Les liens du sang

Chapitre 7 : Chapitre 4

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:34

Chapitre 4



Kojiro flottait sur le ventre, visage dans l'eau. Sa peau était grisatre. Ses cheveux décolorés, déployés autour de sa tête, ondoyaient à la façon des anémones de mer, ce qui donnait l'illusion d'un mouvement. Contrairement à la première impression de Conan, il portait un short de bain imprimé de fleurs tropicales.

Un cable électrique pendait du balcon pour disparaitre dans les remous du bassin. Conan tira les enfants en arrière et leur fit franchir la double porte. Le visage figé, ils ne criait plus. Il ne se rappelait pas leurs noms, Aï non plus, aussi leur parla-t-il le plus doucement possible.

_ Restez là. Vous ne devez pas toucher l'eau. Vous m'avez compris.

Après un coup d'oeil à Aï pour qu'elle ne les quitte pas des yeux, Conan les laissa sur place pour grimper au pas de course le petit escalier menant au balcon. Le cable était braché sur le mur près de la porte. Il traversait le balcon et passait entre deux barreaux de la balustrade.. Conan saisit la prise avec une serviette éponge qui trainait et la tira sans brusquerie. Une fois débranché, il fixa d'un noeud le cordon à la rambarde. Cela fait, il redescendit à la piscine, s'arrêta un instant pour rassurer les petits. Puis il ota son peignoir de bain, bientot immité par Aï et ils s'attelèrent à la tache difficile de sortir le corps de l'eau.

La chair de Kojiro, inhibée d'eau, était flasque et glissante au toucher. Conan s'étonnait encore malgré sa longue fréquentation de la mort qu'il soit si évident de déeler la présence de vie au seul contact de la peau. Pourtant, chose inhabituelle, le corps de Kojiro était resté bien chaud, bien plus chaud que le sien.

Après beaucoup d'efforts, ils étaient finallement parvenus à hisser le corps hors du bassin en l'empoignant sous les aisselles. Kojiro glissa sur la bordure de briques dans un bruit de succion. Ils le retournèrent pour l'ausculter, bien que l'altération rapide des chairs due à l'immersion prolongée dans l'eau chaude démontrait l'inutilité de leur démarche.

A ce moment, la porte s'ouvrit brusquement et ils entendirent quelqu'un retenir sa respiration derrière eux. Conan se redressa, s'essuyant les mains sur ses cotés. Yayoi Misaki était dans l'encadrement de la porte, serrant toujours la poignée. Heureusement, c'était Yayoi et non Sanaé.

_ Mon dieu ! Kojiro. Il est mort, n'est ce pas ? Sa voix avait une douceur surprenante. elle s'approcha, tendit la main comme pour le toucher.

Conan aquiesça d'un signe de la tête

_ J'ai bien peur qu'il soit mort, en effet. Pourriez-vous allez jusqu'au bureau de reception appeler la police ? Ainsi que monter jusqu'à notre appartement prevenir mon oncle et sa fille, s'il vous plait.

_ Je ne peux pas vous laisser tout seul, les enfants !

_ Ne vous inquiètez pas Mme Misaki. Quelques minutes de plus n'aggraveront pas le traumatisme. En plus, si nous retourneront dans les chambres, les adultes descendront immédiatement. Moins il y a de mouvements avant l'arrivée de la police, mieux c'est...

Yayoi réflechit un court instant, sa serviette bien pliée serrée contre sa poitrine, l'air absente.

_ D'accord, dit-elle, montrant une fois de plus sa rapidité d'esprit. Je reviens le plus vite possible les enfants.

Elle avait accepté son "autorité" sans poser de questions. C'était vraiment l'un des points négatifs de se retrouver dans le corps d'un gamin. Les adultes, en tant normal, ne prenaient leurs reflexions en compte. Heureusement, Yayoi Misaki avait eu l'intelligence de faire abstraction de son age et avait accepté qu'il avait pris la meilleur décision sur le moment. Tant mieux, pensa Conan, les difficultés commenceraient bien assez tôt. Son instinct de détective était trop enraciné en lui-même pour se laisser étouffer si aisement. Il sentait déjà s'aiguiser toutes ses perceptions irresistiblement, comme toujours au début de chaque enquête. Mais cette fois, cela risquait d'être compliqué. Cette affaire ne relevait pas de la juridiction du commisaire Megure et il n'était pas certain que la police du cru considère l'intrusion du détective Koguro Mouri comme étant la bienvenue.

