Yes or No ?
Chapitre 34 : "Chassez le naturel... il revient au galop !"
3592 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 22/06/2022 14:11
Je m'approchai encore un peu de la porte et je sursautai quand j'entendis :
- "Ah ! Kazue, tu es là ! Viens te joindre à nous. Tu es en retard, dis-moi, un peu plus et tu loupais le départ de Hiro."
Je poussai lentement la porte et je n'en crus pas mes yeux.
Hiro était bien là. Dans le bureau de Mick. Assis à califourchon sur une chaise, torse nu. Je le voyais de profil et il se tourna vers moi avec un sourire crispé :
- "Bonsoir, Docteur Natori."
Je l'avais clairement entendu s'adresser à moi mais ses mots ne me firent pas réagir. Comme je restai muette de stupeur, il murmura à Mick :
- "Comment tu as fait pour l'entendre, toi ?"
- "Oreille de pro, mon vieux. Oreille de pro." Répliqua Mick sans bouger d'un pouce, concentré sur sa tâche alors que la chanson se terminait sur le tourne-disque.
Mick était assis sur sa chaise de bureau, pantalon de costume bleu marine, chemise bleu ciel, cravate et gilet. La seule chose qui changeait par rapport à ses habitudes vestimentaires était sa paire de gants. Pas de coton ou de cuir assorti à la couleur de sa cravate. Non. Cette fois, il s'agissait de gants en latex noir, épais et qui montaient assez haut. Je n'avais encore jamais vu l'appareil qu'il tenait en main mais c'était de là que venait ce petit bruit que je n'avais pas réussi à identifier et Mick le posait sur la peau de Hiro qui grimaçait. De l'autre, il tenait une compresse qu'il passait après l'appareil dans une rythmique régulière et précise.
Mick se tourna un peu sur sa chaise et j'aperçus tout un ensemble de petits pots de différentes couleurs : du rouge, jaune, orange, noir, bleu ... Il se pencha à nouveau vers le dos de Hiro qui poussa un gémissement plaintif.
- "Tiens bon." Dit Mick calmement. "J'ai bientôt fini."
Je m'approchai lentement, les jambes cotonneuses, le cœur encore battant d'émotion. Toujours penché sur le dos de Hiro, Mick me demanda :
- "Qu'est-ce que tu en penses, Kazue? Un phœnix pour commencer une nouvelle vie et cacher les vilains tatouages des clans, c'est pas mal, non ?"
Je regardai un peu mieux et je découvris, ébahie, le dessin qui se trouvait sur l'épaule et le dos de Hiro. Une sorte d'aigle majestueux rouge et or, dont les plumes se terminaient par des flammes, prenait son envol sur sa peau. Une des ailes passait par-dessus son épaule et allait jusqu'à sa clavicule, et dissimulait ainsi parfaitement les insignes de son clan.
La tête du phœnix reposait à la base de sa nuque et son œil noir semblait vivant tellement les détails étaient précis.
- "Alors ? Vous en pensez quoi, Docteur Natori ?" Me demanda Hiro. "Moi, ce que je trouve le plus classe, c'est là." Et il leva son bras droit : quelques plumes de feu, rouges, grises et noires avec une pointe de bleu que l'oiseau avait perdues, s'enroulaient autour de son bras.
Trois de ces plumes cachaient d'autres anciens tatouages qui auraient permis de l'identifier.
- "Alors ?" Demanda Mick toujours sans lever les yeux. "Comment tu trouves ?"
- "Je ... Mais ... Qu'est-ce que ça veut dire ?"
Mick se redressa enfin, éteint son instrument et le posa sur son bureau, à côté des pots d'encres de couleurs. Il me lança un regard malicieux :
- "Reconversion en cours ..."
- "Comment ça : reconversion ?"
Il essuya le dos de Hiro avec une lingette antiseptique tout en me répondant :
- "Oui. Reconversion. J'ai décidé d'essayer de reprendre mon ancien métier. Celui que je n'aurais jamais dû abandonner finalement. Je n'étais pas sûr d'y arriver et je craignais d'avoir perdu la main et de faire des catastrophes mais Hiro s'est courageusement porté volontaire pour être mon premier cobaye ..."
Hiro se tourna vers moi :
- "Et je ne regrette pas. Enfin ... A part la quinzaine d'heures de souffrance occasionnées ... Je dois dire qu'il a plutôt assuré !"
