L'éveil d'un chef
Fanfiction ayant participé au concours 2008 sur le thème de la Naissance.
Hum, avec les nombreux mois passés depuis le concours, faire une review de L’éveil d’un chef dans l’optique « concours » comme pour les autres rédigées dans la foulée est délicat. La mémoire commence à me faire défaut, sur ce qui ou n’a pas joué en la faveur de cette fic vis-à-vis des autres en compétition.
Et justement je me rappelle très bien de cette fic, et j’en ai gardé un très bon souvenir. Or en relisant les avis du jury et même mes propres notes « de l’époque », c’est un avis plus mitigé qui ressort. J’ai du relire la fic attentivement pour comprendre la contradiction.
Cette fic raconte les jeunes années de Miria lors de son « noviciat » pour devenir Claymore. Cela permet à l’auteur Miyaki d’aborder les mystérieuses années où les futures claymores sont entraînées et transformées par l’Organisation en mi-humaines mi-yomas. Ce n'est pas novateur, mais c'est définitivement convaincant. Cette préquelle réussit le pari d’être vraiment plausible, tant sur les conditions de vie générales des jeunes filles entre les griffes de l'Organisation que sur le passé du personnage de Miria. Un récit In Character qui convainc aisément le lecteur, grâce à un talent indéniable pour les descriptions (de lieux, de temps) et pour les recherches que l’auteur a pris le temps de faire dans le fandom.
Je n’ai trouvé en effet aucune incohérence dans un fandom où il est assez facile d’en faire ; l'auteur a épluché le manga et semble avoir vérifier systématiquement les infos disponibles : Miria a bel et bien été numéro 17 avant de devenir un « numéro à chiffre unique », elle a aussi eu pour amie Hilda, de la même génération qu’elle… Miyaki a par ailleurs brossé un caractère convaincant pour Miria, bien que plus suggéré que vraiment centré sur elle.
Cette absence de focus, c’est ce qui m’a un peu dérouté dans cette fic. Du point de vue du thème du concours en premier lieu.
La longueur de l’histoire et ses multiples rebondissements ont perdu le thème de la Naissance dans la masse. Ils sont présents, oui, par une brève référence à une "renaissance" après l'épisode de transformation, et le titre semble indiquer que la fic traite des origines (donc symboliquement de la naissance) du leadership du personnage principal. Le souci c'est que je n'ai pas à un seul moment senti ces deux références comme points centraux de la fic. Ils ne sont définitivement pas assez mis en valeur. Du point de vue du concours, ça a joué.
Autre point qui recoupe la remarque précédente : ce récit a de nombreux temps morts.
On débute doucement avec une description de la vie quotidienne des novices, dont l’auteur décrit la routine, renforcé par le cadre même dans lequel elles s’entraînent. Du point de vue temporel des mois s’écoulent pendant cette partie. L’imparfait y prédomine, les dialogues sont absents.
Et puis arrive une rupture dans le récit, le moment de la transformation. Ce moment du récit est l’exact opposé de ce qui précède : du passé simple, une courte période temporelle est couverte, plus d’actions, plus d’angoisse et de mystère qui nous prennent aux tripes. Bref le point d'orgue du récit à mon sens.
Après cette accélération, on revient moins aisément à une narration dans le style de la première partie du récit, de nouveau interrompue par un rebondissement violent… qu’une fin un peu plate termine, et que rien ne vient sauver, cliffhanger ou chute brutale. On finit sur cette impression ambivalente.
Tous ces passages servent pourtant à développer l’éveil de Miria à l’adulte qu’on découvre dans le manga : une guerrière avec un but, aussi forte, fouineuse et tenace qu’elle est discrète, un chef tranquille, une fausse élève modèle qui est en fait un nid à problème. Et dans ta fanfic, Miyaki, on retrouve tous ces éléments, mais suggérés avec une telle légèreté que cela reste à l’appréciation des connaisseurs. Il est là sous nos yeux, mais on a presque perdu de vue l’éveil de ce chef… sa genèse, sa naissance. Peut-être à cause de la place importante accordée à l'autre protagoniste principal du récit, Malicia.
C'est pousser assez loin l’analyse et la critique du récit, surtout considéré la qualité de l’histoire et du français.
J’essaie juste de mettre en mots le « petit plus » qui a manqué à cette fic dans le cadre du concours.
En définitive, hors du contexte du concours, je n’aurais pas reproché le quart de ce que je viens de développer. Juste suggérer d’adopter un ton plus enlevé, de temps en temps, d’oublier les imparfaits. Notamment pour la dernière partie qui aurait du être une apothéose de son "éveil". Les dialogues, si rares, auraient gagné à être plus percutants.
Parce que je ne terminerais pas cette review sur des critiques négatives, car cette fic ne le mérite pas, revenons donc sur ce qui m’a plu.
Ce qui m’avait frappé lors de la soumission au concours aussi bien que maintenant, sont la qualité du style et de la narration. L’écriture… que je qualifierais d’efficace et sobre, car l’auteur en suggère beaucoup en peu de mots. Un style épuré mis présent, particulièrement visible dans le travail des descriptions et sur le passage de la transformation des corps.
La narration… Miyaki nous mène par sa plume, on ne bute pas sur une incompréhension ou un mal dit. Aucune lourdeur. Un des auteurs qui possède une des meilleures écritures du concours.
Au niveau orthographe, très peu à retoucher pour un texte de cette taille. L’oubli des accents circonflexes est ze faute retrouvée à de nombreuses reprises (entraînement, goût, voûté, cloîtré, tête brûlée), on a également des petites coquilles sur les féminins, les pluriels et les plus-que-parfaits (fut parcouru[t], avait senti[t]).
La forme du récit est maîtrisée, notamment les incises du dialogue.
Ce qui m’impressionne le plus a posteriori est la qualité du personnage inventé par Miyaki, Malicia. Cet Original Character s’intègre parfaitement au récit. On comprend son utilité pour l’histoire sans avoir la sensation d’avoir affaire à un Self-Insert. Malgré tout à la lecture des commentaires sur ta fic, on peut noter que les non connaisseurs du fandom pensent que le personnage principal est Malicia. C'est vrai que dans l’absolu, Malicia est plus importante que Miria par ses actions et par son charisme, pourtant je n’ai pas eu la sensation qu’elle lui volait la vedette. Cela rejoint plutôt l’idée développée plus haut, que seuls les connaisseurs du fandom ont apprécié l’incidence de Malicia sur la véritable héroïne, Miria, un peu en retrait.
Une histoire Claymore réussie, dont tous les aspects (narration, orthographe, scénario, justification) ont été travaillés. Bravo.
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