Crash Bandicoot et les Maîtres du Temps

Chapitre 7 : Pressé par le Temps

5687 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/06/2024 18:17

Crash Bandicoot : L'Équilibre de l'Univers

Partie 1 : Les Gardiens de l'Équilibre


Tome 1 : Crash Bandicoot et les Maîtres du Temps 


Chapitre 7 : Pressé par le Temps



- Ça risque de poser problème si le vieux est toujours en vie, affirma Nina. 


     Personne ne lui répondit, bien que tous lui jetèrent un regard voulant clairement dire qu'elle n'avait pas besoin de faire une telle remarque, car ils le savaient très bien. Uka Uka, Tropy, Cortex, son bras droit et sa nièce s'étaient réunis dans une pièce pour discuter de la résurrection d'Asaki et trouver une solution, qui au passage ne venait pas. 


- Pas tant que ça. La machine est prête, nous avons l'artefact. Avec ça je serai plus puissant que cet imbécile, trancha Tropy 

- Encore faut-il le trouver, rétorqua Cortex. 

- Il est sûrement avec mon frère, je sais qu'ils ont établi une relation. Cela ne m'a pas échappé, constata Uka Uka. 

- Je m'occuperai de lui une fois que j'en aurai terminé avec Nefria. 

- C'est bien le moment de parler de mariage, protesta N. Gin 

- Il a raison, le plus important est d'éliminer la menace, ajouta Neo. 

- Non, une fois mariés, même Asaki ne pourra pas renier ce lien. C'est une des lois du Temple spécifiquement conçue pour éviter le mariage ou les liaisons entre Maître du Temps. 

- On se croirait revenu au Moyen-âge, bougonna Nina. 

- Une gamine comme toi ne peut pas comprendre, riposta Tropy. 


     Elle lui lança un regard mauvais et il s'en amusa. Son oncle n'hésita pas à se racler la gorge pour attirer l'attention du Maître du Temps afin de lui montrer qu'il n'appéciait pas la façon dont il venait de parler à sa nièce. 


- Alors il faut faire avancer les choses, coupa Uka Uka. Nefarious, je n'aime pas la tournure des évènements récents. Tu aurais mieux fait de tuer la fille, mais puisque tu y tiens alors nous ferons en sorte qu'elle ne puisse pas se battre du côté du bien. Qui sait, elle pourrait même servir notre cause si on la force. 


    Tropy hocha la tête en signe d'approbation et ferma les yeux, ne remarquant pas le regard comploteur que le masque de sorcier échangea avec Neo Cortex.

     

- Si vous voulez mon avis, elle préféra crever, dit la seule fille d'un ton cynique. 

- Alors nous devons trouver un moyen, à l'aide d'un chantage par exemple, répliqua N. Gin.

- On ne peut pas éliminer la sœur, elle est déjà morte, répondit Nina. 

- C'est vrai, mais le système du chantage affectif reste une bonne initiative, continua Neo. 

- Pourquoi ne pas capturer un de ses marsupiaux ? Elle s'est liée d'amitié avec eux, proposa Tropy. 

- On s'en prendra à Coco, c'est la plus faible et la plus facile à capturer, conclut Uka Uka. 

- Cette idée me plait bien, dit la fille Cortex avec un grand sourire. 

- À moi aussi, ajouta N. Gin. 


     Les deux se regardèrent et éclatèrent de rire. Ils étaient sur la même longueur d'onde. 


- Il faut que le mariage ait lieu au plus vite, annonça le masque de sorcier sans appel. 

- Je suis d'accord, le mieux serait demain, répondit Tropy. 

- On est parti pour une nuit blanche, poursuivit Neo. 

- Tant mieux, je n'étais pas fatigué, rétorqua N. Gin, avec un rire inutile. 

- Parce qu'en plus c'est nous qui devons tout préparer ! s'insurgea Nina. 

- C'est une petite cérémonie. Quelques chaises et c'est bon, répondit son oncle. 

- Bien, de mon côté, je vais voir ma promise, histoire de lui annoncer la bonne nouvelle. 

- Parce qu'en plus tu ne nous aides pas ? 

