Crash Bandicoot : Le Berceau du Bien et du Mal

Chapitre 4 : La destinée des femmes

7462 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/05/2024 12:59

Avant qu’ils deviennent les acteurs de la lutte ancestrale du Bien et du Mal, avant que le destin choisisse de les mettre au devant de la scène, ils étaient humains. Ils menaient une existence banale, baignée d’amour et de haine. Les liens qui les unissent ne se rompront jamais parce qu’ils s’aiment et se haïssent trop pour ça. La vie de deux jumeaux Aku Aku et Uka Uka ainsi que leur petite sœur dans son plus simple appareil.



CRASH BANDICOOT : L'EQUILIBRE

Seconde Partie : les préquelles


Crash Bandicoot : Le berceau du Bien et du Mal


Chapitre 4 : La destinée des femmes




     Uka Uka repoussa son bol de nourriture et croisa les bras contre sa poitrine en dévisageant son père avec un sourire narquois.


- J’ai une annonce à vous faire, père.

- Je t’écoute, mon fils, répondit ce dernier en levant le nez de son bol de terre cuite et en regardant le jeune homme.

- Il y a une fille que je veux épouser.


     Aku Aku avait arrêté de s’alimenter depuis quelques secondes et regardait alternativement les deux hommes de sa famille avec méfiance. Il craignait le pire avec le sourire de son jumeau. Il jeta un œil à Oni Oni qui détourna le regard en croisant le sien et reprit sa tâche qui consistait à nourrir sa mère. Il fronça les sourcils en se demandant si elle savait ce qu’Uka Uka allait annoncer et sa crainte redoubla face à la gêne qu’elle présenta.


- Je vous demande la main d’Oni Oni.

- Quoi ?! s’exclama Aku Aku en se levant.


     Le chef de la famille laissa tomber sa cuillère en bois et dévisagea, les yeux écarquillés, son fils qui sourit encore plus devant leurs réactions. Aku Aku se tourna pour observer sa sœur et celle-ci semblait davantage gênée. Elle faisait comme si elle n’était pas concernée, mais il n’en était rien et le jeune homme était abasourdi. Comment pouvait-elle accepter une telle chose ? Après la surprise vint l’amer sentiment de trahison. Aku Aku ne comprenait vraiment pas les réactions de sa sœur : comment ne pouvait-elle pas voir qu’Uka Uka la manipulait, qu’elle acceptait de se lier à cet être abject ?


- Cette blague est de très mauvais goût, Uka Uka.

- Mais ce n’est pas une plaisanterie. Je veux épouser Oni Oni.

- Mais tu es complètement fou ! laissa échapper Aku Aku.

- Je sais très bien ce que je fais. Cette conversation ne te regarde pas alors restes à ta place ! persifla Uka Uka, doublé d’un regard des plus mauvais.

- Non ! Il est hors de question que je laisse ta folie perdre Oni ! Père ! Ne donnez pas votre consentement pour cette infâme union !

- Attention Aku, un mot de plus et je vais te le faire regretter !

- Tes menaces ne m’effraient pas ! Je ne me tairais pas !! Jamais, tu m’en-

- Silence vous deux ! s’écria le patriarche de la famille.


     Aku Aku referma la bouche et se rassis aussi calmement qu’il le put bien que ses gestes démontraient la colère qui animait son être. Uka Uka toisait ouvertement son jumeau et tremblait légèrement de rage. Il porta son regard sombre sur son père qui se massait le front. Ce dernier releva la tête et planta son regard d’encre dans les yeux du fils qui avait déclenché tant d’émotions.


- Quels démons ont pu te contaminer que tu me demandes une telle chose, mon fils ?

- Aucun, père. C’est une proposition des plus sérieuses !

- Te rends-tu compte de ce que tu fais ? Il s’agit de ta sœur, Uka.

- Croyez-vous que je n’ai pas réfléchi ?

- Alors ça serait bien la première fois ! se moqua son jumeau, bien décidé à ne plus faire de cadeaux à son frère.

- S’il te plait, Aku. N’intervient pas, réclama le père.

- Oubliez que je suis votre fils. Accepteriez-vous de me donner la main d’Oni Oni ?


     Le patriarche de la famille ferma les yeux pour méditer sur la question. Devant son hésitation, Uka Uka sourit davantage et Aku Aku grinça des dents. Il était à deux doigts de se jeter sur son frère pour lui faire ravaler sa langue. Il serra ses poings à en faire blanchir ses jointures quand Uka Uka continua sur sa lancée :


- Je peux tout lui offrir : une vie et un foyer convenable.

- Tu oublies qu’elle est ta sœur.

- Est-ce un si grand problème ? Nous conserverons la pureté du sang ainsi. 

- Oni Oni, interpella le père. Viens ici.


     La demoiselle délaissa sa tâche à son plus grand regret. Elle aurait préféré ne pas participer à cette querelle. Elle se plaça devant la table, les mains jointes le long de son corps, aux côtés de son père et d’Uka Uka.


- Oui, père ?

- Qu’en penses-tu ? Veux-tu t’unir à Uka Uka ?


