Bart et Hugo, une histoire d'amour

Chapitre 41

2969 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/08/2019 23:53

Après dîner, la température est encore très douce et les amoureux décident d’aller marcher sur la plage. Main dans la main, leurs pieds nus foulent le sable frais et le bruit des vagues joue une agréable musique à leurs oreilles.

 

Bart : Tu sais j’ai réfléchi à mon avenir après mon bac.

 

Hugo : Ah, et à quelle conclusion tu es arrivé ?

 

Bart : Que je ne suis pas prêt pour reprendre le domaine. Et que même si j’adore cet endroit, pour l’instant je ne ressens pas l’envie de m’y investir. Je sais pas, c’est peut-être à cause de tout ce qui s’est passé ces dix-huit derniers mois... Mais actuellement quand je pense à tout ça, ça m’angoisse. Tu vois ce que je veux dire ?

 

Hugo : Oui bien sûr. Et je pense que tu as raison. Tu as vécu beaucoup d’épreuves et tu as besoin de souffler maintenant, de t’éloigner un peu de tout ça. Cela ne veut pas dire que tu ne reprendras jamais le flambeau familial mais simplement que ça n’est pas le moment pour toi. Bart lui sourit tendrement. Il se sent soutenu et compris. Tu penses faire quoi du coup ? Le jeune homme hausse les épaules pour signifier son indécision. Moi j’ai peut-être une idée...

 

Bart : Ah ouais ? Répond le jeune homme, curieux et surpris.

 

Hugo : Pourquoi tu ne donnerais pas des cours de piano ? Ou tu pourrais aussi proposer tes services pour accompagner un chanteur ou une chanteuse pro.

 

Bart : Hugo...

 

Hugo : Bah quoi ? Tu es un vrai virtuose. Je suis sûr que beaucoup de gens seraient ravis de t’avoir à leurs côtés. Ou si tu ne te sens pas de faire de la scène, je te dis tu peux enseigner aux gamins.

 

Bart s’arrête de marcher et se plante devant son amoureux.

 

Bart : T’es vraiment sérieux ? Tu penses que j’aurais le niveau ?

 

Hugo : Mais plus que ça ! On dirait que tes doigts volent au-dessus des touches. Tu es un artiste. Il ne faut pas gâcher ça.

 

Le jeune Vallorta sourit timidement en se mordillant la lèvre inférieure. C’est une option à laquelle il n’avait pas pensé mais pourquoi pas... Hugo n’a pas tort. Se consacrer un peu à sa passion pour le piano ne pourra pas lui faire de mal. Il enlace son amoureux par la taille et se rapproche de lui.

 

Bart : Qu’est-ce que je ferais sans toi ?

 

Hugo : Des bêtises ? Dit-il d’un air taquin.

 

Bart : Sûrement. Répond-il en pouffant de rire. Je serais surtout complètement paumé et seul. Ajoute-t-il cette fois d’un air plus sérieux.

 

Hugo sent un léger coup de mou chez son amoureux, un petit moment triste. Alors, pour transformer ça, il se serre tout contre lui, enroule ses bras autour de son cou et approche son visage si près du sien que les deux bouts de leurs nez s’effleurent.

 

Hugo : Qu’est-ce qui arrive à mon petit chat ? Hum ? Demande-t-il d’une voix douce comme le miel. Pourquoi tu penses à ça ? Je vais nulle part, tu le sais.

 

Bart : Je sais, je sais. C’est juste que j’ai eu très peur pour toi aujourd’hui et ça m’a ramené à ton agression il y a quelques mois... Dans ces moments-là, je suis envahi par la panique de ne plus t’avoir un jour à mes côtés. Et c’est juste une idée insupportable. Je peux pas, je peux pas... Finit-il par murmurer en noyant ses yeux dans ceux de Hugo.

 

Le jeune surfeur est bouleversé par les mots de son homme et il repense à son saignement de nez quelques heures plus tôt. Est-ce qu’il a bien fait de ne rien dire à Bart ? C’est peut-être anodin comme événement mais... et si jamais c’était un signe de quelque chose de plus grave ? Est-ce qu’il fait bien de le cacher pour protéger Bart ? Toutes ces questions tournent dans sa tête. Il les repousse sur le côté pour l’instant, car là tout de suite, le plus important c’est de rassurer son amoureux.