- Après-demain c'est moi qui détruirai Asaki et les Bandicoots pendant que tu te tourneras les pouces, alors un peu de respect, persifla Tropy en sortant de la pièce, laissant Nina folle de rage. 


     N. Gin lui tapota doucement la main en signe de compassion. Elle le regarda en haussant un sourcil puis se leva en soupirant bruyamment pour regagner sa chambre. Les autres discutèrent de ce qu'ils devaient mettre en place, puis le bras droit de Cortex partit chercher Nina pour commencer le travail. 


***



     Nefria était tranquillement installée sur le lit, puisqu'elle n'avait rien à faire, lorsqu'elle entendit la clé déverrouiller la porte de sa prison dorée. Elle releva les paupières seulement quand Tropy lui demanda comment se portait sa fiancée. Elle les referma aussitôt pour l'ignorer. 


- J'ai une excellente nouvelle pour nous, commença-t-il. 

- Depuis quand formons-nous un tandem ? lança-t-elle d'un ton acide. 

- Demain, nous serons mariés. 


     Elle ouvrit brusquement ses yeux pour les poser sur son promis. Elle scruta son visage en espérant vainement voir qu'il plaisantait, mais ce ne fut pas le cas. Elle referma ses yeux en murmurant un « si vite ». 


- Il me tarde que tu sois mienne. 


Nouvelle phrase à double sens et nouvelle indifférence du côté de la jeune fille qui avait fini par s'habituer à ce genre de répliques. Ne dit-on pas que l'ignorance est le meilleur des mépris ? Nefria en faisait l'expérience et Tropy les frais. Bien que ce soit pour l'ex Maîtresse du Temps qu'il en coûta le plus. Qu'est-ce qu'elle aurait bien aimé cracher son venin à sa figure ! Mais les représailles risqueraient de lui laisser des marques. Son esprit souffrait suffisamment, inutile de rajouter des douleurs physiques. 


- Etant donné nos fiançailles, tu ne verras pas d'objection à ce qu'on dorme ensemble. 

- Pardon ? s'exclama la brune en se redressant brusquement. Il en est hors de question ! 

- C'était pour la forme, il est évident que tu n'as pas ton mot à dire. 


     Elle soupira et se prépara psychologiquement. Soudain, Tropy se changea sans scrupule devant elle. Elle détourna la tête et ferma les yeux, ses joues se colorant doucement de rouge. Une fois qu'il eut fini de troquer son armure contre des vêtements de nuit tout à fait conventionnels, il s'approcha d'elle et lui prit le menton. Elle ouvrit les yeux et les plongea dans ceux de son interlocuteur. 


- Je me demande si c'est de l'innocence ou de la pudeur. 

- Je vais me changer, dit-elle d'un ton sans appel. 


     Ainsi Nefria prit ses vêtements de nuit, soigneusement pliés sur une chaise et se dirigea vers un paravent. Elle ignora la remarque de Tropy qui lui disait de se changer devant lui. 

Manquait plus que ça. Même si demain elle ne lui échapperait pas, elle préférait retarder l'échéance. Traître réflexe humain. Elle revint vêtue d'un pantacourt et d'un haut dont les manches s'arrêtaient aux coudes. Le tout était coloré d'un vert feuille qui mettait ses yeux en valeur. 


- Je m'attendais à voir une de ses vieilles chemises de nuit des anciens temps. 

- Pourquoi ? 

- Tu portes souvent des vêtements d'époque ancienne. Viens ici. 