- "Oh punaise ... J'y crois pas ..." Murmurai-je tout en me retenant à la chaise de Mick d'une main pour ne pas flancher et portant l'autre à mon cœur comme pour en maîtriser les battements qui ne se calmaient toujours pas.
Mick leva vers moi un regard inquiet :
- "Kazue ? Ça va ?"
- "Oui ... Non. Non, ça ne va pas vraiment. Enfin si ... C'est juste que ... Je m'attendais à autre chose ..." Balbutiai-je, alors que j'avais du mal à respirer.
- "Ah bon ? A quoi ?"
Je pris une grande inspiration pour tenter de me calmer avant de lâcher :
- "Je ... Alors c'est ça que tu cachais depuis des jours ? Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ? J'étais en train de me m'imaginer des tas de choses les plus ... les plus horribles les unes que les autres, moi !"
- "Kazue ... Qu'est-ce que tu es encore allée t'imaginer cette fois ?" Dit Mick avec un petit air de reproche amusé.
- "Tu refermais toujours la porte de ton bureau avec cette expression étrange et ... et quand tu es sorti de chez Ryo l'autre jour avec ton air de gros malin, tu m'as sorti cette excuse bidon, là, comme quoi Ryo essayait de séduire Kaori ..."
- "Ah mais c'est vrai ça. Ce n'est pas du bidon. D'ailleurs, je l'ai vu ce matin et il s'est complètement lourdé, l'Étalon, et en plus ..."
Je levai la main pour l'interrompre, je devais continuer à lui dire ce que j'avais sur le cœur :
- "J'ai pensé que tu avais repris une affaire."
Mick me regarda, abasourdi mais cette fois, il ne m'interrompit pas :
- "Que comme Kaori n'était pas là, tu étais redevenu le partenaire de Ryo. Et ensuite, quand je suis entrée, j'ai entendu Hiro dire que tu étais complètement accro ... J'ai cru que ... Oh mon Dieu ... J'ai cru que tu avais replongé ... Et je m'imaginais déjà revivre tes crises de manque et ... "
Je me tournai vers Hiro :
- "Alors, vous, franchement, on a pas idée de dire ce genre de trucs à un ancien drogué, c'est vraiment pas fut-fut ! D'ailleurs, vous parliez de quoi ?"
Il me dévisagea, gêné :
- "Bah, c'était juste à cause des paroles ... Je comprends pas bien l'anglais mais cette chanson n'est pas très compliquée et ... Comme il dit : "Because you're mine, I walk the line" ... Je trouve que ça colle parfaitement à Mick et vous. C'est tout, Docteur Natori, je vous assure. Donc, je le taquinais juste sur le fait qu'il est accro à vous. Je suis ... désolé ... si vous vous êtes inquiétée à cause de ça ..."
Je me sentis soudain ridicule. Ridicule mais soulagée. Tellement soulagée que mes jambes flanchèrent définitivement et Mick dut me retenir en m'entraînant sur ses genoux. Il me serra ensuite contre lui tout en passant la main dans mes cheveux :
- "Et bien et bien ! Ça cogite là-dedans ..."
Je murmurai dans un soupir :
- "Et, c'est pas demain la veille que ça va se calmer ou que je vais arrêter de tirer des conclusions hâtives ..." Je me tournai vivement vers Hiro : "Toutes mes excuses, Hiro. Je n'aurais pas dû vous dire ça. C'était franchement déplacé ..."
Il se leva et me sourit :
- "Pas de problème, Docteur Natori. Je peux comprendre."
Remarquant que Mick lorgnait ostensiblement sur mon décolleté, je lui pinçai le nez entre deux doigts ce qui le fit rire et je me relevai :
- "Mick a parlé de votre départ, Hiro ? Vous nous quittez ?"
Hiro répondit pendant que Mick appliquait un pansement sur son tatouage :
- "Oui, Docteur Natori. Ce soir. Falcon m'accompagnera au port pour me faire rencontrer son contact et je prendrai ensuite un bateau pour Hong Kong. C'est là-bas que Fuyumi travaille. J'espère que la petite m'acceptera ..."
- "Je l'espère pour vous aussi. C'est très courageux ce que vous faites."
Il baissa les yeux, manifestement gêné et toussa pour s'éclaircir la gorge :
- "Il est temps pour moi de vous laisser, j'ai un bagage à faire."
