A
Le bâtiment principal de Huangdi Logistic ressemblait à s’y méprendre à une aiguille. Lorsque l’on l’apercevait parmi la foule de building de New York, il semblait fin et fragile, près à se briser en centaine de morceaux, aspect totalement démenti par sa solidité renommée. La construction de ce gratte-ciel avait débuté en 2009. Elle avait été commandité par un quelconque mania de la finance pressé de montrer au monde à quel point il était puissant et riche. Cependant, l’Incident du 2 mai 2012 fit stopper complètement la construction et le propriétaire mit les parts du building à vendre pour une bouchée de pain. Seulement, la construction été trop coûteuse pour en valoir le coup, selon les investisseurs bien entendu. Mais, un an plus tard, un mystérieux donateur décida de financer la reprise des travaux pour son profit.
En moins de deux ans, l’immeuble fut fini, dressant sa fine silhouette irisée au milieu de l’horizon de New York. Sa taille et sa forme lui valent rapidement le surnom de Sting (dard). Cependant, alors que tous ceux qui avaient les moyens et l’envie d’installer leur compagnie à New York se précipitaient sur les agences pour savoir où et à combien acheter le building, l’annonce tomba : une « petite » compagnie du nom d’Huangdi logistic avait acheté les quatre-vingt-trois étages alors que la construction était interrompue. Démarra une suite de procès que l’entreprise remporta point par point grâce à l’armé d’avocats inexpérimenté mais ingénieux et chevronnés qu’avait sélectionné le PDG lui-même.
Les tabloïds s’étaient fait une joie de couvrir l’affaire, rajoutant encore à la renommée naissante de Huan Log’ mais jusqu'alors, personne n’avait su qui dirigeait vraiment cette compagnie si prometteuse. Jusqu’au jour où, pour l’un des derniers procès, le dirigeant fut appelé à la barre pour certifier (et présenter les documents prouvant) qu’il avait bien acheté l’immeuble.
Et, à la surprise de tous, une jeune femme de tout juste vingt-cinq ans se présenta au procès, surprenant tout le monde. Les avocats des autres entreprises voulurent en profiter pour gagner mais Huàng déjoua chacun de leurs pièges, faisant preuve d’un intellect et d’une répartie peu commune. Le nom d’Ash Huàng apparaissait enfin au grand jour.
Deux ans plus tard, le Sting est plus vivant que jamais. Tous ses bureaux sont occupés, de même que les grandes salles de réunion et son Hall. Huan Log’ est une entreprise très spéciale. Elle a beau disposer d’un « PDG », elle n’a pas de hiérarchie définie. Tout le monde est l’égal de tout le monde. Ici, pas de conseil des actionnaires puisque seuls les employés possèdent des parts. En plus d’avoir un personnel soudé et bien payé, la compagnie ne fait que monter dans ses quotas, enregistrant même des contrats avec le gouvernement.
Et déjà, à tout juste huit heure et quart, le bâtiment bourdonnait d’activité. Sous le haut plafond du hall, la partie publique servant de cybercafé résonnait des conversations dans des langues diverses se mêlant à l’odeur des boissons chaudes et du déjeuner servit. Le bâtiment, si sobre, contrastait étrangement avec les poufs multicolores et les apparences dignes d’une mosaïque des passants et employés. Ici comme dans les autres étages, de la musique résonnait, changeant de style d’un endroit à l’autre. Des exclamations retentissaient par intermittence, surpassant le bourdonnement des paroles, des consultants téléphoniques et de la musique de fond. L’ambiance était joyeuse, on était loin des bureaux silencieux et ennuyeux à mourir des immeubles avoisinants.
