Entretien avec un Chasseur

Le scribouillard manque de s’étouffer, m’interrompant encore dans mon histoire. Je sens que ça va prendre beaucoup plus de temps que prévu pour arriver au bout de mon récit. Bref…. Je soupire et lui laisse le temps de reprendre ses esprits et son souffle.

Il tousse encore un peu puis me regarde avec au fond des yeux, une étincelle mêlant peur et curiosité grandissante.

- "Attendez.... Je veux être sûr de bien comprendre.... Vous êtes bien en train de me dire que vous voyez des fantômes, là ??? Des esprits de gens morts qui viennent hanter des lieux ? Ces fantômes-là ? Genre, en plus de les chasser, vous les voyez… Puis vous allez me dire que vous vous tapez la discute aussi… Pour de vrai ?"

Il explose de rire, montrant bien qu’il me prend pour un fou. Je souris, légèrement habitué à ce genre de réaction. Ouais, ça fait toujours ça la première fois. Je ne dis rien de plus, ne réponds rien. J’attends, croisant les bras sur ma poitrine. Il finira par comprendre que je ne rigole pas.

Et effectivement, voyant que je ne le suis pas dans son hilarité et que je continue à le regarder fixement, calmement, il finit par s’arrêter de rire, petit à petit, réalisant l’impensable.

- "Vous êtes sérieux ? Vous les voyez vraiment alors ?" Murmure-t-il.

Je coupe le magnétophone et je prononce dans un souffle :

- "Je les vois. C'est simple, non ? Vous, comme toutes les autres personnes normales, vous ne voyez pas les fantômes. Mais, moi ... Moi, je les vois. Aussi bien que je vous vois, vous. Et oui, je peux leur parler aussi."

- "Ohhh ! Vous êtes un médium."

J'éclate de rire :

- "Non, pas vraiment. Les médiums ont recours à différentes techniques ou utilisent des outils pour communiquer avec les esprits. Moi je n'en ai pas besoin. Je les vois ... c'est une sorte de ... une sorte de pouvoir ... Un septième sens si vous voulez."

- "Sixième." Me corrige le binoclard.

- "Non. Septième. Le sixième me permet de repérer la nature des auras des personnes qui m'entourent. » Précisè-je en balayant l’air devant moi de la main, comme si ce que je disais était parfaitement normal.  "Donc le septième me permet de voir les fantômes ..."

- "Comment c'est possible, ça ?" Fait-il en me regardant la bouche ouverte, incrédule.

Je ris :

- "Ah, ah ! Bonne question, ça : comment c'est possible ? Vous voulez que je vous dise ? Tout ça, c'est la faute du Prof ... Je vous ai dit que je l'ai rencontré en Amérique du Sud quand j'étais guérillero ?"

- "Oui, oui ..."

- "Alors, voilà ce qu'il s'est passé ... J’aurais peut-être dû commencer par là…"

Je me gratte la tête, gêné, en rigolant un peu.

- "Bon, petit retour en arrière alors si vous voulez bien."

Et Gentil Petit Binoclard remet son magnéto en route.

***

Tout avait commencé quand mon père adoptif, Shin Kaïbara m'avait injecté une nouvelle drogue de son cru, à un stade encore expérimental, un dérivé du P.C.P., censé décupler les forces et rendre invincible. Le problème était surtout qu'elle rendait vraiment accro.

Après une crise de manque, je me suis retrouvé à moitié mort sur un champ de bataille et on m'a transporté, en même temps qu'un mercenaire ennemi dont je vous ai déjà parlé, Falcon, dans un dispensaire du coin. Sauf que ce dispensaire était tenu par le Prof et que j'étais plus mort que vivant.

Il avait bataillé un moment pour me ramener de manière conventionnelle mais, devant la gravité de mes blessures et comme je ne me réveillais pas, il avait eu recours à d'autres techniques très personnelles, utilisant son savoir de médium, son grand pouvoir de persuasion et autres pour me tirer du monde des esprits dans lequel j'étais déjà parti. J'étais donc revenu vivant de ce petit voyage.

