Yes or No ?

Chapitre 12 : Combat

3616 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/02/2022 11:02

Chapitre 12 :  Combat


Après le départ du Doc, Himika et moi commençâmes notre tournée en raccompagnant Hiro dans son lit. Mick m'avait fait un formidable sourire quand j'étais entrée dans sa chambre mais il me sembla légèrement tendu quand il me demanda d'un ton suspicieux si ma migraine était passée. Je ne sus pas s'il se rendit compte de mon demi-mensonge quand je lui répondis :

- "Oui, oui. C'est passé. ça faisait des années que ça ne m'était pas arrivé ..."

- "C'est pour ça que vous vous êtes sauvée, hier après-midi ?"

- "Heuuu ... Oui, oui. C'est venu brutalement ... Je suis désolée ... Mais, ça va mieux maintenant ... C'est du passé ..."

- "Ah, je suis rassuré ..." Dit-il en s'enfonçant dans les coussins, tout en me lançant un regard en biais. "J'ai cru que c'était à nouveau mon odeur corporelle qui vous avait fait fuir ..."


Je souris et me sentis alors obligée d'ajouter :

- "Ce n'est pas votre faute, Mick, je vous assure. Et ça n'avait rien à voir avec votre odeur !" Répondis-je en lui serrant le bras, tout en espérant qu'il comprendrait.


Il soupira tout en fermant les yeux. Il avait l'air épuisé.

- "Bonne nuit, Mick. Nous passerons dans une heure pour voir si tout va bien."


Après avoir mangé ensemble, Himika et moi fîmes notre tour de surveillance : nos deux pensionnaires dormaient paisiblement. Rassurées et tranquilles, nous prenions notre café dans mon bureau, nous gavant de caféine pour assurer notre longue nuit de garde, tout en papotant de tout et rien, quand :

- "Il avait l'air sacrément heureux de te voir ..." Glissa Himika entre deux gorgées.

- "Qui ça ?"

- "Ohhh, arrête, tu veux ? Je vois bien comment vous vous regardez en vous dévorant des yeux ..." 


Je me sentis rougir et dissimulai mon regard derrière ma tasse de café tout en m'enfonçant dans mon fauteuil mais je ne pus m'empêcher de sourire comme une adolescente en disant :

- "Maiiiis nooooon ..."


J'avais tissé une belle relation avec elle. Je pense que, d'une certaine manière, quand je la taquinais en disant qu'elle faisait comme ma mère, je n'avais pas vraiment tort. Elle était un peu comme une grande sœur pour moi. Une grande sœur comme j'aurais aimé qu'elle soit, ouverte, observatrice et drôle. Un peu tête de mule, certes, et intransigeante parfois, trop directe, souvent, mais foncièrement humaine. Voilà pourquoi j'aimais Himika. 

- "Maiiiis, siiii." Répondit-elle sur le même ton. "Dès qu'il te voit, on dirait qu'il s'allume. C'est comme une ampoule, paf ! Et toi ... bahhh, t'es plus discrète que lui mais je te connais, tu sais. Et ..."


Un bruit de verre brisé suspendit ses paroles. Nous nous levâmes dans un même élan et nous nous précipitâmes en courant dans le couloir. Je m'attendais à ce qu'un de nos pensionnaires ait cassé un verre d'eau ou une cruche ... mais non. Il ne s'agissait pas de ça. 


Grâce aux lumières du jardin et de la lune qui passaient par la fenêtre, je distinguai le reflet d'éclats de verre au sol : la vitre. La vitre était brisée et trois silhouettes noires et menaçantes nous barraient le chemin, trois hommes prêts à se battre et qui, manifestement, n'avaient pas peur de deux femmes en blouses blanches. 


Un des hommes mit Himika en joue :

- "Un cri, un bruit, un geste de travers et je la bute, compris, les poulettes ?"

- "Nous ne sommes pas des poulettes !" Répliquai-je d'un ton sec. "Vous n'avez rien à faire ici. Nous sommes en terrain neutre et les armes sont bannies dans cet établissement."


Le deuxième homme éclata de rire :

- "Toi, tu la ferme, la Doctoresse de mes deux." et il fit miroiter la lame d'un couteau dans la lumière de la lune. "Tao, occupe-toi de notre objectif ..."


