Sam, Peter et les Pizzas

Chapitre 1 : Une Pizza pour les Relier

4114 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/10/2020 11:38

Alors que Sam parcourait ses mails et ses ordres de commande – après sa rencontre avec Higgs, il avait besoin de se changer les idées, et il ne connaissait rien d’autre que les livraisons – un mail en particulier attira son attention.

"Cher monsieur Sam Bridges,

C’est un honneur de faire enfin votre connaissance. Permettez-moi de me présenter : je suis Peter Englert. Après entendu tant de récits de vos exploits, je me suis dit qu’il était temps qu’on entre en contact. Ma requêtes est assez importante pour que j’ose la confier à vous, l’Homme qui Livre.

Ma très chère sœur, Dieu la bénisse, souffre du mauvais temps depuis trop longtemps. Et je ne vois qu’un seul moyen de la réconforter : une bonne pizza. Auriez-vous la gentillesse d’aller en chercher une à la Ville-Relais du Lac, et la rapporter à mon humble demeure ? Je suis évidemment conscient de l’importance de votre voyage vers l’ouest, mais si vous aviez la bonté de nous intégrer à votre programme déjà surchargé, je vous en serais extrêmement reconnaissant."

Sam plissa les yeux. Une pizza ? Voilà une commande inhabituelle. Il se surprit même à penser que ça faisait une éternité qu’il n’en avait pas mangé lui-même. Et il ne sut pourquoi, la manière dont la dite pizza était demandée le fit presque sourire. En plus, il était déjà à la Ville-Relais du Lac, et un rapide coup d’œil à la carte lui fit comprendre que ce Peter Englert ne vivait pas excessivement loin du centre de distribution. Alors il attrapa le colis, monta sur sa moto et se mit en route.

La maison de Peter Englert était à six cents mètres du centre, et Sam y arriva en à peine dix minutes. Il entra dans le bâtiment, et regarda autour de lui. Il n’y avait personne. Il trouva néanmoins le terminal de livraison, et, ne voyant pas quoi faire d’autre, il livra la pizza, qui partit dans le sous-sol via le terminal. Puis, il repartit.

 Alors qu’il repartait pour sa prochaine commande, Sam reçut un autre mail, de la part de Peter Englert. Toujours avec autant de formules de politesse, il s’excusait de ne pas avoir pu être là pour remercier Sam en personne, car une affaire urgente l’avait appelé ailleurs. Sam haussa les épaules, et se remit à ses propres affaires.

***

Sam se remettait de ses émotions, après son passage au champ de bataille, et attendait des nouvelles de ses collègues, quand il reçut un mail. C’était une commande, venant de Peter Englert.

"Cher Sam Bridges,

C’est moi, Peter Englert, le plus grand connaisseur de pizza du monde. Pizzas que vous me livrez si loyalement. Je crains de devoir vous demander un autre service du même genre, depuis la Ville-Relais du Sud cette fois-ci.

Voyez-vous, j’attends la visite d’un couple d’amis, qui sont très chers à mon cœur. Ils souhaitaient sortir pour prendre l’air frais, mais sortir dans la nature est très dangereux, vous en conviendrez. Alors je ne me voyais pas accéder à leur requête. Nous serons donc cloîtrés chez moi, et mes dons en cuisine ne se limitent qu’à des plats simples et insipides. Ce qui m’amène à faire confiance à votre bonté d’âme, encore une fois."

Sa bonté d’âme ? Cela fit Sam souffler du nez. C’était plus son métier qu’une bonté d’âme, mais il croyait voir le raisonnement de Peter. Il faisait partie de ces gens qui voyaient Sam comme une sorte de héros, et c’était quelque chose qu’il n’aimait pas plus que ça. Il ne pouvait cependant pas nier que les mails plein d’entrain de Peter lui remontaient un peu le moral. Un peu.

Il se mit en route immédiatement après.