     Elle s'approcha et s'assit sur le lit tandis que lui adoptait une posture plus confortable. Puis il lui dit de venir plus près. Elle le regarda tantôt lui dans son ensemble, tantôt la place entre ses jambes qu'il lui avait faite en répondant un « non » catégorique. Il plissa ses yeux et lui ordonna une seconde fois. Elle réitéra sa réponse, quoique plus tremblante, mais à son plus grand étonnement, le Maître du Temps haussa les épaules. Pour se donner une contenance, elle attrapa un de ses oreillers et le serra contre elle en s'asseyant en tailleur, ce que Tropy interpréta comme une posture à la fois défensive et pudique. La jeune fille mettait un obstacle entre leurs deux corps, une seconde protection en plus de la distance entre eux. Sa promise avait beau jouer les rebelles, il n'avait qu'un geste à faire pour briser son courage. Demain cet esprit farouche le supplierait d'arrêter…


Au plus grand étonnement de Nefria, ils eurent une conversation presque banale. Ils parlèrent - enfin plus lui - de leur expérience en tant que Maître du Temps. Elle finit même par se détendre, allant presque jusqu'à oublier que le lendemain il la violerait sans scrupule. À l'idée des noces, elle lui posa la question qui lui brûlait tant les lèvres depuis le début : 


- Pourquoi êtes-vous si pressé qu'on se marie ? La conquête du monde n'était-elle pas plus importante ? 

- Bien plus que toi, mais elle risque d'être un peu longue. Tu seras mon temps de distraction quand j'en aurais besoin si tu vois ce que je veux dire. 

- A part prendre ma virginité, me violer et m'engrosser, il n'y a pas une autre raison pour laquelle j'ai été choisie ?


     Il éclata de rire devant son sarcasme et elle ne dit mot. Ce type était un pervers fini - dans tous les sens du terme - et il était profondément méprisable. 


- Tu as d'autres qualités en dehors de ton patrimoine génétique et de ta joliesse, évidemment.

- Lesquelles ? 

- J'aime ta façon de parler. Cette manière courtoise que tu as de t'adresser à moi, même pour répondre à mes commentaires. 

- Il faut que je me mette à parler comme Crash, histoire de vous dégoûter. 

- Il est évident que je t'interdis de le faire. Tu vaux mieux que ce marsupial crépu. 

- Diantre, me voilà condamnée à ne pas changer de langage. 


     Il s'esclaffa de nouveau et elle roula des yeux, exaspérée.


- On pourrait dire que toi et moi sommes comme un frère et une sœur. Nous avons baigné dans le même monde, et nous avons nombre de points communs de par nos statuts et l'éducation en partie semblable que nous avons reçue. Nous sommes également très différents. Tu es le bien et je suis le mal, nos idéologies sont en tout point différentes. 

- Des âmes compatibles. Fantastique, vous m'avez prise pour une question d'équilibre. C'est rassurant de savoir qu'il n'y a pas que la luxure qui parle chez vous, car j'ai cru défaillir lorsque vous avez commencé avec votre philosophie incestueuse. 

- Allons, tu te dénigres à ce point ? Si j'étais ce que tu prétends dire, il y a nombre de femmes plus belles que toi. Tu es spéciale, ne l'oublie pas. 

- Vu comment les choses se déroulent, j'aurais voulu être quelconque. 

- Tu te feras à cette vie. Elle n'est pas aussi horrible que tu le penses. 

- Êtes-vous en train de me dire que vous seriez gentil avec moi ? 

- Si tu te tiens tranquille, oui. Dommage que tu sois si étroite d'esprit pour croire que je ne suis qu'un bourreau. Mais je peux le comprendre, tu es jeune. 

- Et si je ne reste pas sage ? 

- À toi de choisir. 

- Vous vous lasserez de moi, affirma-t-elle. 

- C'est probable. C'est pour cela que j'espère que tu ne te soumettras pas tout de suite, histoire que la monotonie ne s'installe pas dans l'immédiat. 


Merveilleux. Ce type aimait les sarcasmes et l'humour noir, il avait des propos aussi indécents qu'incestueux, et pour arranger le tout, il était sadique. C'était le cas de le dire, elle était tombée sur le gros lot. Ciel que ce type était répugnant ! 


- Il est temps de dormir. Demain risque d'être une journée importante. 

- Puis-je vous demander une faveur ? 

- Je t'écoute. 

- Pouvez-vous m'accorder une dernière nuit de solitude ? 

- Pourquoi ne pas te résigner tout de suite ? Ce soir ou demain, quelle importance cela fait-il ? 