     Elle tourna la tête vers Uka Uka qui hocha la sienne pour l’inciter à dire qu’elle avait acceptée sa proposition la nuit passée. Elle regarda son autre frère qui la suppliait du regard de ne pas accepter. Le doute l’envahit et elle ne sut que répondre. Les arguments d’Uka Uka étaient très convaincants et elle ne voyait pas de piège à l’intérieur d’eux. Mais une petite voix en elle lui chuchota la prudence et l’obstination ardente d’Aku Aku amplifiait son hésitation.


- Je ne sais pas, avoua-t-elle piteusement.

- Je vois. Je vais réfléchir sérieusement à ta proposition mon fils. Je te tiendrais au courant de ma décision.


     Uka Uka plissa ses yeux et lança un regard haineux à sa cadette. Cela n’échappa pas à Aku Aku dont la fureur intérieure s’accrue davantage. Comment la plus jeune fille de la maisonnée ne pouvait-elle pas voir la malveillance de son jumeau avec tous ces signes évidents ?! Et pourquoi donc son Uka Uka persistait tant à perdre leur jeune sœur ? Il tourna ensuite son regard vers Oni Oni qui retournait à son travail. Tout n’était pas perdu, elle avait hésitée, après tout. Il pouvait encore la convaincre de la médisance de son jumeau.


***


     Aku Aku ruminait sa colère dans un coin isolé de l’île de Sanidraï. Il était adossé à un arbre et fermait les yeux pour calmer sa colère en écoutant les bruits apaisants de la forêt. Il ouvrit brusquement les yeux quand il entendit le frottement d’un tissu et se retourna. Paro avançait vers lui en souriant, sa longue jupe orangée ondulant sous sa démarche. Il se détendit et esquissa un sourire forcé à son approche. Elle lui tendit un fruit jaune/orangé qu’elle sortit d’un petit panier en bandoulière.


- Qu’est-ce que c’est ?

- Une pomme Wumpa !! s’exclama-t-elle, ravie de la question.

- Oh. Il n’y en a pas beaucoup sur notre île. Merci, Paro.

- De rien ! Moi, je trouve ça bien dommage parce que je les adore ! J’ai l’espoir qu’un jour il y en aura partout !!


     Aku Aku accepta le fruit et mordit à pleine dent, savourant rapidement le jus délicieux du fruit. Paro vint s’assoir devant lui avec un petit sourire joyeux. Le jeune homme détourna les yeux et chercha un sujet de conversation pour camoufler sa gêne, qui montait à chaque fois qu’il était en présence de la princesse.


- Ces fruits viennent du village Wumpa, non ?

- Oui, c’est pour cela qu’il porte le nom de du village. Parce qu’on en trouve que là-bas, répondit-elle sur un ton plaisantin.

- Oui… logique, bougonna Aku, agacé par la perte subite de ses capacités cognitives. Mais comment ça se fait que tu en as une ?

- Le prince du village du village Wumpa est venu rendre visite à mon père.

- Pourquoi vient-il à Sanidraï ?

- Il voulait s’entretenir d’une affaire importante avec mon père.

- Et il a amené des pommes Wumpa ?

- Deux corbeilles ! Cadeau pour moi.

- Quelle délicate attention.

- Echange de courtoisies entre enfants de chef… souffla Paro.

- Sans doute. Ta gourmandise doit être ravie.

- Au point d’en avoir mal au ventre ! rit-elle.

- Et tu viens partager ton péché avec moi ? s’enquit Aku Aku sur un ton taquin.

- Je crois que partager tes tourments est sans doute plus approprié, fit Paro d’un ton soudainement plus grave. Tu essayes de me le cacher, mais tes yeux me disent que quelque chose te tracasse, ajouta-t-elle devant le regard interrogateur de son interlocuteur.

- Je ne veux pas t’embêter avec ça.

- Tu ne m’importunes jamais, Aku.

- C’est compliqué…

- Ca concerne Oni Oni ?

- Comment le sais-tu ?!

- Parce que quand tu as des soucis, tu lui en parles. Si tu ne le fais pas là, c’est que ça la concerne.

- Oui. Elle et Uka Uka.

- Que s’est-il passé, Aku Aku ?

- Mon frère veut épouser Oni.


     Les yeux de Paro s’écarquillèrent en une expression horrifiée. Elle baissa la tête devant le regard triste d’Aku Aku afin de mieux digérer la nouvelle puis releva son visage raffiné vers lui. Ils se dévisagèrent quelques secondes, partageant le même sentiment d’incompréhension et de dégoût.


- J’ai du mal à croire une telle chose.

- Moi aussi, et pourtant j’étais présent quand il a demandé la main d’Oni à notre père.

- Rajan a accepté ?

- Non. Il n’a pas fait part de sa décision.

- Par Ten'Laïhi ! Qu’est-ce qui est passé par la tête d’Uka Uka ? Cette union est tellement…

- Répugnante !

- Contre nature… Un frère et une sœur ne peuvent pas partager ce genre d’union. C’est inconcevable !

- Il faut que je trouve un moyen de l’en empêcher.

- Tu as une idée ?

- Aucune.

