Copains et puis c'est tout
Yumi referma violemment la porte de sa chambre avant de s'asseoir sur son lit, le moral à plat. C'était un mélange de colère, de déception et de tristesse qui se manifestait en elle. Son cœur se resserra dans sa poitrine alors que les paroles d'Ulrich se répétaient en boucle dans sa tête. Des paroles qui avait été les siennes quelques mois plus tôt et qu'elle regrettait amèrement.
— Qu'est-ce que je peux être stupide...
Était-ce réellement l'évidence à laquelle elle devait se rendre ? Ulrich n'éprouvait donc rien pour elle, elle s'était donné trop d'espoir inutilement.
Yumi libéra un long soupir. Son regard se vidait de toutes émotions alors que des milliers de questions faisaient ravage dans sa tête.
Une sonnerie l'émergea de son moment de mélancolie. La jeune asiatique poussa un râle, dépitée.
— Si c'est Ulrich, il peut toujours rêver pour que je lui réponde !
Elle se disait en colère contre le jeune homme en question mais il était la première personne qui lui traversait l'esprit.
Par « chance », ce fut le nom d'Aelita qui s'afficha sur l'écran et non celui d'Ulrich. Yumi décrocha donc, espérant pouvoir se changer les idées en discutant avec sa meilleure amie.
— Hey, coucou Aelita !
— Coucou. Bah alors ? Tu nous quittes comme ça sans prévenir ?
Au ton à la fois taquineur et calme de sa petite sœur, un sourire se suscita au coin de ses lèvres.
En effet, après les cours, elle avait préféré rentrer directement chez elle pour éviter d'avoir à croiser Ulrich, ce qui n'était visiblement pas passé inaperçu aux yeux de ses amis.
— Oui, désolée. C'est que j'étais vraiment crevée aujourd'hui...
— C'est tous les jours que t'es crevée comme ça ?
— Je crois bien que oui, rit la japonaise.
Mais Aelita la connaissait assez pour percevoir le mensonge qui se dissimulait derrière cette excuse.
— Ulrich aussi devait être crevé aujourd'hui, alors.
Yumi ne comprit pas pourquoi il était soudainement question de celui-ci, ce qui lui arracha une grimace. C'était bien la dernière personne dont elle voulait parler.
— Quoi, « Ulrich » ?
— Vous étiez ensemble après les cours, non ? Il n'était pas avec nous en tous cas, répondit calmement son amie. Donc on s'est dit avec Jérémy et Odd que vous deviez sûrement être ensemble.
Yumi soupira en fronçant légèrement les sourcils.
— Faut toujours qu'il cherche à se faire remarquer, grommela-t-elle.
— Yu', c'est quoi le problème avec Ulrich au juste ? T'es sûre que ça va ?
Perdue dans ses pensées, elle déglutit tout en abaissant son regard dans le vide.
— Aelita, je vais b...
— Tu n'as pas besoin de toujours jouer les filles fortes, tu sais, l'interrompit son amie aux cheveux roses. Je le sens que tu vas mal, alors dis-moi ce qu'il y a. Qu'est-ce qui s'est passé avec Ulrich ? Vous vous êtes disputés ?
Aelita avait sans doute raison : elle ne pouvait pas toujours tout garder pour elle. De plus, elle n'avait rien à lui cacher car elle avait toujours été sa seule et véritable amie, elles se disaient tout.
— Il ne s'est justement rien passé, Aelita. Moi aussi j'aurais aimé qu'il se passe quelque chose, mais ça n'a pas été le cas. Ulrich m'a retourné ce que je lui ai dit, que nous sommes copains et puis c'est tout. Au moins maintenant... je sais qu'il est d'accord avec moi et comme ça les choses sont parfaitement claires.
— Mais, Yumi...
— Oui Aelita, je sais déjà ce que tu vas me dire ! Mais je ne vais pas rester là à attendre quelque chose qui ne va jamais arriver, tu comprends ? Je ne devrais plus rien attendre d'Ulrich et vice-versa. J'ai été trop bête d'imaginer un seul instant qu'on pourrait finir ensemble. Je dois tourner la page et revenir un peu à la réalité.
Sa voix s'éteignit brusquement. Aelita n'insista pas : essayer de faire changer son amie d'avis était perdu d'avance. Quand elle se mettait une idée en tête, impossible de l'en dissuader. Et Yumi lui semblait bel et bien décidée à essayer d'oublier Ulrich.
— Je comprends ta décision, Yu', lui fit-elle part, même si je pense que tu devrais prendre le temps d'y réfléchir un peu plus. En tous cas, je suis là si t'as besoin de parler.
— J'y ai déjà trop réfléchi, Aelita. Et merci, t'es la meilleure, répondit la japonaise, retrouvant le sourire.
Elles mirent fin à leur discussion quelques secondes plus tard après s'être souhaitées une bonne nuit.
Yumi repassa la discussion dans sa tête, reconnaissant que ses paroles ne comportaient aucune part de sincérité et qu'elle ne pouvait tout simplement pas oublier Ulrich.
— Qu'est-ce que je disais ? Je suis vraiment trop bête !
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Ulrich, de son côté, était tout aussi triste et perdu que Yumi, mais s'était convaincu qu'il avait bien fait. Dans le fond, il l'avait fait pour préserver leur amitié, et non pour la blesser.
Bien sûr qu'il était toujours aussi amoureux d'elle, qu'il continuerait de penser à elle jours et nuits, que sa présence ne le laisserait pas indifférent, mais il devait se faire une raison : à quoi bon continuer d'aimer une personne qui ne partageait pas ses sentiments ?
Prochain chapitre : « Willumi »