Bart et Hugo, une histoire d'amour
Chapitre 28
Les deux amoureux sont allongés dans les bras l’un de l’autre dans leur lit avec une légère lumière tamisée. Ils n’arrivent pas à dormir tant l’ascenseur émotionnel de la journée a été intense. Hugo admire la bague à son doigt. Bart a sa tête sur son épaule.
Hugo : Ce qu’il est beau cet anneau.
Bart : Tu mérites ce qu’il y a de plus beau.
Hugo : Je l’adore. Merci mon chat. Dit-il avant de l’embrasser sur le front. Mais ça a dû te coûter une fortune...
Bart : Dis le mec qui a acheté deux aller-retours en première classe pour San Diego. Répond-il d’une douce voix. Je m’en fous de l’argent. Je voulais juste t’offrir ce que tu mérites.
A ces mots, Hugo resserre l’étreinte autour de son amoureux. Chaque mot, chaque geste de Bart est juste parfait à ses yeux.
Hugo : Je t’aime tellement.
Bart relève la tête et regarde son petit ami. Le ton de sa voix a un petit côté mélancolique.
Bart : Ça va mon amour ?
Sur le moment, le jeune surfeur ne répond rien. Il fixe son amoureux dans les yeux et lui caresse les cheveux. Il grave chaque trait de son visage dans sa mémoire pour ne pas oublier à quel point il est chanceux de l’avoir. Bart ne comprend pas ce qui se passe. Il s’inquiète.
Bart : Qu’est-ce qu’il y a ?
Hugo : J’avais cassé un cendrier.
Bart : Quoi ??
Hugo inspire profondément, ferme les yeux un instant puis les ouvre de nouveau pour les plonger dans les perles bleues de son homme.
Hugo : La première fois que ma mère m’a dérouillé, c’est parce que j’avais cassé un cendrier en jouant. J’avais six ans.
Bart comprend enfin ce qu’il se passe et l’émotion monte en lui. Pour la première fois depuis qu’ils sont ensemble, Hugo parle des violences que lui a fait subir sa mère. Le jeune homme n’a pas oublié ce qu’avait dit le juge. Il avait brièvement évoqué la situation mais Hugo n’en avait pas reparlé et Bart ne voulait pas le forcer à quoi que se soit. Il lui avait simplement dit qu’à n’importe quelle heure, n’importe quel jour, il serait là pour l’écouter quand il aurait besoin ou envie d’en parler. Alors le jeune Vallorta ouvre grand son coeur et laisse parler son amoureux.
Hugo : Quand mon père s’est tiré sans prévenir, elle a commencé à boire. Et quand elle était saoule, elle me reprochait son départ.
Bart : C’est totalement injuste.
Hugo : L’alcool, ça ne rend pas spécialement intelligent. Tout ce qu’elle voyait en moi, c’était l’absence de mon père. Des gifles, des fessées, des coups de ceinture... Dit-il dans une souffrance psychologique évidente.
Bart caresse tendrement la joue de son homme du pouce en le regardant avec amour. Ce qu’il entend le révulse et le blesse au plus profond. Rien que d’imaginer ce petit bonhomme innocent se faire tabasser le rend malade.
Bart : Mon pauvre amour... Murmure-t-il avec émotion.
Hugo : Le pire, c’est que je croyais que je le méritais. Je pensais que c’était ma faute si mon père était parti et que ma mère était devenue méchante.
Bart : Rien de tout ça n’est ta faute.
Hugo : Une grande partie de moi le sait...
Bart : Et l’autre partie ?
Hugo : L’autre partie se dit que c’est peut-être quand même un peu de ma faute. Que si ma mère me tapait dessus c’est parce que je ne méritais pas mieux.
Bart ne peut pas supporter d’entendre son amoureux dire des choses pareilles. Il doit le rassurer et lui faire comprendre qu’il est innocent dans tout ça. Alors il s’allonge délicatement sur lui et prend son visage dans ses mains.
Bart : Tu n’es PAS responsable des agissements de ta mère, ni de ceux de ton père d’ailleurs. Aucun enfant ne l’est.
Hugo : Ces magnifiques bagues à nos doigts, là, ça veut dire beaucoup pour moi. Que tu veuilles... t’engager avec moi, même si ça n’est pas officiellement une demande...