 

Hugo : Hey... il ne va rien m’arriver. Je suis un guerrier, un battant. C’est toi qui me l’a dit quand j’étais dans le coma. Je l’ai entendu. Et tout ce qui compte pour moi, c’est de te rendre heureux. Alors je n’ai aucune intention de t’abandonner pour aller danser dans les nuages, d’accord ?

 

Les propos à la fois forts et drôles du jeune surfeur émeuvent Bart qui ne sait plus s’il doit rire ou pleurer. Il hoche simplement la tête en guise de réponse.

 

Hugo : Tu veux un petit bisou qui soigne pour aller mieux ? Ajoute-t-il avec espièglerie.

 

Bart : Pourquoi petit ?

 

Hugo éclate de rire puis ses lèvres foncent droit sur celles de son petit ami. Elles s’entrelacent dans un profond baiser où la force de leur amour s’exprime. Lorsque le baiser s’arrête, Bart se sent beaucoup mieux. Son angoisse s’est envolée. Les amoureux continuent alors leur balade romantique pendant un moment puis rentrent à la villa. Ils sont exténués. La journée a été bien longue et compliquée. Il est grand temps de retrouver les bras de Morphée. Ils se couchent dans les bras l’un de l’autre mais Hugo ne peut trouver directement le sommeil. Sa conscience le torture. Après l’émouvante déclaration de Bart, il se sent mal de lui cacher qu’il a eu un souci après sa sieste. Bart lui a confié qu’il avait peur de le perdre, qu’il lui arrive quelque chose de grave. Et là, il ne lui dit sciemment pas quelque chose qui pourrait provoquer un cataclysme. Il ne sait plus quoi faire. Il veut à tout prix protéger son amoureux. Mais si jamais il avait un autre problème de santé qui l’amenait à être hospitalisé, Bart serait de nouveau terrifié. Il sent le souffle doux et lent de son ange dans son cou. Bart est endormi. « Je ne vais quand même pas le réveiller pour lui dire ça.» pense-t-il. Bon, demain il fera jour. Oui, il lui dira demain. Après tout, qu’est-ce qui pourrait bien lui arriver dans son sommeil ? Il finit alors par se détendre et s’endormir.

 

Le lendemain matin, c’est Kite qui joue les réveils. Il saute sur le lit. Mais au lieu de lécher gentiment ses maîtres comme il fait souvent, il se met à aboyer à tout rompre. Bart sort de son sommeil en grommelant.

 

Bart : Kite ! Tais-toi. Le chiot continue son concert. Chhhhut Kite, ça suffit. Tu vas réveiller Hugo.

 

Mais la petite boule de poils ne cesse d’aboyer. Pour la première fois depuis qu’ils l’ont adopté, il n’écoute rien de ce qu’on lui dit. Bart ouvre plus grand les yeux et le regarde.

 

Bart : Mais qu’est ce qu’il t’arrive Kite ?

 

Le chiot marche alors sur les jambes de Bart pour atteindre son autre maître et se remet à aboyer. Le jeune Vallorta le suit du regard.

 

Bart : Qu’est-ce qu’il a Hugo ? Tu veux jouer avec lui c’est ça ?

 

Intrigué, Bart se concentre alors sur son amoureux mais ce qu’il voit le glace. Hugo est allongé sur le côté avec une énorme tâche de sang sur l’oreiller. Son nez continue de goutter seconde après seconde.

 

Bart : HUGO ! Hugo, réveille-toi ! Crie-t-il sous le coup de la panique.

 

Hugo réagit faiblement. Un «Bart» presque inaudible sort de sa bouche à peine entrouverte mais il ne peut ouvrir les yeux. Il semble entre deux mondes, dans les vapes. Ni une ni deux, Bart saute en dehors du lit et appelle les secours qui promettent d’arriver vite. Puis il retourne au chevet de son amoureux.

 

Bart : C’est pas possible, c’est un cauchemar ! Hugo, tu peux ouvrir les yeux ? Demande-t-il avec anxiété. S’te plaît, fais ça pour moi ! Allez, ouvre les yeux.

 

Le jeune surfeur a toutes les peines du monde à faire ce que lui demande son amoureux mais il essaie quand même. Il finit par réussir. Ses paupières se soulèvent mollement et dévoilent ses pupilles qui semblent perdues dans le vague.