Mick ouvrit le tiroir de son bureau et en sortit un passeport pendant que Hiro se rhabillait :
- "Dernière chose, Monsieur Akimasa Kobayashi, voici votre nouvelle identité."
Hiro l'inspecta :
- "Waouw ... On dirait un vrai."
- "C'est parce que c'en est un. Enfin, presque. C'est ça le secret. Même papier, même encre, même police d'écriture, même technique de sécurité ... Sauf que tu n'es rattaché à aucun état civil, donc, fais profil bas." Il se tourna vers moi et dit d'une voix douce mais ferme : "Et toi, tu n'as rien vu et ne pose pas de questions. Moins tu en sais, mieux c'est. Si je me fais prendre, je ne veux pas que tu sois impliquée."
Tétanisée, je hochai la tête. Hiro se dirigea vers la porte d'entrée puis se tourna vers Mick et lui tendit la main :
- "Je sais que chez toi, on se salue ainsi ...."
Mick ne répondit pas mais regarda la main tendue de Hiro.
- "Chez moi, on se salue en se faisant l'accolade."
Et Mick saisit le jeune homme par les épaules et l'attira à lui mais se retint de lui taper dans le dos et se contenta d'un tape légère sur l'épaule gauche de Hiro :
- "Bonne chance pour la suite."
Hiro se dirigea vers la porte et s'inclina devant Mick et moi.
- "Je ne sais pas comment vous remercier, tous les deux. J'ai longtemps cru que m'être retrouvé dans cette ruelle, à moitié mort, était la fin de ma vie. Je pense maintenant que c'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver." Il se redressa et nous regarda tour à tour : "Docteur Natori, je crois que personne n'a jamais aussi bien porté son prénom que vous, merci pour tout. Mick, je te suis redevable d'une vie. En cas de pépin, tu pourras compter sur moi. Merci encore."
Mick hocha la tête tout en passant une main autour de mes épaules pour m'attirer à lui :
- "De rien. Merci à toi de m'avoir fait confiance."
Hiro fit un dernier signe de tête tout en prenant une grande inspiration et ouvrit la porte pour s'en aller dans le couloir et je sentis mon cœur se serrer en voyant l'émotion qu'il tentait de dissimuler. Nous entendîmes ses pas dévaler les cinq étages puis la porte de l'immeuble se refermer brutalement.
- "Voilà ... Ma première ombre s'envole vers une nouvelle vie." murmura Mick en refermant la porte.
- "Mick ..." Commençai-je mais la sonnerie du téléphone m'interrompis et j'allai décrocher :
- "Kazue ? C'est Miki ! Écoute, je voulais juste te dire que j'ai cuisiné mon petit mari ..."
Je ne pus m'empêcher de sourire : "cuisiné" son "petit" mari ... Je n'aurais jamais imaginé entendre une chose pareille pour désigner Falcon. Elle poursuivit :
- "Alors figure-toi que nos bonhommes sont en train de prévoir un plan pour faire quitter le pays à un ancien ..."
- "Je sais, Miki." La stoppai-je. "Je viens de l'apprendre à l'instant."
Elle hésita quelques secondes et me demanda :
- "Alors, tout va bien ?"
- "Tout va bien, Miki."
- "OK. Tu me raconteras demain ?"
- "Oui. Promis. A demain."
Quand je revins dans le salon, Mick était adossé à la porte d'entrée et ne me laissa pas le temps de dire quoique ce soit :
- "Oui, je sais ce que tu vas me dire ... Mais, je ne peux pas, Kazue. Je ne peux pas avoir un métier plan-plan qui me fasse faire métro-boulot-dodo sans un minimum de prise de risque. Je ne serai jamais ce genre d'homme. J'aurai toujours besoin d'un peu de danger dans ma vie. Même si bientôt, ici, il y aura une enseigne très officielle annonçant que je suis comptable, ne me demande pas de laisser tomber le reste."
- "Hein ? Comptable ?" Ca faisait beaucoup de données à intégrer d'un coup et mon esprit avait du mal à tout mettre en place. "Attends ... Tu es comptable, faussaire ou tatoueur ?"
Il rit et se rapprocha un peu de moi, gardant les mains derrière son dos :
- "Un peu des trois ... La semaine prochaine, je commence une formation à distance. J'ai l'intention de m'installer en tant que comptable pour les expatriés américains. Pour faire les déclarations d'impôts, un peu de gestion de patrimoine, ce genre de choses. Ce qui me permettra d'avoir accès de temps à autre à l'ambassade ... Ce qui peut être très pratique pour mon autre activité ..."
