Yes or No ?
Je revins deux jours plus tard, reposée et sereine puisque j'avais réussi à dormir plus de douze heures d'affilée.
J'avais aussi pris le temps de discuter un peu avec ma logeuse, Madame Sakamoto. Depuis quelques années maintenant, cette veuve d'une soixantaine d'années, avait ajouté dans sa maison traditionnelle perdue en plein cœur de Tokyo, trois appartements dont les loyers, modiques, lui permettaient de joindre les deux bouts. Les logements étaient minuscules, certes, mais le jardin était magnifique et les "résidentes" comme nous appelait Madame Sakamoto, pouvaient en disposer à leur gré.
Madame Sakamoto était une pipelette et j'avais ainsi rattrapé toute une semaine de potins. Apparemment, une de mes voisines avait un fiancé, une relation "assez sérieuse" et Madame Sakamoto avait beaucoup de choses à dire sur la question. Ses pensées étaient aussi traditionnelles que sa maison. De ce fait, elle ne louait ses appartements qu'aux femmes et n'autorisait pas les visites masculines. Ce qui, jusqu'à présent, ne m'avait nullement dérangée, au contraire d'ailleurs : j'avais alors disposé d'une excuse parfaite pour refuser de faire entrer mes quelques amants dans ma vie.
Mais après le énième "vous vous rendez coooooompte ?", j'avais poliment mis fin à la conversation en prétextant un semi-mensonge : j'avais de nombreuses tâches à faire : un peu de ménage, des lessives, du rangement ... Ce que j'avais fait mais le lendemain.
J'en avais profité pour manger au restaurant et regarder des émissions télévisées sans intérêt. Bref, j'avais passé deux jours de repos ordinaires au cours desquels j'avais enfin réussi à sortir Mick Angel de ma tête.
Enfin, presque ... puisque j'étais passée chez mon coiffeur habituel qui avait cette inestimable qualité de ne pas travailler sur rendez-vous. Chez lui, il suffisait de patienter en attendant son tour, ce que j'avais fait avec plaisir, puisque j'avais prévu de quoi lire en quantité dans mon sac à main ...
J'entrai dans la salle commune de la Clinique vers les six heures du soir, prête à me mettre au travail et à entamer une nuit de garde.
- "Salut Kazue ! Oh jolis, tes cheveux !" s'exclama Naoko, toujours enthousiaste, assise dans son fauteuil habituel, une tasse de café fumant dans les mains. "Couleur et pointes ?"
- "Oui, comme d'hab. Ça ne change pas grand chose mais je me sens mieux !" Dis-je tout en me servant moi aussi, une grande tasse de café.
- "Tu as raison, c'est important de prendre soin de soi. Mais j'avoue que je ne suis pas fâchée que tu sois de retour...." Ajouta-t-elle d'un air énigmatique.
- "Pareil." ajouta Himika.
- "Que s'est-il passé ?" Demandai-je. "De nouveaux arrivés ?"
Elles éclatèrent de rire.
- "Heureusement non !"
- "En fait, au début, on était plutôt ravies de s'occuper non stop de ton beau blond ..."
Je faillis m'étouffer en avalant de travers en entendant "TON beau blond" :
- "Pardon ... trop chaud, ce café." Mentis-je.
Elles échangèrent un sourire complice avant que Naoko ne reprenne :
- "On disait donc, qu'on était plutôt ravies de s'occuper de Mick mais ... En fait, bah, c'est pas si drôle ... Il est beau mais je crois qu'il est en train de déprimer."
- "Oui." Renchérit Himika. "Il donne le change mais on voit bien que le cœur n'y est pas. En plus, ce matin le Doc lui a fait les premiers tests de réflexologie ..."
Je relevai les yeux de ma tasse et la regardai, tendue :
- "Alors ?"
- "Alors, la cata ... Pourtant, il était de bonne humeur quand ils ont commencé ... Garde le pour toi, mais je crois que le Doc a amené la télé dans sa chambre et qu'ils ont passé la nuit à regarder ..." Naoko rougit. "Enfin, tu vois, quoi ... des trucs pour adultes ... D'ailleurs, Ryo s'est invité aussi. Lui, il dort comme une masse dans la chambre une."
- "Oui. Je pense qu'ils ont fait une sacrée foire ces trois-là ... Toujours est-il que le Doc et Mick étaient même en train de plaisanter quand le Doc a commencé à tapoter ... mais, rien ..." continua Himika.
