Copains Et Puis C'est Tout ?

Chapitre 3 : Sentiments inavouables

1405 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a presque 5 ans

SENTIMENTS INAVOUABLES



Un long silence s'interposa entre les deux adolescents.

Ulrich se mit à scruter amoureusement la jeune fille. Son visage était si près du sien, séparés de seulement quelques millimètres, et leurs lèvres si proches l'une de l'autre qu'il en eut des frissons. Était-ce le bon moment pour se lancer ? Yumi prenait quant à elle plaisir au contact de sa main dans celle d'Ulrich et aurait aimé que ce moment ne s'arrête jamais.


— Je t'écoute, Ulrich, lui dit-elle d'une voix douce.


Le concerné en avait même oublié ce qu'il lui avait dit dernièrement, insistant sur le fait qu'il avait quelque chose à lui dire. Revenant à la réalité, il bégaya des mots incompréhensibles qui firent sourire Yumi.


— Tu n'es pas obligé de me dire ça maintenant si tu ne te sens pas prêt, tu sais, prends ton temps.


Mais il avait déjà pris trop de temps.

Elle se releva ensuite doucement, l'atmosphère commençant à paraître gênante, et tendit la main au jeune brun pour l'aider à faire de même. Ulrich soupira discrètement, déçu de ne pas avoir trouvé le courage de tout lui avouer. Pourtant l'occasion s'était présentée à lui à bras ouverts. Un nouveau silence s'installa entre eux, il sembla durer une éternité.


— Au fait, qu'est-ce que tu fais ici ? demanda finalement le jeune homme.

— Bah, je..., bafouilla Yumi, je suis juste venue m'assurer que tu allais bien...


Après ces paroles, elle tourna le dos au beau brun pour lui cacher ses joues rouges.


— J'y vais avant que quelqu'un me voie ici, et puis les cours vont pas tarder à commencer, déclara-t-elle.


Elle fit quelques pas pour partir puis s'arrêta soudainement comme si elle voulait ajouter quelque chose. Mais rien ne se passa et elle poursuivit son chemin, abandonnant derrière elle un Ulrich perdu.


••


Arriva l'heure de se rendre en cours. Jérémy, Aelita et Odd allèrent se ranger devant leur salle avec le reste de leur classe. À cet instant, une autre fille de leur classe s'approcha d'eux.

Ses longs et raides cheveux noirs retombaient en cascade derrière son dos, elle portait un haut rose pâle qui découvrait légèrement son ventre et un jean, et était accompagnée de deux garçons aux airs stupides, l'un paraissant tout de même plus intelligent que l'autre : Élisabeth Delmas, plus connue sous le nom de « Sissi » et comme étant la fille du proviseur.

Loin d'être un exemple pour son père et la personne la plus appréciée de Kadic, il lui arrivait de temps en temps de mener la vie dure aux anciens Lyoko-Guerriers. Et si ce n'était pas pour se rapprocher d'Ulrich envers qui elle éprouvait une forte attirance, elle ne leur aurait sans doute jamais adressé la parole. En effet, Sissi était très amoureuse d'Ulrich et cela depuis la maternelle, mais le beau brun n'avait jamais – ou presque – montré le moindre intérêt pour elle. Elle refusait tout de même de renoncer à son amour et à l'espoir de conquérir un jour le cœur de ce dernier. Et bien entendu, elle détestait ses amis.


— Vous faites peine à voir ! lança-t-elle méchamment en se postant devant eux. Il était temps qu'Ulrich arrête de traîner avec vous ! Je comprendrai jamais comment il a pu rester aussi longtemps avec des ratés de votre genre !


Suite à ces propos moqueurs, elle ricana, bientôt imitée par ces deux « toutous », Hervé et Nicolas. Ils étaient ses uniques amis et visiblement les seuls à pouvoir la supporter, pourtant malmenés et rabaissés sans arrêt par la pimbêche.


— Évidemment, pour comprendre faut avoir un cerveau et je pense pas que ce soit ton cas ! Et pour info, il voulait juste éviter de voir ta sale tronche, ça lui file des boutons !


Comme à chaque fois qu'Odd la rembarrait, Sissi serra les poings et ragea.


— Parle toujours, ça me fait ni chaud ni froid !