Les enfants s'étaient quelque peu calmé. Ai avait certainement su trouver les mots justes pour les réconforter. Sous sa carapace, cette fille pouvait se montrer très douce tout compte fait, le professeur Agassa avait raison.

_ Comment te sens-tu, Haibara ?

_ Je tiens le coup. Cela devient une habitude, malheureusement. Depuis que je te connais, il ne doit pas se passer une semaine sans qu'un cadavre ne vienne ternir le paysage. Pourtant cette fois, c'est... pauvre Kojiro.

_ Moi aussi je le trouvais sympathique. Sa mort ne restera pas...

Il ne termina pas sa phrase. Quelqu'un courait dans le couloir, les pas se rapprochant. Bientot Ran et son père apparurent, totalement essouflé.

_ Madame Misaki nous a expliqué ce qu'il s'est passé. Vous allez bien ? demanda Ran.

Ils lui firent oui de le tête tandis que Koguro s'agenouillait devant le corps.

_ Il est mort depuis plusieurs heures. Ran, tu veux bien t'occuper des petits Tanaka. Si tu les emmenais au salon boire quelque chose. La police ne devrait plus tarder.

_ Oui, tu as raison. Venez les enfants, un jus d'orange ca vous dit ?

_ Aî, Conan, vous devriez allés vous changer. Vous êtes trempés.

Koguro avait raison. Il commençait à avoir froid, la poussée d'adrénaline passée. Tandis qu'ils prenaient la direction de la chambre, Conan eut une désagréable sensation. Cette affaire s'annonçait difficile, il le sentait et son instinct ne le trompait que très rarement.




Le policier de permanence arriva peu après que Aî et Cona soit revenus parfaitement sec. C'était un jeune homme vigoureux à la face rubiconde, l'expression légérement bovine.

_ Bon, qu'est ce qu'il se passe içi ? Un monsieur s'est noyé dans la piscine ?

_ Il ne s'est pas noyé, rectifia Conan. Il s'est éléctrocuté avec un petit appreil j'imagine. J'ai debranché la prise la-haut avant de le sortir avec mon amie Aï, mais je n'ai pas cherché à savoir de quoi il s'agissait.

_ Vous avez deplacé le corps, les enfants ? questionna l'agent à la vue du cadavre échoué sur le bord de la piscine comme un grand poisson.

Aucune émotion apparente chez le policier, peut être un peu moin rubicond seulement, se dit Conan.

_ Bien sur qu'ils l'ont deplacé, mon vieu, lança Koguro. Il fallait vérifier s'il était mort ou pas.

L'agacement de ce dernier incita l'agent à faire une démonstration de pouvoir. Il se dressa de toute sa hauteur, qui n'était pas négligeable, sortit carnet et crayon, se balança un peu sur ses talons. Puis il s'éclaircit la gorge, histoire de s'assurer que sa voix resonnait juste.

_ Et sans indiscrétion, vous êtes monsieur...

Malheuresement, il lécha la mine de son crayon avant de prendre note, ce qui nuisit à l'impression de compétence et d'autorité qu'il voulait donner.

_ Mouri, je suis detective privé. Je suis en vacances içi avec ma fille et ses deux petits. Le hasard a voulu que nous soyions les premiers levés, si on excepte les enfants Tanaka.

Aï leurs apprit qu'ils se prenomaient Saori et Taro et qu'ils avaient quitté leur appartement alors que leurs parents dormaient encore.

_ Pour faire une exploration des lieux d'après ce qu'ils m'ont dit. Ils ont cru dans un premier temps que Kojiro était en train de nager et qu'il retenait sa respiration le plus longtemps possible mais il ne sortait pas la tête de l'eau. Ils ont compris que ce n'était pas normal. Le petit Taro a alors criéet c'est la que Conan et moi sommes arrivés.