- Je pense que pour empêcher cette union il faut que tu arrives à convaincre ton père d’y renoncer.

- Uka Uka lui a donné de bons arguments.

- Alors trouves un autre parti qui en a de meilleurs.

- Qui ?

- Je vais tâcher de me renseigner. En attendant, je parlerai à Oni Oni. Il faut la faire renoncer.

- Elle m’évite.

- Elle ne le fera pas avec moi.

- Merci, Paro. Tu fais beaucoup pour moi ces temps-ci.

- Ne me remercie pas. J’apprécie te venir en aide parce que je ne supporte pas quand tu es en proie à des maux. Et puis, je serais indigne de mon rang si je ne venais pas en aide aux villageois !


     Le jeune homme se perdit dans les yeux chocolats de la jeune fille n’arrivant pas à se détacher de leur beauté. Il sentit son cœur battre plus vite quand Paro se rapprocha de lui. Elle s’agenouilla entre ses jambes écartées et il retint son souffle. Elle posa ses lèvres sur les siennes et Aku Aku savoura la douceur enivrante de ce baiser interdit. Il perdit toutes les résolutions qu’il s’était faites pour éviter un tel contact. Ca n’avait plus d’importance en ce moment précis. Maladroitement, il passa ses bras autour de la taille gracieuse de celle qu’il aimait pour la rapprocher encore plus de lui. Elle passa ses bras autour de son cou et leur embrassade devint plus passionnelle. Ils en oublièrent leur rang social, et s’abandonnèrent à leur sentiment. Ils se séparèrent et se regardèrent avec amour. Aku Aku caressa la chevelure tressée de Paro avec un sourire timide. La jeune fille colla son front contre celui de son partenaire et ils refermèrent leurs yeux pour apprécier cette tendre sérénité qui apaisait leurs tourments. Ils finirent par s’allonger sur l’herbe. Paro posa sa tête contre le torse nu d’Aku Aku qui l’enlaçait d’une main et lui caressait son épaule découverte. De son autre main, il jouait avec celle de la demoiselle. Aucune parole ne fut échangée, le silence était une meilleure compagne dans ce moment de quiétude.


     Par la suite, cela devint comme une habitude. Les deux jeunes gens se retrouvaient chaque après-midi dans ce lieu isolé. Leurs gestes d’affection n’allaient pas bien loin car ils restaient conscients de la réalité. Mais également parce qu’ils n’en ressentaient pas pareil besoin. Leur amour commun trouvait son compte dans leurs étreintes et leurs embrassades.


***


     Ce matin là, Paro se dirigeait vers la hutte d’Oni Oni dans la ferme intention d’avoir une conversation sérieuse avec son amie d’enfance. Elle n’avait pas pu le faire plus tôt car elle avait été retenue par ses obligations. A l’évocation de son devoir, elle sentit la tristesse et le désespoir l’envahir mais elle les chassa rapidement pour se concentrer sur le moment présent.


     Elle passa doucement sa main dans le rideau en perles qui faisait office de porte, et Oni Oni l’écarta quelques secondes plus tard pour voir qui venait lui rendre visite. Son hôtesse la fit entrer sans plus attendre avec un grand sourire qui déstabilisa quelque peu les résolutions de Paro. Elle ne s’attendait pas vraiment à un accueil aussi chaleureux.


- Paro ! Ma mère va mieux !!

- Vraiment ? Mais c’est une bonne nouvelle !

- Oh oui !! S’il te plait, je tiens l’annoncer à mon père et mes frère de ce pas. Peux-tu veiller sur ma mère ?

- Naturellement, mon amie. Vas vite annoncer cette merveilleuse nouvelle à ta famille, répondit Paro ne voulant pas gâcher la bonne humeur d’Oni Oni.

- Merci infiniment.


     La brune aux yeux verts l’enlaça et lui colla une bise sur la joue avant de sortir en courant. Paro poussa un soupir. Dire qu’elle s’était entrainée pour se montrer ferme et ne laisser aucun imprévu empêcher cette discussion. Elle se sentait vraiment ridicule. Mais elle n’avait pas le cœur à brider la joie de son amie d’enfance. Surtout avec une nouvelle comme celle-ci.


     Elle s’avança vers la couche de la mère d’Oni Oni et s’y agenouilla devant. Elle remonta la couverture sur la femme alitée qui tourna la tête et ouvrit ses paupières, dévoilant de magnifiques yeux verts que la maladie n’avait rien défaits de leurs éclats.


- Bonjour Isaha. Vous souvenez-vous de moi ?

- Oui, ma petite Paro. J’ai l’impression que cela fait longtemps que je ne t’ai pas vu.

- J’en suis responsable. Je n’ai pas eu la décence de venir vous rendre visite.

- Cela ne change pas grand-chose. Je passe mon temps à dormir !

- Vous semblez aller mieux. Je suis ravie de pouvoir converser avec vous.

- Moi aussi, Paro. Il me tarde de voir mes deux fils et mon mari, afin de pouvoir discuter également avec eux comme je l’ai fait avec ma fille et toi.

- Oni Oni est partie à leur rencontre.