 

Hugo : Bart... Je...

 

Bart : Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Demande-t-il entre panique et incompréhension.

 

Hugo : Mal à... la tête... Bredouille-t-il fébrilement.

 

La bombe est lancée. Elle atterrit en pleine face de Bart. « Mal à la tête ». Hugo est en train de subir les conséquences de sa chute de la veille, c’est certain. Et elles sont clairement graves. Tout ce dont Bart avait peur, tout ce qu’il a exprimé lors de leur balade au clair de lune, tout est en train de se réaliser.

 

Bart : Les secours seront là dans deux minutes. Ça va aller, je te le promets !

 

Il dit ces mots pour rassurer Hugo mais le jeune homme est absolument terrifié par la scène qu’il est en train de voir. Le nez de son amoureux joue les fontaines. Ploc, ploc, ploc. Les gouttes de sang tombent une à une sur l’oreiller qui se transforme en piscine écarlate. Seconde après seconde, son regard part dans un vide intersidéral. Ses mots deviennent incohérents. Lorsque l’ambulance arrive, les secouristes embarquent Hugo sans attendre et roulent à tout rompre jusqu’à l’hôpital où Hugo est directement envoyé au scanner pour voir d’où vient l’hémorragie. Le pauvre Bart, lui, reste seul assis sur un fauteuil en plastique dans le hall des urgences, en pleurs et perdu. Il faut qu’il parle à quelqu’un. Il appelle Anna en vidéo Messenger. La jeune femme décroche.

 

Anna : Bart, mais qu’est-ce qui se passe ? S’interroge-t-elle en voyant son fils dans un tel état. Il lui répond, entre deux sanglots.

 

Bart : Je suis à l’hôpital. Hugo va mourir...

 

Anna : Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ??

 

Bart : C’est sûr, il va mourir. Je vais le perdre maman.

 

Anna : Arrête de dire ça Bart et raconte moi ce qui se passe. Il a eu un accident ?

 

Bart : Hier en kite. Il est tombé violemment dans l’eau. Commence-t-il à expliquer, au milieu de son flots de larmes. Il a été hospitalisé quelques heures. Tout allait bien. Puis ce matin... Sa voix se brise un instant. Le sang s’est mis à pisser de son nez... ça s’arrêtait pas... Il était comateux.

 

Anna : Oh mon Dieu... Il est où là ?

 

Bart : Ils lui font passer des examens mais... S’ils ne peuvent pas arrêter ça, maman...

 

Anna : Bart, écoute-moi. Tu es à San Diego, une ville avec de très grands médecins. Ils vont soigner Hugo. Je sais que là, tu es complètement paniqué et dévasté mais il ne faut pas que tu imagines le pire, d’accord ? Hugo en a vu d’autres. Il va se sortir de ça.

 

Bart : Je sais pas... je sais plus. Je comprends pas, il allait bien hier soir.

 

Anna : Tu sais parfois, les conséquences d’une chute prennent du temps à se déclencher. Le corps humain est bizarre.

 

Bart : Ça ne peut pas s’arrêter là, hein maman ? Demande-t-il d’une voix fragile, presque enfantine.

 

Anna : Non Bart, ça ne peut pas et ça ne va pas s’arrêter là. Hugo va aller bien. Vous allez profiter à fond de vos vacances et surtout de votre vie à deux. Vous allez faire plein de projets, construire plein de belles choses et être heureux. Il faut que tu continues à croire à tout ça.

 

Pendant encore de longues minutes, le jeune homme trouve du réconfort auprès de sa mère biologique puis il finit par raccrocher. Et continue d’attendre qu’un médecin vienne le voir pour lui donner des nouvelles. Enfin, quelqu’un vient le voir. C’est l’interne qui s’était déjà occupé de Hugo la veille.

 

Bart : Où est Hugo ? Comment il va ?

 

Médecin : Bien. Compte tenu des circonstances, il va bien.

 

Bart : Qu’est-ce que vous voulez dire ?

 

Médecin : Hugo est conscient. Un sourire de dingue se plaque sur le visage de Bart. Hugo est conscient, c’est déjà extraordinaire. Mais il n’est pas passé loin de la catastrophe.

 

Bart : Qu’est-ce qu’il a eu ?