- "Mick ..."
- "Oui, oui, je sais, un atelier de tatouage juste à côté de notre salon, ce n'est pas l'idéal, j'en conviens mais, cela restera une activité annexe et je ferai ça si tu es de jour, je te promets de te laisser dormir quand tu auras travaillé de nuit. Et je m'arrangerai pour que tu ne croises pas mes clients."
- "Mick ..."
- "Oui, Kazue, j'ai mesuré les risques. L'entreprise de comptabilité sera très officielle et, même si elle ne permettra pas de nous faire vivre comme des rois, elle servira surtout à couvrir les achats d'encre et de papiers spéciaux. Pareil pour l'atelier de tatouages. Il suffit de falsifier les références des encres utilisées pour ... mais, j'en dis trop. Enfin, voilà, Kazue, j'ai bien planifié les choses. Alors, certes, il reste des risques et il y en aura toujours, mais, je les ai minimisés."
- "Mick ..."
- "Je les ai minimisé et en plus ... " Il énuméra sur ses doigts. "J'ai un voisin très efficace question protection, dans l'immeuble à côté du sien, il y a une ancienne flic - sœur de flic, qui plus est, ces deux sœurs sont les filles du Préfet de Police, j'ai un couple d'amis anciens mercenaires et une compagne qui fait partie des intouchables protégés par la pègre de cette ville.... Donc ..."
Il me regarda en souriant :
- "Ça devrait le faire, non ?"
- "Mick ..."
Il secoua la tête et poursuivit :
- "Je suis désolé si tu t'es inquiétée pour rien. Je voulais te faire la surprise mais avant, j'avais besoin d'être sûr que c'était vraiment ce que j'avais envie de faire. Et si je pouvais le faire." Il me montra ses mains et retira ses gants qu'il posa sur la table basse. "Et si mes mains pouvaient encore le faire. Je ne voulais pas t'en parler avant d'être sûr ... En voulant t'éviter de faux-espoirs, je t'ai donné de fausses inquiétudes. Je me suis un peu foiré là-dessus, navré."
- "Mick ..."
Il me dévisagea, surpris :
- "Quoi ? Il y a encore un truc auquel j'ai pas pensé ?"
Je m'approchai de lui et passai mes bras autour de son cou :
- "Je t'aime."
Pour une fois, ces mots étaient sortis tout seuls, spontanément. Ses yeux pétillèrent et il me serra contre lui :
- "Ah oui, effectivement, ça, j'avais oublié ... Tu peux répéter ?"
- "Tu as très bien entendu ... Ou bien ton oreille de pro serait défaillante, Monsieur Angel ?"
- "C'est que, c'est tellement rare ... Je ne suis pas certain d'avoir bien entendu." Ajouta-t-il avec son petit sourire en coin qui me faisait fondre.
J'éludai la remarque en l'embrassant. Quand il s'écarta de moi, il me demanda :
- "Au fait, que signifie ton prénom ? Hiro a dit que tu le portais mieux que personne ..."
- "It's a blessing. Something holy wich brings you hapiness (C'est une bénédiction. Un truc sacré qui apporte la félicité.)
- "Oh ... Effectivement. Je suis tout à fait d'accord avec lui !" Dit-il en m'embrassant à nouveau, m'entraînant vers la chambre. "Viens par là, mon porte-bonheur ..."
Deux jours plus tard, quand je rentrai à l'appartement, une drôle de surprise m'attendait. La table était dressée avec nappe blanche, chandelier, champagne et bouquet de roses rouges. Mick était là, debout au milieu du salon, avec mon tablier rose à volants autour des hanches, chemise blanche aux manches retroussées, cravate bleu ciel, gilet gris et pantalon noir.
- "Qu'est-ce que ..."
Mick m'interrompit, un sourire resplendissant aux lèvres :
- "Surprise ! Alors ? Comment tu trouves ?"
- "C'est ... waouw ... En quel honneur ?"
- "Toi, bien sûr !"
Je rougis, à la fois gênée, émue, profondément troublée et en même temps un peu inquiète de ce que pouvait signifier cette mise en scène romantique.