Le troisième homme, celui qui s'appelait Tao, se dirigea vers la chambre numéro deux et je m'élançai pour m'interposer. L'homme qui était manifestement leur chef s'avançait dans ma direction d'un pas décidé, dirigeant sa lame vers moi. Il m'attrapa par le bras de sa main libre et me plaqua violemment contre le mur, son bras appuyant contre ma gorge et pressant son arme contre mes côtes :

- "Toi, tu bouges pas, OK. Cette affaire ne te regarde pas. On est venus faire notre boulot, c'est tout."


J'entendis des bruits de lutte dans la chambre d'à côté, des cris et des objets qui tombaient au sol. Je voulus me dégager, pensant, à tort, que je pouvais encore venir en aide à notre patient de la chambre deux. Comment s'appelait-il déjà ? Hiro. Hiro Watanabe. Cet homme allait être assassiné presque sous mes yeux sans que je puisse faire quoique ce soit. Je tentai de me dégager. Le type resserra son emprise et murmura dans mon oreille :

- "Non, non, non ... Tu restes tranquille et ta copine continuera de respirer et toi, tu garderas ton joli sourire ... Tu sais que tu es sacrément ..."


Son visage était tellement proche du mien que je sentais son haleine aigre, chargée de relents d'oignons et de tabac froid. Je détournai le visage pour masquer mon dégoût quand l'homme passa son arme sur ma poitrine, faisant sauter deux boutons de ma blouse puis de mon chemisier.


- "Enlève tes sales pattes de la dame et tu pourras vivre."

Le ton était net, sec et claquant et, si j'eus presque du mal à reconnaître sa voix mais je l'identifiai parfaitement à son accent chantant.


Mick. 


Celui qui me collait desserra un peu son étreinte et se tourna vers lui. Mick était là, debout dans le couloir, appuyant nonchalamment une épaule contre le mur, les pieds croisés, torse nu, les mains dissimulées dans les poches de son pantalon de pyjama. La pénombre dissimulait ses joues creusées mais sa silhouette restait impressionnante, malgré tous les kilos qu'il avait perdus. Je sentis un peu d'espoir naître au fond de mon cœur. Himika et moi n'étions plus seules. 


L'homme qui se pressait contre moi éclata de rire en s'adressant à Mick :

- "Toi ? Tu crois que tu me fais peur ??? Je t'ai observé toi et l'autre traître, cet après-midi ..."


Mick restait immobile et je ne parvenais pas à croiser son regard alors que le type poursuivait, visiblement sûr de lui :

- "Et je sais que tu ne peux pas te servir de tes mains ... Et tu penses pouvoir me donner des ordres ?"


Mon espoir disparut aussi vite qu'il était né et je regardai Mick, sentant la panique monter en moi. Comment allait-il pouvoir se battre ? Lui qui ne pouvait tenir aucune arme, aucun revolver, aucun couteau et encore moins donner un coup de poing, au risque de perdre définitivement l'usage de ses mains. Je faillis lui hurler de ne rien tenter, de préserver ses mains quand il répliqua au type d'un ton toujours très calme :

- "Non seulement je le pense mais je le répète. Retire tes sales pattes de la dame, range ton arme et embarque tes potes. En gros, tu te tires et tu resteras en vie. Dans le cas contraire ..."


Le type éclata de rire :

- "Et comment vas-tu faire, gros malin ? Pas de main, pas d'arme, pas de coup ... et tu crois que je vais t'obéir parce que tu le demandes ?"


Mick rit doucement et répondit  :

- "Pas besoin de mes mains pour vous mettre la dérouillée du siècle, à toi et tes copains. Pas besoin de toucher les déchets pour faire le ménage ... Et j'en ai nettoyé des plus dangereux que toi."


Mick s'avança, toujours les mains dans les poches. Il parla de la même voix calme et tranchante, tout en souriant, confiant :

- "Mais, je te laisse le choix : soit tu te casses sans demander ton reste et tu ne remets plus jamais les pieds ici, soit  ..."


Le type l'interrompit, toujours sûr de sa position de force :

- "Tu peux toujours rêver, mec ... et je vais même prendre un petit bonus en goûtant un peu de réconfort auprès de la petite Doctoresse ... J'ai toujours adoré les salopes en blouses blanches ..." 


Il passa la lame de son couteau entre mes seins pour en coller la pointe contre ma gorge alors que je tentais de rester calme et de reprendre mon souffle. 


