C.H.C.H. ou Courtes Histoires de City Hunter
Chapitre 9 : Lumbago vs Mokkori, Troisième round
2883 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 07/02/2023 10:56
C'était jour de grand ménage chez les Saeba. Placards, boîtes de rangements, tiroirs, étagères et petites caches secrètes étaient passés au crible : tout ce qui ne n'avait pas servi depuis plus de deux ans devait disparaître. Autant dire que Kaori avait du pain sur la planche alors qu'elle s'attaquait à la boîte à pharmacie, qui, en plus des médicaments lambdas et habituels de tout à chacun, était gonflée par des équipements plus spécifiques.
- "Mais quel boxon ... C'est pas vrai ..." Désespéra la jeune femme en soulevant un amas de bandes velpeau qui s'étaient enroulées autour de diverses pinces chirurgicales.
En tirant dessus, les pansements hémostatiques et simples sparadraps pour les petits accidents dans la cuisine se répandirent sur le sol. Kaori râla vertement en découvrant que les antibiotiques à large spectre en cas de blessure par balle cotoyaient anti-pyrétiques communs ou anti-nauséeux classiques ... Et c'était sans parler du fil à suture qui était plus ou moins rangé, pour ne pas dire totalement fusionné, avec le fil dentaire.
- "J'suis pas sortie de l'auberge ..."
Au bout d'une dizaine de minutes, pendant que les boîtes périmées s'accumulaient dans le carton estampillé au marqueur noir : "A ramener à la pharma.", les ronchonnements de Kaori allaient crescendo :
- "Mais c'est pas vraiiii ... Non, mais je rêve ! ... Heurk, ça a coulé ... Dégueu ... Et merde ... Mais quel bor*** !"
Alerté par cet excès de bougonnements et gros mots finement choisis, Ryo rappliqua dans la salle de bain et ne put s'empêcher de rire en voyant sa partenaire affairée, assise en tailleur sur le tapis de la salle de bain, cernée de différentes boîtes de toutes tailles.
- "C'est quoi ce foutoir ?"
- "Je fais le tri, ça se voit pas ?" Répliqua sèchement Kaori sans lever le nez de son occupation. "Je jette ce qui est périmé et je tente d'organiser le reste. Et regarde : le sirop pour la toux était mal fermé, ça colle et ça pue la fraise ... "
Ryo se pencha vers un tas plus important que les autres, un mélange de tubes, de petits pots, de boîtes de comprimés et de quelques fioles colorées :
- "Tu envisages de nous réorienter dans le trafic d'anti-inflammatoires et de décontractants musculaires ?"
Sarcastique, Kaori fit semblant de rire :
- "Très drôle, Saeba. "
Ne se sentant pas tellement concerné par cette affaire, Ryo haussa les épaules. Il allait tourner nonchalemment les talons quand la jeune femme l'interpella et désigna le tas qu'il venait d'inspecter :
- "Tant que tu es là, tu peux peut-être m'aider ... J'essaie de retrouver la dernière pommade que j'ai utilisé pour tes problèmes de dos."
- "La pommade pour les problèmes de dos ?" L'interrogea Ryo, visiblement surpris. "Quelle pommade ? Quels problèmes de dos ?"
- "Tu ne te rappelles pas ? À un certain moment, tu n'arrêtais pas de te bloquer le dos. Lumbago sur lumbago, c'était assez pénible. Ca fait combien de temps que ça t'est plus arrivé ?"
- "Oh lààà ... au moins quatre ans."
- "Tu ne te rappellerais pas quelle pommade j'ai utilisé en dernier, par hasard ?"
Ryo haussa les épaules :
- "En quoi c'est important ?"
- "Oh, juste histoire de savoir qu'est-ce qui a finalement été efficace. C'est pour le mari d'une copine."
Ryo sourit en croisant les bras et en s'adossant au chambranle de la porte ouverte :
- "Tu sais, toutes tes pommades n'ont rien à voir avec mon rétablissement ..."
- "Hein ? Comment ça ? Alors c'était les décontractants ?"
- "Non, pas les décontractants non plus ..."
Kaori resta concentrée sur sa tâche et retourna une boîte de comprimés de tous les sens :
- "Elle est où, la date de péremption, là-dessus ? Ah ... Voilà ... Oh la vache ... 1990 ..." Elle lança la boîte jaune dans le carton et savoura sa victoire : "Panier !!! Tu disais ? Ce ne sont pas les décontractants non plus ? Alors quoi d'autre alors ? C'est bizarre, j'étais persuadée que c'était une pommade."
Ryo sourit de plus belle, se pencha un peu vers la jeune femme et répondit d'une voix volontairement enjôleuse :
- "C'est tout à fait autre chose qui m'a fait de l'effet ..."