     Elle inspira profondément pour gagner en courage et jeta son oreiller à l'autre bout du lit avant de se mettre en califourchon sur Tropy. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, le Maître du Temps écarquilla les yeux de stupeur. Consciente qu'elle venait de marquer un point, elle sourit naturellement avant d'entamer d'un ton mielleux : 


- Car j'ai besoin de temps pour me résigner, il me faut me préparer à ma future vie, non ? Et qu'est-ce qu'une nuit de solitude contre l'éternité que nous passerons ensemble ? Sans compter que ce lit n'est pas fait pour un couple, ce serait dommage que notre première nuit soit inconfortable, non ? 


     Il éclata de rire et Nefria perdit de son assurance en se demandant si elle avait remporté la bataille. Soudain, d'un coup de rein, le Maître du Temps inversa les positions et s'empressa d'attraper les poignets de la jeune fille pour l'immobiliser. Elle cessa de respirer quand il passa sa main sous son sweat-shirt pour lui caresser le ventre et sentit la panique l'envahir. Avant même qu'elle ne songe à se débattre, il dégagea sa main pour lui caresser presque tendrement la joue. 


- Je ne me lasserai pas de toi, Nefria, surtout si tu te montres aussi imprévisible. Et puis… J'aime beaucoup trop te faire peur. 


     Le regard émeraude de la jeune fille s'embrasa de colère, mais avant qu'elle puisse répliquer, il l'embrassa avec volupté. La seconde suivante, il se téléporta, et Nefria resta de longuues minutes hébétée. Finalement, c'était elle qui avait perdu la manche… Et cela était ainsi d’aussi loin que ses souvenirs remontaient… 

Mais plus jamais elle ne recommencerait à prendre de pareilles initiatives. C’était tenter le diable.


***


Spyro faisait les cents pas sous les regards de Cynder, sa compagne et Sparx, son meilleur ami. Il marmonnait qu’il ne l’entendait plus, que ce n’était pas normal et que Nefria devait être en danger.


  • Attends, c’est du délire, fit Sparx. Tu entends du bruit à longueur de temps et ça prouve que c’est ton lien avec Nefria ?
  • C’est pas un bruit, c’est un son… comme un acouphène.
  • De mieux en mieux…
  • Non, je veux dire, c’est pas désagréable, ça a même quelque chose de réconfortant, de rassurant. C’est un son qui est apparu le jour où j’ai rencontré Nefria. Ça ne s’est jamais arrêté. Elle aussi l’entend. Quand elle était en danger, vous vous souvenez quand Astheran, le bras droit de Tropy, a tout incendié…
  • Difficile d’oublier cet épisode, murmura Cynder qui avait failli perdre la vie ce jour-là.
  • Ben ce jour-là, le son, je ne sais pas comment le décrire, était devenu désagréable. Comme un mal de tête.
  • Je ne sais pas si tu te rends compte de ce que tu dis, mon pote. Il y a quelques jours, tu as perdu connaissance, tu avais mal à un endroit bien précis au ventre. Tu délirais avec la fièvre en appelant Nefria. Et là maintenant, tu nous fais une crise d’angoisse parce que tu n’entends plus un bruit.
  • Oui… le son s’est arrêté d’un coup… comme si… comme si le Tehiho n’existait plus.


Spyro regardait dans le vide, ses yeux violets trahissaient une angoisse indicible. Cynder et Sparx échangèrent un regard à la fois perdu et perplexe. Le Tehiho les avait toujours pris de cours. Comme il était rare, il n’y avait pas de mode d’emploi, de guide et souvent il les surprenait.


Cynder et Sparx virent arriver Ignitus, leur mentor et Ilhan le conseiller de Nefria qui portait les stigmates d’une bataille. Spyro leva la tête vers eux, en attente de réponses à ses souffrances.