Elle s'en alla, fière d'avoir eu le dernier mot et la tête haute en signe d'assurance. Nicolas et Hervé lui emboîtèrent le pas en continuant de ricaner bêtement.


— Elle aurait vraiment besoin de consulter celle-là ! pouffa Aelita en l'observant s'éloigner.

— Qu'est-ce que j'ai raté ?


Ils se retournèrent et constatèrent qu'il s'agissait seulement d'Ulrich.


— Juste Sissi qui avait besoin de se faire insulter pour bien commencer sa journée, lui dit Jérémy en replaçant ses lunettes sur son nez.

— Et nous, qu'est-ce qu'on a raté ?


Ulrich leva un sourcil et dévisagea celui qui venait de lui poser la question.


De quoi tu parles, Odd ?

Bah avec Yumi ! Il s'est passé quoi ?


Le beau brun vira rapidement au rouge et ressassa leur discussion de la veille. Odd devait sûrement penser qu'il avait enfin avoué ses sentiments à Yumi.


Ça, ce sont pas tes affaires ! se contenta-t-il de donner comme réponse.

Mais allez, sois pas gêné parce qu'Einstein et Aelita sont là ! Ils ont le droit de savoir aussi, ce sont nos amis, renchérit Odd en entourant son bras autour des épaules de son meilleur ami, souriant.

Odd, t'es lourd là ! s'écria Ulrich en retirant son bras.

Surtout me remercie pas de mettre un peu de piment dans ta vie !


Ulrich roula des yeux, exaspéré.

Leur professeur arriva et fit entrer les élèves dans la salle. Comme à leur habitude, Odd et Ulrich s'asseyèrent ensemble. Le cours débuta dans le silence. Tandis que certains écoutaient attentivement, d'autres en étaient déjà lassés et préféraient se coucher sur leurs tables.


Alors, avec Yumi ?

Odd, c'est pas le moment là !


Ulrich tentait de se concentrer sur le cours, bien qu'il n'y comprennait pas grand chose, mais les questions interminables et répétitives d'Odd ne l'aidaient pas.


De toute façon ce sera jamais le moment avec toi !


Pour seule réponse, le beau brun soupira, réfléchissant longuement aux paroles de son ami.

L'heure du déjeuner se présenta trois heures plus tard. La bande se rendit à la cantine, hormis Ulrich qui avait prétexté avoir quelque chose d'important à faire. Il ne donna pas plus d'informations à ses amis et une fois ceux-ci assez éloignés, il sortit son portable et entra dans sa messagerie.

De son côté, Yumi, qui comptait justement les rejoindre, ressentit un vibrement dans sa poche : un message d'Ulrich. Sans perdre une seconde, elle l'ouvrit :


{Je t'attends près de la cafèt, faut que je te parle.}


Un sourire se suspendit au coin de ses lèvres.


••


— Je suis là.


Ulrich, adossé contre le mur et dans ses pensées, posa ses yeux sur Yumi. Il fut un moment déstabilisé par la présence de celle-ci, comme si c'était la première fois qu'il la voyait.


— Ulrich, ça va ? s'enquit-elle.

— Euh, oui... oui, ça va, désolé.


La jeune fille lui sourit. Elle se rappela de leur conversation dans la chambre et s'était persuadée que c'était le moment tant attendu.


Alors, tu voulais me dire quelque chose ?

Oui...


Ulrich prit alors une grande inspiration intérieurement. Mais tout commençait à devenir flou dans sa tête et certains mots lui restèrent coincés dans la gorge.


En fait, Yumi, ce que j'essaye de te dire c'est que... bah, depuis quelques temps j'ai réfléchi et..., il marqua une pause.

Réfléchi à quoi ?


Ulrich ne sut quoi répondre. Pourtant si près du but, il se laissa soudainement décourager et fut emparé par la peur de perdre Yumi s'il venait à lui avouer le fond de ses sentiments. Si cette dernière ne ressentait pas la même chose que lui, elle allait probablement vouloir prendre ses distances et leur amitié s'en éteindrait peu à peu. Et la dernière chose qu'il désirait était de perdre celle qu'il aimait.

Il se sentit alors partagé, son cœur et son cerveau ne parvenaient pas à tomber d'accord.


À ce que tu m'as dit, reprit-il d'une voix neutre. Et finalement tu as raison...


Il déglutit et lui tourna le dos.


Nous deux, c'est copains et puis c'est tout.

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