Bart : Pas encore... Ajoute le jeune homme avec un tendre sourire.
Hugo : Ça représente tout à mes yeux. Parce que j’ai toujours crû que je ne valais pas la peine et que je ne trouverai jamais une personne qui m’aime suffisamment.
Bart : Je t’aime même plus que ça, Hugo.
Hugo : Je sais. Murmure-t-il, les yeux noyés dans ceux de son petit ami. Parfois je me réveille la nuit. Je te regarde dormir. Tu es paisible, plus beau qu’un ange. Bart sourit, ses joues rosissent au compliment. Et je me dis que j’ai une chance de malade que tu sois là, à mes côtés. Que peut-être... Il fait une pause.
Bart : Quoi mon cœur ?
Hugo : Peut-être que je mérite d’être aimé, même si mes parents ne m’aimaient pas. Répond-il avec une voix qui se brise.
Les émotions se mélangent en Bart. Il se sent à la fois extrêmement en colère que Hugo ait subi autant de maltraitance physique et psychologique dans son enfance, et très ému que son homme se soit confié sur le sujet.
Bart : Hugo, tu es la personne la plus gentille, sincère, drôle, loyale, généreuse et fidèle que je connaisse. Il me faudrait toute la nuit pour énumérer toutes tes qualités qui sont autant de raisons pour lesquelles je t’aime. En plus du fait que tu sois une bombe atomique. Dit-il avec un petit air coquin, ce qui fait rire les deux amoureux. Ahhh voilà, j’adore te voir rire et sourire... C’est ce qu’il y a de plus beau à mes yeux, te voir heureux. Ce que t’ont fait tes parents c’est... inadmissible. Mais tu n’es coupable de rien et tu mérites amplement d’être aimé.
Hugo : C’est bien ce que je disais. J’ai une chance de ouf de t’avoir... Répond le jeune homme avec une sérénité retrouvée.
Les deux tourtereaux s’embrassent avec tendresse et douceur pendant quelques instants.
Hugo : J’ai toujours pas envie de dormir.
Bart : Moi non plus. On joue à «tu préfères» ? Réplique-t-il d’un air enfantin et amusé.
Hugo : A quoi ?
Bart : Tu ne connais pas le jeu du «tu préfères» ? Personne ne te l’a jamais fait ? Hugo secoue la tête pour dire non. Let’s go, je te montre. Alors euh... tu préfères avoir des jambes en bois ou des bras en mousse ? Hugo fronce les sourcils et rit.
Hugo : C’est quoi cette question à la con ?
Bart : C’est toujours des questions à la con avec tu préfères. C’est ça qui est drôle. Allez vas-y choisis. Jambes en bois ou bras en mousse ?
Hugo : Euhhh... Il fait semblant de réfléchir sérieusement. Jambes en bois, au moins je pourrais marcher. Que des bras en mousse, tu ne peux rien en faire, c’est la merde.
Bart rit à la justification de son petit ami. C’est une drôle de conversation à trois heures du matin un 25 Décembre, nus comme des vers dans leur lit. Mais ils s’amusent et c’est bien tout ce qui compte.
Hugo : Ok, à toi maintenant. Tu préfères... avoir le nez à l’envers avec les narines en l’air ou des mains rien qu’avec des pouces ?
Cette fois, Bart éclate de rire. Son petit ami a vite compris le jeu et c’est hilarant.
Bart : Oh merde, c’est quoi ce choix ? Dit-il en riant. Tu m’as gâté là. Ok, euh... Si j’ai les narines à l’envers, je m’éternue dessus, on est d’accord que c’est dégueu.
Hugo : Grave ! Répond Hugo en riant aussi.
Bart : Et si j’ai des mains qu’avec des pouces, d’une c’est moche et de deux ça va être compliqué d’en faire quelque chose... Hum choix cornélien... Ajoute-t-il en forçant le trait de celui qui réfléchit, ce qui renforce le fou rire de son homme. Mais quand même, s’éternuer dessus c’est crade. Alors je choisis les mains avec des pouces. Au moins je pourrai faire du stop sans problème.
La conversation surréaliste et drôlissime des amoureux se poursuit jusqu’aux environs de 4h30 lorsque la fatigue s’empare d’eux et qu’ils s’endorment dans les bras l’un de l’autre.