Cette fois-ci, la route fut un peu plus longue pour arriver chez Peter. La maison était fermée. Sam laissa la pizza dans le terminal de commande, et, encore une fois, il reçut un mail d’excuses de la part de Peter, qui s’en voulait toujours de ne pas être là pour remercier Sam comme il se devait. Cette fois-ci, c’étaient ses amis qui voulaient remercier Sam via holo-communication, mais ils n’ont jamais réussi à faire fonctionner la machine. Et le temps que Peter réussisse, Sam était déjà reparti. Peter a encore conclu son mail par des politesses et des remerciements profus.

Personne n’était là pour le voir, mais Sam eut un petit sourire.

***

Alors que Sam venait d’effectuer toutes les livraisons pour Heartman, il reçut un mail. Pour la première fois depuis un moment, il reçut un mail de la part de Peter Englert. Et il se dépêcha de l’ouvrir sans s’en rendre compte.

"Cher Sam,

C’est moi, votre serviteur dévoué et plus grand fan, Peter Englert.

Vous ne vous doutez probablement pas de l’occasion exceptionnelle à laquelle je vous contacte aujourd’hui ? Ce serait fort étonnant que vous le sachiez, mais cela fait un an de plus que ma délicieuse moitié et moi sommes engagés dans les joies de la vie matrimoniale. Comme vous vous en doutez sûrement, en revanche, c’est que je ne vois qu’une seule manière de fêter l’événement : une pizza !

J’espère que vous ne m’en voudrez pas de mon impudence renouvelée. Il me parait normal que, pour cet anniversaire, je puisse me procurer une délicieuse merveille que seul vous êtes à même de livrer. Je dis une, mais oserais-je vous en demander deux ? Elles devraient vous attendre à la ferme des précipitations – leur blé a été utilisé pour la pâte, et je crois qu’ils ont même joint une ou deux bouteilles de leur délicieuse bière ! Encore tous mes remerciements, vous êtes un saint !"

Sam roula des yeux. Il ne se voyait pas comme un saint, pas vraiment. C’était vrai qu’on lui avait souvent fait des compliments de ce genre, cela dit. Mais quand ça venait de Peter, ce compliment semblait plus sincère. Sam ne s’expliquait pas pourquoi il pensait ça. Peut-être parce que les demandes de Peter étaient plus mondaines et ses raisons plus personnelles. Plus humaines. Ça changeait beaucoup Sam de toutes ces livraisons dont les enjeux étaient beaucoup plus importants.

La ferme des précipitations était plus loin à l’est, mais dans l’état actuel des choses, Sam pouvait se permettre le détour. Pour son "plus grand fan". Sans s’avouer complètement que plus le temps passait, plus Sam était curieux à propos de son correspondant.

Comme convenu, Sam alla récupérer les pizzas et les boissons à la ferme de précipitations. Lorsqu’il vit le fermier, il ne put s’empêcher de demander ce qu’il savait sur ce Peter. Le fermier haussa les épaules, en disant qu’il n’en savait pas grand-chose non plus, mais qu’il l’avait eu en communication quelques fois. Il lui a juste paru charmant. Assez pour lui préparer des pizzas et lui offrir des bières en sus.

Sam se mit en route pour la deuxième partie du chemin, prenant bien garde aux pizzas et aux bouteilles, et réussit à les livrer sans encombres chez Peter. Sam ne fut même plus surpris quand il vit qu’il n’y avait encore personne, alors qu’il laissait la cargaison dans le terminal de livraison. Et il ne fut pas non plus surpris quand il reçut un mail de Peter, même pas une heure plus tard, encore rempli de politesses, d’excuses et de remerciements. Il rajouta cette fois qu’il avait une dette envers Sam, et qu’il se jurait de la repayer dès qu’il le pourrait. Sam plissa les yeux, et eut quand même un soupir amusé.

