Bart et Hugo, une histoire d'amour

Bart se sent perdu dans tous les sens du terme. Cet hôpital est tellement grand qu’il ne sait pas vraiment où il va mais les émotions déferlent à toute vitesse en lui et le poussent à trouver un endroit où il pourrait s’isoler et respirer un grand coup. Il finit par trouver une porte qui semble mener vers l’extérieur. Dehors, le vent s’est un peu levé et il claque sur son visage, décoiffant ses cheveux d’or. Il dévale les escaliers de secours et marche jusqu’à ce qu’il trouve un banc situé sous un grand chêne. Il s’y assoit, plonge son visage dans ses mains et expire longuement. Il a encore du mal à réaliser que Hugo lui a sciemment caché ses symptômes. Il dit que c’était pour le protéger mais tout ce que voit Bart pour l’instant, c’est qu’il a failli perdre son amoureux pour de bon parce qu’il a été imprudent.

Hugo, lui, s’en veut terriblement. Il ne s’est jamais senti aussi mal. Il a bien vu à quel point il avait blessé son homme et c’était tout ce qu’il voulait éviter. Son coeur se serre si fort dans sa poitrine qu’il a l’impression qu’il va se réduire en poussière. Il a même peur que Bart ne puisse pas lui pardonner et que ça ait cassé quelque chose entre eux. Il veut partir à sa recherche mais il y a ce fichu monitoring cardiaque. S’il décolle les électrodes, la machine va se mettre à sonner. Pas vraiment discret. Oh et puis zut, il s’en fiche. Tout ce qui compte c’est retrouver Bart. Il observe la machine et finit par trouver le bouton on/off. Il l’éteint, enlève les électrodes de sa poitrine, se lève du lit et traînant le pied de la perfusion avec lui, sort de sa chambre. Tout le personnel soignant est si occupé que personne ne fait attention à lui. Il ne sait pas où est parti Bart mais son instinct lui dit d’aller voir dehors. Il connaît son homme par coeur. Il a sûrement eu besoin d’aller prendre l’air. Sans le savoir, il emprunte le même chemin que Bart quelques minutes plus tôt. Lorsqu’il se retrouve en haut de l’escalier de secours, il aperçoit son amoureux recroquevillé sur le banc, ses jambes contre son torse. Cette image fait de la peine au jeune surfeur. Il n’a jamais voulu le mettre dans cet état là. Cahin-caha avec son pied de perfusion, il descend les marches et rejoint son homme et s’assoit à côté de lui.

Hugo : Qu’est-ce que tu fais tout seul mon chat ?

Bart : Et toi, qu’est-ce que tu fais en dehors de ton lit ? Tu cherches à empirer ton état ? Lui répond-il d’un ton un peu froid.

Hugo : Bart...

Le jeune homme tourne enfin la tête et les amoureux se regardent dans les yeux. Bart est blessé, Hugo le voit. Il lui prend le visage de sa main droite et lui caresse doucement la joue avec le pouce.

Hugo : J’étais inquiet pour toi. Mais regarde, je suis venu avec mon copain à roulettes. Dit-il en désignant la perfusion de médicaments. Bart ne répond rien. Si tu savais comme je m’en veux. Je n’ai jamais voulu te faire du mal, tu le sais.

Bart : Malgré la discussion qu’on a eu hier, tu t’es entêté. Tu as pris des risques insensés avec ta vie. A quoi ça sert que je t’ouvre mon coeur si tu n’écoutes rien ? Lance-t-il à son amoureux, clairement peiné.

Hugo : J’ai simplement crû te protéger...

Bart : En prenant le risque de mourir ?? Ajoute-t-il les larmes aux yeux. Est-ce que tu réalises ce que j’ai pu ressentir ? Je me réveille et je te trouve presque inconscient baignant dans ton sang ! J’ai appelé Anna en pleurs en lui disant que tu allais mourir. J’ai vraiment crû que c’était la fin cette fois, tu comprends ? Dit-il d’une voix qui se casse.

Hugo : Je suis tellement désolé mon chat. Murmure-t-il très ému.

Bart : Je comprends pas... Je comprends pas pourquoi tu as fait ça.

Hugo : Je t’aime tellement. Dit-il en insistant sur «tellement». Avant toi, je n’ai jamais aimé comme ça. Et parfois, je ne sais pas comment gérer cet amour inconditionnel. Bart le regarde intrigué. Tout ce que je veux c’est que tu sois heureux, que rien ne te blesse, rien ne te fasse mal alors j’essaie de toutes mes forces de te protéger de tout ce que je peux. Le jeune homme est touché par la déclaration d’amour de son chéri. Mais là, ça a dérapé. Je n’ai pas réalisé que je me mettais en danger. Je me déteste de t’avoir fait vivre ça. J’ai voulu te protéger et au final, c’est moi qui t’ai fait du mal. Je suis tellement nul. Dit-il en détournant le regard sur le côté. Il a trop honte pour regarder son amoureux dans les yeux.

Bart a enfin compris ce qui s’est passé dans la tête de son homme. Il y a encore certains points à discuter mais ils vont réussir à passer au-dessus de ça.

Bart : Regarde-moi s’te plaît Hugo. Le jeune surfeur s’exécute. Son regard est fébrile. Il y a un truc qu’il faut que tu comprennes. C’est que je ne suis pas en sucre. Je peux supporter beaucoup de choses. M’inquiéter pour toi ça fait partie du deal. C’est comme ça l’amour Hugo. Quoi qu’on fasse, on ne peut pas protéger l’autre de tout. Toi et moi, on ne fait qu’un et notre force c’est la confiance qu’on a l’un en l’autre. Une petite larme d’émotion roule sur la joue de Hugo. Par contre, croire que tu vas mourir, deux fois en plus... C’est juste pas possible. Tu ne peux pas me cacher ce genre de trucs et surtout, tu ne peux pas prendre des risques pareils avec ta vie !