Ignorant sa remarque et le ton chargé de sous-entendu, elle soupira en regardant flacon en verre fumé :
- "Pfff ... anti-histaminique ... date ? Dépassée depuis des lustres ..." Elle se tourna vers Ryo qui, par réflexe, se redressa à moitié : "Tiens attrape ça et mets le dans le carton."
La fiole décrivit un petit arc-de-cercle parfait et atterrit entre les doigts agiles de Ryo qui, brusquement, se figea, tétanisé. Au bout de quelques secondes, Kaori leva un sourcil interrogateur et se moqua, ironique :
- "Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu joues à 1-2-3-Soleil ?"
- "Ahahaha... Très drôle, Makimura !" Souffla Ryo à travers ses lèvres pincées.
Ryo restait crispé et serrait les dents. Pâle, les traits tirés, il faisait de son mieux pour rester stoïque mais Kaori se rendit immédiatement compte qu'il souffrait.
- "Qu'est-ce que ..."
- "Le dos ..." Gignit-il. "Ca ... ça recommence ..."
Abasourdie, elle demanda
- "Quoi ? Tu déconnes ?"
- "Non."
Il attrapa la main que Kaori lui tendait alors qu'elle venait de se relever.
- "Pas ... du tout. J'ai vraiment ... mal."
- "Encore une bagarre dont tu ne m'aurais pas parlé ?"
- "Non. Je te jure ... que non."
- "Viens, tu vas aller t'installer sur le lit."
Ryo sourit comme un bienheureux en entendant le mot "lit" puis il se crispa brusquement, tout en serrant les dents. Compatissante et inquiète, Kaori enroula ses doigts autour des siens, raffermissant sa prise. Il inspira un grand coup et entreprit son lent périple vers la chambre en silence. Arrivés à destination, elle l'aida à s'allonger sur le ventre, s'accroupit devant lui et repoussa délicatement les mèches rebelles de son front.
- "Je te prépare bouillotte, pommade et décontractants ... enfin, si j'en trouve encore une boîte pas périmée."
- "Pfff ... j'en veux pas ... Tu sais ce qui avait fonctionné ?"
- "Non, dis-moi."
- "Tes mains."
- "Hein ?"
- "Ce sont tes massages et tes mains qui ont tout fait." Affirma Ryo, dissimulant difficilement son triomphe et son impatience quant au traitement qu'on allait lui proposer.
Kaori éclata de rire :
- "N'importe quoi !"
- "Tsss, tsss, tsss ... Tu ne te rappelles pas de ce massage-là ?"
- "Si ... Mais tu racontes n'importe quoi. Et tu sais pourquoi ?"
Il secoua légèrement la tête, affichant un léger sourire en coin, amusé par ses souvenirs alors qu'elle se relevait vivement pour se planter devant lui, déterminée, les mains sur les hanches :
- "D'abord parce que je ne t'ai massé qu'une seule fois et ensuite parce que je n'ai vraiment pas fait ça très longtemps. Je ne vois pas en quoi ça peut être efficace."
- "Ca l'est ! Évidemment que ça l'est ! Ça a regonflé mon moral à bloc ... et tu sais bien que les maux de dos sont très influencés par le psychologique. C'est cette main-là qui me fait ... beaucoup d'effet."
Kaori se figea. Inévitablement, ses joues se parèrent de rose puis virèrent au rouge alors que Ryo ajoutait en se tournant sur le côté pour mieux la regarder dans les yeux :
- "Et pas que sur mon dos. Il y a une zone qui aime beaucoup beaucoup cette jolie main ... Alors ... Comment est-ce que ça c'était passé ce jour-là ?"
Il attrapa Kaori par le poignet et l'attira vers lui. Sans la lâcher, il se mit sur le dos et captura sa main entre les siennes :
- "Je crois que je m'étais retourné et j'avais fait un truc comme ça ..."
Il joua un peu avec ses doigts, caressant la paume offerte tout en murmurant :
- "Je t'ai demandé d'être délicate ... Je ne me rappelle plus exactement de ce que je t'ai dit. Par contre, je me souviens très bien de ce que j'ai fait ..." Par une pression douce mais autoritaire sur son avant-bras, il l'invita à s'asseoir sur le bord du lit : "J'ai caressé ton bras ... ton épaule ... ton cou ... ta joue ... C'est ça, non ?"
Elle pinça les lèvres mais resta muette, les yeux brillants, le souffle suspendu aux circonvolutions de ses doigts sur sa paume et sur la peau fine de son poignet. :
- "Si tu ne t'en rappelles pas, moi, je me souviens très très bien ... Comme si c'était hier ... Je peux te rafraîchir la mémoire si tu veux ?"