***

Une fois le problème réglé en dehors du centre de distribution, Sam se mit à réfléchir à un moyen d’atteindre Amélie. Il n’avait aucune piste, et pourtant, il fallait qu’il y réfléchisse. Et qu’il trouve. Puis, le sortant de ses réflexions, il reçut un mail. De la part de Peter Englert. Sam fronça les sourcils, mais ouvrit le mail quand même.

"Cher Sam,

Encore une fois, c’est moi, Peter Englert. Et encore une fois, je dois vous demander un grand service. Une pizza, évidemment. Mais avant que vous ne me traitiez d’égoïste, sachez que, cette fois-ci, j’ai une excellente raison. Je vous écris de la part de mon vieux père. Il a été extrêmement absent ces temps-ci. Il m’a parlé de son vœu de voir la Grève. Vous pouvez imaginer ce que j’ai ressenti en entendant cette nouvelle.

Je crains qu’il ne lui reste que peu de temps sur cette Terre, et je crains qu’il ne quitte son enveloppe charnelle sans avoir goûté les délices que vous seul savez livrer. Pourriez-vous m’aidez à accomplir cette dernière volonté, et aller chercher son repas à la Ville-Relais des Montagnes ? Si vous pouviez faire en sorte que son dernier repas lui arrive en bon état, je suis sûr qu’il pourrait quitter ce monde en paix."

La Ville-Relais des Montagnes ? C’est très loin, Sam pensa. Mais il ne savait pas quoi faire. Il devait réfléchir, et peut-être que cette excursion serait inspirante. Sam compatissait avec Peter, aussi, qui voyait son père mourir.

Ce n’était pas du tout parce que Sam était de plus en plus intrigué par le fan de pizzas. Pas du tout.

Aidé par Fragile, il repartit dans la zone centrale, et fit le chemin jusqu’à la Ville-Relais des Montagnes, pour aller chercher le colis. Sam fut salué par Aaron Hill, qui l’attendait avec le colis. Une fois encore, la curiosité de Sam prit le dessus sur son bon sens, mais Aaron en savait même moins que le fermier et Sam lui-même sur le mystérieux Peter. Sam repartit sans demander son reste.

La deuxième moitié de la route plus plus ardue. La descente, et les Echoués qui semblaient vouloir manger de la pizza, eux aussi. Mais Sam les esquiva avec brio, aidé par Lou, et bientôt, la Ville-Relais du Lac était visible. Signifiant que Sam était bientôt arrivé.

La maison de Peter était visible peu de temps après, et Sam laissa les pizzas au central de livraison. Il attendit. Cinq minutes. Dix minutes. Trente minutes. Puis il repartit vers la Ville-Relais du Lac, où Fragile l’attendait déjà. Elle lui a exposé son plan pour atteindre la Grève d’Amélie, et Sam acquiesça. C’était une bonne nouvelle.

Au moment où Sam apparaissait sur la plage sombre, il reçut un mail de Peter. Il est resté au chevet de son père, qui est mort avec le sourire, l’estomac bien rempli d’une délicieuse pizza livrée par les soins du plus grand livreur de l’histoire. Puis d’autres remerciements, et d’autres excuses de ne pas avoir pu être là.

Pour quelques secondes de plus, Sam oublia le poids de l’humanité sur ses épaules, et ressentit juste une satisfaction. Qui l’encouragea à continuer de faire de son mieux.

Amélie l’attendait, ainsi que Higgs.

***

Enfin, Higgs n’était plus une menace, et Sam était plus près que jamais du sauvetage d’Amélie. Tout ce qu’il devait faire, c’était retourner tout à l’est de la zone centrale du réseau, à la Ville-Relais du Lac.

Quand soudain, une alerte mail. C’était Peter. Sam ouvrit le mail plus rapidement qu’il ne l’avouerait jamais à qui que ce soit.