Au quatre-vingt-deuxième étage, le morceau All Time Low de Nice2KnowU résonnait contre les murs bleus éclatant couverts de posters de groupe, séries, films et autres insignes de la pop culture. Les bureaux étaient de toutes les tailles, tous les coloris et dans tous les endroits possibles et inimaginables. Tous disposaient d’un ordinateur, que ce soit un portable ou un bureau, et d’un siège confortable tournant. Des objets de tous genres traînaient dessus, généralement des figurines et autres objets dérivés bien qu’un jardin zen et une boule à neige géante du London Bridge.
Les employés étaient habillés, eh bien, comme ils le souhaitaient, tant qu’ils avaient des chaussures, un haut et un bas, ce qui changeait des habituels tailleurs et autres « costumes de pingouins ridicules ». Une jeune femme aux cheveuux roses sombres qui devait avoir un peu plus de vingt-cinq ans traversa le circuit libre, slalomant entre les bureaux sur son skate-board jaune vif. Des lunettes rondes argentées encadraient ses yeux bleu-vert pétillant.
-Yo Tom ! Où tu roule comme ça ? L’interpella un trentenaire blond en la voyant passer devant son ordinateur
Le surnom de Tom lui avait été donné à cause de ses cheveux roux, désormais teins, et de son attitude de garçon manqué.
-J’vais apporter des dossiers à Ash ! Et mon prénom, c’est Charlie ! répliqua la skateuse en s’arrêtant devant l’ascenseur avec un joli dérapage
-C’est ça, roule toujours Toretto ! s’exclama son collègue
-J’aurais préféré Mcfly, mais j’ferais avec ! Railla t-elle en entrant dans l’élévateur
La musique changea pour devenir Walking on sunshine, enchantant apparemment la jeune femme qui commença à se déhancher dessus. Quelques instants plus tard, les portes s'ouvrirent à nouveau et la rouquine repartit en roulant à travers l’étage. Le quatre-vingt troisième et dernier étage du Shard avait une vue magnifique sur la ligne d’horizon de New York. Il était majoritairement constitué d’un couloir avec quelques sièges et des distributeurs de nourriture qui avaient dû être importés directement du Japon au vu de leurs couleurs bariolées. Charlie s’arrêta devant une porte de bois sombre à laquelle elle frappa.
-Ash ? J’ai les rapports sur la vente des Mr Sunrise ! avertit-elle
-Entre ! répondit le PDG
La pièce dans laquelle entra la skateuse était illuminée par le soleil passant par le mur vitré qui se trouvait derrière le bureau. A travers s'apercevaient les autres gratte-ciels de Manhattan mais aucun ne venait faire de l’ombre. Devant se tenait un bureau simple avec deux écrans d’ordinateurs et, assise sur le fauteuil tournant, se tenait Ash Huàng. Ses cheveux étaient attachés avec deux stylos, une main gribouillait sur un carnet et l’autre tapait sur son clavier. Des cernes violets soulignaient ses yeux en amandes, reste du décalage horaire de son voyage du jour précédant. Elle arrêta ce qu’elle faisait et porta son attention sur la nouvelle arrivante.
-Alors ? Combien ? demanda la brune
-Les vidéos de promotion ont fait le tour de la toile ! Des gars ont trouvé les messages et ont suivi les pistes jusque sur le dark web ! On a nos gagnants, eux plus une trentaine de vidéos parlant de l’énigme et celles des gagnants qui testent la montre et slash ou la bague. Répondit la rousse en posant quelques feuillets avec des imprécrans Youtube, sur chaque vidéo, le ratio de pouce bleus était nettement plus élevé.
-Et les commandes ont augmenté par la même occasion je suppose ?
-Yep ! Plus que ce que nous avions prévu, Stark Industries peut aller se rhabiller ! lança Charlie avec un grand sourire
-Je pense que nous avons encore un peu de chemin pour les rattraper mais c’est une fin envisageable. Corrigea l’asiatique avec un air amusé
-Donc, voici le reste du dossier, mais certains éléments ne convenant pas au format papier, ils seront dans ta boite mail ! poursuivit la rouquine en posant le reste des papiers à côté de l’ordinateur
-D’accord, merci. Des nouvelles de Moonlight ? demanda le PDG
Son visage avait changé, il s’était assombri, elle semblait soudainement bien plus fatiguée et inquiète. Charlie vérifia que la porte était bien fermée avant de répondre :
-J’ai pu me connecter une dernière fois avant qu’il ne ferme le serveur. Il savait qu’il allait se faire prendre. À mon avis, nous ne pouvons plus rien faire pour lui.
