Une affaire plutôt risquée
Chapitre 3
Cela faisait maintenant plusieurs jours que les deux avocats travaillaient d'arrache-pied sur l'affaire de Luca, le rendez-vous avec le programme de protection avait lieu demain et il fallait absolument que tout soit prêt. Leur client demandait à pouvoir changer de ville et d'identité à cause de l'importance qu'avait pris l'affaire et de l'agression récente de son avocat. Il se disait souvent que Maître Nelson avait eu beaucoup de chance de s'en sortir, comme lui. Maintenant, il ne se croyait pas suffisamment chanceux pour pouvoir s'en tirer s'il était de nouveau la cible du tireur.
Foggy était devenu très prudent avec cette affaire, il n'avait pas fait beaucoup de copie des documents du dossier pour éviter que des infos fuitent et il ne sortait jamais de son bureau avec les preuves sauf quand c'était vraiment nécessaire. Il préférait ne pas prendre de risque vu la simplicité avec laquelle le gang avait obtenu des informations sur lui au poste de police. Enfin, il ne pouvait pas être sur que c'était là qu'il avait été repéré.
La police avait déjà arrêté tous les complices du trafic au sein de la banque, les preuves étaient accablantes. En plus, comme il s'agit de cols blancs et non de violents criminels, il suffisait aux inspecteurs en charge des interrogatoires de les menacer un peu pour qu'ils balancent tous leurs collègues dans le but de se sauver eux-mêmes. C'était terriblement affligeant pour les policiers de voir le peu de temps qu'il fallait pour obtenir un premier nom. Par auditions croisées, la police a pu obtenir l'entier des nom des complices au sein de la banque en seulement quelques heures.
En revanche, il était beaucoup plus délicat d'obtenir le nom des contacts que les responsables de la banque avaient avec le gang. On sentait tout de suite la peur des représailles et tout le monde se taisait, même le plus bavard.
En parallèle, la police recherchait activement le tireur, c'était très difficile de savoir s'il s'agissait d'un membre du gang ou un tueur à gage engagé par la banque. Dans tous les cas, c'était le point le plus urgent à élucider. Il y avait déjà eu deux attaques et les gens ne se sentaient plus en sécurité dans la rue.
Matt se demandait s'il ne devait pas remettre son costume de justicier pour aller enquêter lui-même sur cette affaire, il était sûr de pouvoir obtenir de meilleures informations que la police. Mais il avait peur que son enquête attire l'attention sur la double vie qu'il menait. Il n'est pas intervenu depuis très longtemps à Hell's Kitchen et il craignait que le rapprochement soit fait entre son intervention pour sauver Foggy et ses hypothétiques recherche du suspect. Il décida de laisser encore un jour ou deux à la police pour faire son travail. Comme la situation était déjà délicate, il renonçait à en faire part à Foggy.
Après une longue journée de concentration, Foggy et Matt décidèrent d'aller prendre un verre chez Josie avec Karen pour se changer les idées. La soirée était sympathique et permettait à tout le monde de se détendre un peu. Ils étaient de nouveau les trois réunis comme au bon vieux temps. La petite troupe passa un bon moment. Le retour se passa sans encombres et sans se tromper de rue.
Le lendemain, Matt et Foggy étaient remontés et motivés, ils connaissaient leur dossier et leurs arguments par cœur, tant mieux, car l'heure de la négociation avait sonnée, ils se dirigeaient à pied en direction du bureau du FBI. Matt comme à son habitude se laissait diriger par Foggy, c'était bien plus simple en pleine rue et ça lui demandait moins de concentration, il pouvait se laisser aller aux bruits alentours. Il commençait a avoir un mauvais pressentiment au fur et à mesure qu'ils marchaient, comme s'ils étaient suivis. Il décida de ne rien dire à son ami déjà assez stressé par toute cette affaire.
Arrêtés à un feu rouge, les deux amis attendaient pour traverser la rue. Matt qui avait tous ses sens en éveil entendit le claquement reconnaissable d'une arme que l'on charge. Il sentait qu'elle était dirigée dans leur position. D'un seul coup, il poussa Foggy contre le bâtiment au moment où les tirs commencèrent. Matt qui était le plus exposé, sentit les balles traverser son corps et s'effondra à terre. Foggy était entrain de se relever pour le rejoindre.
-Non hurla Matt, tu restes là !
La rue était plongée dans un chaos complet, les gens hurlaient et couraient dans tous les sens. C'était la panique. Malgré la douleur, Matt sentait que le tireur était toujours embusqué et prêt à tirer, pourtant il ne le faisait pas. Pourquoi ? On pouvait déjà entendre des sirènes au loin.
-Matt, criait Foggy en se levant pour accourir vers son ami.
-Foggy ne bouge pas, si c'était moi qu'ils voulaient tuer, je serais déjà mort.
-Quoi ?? tu crois que je suis la cible, je vais pas te laisser te vider de ton sang sur le trottoir, cria Foggy
Matt ne percevait plus la présence du tireur, il se demandait s'il s'était enfui. Il n'en n'était pas sûr, c'était peut-être simplement la conséquence de ses blessures qui commençaient à le faire terriblement souffrir et qui perturbaient ses sens.