En définition, l'agent du admettre que Mouri et les enfants ne feraient pas davantage de dégats;

_ Agent Tomeya Aoi, monsieur, se presenta-t-il. Il faut que j'aille téléphoner à mon supérieur.

Restés seuls, ils contemplèrent avec perplexité le corps du jeune homme. De quelle diablerie s'était-on servie pour le tuer ? se demanda Conan. Ayant les commandes du jacuzzi, il en fit cesser les remous, faisant apparaitre au fond un objet de forme rectangulaire. C'était un radiateur electrique d'appoint pas plus grand qu'un sac à main de femme, et sauf erreur grossière de sa part, il avait déjà vu cet objet, ou du moin un objet qui lui ressemblait étrangement, sous le bureau en métal gris de Miyuki Tendo.




Quand arriva l'inspecteur principal Hiroshi Jito, flanqué de l'inspecteur Makoto Soda, Conan fut content s'être habillé. Le crane dégarni, corpulent dans son costume froissé, Jito était un solide gaillard à la voix joviale mais aux petits yeux ronds et froids, d'un noir d'encre.

_ Non, pas lui, murmura si bas Koguro que Conan l'entendit à peine.

Apparemment, il connaissait cet inspecteur Jito et ils ne devaient pas être les meilleurs amis du monde. Il ne s'était pas trompé, cette enquête s'annonçait délicate à mener. Ce Jito ne se génera surement pas de les mettre à l'écart.

_ Ah, Koguro Mouri, tout juste bon à fourrer son nez dans les affaires des autres ! ricana-t-il de sa voix trainante. Une veine pour nous ! Dis-moi mon vieu, comment as-tu fait pour arriver si vite ?

Réfrenant la réplique cinglante que lui inspirait cette homme, Koguro s'efforça de garder un ton modéré.

_ C'est une pure coincidence, Jito. Je n'ai pas l'intention d'empiéter sur ton territoire.

_ Oui, ça vaudrait mieux, grogna Jito. Nous n'avons pas besoin du désormais célèbre detective Mouri.

Quittant Koguro des yeux, il se concentra sur l'examen du cadavre.

_ Il s'agit de monsieur Koguro Ryoga, sous-directeur, c'est exact ? Ex sous-directeur, je devrais dire.

Il resta un long moment encore à contempler le corps en silence, puis ordonna :

_ Soda, prenez la déposition de monsieur Mouri et de ses deux rejetons, qu'ils puissent aller vaquer à leurs loisirs.

Il avait souligné le "monsieur", ce qui lui valu un regard désaprobateur de Soda. Après avoir sorti son carnet, ce dernier les invita à s'asseoir sur le banc placé le long mur. Le jeune inspecteur n'avait pas dit un mot depuis son arrivée. Non sans avoir vérifié du coin de l'oeil que Jito ne regardait pas, il leur adressa, d'un sourcil levé, une mimique sympathique.

_ Dis Conan, tu ne trouves pas qu'il ressemble à l'inspecteur Takagi, lui chuchotta Ai à l'oreille.

Il du admettre qu'elle n'avait pas tort. Longiligne, Soda avait le visage maigre, ombrageux. Une mèche noire romantique lui tombait sur le front. Il se mit à l'interroger posement et il répondit sans cesser de tendre l'oreille vers ce que disait Jito. Apparemment, ce dernier expédiait l'agent Aoi auprès des autres résidents.

_ Aoi, c'est ça ? Bon, vous me les fourrez tous dans le salon, content ou pas et vous les gardez à ma disposition. Si certains sont déjà partis, vous trouvez où et depuis combien de temps. Compris ?

_ Oui monsieur, dit le policier, son enthousiasme refroidi.

Conan plaignit l'agent Aoi. C'était l'épisode le plus excitant de sa jeune carrière, et on le confinait au rôle de baby-sitter. Il allait rater l'intervention de l'équipe technique, et par manque d'expérience, il ne saurait ni observer les réactions des résidents à ce qu'il allait leur annoncer, ni écouter leurs échanges durant leur réunion forcée. Jito ne lui donna aucune consigne sur ce point.