-J’aurais dû me douter que Hammer serait plus difficile à démanteler que les autres… J’aurais dut modifier les protections… soupira Ash avant de retirer ses lunettes et de passer une main sur son visage
-Il savait dans quoi il s’engageait, on le savait tous. J’ai contacté un avocat à Pékin qui s’occupera de sa défense. La rassura sa collègue et amie
-Pour ce que ça changera. Enfin bref ! A risque de devoir rester fermé plus longtemps que prévu, je vais devoir trouver une autre occupation on dirait. Se reprit la brune en se redressant avec un sourire amusé
-Commence déjà par m’inviter boire un verre ! Railla la rouquine
-Pourquoi faut-il que tu sois si difficile ? Ironisa Ash
-Peut être, mais j’en vaux la peine ! conclut Charlie en sortant du bureau
Ash la regarda partir avec un demi-sourire, elle flirtait avec la hackeuse depuis qu’elles se connaissaient mais ce n’était rien de sérieux. Les deux appréciaient la compagnie féminine mais Charlie était plus une amie qu’autre chose. La jeune femme reporta son regard sur son écran droit et reprit le schéma de création d’un nouveau pacemaker de taille microscopique.
Au fur et à mesure que les heures passaient, son bureau s’encombra de dessins, schéma, liste, croquis, post-it et de documents que ses collègues étaient venus lui apporter pour une raison qui lui était inconnue vu qu’elle ne les avait pas écoutés. Ses écrans testaient encore et encore de nouvelles simulations avec différents matériaux tandis qu’elle modifiait leur agencement au rythme de ses calculs.
Un nouvel échec lui fit brusquement repousser son fauteuil, allant jusqu’à heurter la baie vitrée. Elle grommela quelque chose sur une simulation digne d’Hammer Tech avant de se rapprocher de son bureau à nouveau. Ash jeta un rapide regard à sa montre, celle-ci affichait 15 :07.
-Faudrait peut être que je pense à aller manger moi… soupira t-elle
Elle enregistra ses projets sur deux serveurs différents avant de se lever et d’attraper sa veste en cuir marron. Son sac à dos sur l’épaule, elle prit l’ascenseur du quatre-vingt-troisième étage jusqu’au premier sous-sol où son véhicule était garé. La brune défit son chignon tout en poursuivant son chemin jusqu’à sa place de parking.
Elle s’arrêta devant une Yamaha yzf-r125 entièrement noire si l’on excluait les quelques taches bleues fluorescentes. Elle mit correctement son sac, enfila son casque et démarra.
Les motos étaient décidément le meilleur moyen de transport de tout New York, assez fines pour esquiver les bouchons, assez rapide pour éviter les manœuvres douteuses des véhicules et suffisamment petites pour pouvoir se garer n’importe où. À se demander pourquoi elles n’étaient pas plus répandues. La jeune femme finit par se garer devant un café de Midtown. Elle descendit et entra dans le petit établissement.
À l’intérieur, l’air était saturé par une odeur de cuisine appétissante et par les conversations des clients qui se tenaient là, assis au bar ou devant une table.
-Tiens, regardez qui voilà ! Si c’est pas notre génie milliardaire ! s’exclama la barman en voyant Ash arriver vers elle
-Je ne suis pas milliardaire Martha, seule mon entreprise l’est. Corrigea la plus jeune en souriant
-C’est ça ! Qu’est ce que je te sers mon p’tit ? Continua la tenancière
Il s’agissait d’une large femme avec une grande crinière poivre et sel. Elle avait des yeux marron et un tablier rouge vif sur une tenue plus sombre.