  • Le Temple du Temps a été pris par Nefarious Tropy. Mateï et Naim ne s’en sont pas sortis… annonça Ilhan.
  • Et Nefria ? demanda le dragon violet d’une voix rendue aiguë par l’anxiété.
  • Aux dernières nouvelles, elle a été blessée il y a quelques jours et elle s’est rendue dans l’Archipel sur Terre pour se soigner.
  • Pourquoi n’est-elle pas venue ici ? demanda Spyro, qui se sentait trahi.
  • Parce que c’est le premier endroit où on penserait la trouver, dit Ignitus. D’ailleurs, Asthéran est venu pendant que tu étais au plus mal, Spyro.
  • Ainsi, quand l’un de vous deux est blessé, l’autre est mal en point aussi, en conclut Cynder.
  • Et maintenant, où est-elle ? s’enquit le dragon violet.
  • Je l’ignore, j’ai fui le Temple, dit Ilhan.
  • Les portails sont verrouillés, impossible d’accéder à la planète des maîtres du temps, informa Ignitus.
  • Comment faire pour venir en aide à Nefria ?


Ils baissèrent la tête. La réponse était évidente : Nefria était seule dans ses tourments. Mais comment le dire à son Tehiho Dragonia ?


***


    Nefria ne dormit pas beaucoup cette nuit-là. Elle s'endormit seulement au petit matin d'un sommeil agité, et fut réveillée sans aucune douceur quelques heures plus tard. Quand elle daigna ouvrir ses yeux gonflés de fatigue, elle vit une immense tête. Sans aucune difficulté, elle reconnut le Docteur Neo Cortex, le créateur des Bandicoots, si sa mémoire était bonne.


- Ton petit-déjeuner, feignante. 


     L'ex-Maîtresse du Temps eut juste le temps de se redresser quand un plateau atterrit brutalement sur ses genoux, renversant au passage ce qui semblait être du café. Pendant que le scientifique ouvrit les rideaux qui masquaient les rayons de soleil, Nefria remarqua le couteau sur le plateau. 


« Une imprudence ? On me donnait toujours un couteau en plastique depuis ma captivité… Je pourrais toujours l'utiliser comme arme, réfléchit-elle dans sa tête en le prenant. » 

- Il est très aiguisé, l'informa Cortex. Parfait pour s'entailler les veines. 

« Il veut que je me suicide ?! s'étrangla la jeune fille. » 

- C'est un sort plus enviable que celui qui t'attend. À moins que je ne me sois trompé et que tu es bien une catin qui jouit d'avance du plaisir de se faire engrosser par son pire ennemi ! 


     Neo Cortex étira un sourire plein de sadisme quand son interlocutrice rougit de colère et de pudeur mêlées. Satisfait, il prit la direction de la sortie avant de s'immobiliser devant la porte. 


- Je te laisse. Tâche d'avoir fini bien avant…

- Attendez ! Pourquoi faites-vous ça ? 


     Cortex suspendit son geste d'appuyer sur la clenche et resta inerte durant des secondes qui parurent interminables, alourdissant l'atmosphère. Finalement, le scientifique répondit d'une voix méditative, lointaine : 


- Tu me fais pitié. Tu ne mérites pas cette vie, aucune femme ne la mérite.

- Vous pensez à Nina ? 


     Il ne répondit pas et sortit sans autre forme de procès, laissant la jeune fille désemparée. Dans le couloir, Neo Cortex se retint d'exprimer la moindre émotion, alors qu'un rire effroyable chatouillait le fond de sa gorge. Cette fille était d'une naïveté hilarante. Qu'elle croit qu'il voit l'avenir de Nina à travers le sien était si… pathétique, minable, et encore les mots restaient faibles. Sa nièce était bien au-dessus d’elle.


     Quoi qu'il en soit, il voulait juste qu'elle se suicide, ainsi, la volonté d'Uka Uka serait exaucée. Il aurait ensuite à remplacer le couteau par une dague pour ne pas être accusé et le tour était joué. Nefria ne serait plus une nuisance pour leur projet. 


***



Coco s'entraînait sans enthousiasme. Asaki avait bel et bien un plan mais avant d'en parler, il avait demandé s'il pouvait se reposer. Si elle était impatiente de vouloir sauter les étapes, elle n'avait cependant rien dit, laissant ses deux frères protester à sa place. Aku Aku avait d'emblé calmé le jeu en leur expliquant qu'Asaki avait combattu, avait été tué et que par conséquent, son corps et même son esprit étaient très affaiblis. À cette explication, personne n'avait plus rien ajouté, laissant le dirigeant du Temple dormir à sa guise. Et cela faisait bientôt une journée entière qu'il dormait, Aku Aku veillant à ses côtés. Elle leur faisait confiance, sachant que les deux guides prenaient tous les deux la bonne décision.