- Et toi, Paro, comment vas-tu ? J’ai entendu dire que tu étais atteinte du même mal que ta défunte mère.

- Hélas, et il me tue chaque jour…

- Tu ne l’as pas dit à Oni Oni.

- Je n’ai pas le courage de lui annoncer que mon temps est compté. Seuls mon père et le sorcier guérisseur le savent. Mais, comment le saviez-vous ?

- Oni Oni se confie à moi. Elle croit que je dors profondément, mais il m’arrive de l’entendre de temps à autre.

- Elle vous a parlé du mal qui m’empoissonne ?

- Pas exactement… elle me faisait part de son inquiétude vis-à-vis de ta santé.

- Je vois…

- Cela te délivres-tu de ton destin ma petite Paro ?

- Non, avoua la jeune fille avec amertume. Mon père s’arrange déjà pour mon mariage.

- Ma douce enfant…


     Paro plaqua une main sur son visage pour cacher les larmes qui dévalaient lentement sur ses joues d’albâtre. Cela faisait quelques jours qu’on s’organisait dans son dos pour la marier. Parce qu’elle était la fille du chef et qu’elle devait faire honneur à son village avant de s’éteindre. Pourquoi est-ce qu’ils ne la laissaient pas vivre tranquillement, elle qui aura une vie plus éphémère que les autres ? Pourquoi ne lui accordait-on pas le droit de vivre comme elle l’entendait auprès de ses proches, de ceux qu’elle aime et mourir sur ses terres ? Pourquoi n’avait-elle pas le droit de rendre son âme dans les bras réconfortant d’Aku Aku, celui que son cœur avait choisi ?

     A grande peine, elle retint ses sanglots pour qu’ils ne franchissent pas ses lèvres. Elle ne savait pas à qui parler pour se défaire du poids de son fardeau. Elle n’avait aucune famille à part son père qui ne pouvait pas comprendre l’importance de ses sentiments. Elle ne voulait pas en parler à Aku Aku et Oni Oni pour ne pas les blesser, les effrayer.

     Elle releva la tête quand elle sentit une main se poser sur la sienne. Elle croisa le regard compatissant d’Isaha. Dans ses souvenirs lointains, elle se souvint de cette femme énergique au grand cœur qu’elle avait appelé « mère » quand elle jouait avec Oni Oni avant que la maladie ne l’accapare, elle aussi.


- Ma petite Paro, parles-moi de ta peine, murmura la femme en lui caressant sa joue.

- Oh Isaha ! J’ai si peur de mourir, avoua Paro en éclatant en larme.

- Je ne peux que comprendre ton ressentiment. Toi et moi vivons des destins similaires à quelques détails près. Nous allons partir plus tôt que les autres…

- Oui… Je ne veux pas mourir si loin de ma terre, de mes proches…

- Il est possible que tu puisses revenir pour rendre ton dernier souffle dans notre village.

- Vous croyez que c’est réalisable ?

- Je ne sais pas… Cela peut être ton dernier souhait.

- Et s’ils refusent ?

- Alors peut-être est-ce tes proches qui pourront venir à toi.

- J’aimerais tellement que ça soit possible…

- Parles-en à ton père. C’est un homme bon qui saura écouter ta requête.

- Oui… vous avez sans doute raison…

- Mon enfant… la mort est ton seul tourment ?

- Non… mon cœur est épris d’un autre que mon promis.

- T’aime-t-il ?

- Oui…

- Alors c’est sans doute ce que tu pouvais espérer de mieux, Paro. Même si vous ne pouvez pas vivre ensemble, vous partagez le même amour.

- Vous avez sans doute raison… je ne suis pas des plus malchanceuses. Mais c’est tellement douloureux…

- Qui est-il ?

- Votre fils, Aku Aku, répondit Paro en ravalant un sanglot.

- Par Ten'Laï… J’aimerais tant faire pour vous deux… mes enfants…

- Vous avez tant fait pour nous… Vous avez mis au monde l’homme qui m’a rendu la plus heureuse… Vous avez été la mère que je n’ai pas eu le temps de connaitre…

- Sois courageuse ma petite Paro… Comme l’a été ta mère.

- Je vous en fais la promesse !


     Paro posa sa tête sur la paillasse et laissa Isaha lui caresser ses cheveux. La jeune fille ferma les yeux et laissa son chagrin s’exorciser. Elle avait oublié combien le contact et l’affection maternelle était un réconfort inouï à elle qui l’avait à peine connue avant qu’on ne lui enlève une seconde fois


***


Après avoir annoncé l’excellente nouvelle à son père et à Aku Aku, Oni Oni devait maintenant le faire à son deuxième frère. Cette perspective ne la réjouissait guère. Elle avait tâché d’éviter de se retrouver seule avec Uka Uka car elle savait qu’il allait lui reprocher de ne pas avoir défendu sa proposition qu’il avait émise, il y a quelques jours. Proposition qui n’avait plus lieu d’être puisque sa mère allait mieux ! Et c’est avec cet argument en tête qu’elle partit voir son frère, certaine que ça apaiserait ses craintes. Après tout, c’était pour cela qu’ils voulaient se marier. Pour lui éviter un autre mariage.


