Quoi de neuf City Hunter ?

Chapitre 9 : Loin des yeux...

2176 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/02/2024 11:27

Peut se lire avec deux chansons : Broken, de Seether feat. Amy Lee & Dynasty de MIIA


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L’appartement est soudainement devenu grand et vide. Aucune odeur de la bonne nourriture préparée avec amour de ma partenaire pour attirer mon estomac, pas de grognements ni de crise de colère, juste le silence. Je devrais être heureux, en profiter pour aller draguer à droite et à gauche, ou même passer une super nuit mokkori avec Miki puisqu’elle aussi se retrouve seule… Je n’en ai pas la moindre envie, pas le moindre désir. Tout ce que je veux, c’est juste ne rien faire. Afin de briser ma solitude, l’unique chose que je trouve à faire, c’est de migrer vers le toit pour fumer une clope. J’enfile rapidement mes chaussures et un manteau puis me dirige vers la porte qui mène au sommet de mon immeuble. Une fois dehors, j’apprécie l’air frais de ce mois de mars qui rafraîchit mon corps. J’allume rapidement ma cigarette, l’amène à mes lèvres et commence à la consumer tout en observant le soleil se coucher, laissant peu à peu la place à un ciel sans étoiles.


Je repense à tous les événements qui se sont enchaînés à une telle vitesse que je n’ai pas eu le temps de les contrôler : le retour de Sonia, sa volonté de me tuer pour venger son père, le duel programmé contre Umibozu, Mayuko, l’enlèvement de Kaori… Un sourire s’installe sur mes lèvres en songeant au prénom de ma partenaire. Kaori… Un nom si doux pour être dit par un bandit comme moi. Je regrette presque de ne pas la voir débarquer comme une furie avec sa massue, parce que j’aurais fait quelque chose qui lui aurait déplu. Peut-être qu’avec le temps, j’ai fini par accepter ma sentence, que je sais, n’est que pour notre bien à tout les deux.


Kaori… Sans elle, je dois bien le reconnaître, je suis perdu. Après tout le temps que j’ai pu passer avec elle, elle est devenue mon repère, un précieux cadeau offert par mon meilleur ami le jour de sa mort. Et pourtant, je risque de redonner une triste connotation au jour de son anniversaire. Le duel n’aura que deux issues, et je sais que l’une ou l’autre la fera souffrir et que la liste des défunts du 31 mars s’allongera. Je ferai en sorte de tenir le plus longtemps possible, pour ma fierté personnelle mais surtout pour lui donner de l’espoir. Seulement, face à un adversaire comme Falcon, j’ignore si je suis assez fort. Bien entendu, même si je sais que ses yeux seront bientôt foutus, il lui reste encore du temps pour me dégommer : une balle tirée avec précision et je suis fini. Je sais que nos forces sont similaires, que nous avons des atouts et des failles. Je peux bien le dire, maintenant : je préfère bosser avec lui plutôt que d’être son ennemi. S’il m’abat, Kaori lui en voudra, si je l’abats, c’est à moi qu’elle en voudra, c’est pourquoi je préférerai l’éloigner définitivement de moi. Pour ne pas voir ses yeux me fusiller de colère, de déception ou même de tristesse. Quand elle ne dit rien, c’est son regard qui discute avec moi, et c’est pire que tous les mots qu’elle peut avoir à mon égard. 

 

Je n’ai plus rien à fumer. D’un geste vif, je balance le mégot par terre puis l’écrase de mon pied droit. Je fourre mes mains dans mes poches, lance un dernier coup d’œil à Tokyo qui s’illumine de mille feux tout en me demandant où Sonia a bien pu t’emmener. Elle a été maligne en ôtant le seul moyen que j’avais pour te retrouver. Désormais, je dois la jouer fair-play et attendre le jour J pour te revoir, probablement une dernière fois. Je n’oserai jamais t’avouer combien je me sens coupable de te fourrer sans arrêt dans des situations comme celle-ci, avec tous leurs dangers. J’aimerais te ramener à la maison, mais Tokyo est si vaste que je ne pourrai jamais savoir où tu es. Qui sait ? Peut-être que tu n’es même plus en ville.


