Crash Bandicoot : Le Berceau du Bien et du Mal
Avant qu’ils deviennent les acteurs de la lutte ancestrale du Bien et du Mal, avant que le destin choisisse de les mettre au devant de la scène, ils étaient humains. Ils menaient une existence banale, baignée d’amour et de haine. Les liens qui les unis ne se rompront jamais parce qu’ils s’aiment et se haïssent trop pour ça. La vie de deux jumeaux Aku Aku et Uka Uka ainsi que leur petite sœur dans son plus simple appareil.
Crash Bandicoot : L'Equilibre
Seconde Partie : les préquelles
Crash Bandicoot : Le berceau du Bien et du Mal
Chapitre 1 : Divergences fraternelles
Dans une immense île proches du continent australien, vivaient des tribus indigènes. Leurs vies étaient d’une simplicité ennuyeuse mais leur convenaient parfaitement.
C’est dans ce milieu qu’une jeune fille sortit discrètement d’une hutte sous le soleil qui déclinait dans le ciel, allant bientôt disparaitre derrière l’immensité de l’océan pour faire place à la lune. La demoiselle contourna l’habitat de sa démarche féline et gracieuse. Ses pas démontraient la discrétion extrême dont elle essayait de faire preuve. Même dans l’ombre, sa peau mate semblait satinée et douce. Un vent léger s’engouffra dans sa chevelure ébène faisant voleter les quelques mèches noires qui encadraient son visage ovale aux traits fins. Quand elle aperçut deux hommes qui s’avançaient vers la hutte, ses yeux émeraudes pailletés d’or se mirent à briller de malice. Elle trépigna d’impatience en sautillant, faisant virevolter sa robe fuchsia qui saillait à merveille sa silhouette svelte aux courbes généreuses. Elle dégagea d’un geste agacé ses longs cheveux tressés, et se pencha pour jeter un œil inquisiteur vers les deux hommes. Quand ces derniers lui tournèrent le dos, elle sortie de sa cachette et d’un pas vif sauta sur l’un des deux garçons.
- Bienvenue à la maison, claironna-t-elle sur le dos de l’homme.
- Oni Oni si tu ne descends pas immédiatement je vais te tuer ! rugit ce dernier en voulant se dégager de l’étreinte que la femme exerçait sur son cou.
La jeune fille se dégagea agilement de l’homme avant de se cacher derrière le second qui avait observé le manège de la demoiselle avec un petit sourire.
- Au secours Aku Aku ! Uka Uka en veut à ma vertu ! s’exclama-t-elle d’une voix faussement suppliante.
- Tu t’es bien souciée de la mienne en me sautant dessus sale effrontée ! dit le dénommé Uka Uka, furieux, en essayant d’attraper Oni Oni qui se servait d’Aku Aku pour l’empêcher d’approcher.
- Vous ne croyez pas que vous avez dépassé l’âge de ses enfantillages ? demanda Aku Aku d’une voix calme pour faire cesser ces chamailleries.
- Tsss… Facile pour toi, elle ne te fait jamais de farces, répliqua Uka Uka.
- C’est parce que je devine toutes les farces de notre sœur.
- Oui, et en plus Aku n’a pas des réactions aussi drôles !
Sur ces dernières paroles, elle tira la langue et s’enfuit en courant, bientôt pourchassée par Uka Uka qui n’avait pas dit son dernier mot. Aku Aku les suivit sans un mot avec plus de lenteur. Il lâcha tout de même un profond soupir en se disant que son frère et sa sœur avaient beau avoir des corps d’adultes, ils n’en restaient pas moins deux enfants.
***
Oni Oni dressa la table comme à son habitude et bientôt ses deux frères et son père vinrent s’y assoir autour. La jeune fille servit le repas qu’elle avait préparé mais étrangement, elle ne vint pas manger avec eux. Elle prit un autre plat différent des hommes de sa famille et s’agenouilla près d’une paillasse établie à même le sol. Elle agrippa une forme enfouie sous une couverture et la redressa pour la faire assoir. La femme qui était alitée poussa un gémissement des plus plaintifs quand Oni Oni la toucha. Puis sans un mot, la jeune fille prit le bol qui contenait des fruits broyés et commença à nourrir celle qui semblait mal en point, en vue de son visage pâle et fiévreux et des ecchymoses qui recouvraient son corps terriblement amaigri. Seul Aku Aku jeta un bref regard rempli de pitié envers la femme malade avant de contempler de nouveau sa nourriture.
Une fois sa tâche de nursing achevée, Oni Oni prit son bol de nourriture et vint manger, bien que les autres avaient déjà fini. Ses traits si joyeux et chaleureux avaient fait place à de la fatigue et une tristesse sans nom. Elle détourna le visage, étonnée, quand elle sentit une main se poser sur son épaule. Avant qu’elle n’ait pu comprendre quoi que se soit, des lèvres vinrent se poser sur son front en un chaste baiser. Puis l’inconnu partit vers sa paillasse et Oni Oni sourit en regardant Aku Aku s’allonger.