"Sam,

Aujourd’hui, moi, Peter Englert, votre plus grand fan, vous écris pour des nouvelles un peu plus sérieuses que d’habitude. Des circonstances totalement hors de mon contrôle font que je vais être dans l’obligation de déménager dans les plus brefs délais. J’ai une dernière faveur à vous demander, et j’espère de tout cœur que vous y accéderez. Vous savez ce que je vais vous demander : une pizza.

Cette dernière commande sera probablement plus complexe, même pour un livreur professionnel tel que vous. Le délice en question vous attend dans la cabane d’un préparateur, tout en haut d’un pic enneigé, et doit être délivré rapidement et sans encombre à mon humble demeure. Ce ne sera pas facile, mais j’ai toute confiance en vous, l’Homme qui Livre des Pizzas.

Qui plus est, en tant qu’expression de bonne foi, mes quartiers seront ouverts cette fois-ci. Vous pourrez entrer, faire comme chez vous, et voir mes petits secrets. Et qui sait, si vous faites assez vite, peut-être nous verrons-nous enfin face à face ? Cela me ferait extrêmement plaisir."

Sam retournerait donc en montagne. Il devait aller à la Ville-Relais du Lac de toute façon. La montagne était sur son chemin, et Peter vivait près de sa destination, donc cette fois-ci, ce ne serait même pas un détour. Il récupéra une moto grande autonomie dans le garage, et se mit en route.

Malgré les grosses pluies et les embuscades d’Echoués, Sam arriva plus vite que prévu à la montagne, et entama la montée vers la cache du préparateur. Ce n’était en effet pas chose aisée, à cause du terrain et de la neige, mais Sam en avait vu d’autres. Il s’était entraîné à faire des manœuvres en moto que d’aucun qualifierait d’imprudentes, voire impossibles. C’était ce qui se passait quand on arpentait les Etats-Unis en moto, dans un paysage dominé par les rocailles et les intempéries.

Tout en haut de la montagne, dans un petit coin du réseau chiral, Sam trouva la cache du préparateur. L’individu lui-même n’était pas là, mais il y avait un message à l’attention de Sam, avec le colis. Il remerciait le livreur d’accepter la livraison, malgré les difficultés, car il appréciait sincèrement Peter, qui lui a rendu service à plusieurs occasions. Autant dire que la seule personne qui semblait connaître l’amateur de pizza était étrangement absente. Comme Peter lui-même à chaque visite précédente de Sam.

Mais cette fois, ce serait peut-être différent.

Sam est redescendu de la montagne – heureusement la descente nécessitait moins de techniques de motos hasardeuses, qui auraient mis le colis en péril – et se remit en route vers la Ville-Relais des Montagnes, de laquelle il partirait presque en ligne droite pour la Ville-Relais du Lac. Une fois qu’il réussirait à reprendre l’autoroute, le reste du parcours serait plus simple.

Au bout de quelques heures de plus, Sam voyait presque la Ville-Relais, et bifurqua non loin de là pour aller vers chez Peter. Le terminal de livraison était ouvert comme toujours. Et, comme promis, la porte menant à la base souterraine l’était aussi. Sam laissa son matos dans l’entrée de la base, et descendit l’escalier, la pizza à la main.

-Peter ? tenta-t-il de l’appeler.

Mais aucune réponse ne se fit entendre.

En bas des escaliers, le domicile se divisait en deux. En face, une porte fermée – un essai de la part de Sam confirma qu’elle était fermée à clé – et à droite une porte ouverte. Sam alla vers la lumière, et posa la pizza sur une table juste à la droite du cadre de la porte. Il allait pour repartir quand il se souvint de la formulation de Peter.

"Vous pourrez entrer, faire comme chez vous, et voir mes petits secrets."

Ses petits secrets ? Encore une fois, la curiosité de Sam prit le dessus sur son bon sens. Alors il se mit à regarder autour de lui, dans la seule pièce qui était ouverte. Et en effet, il fut surpris de voir ce qu’il y trouva.

