Yes or No ?

Chapitre 11 : Premier amour

3369 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/02/2022 14:17


Quelques instants plus tard, Kaori et moi marchions côte à côte, chacune regardant de son côté pour être certaines de ne pas louper la stèle de Shinishi pendant que Ryo marchait une rangée plus loin, en profitant certainement pour repérer quelques jolies jeunes filles éplorées. J'osai demander :

- "Et vous, pourquoi êtes-vous là ?"

- "C'est l'anniversaire de la mort de mon frère, Hideyuki."

- "Oh ... j'ignorais que tu avais perdu un frère. Je suis désolée pour toi. Que s'est-il passé ?"

- "Il a été assassiné, comme Shinishi. C'était il y a sept ans maintenant."


Comme je restai silencieuse, elle poursuivit d'une voix calme :

- "J'en parle rarement, tu sais ... Je pense à lui tous les jours mais en parler ... Même après tout ce temps, c'est encore difficile." 

- "Je comprends." 


Elle continua :

- "Hideyuki était l'ancien partenaire de Ryo. Au départ, c'était eux deux, City Hunter. Mon frère  a refusé un contrat d'un gros patron de la pègre qui l'a très mal pris et l'a fait assassiné. Il est mort dans les bras de Ryo. " Elle regarda avec mélancolie une jolie bague sertie d'une pierre rouge. "Ryo m'a ramené ce dernier souvenir de mon frère ... m'a proposé de partir loin d'ici."

- "Proposition que tu as refusée puisque tu es là ..."


Elle sourit tristement :

- "Oui. Je me suis imposée comme sa partenaire ce jour-là. Et, je ne sais toujours pas pourquoi, mais il m’ a acceptée ..."


Cette fois, ce fut moi qui souris : j'avais ma petite idée sur la raison qui avait poussé Ryo à prendre Kaori comme partenaire et à vivre avec elle.

- "Oh ! Takada ?  Shinishi Takada ?"

- "Non ... C'est Takenaka"

- "Ah, mince, je te demande pardon ... A force de lire tous ces noms, je ne sais même plus comment je m'appelle !" dit-elle en riant.

- "Je peux te poser une question, Kaori ? Si tu la juges trop personnelle, je comprendrais que tu ne répondes pas."

- "O.K. ... Tu m'intrigues ..."

- "Comment une fille comme toi peut se retrouver à vivre et surtout à travailler avec un type comme Ryo ? Je veux dire ... Derrière son masque de dragueur ridicule, se cache quand même un tueur. Et toi, même si en un sens, tu perpétues ton héritage familial, tu es une jeune fille droite et honnête, comment fais-tu pour ... pour ..."

- "Pour accepter qu'il puisse tuer ?" Dit-elle pour compléter ma phrase, tout en regardant Ryo qui marchait toujours à notre droite, une bonne cinquantaine de mètres devant nous.

- "Heuuu ... Oui ..."

- "Il ne tue plus. Il se défend, il défend les autres, il neutralise mais il n'assassine plus. Je suis convaincue que ce qu'il fait est nécessaire, que ce que NOUS faisons est nécessaire. Voilà comment." 


Elle se tourna vers moi et la détermination que je vis brûler dans ses yeux me fit frissonner.

- "Et, surtout, je fais la différence entre ce qu'il FAIT et ce qu'il EST, au plus profond de lui."

- "Comment fais-tu pour l'aimer autant ?" avais je envie de demander mais Ryo nous interrompit :

- "Hééééé ! Shinishi Takenaka ! J'ai trouvé !"


Kaori me prit par la main et nous pressâmes le pas, jusqu'à ce que je me retrouve devant la stèle de Shinishi, décontenancée, ne sachant trop quoi faire.

- "Voilà ... Je crois qu'on va te laisser, Kazue. Tu as certainement des choses à lui dire ..."

- "Je ... Heuuu oui. Enfin, je ne sais pas trop ..."


Kaori demanda :

- "Kazue ? Je peux aussi te demander quelque chose ?"

- "Oui, bien sûr."

- "Comment va Mick ? Je ... Je suis passée hier soir à la Clinique et il a refusé de me voir. C'est si moche que ça ? Est-ce qu'il m'en veut ?"