Tard dans la nuit, la jeune fille se réveilla en sursaut. Elle tenta de calmer son cœur qui battait à une vitesse affolante et sa respiration bruyante. Quand elle fut calmée, elle frissonna autant par la fraicheur de la nuit que par le rêve funeste qu’elle venait de faire. Elle se recoucha mais ne parvint pas à fermer l’œil. Elle se redressa de nouveau et parcourut du regard la hutte. Malgré la pénombre, elle vit ses parents dormir juste à côté d’elle. Son père avait décidé qu’elle dormirait près de sa mère si dans la nuit elle avait besoin d’aide. Aku Aku dormait dans un coin de la pièce et Uka Uka dans un autre. Cela faisait longtemps maintenant que ses frères jumeaux s’étaient séparés pour dormir ne supportant pas la présence de l’un et l’autre. La jeune fille jeta un regard vers sa génitrice qui avait un sommeil agité et se leva doucement. Elle se faufila discrètement vers la couche d’Aku Aku et se colla contre lui. Il remua légèrement mais ne se réveilla pas. Rassurée par la présence et la chaleur réconfortante de son ainé, elle s’endormit le sourire aux lèvres. Ce qu’elle n’avait pas vu dans l’obscurité, ce fut le regard envieux et colérique que lui adressa Uka Uka…
***
Un bruit régulier, mêlé à des éclats de rire, emplissait un endroit de la plage. Oni Oni tissait des toiles à l’aide d’une machine et une jeune femme en faisait de même à côté d’elle. Les rires cessèrent quand l’une d’entre elle se mit à tousser fortement avec un visage livide.
- Paro ! Est-ce que ça va ?
- Oui, ça va passer.
- Qu’a dit le sorcier-guérisseur ? Il est passé s’enquérir de ta santé, non ?
- Il n’a pas trouvé le mal qui me ronge.
- Il n’a pas conseillé de remède ?
- Il voulait continuer les saignées mais comme j’allais mieux j’ai refusé. Et puis elles m’épuisaient. Je me sentais encore plus malade après les saignées.
- Oui c’est vrai que cette médecine fatigue beaucoup.
- Et ta mère, comment va-t-elle ?
- Moins bien que toi apparemment. Le moindre contact physique dépose une marque sur sa peau.
- Parlons de choses plus joyeuses veux-tu ? proposa Paro en reprenant son ouvrage.
- De quoi pourrait-on parler ? C’est si calme en ce moment, on dirait même que toute la tribu ne se dispute plus pour des broutilles…
- Plus pour longtemps ! Il y aura bientôt la cérémonie du Dorela.
- Oh j’avais presque oublié que c’est bientôt qu’on va faire une fête en l’honneur des Dieux !
Paro se tourna brutalement vers son amie et lui saisit les mains. Oni Oni la dévisagea, étonnée de constater que le visage de son amie d’enfance avait repris des couleurs. Elle sentit l’impatience la gagner quand elle vit sa camarade esquisser un sourire malicieux. La voix de cette dernière se fit légèrement hésitante au début mais termina sur des notes joyeuses :
- Je ne voulais pas t’en parler tout de suite mais je ne peux pas m’en empêcher. C’est nous qui allons danser !
- Tu veux dire que… c’est nous qui allons danser ?
- Perroquet que tu es ! Mais oui puisque je te le dis ! s’exclama Paro avant de rire aux éclats.
- Oh non, non ! Je ne pourrais pas ! Je ne suis pas douée en danse et puis c’est pour les Dieux ! commença à paniquer Oni Oni.
- Mon amie, tu es douée, je t’ai vu à l’œuvre ! S’il te plait accepte ! J’aimerais danser à tes côtés !
- Je ne m’en sens pas capable…
- On répétera ensemble !
- Et ta santé ?
- Je me ménagerai, ne t’en fais pas. Puis mon père est d’accord.
- Par Ten'Laï ! Je vais danser pour les Dieux avec la fille du chef… ne put s’empêcher d’exprimer Oni Oni.
- Cela veut dire que tu acceptes ?
- Il serait bien insultant de refuser cela à la princesse que tu es !
- Oui je suis l’enfant unique du chef, mais avant notre statut, Oni Oni, il y a notre amitié.
- Tu vas finir par me faire pleurer Paro ! Que de nouvelles ! J’en suis encore toute retournée !
- Oh regarde ! Tes frères sont là-bas !
Oni Oni tourna son visage pour regarder dans la direction qu’indiqua son amie de son regard. Elle se tourna de nouveau vers elle et la pria de s’excuser, mais elle voulait à tout prix annoncer la nouvelle à sa fratrie. Comprenant et approuvant son désir soudain, Paro la pria de vite aller les rejoindre avec un sourire amusé. La jeune fille retroussa sa jupe qui tombait sur ses mollets et couru vers sa famille en les interpellant. Ces derniers se retournèrent. Aku Aku l’accueillit avec un sourire chaleureux en lui disant toute fois que ce n’était pas digne d’une jeune femme de courir ainsi. Pour changer, Uka Uka lui adressa un regard froid et partit sans même écouter sa cadette.