     

Ayant perdu totalement la motivation de poursuivre ses exercices, elle entra dans le hangar, histoire de se reposer elle aussi, et pour ne pas déranger Asaki qui était dans leur maisonnette. Avant de partir, elle jeta un œil au congélateur où était entreposé le corps de Mayu afin d'éviter qu'il ne commence à se décomposer. Elle soupira de tristesse et décida de partir à la recherche d'un de ses frères, toute envie de sommeil l'ayant abandonnée. Elle ne trouva pas Crunch dans sa recherche, sûrement en train de se balader, mais trouva l'aîné au bord du point d'eau. Il regardait fixement la cascade avec un air mélancolique que la marsupiale n'aimait pas. Elle s'approcha de lui, s'assit et posa sa main sur son bras. Il sortit de ses pensées en tournant la tête vers elle pour la regarder. 


- Tu es triste ? 

Il hocha la tête. 

- Parle-moi un peu de Mayu, comment l'as-tu rencontré ? 

- Jiboue zasoubo vippore ni quote, dit-il en se retournant pour regarder la cascade. (J'ai pas envie d'en parler maintenant). 

- Frangin, j'ai mal de te voir comme ça. Je… j'aimerai tellement prendre ta souffrance pour te voir de nouveau sourire.


     Il tourna de nouveau la tête vers elle et se releva, sa soeur suivant le mouvement, avant de l'enlacer. Elle se laissa faire et entoura sa taille de ses bras. Bientôt, elle sentit des larmes salées mouiller son tee-shirt et elle se mordit la lèvre inférieure pour ne pas craquer aussi. Chose vaine, elle pleura silencieusement pour ne pas infliger plus de peine à son aîné. 


***



    Devant sa fenêtre, Nefria regardait le couteau qui luisait sous les rayons du soleil. En se tuant, anéantirait-elle réellement les plans de Nefarious Tropy ? Une partie seulement… Il aurait toujours le Temple du Temps et quand il découvrirait qu'il ne possède pas le vrai artefact qui est le sien, il s'en prendra aux Bandicoots, aux survivants prisonniers de sa faction… Sans compter qu'il pourrait toujours lui trouver une remplaçante pour forger sa descendance. L'image de sa sœur naquit dans sa tête, et elle comprit que le suicide serait une grave erreur. Ayant le même patrimoine génétique, il lui suffirait d'attendre que Mayu grandisse pour lui infliger le même sort. La vision d'horreur qui s'imposa à elle fut si violente qu'une nausée psychologique s'empara de ses entrailles. Finalement, elle resterait sur sa première initiative. 


     Elle s'empressa de décaler sa table de nuit avant de s'entailler la main. Elle l'apposa sur le mur, puis un sceau s'illumina. Une sorte de petite porte noire se matérialisa et elle l'ouvrit. Elle attrapa plusieurs flacons et un chiffon. Après en avoir ouvert un qu'elle vida sur le bout de tissu, elle enduit le couteau du liquide transparent. Elle prit une autre fiole et vida son contenu sur le lit et sur le sol. Des tâches rougeâtres nappèrent le tissu, mais la jeune fille ne s'attarda pas à les contempler, car elle forma, à l'aide d'oreillers et de vêtements des bosses, sous les couvertures. Enfin, elle rassembla le reste des flacons dans une pochette prévue à cet effet qu'elle accrocha autour de sa taille avant de se poster derrière la porte de sa chambre. 


     Comme prévu, cette dernière s'ouvrit quand le temps imparti fut écoulé. Cortex entra et abandonna toute vigilance quand il vit une bosse sous les draps du lit et ce qui ressemblait à du sang sur ces derniers. Nefria se glissa derrière lui et abattit la tranche de sa main sur la nuque du scientifique. Il tomba à moitié sur le lit, évitant d'ameuter les deux brutes qui gardaient sa chambre de l’autre côté de la porte refermée par Cortex avec un bruit sourd. 