J'avais peur, peur de mourir, de voir mourir Himika mon amie qui était toujours tenue en joue par le deuxième type, de voir mourir mon patient de la chambre deux et Mick. J'avais peur pour lui. 


Mick haussa les épaules et s'avança encore.

- "Alors, tu viens de choisir la deuxième option ... Tsss, tsss, tsss, que c'est triste de faire les mauvais choix !"


L'autre type le mit en joue, arma son pistolet. Mick se tourna lentement vers lui, s'avançant, pas à pas. Je vis l'homme hésiter un instant mais assurer sa prise en main. Je ne pus retenir mon cri :

- "Non, Mick ! Je vous en prie, ne faites rien ! Non ! Ne tirez pas ! Ne tirez paaaaaaaaaas !"


Et soudain une douleur cuisante me déchira la joue et ma tempe heurta violemment le mur. Le type venait de me frapper en plein visage, me laissant un goût de sang dans la bouche et des étoiles noires devant les yeux. J'entendis Himika crier et le reste se passa alors très vite.


Le nez de celui qui m'avait frappée craqua avec un bruit sinistre sous le pied de Mick qui lui balança un nouveau coup d'un geste rapide et précis pour frapper sa main, faisant tomber son arme au sol. L'homme s'agenouilla, se tenant le nez qui saignait abondamment et qui était sans aucun doute cassé. Un autre coup de pied de Mick chassa son couteau plus loin dans le couloir et un coup de coude l'assomma définitivement.


L'autre type releva son pistolet, visa et tira vers Mick qui évita le tir en se déportant souplement vers la gauche. Il poursuivit son mouvement et retourna un coup de pied dans la main qui tenait l'arme, l'envoyant rejoindre le couteau, plus loin dans le couloir. 


Quant à moi, je restai paralysée. Je ne sentais plus mes jambes et mes mains picotaient, mon cœur était sur le point d'exploser et ma joue me lançait. Je restai parfaitement immobile, suspendue aux gestes de Mick, tendue, retenant mon souffle, tressaillant à chaque coup qu'il esquivait et à chaque coup qu'il portait, n'utilisant que ses pieds et ses genoux, toujours les mains dans les poches. L'autre se fatiguait à frapper le vide quand il reçut le dernier coup qui l'envoya définitivement au sol, complètement sonné.


Mick se dirigea rapidement vers la chambre deux et tenta d'ouvrir la porte avec le coude sans y parvenir. Il jura en anglais, fit un pas en arrière, s'apprêtant à la défoncer avec un coup de pied quand la porte s'ouvrit de l'intérieur et Hiro parut dans l'embrasure de la porte, pâle mais vivant. Il sortit dans le couloir comme un automate. 


Mick passa devant lui et entra dans la chambre. Il en ressortit quelques secondes plus tard, l'air satisfait et se dirigea vers celui qui gisait au sol et qui lui avait tiré dessus. Il lui donna un coup de pied dans les côtes qui le réveilla brusquement et Mick se pencha sur lui :

- "Ecoute ... Je crois qu'un des tes potes a besoin de ton aide pour se relever et partir d'ici."


L'homme le regarda, essayant de maîtriser sa peur. Il hocha la tête et se leva tant bien que mal et se dirigea en boitant sévèrement vers la chambre. Il en ressortit quelques secondes plus tard, tenant son acolyte contre lui, son bras par-dessus ses épaules. Visiblement Hiro ne s'était pas laissé faire.


Puis, soudain, on me tira violemment en arrière en me tenant par les cheveux. Un bras entoura ma taille et serra fort, très fort, au point de me couper le souffle et de me faire mal à l'estomac. Mes pieds décollèrent du sol alors que je sentais un contact fin et froid contre ma gorge. Je ne trouvai même pas la force de crier tellement la peur me tenaillait alors que je m'accrochai à la main qui tenait le couteau, tentant, sans résultat, de l'éloigner de mon cou. Je reconnus alors l'odeur écœurante d'oignon et de tabac froid.


Je vis Mick se pétrifier et il me regarda, horrifié. J'entendis rire dans mon oreille :

- "Alors, mec ? Sans les mains ? T'es sûr ???"