- Qu’as-tu de si important à dire pour te mettre dans un tel état ? demanda Aku Aku en replaçant une mèche rebelle de sa sœur derrière son oreille.
- Oh cher frère une grande nouvelle !!
- Je t’écoute ! dit-il en souriant encore plus devant l’entrain que montrait sa jeune sœur.
- Je vais danser pour la Dorela avec Paro ! Oh je suis si contente ! s’exclama-t-elle en sautillant sur ses deux pieds.
- Et moi donc ! Je te félicite Oni Oni, répondit-il en l’étreignant.
- Il faut que je l’annonce à Uka Uka !
- Il est de fort mauvaise humeur. Laisse-moi le lui dire, il risque de gâcher ta joie. En plus, nous avons à faire et toi aussi.
- Pourquoi faut-il qu’il soit toujours grognon ? Je lui arracherai un sourire à la cérémonie ! De gré ou de force !! jura Oni Oni avec un clin d’œil avant de s’en aller vers son amie au pas de course.
Aku Aku esquissa un sourire triste. Même la jovialité si contagieuse de sa sœur agaçait plus son jumeau qu’elle le rendait heureux. Uka Uka détestait leur sœur, sans qu’il ne sache vraiment pourquoi. Son innocence devait en être la cause. Ainsi devant la promesse que s’était faite Oni Oni, il avait peur qu’elle soit déçue.
Il se retourna et alla dans la direction qu’Uka Uka avait prise. Il le trouva avec une lance à la main, un genou sur le sol, en train d’observer une empreinte.
- Dépêche-toi de t’armer. Tu as assez palabré, maintenant l’heure est à la chasse.
Aku Aku n’émit aucun mot devant le ton glacial et arrogant que son frère avait employé pour s’adresser à lui. Il s’était accoutumé à ce qu’il lui parle de cette manière et répliquer ne faisait qu’envenimer les choses. Il préférait l’ignorer et s’arma d’une lance et d’un couteau qu’il attacha à sa ceinture. Ils reprirent la marche quand Uka Uka annonça qu’il s’agissait d’un sanglier et qu’il partait vers l’ouest.
- Tu aurais pu avoir la décence de rester pour écouter Oni Oni. Elle avait quelque chose d’important à nous dire !
- Notre mère est morte ? dit-il avec un sourire narquois.
- Uka Uka ?!
- Ne prend cette expression outrée. Pour moi ça c’est important ! Qu’elle nous annonce qu’elle a terminé son tissage ou ses pathétiques activités n’ont guère d’importance pour moi.
- Elle a été choisie pour danser la Dorela. Tu trouves peut-être ça futile ?
Uka Uka s’arrêta et dévisagea son jumeau avec froideur. Un instant, Aku Aku crut lire de l’hésitation dans les prunelles ambres de son interlocuteur, mais quand ce dernier éclata d’un rire cynique, il se dit qu’il s’était trompé. Son frère était rongé par la vilenie et cela ne faisait que s’amplifier avec le temps.
Ils reprirent leur chasse et traquèrent leur gibier. Uka Uka adorait la chasse. Il pouvait laisser exprimer son instinct animal, sauvage dont il était doté plus que les autres sans que des barrières viennent faire obstacle. Plus la traque aboutissait à son terme, plus il jubilait, dégoûtant son frère. Si ce dernier ne menait cette activité que dans le but de nourrir ses semblables, lui, le faisait par pur plaisir de tuer. Ses désirs meurtriers s’assouvissaient en partie. Mais plus le temps s’écoulait, moins la chasse calmait cet appétit insatiable qui était tapissé dans son être. Bientôt viendrait le temps de passer à une étape supérieure…
***
Oni Oni rentrait dans la hutte familiale avec son panier rempli de fruit sur la tête. Quand elle aperçut ses deux frères qui revenaient de la chasse, avec un jeune sanglier qu’ils portaient sur un rondin de bois, elle s’arrêta. Elle fit un grand geste de la main, manquant de renverser son bagage. Elle arriva pratiquement en même temps qu’eux devant leur hutte. Elle leur adressa un sourire chaleureux et s’exclama de sa voix joyeuse et fluette :
- Bonne chasse à ce que je vois !
- Il est préférable qu’il en soit de même pour ta cueillette, rétorqua Uka Uka d’un ton menaçant.
- Oui ! On pourra accompagner votre trophée de délicieuses baies ! répondit Oni Oni.
- Amène-toi Aku, il faut qu’on dépèce l’animal.
Le concerné en question hocha la tête et adressa un tendre sourire à sa cadette avant de se remettre en marche. Oni Oni pinça sa lèvre inférieure avec ses dents, et se décida à suivre ses aînés. Ils s’installèrent derrière leur hutte à l’ombre d’un arbre. Quand Uka Uka vit sa sœur déposer son panier, il grogna :
- Tu n’as pas d’autre chose à faire que nous regarder ?
- Uka, Oni peut rester avec nous si elle n’a plus d’activité à faire.