    L'ex-Maîtresse du Temps sortit une fiole de sa pochette et s'avança vers la porte. Elle inspira une bonne goulée d'air et ouvrit la porte avant de jeter la fiole au sol. Un nuage opaque emplit le couloir et Nefria retint sa respiration, ouvrant grand ses oreilles pour débusquer la position de ses geôliers. Loin d'être le plus intelligent, Tiny interpella Dingodile et Nefria planta son couteau sur la forme orangée qu'elle distinguait en s'avançant vers la grosse voix du tigre. Ce dernier poussa un grognement qui s'étrangla avant de finir sur le sol. 


     La jeune fille sentit l'assurance couler à flot dans ses veines quand deux bras l'enlacèrent avec une force telle qu'elle commença à suffoquer. 


- C'est pas parce que j'y vois que dalle que j'peux pas te flairer, femelle.  


     Nefria se tortilla non pas pour s'échapper, car elle savait qu'elle ne le pourrait pas, mais pour attraper une de ses fioles dans la pochette. Un frisson d'horreur lui parcourut le corps quand la langue râpeuse de Dingodile lui lécha l'épaule. 


- Tu es si délicieuse… Tant pis, je dirais à Tropy que je n'ai pas eu d'autres choix que de te bouffer.

- Je t'en supplie, tue-moi avant ! supplia la jeune fille alors qu'il allait planter ses dents dans sa chair.

- Avec plaisir, fit-il en desserrant l'étreinte pour porter une de ses griffes sous sa jugulaire. 


     Profitant d'une plus grande mobilité, l'ex-Maîtresse du temps se décala légèrement pour répandre le contenu de son flacon sur le ventre du crocodile-dingo qui hurla de douleur, sa chair se calcinant au contact du fluide versé. Nefria ignora les quelques gouttes d'acides que sa main avait reçu et profita de la surprise du carnivore pour lui infliger le même traitement qu'à Cortex. 


     La demoiselle détala alors dans le couloir à la recherche de la salle des portails. De là, elle prendrait celui qui la mènerait au sanctuaire des Gardiens de l'Équilibre. Quand bien même, ils ne voudraient pas l'aider, à juste titre puisqu'ils étaient neutres dans le conflit, ils pourraient l'envoyer ailleurs, comme chez les Bandicoots. Peut-être qu’Aku Aku pourrait débrider ses pouvoirs, ensuite, elle ramènerait Asaki à la vie.  


     Le cœur de Nefria bondit de joie quand elle aperçut au bout du énième couloir la salle des portails. Son organe rata un battement quand la grille au-dessus de l'ouverture descendit. Le désespoir de la jeune fille atteint son paroxysme quand Tropy apparut au centre de la grille fermée. Elle s'arrêta net et voulut faire demi-tour pour fuir son bourreau, mais ce dernier fut plus rapide qu'elle et l'emporta avec lui par téléportation. 


***



     Asaki ouvrit ses paupières et se redressa du sol où il avait dormi. Aku Aku s'avança vers lui et lui demanda s'il allait mieux. 


- Il me faudrait plus de temps pour retrouver toute ma force, mais malheureusement nous ne l’avons pas. 

- Nefria ? 

- Oui, mon cher ami. Tropy veut l'épouser. 

- Vraiment ?! s'exclama le masque de sorcier qui ne s'attendait pas du tout à cette révélation. 

- Cela vous paraît absurde ? Mais si ma protégée venait à être mariée avec lui, je ne pourrais rien faire pour elle. Le Temple ne peut renier une union, et Nefria serait condamnée à avoir des devoirs envers Nefarious. 

- Je vois. Pardonnez mon indiscrétion, mais pourquoi Nefria compte tellement à vos yeux ? Je veux dire, vous êtes un être intermédiaire, qui est neutre en ce qui concerne le conflit entre le bien et le mal, pourquoi préférez-vous cette enfant ? 