Mick échangea un regard avec Hiro qui secoua négativement la tête. Mick lui répondit en relevant le menton. Apparemment, Hiro comprit et jeta un couteau sur un des pieds nus de Mick, une petite dague minuscule et fine qui étincela à la lumière de la Lune. Et puis ... en une fraction de seconde, Mick saisit le manche entre ses orteils, balança la jambe en arrière, en un mouvement d'une vitesse inouïe et d'une précision incroyable, il lança le couteau vers moi. 


L'homme me lâcha brutalement en hurlant. Comme je me dégageai rapidement, je vis que le couteau s'était enfoncé dans son épaule gauche. J'eus à peine le temps de me retourner que Mick lui tombait littéralement dessus, le plaquant au sol.


Il se releva souplement et frappa violemment des pieds dans les côtes de l'homme qui gisait à terre, ponctuant chaque nouveau coup d'une insulte chargée de rage.

- "Pourriture ! Espèce de raclure ... Charogne ! ... Ordure ! ... Je t'avais laissé une chance ... Une chance ! ... Tu n'en as pas voulu ? ... Tu as voulu jouer les plus malins ? ... Tant pis pour toi ! ... Sale connard ! ... De quel droit tu la touches ? ... De quel droiiiiit ? ... Sale rat ! Non, tu es moins qu'un rat, tu n'es qu'un ... cafard ! Un sale cafard ! ... Un cafard, bon à vivre dans les égouts ... Même les blattes ont plus d'honneur que toi ! ... T'es qu'une merde ! ... Une putain de merde inutile et puante !" 


L'homme reculait en rampant et en gémissant, tentant d'échapper aux coups qui lui martelaient le torse et l'abdomen, le couteau toujours planté dans son épaule. Puis, au niveau de la fenêtre, Mick lui asséna un dernier coup de talon qui fit craquer sa mâchoire et se pencha vers lui, appuyant son coude sur sa joue  pour que l'autre frotte sur les débris de verre de la vitre brisée. Il lui souffla :

- "Je t'avais dit de ne pas la toucher ... Je t'avais prévenu, non ? Je te l'ai dit : tu la touches, tu meures ..."


Dans la lumière de la Lune, le tatouage de Mick était fascinant et on aurait dit que ses ailes bougeaient dans son dos, suivant le roulis de sa musculature. Cependant, la rage qui émanait de lui me donnait presque la nausée. Je n'en pouvais plus et je trouvai enfin la force de courir vers les deux hommes. Arrivée à leur hauteur, je  posai ma main sur l'épaule de Mick :

- "Stop, arrêtez ... S'il-vous plait. Il a compris. Vous pouvez le laisser partir ..."


Je le sentis frémir sous ma main et relâcher son emprise. Il finit par se redresser, me tournant toujours le dos.

- "Lève-toi." Dit-il au type d’une voix sourde.


Comme l'autre restait immobile, tenant sa joue et son nez ensanglantée entre ses mains, Mick hurla, nous faisant tous sursauter :

- "Lève-toi !"


Le type obtempéra, et le dévisagea, les yeux emplis de terreur. Mick reprit, calmement cette fois :

- "Tu peux partir. Mais, c'est à elle que tu le dois ... S'il n'en tenait qu'à moi ..." Il soupira : "Tu peux la remercier ..."


Il se tourna vers les deux autres qui étaient restés pétrifiés, n'ayant même pas songé à se saisir des armes qui gisaient juste à côté d'eux.

- "Vous deux, venez récupérer vote merde de petit chef et tirez-vous."


Quand il furent à notre niveau, Mick les arrêta :

- "Wait ... (Attendez) Comment avez-vous trouvé Hiro ?"

- "fa che faire fouchre, fonnard" Maugréa leur chef avant de cracher un jet de salive mêlé de sang par terre.


Je sentis la rage de Mick se réveiller et je le retins par le bras quand il s'avança vers lui, menaçant. Le plus jeune, celui qui répondait au nom de Tao fit faire quelques pas en arrière à ses compagnons, regardant Mick, les yeux emplis de crainte. Il répondit :

- "C'est moi. C'est ma grand-mère."

- "Quoi ? Ta grand-mère ? Ne me prend pas pour un demeuré, petit con !" S'exclama Mick tout en esquissant une nouvelle attaque.