Vivant, certes, mais avec quelques "petites séquelles" qui n'avaient rien à voir avec mes cicatrices, ma jambe cassée, mon épaule démise ou les crises de manque contre lesquelles je devais maintenant lutter avec son aide.

De "petites séquelles" ...

C'était les mots exacts que le Professeur avait employés, il avait même mimé les guillemets en employant ces mots : "petites séquelles" quand, complètement paniqué, j'avais vu mon premier fantôme.

J’t’en foutrais des "petites séquelles"… Parce que c'est pas si génial que ça de voir des fantômes à tous les coins de rues.

Toujours était-il qu'il m'avait alors expliqué que les capacités que j’avais réussi à développer de par mon entraînement dans cette jungle, notamment ma perception des auras, avaient certainement pris une dimension nouvelle après mon passage dans le monde des esprits et donc j'allais devoir apprendre à gérer une sorte "d'extension" plus ou moins indésirable.

Oui, j'allais devoir gérer parce qu'il s'était retrouvé bien dépourvu quand je lui avais demandé de m’en débarrasser. Il n’en avait soi-disant pas le pouvoir et que j’allais donc devoir vivre avec…

Le Prof avait même ajouté que je devais m'estimer heureux ! Sans rire !!! Heureux ... Parce que si je vois les fantômes, c’est à cause de ce voyage dans le monde des esprits. C'est comme si la porte ne s'était jamais vraiment refermée ou qu'une petite partie de moi était restée là-bas, maintenant le contact en permanence entre leur monde et celui-là. Et que ça fait de moi une personne très rare.

Quand j'y avais réfléchi plus posément, je n'avais pu m'empêcher de soupçonner notre gentil Prof de ne pas vraiment avoir cherché à me rendre normal … Personnellement, je pensais même parfois qu'il avait bien calculé son coup, surtout quand il m'avait avoué avoir déjà croisé au cours de son existence des personnes avec des capacités particulières qui s'évertuaient à préserver l’équilibre des forces entre les mondes des morts et des vivants.

C'était à ce moment-là que j'avais découvert que le bonhomme, sous ses apparences de gentil petit vieux innocent, était en réalité le chef d’une guilde un peu spéciale. Une guilde qui s’appelait : “Les chasseurs de nuit” formés d’hommes et de femmes volontaires pour chasser toutes les vilaines bestioles, ignorées des hommes.

- "Et ça tombe bien ..." M'avait-il dit d'un air mystérieux. "Je ne connais personne capable de voir les fantômes. A mon avis, ça doit être bien pratique pour la chasse." Avait-il rajouté en grattant sa barbe de trois jours, faisant mine de réfléchir.

Devant mon air fort sceptique et mon évident manque d'enthousiasme, il avait avoué que ce genre de chasse pouvait être fort bien payé. Ceci avait bien plus éveillé mon intérêt, et je m'étais immédiatement imaginé l’usage que je pourrais faire de cet argent dès que j'aurais pu sortir de cette fichue jungle.

J'avais alors suivi le Vieux qui m'avait d’abord emmené aux Etats-Unis, où j'avais retrouvé une ancienne connaissance, Mick Angel, et nous nous étions devenus nettoyeurs en quelque sorte. Il était presque aussi doué que moi, mais par contre, tout aussi obsédé par la gent féminine.

Oh je vous vois venir, mais non, on ne s’est pas tout de suite entendu, au début, on était même presque concurrents. Puis au final, on s’est rendu compte que nos intérêts convergeaient et qu'on pouvait s'entraider. Une chose en entraînant une autre… Nous sommes devenus assez proches et notre complémentarité nous a pas mal servi pour bon nombre d’affaires. Il est devenu un vrai partenaire de travail. Et mon meilleur ami également.

***

- "Et voilà, maintenant vous savez, c’est comme ça que j’ai acquis ma capacité et que j'ai rejoint la guilde des Chasseurs. Au final, j’ai suivi le Prof au Japon, Mick est resté aux Etats-Unis pour terminer ses affaires en cours. Mais nous sommes toujours en contact. Il est venu au Japon pour cette affaire …"

Et heureusement d’ailleurs, parce que sans lui, je n’aurais pas pu venir à bout de ce mystère. Je n’aurais pas pu la sauver. Je sers les poings et la mâchoire à cette pensée.