- Elle est différente des autres Maîtres du Temps. 

- En quoi ? 

- Je l’ai élevée comme si c’était ma propre fille.

- Je comprends mieux. 

- Je n’ai jamais douté de votre compréhension, Aku Aku. Je vous connais bien…

- Qu’entendez-vous par là ?

- C’est une très longue histoire, et malheureusement, il n’appartient pas qu’à moi de vous la conter. Comme le destin de Nefria, car si je le faisais mes dires pourraient grandement bouleverser les choses. 


     Le regard du Maître du Temps se porta sur les photos des Bandicoots au-dessus de la cheminée et Aku Aku comprit que ses protégés étaient liés au destin de Nefria. Le vieil homme se leva et disant : 


- Hé bien, je n'ai plus toute ma jeunesse et dormir à même le sol fait revenir mes rhumatismes. Peut-être devrais-je songer à prendre ma retraite ? 

- Je suis certain qu'il vous reste de longues années à diriger le Temple. 

- Assurément, j'aime bien trop mon rôle pour le délaisser, mais le temps viendra où je n'aurais plus le choix. 

- Je pense que vous avez encore du temps devant vous. 

- Je le pense également. Allons voir vos protégés mon ami, je les ai suffisamment fait attendre pour abuser davantage de leur patience. 


     Aku Aku hocha la tête et ils sortirent ensemble. Crunch, qui était en train de couper du bois pour la cheminée, siffla afin d'appeler ses compagnons. Ces derniers se mirent à courir pour arriver en quelques secondes à peine devant les deux êtres immortels. Aku Aku leur fit une très légère remontrance indiquant qu'ils ne devaient pas se presser. Crash répliqua qu'au contraire l'avenir de Nefria en dépendait. Un sourire énigmatique prit alors forme sur les lèvres du dirigeant du Temple que seuls Coco et Aku Aku semblaient avoir remarqué. Si la jeune Bandicoot ne comprit pas, Aku Aku avait une petite idée… 


***



     Nefria ne savait pas ce qu'elle devait maudire : son manque de rapidité ou les pouvoirs de son ennemi ? Il pouvait téléporter autrui sans besoin de le toucher, simplement en ayant un contact visuel. Elle avait été juste dans son champ de vision et cela avait suffi. 


     Réfléchir permettait à la brune d'éviter de songer à son devenir. Se retrouver dans la salle des tortures, de nos jours inutilisée, n'augurait rien de bon, mais que voulait signifier l'absence de son tortionnaire ? Était-ce pour l'inquiéter, la laisser s'angoisser dans cet endroit sinistre, annonciateur d'un avenir obscur ? Sûrement, Tropy ne lui avait jamais caché son esprit sadique après tout. 


     Une douleur vrilla entre ses omoplates, faisant taire sa réflexion intérieure, accompagné d'un claquement sourd. Nefria lâcha un gémissement et se retourna pour voir le Maître du Temps, tenant un fouet dans ses mains.


- Je t'ai peut-être sous-estimée : tu n'es pas si faible que ça. Malheureusement, si ton esprit combatif m'amuse beaucoup, tu es beaucoup trop désobéissante. Je vais donc t'apprendre la docilité que tu dois à ton futur époux, ma belle, l'informa-t-il avec un sourire carnassier. 


     Il la tortura sans relâche. Si la victime, par souci de dignité, retint ses cris dans un premier temps, elle ne put s'empêcher d'exprimer sa douleur quand le fouet lacéra de plus en plus sa pauvre chair. Elle en vint même à supplier son bourreau, mais il n'en fit rien, et dans les couloirs résonnaient les hurlements de la jeune fille que personne d'autre n'entendit…


Prochainement…


“Le temps d’en apprendre plus sur son monde et je pars à sa rencontre ! J’ai hâte de vous rencontrer, grand Aku Aku !” (Nefria - Maîtresses du Temps des Lumières)


A suivre dans Crash Bandicoot et les Maîtres du Temps : Interchapitre 7.5 : Un nouvel allié


Correction effectuée par Baka Bulle et Elendil,

Anciennement Neo_White et Radar.



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