Code Alpha 2.0: Rainy Days

Chapitre 5 : Chapitre 5: Confessions d'un être supérieur

4836 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/07/2019 10:53

Antoine


Il en existe peu des génies. De vrais génies, je veux dire. Voilà la manière dont je me définissais il y a de ça un an. Je n'avais pas encore compris que mon intellect allait encore plus loin, qu'il était supérieur non pas à la moyenne, mais à tous. Je me croyais simplement destiné à révolutionner le domaine de l'informatique... Oui, je devais admettre que je m'étais montré capable d'un manque d'ambition assez flagrant. En même temps, il fallait me comprendre : je n'avais jamais rencontré le moindre obstacle, la moindre petite épreuve contre laquelle confronter mon esprit hors du commun. Mon incroyable voyage à travers la science n'avait pas encore commencé. Mes idées spectaculaires n'avaient pas encore germé dans mon esprit. J'avais été un adolescent normal, tout simplement, me fondant dans la plèbe, tout en sachant au fond de moi que j'étais différent.


Tout commença à changer peu de temps après les événements qui faillirent me coûter la vie et durant lesquelles je découvrais le supercalculateur ainsi que l'existence de la lutte de mon père contre une intelligence artificielle nommée XANA. Après notre victoire sur cette dernière, tout redevint peu à peu à la normale. Plus aucun signes d'agitation quelconque. Même Alpha, après nous avoir conseillé de virtualiser les cadavres présents à l'usine sur Lyoko pour s'en débarrasser, devint de nouveau silencieux, gardant pour lui ses derniers secrets concernant mes parents, leurs travaux et leur morts.

Nous avions organisé des tours de garde avec les autres dans le cas où une tour s'activerait. Pour être franc, chaque fois que c'était mon tour, j'espérais secrètement que l'écran redevienne rouge. Mais il n'en fut jamais rien. C'était paisible. Je regardais en boucle les bribes du journal de Jérémie Belpois, cherchant désespérément un sens à ce que je pouvais voir. Mélissa, possédé par XANA, avait refusé de me donner la dernière pièce du puzzle. Trop de zone d'ombre demeurait dans toute cette histoire.


Ce n'était pas tout. Ambre, ma chère Ambre avec qui nous devions unir nos forces... Commença à m'éviter, sans me donner la moindre raison. Je dû l'appeler une bonne centaine de fois, personne ne retourna jamais mes appels. Et lorsque nous étions tous ensemble, elle restait coller à Jean, à lui rouler des pelles d'une manière tellement immonde que rapidement j'eus l'impression que ces deux là ne formait plus qu'une seule entité reliée par la bouche.


La mort dans l'âme mais déterminé à aller jusqu'au bout, je fis des recherches sur ce fameux William Dunbar qui était celui qui avait tenté de nous tuer et ce que je découvrais ne faisait qu'épaissir le mystère. Il n'était pas simplement directeur et unique propriétaire de l'ensemble scolaire Kadic, mais aussi le principal actionnaire de Massive Dynamic, une étrange compagnie beaucoup trop présente sur la scène internationale pour être honnête. Je tombais sur des discours qu'il avait pu prononcer un peu partout, même à l'ONU ! Il arrivait toujours avec les mains dans les poches et un petit sourire confiant, voir narquois. C'était donc lui l'homme qui avait assassiné mes parents. De ses propres mains. Mais pourquoi ? Impossible de comprendre ses raisons. Autre chose d'intrigant : il avait été scolarisé à Kadic en même temps que toute la petite bande de Lyoko-guerriers du début des années 2000.


Et puis « Mélissa » avait évoqué un certain « H » avant de devenir muette et de trépasser. Là-dessus, mes trouvailles étaient proche du néant. Je ne perdais pas espoir, mais tôt ou tard, je compris qu'il était trop tard. Que certaines choses resteraient à jamais brumeuses. Et que ces « tours de gardes » étaient inutile : l'aventure était bel et bien terminée. J'allais redevenir un simple gars normal, parmi tant d'autres. J'avais insisté pour être le dernier à rendre visite à l'usine, les autres avaient accepté en hochant les épaules : ils étaient tous déjà passé à autre chose.