Elle toussota et prononça d'une voix un peu éraillée en tentant de se lever :
- "Tu ne préfères pas que j'aille te chercher de quoi ..."
Il l'interrompit en tirant sur sa main pour qu'elle s'asseye à nouveau, ce qu'elle fit en souriant malgré son inquiétude. Ses doigts quittèrent la main légèrement tremblante de Kaori pour aller courir un peu plus haut à travers le tissu de la chemise de la jeune femme. Il porta la main frémissante à sa bouche. Kaori frissonna en sentant son souffle chaud effleurer sa paume alors qu'il la caressait de ses lèvres :
- "Ensuite, j'ai ensuite embrassé ton bras ... Tout ton bras ... J'étais impatient d'arriver à ton épaule ... J'avais une chance d'enfer ce jour-là car tu portais ce diabolique débardeur de pyjama blanc à travers lequel on voit tout ... Je me demande d'ailleurs si tu ne l'avais pas fait exprès ..."
Les joues en feu mais un petit sourire aux lèvres, elle resta muette.
- "Pas grave, je saurai un jour ..." Ajouta-t-il en mordillant légèrement la partie légèrement charnue de la main fine et délicate, faisant sursauter Kaori.
Il l'attira un peu plus vers lui et il put caresser la peau frissonnante, celle située juste en dessous de l'oreille en murmurant :
- "Et ensuite, j'ai embrassé ton cou ..."
Elle ferma les yeux et retint son souffle. Il sourit, satisfait :
- "C'était drôle, tu étais complètement tétanisée et tu avais une chair de poule parfaitement visible ... ça faisait même pointer tes seins ... ça se voyait à travers le tissu ... tu avais du mal à respirer ... C'était tellement ... "
Il se releva un peu sur le coude et caressa du bout des doigts la mâchoire de la jeune femme en poursuivant :
- "J'ai à peine frôlé ta joue avant de t'embrasser ... J'en avais tellement envie ... Je te raconte pas combien c'était dur d'approcher avec tant de précaution ... Mais il fallait que j'aille doucement ou sinon je risquais de finir de nouveau sous une de tes massues ... Et tout aurait été à recommencer."
Il l'observa un peu et murmura sur le ton de la confidence :
- "C'est fou que tu rougisses encore autant quand on reparle de ça ... Depuis le temps, quand même !"
Elle ouvrit les yeux et il posa son pouce sur sa bouche. Elle sourit alors qu'il effleurait ses lèvres :
- "Mais je trouve ça super sexy, quand tu rougis ... mais tu le sais, ça, hein ..."
- "Meuh nan ... Qu'est-ce que tu racontes ?"
- "Si tu le sais ..."
Elle lui sourit de plus belle et le regarda un peu par en-dessous, mutine, avant de pincer entre ses dents le doigt aventureux.
- "Hééé !"
Il se retira vivement et elle profita de cette diversion pour grimper sur le lit. Elle s'installa délicatement à califourchon sur le ventre de Ryo.
- "Tu es sûr que tu n'arrives pas à bouger ?"
- "Sûr ..."
- "Alors, c'est vraiment très grave ... Il va falloir un traitement de choc."
- "Ah oui oui, je confirme. De choc."
Elle déboutonna lentement sa chemise et l'envoya voler au sol, révélant sa poitrine et son soutien-gorge :
- "Je sens que je vais déjà mieux ..." Clama Ryo tout en posant ses mains sur les cuisses de la jeune femme qui les repoussa :
- "Ah non, non, non ! Toi, tu es blessé, tu ne bouges pas ! C'est le secret de la guérison !"
- "Mais ..."
- "Chuuut ! J'ai dit : Pas bouger, Saeba !"
Elle se pencha pour l'embrasser puis mordilla un peu ses lèvres. Voulant reprendre les rênes, il se dégagea vivement et la fit basculer sur le côté. Quand Ryo tendit le bras pour défaire l'attache de son soutien-gorge, il se figea brusquement, serrant les dents, les yeux perdus dans le vague.
Elle desserra immédiatement son étreinte et demanda, inquiète :
- "Qu'est-ce qui ne va pas ? C'est une attache tout à fait classique, ça ne devrait pas être diff..."
- "C'est pas ça ... C'est ... Le dos ..." Gignit-il.
- "Quoi ?"
- "Ça bloque. Ça fait mal ..."
Elle éclata de rire :
- "Oui, c'est bon, j'ai compris, tu veux un massage ..."