- "Il vous a rejoint pour l’affaire de l’immeuble aux briques rouges ?" Me demande l’homme en face de moi, me tirant de mes pensées.

- "Oui, c’est lui qui m’a aidé à trouver ce qu’Elle était. Et comment l’aider." Confirmé-je.

- "Alors, ce n'était pas un fantôme, n'est-ce pas ? C'est pour ça que vos instruments ne réagissaient pas ?" Demande le binoclard. "Elle était quoi alors ?"

- "Je vais y venir, pas de panique." Dis-je en me levant. "Je commence à avoir soif ... Z'auriez pas un truc à boire, par hasard ?"

Il se lève pendant que je tourne ma chaise pour étendre correctement mes jambes tout en allumant encore une cigarette. Je devrais vraiment lever le pied avec ces cochonneries. Mon ange gardien a changé et le nouveau est peu enclin à me laisser le sursis que l’ancien m’accordait.

Je regarde l’homme sortir de la pièce en souriant. Je ne pensais pas discuter aussi longtemps, mais ce type m'est de plus en plus sympathique…

Il revient avec un verre et une bouteille d'eau. Mon sourire se fige et je grimace. Finalement, le Gentil Petit Binoclard perd des points. J'aurais préféré autre chose. Un whisky par exemple. Mais bon, on peut pas tout avoir ... J'avale deux verres d'affilée et quand je repose mon gobelet sur la table, le type me repose la question :

- "C'était quoi alors ?"

Comme le bonhomme maigrelet semble s'impatienter, la main sur le magnétophone, prêt à enregistrer, je m'éclaircis la gorge et je continue mon récit ...

***

J’étais donc entré dans le bureau du professeur et m’installai dans un fauteuil pour l’attendre. J’avais sorti mes instruments et ceux-ci s'étaient mis, en toute logique vu l’endroit où je me trouvais, à détecter toutes sortes de traces d’esprits, alors qu’ils étaient restés parfaitement immobiles et silencieux dans l’appartement de Shinjuku. C’était à n’y rien comprendre... J’étais pourtant sûr de l’avoir vue.

- "Comment un fantôme peut être un fantôme sans en être un ?"

Dépité, je m’enfonçai davantage dans le fauteuil en face du bureau du Professeur quand j'entendis derrière moi :

- "Comment ça, tu as rencontré un fantôme qui n'en est pas un ?"

Je ne me retournai pas pour prononcer d'un ton amusé :

- "Bonjour le Vieux. Je vous ai déjà dit de ne pas arriver comme ça, sans bruit, derrière un chasseur, il vous arrivera une bricole un jour ..."

- "Hummm ..." Soupira-t-il en s'asseyant à sa place. "Je sais très bien que c'est du cinéma. Tu sens ma présence ..."

- "Mouais ... Mais on sait jamais, vous savez, un accident est si vite arrivé !" plaisanté-je.

Il s'assit dans son confortable fauteuil et fit mine de ranger un peu le mélange de livres, amulettes et autres grigris qu’il entassait éternellement son bureau.

- "Donc ... Un fantôme qui agit comme un fantôme, qui ressemble à un fantôme mais qui n'est pas fantôme, c'est ça ?"

- "C'est ce que je me demande. Tout portait à croire qu'il s'agissait d'un homme en colère puisqu'il a été assassiné en bas de chez lui par quatre balles dans le dos mais ..." Je soupirai. "Mais c'est une femme que j'ai vue, ça, j'en suis certain. Elle était même sacrément jolie puisque je n'ai pas remarqué tout de suite qu'elle n'était pas en technicolor, si vous voyez ce que je veux dire ..."

Le Prof tiqua et se redressa vivement :

- "Pas en technicolor ... C'est-à-dire ?"