C'est alors que l'écran de l'ordinateur changea de couleur, indiquant une attaque tant redoutée par certains et tant attendue par moi-même. Je pris aussitôt mon portable mais la fenêtre de conversation avec Alpha apparut aussitôt.


A: Antoine. Quelqu'un essaie de rentrer en contact avec toi par mon intermédiaire.

Avant que j'eus le temps de répondre, ce quelqu'un se manifesta.

H: Bonjour Antoine.

Je ne rêvais pas. La personne avec qui je parlais s'intitulait « H » ! C'était forcement lui ! Le véritable assassin de mes parents, celui qui tirait les ficelles dans l'ombre ! Pourquoi donc se manifestait-il ?

« Qui êtes-vous ? Dis-je à voix haute. Je savais qu'il pouvait m'entendre.

H: On me connaît sous le nom de Hannibal. Veux tu jouer à un jeu ? Juste toi et moi. Tu n'as pas besoin de tes amis pour l'instant.

- Et pourquoi j'accepterai ? demandai-je d'une voix fière, essayant de garder fière allure.

H: Je te propose un véritable duel d'intellect. Une opportunité en or pour prouver ta valeur.

- Ce n'est pas une raison suffisante, dis-je calmement. Il n'allait pas m'avoir aussi facilement.

H: Effectivement. Je sais que tu te poses depuis longtemps des questions à mon sujet. De plus, je possède des informations sur tes parents, et tu n'as aucun autre moyen d'y avoir accès si ce n'est par mon intermédiaire.


Je compris qu'il ne servait à rien de demander l'identité de mon interlocuteur. S'il avait pris tant de précautions pour me parler, il n'allait pas se dévoiler aussi facilement. Et puis il devait avoir infiltré tout le système du supercalculateur pour pouvoir nous observer et communiquer avec moi de cette manière. Parce qu'une chose était sûre : il avait attendu le bon moment pour venir me parler. Celui où j'allais dire adieu à cet endroit et à tout mes rêves de grandeurs. Ce qu'il venait de faire, s'était de raviver ma flamme. Et il avait bien réussi !

- Comment se présente ton jeu ? Je suppose qu'on ne va pas s'asseoir autour d'une table et jouer aux mikados... éclatai-je sur un ton cinglant.

H: Le but est simple : mettre en échec son adversaire, par tout les moyens inimaginable.

Ça me plaisait. Ça me plaisait beaucoup. Je sentais une grande puissance grandir en moi. Cet affrontement allait-être spectaculaire ! Cet étrange personnage avait dû être un scientifique lui aussi, et devait avoir un quotient intellectuel assez développé. L'adversaire parfait pour prouver une fois pour toute ma valeur !

- Très bien, cher Hannibal ! Je relève ton défi ! M'écriai-je.

H : En revanche, cela doit rester entre toi et moi. Personne d'autre ne peut rejoindre le jeu.

- Je n'ai besoin de personne ! »


Commença alors ce que j'appellerai un véritable enfer. Il pouvait manipuler directement les tours de Lyoko et lançait jusqu'à cinq attaques par semaine, ne me laissant jamais respirer. Je passais mon temps à aller sur Lyoko et à désactiver des tours, encore et encore. Ça ne pouvait pas continuer comme ça. Je ne faisais que de me défendre. Ne m'avait-on pas toujours dit que la meilleure stratégie, c'était l'attaque ? En tout cas, ça se présentait très mal, Hannibal (qui était sans aucun doute celui derrière toutes ces attaques) ne me laissait aucun répit.

- Tu m'as dit que je n'avais pas besoin de mes amis pour l'instant... Mais est-il possible que je les implique ? lui demandai-je un jour, exténué.

H: Je suis déçu. Tu demandes déjà de l'aide ? J'ai dû te surestimer. Je suppose qu'Ambre peut te soutenir puisque les informations que je possède la concerne aussi.