Le jeune surfeur hoche la tête. Bart est tellement compréhensif avec lui. Et malgré l’épreuve qu’il vient de vivre, c’est encore lui qui rassure Hugo.

Hugo : J’ai vraiment merdé sur ce coup-là...

Bart : Pire que ça... Tu me fais plus jamais ça, hein ?!

Le jeune Vallorta n’est plus en colère mais ses nerfs retombent et les deux amoureux sont fébriles et émus.

Hugo : Plus jamais, je te le promets. Je ne pourrais jamais supporter de te refaire souffrir autant.

Bart secoue la tête d’un air de dire « t’es pas possible toi ». Hugo n’y tient plus, il a besoin de sentir son amoureux contre lui alors il se jette dans ses bras et niche son visage au creux de son cou. Bart soupire alors un grand coup et ferme ses yeux. Ils restent ainsi en silence pendant une bonne minute, savourant d’être dans les bras l’un de l’autre. Puis leurs regards plongent ensemble.

Bart : Je t’aime. Murmure-t-il avec émotion.

Hugo : Je t’aime aussi. Répond-il de la même manière.

Bart : Bah embrasse-moi alors... Ajoute-t-il avec espièglerie.

Hugo ne peut s’empêcher d’avoir un petit rire à la demande de son amoureux. Comme s’il pouvait dire non à une telle requête. Et puis c’est bien Bart ça. Après avoir été très en colère contre lui, il redevient tout amoureux, tout doux.

Hugo : Tu es incroyable. Tu le sais ça ?

Bart hausse suggestivement les sourcils avec un petit sourire en coin. Hugo rit de plus belle et puis fait fondre ses lèvres sur celle de son ange blond. Leur baiser est intense. Aussi intense qu’a été la peur de Bart de perdre son homme. Aussi intense que la culpabilité et la peine qu’a ressenti Hugo d’avoir fait mal à son compagnon.

C’est aussi ça la force de leur couple. Leur capacité à se pardonner et à avancer. Lorsque le baiser s’arrête, Bart garde le visage de son amoureux au creux de ses mains.

Bart : Maintenant monsieur, tu vas remonter dans ta chambre, t’allonger et te reposer. Parce que je voudrais bien que tu sortes de cet hôpital le plus vite possible et surtout qu’on n’y refoute jamais plus les pieds.

Hugo : Tout ce que tu voudras mon chat.

Sur ces mots, il se lève. Bart l’imite et ils remontent jusqu’à la chambre de Hugo. Là ils trouvent une infirmière qui engueule le jeune surfeur en Anglais. Elle n’a pas vraiment apprécié de trouver un lit vide lorsqu’elle est venue vérifier les constantes du jeune homme. Elle lui explique qu’il doit se rallonger, remettre le monitoring cardiaque et que le médecin va venir le voir puis elle quitte la pièce. 

Quelques jours plus tard, tout est enfin rentré dans l’ordre. Hugo est en pleine forme. La journée se termine. Bart admire le coucher de soleil sur la terrasse de la maison qu’ils louent. Le jeune surfeur s’approche de lui par derrière et l’enlace, posant sa tête sur son épaule.

Hugo : A quoi tu penses beau gosse ?

Bart : A toi. Répond-il en souriant, tournant légèrement son visage vers son amoureux. Je suis juste heureux de pouvoir encore vivre des moments comme ça.

Le jeune surfeur comprend pourquoi Bart précise «encore». Il resserre son étreinte autour de son amoureux.

Hugo : J’ai tellement de chance que tu m’aies pardonné. Même si...

Bart : Même si quoi ?

Hugo : Je ne suis pas sûr de le mériter. Ni de te mériter, toi.

A ces mots, Bart se retourne et fait face à son petit ami. Il l’enlace par la taille et leurs deux corps amoureux se rapprochent.

Bart : Tu veux me faire plaisir ?

Hugo : Bien sûr. Tout ce que tu veux mon chat.

Bart : Arrête de te dévaloriser s’il te plaît. Tu es tout pour moi et tu le sais. Hugo sourit avec tendresse. Je sais que ton enfance a été difficile et ne t’a pas apporté la confiance et la sérénité dont tu aurais eu besoin. Mais je suis là maintenant. Et je t’aime de tout mon coeur ! Le jeune homme sourit de plus belle tout en rougissant légèrement. Fais-moi confiance. Essaie de te voir avec mes yeux. Tu es merveilleux.

Hugo : Je te fais entièrement confiance.

Bart : Je préfère ça. Ajoute le jeune homme, sourire aux lèvres.

Hugo attrape son téléphone dans la poche de son bermuda. Il ouvre Spotify et met sa playlist de chanson préférées. Elle commence par «Fais-moi une place» de Julien Clerc. Il repose le téléphone sur la barrière de la terrasse.

Hugo : Tu veux bien danser avec moi ? Demande-t-il en lançant un regard amoureux à Bart.

Bart ne répond rien mais hoche la tête. Puis il prend la main gauche de Hugo dans sa main droite, et place son autre main en bas de ses reins. La main libre du jeune surfeur se glisse dans le cou de Bart. Leurs fronts s’apposent l’un contre l’autre. Ils ferment les yeux et commencent tendrement à danser sur le rythme lent de la chanson. Ils sont seuls au monde. Et heureux.