Quoi de neuf City Hunter ?

Chapitre 1 : Pari tenu !

1625 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/01/2024 20:43

Le silence est pesant dans le café. Deux personnes se contemplent, assises l’une en face de l’autre, mais aucune parole ne vient. Rien. Le néant. Le calme. L’homme à la carrure imposante est pourtant courbé, le dos rond et les coudes posés sur la table. La jeune femme, quant à elle, ne quitte pas son partenaire des yeux, les bras croisés sur sa poitrine. Le souffle rapide, elle cherche quoi dire, quoi faire pour ne pas laisser sa colère prendre le dessus.


« Miki… »


Un murmure douloureux du mercenaire, et puis plus rien. La jeune femme se redresse sur sa chaise puis emprunte une position similaire à celle de Falcon. Ses yeux bruns pénètrent les verres teintés des lunettes de l’homme. Une grande inspiration puis elle se lance.


« Tu m’as manqué. Je n’ai jamais cessé de te chercher, même quand j’ai réalisé que ru m’avais abandonnée. » Elle baisse les yeux vers le coin inférieur droit, en proie à des souvenirs douloureux.

« Tu sais… Lorsque ce gamin m’a apporté ce morceau de papier, avec seulement ces deux mots « Goodbye forever », je ne voulais pas croire que toi, Falcon, l’homme qui m’a recueillie et aidée quand je n’étais encore qu’une enfant, tu aies pu me faire ça. Alors je suis restée pendant des heures à t’attendre sur le parking de l’aéroport, sans même avoir ne serait-ce qu’une once de courage pour pleurer. Le retour à la réalité a été brutal… »


Elle souffle, prend la main de Falcon puis la pose sur son cœur. Les sourcils du grand chauve se soulèvent en sentant le cœur battant à tout rompre dans la poitrine de sa protégée.


« Tu sens comme mon cœur bat fort lorsque tu es près de moi ? J’ai toujours été en sécurité à tes côtés, j’ai toujours songé que nous finirions nos vies ensemble. Alors j’admets que je n’ai pas compris la raison de ton départ inopiné. C’est ce même cœur que tu as brisé avec ton acte lâche. »


Falcon laisse sa main retomber sur la table avec les paroles de Miki. Il savait déjà cette vérité, mais de l’entendre de la bouche de la jeune femme à qui il a fait du mal, il ne peut le supporter. Il déglutit avec difficulté, cherchant quelque chose à dire, en vain. Miki patiente, replaçant ses idées en silence.


« Miki, je… »

« Ne dis rien. Laisse-moi finir s’il te plaît. » L’homme opine du bonnet, lui donnant l’autorisation implicite de reprendre. 

« Je dois être une sacrée idiote pour avoir persisté dans mes recherches pour te retrouver, alors que tu m’as brisé le cœur. D’un autre côté, je ne peux pas imaginer ma vie sans toi. Tu étais le seul qui était présent dans ma vie au moment où tout allait de mal en pis, où je venais de tout perdre : ma famille, ma maison, mes amis… Je n’avais plus rien et pourtant tu m’as aidée à surmonter cette vie détruite. J’ai rapidement su que je t’aimais, que je ne pouvais pas en rester simplement là avec toi, je pensais que tu voulais réellement tout plaquer… Mais ta vie de mercenaire était celle qui te convenait le mieux, c’est ce que j’ai fini par comprendre… Que c’était plus important que moi. »


Une larme, puis une seconde. La douleur se rallume une nouvelle fois dans son être entier. Elle n’ose plus croiser son regard caché, renifle puis se remotive.


« J’ai voulu abandonner… Je suis simplement retournée au Japon dans le désir d’ouvrir un café somme tout banal et je ne pensais pas pouvoir retomber sur toi. Le hasard ! C’est le hasard qui a fait que je t’ai recroisé alors que je me baladais dans Tokyo. Tu ne passes pas inaperçu, je t’ai tout de suite reconnu. Mon cœur s’est remis à battre et ma volonté de te retrouver s’est une nouvelle fois ravivée : j’ai fouillé, longuement, j’ai rencontré tes indicateurs et c’est ainsi que j’ai obtenu ton numéro de téléphone. Je suis contente que tu sois devant moi en ce moment, j’étais persuadée que tu ne désirais plus me voir. »


Le nettoyeur ouvre la bouche, désireux de dire ce qu’il a sur la conscience. Il la referme aussitôt, ne trouvant pas de mots assez justes pour justifier correctement son acte. Elle avait raison : il avait été lâche avec elle, il aurait dû se montrer plus franc. Au lieu de ça, il a fui en la faisant souffrir. Finalement, après un temps semblable à l’éternité, il se décide à lui répondre.