Dans la dite pièce, il y avait un bureau, avec un ordinateur. A côté du bureau, une pile de cartons de pizzas. Mais surtout, sur trois murs sur quatre, il y avait un énorme tableau. Un tableau couvert par des photos de Sam, et qui comportaient des notes qui détaillaient ses déplacements. Sam mit du temps à comprendre, jusqu’à ce que, derrière lui, une porte s’ouvre.

Sam se retourna et se trouva nez à nez avec Higgs, en tenue de porteur – la même qu’il avait quand il a donné la bombe à Sam, mais sans le haut – une serviette sur les épaules, qui attrapait une part de pizza dans le carton que Sam venait de déposer sur la table. Sam eut un mouvement de recul, alors que le terroriste prenait une bouchée de pizza.

-Higgs ! s’exclama-t-il.

-Merci pour la pizza, Sammy-boy, répondit Higgs, d’un ton souriant. Tu es vraiment le meilleur patriote du monde. Enfin, à part Amélie, évidemment. C’est la présidente quand même.

-Qu’as-tu fait à Peter ?

-Oh, tu es inquiet pour ton correspondant préféré ? railla Higgs, encore tout sourire. C’est trop chou.

Higgs continua à manger sa pizza, et Sam mit quelques secondes à comprendre. En repensant au fait que Peter n’était comme par hasard jamais là, et que ses mails correspondaient presque toujours avec les rencontres entre Sam et Higgs.

-Tu es Peter, affirma Sam.

-Et toi tu es déçu. Pourtant, on est tellement intimes tous les deux, Sammy.

Higgs fit un clin d’œil bien lourd à Sam, sans s’arrêter de manger sa pizza, et Sam soupira. Il n’y a pas si longtemps que ça, ils s’affrontaient sur la grève d’Amélie, et Sam s’était surpris à compatir un peu avec Higgs. Lui et Sam étaient, en réalité, extrêmement similaires. Sam était à peu près sûr que Higgs avait été un porteur avant, et ils ont été tous les deux manipulés par Amélie. Sam alla même jusqu’à se dire que, s’il n’avait pas eu des amis sur la route, il aurait fini comme Higgs.

-Pourquoi ? demanda Sam.

-Pourquoi quoi ? répondit Higgs en tendant une part de pizza à Sam.

-Pourquoi cette histoire de Peter Englert ? dit Sam en refusant la pizza d’un geste.

Higgs haussa les épaules, ne répondant pas. Son expression avait perdu tout amusement, comme s’il se posait la même question. Sans s’y attarder cependant. Sam, lui, y réfléchit, et trouva un semblant de réponse.

Et si les mails de "Peter Englert" étaient de vrais appels au secours déguisés ? Et que toutes les gentillesses et les remerciements de Peter étaient en réalité ce que Higgs cachait ? Ce qu’il ressentait au fond de lui, caché par son rôle de marionnette tueuse ? Cela semblait très étrange à Sam. Mais également étrangement plausible. Après tout, Higgs était celui qui disait le plus souvent qu’il portait un masque.

-Comment tu es revenu de la Grève ? demanda plutôt Sam. Je pensais que Fragile…

-Oh, voyons Sammy, l’interrompit Higgs, de nouveau railleur. Fragile n’est pas une destructrice. C’est une sauveuse, comme toi. Elle m’a laissé le choix entre me tirer une balle et errer sur la grève. Mais il s’est passé quelque chose, et Amélie m’a éjecté.

-Et tu as eu envie d’une pizza ? tenta Sam.

-Exactement. Comme je te l’ai dit, fais comme chez toi.