J'étais extrêmement vexé par sa réaction. Mais en même temps, il avait raison. J'étais en train de perdre. Le fait de le décevoir alors qu'il était censé être mon ennemi m'était insupportable. Je devais cependant admettre qu'il était intéressant d'impliquer ma sœur. Les rares moments où nous avions travaillé ensemble, nous avions été en totale symbiose, cela avait été parfait. A nous deux, on pourrait sans problème faire ravaler sa fierté à cet étrange énergumène. Le problème était que depuis notre victoire l'an passé, elle semblait clairement m'éviter. J'essayai de la contacter mais elle ne me répondit jamais. En revanche, elle ne se gêna pas pour envoyer son chien de garde me menacer de me casser la tronche.


« Tu savais qu'elle n'allait pas venir me rejoindre, n'est-ce pas ? accusai-je un beau jour Hannibal.

H: Pas vraiment, non. La vie est pleine de surprises. J'étais d'ailleurs en train de me demander si tu étais capable de survivre jusqu'à cet été.

Capable de survivre... ?! Mais il me prenait pour qui ? J'allais le vaincre. C'était obligé, je ne savais pas encore comment, mais j'allais le vaincre. Pour le moment, je ne faisais que de me défendre, mais tôt ou tard, la roue s'inverserait. J'eus alors une idée fantastique. J'avais réussis sur mon rare temps libre à faire cracher toute l'adolescence de mes parents à Alpha. Mon père avait réussit à créer une forme matérielle à une créature possédant une forme virtuelle... Et si je créais quelqu'un - quelque chose à partir de rien ? Cela prouverait en définitive mon talent ! Alors entre les différentes attaque de XANA, je travaillais à plein temps sur le Projet "Violette", avec comme seul allié ce brave Alpha.


C'était de la science-fiction. C'était impossible. C'était-ce que je me répétais. Mais si les lois de la réalité m'empêchait d'accomplir mon dessein, et bien je les changerai à ma guise !! Il fut prévu que je mette une copie d'Alpha dans ce corps parfait que j'étais en train de créer. Une fille parfaite en apparence, avec des capacités de combats parfaites à la fois sur Lyoko ET dans le monde réel ! Avec ça, Hannibal pouvait toujours posséder un zoo entier pour venir m'attaquer, je ne craignais rien ! Je recherchais jour et nuit, trouvant toutes les capacités que je pouvais essayer de lui implanter.

Je ne sais pas combien de temps je travaillais sur ce projet totalement fou, enchaînant en même temps les missions dans le monde virtuel. Mon visage devenait de plus en plus squelettique. Je cru plusieurs fois que j'allais y passer. Que la fatigue allait m'emporter. Mais alors j'imaginais le visage de mon adversaire ricanant, se moquant de moi. Alors par un soir de juin, Violette vint au monde. Je n'oublierai jamais ce moment. Je n'avais pas dormi depuis pratiquement une semaine entière. J'avais fait quelques essaies mais rien de très pertinent. Je commençai à perdre espoir, mais je compris que c'était exactement ça le but de ce test : prouver celui qui avait le plus de ressources, celui qui avait le cerveau le plus puissant. Alors je m'étais accroché. Violette allait exister. Elle devait exister ! Après une bonne quinzaine d'heure de travail sans arrêt, je parvins à accomplir l'impossible. Sortant d'un scanner, complètement dévêtue, tel un ange, dotée d'une beauté surnaturelle. Je crois que je suis resté une heure entière à la regarder bouche bée, sans rien dire. Au bout de quelques temps, elle s'approcha de moi et me dit doucement de sa voix tellement mélodieuse :

« Bonjour, Antoine.

Elle était tellement parfaite qu'elle savait déjà qui j'étais ! Alors avec un grand sourire de victoire, je lui répondais en reprenant du poil de la bête :

- Bonjour, Violette ! Je suis content d'enfin te rencontrer !

Puis d'un coup, je me rappelai qu'elle était totalement nue devant moi. Mon premier réflexe fut d'aussitôt me retourner. Cela la déstabilisa.

- Ai-je fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Euh non, ne bouge surtout pas !

J'avais piqué pas mal de vieux vêtements chez ma tante, ce n'était pas très chic, mais au moins elle serait habillée. N'étais-ce pas la preuve de mon génie ?! N'étais-ce pas la preuve de ma supériorité ?! Sur Hannibal, sur mes parents, sur mon grand-père Franz Hopper ?