Le froid commence à me saisir. Je quitte à regret, mon perchoir pour retourner dans mon nid bien chaud. Je balance négligemment mon manteau sur le canapé, ce qui t’aurait fait crier, fourre mes pieds dans mes chaussons et me dirige vers la cuisine pour me préparer à manger. Malgré ma volonté, mes pieds changent de cap pour aller vers ta chambre. J’ouvre doucement la porte, comme pour garder un souvenir de toi. Rien a bougé depuis ton dernier passage : ton lit est toujours écrasé par ta massue – je ne comprendrai jamais où tu trouves toute cette force pour les manier. Mis à part ce détail amusant, tout est bien rangé, au millimètre près. Je scanne les moindres détails de la pièce, t’imaginant me surprendre et me traiter de voyeur ou de voleurs de sous-vêtements. Je suis seul, je pourrai très bien en profiter pour fouiller dans tes affaires et en dénicher des perles rares, mais l’envie n’est pas là. Soudainement, je réalise que quelque chose traîne sur ta coiffeuse. Je m’approche, encore les mains cachées dans les poches de mon pantalon, quand je réalise que mon prénom est inscrit sur un petit cadeau. Tu avais pensé à moi, à mon pseudo jour d’anniversaire que tu m’as toi-même attribué. Un léger sourire soulève mes lèvres lorsque je prends le petit paquet dans mes mains, songeant de nouveau au jour où tu as décidé que mon anniversaire serait fêté le 26 mars. Là aussi, une femme de mon passé était la cause de cette décision, qui peut paraître stupide pour certaines personnes mais touchantes pour d’autres. Mary avait tenté de t’éloigner de moi, mais tu avais montré ta force de caractère en revenant, je me souviens de cette gifle que tu m’as donnée pour ensuite me donner une date d’anniversaire. Le 26 mars… Tu l’ignores probablement mais je me souviens de cette date. Comment oublier le jour de ma rencontre avec une femme comme toi ? A cet instant précis, j’ai compris que quoi qu’il puisse m’arriver, tu resterais toujours à mes côtés. Jusqu’à aujourd’hui où tout a basculé, sans que je n’en connaisse l’échappatoire.


Je m’assois dans ton canapé, les yeux toujours rivés sur ton cadeau sans oser l’ouvrir. J’imagine le moment où tu aurais pu me l’offrir, de tes propres mains, prenant un air timide par peur qu’il ne me plaise pas. Si tu savais, je n’ai pas besoin que tu me fasses des cadeaux pour que je sois heureux de t’avoir dans ma vie. Il suffit de cinq nuits, cinq petites nuits avant que je puisse te revoir, et peut-être que ce jour sera celui qui marquera la fin de notre aventure.

 

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Je fixe mon lit sans oser y entrer. Il me semble bien trop grand pour que je m’y faufile, trop vide à mon goût. J’ai mal en songeant que je ne pourrais peut-être jamais plus le partager avec toi. Les larmes veulent se faire une place devant mes iris brunâtre, ce que je refuse d’un revers de bras. Tout est allé si vite, en l’espace de quelques heures tu as disparu, sans laisser de traces. Lorsque je suis revenue au café après que Mayuko m’ait appris que tu étais allé chez l’ophtalmologue sans m’en parler, j’ai compris que c’était suffisamment grave et qu’il s’agissait en réalité de la raison de ta mauvaise humeur de ces derniers jours. Je m’en veux de ne rien avoir vu, de ne pas avoir su comment t’aider.