- Je dois éplucher les baies, mais je me suis dit que je pouvais le faire avec vous.
- Je trouve que c’est une excellente idée ! Ce n’est pas souvent qu’on peut travailler ensemble.
La jeune fille sourit à Aku Aku en hochant la tête de contentement. Pendant qu’elle enlevait les feuilles des fruits cueillis, Oni Oni menait une conversation enjouée où seul son frère Aku participait. La cadette observa l’art du dépeçage que ses frères maniaient à la perfection. Elle trouva que cette activité était bien complexe dû à la précision de quelques rituels qui s’enchaînaient. Toutes les parties du corps du sanglier devaient être utilisées. La plupart étaient destinées à la nourriture mais la peau serait utilisée par le textile et les défenses pour l’armement. Ce travail demandait beaucoup de temps. En moyenne une journée entière pour extraire toutes les parties utilisables dans un ordre précis.
Oni Oni surprit à plusieurs reprises un sourire fugace au coin des lèvres de son grand frère Uka Uka. Elle ne comprenait pas pourquoi il était attiré par ces actes, bien qu’elle les trouvait nécessaires, elle les trouvait également barbares. Elle trouva que le dépeçage était une activité répugnante et la dégoûtait au point de lui donner la nausée. Elle décida de rester jusqu’au bout pour ne pas subir les railleries d’Uka Uka. Elle tenta tant bien que mal de cacher sa révulsion. Seul Aku Aku remarqua son trouble et lui adressa des sourires emprunts d’encouragement et de félicitation. Elle resta, ainsi, jusqu’à la fin, s’absentant de temps à autre pour vérifier l’état de sa mère malade.
***
Comme beaucoup de nuit, Oni Oni se réveilla pour aider sa mère à boire. Et cette nuit-là, elle constata que la paillasse d’Uka Uka était vide. Cette remarque fit perdre le peu d’envie de dormir qu’il lui restait. De nature curieuse, elle décida de quitter son habitat pour partir à la recherche de son frère volatilisé.
Elle passa une bonne vingtaine de minutes à chercher sur la plage. Une illumination la frappa et elle se donna une petite tape sur la tête comme pour se punir de ne pas y avoir songé plus tôt. Elle se dirigea d’un pas assuré vers l’endroit que son frère affectionnait particulièrement. Sans crainte de la pénombre qui régnait en maître et des animaux qui rôdaient, elle s’enfonça dans la forêt. Elle parcourut le lieu forestier jusqu’à atteindre un point rocheux. L’endroit aspirait à la désolation. Pas un brin d’herbe, de point d’eau ou de nid d’oiseau, juste un gros amas de rocs aux couleurs sombres. A peine éclairé par les rayons lunaires, son frère était allongé sur un rocher plat, les mains derrière la nuque. Il semblait observer le ciel étoilé, qui ne comprenait ce soir-là, pas un seul nuage. Elle s’approcha d’une démarche discrète et sauta sur le rocher en poussant un petit cri pour l’effrayer. Il détourna la tête pour la fixer de ce regard glacial qui faisait sa particularité. Sa voix rauque, teintait de colère et de mépris, se détachait de l’expression impassible de son visage :
- Dégage !
- Comment tu m’as repérée ?
- Tu fais trop de bruit, cracha-t-il avec acidité.
- J’aurais du me douter que je ne pouvais pas tromper le chasseur que tu es !
- Je déteste devoir me répéter : va-t-en !
- Pourquoi ?
- Tu me gênes.
- Mais je te gêne tout le temps ! Dis-moi ce qu’il faut faire pour que je ne te gêne plus ?
- Rien.
- Je ne te crois pas ! Il y a forcément quelque chose que je peux changer pour te plaire.
Uka Uka détourna son regard sombre pour le plonger dans les yeux verts sapins de sa jeune sœur. Il la dévisagea de longues minutes, méditant sur la proposition qu’elle venait de faire. Son côté malsain s’éveilla et déversa en lui une douce sensation des plus enivrantes. Pour lui plaire, hein ? Ces mots résonnaient avec délice dans sa tête et il esquissa un sourire narquois.
- Je ne participerais pas à tes mauvaises farces ! devança-t-elle.
- Dommage… lâcha-t-il, déçu.
Cette déception le prit à la gorge en chassant ces agréables sensations qui lui étaient si plaisantes quelques instants plus tôt. C’était dommage. Non, pas qu’il ne puisse pas avoir une compagne de « jeu », mais qu’il puisse voler ce que son frère avait toujours eu : Oni Oni. Elle était un moyen comme un autre de le faire souffrir, et accessoirement assouvir un besoin de possession. Car Aku Aku aimait tendrement leur sœur et elle lui vouait une adoration sans faille. Du trio fraternel qu’ils formaient, il était exclu de cette charmante complicité. Là, il avait une occasion en or d’inverser les rôles et d’obtenir ce qu’il n’avait jamais eu. Et quoi de mieux que d’utiliser leur cadette ! Un sourire prit forme sur ses lèvres devant cette sournoise manipulation.