- "Je n'ai pas travaillé depuis hier après-midi ... et quand je suis partie, il allait mieux. Mais oui, je ne vais pas te mentir, il est passé par des moments difficiles. Et non, je ne pense pas qu'il t'en veuille pour quoi que ce soit, rassure-toi." 


Elle baissa la tête, dissimulant ainsi sa peine.

- "Tu lui passeras le bonjour ?"

- "Bien sûr ..." répondis-je, en lui serrant maladroitement l'avant-bras pour tenter de la réconforter quand Ryo s'exclama :

- "Normal qu'il veuille pas la voir ! Qui voudrait voir un travelo comme elle près de son plumard ? C'est un truc à faire des cauchemars jusqu'à la fin de ses jours !"


Kaori se tourna vers lui et elle laissa sa colère balayer son chagrin. Sans surprise, Ryo se retrouva encastré dans le sol, une nouvelle massue étant allée embrasser son crâne de parfait clown de service. Grâce à son intervention maladroite, Kaori avait certainement oublié ce qui l'avait rendue triste quelques secondes auparavant quand elle cria par dessus son épaule : 

- "Tu m'enverras l'autre naze quand il aura réussi à se sortir de là tout seul, Kazue ?" dit-elle en enfonçant rageusement ses poings dans ses poches. "Moi, je vais voir Hideyuki."

- "Compte sur moi !" lançai-je vers elle.


Quand elle se fut éloignée, je me penchai vers Ryo : 

- "Qui voudrait voir un travelo comme elle près de son plumard ? Sérieux ? Dis-moi un truc, Ryo ? Le travelo, tu ne préfèrerais pas l'avoir DANS ton lit, plutôt qu'à côté ? "

- "Si j'y suis pas et qu'elle change les draps après, je peux prêter ma literie, ça ne me dérange pas ..."

- "Pffff ! Et : faire des cauchemars jusqu'à la fin de ses jours ! Ce ne serait pas des rêves d'un autre genre que tu ferais ? La concernant je veux dire ... Hein ? Ryo Saeba ?"

- "Qu'est-ce que tu vas chercher ?"

- "Fais gaffe, Ryo, ou j'enfonce la massue ..." Dis-je en m'appuyant sur le massif objet de bois.

- "Pas la peine ... Quoique ... si c'est touaaaa !!!!" S'écria-t-il en s'extirpant miraculeusement de son trou.

- "Fais pas le mariol Ryo, je sais que tu pourrais éviter les massues de Kaori. J'ai compris pourquoi." dis-je en le regardant d'un air de défi.

- "Mmmmm ..." Grommela-t-il en époussetant sa veste. "Tu as compris, tiens, tiens, tiens ... Et tu as compris quoi ?"

- "Que tu tiens tellement à elle que tu acceptes de te faire assommer pour rien. Je dirais même que tu fais exprès de te comporter comme un idiot pour attiser sa jalousie permanente."


Il s'immobilisa et se pencha vers moi pour me regarder dans les yeux, les mains sur les hanches, un sourire goguenard aux lèvres :

- "Tu m'en diras tant ... Figure toi que moi aussi j'ai compris certaines choses en vous écoutant, Kaori et toi."

- "Non. Tu étais trop loin, tu n'as rien pu entendre."


Il tapota son oreille droite :

- "Je suis un pro avec une oreille de pro, Kazue, ne l'oublie pas."


Je restai muette et il reprit en me fixant comme un matou fixerait une souris :

- "Alors, reprenons ... Si j'ai bien compris, tu te demandes ce que ça fait de vivre avec un tueur ?"

- "Hein ?" dis-je, faisant mine de ne pas comprendre où il voulait en venir. 


Je me demandai en même temps s'il avait tout entendu de notre conversation et de la déclaration de Kaori. Il me demanda insidieusement :

- "Tu envisages de venir vivre avec moi ou ... avec un autre numéro un, un plus ... exotique ?" 

- "N ... Non, non, non ... Je ne sais pas de quoi tu parles !"

- "Ouais ... C'est ça ..." Il se rapprocha encore de moi et se pencha pour ajouter : "Tu balances, je balance. Tu gardes certaines infos pour toi, je garde certaines infos pour moi ... On est d'accord ?"