Elle trouva Uka Uka, comme elle le pensait, assis sur son rocher habituel. Elle resta perplexe devant l’expression concentrée que son frère arborait. Elle haussa les épaules et s’avança vers lui avec un sourire.


- Tu fais quoi ? l’accosta-t-elle.

- J’apprends à manier la sorcellerie.

- Quelle drôle d’idée ! Et pourquoi donc ?

- Ca ne te regarde pas.

- Tu as toujours trouvé que la magie était une science peu intéressante. Qui t’a fait changer d’avis ?

- Un sorcier élémentaire.

- Hein ? Mais-

- Ca tombe bien que tu sois là. Toi et moi avons un différent à régler, coupa-t-il en rouvrant ses yeux pour la foudroyer du regard.

- A ce propos…

- J’espère pour toi que tu as pris ta décision et qu’elle est favorable pour nous deux, la menaça-t-il d’une voix froide.

- On n’a plus besoin de se marier !

- Mauvaise réponse… répliqua Uka Uka en se levant pour lui faire face.

- Mais si ! s’exclama Oni Oni en reculant de quelques pas. Mère va mieux !! Mais elle reste encore faible. Je dois donc continuer de m’occuper d’elle.

- Quoi ?!

- Tu devrais être content… tenta piteusement Oni Oni, soudainement plus inquiète de la réaction de son ainé.

- Oui… excuse-moi tu as raison.


     Oni Oni regarda tristement son frère. Il avait les traits tendus et elle pouvait voir la fureur noyer ses yeux ambres. Non… il n’était pas ravi de cette perspective et elle le savait. Elle ne comprenait pas pourquoi mais ça lui faisait peur. Parce que cela signifiait qu’Aku Aku avait raison. Il ne faisait pas ça pour elle, il le faisait parce que ça avait un intérêt pour lui. Et cela ne voulait pas forcément dire que c’était pour son bien. S’il ne se souciait même pas du bonheur du rétablissement de sa mère, comment pouvait-il penser à son bien-être à elle ? Aku Aku avait raison depuis le début : Uka Uka voulait la perdre. Et alors seulement, elle eut réellement peur de son frère. Elle avait été tellement naïve d’espérer qu’Aku Aku se trompait, même si une infime partie d’elle ne cessait de lui dire le contraire. Au fond, elle avait tout de même sincèrement cru qu’Uka Uka l’avait sauvé du Seigneur Elémentaire, mais là encore tout était à remettre en cause. Elle se sentait trahie, blessée et horriblement effrayée. Jusqu’où Uka Uka était prêt à aller pour accomplir ses vils désirs égoïstes ?


***


     Paro s’avança avec détermination vers les portes en bois de son village. Là, elle scruta les remparts gardés par plusieurs hommes. Elle mordilla sa lèvre inférieure en ne trouvant pas l’objet de sa venue quand une voix bienveillante l’interpella :


- Que faites-vous ici ma princesse ?

- Ah Arka ! Je te cherchais !

- Et que puis-je faire pour vous, princesse ?

- J’ai à m’entretenir avec toi d’une affaire importante.

- Je vous écoute, dit l’homme en lui souriant gentiment.


     Elle lui prit le bras et l’obligea à avancer à ses côtés en direction de la plage. Arka ne broncha pas et la suivit. Il resta silencieux et baissa sa tête quand Paro ralentit le pas. Là, il lui demanda avec douceur :


- Je ne veux pas vous presser ma princesse, mais je suis chargé d’assurer la sécurité de l’entrée de notre village.

- Je ne serais pas longue…


Elle s’arrêta et se tourna pour être face à son interlocuteur. Là, elle plongea son regard dans les yeux noirs de l’homme. Pour elle, Arka était un homme d’exception. Physiquement il était assez typique : grand, musclé, la peau brune et les cheveux noirs lui donnaient l’air d’être une personne banale. Mais il était un valeureux guerrier, l’un des meilleurs. De temps en temps, c’est lui qui assurait sa sécurité, et Paro n’était pas quelqu’un de timide, alors elle avait essayé de connaitre cet homme. Il se trouve qu’Arka était un peu du même genre qu’Aku Aku, il avait quelques traits de caractères et des philosophies en communs. Bien que cet homme n’avait pas ce petit quelque chose qui avait rendu Paro amoureuse d’Aku Aku. Elle s’était quelque peu liée d’amitié avec Arka sans pour autant être des vrais proches. Leur relation restait cordiale sur les bords mais ils savaient qu’ils pouvaient se faire confiance mutuellement.


- J’ai entendu dire que tu cherchais une épouse, commença Paro.

- En effet, ma princesse.

- As-tu… une idée sur la promise dont tu désires obtenir les faveurs ?

- A vrai dire, cette décision a été prise très récemment et je n’ai pas eu le temps de m’attarder sur la question.

- Puis-je te suggérer une damoiselle ?

- Evidemment, ma princesse.

- Oni Oni, fille de Ranjan et d’Isaha.

- N’est-ce pas la sœur des jumeaux Aku Aku et Uka Uka ?

- Celle-là même.