Higgs finit sa part de pizza et disparut. Sam poussa un soupir, un peu confus par la situation dans laquelle il se trouvait. Il ne sut trop pourquoi il avait vraiment commencé à apprécier Peter Englert, même s’il ne lui a jamais parlé et que les mails de Peter se résumaient à des demandes et des excuses. Mais il y avait quelque chose dans sa manière de s’exprimer qui avait plu à Sam. Et depuis le début, c’était Higgs ? L’homme qui tentait de tuer Sam et ses alliés, et qui voulait que le monde meure ? Non, il y avait quelque chose que Higgs ne lui disait pas. C’était trop gros.

Alors, motivé par la même curiosité que plus tôt, Sam s’assit sur la chaise en face du bureau, et attendit que Higgs revienne. Enfin, s’il revenait. A aucun moment il a dit qu’il revenait. Enfin, il a dit dans son mail qu’il partait. Mais à quel point ce qu’il disait dans les mails était vrai ? Connaissant Higgs, les chances pour qu’il ait une sœur, une femme, des amis et un père étaient assez minces. Tout ça devait faire partir du personnage.

Puis soudain, un bruit de téléportation derrière Sam. Une main sur son épaule.

-Alors tu veux voir tous mes petits secrets ? souffla Higgs dans son oreille.

Sam se releva d’un coup, allant presque donner une gifle à Higgs par réflexe, mais celui se téléporta de l’autre côté de la pièce en riant. Il avait remis le haut de sa tenue de porteur.

-C’est Amélie qui m’a demandé de veiller sur toi, expliqua Higgs, appuyé sur le mur. Elle voulait que je te distraie. Bon, j’en ai profité pour te mettre des bâtons dans les roues, admit Higgs, mais je t’ai créé cette histoire de Peter Englert. Ça a marché ? Tu as été distrait ?

Sam eut un autre soupir, alors que Higgs avait de nouveau son petit sourire tordu. Il n’était pas prêt à avouer que ça avait marché, mais le sourire de Higgs s’agrandit. Il avait compris l’absence de réponse de Sam comme une réponse.

-Ecoute, Sam, c’est une tentative de paix, ok ? insista Higgs. J’admets que tu as gagné. Je ne vous embêterai plus, toi et tes copains. Pour tout le monde, j’erre à tout jamais sur la grève, ok ?

-Maintenant, tu es vraiment Peter Englert, comprit Sam.

-Je l’ai toujours été, Sammy-boy. Ce n’était qu’un autre de mes masques. Maintenant, ce sera mon visage permanent. Tu es sûr que tu ne veux pas de pizza ?

Sam plissa les yeux, en regardant son ancien (?) ennemi en train de manger la pizza qu’il lui avait livré, mais ne jugea pas nécessaire de répondre. La place, il s’approcha prudemment et prit une part de pizza dans le carton ouvert, sur le bureau. Sans quitter Higgs du regard, qui le regardait faire avec son sourire tordu.

-Eh bien voilà, déclara-t-il. C’est plutôt rare que tu profites vraiment des trucs que tu livres, non ? C’est plutôt rassurant, pas vrai ?

-Quand je livrais des matériaux pour faire des armes, j’en profitais, releva Sam, prenant une bouchée.

-Je ne pense pas que ce soit pareil. La pizza, c’est mieux. Ose me dire le contraire.

Higgs attendait la réponse, et Sam n’avait pas envie de répondre.

-Bien ce que je pensais, ricana Higgs quelques secondes plus tard.

Après ça, Sam s’attendait à ce que Higgs ajoute quelque chose, mais il n’en fit rien. Ils ont juste mangé ensemble, sans rien se dire. Sam trouvait ça surréaliste. Mais au fond, aussi bizarre que ce soit, il ne trouvait pas ça désagréable.

Ils étaient si similaires, tous les deux. Et maintenant, ils avaient tous les deux trouvé quelque chose qu’ils ne pensaient pas trouver. Surtout pas en étant opposés pendant si longtemps.

Quelque chose qui s’apparentait à de l’amitié.

Le sourire de Higgs est devenu moins tordu et plus sincère lorsque Sam pensa ça.

Autrement dit, ça promettait.

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