Je me détournai de lui, croisant les bras sur ma poitrine et mes yeux tombèrent sur la stèle de Shinishi et je me pétrifiai.


Au bout d'un instant, Ryo rompit le silence qui s'était installé entre nous : 

- "Il serait temps que tu tiennes ta promesse."

- "Laquelle ?" demandai-je en me tournant vivement vers lui. "J'ai tenu mes promesses. J'ai répondu à ton XYZ, non ? Kaori est réveillée et Mick n'est pas mort. " 

- "Ah mais, je ne te parle pas de ça ..."


Je ne répondis pas. Je venais de comprendre de quoi il parlait.

- "Tu n'as pas refait ta vie, Kazue. Pas vraiment ... Je croyais que tu ne voulais pas gâcher ton avenir. N'est-ce pas ce que tu m'as dit à propos des Katagawa : "Je ne veux pas gâcher mon avenir à cause de gens comme eux" ?"

- "Parce que tu trouves que travailler avec le Doc, c'est gâcher mon avenir ? Je me suis construit un avenir. À ma manière. Et il me plait comme ça ... surtout sans homme pour me diriger."


Il fit mine de se pencher vers moi, la bouche en cœur. 

- "Ah mais, si c'est que çaaaaa ! On peut s'arranger tout de suiiiiite, Docteur de mon cœur !!!! Moi, je peux te laisser diriger tout ce que tu veux !"


Je me détournai de lui, le laissant s’étaler au sol alors que je faisais un pas de côté.

- "Hooo, Ryo, assez. Plus la peine de jouer cette comédie avec moi. Nous nous sommes déjà embrassés et tu m'as repoussée. Tu aurais facilement pu profiter de ce que je t'offrais et prendre plus de moi qu'un baiser ..."

- "Je ne suis pas un type pour toi ..."

- "Je sais. Je l'ai compris. Un peu trop tard mais je l'ai compris. Ton cœur appartient à une autre mais tu es incapable de le lui dire ..." 


Il enfonça ses mains dans les poches et son regard se perdit dans le lointain : 

- "Depuis quand n'as-tu pas aimé, Kazue ?"


Je fus choquée par sa question mais je décidai de ne pas me laisser désarçonner et je lui répondis sur le même ton doucereux :

- "Et depuis quand ma vie amoureuse te regarde, Ryo Saeba ?"

- "Depuis que tu m'as dit que tu ne gâcherais pas ta vie. Une belle femme qui vit sans amour, gâche sa vie."

- "Ahhhhh ! La blague ! C'est l'hôpital qui se fout de la charité !" répliquai-je, outrée.


Sans tenir compte de ma remarque, il répéta, insistant du regard :

- "Alors ? Depuis quand n'es tu plus tombée amoureuse ?"

- "Longtemps. J'ai eu des relations mais je ne les qualifierais pas d'amoureuses, je veux bien le reconnaître. Je ne suis pas retombée amoureuse depuis Shinishi et c'était mon premier amour ... Et ... toi ... dans une moindre mesure. Mais, et alors ? Qu'est-ce que ça peut faire ? J'ai trente-cinq ans, toutes mes dents et je sais gérer ma contraception, si tu veux tout savoir. Toi aussi, tu as certainement eu des relations ?" 


J'étais en colère et je la déversais sur lui. Pourquoi ? Certainement parce qu'il était le seul à pouvoir l'entendre sans me juger, la recevoir et me pardonner dans le même temps. Sous ses airs de guignol débile et obsédé, se cachait une vraie humanité. Comme le Doc. Mais, cela allait sans dire, je me voyais mal évoquer l'existence de mes amants devant le Doc.


Je ne pus pas m'empêcher d'ajouter :

- "Ne prétend pas que tu as vécu comme un moine depuis que tu la connais et que tu n'as pas couché avec une seule femme ? Et ne prétends pas non plus que tu as été amoureux de ces femmes, Ryo. Ne me mens pas. Tu l'aimes depuis qu'elle est entrée dans ta vie."


Ryo resta impassible alors que je murmurai, un peu accusatrice :

- "Et moi, je ne fais de mal à personne. Contrairement à toi ..."