- C’est jamais bon quand tu souris comme ça, dit Oni Oni d’un ton grave et troublé.
- Aime-moi.
- Quoi ?
- Comme un frère, trouva-t-il important d’ajouter bien que la jeune fille n’en tint pas compte.
- Tu abuses ! Tu sais bien que je t’aime voyons !
- Non, pas comme lui.
- Je ne comprends pas ! De quoi tu parles ?
- Aku Aku a toujours été le préféré de nous deux. Je veux que tu m’aimes comme tu l’aimes lui.
- Uka Uka…
Sur ces mots, le jeune homme se leva et quitta son perchoir de pierre. Quand il tourna le dos à sa petite sœur, il esquissa un sourire, satisfait du trouble et de l’embarras qu’il avait provoqué chez elle. Son plan se mettait en marche…
***
Dans un coin isolé de la plage de Sanidraï (N Sanity), Oni Oni répétait avec son amie d’enfance, Paro, la danse du Dorela. Elles riaient de bonheur et discutaient avec entrain.
- Je connais la danse par cœur ! s’exclama Paro.
- C’est normal ! On l’a tellement vu !
- Sans compter les fois où on espionnait les précédentes danseuses qui avaient été choisies.
- C’est vrai ! Même qu’une fois, je me suis foulée la cheville en voulant les imiter. Père et Aku Aku m’avaient grondée !
- Alors, tes frères ont bien pris la nouvelle ? Tu ne m’as rien dit les concernant.
- Aku Aku était fier de moi et m’a félicitée, mais je ne sais pas ce qu’a pensé Uka Uka. Il m’a ignorée comme d’habitude…
- Ce n’est pas grave ! Aku Aku est mieux qu’Uka Uka de toute façon. Même s’ils sont jumeaux, je le trouve plus beau et tellement plus gentil ! Au moins, lui, n’a pas un regard qui me fait froid dans le dos. Je me demande pourquoi Uka Uka est si méchant avec les autres. Ca ne lui attire que des problèmes et une bien mauvaise réputation…
Oni Oni se tut. La conversation qu’elle avait eue avec son plus mauvais frère il y a quelques nuits de cela lui revint subitement en mémoire. Elle baissa la tête, gênée. Comme Paro, elle préférait de loin la relation fusionnelle qu’elle vivait avec Aku Aku. Elle partageait presque tout avec lui. Mais elle ignorait que son autre frère en avait souffert secrètement. Si elle avait su sa jalousie plus tôt, elle aurait fait plus attention. Elle avait pensé qu’Uka Uka la détestait alors qu’en fait il l’aimait vraiment. L’esprit malin dans l’histoire c’était elle : elle avait délibérément mit Uka Uka hors de la relation complice qu’elle nouait avec Aku Aku. Peut-être même était-ce à cause d’elle que ses deux frères se détestaient ! Terriblement honteuse et mal à l’aise, elle murmura doucement :
- Tu te trompes, Paro. Uka Uka m’aime, à sa façon…
Et le premier pas vers son frère venait d’être fait sans qu’elle sache les réelles conséquences que cela engendrerait.
***
Comme toutes les nuits depuis une bonne semaine, Oni Oni ne parvint pas à trouver le sommeil. Si son corps était lourd et emplit de fatigue, son esprit lui était parfaitement éveillé. Il bouillonnait d’activité et la jeune fille soupira de lassitude. Depuis une semaine déjà qu’elle s’appliquait à éviter Uka Uka. Ce dernier lui en voulait d’ailleurs. Elle ne pouvait que le comprendre : il s’était confié à elle – chose qu’il ne faisait jamais – et elle l’ignorait royalement. Pourtant sa demande était simple : il voulait bénéficier de la même relation fusionnelle qu’elle nouait avec son jumeau. Ce n’était pas sorcier alors pourquoi hésitait-elle ? Sans doute à cause de ce ressentiment, de cette petite partie d’elle qui trouvait que la requête d’Uka Uka sonnait fausse. Son frère avait toujours été espiègle, prompt à faire toute sorte de mauvaise farce. Il vouait une rancune farouche à Aku Aku et Oni Oni qui s’alliaient de temps à autre contre lui. Si en grandissant son ainé semblait devenir plus sage, Oni Oni se doutait qu’il n’en était rien. Mais elle refusait de l’admettre, espérant qu’un jour il changerait et se rangerait du bon côté.
Elle lâcha de nouveau un soupir plus appuyé que le premier et se retourna dans sa couche. En plus de ses doutes, venait la faiblesse de sa mère. Les forces de cette dernière décroissaient et Oni Oni craignait pour sa vie. Heureusement pour elle, Aku Aku associait les marques de fatigue présentes sur son visage à son inquiétude pour leur génitrice. Il lui avait même dit qu’il irait voir le sorcier-guérisseur pour acquérir un remède. De ce fait, il ignorait l’autre problème qui concernait son jumeau. Sans savoir pourquoi exactement, elle pressentait que c’était une des choses qu’elle ne pouvait pas lui confier et elle se taisait.