- "Ne t'inquiète pas." Me dit-il, souriant toujours et retirant son tablier. "Je n'ai pas cuisiné. J'ai pris à emporter ... Histoire d'être sûr de bien manger et de ne pas se retrouver de nouveau avec une omelette aux champignons dans l'assiette ..."
Il me tira la chaise et versa le champagne avant de nous servir le repas. Mick fut encore plus charmant qu'à l'accoutumée, le repas était délicieux et je passai un moment formidable, parlant de tout et de rien, chassant ainsi mes appréhensions, jusqu'à ce que, une fois nos desserts terminés, Mick se mette à se tortiller sur sa chaise tout en gardant la main gauche dans la poche de son pantalon.
Je l'observai, mi-intriguée, mi-amusée par son petit manège :
- "Quelque chose ne va pas, Mick ?"
Il toussa pour s'éclaircir la gorge.
- "Il y a une chose dont on doit parler ..." Il me prit la main par-dessus la table, gardant toujours sa main gauche dissimulée dans la poche. "Enfin, j'ai plutôt quelque chose ..."
Il toussa une nouvelle fois et soudain, je compris. J'avais eu raison de craindre le pire : sa demande, Mick allait refaire sa demande. Mon esprit me criait de fuir, tout de suite tout en me passant en boucle :
- "Non, non, non ... pas ça ... Non, non, non ... Je ne suis pas prête. Ça va tout gâcher ... Non, non, non ..."
Essayant de ne rien laisser paraître, je me levai brusquement en balbutiant :
- "Excuse-moi, je dois aller aux toilettes. Pardon, c'est urgent ... C'est le champagne, ça."
Et je m'enfuis me cacher dans la salle de bain, refermant même la porte à clef derrière moi. J'avais le cœur battant, les mains moites, les jambes en coton, je me sentais prise au piège. Je me passai de l'eau fraîche sur le visage pour tenter de reprendre mes esprits et ne pas céder à la panique et je me regardai dans le miroir.
Au pied du mur. J'étais au pied du mur et je n'avais pas beaucoup de choix possibles.
Mick n'avait pas oublié finalement. Et sa demande n’avait pas été un délire d'ivrogne. Et moi, j'avais omis cette éventualité, préférant ne pas y penser plus longtemps. Par facilité. Par lâcheté. Par peur de le perdre. Car, c'était ça, le véritable risque ... Encore et toujours cette même angoisse qui me tenaillait.
Comment dire à l'homme que j'aimais que je ne voulais pas l'épouser ?
Que je n'avais pas envie de tout ça ?
Que je me sentais bien comme ça, juste lui et moi ...
Que je n'étais tout simplement pas prête ...
Comment lui dire ça, après tout ce qu'il avait fait pour moi, pour nous, alors qu'il envisageait une nouvelle vie pour la partager avec moi, alors qu'il avait sorti les chandelles et qu'il avait certainement une bague dans sa poche ?
Comment lui dire sans le blesser ?
Il ne me pardonnerait jamais ...
Je me passai encore de l'eau sur le visage et cherchai une réponse dans le regard de mon reflet dans le miroir. Je prononçai alors à haute voix :
- "Alors ? Yes or no ? "
Oui ou non ?
Notre vie se résume souvent à cette simple réponse. Je mesurai maintenant à quel point Mick avait raison quand il m'avait dit ça un jour.
Oui.
Ou non ?
Yes.
Or no ?
Peut-être pouvais-je essayer de gagner du temps ? Du temps que je pourrais utiliser ensuite pour réfléchir et trouver des réponses à ces questions ? Et trouver comment lui avouer ...
- "On trouve toujours des réponses quand on cherche et quand on se pose les bonnes questions." Me disait souvent le Doc.
Conclusion : ce qui était vrai dans un laboratoire avec des éprouvettes et des cellules, devait être vrai aussi dans la vie réelle, non ?
Oui, voilà. Je devais gagner du temps. Maintenant la bonne question était : comment ?
Une diversion. Voilà, je devais à tout prix trouver une diversion.
Je me regardai encore une fois dans le miroir, pinçai mes joues pour les rendre encore un peu plus rouges, afin d'accentuer les effets du champagne, humidifiai mes lèvres pour les rendre plus brillantes, ouvris un peu le décolleté de ma robe portefeuille et mis mon plan à exécution.
(Le prochain chapitre sera classé MA (quelle surprise ^^), donc visible uniquement si vous êtes connectés-ées).
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Au plaisir !!! )