Aï, à son tour, mit le plus de concision possible à relater ses faits et gestes, tandis que Conan ne perdez pas de vue les actions au ralenti de Jito autour de la piscine. L'inspecteur vint s'accroupir longuement près du corps, avant bras posés sur ses cuisses épaisses, mains pendantes, postures déplaisantes à souhait évoquant un vautour repu. Puis il répéta la manoeuvre devant la pile de vétements soigneusement pliés de Kojiro, avant de se placer au bord du bassin pour allonger le cou vers le cable électrique.

_ Bien combiné, commenta-t-il. Décidé à en finir le petit malin. Branché le fil là-haut, laissé glisser le truc dans le bassin... Après ça, il est descendu et il a sauté dans l'eau. Si le choc ne le tuait pas, il le mettait KO assez longtemps pour qu'il se noie.

_ Non, intervint Conan malgré lui. Ce n'est pas ça. Il était déjà dans le jacuzzi quand quelqu'un est entré. Il devait tourné le dos au balcon car c'est là que les jets sont le plus forts. La personne a branché délicatement la prise puis jeté l'engin par dessus. Même si Kojiro l'a vu tomber, il n'avait pas le temps de sortir du bassin.

Il n'avait pas préciser que le radiateur avait du se mettre en court circuit en touchant l'eau, la décharge n'avait sans doute durée qu'une fraction de seconde.

_ Conan ! Combien de fois je t'ai répété de te meler de tes affaires ! s'énerva Koguro en lui donnant un coup sur le crane.

_ Et comment sais-tu tout ça, mon garçon ? Tu as le don de double vue ? railla Jito en fusillant Conan de ses yeux de fouine. Pour moi, c'est un suicide. Regardez ces vétements bien pliés. Typique.

_ Cela prouve qu'il était soigneux. Impossible d'imaginer Kojiro laissant ses vétements trainer, continua Aï. Cela fait parti d'un rituel, je pense. Il ne faisait pas mystère du fait qu'il aimait venir içi à la fin de la journée. Je suis prête à parier que vous ne trouverez pas d'empreintes sur la prise ou le fil électrique. Or les suicidaires ne portent pas de gants n'est ce pas. D'ailleurs, il n'avait pas le tempérament suicidaire.

_ Super, j'ai le droit à une version moderne de Sherlock Holmes et du docteur Watson. Je te trouves bien sur de ton fait, jeune fille. Je crois t'avoir entendu dire à mon inspecteur il y a quelques minutes que tu n'étais içi que depuis hier. Un peu court pour se forger une opinion sur ce pauvre monsieur Ryoga, il me semble.

_ Dans ce cas Jito, poursuivit Koguro, tu ne devrais pas de tirer de conclusions trop hative également.

_ Tu n'as pas à m'apprendre mon métier, Mouri !

La voix pleine de sous entendus avait pris un ton mielleux. Koguro ressentit une bouffée de colère. Il s'obligea néanmoins à tenir sa langue. Jito était un abruti fini, plus tétu qu'une mule. Le battre à son propre jeu serait plus efficace. Souriant, il repliquea sur le mode léger :

_ Ces deux petits sont très observateurs et intelligents pour leur age. Tu sais Jito, ils ont aidé la police dans de nombreuses affaires.

_ Blablabla ! Les enfants restent des enfants...

L'arrivée sur la scène de crime des techniciens de la région coupa court à la répartie de Jito. Même s'il n'espérait pas grand chose des résultats, Conan fut soulagé de voir que l'inspecteur avait assez de sens professionnel pour se mettre en retrait et les laisser travailler sans intervenir. Le photographe disposa d'une main experte lampes et matériel et commença à prendre des clichés du corps. Le biologiste médico légal, un homme brun aux dents de lapin enfilait des gants de latex fin. Il s'accroupit près des vétements de Kojiro comme l'avait fait Jito et se mit à les manipuler avec adresse.

Mais Conan ne vit pas de médecin légiste et s'en étonna auprès de l'inspecteur Soda dès qu'il put le questionner.