A partir de ce moment, tout devint plus simple. Je n'avais plus peur de Hannibal. Je n'avais plus peur de rien. Je pouvais gagner. Alpha faisait des centaines de calcul chaque jour pour essayer de traquer sa position. Il était habile et arrivait à se planquer pour le moment, mais maintenant que je n'avais plus à me soucier de gérer les attaques, tout était plus simple. J'avais fait en sorte que Violette possède les clés de Lyoko, je n'avais par conséquent même plus à me rendre là bas. Le seul souci que j'avais avec elle était des sortes de bug qui la faisaient saigner du nez et désactivaient toutes ses capacités, la changeant en une simple humaine. Le problème était que le métabolisme d'un humain n'est pas fait pour survivre à tout ce que contenait Violette. C'était comme... un retour de flamme on pouvait dire. Ça restait dangereux, si je ne la stabilisais pas tout les soirs, un grave problème pourrait arriver. Mais ce n'était qu'un petit détail ! Rien n'allait me priver de la joie de me rapprocher de la victoire !

- Alors très cher... Tu me sembles moins bavard depuis peu ! Le vent tourne, n'est-ce pas ? Bientôt Alpha trouvera ta location et j'enverrai Violette te chercher par la peau des fesses. Tu t'inclineras devant moi ! m'exclamai-je devant mon ordinateur un beau jour, relâchant toute mon arrogance. J'ignorai s'il allait me répondre. Peut-être s'était-il dégonflé.

H: Félicitation. J'avais commencé à perdre espoir, mais tu t'es montré digne et plein de ressources. La seconde partie de notre jeu va pouvoir commencer.

Seconde partie ? Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Il me cassait mon délire de grand conquérant là !

H: Laissons nous deux mois de répits. Le temps pour que chacun d'entre nous puisse préparer nos différents pions.


Il me proposait de rester tout l'été sans rien faire. Sans essayer de le traquer. Cela signifiait aussi que les attaques allaient cesser. Ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée. Ça allait me permettre d'établir une véritable stratégie et d'améliorer Violette et Alpha, mes seuls alliés. Et c'est-ce que je fis. Violette était devenue une véritable machine à tuer, aussi bien sur Terre que sur Lyoko. Je pouvais désormais activer des tours en simplement quelques clics. Est-ce que ça allait suffire ? J'en été persuadé. Cet automne serait rougi par le sang de mon adversaire.

Il se passa quelque chose de très étrange pendant l'été. Je ne saurai exactement en décrire la nature, et ce fut tellement perturbant que je préférai ne pas forcément m'en rappeler. Ce fut un événement des plus... inattendu mais qui au final allait m'apporter la victoire sur un plateau d'argent. Grâce à ce qui s'était passé, j'en savais beaucoup plus sur la véritable nature du jeu d'Hannibal et sur ses « pions » qu'il avait préparé contre moi. J'apprenais aussi quelque chose de terrifiant sur Ambre.


L'horreur dû se dessiner sur mon visage quand je compris tout ce que cela impliquait. Je compris que je devais agir. J'avais encore quelques temps pour trouver une solution. Pour récupérer ma sœur, ma seule famille, la seule à pouvoir me comprendre. J'essayais de ne pas trop penser à elle, mais je devais l'admettre, elle me manquait. Je ne m'étais jamais senti aussi complet qu'en sa présence.

Les huit semaines s'étaient envolées. Le combat contre Hannibal allait reprendre, mais avant ça, il fallait que je parvienne à sauver Ambre. L'année dernière, nous avions été à deux doigts de fonder à nouveau une famille. Ce n'était pas que j'avais besoin d'elle, certainement pas, c'était simplement que sa place était avec moi. Les Belpois devaient combattre ensemble, réussir ensemble là où leurs parents avaient échoués. J'avais trouvé comment la ramener de là où elle était bloquée. C'était encore quelque chose que l'événement de cet été m'avait permis de mieux comprendre. En revanche, la tache n'allait pas être aisée. Ça allait marcher, après tout, n'étais-je pas un génie ? J'avais essayé de la... chose qui avait remplacé ma sœur en lui envoyant Violette, mais ce fut un échec. La méthode brutale n'était pas efficace, il allait falloir être plus subtile. En plus, les pions de mon adversaire étaient déjà rentrés en action. Ils avaient fait quelque chose à Violette. Bien évidemment, j'avais su que ça allait se produire grâce à ce qu'il s'était passé cet été. Je pensais que j'aurai pu l'éviter, mais parfois le simple fait de savoir que quelque chose va se produire ne suffit pas à l'arrêter. Heureusement, j'avais prévu un plan de secours la concernant, mais l'enclencher allait me prendre beaucoup de temps. Hors, c'était justement de ça dont je manquais le plus.