Tao recula encore :

- "Non, non. Je veux dire ... Vous avez demandé comment on l'avait trouvé ... Et bah , c'est par hasard. Ma grand-mère a un appartement pas loin. Le balcon ... On le jardin depuis son balcon. Je vous ai vus tous les deux cet après-midi et je l'ai reconnu. J'ai appelé Kahei et on vous a observés ... Et on s'est dit qu'on allait revenir cette nuit ..."


Mick ne répondit pas tout de suite et se détourna sans un mot. Il shoota dans le revolver et le couteau pour les envoyer encore plus loin.

- "N'oubliez plus jamais que les armes sont interdites, ici ... Et quand tu vas voir ta grand-mère, mon gars, vas-y tout seul ... Si vous allez raconter à quiconque que Hiro se trouve ici, mes amis et moi, on se chargera de vous. Et mes amis sont bien plus méchants que moi, OK ? Tu as déjà entendu parler de City Hunter ?"


Le plus jeune bredouilla une réponse qui ressemblait à un "Oui, oui" timide puis les trois hommes s'en allèrent par la porte, laissant derrière eux un silence gêné. 


Au bout de quelques secondes, je vis Mick chanceler et j'eus à peine le temps de le retenir alors que ses jambes se dérobaient sous lui et il se retrouva à genoux sur le sol, la tête pendante sur sa poitrine. Je le pris dans mes bras et l'allongeai au sol.

- "Fucking Holy Shit ...(Putain de merde) ! Décidément, ça devient une habitude de vous tomber dans les bras ..." Dit-il en souriant faiblement, le regard vitreux et embrumé par l'effort qu'il venait de fournir.


Il leva sa main zébrée d'écarlate et de pourpre pour la poser maladroitement sur ma joue douloureuse.

- "Chuuut ..." Dis-je en caressant sa joue, faisant écho à son geste. "Ce n'est pas une si mauvaise habitude, je trouve ..."


Et c'était curieusement vrai. Je me sentais bien et quand nos yeux se croisèrent, j'eus la douce sensation de me noyer dans les eaux d'un glacier. Je perdis contact avec la réalité et j'oubliai, un instant où je me trouvais. Tout ce dont j'avais conscience, c'était que j'étais agenouillée dans le couloir, la tête de Mick sur mes cuisses, sentant son souffle contre ma main pendant que mon autre main s'était naturellement posée sur son torse. Je sentais alors sa peau sous mes doigts, sa chaleur, son cœur battant, sa respiration qui faisait bouger ses pectoraux ... 


Lors de mon stage en réanimation-néonatologie, la Docteur Ichijiku répétait à qui voulait l'entendre que le premier besoin de l'être humain, à sa naissance n'est ni la nourriture, ni la boisson ... mais tout simplement d'être étreint, accueilli et de se sentir aimé. Et ce fut cette phrase qui me vint directement à l'esprit quand je croisais à nouveau le regard bleu glacier de Mick, un regard vif, espiègle et rieur, d'où la fatigue avait étrangement disparu d'un coup :

- "Ohé ... Docteur Natori ? On revient à la réalité ?"

- "Ah ... Heu ..." Je secouai la tête.

- "Joli le rose poudré sur vous ... Peu de contraste, c'est plus sage et plus classique que le noir mais c'est charmant. Surtout avec une si jolie dentelle. Mais, si je peux me permettre, je pense que le bordeaux irait bien avec la carnation de votre peau ..."


Je sursautai, me sentant rougir comme une pivoine, comprenant soudain de quoi il parlait. Je resserrai rapidement ma blouse et mon chemisier dont les deux premiers boutons avaient été arrachés. Il me sourit et je me sentis rougir de plus belle. Alors qu'il se redressait tant bien que mal, un cri nous fit sursauter derrière nous.

- "Monsieur Watanabe !"


Hiro venait de glisser au sol, le long du mur, sous le regard médusé d'Himika. Il se tenait le flan et une énorme tache de sang imprégnait sa blouse, suintant entre ses doigts. Je me levai vivement et me précipitai vers lui et inspectai son pansement.

- "Himika, je vais me préparer pour l'opérer. Amène-le au bloc."


Je me retournai vers Mick qui me fit signe, pouce levé, que tout allait bien. Je hochai la tête, respirai un grand coup et me dirigeai rapidement vers la salle d'opération. Avec des regrets, je devais bien l'avouer. Je l'aurais bien gardé encore un peu sur mes genoux.


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