- "..."

- "Tu ne dis rien ? J'ai mis dans le mille ? Alors, juste une chose, Ryo : ne viens pas me donner des leçons d'amour ou de bonheur quand tu es incapable de saisir le tien alors qu'il est juste à portée de main."


Il resta encore un moment immobile avant de me tourner le dos et d'ajouter :

- "Prends le temps qu'il te faut pour lui parler, à ton premier amour. Mais n'oublie pas qu'un premier amour reste le premier. Il peut y en avoir un autre ... et je suis sûr qu'il serait d'accord avec moi, ton Shinishi."


Il fit quelques pas avant d'ajouter : 

- "Si tu veux, aujourd’hui, c'est aussi l'anniversaire de Kaori. Elle fait toujours à dîner pour un régiment, alors si tu veux te joindre à nous ... Je pense que ça lui fera plaisir. On sera dans l’allée numéro treize si tu nous cherches."

- "C'est gentil mais, je dois retourner à la Clinique. Est-ce que je peux encore te poser une question ... sur ... sur Mick ?"

- "Ahhh, il t'intéresse alors finalement ?"

- "C'est juste que ... je me demande , y'a un truc qui me trotte dans la tête. Pourquoi as-tu dis : je te dois une vie ? Quand il était désespéré et qu'il voulait mourir, tu te rappelles ?"


Il ne se retourna pas mais je le vis baisser la tête :

- "Il est allé en prison à ma place. Une affaire pour le gouvernement fédéral américain qui a mal tourné. Si on se plantait, ils refusaient de nous couvrir et on s'est planté ... à cause d'une blonde explosive ... Il a tout encaissé et j'ai filé. Comme je n'avais que des faux papiers et avec mon passif, je risquais la chaise électrique. Alors ... alors, j'ai sauté dans le premier bateau pour le Japon et, lui, il a passé dix-huit mois à l'ombre."


Comme je restai silencieuse face à cette information, il s'en alla, la tête basse :

- "C'est pas un type bien en apparence ... mais c'est pas un mauvais type dans le fond ..."


Une heure plus tard, je me dirigeai tranquillement vers la Clinique en passant par le centre ville. Je me promenais rarement ainsi et j'appréciai la balade, laissant le soleil de fin d'après-midi me chauffer un peu les épaules, m'arrêtant devant quelques vitrines. Je me sentais mieux. 


J'avais pu dire tout ce que j'avais sur le cœur à Shinishi, ou plutôt à sa pierre tombale. Cet acte totalement irrationnel de parler à un caillou, avait quand même eu l'effet de me libérer d'un poids qui, insidieusement, était devenu trop lourd à porter au fil des années. J'avais eu l'impression que de rester maître de ma vie et de ne laisser personne entrer dans mon cœur pouvait me rendre heureuse. Ou, du moins, m'empêcher d'être malheureuse. Ce qui avait été, sans aucun doute, une monumentale erreur.


Et puis, Mick était arrivé. Mick et ses yeux bleu glacier. Mick et son regard sans fard. Sa voix chaude. Son accent mélodieux. Son rire communicatif. Son tatouage fascinant. Son passé hors norme. Ses douces paroles.


Et c'était en me laissant charmer par cet homme que je m'étais rendue compte que je n'avais pas laissé partir Shinishi : à chaque nouvelle avancée de Mick, j'avais eu l'impression de tromper mon ancien fiancé.

C'était ce sentiment que je n'avais pas compris, jusqu'à ce que nos visages se frôlent. 

C'était ce sentiment qui me faisait reculer à chaque fois qu'il faisait un pas vers moi. 

C'était pour laisser Mick avancer que j'avais eu besoin de dire adieu à Shinishi. 


Devant son nom gravé sur cette pierre si froide et si triste, j'avais beaucoup pleuré, raconté tous mes souvenirs, depuis notre rencontre jusqu'à sa disparition en passant par nos fous rires, nos disputes et nos réconciliations. Je m'étais excusée de le laisser là, derrière moi et je lui avais une dernière fois dit "Je t'aime".


Maintenant, je me sentais prête.