Elle se redressa et ajusta la couverture sur les épaules de sa mère. Ces dernières étaient tellement amaigries qu’elles laissaient parfaitement voir la forme des os. Même habituée à ce genre de vision, Oni Oni était accablée. Elle ne supportait pas de voir celle qui l’avait mise au monde, voilà dix-sept ans de cela, souffrir ainsi. Elle se leva les larmes aux yeux et se dit qu’elle ne devait pas rester comme ça à ressasser de sombres pensées. Elle fut prise d’envie de se glisser contre Aku Aku, mais la culpabilité la prit à la gorge quand elle songea également à Uka Uka. Faisant fit de ses doutes et prenant son courage à deux mains, elle se dirigea vers la couche de ce dernier. Elle se faufila dans sa paillasse le plus discrètement et le plus doucement possible. Après une brève hésitation, elle se colla contre son dos. Quand il bougea, elle s’écarta vivement. De sa main, il chercha la sienne et la ramena d’autorité vers lui. Elle se laissa faire et se repositionna comme un peu plus tôt. Il garda la main d’Oni Oni dans la sienne et la jeune fille fut attendrit par le geste. Elle se laissa bercer par la respiration régulière de son frère et s’endormie. Elle se dit qu’elle avait fait le bon choix, autant pour lui que pour elle, et Uka Uka pensait également de même…
Au petit matin, quand Uka Uka entendit son frère se lever, il esquissa un sourire de contentement. Il ouvrit lentement les yeux, simulant un réveil. Intérieurement il jubilait. Aku Aku s’était arrêté et dévisageait, incrédule, sa petite sœur fouinée dans le dos de son jumeau. Il referma mollement la bouche qu’il avait ouverte sous l’étonnement et sortit de la hutte d’un pas rapide.
D’excellente humeur, Uka Uka se retourna et observa Oni Oni qui était toujours dans les bras de Morphée. Il lui caressa la joue et elle émit un son proche d’un gémissement de mécontentement. Il sourit amusé.
- Un jour, je te le promets, tu appartiendras à moi, et à moi seul, murmura-t-il d’un ton très doux.
Elle remua faiblement et ouvrit ses paupières quand Uka Uka retenta une caresse. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises puis se les frottas. Elle se redressa en étouffant un bâillement. Ses yeux encore voilés par le sommeil se posèrent sur son frère et elle sourit avec chaleur. Il comprit alors qu’elle ne l’avait pas entendu.
- Bien dormie ?
- Oui, et toi ?
- Très bien… J’espère que mon dos était confortable.
Elle rougit et détourna les yeux. Elle hocha timidement la tête et se leva pour sortir de la paillasse. Elle lissa sa robe et entreprit de se coiffer sous le regard énigmatique de son ainé qui ne cessait de la fixer. D’un coup d’œil, elle comprit que son père était déjà parti et son autre frère levé. Elle s’étira souplement en étouffant un autre bâillement. Elle se retourna pour gagner la cuisine et commencer ses obligations ménagères ainsi que de nursing pour sa mère, mais se stoppa net pour éviter de percuter Uka Uka. Ce dernier avait usé de son savoir de chasseur pour s’approcher le plus discrètement d’elle. Elle sursauta et il esquissa un sourire moqueur. Il adorait lui faire peur et savait qu’elle détestait cela. Elle prit l’air le plus colérique qu’elle pouvait faire – autant dire que ça n’allait pas bien loin – et posa les mains sur ses hanches. Le jeune homme s’en moqua et attrapa avec délicatesse l’une des mèches qui encadraient le visage d’Oni Oni. Il en huma le parfum fruité qui s’en échappait et une lueur inquiétante s’illumina au fond de ses iris sombres.
- Continue… Laisse la haine te consumer.
- Quoi ? Mais qu’est-ce que tu veux dire…
- Rien ! Oublie ce que j’ai dis. « C’est encore trop tôt, » ajouta-t-il dans ses pensées.
Il s’éloigna à grande enjambées en direction de la sortie quand la voix hésitante d’Oni Oni l’interpella de nouveau :
- Uka Uka… euh… Merci pour cette nuit.
Il se retourna et la dévisagea comme si qu’il n’avait pas comprit le sens de ses paroles. Il finit par sortir sans un mot. Oni Oni haussa les épaules et s’attaqua à ses tâches. Si elle gérait bien, elle pourrait avoir plus de temps libre pour se préparer à la cérémonie du Dorela.
***
Dès qu’Aku Aku avait pu se libérer de ses obligations, il s’était empressé de partir à la recherche de sa jeune sœur. Il erra au hasard dans le village après avoir inspecté tous les endroits où elle était susceptible d’aller. Il devait reconnaitre qu’il s’en sortait très mal pour une fois…
Il bifurqua soudainement à droite à l’angle d’une hutte et percuta de plein fouet une jeune fille. Il lui attrapa le poignet alors qu’elle partait en arrière et la ramena vers lui. L’inconnue se laissa aller dans l’élan et se retrouva plaquée contre le torse du jeune homme. Ils s’écartèrent d’un même mouvement en se confondant en excuse tous les deux. Suite à cette incartade, la demoiselle se mit à rire, et Aku Aku esquissa un sourire timide. Il n’y avait qu’une chose qui faisait perdre au jeune homme son assurance : les femmes. Aku Aku n’était pas très à l’aise avec la gente féminine. Sans savoir pourquoi, il perdait tous ses moyens quand il se trouvait en présence du sexe opposé. Seul sa génitrice et sa sœur étaient des exceptions. Dans ces moments de malaise, Aku Aku enviait cette gêne dont son jumeau échappait.