- "Non." Répliqua Ryo en la regardant dans les yeux : "Enfin si, j'adorerais mais non. Il serait peut-être plus raisonnable que tu ailles chez Miki et Falcon pendant quelques jours ... "
Kaori rit doucement tout en jouant audacieusement avec la ceinture de Ryo. Ce dernier grimaça et se laissa retomber lourdement sur le dos en grognant. La douleur s'installait insidieusement dans le bas de son dos, se frayant un chemin entre ses vertèbres, son sacrum et ses hanches, descendant jusqu'à sa cuisse gauche. Pensant qu'il s'agissait toujours d'un jeu, Kaori demanda, mutine :
- "Pourquoi j'irai chez Miki ?"
- "Et si un de nos ennemis décidait de s'en prendre à toi ?"
Elle se remit à califourchon sur ses hanches et défit la boucle de ceinture, le bouton, la fermeture éclair en claironnant :
- "Il faudrait déjà qu'il arrive à passer les pièges que j'ai mis en place ! Ca fait un moment que j'ai renforcé la sécurité de l'immeuble et de l'appart."
- "Et si un type arrive à les passer, tes pièges ?"
- "Et bien, je l'assommerai ou je lui tirerai dessus ou je l'étripe ... ou je le fais sauter avec du C4 ! " Plaisanta-t-elle.
- "Non, Kaori, je suis sérieux." Il attrapa ses mains pour stopper leurs délicieuses investigations. "Il vaudrait mieux que tu te mettes à l'abri le temps que j'aille mieux."
Elle éclata de rire en se dégageant de son emprise :
- "Allez, c'est bon ... Et pour l'instant, personne n'attaque, personne n'attaquera .. A part moi ... Et crois-moi, je saurais te remettre d'attaque ..."
Elle souleva le t-shirt de Ryo et se pencha pour embrasser son ventre
- "Tu veux que je te masse par ici ?"
Ryo se mordit les lèvres en murmurant :
- "Et merde ..." Puis, il prit un ton plus autoritaire : "Kaori, arrête. Il faudrait vraiment que tu ailles me chercher la bouillotte, les décontractants et la pommade."
- "Je croyais que mes massages avaient tout réglé la dernière fois ?" Minauda-t-elle en passant ses lèvres sur le ventre de Ryo qui lâcha dans un soupir :
- "C'est ce que j'ai dit, oui, mais, en fait, non ..."
- "Comment ça ?"
- "Kaori, cette fois, ce n'est pas du flan."
- "Allez, je sais que tu joues la comédie depuis tout à l'heure ..." Susurra-t-elle en caressant les cuisses de Ryo à travers le tissu du jean, remontant inexorablement vers son but ultime.
- "Oui et les autres fois aussi ... mais pas là."
Elle se figea, suspendit son geste et se redressa brusquement toujours à califourchon sur ses hanches :
- "Quoi ? Les autres fois aussi ? Tu te fous de moi ?"
- "Non."
Sourcils froncés, les joues rouges de colère et les bras fermement croisés, elle gronda :
- "Mais ... Alors j'ai acheté tous ces trucs pour rien ? Je me suis inquiétée pour rien ? Comment as-tu pu ... ? C'est nul de faire semblant d'avoir mal au dos ! Pourquoi mentir ? Pourquoi inventer un truc pareil ? C'est ridicule !"
Ryo s'exclama :
- "Je ne te le fais pas dire ! Mais c'était une façon de ... de nous rapprocher un peu, quoi ..."
Elle écarquilla les yeux :
- "Espèce de ..."
- "Stop ! Pas taper quelqu'un qui souffre, c'est pas éthique !"
- "Pas éthique ? Et simuler, c'est éthique peut-être ?" Lança-t-elle en quittant brusquement le lit, arrachant à Ryo une grimace de douleur qu'elle ignora.
- "Non ... Je le reconnais. Ce n'est pas du tout éthique ..." Reconnut-il. "Mais ça avait plutôt été efficace, non ?"
- "Ohhh !"
Elle ramassa rageusement sa chemise et l'enfila rapidement :
- "Tu ne mériterais même pas que je m'occupe de toi, espèce de menteur !"
- "C'était pour la bonne cause !"
- "Peut-être mais en attendant, je vais renforcer les pièges autour de l'immeuble."
- "Je croyais que c'était déjà fait."
- "Ouais, bah, on sait jamais ..." Dit-elle en tournant les talons.
- "Non, mais ... Kaori ! Non, reviens ! J'ai mal !"
Comme elle s'élançait dans le couloir de l'appartement sans se retourner, il hurla :
- "C'était un cas de force majeure ! Fallait bien faire quelque chose !!! Kaori ! Kaoriii ! Reviiiieeens !"