- Pardonnez mon impolitesse, ma princesse, mais pourquoi une telle suggestion ?

- Oni est mon amie d’enfance et j’aimerais la savoir avec un homme digne de confiance.

- Je suis honoré que vous ayez pensé à moi… mais je ne suis pas le meilleur parti pour assurer une vie de confort à votre amie.

- Je pense sincèrement que vous l’êtes.

- Ecoutez… je ne sais quoi vous répondre… il me faut un temps de réflexion…

- Oh ! Je n’attendais pas de réponse dans l’immédiat !

- Puisque nous parlions de mariage… votre père m’a tenu au courant de vos fiançailles avec le prince du village Wumpa.

- Oui, c’est juste…

- Quand nous quittez-vous ?

- Très prochainement…

- J’ai du mal à croire que vous allez bientôt partir… avoua le guerrier avec une mimique mélancolique.

- Moi aussi, Arka.

- Le destin d’Oni Oni vous tient-il à cœur ?

- Oui, car un autre parti voudrait l’épouser et on ne me le dit pas très recommandable.

- Qui est-ce ?

- Son frère, Uka Uka.

- Par Ten'Laïhi ! Mais quels démons lui ont suggéré pareilles idées ?

- Je l’ignore.

- Aku Aku ne défend-t-il pas la vertu de sa sœur ?

- Il essaye. Mais les démons d’Uka Uka lui ont soufflé de bons conseils. Aku Aku n’a pas d’arguments autres que leur lien sanguin commun pour empêcher cette union.

- Je peux le comprendre. Je suis fils unique mais cette union ne doit pas se faire. Soit ma princesse, j’irais voir Ranjan pour demander la main d’Oni Oni.

- Oh merci infiniment Arka !


     Arka esquissa un léger sourire. Pour sa part, il n’aimait pas vraiment manipuler le destin d’une personne dans son dos. A écouter la conversation qu’ils menaient, il avait l’impression qu’Oni Oni était juste une valeur marchande. Néanmoins, il faisait confiance à Paro. Si elle lui proposait d’épouser une jeune fille, c’est que cette dernière était digne de sa personne, peut-être même une épouse d’exception. L’union contre-nature avait fini par achever sa décision. Il ne pouvait pas laisser une telle chose se produire. Puis cela rendait service à Aku Aku, ce jeune homme dont Arka s’était pris d’affection. Il ne le connaissait pas tant que ça, mais il appréciait beaucoup la façon d’être de l’apprenti sorcier.

     Il s’excusa auprès de Paro et lui annonça qu’il devait retourner devant l’entrée du village.


***


Uka Uka avait tout programmé. Commençant par prévoir le prochain tour de garde nocturne de son père. Chance inestimable pour lui, c’était ce soir même. Cela se poursuivit de sorte que sa sœur dorme avec lui la nuit de l’absence de son père. La chance n’eut besoin d’intervenir, tellement Uka Uka était passé maître dans l’art de la manipulation et où sa victime n’était qu’une pauvre fille naïve à souhait. Il ne lui restait plus qu’à attendre que son jumeau et sa cadette dorment profondément pour mettre son horrible plan à exécution.


Il se leva aussi furtivement qu’il était capable et s’avança vers la paillasse de sa génitrice. Là, il se retourna pour vérifier que sa sœur et son frère dormaient toujours à poings fermés et se glissa doucement près de sa mère. D’un geste précis et sans aucune hésitation, il lui boucha les deux voies respiratoires d’une seule main. Elle se réveilla en sursaut et essaya de se débattre vainement. La maladie l’avait trop affaiblie pour qu’elle ait la moindre chance de résister à la force brute de son fils. Uka Uka n’eut qu’à maîtriser ses débattements pour ne pas faire trop de bruit et à attendre que la mort fasse son œuvre.


L’adrénaline, le stress et la satisfaction tordaient le ventre du jeune homme en une danse cruellement exquise. La soif de médisance et de sadisme faisaient luire les yeux ambres d’Uka Uka en une lueur incroyablement malsaine et inquiétante. C’est sans dégoût qu’il contempla la vie quitter le corps chétif de sa génitrice et la peur dans ses yeux émeraudes qui trahissaient autrefois une farouche beauté. Uka Uka sentit la pression que sa mère exerçait sur son poignet diminuer doucement, puis ses mains tomber mollement sur elle. Il ferma ses paupières sur ses yeux sans vie et se leva prestement. Là, il observa minutieusement qu’il n’avait réveillé personne. Aku Aku et Oni Oni n’avaient pas changé de position et leurs respirations étaient aussi régulières qu’une personne endormie.


     Il sortit vivement de la hutte et s’éloigna discrètement du village. Il se rinça son visage couvert de sueur avec l’eau de la rivière et but de longues gorgées d’eau froide pour abreuver la soif qui noyait ses entrailles. Il finit par s’allonger sur l’herbe fraiche et contempla quelques minutes les étoiles. Il ferma les yeux et laissa naître un sourire sardonique sur ses lèvres. Son instinct meurtrier était comblé.