- "Et depuis, il ne veut plus rien savoir. Et ça a empiré quand je lui ai dit que tu avais pris deux jours de congés et que tu ne revenais que ce soir. C'est à peine s'il desserre les dents et il refuse aussi de manger."
- "Bien." Dis-je en reposant ma tasse et en désignant le plateau posé sur la table basse. "C'est son dîner ?"
Naoko acquiesça.
Je le saisis et traversai le couloir d'un pas vif jusqu'à la chambre numéro trois, à la fois terriblement inquiète et en colère : je trouvai qu'il se comportait comme un enfant capricieux et en même temps, le savoir désemparé et triste me fendait le cœur. J'ouvris la porte avec le coude et entrai en lançant d'un ton enjoué :
- "Bonsoir ! Le dîner est servi !"
Il était réveillé, la tête relevée par deux ou trois coussins, les yeux tournés vers la fenêtre. Il me regarda mais ses yeux, d'habitude si pétillants, restèrent mornes et froids. Froids comme de la glace. Vides. Je sentis tous mes membres se raidir.
Je posai le plateau sur la tablette, l'installai devant lui, comme si de rien n'était et découvris le plat : double ration de viande et de protéines pour encourager le renouvellement des cellules.
Il détourna à nouveau le regard.
- "Vous n'avez pas faim ?" demandai-je. "Pourtant, les yakitori, c'est la spécialité du Doc ... Vous devriez goûter, c'est délicieux ... Il fait ça vraiment bien. Heureusement que ce n'est pas moi qui me charge des repas ! Ça serait ramen déshydratés trois fois par jour !"
Il ne répondit pas.
- "Il va faire beau demain. On pourrait s'organiser un tour dans le jardin en fauteuil. Le printemps n'est pas encore là mais ..."
- "Je m'en cogne ..." murmura-t-il.
- "Allez, mangez, c'est important de fournir à votre corps ce dont il ..."
- "J'ai dit, je m'en cogne ..." répéta-t-il d'un ton sec.
Je préparai quand même les couverts, je saisis des nouilles aux légumes avec les baguettes et les avançaient devant son visage :
- "Bon appétit ..."
Il hurla :
- "Mais, putain ! Qu'est-ce que vous comprenez pas quand je vous dis que je m'en cogne ? Faut que je vous l'dise comment ? Je m'en fous ! Je m'en balance ! J'en ai rien à battre ! Vous comprenez mieux comme ça ?"
Je le regardai, effarée, ne sachant ni quoi faire ni quoi dire.
- "Et qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? Y'a un truc qui vous revient pas ?"
Il me dévisageait, le regard dur et froid. Je ne le reconnaissais pas et ce regard me glaça les entrailles. Je restai figée, incapable de penser, de bouger, tellement j'étais sidérée et impressionnée par la violence de sa rage.
- "Vous pensez que tout est beau, tout est joli parce que vous l'êtes aussi et que tout va bien dans votre vie ? Vous êtes allée chez le coiffeur ? Vous aviez un rendez-vous galant ? Et bien j'espère que vous en avez bien profité, Docteur Natori, parce que, moi, ici, j'en ai ma claque de me faire chiiiiier !!!"
Et d'un coup, il balança son bras dans ma main encore tendue devant lui, envoyant par terre les baguettes et les nouilles aux légumes.
- "Et d'ailleurs, vous savez quoi ? Je peux même pas me faire chier tout seul, puisqu'il faut que j'appelle quelqu'un ..."
- "Ça suffit !" claqua d'une voix sèche dans mon dos.
Le Doc venait d'entrer dans la chambre et je fus impressionnée par sa prestance et la fermeté de son regard. Son aura emplissait la pièce, malgré son âge et sa petite taille. Il fit un pas vers le lit de Mick, le défiant du regard :
- "Pas de ça chez moi, jeune homme. Vous avez le droit d'être en colère ou d'en avoir marre, je peux le concevoir. Mais ne vous en prenez pas aux personnes qui veillent sur vous et qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour vous aider. Sinon, je n'hésiterai pas une seconde à vous flanquer à la porte."
Mick le regardait toujours d'un air dur et déterminé mais restait silencieux. Le Doc poursuivit :
- "... et quelles qu'en soient les conséquences pour vous, mon jeune ami ... L'hôpital, les questions, la police ... ça, c'est MOI qui m'en cogne ..."
Mick ne répondit toujours pas mais semblait se calmer.
- "Est-ce que j'ai été assez clair ?" Conclut le Doc.