-Le plat du jour ? J’ai pas beaucoup de temps. Prévint Ash en regardant sa montre
-C’est normal ! Il est quinze heures ! Je suis sûre qu’à part quand tu viens ici, tu ne te nourris pas ! Bon, assis toi à ta table, je t’apporte ça. Fit Martha en lui indiquant une petite table libre près d’une fenêtre.
Ada la remercia d’un signe de main et alla s’installer à la fenêtre. Elle se mit à observer la circulation, se remémorant de vieux souvenirs…
Un an plus tôt, vers 22 :45
Ash se trouvait à la même place, regardant les voitures défiler, un café fumant devant elle. Une de ses mains tenait un stylo qui dessinait sur un carnet tandis que l’autre faisait tourner une cuillère dans sa tasse. Il n’y avait pas beaucoup de clients ce soir-là, seules quelques discussions calmes perturbaient le morceau de jazz qui passait dans les haut-parleurs. Tout ce que pouvait apprécier la jeune femme, un bon café, de quoi dessiner et de la tranquillité.
Mais tout ça fut brusquement interrompu par la porte du café qui s’ouvrit brusquement, allant cogner contre le mur. La vitre vibra, manquant de se briser. Toutes les voix se turent et les regards des quatre clients se tournèrent vers les nouveaux arrivants. Trois jeunes se tenaient dans l'entrée, discutant et riant d’une voix éraillée. Leurs dégaines de petits voyous et l’odeur avinée prouvaient qu’ils ne commençaient pas leur soirée.
Ash leva les yeux au ciel et prit une gorgée de sa boisson. Avec un peu de chance, Martha allait leur dire de dégager.
-Yo ! On peut avoir une tournée de vodka !? S’exclama le premier, avec son village en triangle et son nez pointu, il avait tout d’un rat
-D’abord on dit bonjour, puis on commande. Répliqua Martha en plaçant ses larges mains sur ses hanches
-On peut les avoir gratuitement ? demanda un rouquin en écartant légèrement un pan de sa veste
Les quatre clients se dépêchèrent de régler leurs consommations et de quitter le café.
-Range ça petit. Fit Martha avec un air méfiant
-Ouais, ouais, c’est ça ! Sers nous gratuitement à boire grosse vache et p’t’être que j’rangerai mon gun ! Cracha celui qui était armé en sortant complètement son flingue
La barman recula en levant les mains en l’air :
-Écoutez, je n’ai pas grand-chose pour… commença t-elle
Un claquement brusque fit sursauter les quatre interlocuteurs.
-J’aimerai pouvoir boire mon café dans le calme, les enfants… Rangez ça et allez boire ailleurs. Lança Ash en refermant son carnet
L’un des jeunes avec la peau mate s’approcha d’elle avec un sourire goguenard :
-Qu’est ce que tu veux dire chérie ? Viens donc t’amuser avec nous au lieu de rester dans ton coin à lire des stupidités. Railla t-il en lui attrapant le bras
Ces deux comparses s’étaient rapprochés d’eux, laissant le temps à Martha de prendre son téléphone.
-C’est vrai qu’elle est pas mal cette poulette, t’as l’œil Ricky ! s’exclama le rat en dévisageant la jeune femme
Cette dernière leva les yeux au ciel et dégagea son bras :
-Et moi qui pensais que toutes les personnes de ce quartier disposaient d’un minimum d’intellect…. Soupira Ash en secouant la tête
-Viens par là toi ! Ya pas que l’intellect qui compte, faut aussi savoir se faire plaisir ! Siffla le roux en la forçant à se lever
Un sourire étira les lèvres de la brune :
-Tu sais quoi ? Je suis complètement d’accord. Dit-elle en se rapprochant
Le rouquin déglutit légèrement à la vue de ses yeux marron presque noirs.