J'avais passé l'après-midi à examiner ma créature dans les moindres détails en séchant les cours, dans l'espoir de corriger ce qui avait pu être fait. Rien ne semblait sortir de l'ordinaire, sa crise s'était calmée, mais je savais qu'en réalité, elle était hautement fragilisée... Je la fis finalement sortir du scanner, dans lequel elle était restée deux bonnes heures.

- Tout va bien Antoine ?

Je m'étais mis à rougir. Je savais qu'il n'y avait aucune raison de la faire aller nue dans le scanner mais... mais elle n'avait pas besoin de le savoir. Mais n'empêche... ce qu'elle était belle cette fille. Ma chose. L'une de mes pièces maîtresses. Celle qui allait me faire gagner. Je lui fis signe de se rhabiller. De toute façon, je ne pensais pas que mon regard avait choqué sa pudeur. J'étais son Créateur, certes... mais j'étais incapable de savoir si elle pouvait ressentir quoi que ce soit. Elle était artificielle, c'était donc peu probable qu'elle puisse avoir accès à ce genre de sentiments réservés aux humains. Bref, ce n'était pas important. Ce qui comptait, c'était qu'ils m'obéissent au doigt et à l'œil, Alpha et elle.

Je remontai à l'étage et me mettait aussitôt à converser avec mon sous-fifre virtuel.

- Alpha. Première question : est-ce que tu as éliminé tout les risques d'intrusions de Hannibal dans les systèmes du supercalculateur ?

Il y avait certaines choses que mon adversaire ne devait pas savoir. Il ne pouvait pas se permettre de rentrer dans mon ordinateur comme dans un moulin. Je m'étais assuré que certains fichiers caché soit impossible à cracker sans que j'en sois mis aussitôt au courant et que je puisse les supprimer à distance. Quand au reste... il n'y avait aucun moyen fiable de l'empêcher de pirater les réseaux de communication d'Alpha.

A: Chance d'intrusion de Hannibal d'ici 24 heures : 27% / d'ici 48 heures : 54 % / d'ici 72 heures : 89 %.

Bon, cela nous laissait un peu de répit.

- Bien. Deuxième question : comment avancent les recherches ?

Hannibal avait un puissant avantage : il savait tout de moi, de mon emplacement, et même de ma stratégie (enfin, d'une bonne partie), alors que je ne savais rien sur lui. Hors, le seul moyen de le vaincre était de découvrir qui se cachait derrière ce masque. J'avais beau déjà en savoir beaucoup sur ses sous-fifres, il avait réussi à s'entourer d'une aura de mystère qui m'horripilait.

A: Hannibal est de toute évidence un professionnel de l'informatique. Cependant, j'ai été moi-même conçu par des professionnels de l'informatique. Il ne pourra m'échapper éternellement.

J'avais déjà pensé à demander à Alpha s'il connaissait l'identité de mon rival. Il m'avait répondu négativement. Hors, cette intelligence artificielle ne mentait jamais.

- Troisième question : quels sont les risques d'attaque aujourd'hui ?

A: Mes statistiques ne peuvent pas être totalement fiable, mais je dirai de 11% seulement.

- Bien. Une dernière : mes adversaires sont-ils tous à Kadic ?

A : Affirmatif. En analysant les registres de cette année, j'ai pu retrouver les noms de Zoé, Augustin, Mathilde et Judith Guillot qui correspondent aux informations que nous avions reçus.