Je me suis mise à courir à vive allure, aussi rapidement que mes talons me le permettaient. Seulement, il était déjà trop tard. Tu avais mis les voiles, tu avais disparu du périmètre sans me laisser la moindre indication de ta position. Et tu m’as une nouvelle fois confronté à la douleur de l’absence. Tu as bien vite effacé ce qui pouvait me rappeler que ce matin tu étais là. Ces petits détails qui changent tout. Tout ce que nous avions commencé à construire a volé en éclats.


J’ai beau voir l’heure tourner, je ne me décide pas à me mettre au lit. J’inspire péniblement, essayant de me convaincre de me coucher. Je prends mon courage à deux mains, approche du sommier calmement, soulève la couverture et laisse mon corps glisser en-dessous. Mon cœur se serre de ne pas te sentir contre moi, enfermant ton bras musclé par-dessus ma taille. Dans un geste désespéré, je pose ma tête sur ton oreiller, espérant humer ton odeur. Il n’y a que le doux parfum de la lavande qui m’accueille, accentuant mon mal-être. J’ai encore du mal à comprendre, abasourdie par tous les événements. Tout ce que nous avions construit semble avoir disparu.

 

Comme pour me torturer, je me souviens de toutes ces petites premières fois qui ont marqué le renouveau de notre alliance. La première fois que tu as travaillé au Cat’s Eye avec moi, tu étais grincheux, Saeba se moquait de toi, parce que tu étais bien habillé, bien loin de ton style militaire habituel. Mais il y a aussi eu la première fois que tu as décidé de dormir ici, tu voulais dormir dans le canapé, ce que j’ai refusé. Finalement, après négociation, tu as cédé et tu es venu dormir avec moi. A partir de ce moment précis, tu as commencé à te sentir comme chez toi, laissant quelques affaires au fur et à mesure, dans la salle de bain, dans la chambre, dans la cuisine ou dans la salle à manger. Ces mêmes affaires que je n’ai pas retrouvées, ce soir, lorsque je suis montée dans l’appartement après avoir fermé le café.

Je suis tombée de haut lorsque j’ai réalisé que je ne trouvais plus ton rasoir et ta brosse à dents dans la salle de bain. Je crois que ce qui m’a le plus brisé le cœur, c’est de ne plus trouver tes vêtements militaires dans le placard et de voir que tu as seulement abandonné derrière toi ceux pour le café. As-tu fait ça volontairement, pour oublier ta vie avec moi ? Qu’ai-je fait de mal pour mériter un second abandon ? Ton départ était-il prémédité ?


Bien sûr, je sais qu’il y a ta mission de d’exécuter Saeba, celle-là même que tu as voulu me cacher et qui s’est transformée en duel. Je sais que tu ne t’attendais pas à me voir ce matin, que j’ai bousculé tes plans et que tu as dû être contrarié. Falcon, je suis – j’étais ? – ta partenaire, et je te connais par cœur. J’ai même fait part de mes préoccupations à Kaori, parce que je savais que ça n’allait pas, que tu ne désirais pas m’en parler. Exécuter quelqu’un ou participer à un duel, c’est une chose… Mais ne pas me parler de tes soucis de santé, c’en est une autre.

 

Mes joues se retrouvent noyées sous un flot de larmes que je ne peux contrôler. Je souffre de l’intérieur, mon cœur est comprimé dans ma poitrine. Je me sens bête de ne pas avoir deviné plus tôt que toi-même tu souffrais, que tes yeux te lâchaient. Malheureusement, tu as été assez malin pour ne rien laisser paraître. Si Mayuko n’avait rien dit, je n’aurais jamais su la vérité. J’étais prête à t’aider à encaisser, seulement maintenant que ce duel est enclenché et que j’ignore où tu te trouves, je ne peux rien faire de plus qu’attendre. Et cette attente sera insupportable pour chacun d’entre nous : quelle sera la fin de cette histoire ? Falcon, je te fais la promesse que si tu tombes devant Saeba, je te rejoindrai dans la mort, car ma vie, je ne peux l’imaginer sans toi.

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