Le rire de la jeune fille s’estompa et ils se dévisagèrent quelques secondes sans savoir quoi se dire. Et parmi toutes les femmes que son village comprenait, il a fallut qu’Aku Aku tombe sur celle qui l’intimidait le plus…
- Je ne t’ai pas blessé au moins ? s’enquit la demoiselle.
- Pas du tout… et toi ?
- Non, pas de mal !
- Euh… Paro…
- Tu cherches Oni Oni peut-être ? devança-t-elle.
- Oui. Tu peux me dire où elle est ?
- Sitôt notre entrainement terminé elle s’est sauvée sans me dire où elle allait…
- Je vois.
- … mais, elle m’a dit de te dire que « le savoir des Anciens te guiderait jusqu’à elle », continua Paro sans se vexer d’avoir été coupée.
- Elle savait qu’on se rencontrerait ?
- Je ne suis pas sûre, avoua-t-elle en haussant les épaules. Je pense que c’était plus au cas où mon chemin croiserait le tiens.
- Sans doute… c’est possible.
- Je ne comprends pas le sens de la phrase d’Oni Oni. Peut-être pourrais-tu m’éclairer sur cette énigme.
- A vrai dire… euh…
- Je vois, c’est un secret entre vous, c’est cela ?
- Euh… oui.
- Bon je ne vais pas te retenir plus longtemps dans ce cas. Vas-vite la retrouver alors !
Paro le contourna et s’en alla en lui faisant un petit signe de la main. Il sourit avant de répondre à son geste de salutation.
Maintenant il savait où trouver sa cadette : une petite grotte dissimulée par de la végétation en pleine forêt. C’était dans ce lieu qu’il lui apprenait secrètement la magie.
Il s’engagea alors sur un chemin forestier qu’il arpenta pendant une vingtaine de minutes dans le silence. La tiède brise d’un souffle de vent printanier caressait sa peau matte habituée à la chaleur tropicale. Seuls, les bruits de ses pas sur le sol terreux et le chant des oiseaux perturbaient la plénitude des lieux.
Il passa devant une clairière et entendit faiblement une voix féminine chantonner. Il revint sur ses pas et entra dans l’espace dégageait. Cette voix lui était très familière. Après quelques secondes de marches, il aperçut Oni Oni, agenouillée sur l’herbe qui piquait des plumes multicolores sur un bandeau marron.
- Ah te voilà enfin ! s’exclama Oni Oni d’une voix joyeuse.
- Tu savais que j’allais rencontrer Paro ?
- Non, je n’étais pas sûre. Par contre, je savais que tu me cherchais ! Tu serais forcément venu dans « le savoir des Anciens te guiderait jusqu’à elle ».
- Tu pourrais être plus discrète sur cet endroit !!
- C’est bon ! Paro ne nous dénoncera pas !
- Parce qu’elle sait ?
- Pas explicitement…
- Oni Oni !!
- Paro est digne de confiance et ne nous trahirais pas. En plus elle ne sait pas que cette phrase signifie l’emplacement d’un lieu. Détends-toi un peu Aku Aku ! Tiens, regarde, j’ai enfin réussis à maitriser le sort.
Elle ramassa une pierre aiguisée et s’entailla la main sous le regard effaré de son frère. Comprenant ce qu’elle allait faire, il lui attrapa sa main blessée pour la stopper.
- Tu as perdue l’esprit ! Pas ici !!
- Nous sommes seuls Aku ! Trop peu de personne sortent en forêt quand le soleil est à cette hauteur.
- Ce n’est pas une raison. « La prudence est mère de sureté ». Bon sang Oni Oni ! Ce n’est pas ton genre d’être aussi imprudente !!
- Excuse-moi… j’ai mis tant de temps à apprendre ce sort curatif. Pardon… je voulais que tu sois fier de moi.
- Et je le suis sincèrement. Mais je suis aussi conscient des conséquences qu’il pourrait y avoir pour nous si on venait à savoir que tu sais utiliser la magie…
- Oui je sais… les femmes ne servent qu’à procréer et sont trop impures pour pouvoir connaitre et manier cet art noble qu’est la sorcellerie, dit-elle avec sarcasme.
- Je te comprends et je n’approuve pas cette idéologie. Néanmoins il faut être extrêmement prudent si l’on veut braver certaines traditions.
- Parce que nous sommes seuls…
- Seuls je ne sais pas, peu nombreux c’est certains, et pas assez puissants pour reformer les lois.