D'accord. Ainsi, mes ennemis étaient tous autour de moi, comme prévu. Cet Augustin était même dans ma classe ! Judith était l'infirmière et les deux autres se trouvaient dans d'autres classes du lycée. Ils pensaient m'encercler et avoir l'effet de surprise ! Mais s'ils savaient... Ce qui s'était passé cet été avait clairement changé la donne !

- Parfait. Je te laisse l'usine aujourd'hui. En cas de pépin, contacte moi illico !

Je commençai à reprendre ma veste, et à me préparer. Je savais que l'usine était devenu ma nouvelle demeure, mais l'enfermement commençait à me peser. Et aller au lycée n'était pas très agréable comme type de sortie.

A: Quel ton programme de la journée ?

- Je... euh... je vais sortir pour réfléchir à mon prochain plan d'action.

A : Très bien. Je reste parée à contrer la moindre attaque.


Je ne restai pas plus longtemps à parler tout seul face à un écran et j'allai chercher ma création sans attendre une quelconque réponse de la part d'Alpha. Depuis l'année dernière, je n'avais pas arrêté. Enchaînant recherches et combats, risquant ma vie et ma santé mentale à chaque minute de chaque jour, sans aucun répit. Alors pour une fois... pour une simple fois... Hannibal allait attendre. Ambre aussi, je te sauverai plus tard. Laissez moi tous au moins une simple après-midi. Même les êtres supérieurs ont le droit de se détendre parfois, non ?

Je fis signe à Violette de me suivre, et elle s'exécuta. Elle semblait soucieuse, comme si quelque chose lui échappait.

- Mais... ne devrais-je pas continuer à rechercher activement Ombre ? me demanda t-elle de sa petite voix.

Voix, qui pour mon plus grand plaisir devenait de plus en plus naturelle. J'avais passé une immense partie de mon temps libre à essayer d'améliorer la fille aux cheveux bleus. Il n'était même plus question de facultés de combat, j'avais juste voulu faire disparaître tout réflexe mécanique de sa personne, la rendre... humaine au possible. J'avais abandonné ce projet il y a peu, me consacrant à des choses plus importante, mais c'était agréable de voir que ça commençait à porter ses fruits.

- Chut, dis-je en mettant mon doigt sur ses lèvres. On a bien travaillé tout les deux. Et comme on dit : après l'effort, le réconfort !

- Le... réconfort ?

Il avait plu hier. Mais aujourd'hui, les nuages avaient commencé à disparaître, et une embellie était apparue. Le soleil aussi accepté de sortir le bout de son nez. Bien évidemment, ça n'allait pas durer. C'était déjà un miracle à la base. Les spécialistes avaient annoncé une averse toute l'après-midi, et elle ne saurait tarder à tomber. Je me rendais compte que je n'avais jamais emmené ma Reine au centre-ville. Elle était toujours resté à l'usine, et s'était parfois aventuré aux alentours pour combattre les attaques de XANA. La journée d'hier à Kadic... c'était la première fois qu'elle voyait autant de monde au même endroit. Est-ce que cela l'avait troublé ? Même si depuis peu, quelques ressentis était trahi par son visage, tout cela restait très primaire. Je ne pensais pas qu'elle était capable de pensée aussi complexe. Par pour le moment en tout cas.


Nous prîmes le bus. Elle fut sur la défensive quand des gens qu'elle ne connaissait pas commencèrent à la bousculer. Je la rassurai rapidement. Il s'en était fallu de peu avant qu'elle casse la figure à un inconnu. J'aurais dû lui expliquer que nous ne risquions rien - pour le moment. Que cette après-midi, c'était elle et moi. Tout simplement. Quand nous arrivâmes à notre arrêt et par conséquent dans la rue commerçante principale, je la regardais et lui demandais timidement :

- Euh... Violette. Tu peux me tenir la main ?

Je devais être rouge comme une tomate. Elle me fixa un instant, sans doute surprise que pour la première fois, je formulais une demande et non pas des ordres. Après quelques instant, elle accepta. Mon cœur battait la chamade et nous avançâmes comme sur le trottoir. Les gens nous regardaient bizarrement. Entre mon physique d'ermite et ses vêtements en piteux états...