- "Bah, c'était comme un film en noir et blanc, voyez ? Les formes, les détails, tout était là mais manquait la couleur quoi ..."

- "Ah ..." Il joignit les mains sous son menton. "Et dis-moi ... ton truc-là n'a rien relevé, si j'ai bien compris ce que tu as dit tout à l'heure ..."

- "C'est ça. Et c'est pas lui qui déconne puisque ici, il fonctionne nickel."

- "Je vois."

- "J'ai essayé vos incantations soi-disant infaillibles et votre amulette mais, rien. Dans tout l'appart, y'avait que dalle. Pourtant, les deux voisins du dessous sont persuadés d'entendre des bruits. Et j'ai trouvé des impacts étranges sur les murs, comme si certains objets avaient été lancés. Ce qui correspond assez bien avec la théorie de l'esprit frappeur ... Et il y a quelque chose puisque ..."

Je me penchai alors en avant les mains posées bien à plat sur le bureau du Prof, pour bien souligner ce que j'avais à lui dire :

- "Je l'ai vue, j'en suis sûr et certain. Je l’ai vue comme je vous vois."

Il se cala un peu plus contre le dossier de son fauteuil, me sondant du regard, puis enfin :

- "Je te crois. Mais, effectivement, ce n’est pas un fantôme que tu as vu."

Il se leva et réfléchit quelques instants avant de maugréer :

-" Hummm... c'est quand même bizarre que tu les vois toi aussi, je pensais que c'était une capacité réservée aux médiums ... Mais tu vois aussi les fantômes sans drogues, sans transe, sans formule ... C'est peut-être pas si illogique, et ... elles sont tellement rares que c'est pas si étrange que tu n'en aies jamais croisées ... Oui, je vois qu'ça de toutes manières ... en noir et blanc, un fantôme qui n'en est pas un ..."

Il se frotta les mains et se tourna vers moi, satisfait :

- "Nous allons pouvoir rajouter une ligne à ton CV, il semblerait que tu puisses voir également les âmes errantes", Fit-il, joyeux.

- "Super ... Vous m'en voyez ravi ..." Répliquai-je, sarcastique, pas vraiment heureux de remplir mon CV, comme il disait. "Et c'est quoi, ça, les âmes errantes ?"

Puis il redevint sérieux et ajouta, en se grattant la barbe, comme à chaque fois qu’il réfléchissait, éludant ma question :

- "Cela dit, c’est plutôt logique, puisque d’après ce que je sais, les âmes errantes sont coincées entre les deux mondes, pas tout à fait mortes, plus tout à fait vivantes. Un peu comme toi à l’époque."

Il se leva et se dirigea vers ses bibliothèques et farfouilla parmi ses livres.

- "Je pense avoir vu une définition quelque part dans l'Encyclopédie du Médium Supérieur ... Oui, oui, ça ne peut être que dans ce bouquin ... Où il est ? Mais cela dit, nous connaissons tous les deux un spécialiste auquel tu pourrais t’adresser directement." Ajouta-t-il en me regardant par-dessus ses lunettes. "Ah, voilà ... J'ai trouvé ce satané bouquin !"

Je soupirai fortement :

- "Pas envie de lui demander quelque chose à celui-là... Il va encore frimer pendant des plombes et me faire rembourser son aide pendant des années et ..."

- "Je pense cependant que ça serait une bonne idée. Car dans ce que je lis là ..." M'interrompit le Prof. "Alors ... Ames errantes : Manifestations rares qui apparaissent, selon les médiums, en noir et blanc, au même titre que les âmes voyageuses. Elles s'en différencient cependant par le fait qu'elles sont attachées à leur corps qui est encore vivant. Peu dangereuses et éphémères, elles disparaissent définitivement quand leur corps finit par mourir. Elles suivent alors le chemin qui leur était programmé sans qu'il y ait besoin d'intervenir."

- "Ouais, effectivement, ça aide pas." murmurai-je, sachant déjà que je n'avais aucune envie de la voir "disparaître définitivement".

Je soupirai à nouveau en me levant, vaincu par le petit regard entendu du Prof, qui passait par-dessus ses petites lunettes rectangulaires.