-Et si on s’amusait un peu ? Murmura t-elle
Son premier coup atteignit le rouquin sous le menton, l’envoyant contre les tables du fond, face-de-rat attrapa un couteau à cran d’arrêt dans sa poche et se mit à faire des moulinets ridicules avec.
-Sérieusement ? Souffla Ash en attrapant le poignet de son adversaire
Cependant, ce dernier avait plus de force que prévu et elle commença à ployer. Soudain, une épaisse ligne d’ivoire blanche et aiguisée comme le fil d’un rasoir apparut de sa manche et entailla l’avant-bras de son ennemi. Ce dernier s’écarta en piaillant, tenant son poignet qui ruisselait de sang. Derrière Ash, le prénommé Ricky s’apprêtait à enserrer sa gorge dans un étau meurtrier. Mais le jeune prodigue ne lui laissa pas le temps d’agir et lui envoya un coup de pied dans les cotes, l’envoyant rouler contre un pilier. Elle se rapprocha et lui donna un violent coup dans la mâchoire, l’étendant sur le coup.
Un coup de feu retentit derrière elle. Elle jeta un regard au manteau qu’elle portait : un trou avait percé l’une des amples manches.
-Ça commence à devenir intéressant… dit elle en tournant ses yeux dilatés vers le dernier membre en état de combattre
Ses bras et ses jambes tremblaient légèrement, comme si elle était sous l’effet d’une quelconque drogue. Le roux tira de nouveau dans sa direction mais elle esquiva le coup facilement. En trois enjambées elle se trouva devant son dernier adversaire.
-Of Blood and Bones baby**. Siffla t-elle à l’oreille du rouquin
Celui-ci poussa un cri de douleur avant de s’effondrer au sol. Sur son torse était tracé un A sanglant, la lame d’ivoire se rétracta dans le poignet de sa propriétaire dans un léger bruit de succion.
Ash récupéra ses affaires et s’approcha du bar.
-Pour les réparations ! avertit-elle en lançant cinq billets de cents dollars sur le comptoir
De nos jours:
-Et voilà ! Et prends ton temps ! Ton travail va te bouffer sinon. Prévint Martha en posant une assiette de pâtes devant la jeune femme
-Merci, et promis, j’y penserai. La remercia cette dernière
Et elle ne l’écouta pas. Elle finit son repas en moins d’un quart d’heure et trente minutes plus tard, elle était de nouveau devant son ordinateur dans son bureau. Le programme avait continué les simulations pendant son absence mais tournait encore, elle modifia l’un des paramètres et se tourna vers d’autres projets. Alors qu’elle travaillait sur un programme de domotique depuis plus de deux heures, une alerte changea ce qu’il y avait sur son deuxième écran. Un journal télévisé apparut :
-Mr Hammer ! Que pense la compagnie de l’arrestation du leader de A ? En êtes-vous content ? demanda une journaliste
Visiblement, Justin Hammer donnait une conférence de presse suite à la fermeture des serveurs.
-Oui, Oui, bien sûr, nous somme très heureux d’avoir contribué à la fermeture et à l’arrestation du groupe de terrorisme informatique qu’était A. Nous ne pouvions pas rester sans rien faire alors qu’ils pirataient sans vergogne des projets pouvant sauver des milliers de vies. Répondit le PDG en remettant ses lunettes noires droite
Justin Hammer était un homme de taille moyenne avec des cheveux châtains court et lisses, ah, et il avait causé l’attaque de robots/droïdes lors de la Stark Expo de 2011. Il avait été arrêté et jugé mais sa peine s’était vue réduite à une simple amende (de quelques millions de dollars) et une assignation à domicile pendant un an. C’était sur son entreprise que le serveur principal de A s’était concentré ces derniers mois mais l’un d’entre eux avait été imprudent ou les avait trahis, causant la fermeture temporaire des serveurs, un verrouillage à double clés quantique des documents ainsi que l’arrestation de trois personnes dont le second d’Ash que tout le monde avait désigné comme le leader.