- Faut que je fasse ami-ami avec les Elémentaires !
- Les Seigneurs Elémentaires, corrigea Aku Aku. Tu ne vas pas t’en faire des amis si tu te montre si impolie avec les puissants sorciers qui veillent sur notre île.
- Mouais… Je dirais plus qu’ils sont des sorciers invisibles que puissants. On les voit si rarement, et puis tu m’excuseras, mais je ne vois pas ce qu’ils font pour notre île.
- C’et parce que tu ne vois pas leurs actions, mais ils sont bien présents et protègent notre précieux paradis, expliqua Aku Aku avec indulgence.
- Bon d’accord… mais je suis sûre qu’ils sont arrogants ! C’est toujours comme ça avec les personnes hauts placés.
- Pas toujours. Prend exemple sur notre chef.
- Hum… c’est vrai.
- Bien, en attendant que tu deviennes amie avec les Seigneurs Elémentaire, plaisanta-t-il sur le même ton qu’elle, c’est moi qui déciderais quand t’enseigner et quand tu emploieras la magie.
- Encore un homme qui décide… bougonna-t-elle d’une voix faussement blasée.
- Pas n’importe lequel, ton frère, le Grand Aku Aku !
- On croirait entendre notre frère. Uka Uka n’aurait-il pas déteint sur toi ?
Aku Aku perdit immédiatement le sourire et se souvint de la raison de sa venue : parler du rapprochement qu’il avait constaté entre son frère et sa sœur. Cela faisait plusieurs semaines déjà qu’il ne ratait pas un seul regard ou sourire narquois que lui lançait Uka Uka à chaque fois qu’Oni Oni partageait quelque chose avec lui. Si son jumeau osait manipuler ou maintenir sous chantage leur sœur, ça allait barder !
- En parlant d’Uka Uka, tu ne le trouve pas étrange ces temps-ci ? commença Aku Aku en guérissant la plaie de sa cadette avec un sort curatif.
- Il fait plus d’effort pour être… gentil…
- Justement, tu ne trouves pas cela bizarre ?
- Non… mentit Oni Oni en détournant les yeux.
- Il ne t’a rien fait, dis-moi ? insista Aku Aku en la scrutant de son regard profond.
- Non, répondit-elle, gênée.
- Oni Oni ? interpella le jeune homme avec un ton sévère.
- Pas comme tu l’entends, avoua la jeune fille. On a discuté… En gros il m’a dit qu’il était jaloux de… de notre relation.
- Je trouve ça douteux.
- Moi je le crois !
- Et je ne t’en empêcherais pas. Restes juste sur tes gardes.
- D’accord.
Un lourd silence enveloppa les deux jeunes gens. Oni Oni piqua de nouvelles plumes sur le bandeau sous le regard absent de son frère. Ce dernier sortit brusquement de sa rêverie et observa l’ouvrage de sa cadette. Pour détendre l’atmosphère, Aku Aku effleura les plumes et demanda :
- C’est pour ton prétendant ce joli ornement ?
- Hahaha très drôle, ironisa la jeune fille. Premièrement je n’ai pas de prétendant. Deuxièmement ça ne m’intéresse pas d’en avoir. Troisièmement c’est pour toi cet ornement !
- Pour moi ?! En quel honneur ?
- C’est pour la cérémonie du Dorela. Ca te plait ?
- Beaucoup ! Je trouve cette coiffe très saillante. Mais il ne fallait pas. Tu as déjà suffisamment de travail entre l’entretient de notre demeure, de notre mère et de la préparation de la cérémonie au quelle tu vas danser.
- Je gère plutôt bien, dit-elle avec un brin de fierté. Allez essaye la que je vois si c’est ta taille.
Il prit délicatement la parure et l’enfila sur sa tête. Oni Oni détailla attentivement l’ornement et l’enleva en fronçant les sourcils.
- J’ai vu trop grand. Ca m’apprendra à surestimer la taille de ton cerveau ! s’exclama-t-elle sur un ton taquin.
- Serais-tu en train de te moquer ?
- Non, je n’oserais jamais !
- Ben voyons !!
Elle éclata de rire et il lui entoura les épaules. Ils retournèrent vers la plage sans se soucier qu’il avait été épié de loin par Uka Uka.
Aku Aku avait eut raison de réprimander leur cadette pour qu’elle n’utilise pas son savoir magique à tout bout de champ. Car dans le cas contraire, Uka Uka aurait pu exercer un chantage sur sa fratrie…
A suivre dans le chapitre 2 : Dorela...
Correction effectuée par Lénie
Notes d'auteurs :
- "Oni" en japonais signifie "démon".
- Le mot Dorela vient d'une chanson hindi "Dola Re Dola".
- Paro est le surnom de l'héroïne Parvati dans le film "Devdas".
- Je me suis inspirée du dépeçage dans "Chronique des Temps Obscurs" pour mettre en scène les différentes activités d'un village comme celui de nos héros.
- "Sanidraï" parce qu'à l'époque d'Aku Aku et Uka Uka, l'île ne devait pas s’appeler "N Sanity"