- "Bon, OK, je vais l'appeler, cet idiot pas beau !"

Le Prof acquiesça, visiblement satisfait :

- "Bien, bien, bien ! Je crois savoir qu’il est toujours occupé avec son enquête mais il ne devrait pas être trop difficile à convaincre de nous aider. Au pire, demande à Kazue de se joindre à toi. Elle devrait parvenir à le convaincre rien qu'en le regardant."

Je m'assis en tailleur sur le sol, prenant le matériel nécessaire pour contacter mon ancien partenaire, pendant que le Prof me demandait :

- "Au fait Ryo…"

Je me retournai pour faire face à mon mentor et ami tout en faisant les manipulations pour joindre Mick. Pendant ce temps, le Prof me regardait avec sérieux, l’air presque sévère derrière ses lunettes rectangulaires.

- "Il faudra songer à t’excuser auprès de Kazue. C'est la sixième planche de Oui-Ja qu'elle t'explose sur la tête..." M'expliqua-t-il en secouant la tête d’un air dépité.

J’en tombai presque à la renverse devant son air faussement choqué et lui rétorquai :

- "Vous pouvez causer .... J'en suis à six, et vous ? Vous en êtes à combien, vous ?"

Le bougre ne releva même pas et continua avec son air de vieux professeur donneur de leçons :

- "Elle est fâchée. Elle va s'en remettre, certes, mais elle est fâchée. Elle se demande quand tu finiras par comprendre."

Je le dévisageai, éberlué. C’était la meilleure, ça ! Le vieux libidineux me donnait des leçons de bonne conduite envers la gent féminine ... J’en restais coi quelques secondes et décidai finalement de ne pas lui répondre, histoire de ne pas lui manquer de respect.

Puis en repensant à Kazue, ses longs cheveux noirs, sa jolie bouche et ses charmants petits seins, mes pensées m'échappèrent :

- "C'est juste qu'elle ne veut pas se rendre à l'évidence qu'on est fait l'un pour l'auuuuuutre..."

- "Hummm, notre spécialiste en question ne serait pas d'accord avec toi et tu n'as pas intérêt à lui raconter ton dernier ... "fait d'armes" si tu vois ce que je veux dire ... Mais c’est vrai qu’elle est jolie" Fit-il à son tour, avant d’avoir la même expression rêveuse que moi, la bave aux lèvres.

***

Je suspends mon récit, cherchant, en vain, des détails sur les évènements qui suivirent. Comme je reste silencieux, le binoclard me demande, en relevant le nez de sa feuille de papier.

- "Oui ... Et ?"

- "Après ça, j’ai un trou noir, je me rappelle plus trop ce qui s’est passé. Tout ce que je sais, c’est qu’avec le Prof, on s’est réveillé avec une belle bosse chacun, allongés au sol sur le signe cabalistique de Mick et un ange face à nous nous fixait d’un air réprobateur." Avoué-je en me tapotant le nez du doigt, pour sonder ma mémoire. "En même temps, je suppose qu'il nous avait encore assommés avec une de ses ailes. Après, reste à savoir si c'était involontaire ou pas ... Bon, vu sa tête, j'ai de sérieux doutes quant à l'innocence de Mick, sur ce coup …"

- "Attendez, attendez…" M’interrompt encore le petit bonhomme en se frottant les tempes.

Je ris de nouveau. Ça doit commencer à faire beaucoup pour lui.

- "Vous avez parlé d'ange et ... et d'ailes, c'est ça ? Ça veut dire que Mick est un ange ? Avec des ailes ? Et tout ? Un vrai ?"

- "Ben ouais." Je le regarde, éberlué. "Je pensais que vous aviez compris. Mick ANGEL, Etats-Unis, chrétienté, archange Michel … Mick est un ange, oui."

Je soupire. Cette dernière phrase me serre encore le cœur malgré le temps qui s'est écoulé depuis et j'ajoute dans un souffle :

- "Enfin, était, Mick ETAIT un ange, mais ça, c'est une autre histoire."