-Ouais, et d’arrêter les expériences et les meurtres par produits dangereux aussi… grinça la jeune femme en serrant les poings
Elle détestait perdre. Et Hammer Industries était son plus grand échec à ce jour, la leçon était apprise, désormais, elle ferait l’anarchiste en solo. De son côté, Justin Hammer continuait de déblatérer comme quoi la sécurité était la priorité de sa compagnie, que les anarchistes, les hackers, n’étaient qu’une menace de plus et qu’avoir écroué l’un des plus fort d’entre eux (Mais puisque je vous dis que je suis toujours là !) était une énorme victoire. Ash manqua d’envoyer son poing dans l’écran de son ordinateur.
Elle ne supportait ni les politiques, ni les entrepreneurs, ni les vantards et encore moins ceux qui se permettaient de sacrifier la vie d’autrui pour leur profit. Et Justin Hammer correspondait à chacune de ces catégories.
Un frisson parcourut l’échine de la jeune femme qui laissa échapper un rire nerveux. Son regard se porta sur sa montre 18 :26. C’était loin d’être l’heure. Elle soupira et essaya tant bien que mal de se reconcentrer sur son travail.
Alors que son programme avançait bien, une alerte provint du logiciel de simulation : les simulations étaient terminées. Les résultats étaient positifs pour l’utilisation d’un gel d’algues plastifiées. Le problème de cet alliage venait en grande partie de son potentiel allergène. Très peu de personnes en étaient atteintes mais Ash décida de relancer quelques tests pour trouver une alternative sans risque. Elle envoya tout de même les résultats à sa filière médicale.
La brune reprit ensuite son programme et le termina en quelques clics. Il était désormais dix-neuf heures et trente-cinq minutes.
La jeune femme sourit et enregistra ses nombreux dossiers qu’elle encoda ensuite pour plus de sécurité. Elle prit ses affaires et se dirigea vers l’ascenseur pour aller au rez-de-chaussée. À peine était elle arrivée dans le hall qu’on l’interpella :
-Mlle Huàng ?
-Je t’ai déjà dit de m’appeler Ash Mike ! Je ne suis pas ta boss. Annonça t-elle en s’approchant du trentenaire brun qui l’avait appelé
Ce dernier, bien qu’ayant plus l’apparence d’un agent de sécurité que d’un secrétaire, était assis derrière un bureau, un téléphone contre le torse et une main sur le clavier de son ordinateur.
-Oui, euh… Quelqu’un voudrait prendre rendez-vous avec vous. Répondit-il
-Qui ça ?
-À quel nom je vous prie ? demanda t-il à son interlocuteur,… Pardon ? Oh… Bien sûr, Mr Rand.
-Quoi ?! S’étrangla Ash
Elle savait que le survivant miracle était de nouveau à New York mais elle n’avait rien à voir avec Rand Enterprises et ça lui allait très bien comme ça ! Lui et Ward Meachum avait peut-être fait du ménage mais elle préférait ne pas mêler Huangdi Logistics à leurs affaires.
-Qu’est ce qu’il veut ? Poursuivit la jeune femme
-Quel est le sujet du rendez-vous ? … Oui, bien sûr, je comprends. –Mike écarta le téléphone de sa bouche :- Il ne veut pas en parler au téléphone.
-Rah, génial, cases lui un rendez-vous demain après-midi ou matin, comme tu veux ! Merci ! Lança la brune avant de prendre l’ascenseur qui se dirigeait vers les parkings
Elle s’arrêta au dernier et chercha du regard son véhicule. Elle finit par le repérer près de la sortie. Le PDG enfila son casque avant de monter sur la moto et de démarrer. Quelques minutes plus tard, elle était dans la circulation démentielle de New York. D’abord son appartement, puis l’entrepôt du club.