Et puis soudain, un doute assaillit mon cœur alors que je repensais à ma discussion avec Kaori et ce qu'elle m'avait appris : Mick avait refusé de la voir ... Pourquoi ? 


Recevoir une visite, parler des choses et d'autres, recevoir de l'attention, faisaient partie des choses toutes simples qui pouvaient aider à la guérison, à la reconstruction. Une parole encourageante, un regard amical, un geste réconfortant ... 


Ou alors ? Était-ce parce que Mick n'était pas en position de séducteur pour une fois ?


Les crises de manque, les nausées permanentes, la fatigue qui le clouait au lit le privant d'activité physique ... toutes ces choses l'avaient changé : il avait maigri à vue d'œil, son teint était devenu terne, ses yeux s'étaient peu à peu cerclés de gris, même quand ils retrouvaient cette pointe d'espièglerie qui réveillait toujours les fourmis de mon estomac. 


Était-ce pour cela ? Était-ce parce qu'il ne pourrait pas la séduire qu'il avait refusé de la voir ? Attendait-il d'aller mieux pour tenter à nouveau sa chance ? 


Et moi ? Comment rivaliser avec cette fille si adorable ? 


D'un côté, il l'avait clairement dit : elle ne pourrait pas le rendre heureux car son cœur appartenait à un autre ... et Mick me faisait du charme, je ne pouvais plus faire comme si de rien n'était. Il ne s'agissait pas uniquement de petites habitudes d'un dragueur invétéré comme je l'avais pensé au début. 


Non, non, non. Il se passait bien quelque chose entre nous. Je n'avais pas rêvé.


D'un autre côté …


Ce doute serra mon cœur mais je me repris bien vite car je venais de franchir les portes de la Clinique et le Doc se dirigeait déjà vers moi, un grand sourire aux lèvres.

- "Ma petite Kazue ! Comment te sens-tu ? Cette migraine ? Prête pour ta nuit de garde ?"


Le Doc me regarda par-dessus ses lunettes rondes, comme s'il voulait me sonder. Je répondis, sûre de moi :

- "Sans problème, Doc."


Il me prit par le bras et il m'accompagna jusqu'à mon bureau.

- "Comme toujours, notre ami de la numéro trois t'attend avec impatience ... Hier soir, j'ai fait ses injections suivant ta cartographie et il a senti TOUTES les piqûres !"


Je retins mon souffle en entendant cette annonce. Alors ... Il y avait une chance ... 


Le Doc poursuivit, enthousiaste : 

- "Pas de crise majeure à déplorer, sauf bien sûr, une humeur massacrante quand il a appris que tu en serais pas là avant ce soir ... son état se stabilise doucement et il a réussi à manger quelque chose ce matin et ce midi et commence à reprendre des forces. Du coup, les signes de déshydration s'estompent."

- "Bonne nouvelle ..."

- "Et ce n'est pas tout ... Le patient de la numéro deux s'est réveillé. Il a enfin pu  nous dire son nom : Hiro Watanabe. Sans grande surprise, c'est un yakusa. Les membres de son clan l'on tabassé, lui ont collé les trois balles que nous avons retiré et l'ont laissé pour mort ... Tout ça parce qu'il avait décidé de changer de vie. Donc, silence absolu concernant sa présence et sa véritable identité. Encore plus que d'habitude, en somme."

- "Message reçu, Doc. Vous pouvez compter sur moi."

- "Bon. J'ai conduit les fauteuils de nos deux amis dans le jardin au bord de l'étang cet après-midi. Apparemment, ils se sont trouvé des points communs ... Tellement de points communs, qu'ils sont même en train de dîner ensemble ... Bon, moi, je vous laisse. Un nouveau cabaret a ouvert au Kabuki-Cho ..."

- "Doooooc !"


Il me regarda à nouveau par dessus ses petites lunettes rondes :

- "Un vieux schnock comme moi a droit, de temps à temps, de se prendre pour un jeune de vingt ans, non ? Et puis, cette petite tournée sera l'occasion de rappeler que notre chère petite Clinique est un terrain neutre." Ajouta-t-il en retirant sa blouse.

- "Oui, oui, bien sûr ... Quelle bonne excuse !"


Il tourna rapidement les talons vers la sortie tout en sifflotant joyeusement. 


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