_ Il est retenu ailleurs apparemment, expliqua Soda. Ils ont fait appel à un médecin du coin. D'habitude, ce n'est pas une très bonne idée, mais dans le cas présent ça n'a sans doute pas d'importance.

_ Donc vous êtes d'accord avec votre supérieur pour penser qu'il s'agit d'un suicide ? demanda Conan, surpris.

_ Je n'ai pas dit ça, répondit prudemment Soda. Je veux dire que l'examen préliminaire du corps en lui même ne révélera pas grand chose à mon avis et que c'est le médecin légiste officiel qui procédera à l'autopsie. Ah ! Voici notre docteur qui arriva.

Seule la sacoche noir serrée dans sa main droite désignait comme médecin cette femme en joli survétement vert amande et baskets. De petites mèches humides entouraient de boucle son visage en forme de coeur. Jito, occupé par les photographes, ne l'avait pas vue. Soda s'avança pour l'acceuillir et Koguro le suivit discrétement après avoir lancé un regard à Aï et Conan pour qu'ils restent à leur place.

_ Je suis Mitsuko Sawada. Vous m'attendiez ? J'ai fait le plus vite possible. J'étais en train de courir avant la consultation du matin, comme vous le voyez, expliqua-t-elle avec un geste d'excuse sur son survétement.

Médecin généraliste d'une petite ville se dit Aï, plus accoutumée à officier au cheveux des moribonds entourés de leur famille que sur des lieux de crime, où ses propos timides jouaient le même role, en l'occurence, que les manifestations d'humour noir d'un vrai médecin légiste.

_ Qu'est ce qui s'est passé ? demanda-t-elle. Qui est cet homme ?

_ Kojiro Ryoga, le sous directeur de cet établissement, commença Soda. C'est... heu... une mort suspecte.

Conan surprit le haussement de sourcil rapide de l'inspecteur, tic qu'il apprenait à reconnaitre comme un signe d'amusement.

_ Electrocution, ou noyade consécutive à une éléctrocution. Intervenue hier soir, tard, vraisemblablement.

_ On l'a trouvé dans le bain ?

_ C'est monsieur Mouri et les enfants içi présents qui l'on trouvé ce matin.

Mitsuko sawada parut déconcertée

_ A bon ? J'ai cru que vous étiez policier, vous aussi.

_ Je suis détective privé, dit Koguro et je suis en vacances içi.

_ Enfin, je ne sais ce que je vais pouvoir faire pour vous, à part un certificat de décès, expliqua-t-elle après avoir ouvert sa saccoche et s'être agenouillée près du mort. La température du corps ne nous donnera aucune indication sur l'heure de la mort pas plus que la rigidité cadavérique. Il faudra attendre l'autopsie pour obtenir une information plus précise.

_ Merci docteur, dit soda avant de prendre Koguro à part.

.Sans perdre de vue son patron, il lui proposa à voix basse pour ne pas être entendu de Jito :

_ Je vous transmettrai les rapports d'autopsie et du labo s'ilsvous interessent. Pour être franc, je ne crois pas beaucoup à la thèse du suicide. C'est trop facile, à mon avis. Les suicidaires méticuleux laissent généralement un mot et choississent une méthode plus douce, par comprimés ou injections. Alors que les adeptes de la mort violente laissent tout sens dessus dessous derrière eux et ils se tirent un coup de fusil en nettoyant leur arme, par exemple. Dans le cas qui nous occupe, le profil du sujet ne parait pas correspondre.

_ C'est exact.

Quel dommage pour Soda, songeait Conan. Ce jeune homme avait l'étoffe d'un très bon flic. Discrétion, sens de l'observation, intelligence, absence de préjugés, et il devait faire équipe avec un crétin tel que Jito. Comment allait-il gérer ce désaccord avec son chef ? S'il se confirmait que l'inspecteur en chef avait tort, ce dont Conan ne doutait pas, il s'en prendrait forcément à quelqu'un. Soda serait bien avisé de garder son opinion pour lui.