***


     Ce fut un hurlement de détresse qui sortit Aku Aku de son sommeil dès les premières lueurs de l’aube. Uka Uka fut plus rapide que lui et prit sa sœur dans ses bras en lui demandant ce qu’elle avait. La jeune fille complètement angoissée ne put que montrer sa mère du doigt. Craignant le pire, Aku Aku s’empressa de se lever et de s’agenouiller près de sa génitrice. Quand il ne sentit ni son cœur battre, ni sa respiration, le teint de son visage devint cadavérique et il sortit prestement dehors pour régurgiter.

     Uka Uka le suivit avec Oni Oni qui sanglotait toujours dans ses bras et attendit que son frère se ressaisisse dans le calme, bien que son émoi intérieur bouillonnait de plaisir.


- Prends Oni Oni avec toi et va avertir père et le chef du village.

- Et toi ?

- Je m’occupe des préparatifs mortuaires. Elle ne doit pas rester là.

- Tu digères bien la nouvelle, accusa Aku Aku d’une voix éteinte.

- Je ne suis pas aussi faible que toi, persifla Uka Uka avant de retourner dans la hutte.


     L’esprit embrouillé, Aku Aku prit la main de sa sœur et l’entraina avec lui. Elle s’agrippa à son bras et le suivit en continuant de pleurer plus ou moins silencieusement pour ne pas déranger. Son frère aurait voulu trouver quelque chose de réconfortant à dire, mais aucun mot ne lui vint en tête. Son esprit sembla s’être déconnecté du reste du monde et il avait l’impression d’avancer machinalement sans vraiment se rendre compte de ce qu’il faisait.


     Il parla d’une voix à peine audible pour annoncer la nouvelle à son père. Ce dernier pâlit et partit sans rien dire en direction de chez lui au pas de course. Aku Aku refoula un sanglot quand sa cadette pleura de plus belle. Il la serra dans ses bras en la berçant doucement. Cette action apaisa un peu Oni Oni et ils reprirent leur marche vers la demeure de leur chef. En chemin il croisa un villageois qui fut étonné de voir leurs visages aussi défaits. Aku Aku lui expliqua brièvement la situation et se retrouva bête quand il apprit que le chef était parti au village Wumpa. Il remercia son interlocuteur et reprit sa route.


- On va aller voir le Seigneur Rok-ko. Il nous dira quoi faire, parce que je ne sais pas ce qu’il faut…

- Non ! s’écria Oni Oni soudainement apeurée.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Il sait tout ! Il ne faut pas aller le voir.

- Mais de quoi tu parles ?

- Il sait toute l’histoire avec Py-Ro.

- Seigneur Py-Ro, corrigea doucement Aku Aku en se souvenant que c’était pour une histoire d’insolence que sa sœur avait vécu de terribles tourments.

- Il était là, il sait tout, répéta-t-elle.

- D’accord, on n’ira pas le voir. Père le fera à notre place, d’accord ?


     Elle hocha la tête, plus rassurée, et serra un peu plus le bras de son frère contre elle. Aku Aku caressa sa joue de son autre main et lui proposa d’aller près de la rivière. Là, il savait que poussaient des baies qu’ils pourraient manger. Peut-être que ça les aiderait un peu à retrouver contenance.


     Aku Aku aida sa sœur à s’assoir, bien qu’il savait qu’elle n’avait pas vraiment besoin de lui pour ça et alla cueillir quelques fruits qu’il ramena. Il en donna à Oni Oni et en mangea quelques uns sans grande envie. Il fallait manger et c’est tout. Sa cadette ne bougea pas et fixa un point invisible sur l’eau d’un air absent. Le jeune homme posa sa main sur son épaule et dit le plus doucement possible :


- Mange un peu, Oni Oni.

- Hier, commença-t-elle. Quand j’ai dit à Uka Uka que mère allait mieux, il n’était pas content. Il était même très en colère, avoua-t-elle, la voix enrouée de sanglots contenus.

- Tu crois qu’il l’a tuée ? demanda Aku Aku avec empressement.

- Je ne sais pas, dit-elle en éclatant en larme.


     Il ne voulut pas la questionner davantage. Lui-même n’avait pas le cœur à ça. Il passa sa main dans ses cheveux dans un maladroit geste de réconfort et elle tourna la tête vers lui.


- Pardon, murmura-t-elle.

- De quoi, Oni ?

- De t’avoir fait du mal la dernière fois. Je suis qu’une idiote.

- Et moi je serais vraiment un imbécile de t’en vouloir.

- Je t’aime, Aku.

- Moi aussi, allez viens, ordonna-t-il gentiment en ouvrant ses bras.


     Elle se blottit contre lui et sanglota doucement sur son épaule. Le frère et la soeur restèrent un moment enlacés l’un contre l’autre, en se consolant mutuellement d’un chagrin commun sans savoir ce qui se tramait vraiment…


***


     Aku Aku lança sa lance dans l’eau claire de la rivière et manqua une fois de plus le poisson qu’il avait pris pour cible. Il se retint de soupirer. Décidément, aujourd’hui, il était bien mauvais. Il en connaissait les raisons. Le décès de sa mère l’affectait pour commencer. Il s’était beaucoup préparé au départ prochain de sa génitrice, à cause de sa longue maladie, et ne pensait pas qu’il serait autant troublé. Le rétablissement puis la mort soudaine qui avait frappé Isaha l’avait pris au dépourvu. Puis, dans une mesure plus moindre, il y avait l’absence de Paro à leurs rendez-vous habituels. Elle devait sûrement être prise par cette affaire importante avec le village Wumpa dont elle lui avait vaguement parlé.