 

Médecin : Un caillot s’est formé suite à sa chute. Nous n’avons pas pu le détecter hier car il était trop infime à ce moment-là. Au fil des heures, ce caillot a grossi et a fissuré la veine cérébrale dans laquelle il était. Bart devient blanc comme un cachet en entendant ces explications. Hugo a eu une chance incroyable que l’hémorragie s’écoule par son nez. Si elle était restée interne au cerveau... Le médecin ne finit pas sa phrase mais Bart comprend très bien où il veut en venir. On est intervenus à temps. Maintenant l’hémorragie est stoppée. Hugo va devoir se reposer quelques jours. Pas de kite ni d’activités sportives.

 

Bart : Je peux aller le voir ?

 

Médecin : Oui bien sûr.

 

Bart remercie chaleureusement le médecin pour son aide et fonce auprès de Hugo. Le jeune surfeur est sous perfusion et monitoring cardiaque mais il a retrouvé des couleurs. Bart s’assoit près de lui sur le lit.

 

Bart : Comment tu te sens ?

 

Hugo : Comme un con... Répond-il d’un air coupable.

 

Bart : Bah, pourquoi tu dis ça ??

 

Hugo : Parce que... Ce n’est pas facile à dire mais il ne veut pas mentir à son amoureux. J’ai merdé. Bart fronce les sourcils, ne comprenant rien à ce que veut lui dire son chéri. Hier après-midi, quand tu es parti nous chercher à boire, j’ai eu un léger saignement de nez et...

 

A cet instant, le visage de Bart change d’expression. Il se transforme en un mélange de surprise et de colère.

 

Hugo : Je ne t’ai rien dit parce que je pensais que c’était pas important mais... Bart le coupe.

 

Bart : T’es sérieux là ?? Pas important ? Le médecin avait été clair pourtant ! Tout symptôme étrange devait être pris au sérieux ! Il se lève d’un bond, se retourne un instant puis refait volte-face dans l’autre sens. Putain mais Hugo !

 

L’expression mi-colérique mi-dévastée sur le visage de Bart crève le coeur de Hugo. C’est absolument tout ce qu’il voulait éviter mais il est conscient que c’est sa faute. Il s’en veut terriblement.

 

Hugo : Je suis vraiment désolé mon chat ! Tout ce que je voulais c’était te protéger. Je ne voulais pas que tu t’inquiètes pour rien.

 

Bart : Bah oui c’est vrai que c’est mieux que je te retrouve baignant dans ton sang à huit heures du mat’, à moitié inconscient ! Répond-il une boule dans la gorge. Si Kite ne m’avait pas alerté, tu serais mort à l’heure qu’il est !

 

Hugo voit une peine immense dans les yeux de son amoureux. Il essaie d’apaiser les choses mais c’est mal parti.

 

Hugo : J’ai eu tort. Je sais que je n’aurais pas dû prendre à la légère ce petit saignement de nez hier.

 

Bart : En fait... tu n’as rien écouté de ce que je t’ai dit hier soir... Assène-t-il d’une voix aussi brisée que froide. Hugo se prend une grande claque. Il reste muet. Je t’ai dit à quel point j’avais eu peur avec ton accident de kite et que ça m’avait replongé dans l’angoisse de ton coma. Tu m’as juré que tout irait bien et que rien de mal ne t’arriverait, tout en sachant que tu n’allais déjà pas bien... Tu m’as menti, Hugo.

 

Hugo : Non je... Il cherche ses mots mais tout se bouscule dans sa tête. Je ne t’ai pas menti dans le sens où tu l’entends. Je voulais simplement te protéger.

 

Bart : Tu l’as déjà dit ça, Hugo. Mais regarde où on en est. Tu es encore dans un lit d’hôpital.

 

Hugo : Et tout va bien aller, Bart. Le médecin m’a dit que je devais juste me reposer.

 

Bart : Sauf que moi, j’ai vraiment crû que tu allais mourir cette fois.

 

Sur ces mots et contre toute attente, le jeune homme quitte la chambre d’hôpital. Il a l’impression qu’il va exploser. Il a besoin d’air. Hugo s’en veut énormément. Il ne supporte pas d’avoir fait involontairement du mal à son amoureux. Il sait qu’il va falloir qu’il déploie des trésors de tendresse pour se faire pardonner.

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