A l'entrée de la piscine se tenait depuis un moment Miyuki Tendo, décoiffée, habillée à la va-vite. Chez elle, la moindre négligence faisait l'effet d'un laisser-aller insupportable. Ses cheveux couleur de feuille morte, non peignés, étaient rejetés derrière ses oreilles sans boucles, un pan de chemise sortait un peu de sa jupe, elle avait les jambes nues et les pieds chaussés de mocassins eraflés. Et la nuance habituellement crème de son teint laiteux aurait semblé franchement rougeaude auprès de sa paleur présente.

Elle s'aggrippait à la poignée métallique de la porte, fixant la scène de ses yeux exorbités. Bon sang, pensa Ran en allant vers elle, pourquoi ne pas avoir placé un agent en faction devant la porte pour éviter ce genre d'incident.

Son père, Aï et Conan apparurent à leur tour dans le couloir.

_ Miyuki, dit Koguro en lui touchant le bras. Vous ne devriez pas rester içi.

Elle ne lui accorda pas le moindre regard, son intention concentrée sur ce qui se jouait au bord de la piscine. Mitsuko Sawada otait lentement ses gants, fermait son sac, disait quelque chose à l'inspecteur Soda.

_ Miyuki, proposa Ran qui les avait rejoint, laissez-moi vous accompagné au...

_ Non ! Qu'est ce qui s'est passé ? Qu'est ce qui lui est arrivé ? Il n'avait pas le droit. Le sale petit con !

Des larmes coulèrent sur ses joues, larmes d'horreur et de colère plus que de chagrin, se dit Conan.

_ Il n'avait pas le droit de quoi ? demanda Ran en lui tendant un mouchoir qu'elle accepta avant de répondre.

_ Il s'est suicidé, hein ? Il a fait ça, içi. Il a voulu le faire içi, par dépit... comment expliquer...

Sous le choc, sa diction d'ordinaire parfaite se relachait.

_ Expliquer à qui ? questionna Conan

_ A mon administration. Je suis responsable, je dois veiller à ce que ça n'arrive pas, une chose pareille.

Elle détourna son regard pour revenir à Kojiro.

_ Quand est-ce qu'ils vont l'emporter ? Tout le monde va le voir. Et pourquoi ont-ils bouclés tout le monde comme des criminelles ?

Mitsuko Sawada reconnut les crises d'une crise de nerfs imminente. Elle s'approcha, échangeant un coup d'oeil à Koguro et posa sa main sur l'épaule de Miyuki.

_ Je suis le docteur Sawada. Puis-je vous

Miyuki se dégagea d'une secousse

_ Je sais qui vous êtes ! Je n'ai besoin d'aucune aide et je ne veux pas de sédatifs, lança-t-elle en fermant les yeux avant de prendre une pronfonde inspiration dans un effort visible pour rassembler ses esprits.

L'agent Aoi, cramoiso et transpirant, descendit bruyamment l'escalier carrelé et s'arreta en dérapant devant la porte vitrée.. Koguro dut attirer Miyuki sur le coté, preudemment, pour que le battant puisse s'ouvrir.

Aoi chercha d'un oeil anxieux l'inspecteur Jito et souffla de soulagement en voyant qu'il échaperrait peut etre à une réprimande immédiatement

_ Ne vous inquiètez pas, agent Aoi, le rassura Soda. Il vient de sortie donner ses instructions aux ambulanciers.

Aoi se redressa pour faire front à Miyuki.

_ Mademoiselle Tendo, vous n'êtes pas censé être içi. Vous également, s'adressant à Ran.

_ C'est mon droit, c'est moi qui commande içi, protesta Miyuki. Je suis responsable de tout...

Elle était plus calme à présent. Son attitude retrouvait quelque chose de calculateur. Conan remarqua qu'elle n'accordait plus un seul regard à Kojiro. Mais enfin, qu'espèrait-il ? Une scène d'adieu déchirante sur le corps inerte de Kojiro. Peu vraisemblable et surement pas de la part de Miyuki. Les larmes versées sur la mort du jeune homme, s'il y en avait, viendraient d'une autre source.

 

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