- Ça... ça te dit qu'on aille faire les boutiques ? Je t'achèterai ce que tu veux !

Je me sentais stupide. Mais en même temps... j'étais heureux. En cet instant privilégié avec elle, j'avais le sentiment que plus rien d'autre n'avait d'importance. J'aurais aimé que ça dure éternellement. Nous allâmes dans plusieurs magasins. Violette semblait aussi perdue que si je l'avais lâché dans une jungle remplis de dangers. Je dû lui donner directement des habits à essayer. Quand elle sorti de la cabine d'essayage avec sa jupe blanche et son haut bleu clair, j'avais l'impression de voir un ange descendre du ciel. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine fierté : après tout, ce design totalement parfait, c'était moi qui l'avait dessiné. Après ça, elle commença a choisir d'elle même ce qu'elle voulait porter. Je décidai de tout lui acheter, même les combinaisons les plus étranges, à l'aide de la carte bleue de ma tante, cette vieille peau.

Une fois de nouveau à l'extérieur, j'admirai encore une fois la beauté de ma Reine. Et en me raclant la gorge, je formulai une nouvelle demande.

- Tu peux... m'embrasser ?

- Pardon ?

- Embrasse-moi. Euh... maintenant, dis-je sur ton davantage autoritaire.

Elle pencha sa tête sur le côté.

- Comment suis-je censée faire ça ?

- Hum... euh... tu poses tes lèvres... sur les miennes.

Elle s'approcha et fit exactement comme je lui avais décrit. C'était une sensation... étrange. Mais froide. Sans aucune émotion. Il fallait que j'arrête ça. Violette n'était pas ma petite amie imaginaire, ce n'était même pas une vraie fille. Elle était ma pièce maîtresse, mais ça s'arrêtait là. Un simple pion sur l'échiquier de ma bataille contre Hannibal.


- Eh elle est mignonne ta copine ! On peut l'essayer ?

Je me retournai. Un groupe de trois personnes. Des « racailles ». Il y avait une chose que je détestais dans la vie, c'était de me faire interrompre dans mes pensées. Et surtout par des vermines dans leur genre. Je fis le signe à Violette. J'avais mis au point un langage silencieux avec elle pour qu'elle puisse comprendre mes instructions en toute circonstance. Elle avait parfaitement reçu le message. Elle s'approcha du groupe d'indésirable qui ricanait déjà... et le reste fut jouissif. En quelques secondes, plus aucun des trois n'osait sourire. De toute façon, quelques uns d'entre eux ne pouvaient plus, vu qu'ils leur manquaient désormais des dents de devant. Maintenant que le ménage avait été fait, je m'avançais vers eux avec jubilation et écrasait la main de celui qui m'avait parlé.

- Dis-moi, très cher... Comment appelle t-on quelqu'un capable de créer la vie tout seul à partir de néant ?

Il essaya de m'insulter mais j'enfonçais encore plus ma semelle dans sa paume.

- Il me semble que c'est un Dieu, n'est-ce pas ? Je suis de bonne humeur, nous allons en rester là. J'espère qu'ainsi vous apprendrez à respecter les êtres supérieurs ! Ah, et Violette : casse lui le bras, que ça lui serve de leçon.

Alors que ma création s'exécutait, je me rendais compte que beaucoup de gens s'étaient arrêtés pour nous regarder. Certains filmaient même. Alpha se chargerait d'effacer toute trace de notre présence ici, ce n'était pas un problème. Violette me demanda s'il fallait qu'elle s'occupe d'eux aussi.

- Non. Le temps de l'amusement est terminé. Il est temps de passer aux choses sérieuses.

J'avais eu mon après-midi de bon temps, maintenant j'étais en pleine forme pour la suite. Et la première étape était bien sûr de récupérer ma sœur. Et j'avais bien une idée. Après tout, Hannibal ne jouait pas selon les règles, alors pourquoi le devrais-je ? Je prenais mon portable et écrivais sobrement : « J'ai besoin de toi dès que possible à l'usine, c'est important. On doit parler d'Ambre. » Envoyer à : Melvin et Jean.


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