Cyberpunk 2051

Chapitre 0 : Prologue

758 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 2 mois

La pluie frappait le pare-brise comme une mitraillette nerveuse. Des rafales hachées, courtes, syncopées. Noxx conduisait. Silencieuse, gantée, les yeux vissés sur la route tachée de néons. Chaque goutte explosait en éclats multicolores sous les phares. Son manteau trempé collait au siège, ses cheveux ruisselaient sous la capuche, détrempés, lourds comme du plomb. L’intérieur sentait l’ozone, l’adrénaline, la sueur métallique. Derrière elle, dans la voiture, tout vibrait. Bruits d’armes vérifiées. Gilets serrés contre des torses tendus. Implants qui chauffent doucement — on entendait même le bourdonnement sourd d’un circuit qui s’active trop tôt. La mission allait commencer.


Cherry, branchée en ligne directe sur le réseau local du bâtiment-cible, mâchait un chewing-gum rose fluo avec lenteur. Clac, clac. Clavier néon sur les genoux, câbles plantés dans la nuque, regard perdu dans un flux de données invisibles aux autres. Elle avait déjà dépassé la réalité. Elle était dans l’ombre.


— Donnes-moi trente secondes et je leur coupe la lumière, murmura-t-elle.

— T’en a vingt , répliqua Mac, sec. Et pas une de plus. Sa voix claqua comme une gifle sèche. 


Pas de place pour la tendresse. Raze, à côté, faisait tourner une lame dans sa paume — un geste mécanique, presque hypnotique, aussi fluide qu’un tic nerveux. La lame vibrait, fine, traitée au monomol, prête à couper tout ce qui respire. Angel comptait ses balles à voix basse, en récitant un verset espagnol entre les dents. Une prière ou une menace, impossible à dire. Et Dye, casque incliné, réajustait sa visière holographique. Son regard était flou, absent. Comme s’il répétait un ballet que lui seul connaissait, où chaque geste serait une note parfaite. Il souriait déjà. Un sourire trop calme.


La cible : Un gang Maelstrom.


Une femme kidnappée lors d’un braquage de convoi. Encore une. Mais celle-ci… avait un traceur. Et une dette envers Mac. C’était personnel. Et ça, dans cette équipe, ça comptait. Le van freina net. Les pneus hurlèrent un court instant. L’instant d’après, plus un mot. Le monde s'était figé. Noxx se retourna, l’air blasé, mâchoire tendue :


— On y va. J’ai visé trois toits autour. Si j’ai pas de visu, vous vous démerdez sans moi. Elle descend. Disparaît dans la pluie.


Elle descend. Ses bottes frappent la flaque comme un coup de feu étouffé. Le reste entre. Et elle disparaît dans la pluie.

La mission fut un chaos parfaitement orchestré: 


Cherry : caméras aveuglées, portes brouillées, IA muettes. Elle parlait peu. Mais quand elle soufflait un “fait”, le monde s’ouvrait.

Raze : ouverture chirurgicale à la lame. Un pas. Une gorge. Silence.

Mac : vision tactique, millimétrée. Il dirigeait avec l’oreillette, comme un chef d’orchestre. Une voix dans le vent. Mais chaque mot comptait.

Angel : feu, flammes, déclarations d’amour aux captives comme aux balles. Il tuait comme il chantait. En rythme. Avec panache.

Dye : fermeture des angles, sang-froid clinique. Illusions, leurres, impacts silencieux. Un mirage qui saigne.


Mais malgré tout… un problème. Un sniper. Quelque part. Invisible. Inlocalisable. Quelque part. Invisible. Inlocalisable. Des tirs nets. Calculés. Trois blessés. Aucun grave. Mais trop précis. Trop calme. Trop… propre. Et surtout — aucun tir de couverture.


Cherry gronda dans le micro :


— Il nous manque quelqu’un.


Et Mac, entre deux rafales :


— On aurait eu besoin d’un putain de tireur de contre-mesure.


Silence. Juste la pluie. Un soupir. Puis la mission se termine. La femme est sauvée. De justesse. Mais ce soir-là, même les meilleurs ont senti le manque.


…Et ailleurs, quelqu’un marche seul. Avant de devenir Hexa, Shinji Kurohara était tireur de contre-mesure pour Shinsei-Cho Security, une société de surveillance semi-officielle opérant dans l’ombre à Japantown. Il n’était pas un simple sniper. Il était un fantôme. Un extracteur de témoins. Un nettoyeur silencieux. On le surnommait Kanshisha — L’Observateur. Il ne parlait jamais. Ne ratait jamais. Jusqu’au jour où il a disparu. Peut-être un contrat inacceptable. Peut-être un refus. Peut-être juste… assez. Mais bientôt, ils allaient le croiser. Et le silence allait retrouver sa voix. Night City brillait sous la pluie. Mais même ses néons n’avaient pas pu masquer son absence.

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