- Quelque chose te tracasse Aku Aku ?

- Non, rien Arka. Un peu fatigué.

- Tu peux te reposer quelques minutes si tu veux.

- A vrai dire… commença le jeune homme en reprenant sa lance. Ma mère a quitté ce monde hier.

- Ah... Mes sincères condoléances, compatit Arka.

- Merci.

- Si je peux me permettre, j’ai entendu dire qu’elle souffrait beaucoup. Peut-être est-ce mieux ainsi que ses souffrances ont pris fins.

- Sans doute…


     Puis un frisson glacé parcouru Aku Aku devant la révélation qu’il venait d’avoir. Maintenant que sa mère n’était plus, son frère allait se faire plus insistant auprès de leur père pour épouser Oni Oni, dont ce dernier était accablé par le chagrin. Il lâcha un profond soupir agacé. D’une part parce que son frère ne montrait aucun respect pour leurs géniteurs, et d’autre part parce qu’il avait lui-même d’autres problèmes de son côté. En voici un autre qui s’ajoutait à la liste.


- Un autre souci ? s’enquit Arka.


     Aku Aku ne sembla pas l’entendre et continua sa réflexion. Etait-il possible que son frère ait une part de responsabilité dans la mort brutale de sa mère ? Sa sœur avait montré son inquiétude hier quand ils avaient pu parler. Il ne serait pas allé jusque là tout de même…


- Aku Aku ? Es-tu sûr que ça va ? Tu n’as pas l’air d’aller bien…

- J’ai un autre problème… avoua le jeune homme, troublé par ses méditations intérieures.

- Viens, l’invita gentiment son ainé.


     Ils s’assirent sur la berge et déposèrent leurs armes à côté d’eux. Arka dévisagea Aku Aku qui fixait les mouvements de la rivière. L’homme laissa le temps à son interlocuteur de trouver ses mots. Quand Arka avait vu qu’il allait pêcher avec Aku Aku, il avait trouvé l’occasion idéale de parler au jeune homme de son ambition nouvelle d’épouser Oni Oni. Manifestement, il ne s’était pas attendu à l’annonce de la mort d’Isaha et ne voulait pas déranger son ami dans un moment pareil. Il était sincèrement touché par la détresse de son compagnon et il espérait pouvoir apaiser ses tourments.


- Ca va vous paraitre étrange, mais mon jumeau s’est mis en tête d’épouser ma sœur.

- A ce sujet, Paro est venue me parler de cette histoire.

- Vraiment ?

- Oui. Elle sait que je recherche une promise et m’a suggéré Oni Oni. Je voulais te parler de mon intention d’aller voir ton père pour demander la main de ta sœur. Mais je ne voulais pas t’importuner dans un moment comme celui que tu es en train de vivre.

- Pourquoi vouloir épouser Oni Oni ? demanda Aku Aku d’un ton suspicieux.

- Je suis le seul descendant de ma famille. Mon père souhaite me voir marier et assurer la survivance de mon sang. Je dois t’avouer que je cherche une promise par devoir, et que le foyer que j’offrirais à mon épousée n’est pas aussi confortable que d’autres familles, mais je traiterais ta sœur du mieux que je pourrais si là est ta réelle question.

- Pardonnez mon insolence… Je ne veux pas qu’Oni Oni soit malheureuse.

- Et je ne le veux pas non plus. Même si je n’ai aucun sentiment pour ta sœur, je ferais de mon mieux pour qu’elle soit la plus heureuse possible.

- Je vous crois. Merci beaucoup, Arka.

- Je ne suis pas sûr que ce que je fais mérite un remerciement. Cela dit, je pense que ta sœur sera plus heureuse avec un autre homme que ton frère. On ne me dit pas que des bonnes choses à son sujet.

- Là aussi, je vous crois.

- AKU AKU !


     Les deux hommes se retournèrent quand ils entendirent une voix crier. Aku Aku se releva juste avant que sa sœur ne se jette dans ses bras en pleure. Le jeune homme tenta vainement de la calmer sous l’œil inquiet et intrigué d’Arka qui repartit à la pêche pour laisser un peu d’intimité aux deux jeunes gens.


- Elle est partie Aku ! Elle est partie !!

- Tu parles de mère ?

- De Paro ! Elle va se marier à Wumpa avec le fils du chef de ce village.


     Aku Aku écarquilla les yeux alors que sa sœur sanglota encore plus contre son torse. Le jeune homme se fit violence pour ne pas sombrer dans la tristesse et consola du mieux qu’il le put sa petite sœur. Non loin, Arka les dévisagea avec une sincère compassion.


A suivre dans le chapitre 5 : Ce qui a été arraché...


Correction effectuée par Lénie

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