Life note
Carlos cria de toutes ses forces lorsqu'il aperçut Ryuk planant dans les airs, ses yeux rouges brillants dans l'obscurité de la pièce. La terreur l'envahit et, sans réfléchir, il se rua vers la sortie, manquant de peu de renverser une pile de chariots métalliques sur son chemin. Dehors, il se précipita vers la guérite de surveillance, où Kenzo, l’agent de sécurité, somnolait, une radio grésillant faiblement à côté de lui.
Essoufflé, Carlos tenta de se reprendre, mais les mots se bousculaient dans sa bouche. « Il... il y a un... un ange hideux dans la pièce de nettoyage des cadavres ! » bégaya-t-il, tremblant de tout son corps.
Kenzo, habitué aux frasques de ceux qui travaillaient de nuit dans ce lieu lugubre, tenta de calmer Carlos. « Relax, Carlos. Les hallucinations, c'est normal dans ce boulot. Le stress, l'épuisement... Une petite pause clope, de temps en temps, ça aide à se remettre les idées en place. »
Carlos, les mains encore tremblantes, accepta la cigarette que Kenzo lui tendait. Il l'alluma, espérant que la nicotine calmerait ses nerfs en pelote. Mais alors qu'il marchait lentement dans le couloir, cherchant à se rassurer, un rire glauque résonna derrière lui. Carlos se figea, reconnaissant le son sinistre de Ryuk. Il n'osa pas se retourner. Luttant contre la panique, il sortit du bâtiment en courant, son souffle se raccourcissant à chaque pas.
Arrivé à la guérite, Carlos bégaya des mots incohérents à Kenzo, les yeux écarquillés de terreur. « Kenzo ! C'est un démon... il... il est là ! »
Kenzo, incrédule, essaya de calmer son collègue avec un sourire conciliant. « Du calme, Carlos. Tu délires, mon vieux. Il n'y a rien là-bas, regarde. » Mais Carlos insista, pointant du doigt la grande porte vitrée. « Là-bas ! Derrière la porte vitrée ! Tu le vois, Kenzo ? Dis-moi que tu le vois ! »
Exaspéré, Kenzo secoua la tête. Voyant que Carlos devenait de plus en plus hystérique, Kenzo perdit patience et lui asséna un coup de poing pour le faire taire. Carlos s'effondra sur le sol, inconscient.
Une demi-heure plus tard, Carlos était allongé à même le sol, le visage humide. Ses paupières lourdes s’entrouvrirent, sa vision floue captant les silhouettes de Marcel et Kenzo penchés sur lui. « Réveille-toi, espèce d’idiot ! » grogna Marcel, déversant un seau d'eau glacée sur le visage de Carlos.
Carlos se redressa en sursaut, toussant et reprenant difficilement ses esprits. Marcel, furieux, pesta en s'adressant à Kenzo : « Je me suis tapé vingt kilomètres pour ça ? Tu parles d'une soirée ! Un démon, un ange... Dans une morgue ? Carlos, t'as complètement pété un câble ! »
Kenzo et Marcel discutèrent de l'état de Carlos, se demandant s'il devait consulter un médecin ou simplement prendre des jours de repos. Pendant ce temps, Ryuk flottait au-dessus d’eux, amusé par la scène. Carlos, voyant Ryuk planer dans les airs, paniqua à nouveau. Il se releva précipitamment et s’élança en direction de sa voiture garée à quelques mètres. Dans sa course effrénée, il heurta Tama, son remplaçant pour le prochain quart de travail.
« Tama ! Il est là... le démon est là pour m'emmener parce que j'ai maltraité les morts ! » hurla Carlos avant de se précipiter vers le parking.
Tama, encore sous le choc, tenta de le rappeler. « Carlos ! Ton carnet ! Il est tombé de ta veste ! Carlos ! » cria-t-il, mais Carlos était déjà dans sa voiture, démarrant en trombe, le visage blême, fuyant vers l’inconnu.
Tama ramassa le carnet blanc et l’inspecta brièvement avant de le ranger dans son sac. « Je le lui rendrai plus tard », pensa-t-il en se dirigeant vers l’entrée de la morgue, où Kenzo et Marcel discutaient encore de l’étrange comportement de Carlos.
En franchissant le seuil, Tama aperçut Ryuk, assis nonchalamment sur le sommet d'un réverbère, les jambes croisées. « Tu n'aurais pas des pommes dans ton sac ? » demanda Ryuk d'une voix enjouée, un sourire sinistre aux lèvres.
Tama s'arrêta net, fixant Ryuk, l’air stupéfait. Mais il secoua la tête et reprit ses esprits, se disant que c’était une hallucination due à la fatigue. « Hé, Tama, qu’est-ce que tu fais ? Grouille-toi, le corps est dans la pièce de nettoyage. Allez ! » lança Marcel, agacé.
« Oui, chef ! » répondit Tama, jetant un dernier regard en direction de Ryuk avant de l'ignorer complètement. Tama finit le travail de préparation qu’avait laissé en suspens Carlos, tentant de refouler l’étrange vision qu’il venait d’avoir. « J’ai dû rêver, mais Carlos l’avait vu aussi... », pensa Tama, ses mains tremblantes alors qu’il s’apprêtait à quitter la chambre froide.
Soudain, un craquement distinct retentit dans l’air, le son d’une pomme croquée avec gourmandise. Tama se retourna et vit Ryuk assis sur une civière à roulettes vide, une pomme rouge dans la main, croquant avec satisfaction. « Teru Mikami, ça fait un bail ! » dit Ryuk, ses yeux pétillant d'une lueur narquoise.
Tama recula d’un pas, la confusion et la peur se mélangeant sur son visage. « Comment... Tu connais mon frère ? » bafouilla Tama, sa voix tremblant alors qu’il réalisait que l’apparition de Ryuk n’était pas une simple hallucination.