« Tu as beaucoup changé. Tu es devenue une magnifique femme. Tu as toute la vie devant toi, tu aurais dû te trouver un bon mari, avoir des enfants… Ne pas perdre ton précieux temps inutilement en tentant de me retrouver. C’est irréfléchi. »

« Mon cœur n’appartiendra jamais à un autre homme que toi. Tu as été mon premier amour, mon instructeur, mon confident… Je n’ai confiance qu’en toi, il n’y a qu’à tes côtés que je me sens réellement bien, Falcon… »

« Peuh ! C’est insensé ! Je fais peur à tout le monde et une belle femme comme toi ne mérite pas une vie aussi dangereuse que celle que tu mènerais si tu étais à mes côtés. Vis une vie ordinaire, de jeune femme normale, loin de la violence et du sang, des armes et des trafics. S’il t’arrivait quelque chose, je… »


Il se met à rougir subitement. La jeune femme se lève de sa chaise, se dirige vers le bar, saisit un verre avant de le remplir d’eau. Elle revient vers son acolyte, déposant le récipient devant lui.


« Merci. »

« Falcon… Je te pardonne. Je te pardonne de m’avoir abandonnée sans même me dire au revoir de vive voix. Seulement… J’ai quelque chose à te proposer… »


Surpris, Falcon lève la tête vers Miki, un sourcil arqué. D’un geste de la main, il l’invite à poursuivre sa phrase.


« Je t’écoute. »

« Eh bien… C’est une demande un peu particulière mais… De toute façon je sais que tu vas refuser… Alors, je crois que je n’ai rien à perdre. Ce que je te propose c’est… De m’épouser. »


Le nettoyeur se remet à rougir si bien que de la fumée pourrait sortir de son crâne. Miki, gênée, ne peut freiner des mouvements de bascule avec son corps. Falcon soupire lourdement.


« Très bien. Mais à une seule condition. »


Le regard de la jeune brune s’illumine à sa réponse inattendue. Son cœur bat si fort et si vite dans sa poitrine qu’elle pourrait accepter n’importe quelle condition qu’il lui impose.


« Laquelle ? »

« Je te mets au défi de tirer sur Ryô Saeba. »


L’ancien mercenaire guette attentivement la réaction de la propriétaire du café. Sa bouche retombe sous le choc de cette condition. Comment peut-il lui demander de faire ça ? Elle déglutit difficilement, les sourcils bas, peu à l’aise avec la demande.


« Si tu ne veux pas le faire, je comprendrai. Et si tu ne le fais pas, je ne pourrai pas t’épouser car cela voudrait dire que tu ne pourrais pas devenir ma partenaire. »


La jeune femme se sent insultée. Ses sourcils se froncent sous ses remarques pessimistes à son sujet : elle allait lui montrer de quoi elle est capable.


« Très bien. Mais d’abord, je veux en savoir plus sur cet homme. Pourquoi lui ? »

« C’est un nettoyeur comme moi. Le problème, c’est qu’il me fait de l’ombre : tout le monde pense qu’il est meilleur que moi, ce qui fait de lui mon ennemi. »


La brunette se met à réfléchir sérieusement, pesant le pour et le contre de cette condition posée par l’homme de sa vie. L’enjeu était trop important pour refuser, elle devait le faire. Un sourire se met à soulever ses lèvres légèrement peinturlurées de rose avant de hocher la tête d’un air décidé.


« Très bien, j’accepte ta condition et ainsi je te prouverai que je peux être ta partenaire. Maintenant, il me faudrait une photo de ce Ryô Saeba. »


L’issue de ce défi n’était pas celle escomptée. Bouche bée, le colosse ne sait comment réagir. Il avait été inconscient de lui proposer une telle chose tout en connaissant le caractère têtu de la jeune femme. Comment allait-il pouvoir s’en sortir ? Et si elle arrivait à abattre Saeba ? Il devait impérativement trouver une solution, pour ne pas qu’elle ne se salisse les mains. Le regard fixant Miki, il pouvait lire toute la détermination qui teintait ses iris brunâtres : ce défi, elle le gagnerait coûte que coûte !

Laisser un commentaire ?