l'emprise de l'homme.
« Eh ! Qu'est ce qu'il te prend ? J'essaie juste de t'aider. »
« Comme vous l'avez fait en m'éloignant de l'enquête ? » Cracha le déviant avec colère.
« Connor, écoute... »
« Évidemment. Si j'étais humain vous m'auriez laissé travailler dessus. »
« Hé, Stop ! » Gronda Hank. « Cela n'a RIEN à voir avec le fait que tu sois un androïde. »
« Je n'y crois pas. » Peu convaincu et fatigué, Connor avait l'air presque brisé pendant qu'il parlait. « Dites le, la première chose que vous voyez quand vous me regardez c'est une machine ! Une machine qui peut être abîmée, détruite... »
« Connor, Ça suffit ! » Hank éleva la voix avec agressivité. « Ne parle pas comme ça ! Je te vois comme toi, Connor. Mon partenaire, mon ami et surtout, mon... » Le mot s'étrangla dans sa gorge.
Avec un étrange sentiment de perte, Connor baissa les yeux et ferma douloureusement ses paupières.
« Si c'était vrai, alors vous me laisseriez vous aider... De quoi avez-vous peur au juste ? »
En réponse, le jeune homme accusa un silence assourdissant de la part du détective.
« Très bien... » Souffla le déviant avec défaite. « Je vais activer mon mode repos. »
« S'il te plaît Connor, ne fais pas ça. N'élève pas de murs. » Malgré ses supplications, les paroles de Hank semblaient tomber dans l'oreille d'un sourd tandis que le déviant lui tournait le dos et rentrait dans sa chambre, en fermant immédiatement la porte derrière lui.
La réaction froide du gamin laissa Hank complètement interdit.
« Et merde... »
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