Plusieurs ambulances et de nombreuses voitures de police arrivaient toutes sirènes hurlantes sur les lieux. Comme Matt réagissait de moins en moins, Foggy accouru à ses côtés. Il avait reçu plusieurs balles et il saignait abondamment, ses blessures avaient l'air grave.
-Accroche toi, dit-il à Matt qui était à peine conscient.
Il fut rapidement pris en charge par les ambulanciers. Il pouvait sentir le masque à oxygène sur son visage, l'aiguille utilisée pour la perfusion, la tentative vaine des ambulanciers et du médecin d'arrêter l'hémorragie avec des compresses.
-Je suis là ça va aller, dit Foggy paniqué en prenant la main de son ami à l'agonie.
-Il faut se dépêcher de l'amener à l'hôpital, ordonna le médecin, sa survie est une question de minutes.
L'ambulance traversa les rues de New York à pleine vitesse, sirène hurlante.
Même avec les médicaments, Matt avait très mal, il pouvait sentir en lui une des balles qui n'était pas ressortie de son corps, la douleur était atroce et il pouvait à peine respirer. Le plus dur pour lui restait quand même l'état Foggy, il sentait son ami complètement paniqué et au bord de la crise de nerfs. Il lui était de plus en plus difficile de respirer malgré l'oxygène qu'il recevait. Matt se sentait partir de plus en plus.
-Arrêtes l'ambulance dit le médecin, il faut l'intuber sinon il sera privé d'oxygène trop longtemps. L'ambulance s'arrêta et le médecin commençait à préparer son matériel dans la précipitation
-Ca va faire mal, dit le médecin, normalement, les gens sont inconscients lors de l'intubation, mais vous êtes toujours conscient malgré la douleur, vous êtes très résistant, faites ce que je vous dit et restez le plus tranquille possible.
Matt sentait que Foggy lui serrait la main encore plus fort qu'avant.
Le médecin commença par retirer le masque à oxygène sur le visage de Matt, il n'arrivait presque plus à respirer maintenant.
-Je vais commencer, vous allez sentir le tube descendre dans votre gorge, restez calme
-Tenez-lui la tête, ordonna le médecin à l'ambulancier.
Effectivement, c'était très douloureux malgré la rapidité et la précision des gestes du médecin, Matt sentait progressivement le tuyau passer dans sa gorge. Doucement, l'oxygène arrivait de nouveau dans ses poumons.
-Vous ne pouvez plus parler maintenant l'informa le médecin, je suis au courant de votre cécité, je vais donc vous parler le plus possible et votre ami aussi. Surtout, restez calme.
-Tu peux repartir, il est stable lança-t-il au chauffeur.
-Je suis avec toi Matt, je ne te quitte pas, tout va bien se passer, reste calme dit Foggy avec une voix tremblante qui trahissait ses paroles réconfortantes.
L'ambulance s'arrêta devant l'hôpital et Matt fut emmené directement en salle d'urgence. En temps normal, seul le personnel médical était autorisé dans cette salle. Vu la cécité de Matt et la gravité de ses blessures, le médecin décida qu'il serait préférable que Foggy soit près de lui. Malheureusement, Foggy n'était pas d'un grand secours, il était tellement pétrifié qu'il n'arrivait même pas à articuler un seul mot.
Claire qui travaillait dans cet hôpital était de garde aux urgences ce jour là. Dès le moment ou elle vit Matt, son cœur se figea. Et ce n'est pas la tête apeurée de Foggy qui pouvait la rassurer.
Matt était très paniqué, il ne voyait rien, ne pouvait pas parler et souffrait le martyr, jamais il n'avait vécu un épisode si traumatisant à cause de son handicap. Il sentait les médecins le toucher, lui enfoncer des tubes un peu partout. Dans la précipitation, peu de soignants l'informait de leur gestes.Bien que Foggy ne décrochait pas un mot, Matt sentait sa main ,tremblante qui ne le lâchait pas.
-Il faut l'amener en chirurgie tout de suite s'empressa d'ordonner une voix que Matt ne connaissait pas.
Foggy resserrait sa main
-Foggy, il faut le lâcher maintenant murmura Claire, je vais rester près de lui.
Matt sentit le brancard rouler et la main de Foggy le lâcher gentiment. Il aurait voulu lui dire de ne pas s'inquiéter et que tout irait bien mais il ne le pouvait pas.
-Je suis là, Matt, je vais rester près de toi pendant l'intervention, il reconnut la voix de Claire, tout aussi inquiète que les autres voix.
Après plusieurs couloirs parcourus, Claire lui annonça qu'ils étaient arrivés au bloc et il sentait le brancard se figer.
Une odeur particulière régnait dans cette pièce, un fort parfum de désinfectant et de produits de nettoyage. Il se sentait gentiment partir grâce à l’anesthésie, il s'endormait gentiment et ses douleurs s'évanouissaient.
Foggy complètement tétanisé de ce qu'il venait de se passer trouva la force d'appeler Karen pour l'informer, elle était en chemin. Il tremblait, encore plus que lors de son agression de l'autre soir, il se sentait coupable de ce qui était arrivée et craignait le pire en regardant ses mains pleines de sang. Si Matt avait raison et qu'il était la cible du tireur, c'est lui qui devrait être en chirurgie.