- "Limpide." Répliqua Mick.
Même s'il paraissait parfaitement calme, sa mâchoire se crispait en rythme. Le Doc reprit de sa voix toujours extrêmement calme et ferme :
- "Bien. Maintenant, vous allez manger votre dîner. Ensuite, Kazue enlèvera vos bandages et nous referons les tests. Qui sait, les choses auront peut-être évolué."
Je ramassai silencieusement les baguettes et la nourriture qui étaient tombés sur le sol mais le Doc me prit les baguettes des mains et entreprit de donner lui-même à Mick son repas.
- "Ma petite Kazue" c'était le surnom affectueux qu'il me donnait de temps en temps. "Va préparer le matériel nécessaire, s'il-te-plait."
Sa voix était douce mais son ton ne souffrait aucune revendication d'aucune sorte. Je sortis de la pièce, tel un automate et allai préparer mon chariot habituel, retenant mon souffle et mes larmes. Pourtant, j'étais habituée aux scènes violentes : nous soignions des yakusas, d'anciens membres de clans, des mercenaires, des hommes qui se vendaient aux plus offrants ... pas des enfants de cœur. Alors, oui, j'avais déjà vu des hommes se battre dans ce couloir, menacer de se tuer les uns les autres, j'avais vu et raccommodé les résultats de cette violence, de cette envie de tuer, de ces soifs de vengeance. J'avais déjà vu tout ça. Pas souvent, mais je l'avais déjà vu.
Mais cette rage, cette douleur dans ses yeux ... Cette douleur profonde d'un ego blessé que je savais ne jamais pouvoir soulager ...
J'essuyai d'un geste rageur mes larmes sur le revers de ma blouse, m'invectivant que tout ça, ce n'était vraiment pas professionnel et que je devais à tout prix me reprendre pour le bien du patient ... et pour le mien.
Quelques instants plus tard, le Doc et moi avions défait ses pansements et comme les plaies de ses mains et de ses avant-bras étaient presque refermées, nous effectuâmes, une nouvelle fois, les tests de sensibilité. Armé d'un petit marteau, le Doc tapait légèrement mais régulièrement les articulations pour faire réagir les mains du patient qui tournait la tête, afin de ne pas se faire influencer par ce qu'il voyait. J'étais soulagée de ne pas avoir encore croisé son regard mais j'avais encore le cœur lourd.
Au bout de quelques minutes :
- "Y'a rien, c'est ça ..." murmura Mick, la voix éraillée, comme un écho à ma propre gorge nouée.
Le Doc posa son aiguille sur la tablette.
- "Effectivement, c'est mauvais signe ..." concéda-t-il. "Mais, ne tirons pas de conclusion hâtive ..."
Nous restâmes silencieux un moment et ce fut Mick qui rompit le silence :
- "Vous auriez dû me laisser mourir."
Le Doc ne broncha pas et je restais également pétrifiée, presque en apnée. Mick se tourna vers moi :
- "Je vous en prie. Arrêtez tout ça. Je ne veux pas vivre si je ne peux pas me servir de mes mains. Donnez-moi un truc radical, qu'on en finisse pour de bon."
Son regard ... Je sentis à nouveau les larmes monter dans mes yeux et ma gorge se serrer mais je restai muette.
- "Jeune homme ..." tenta de l'interrompre le Doc.
- "Non, non, laissez-moi terminer. Ça fait un moment que j'y pense. Il n'y a que ça à faire, ici, penser ... Comment voulez-vous que je m'en sorte, sans mains ? Je ne peux rien faire sans aide. Ni m'habiller, ni me laver, ni manger, ni boire ... Et que dire de travailler ? Et tenir une arme ? Je ne sais rien faire d'autre que tenir une arme. Je serai un fardeau, un boulet, une pauvre chose à la charge des autres. Et ça ..."
Il se redressa dans son lit, levant ses mains devant lui :
- "Ca, je refuse. Il y a trois semaines, j'étais le tueur à gages numéro un des Etats-Unis ... Je ne veux pas être réduit à demander de l'aide pour faire pipi ... Désolé."
- "Jeune homme ... Je peux comprendre ce genre de discours." reprit le Doc d'un ton froid et dur. "Mais, sachez que je n'ai jamais aidé un patient à mourir. Question de principe. Voyez avec Ryo pour ce genre de commande."
Mick se redressa, piqué au vif. Il était en colère. En colère contre nous, contre lui, contre le monde entier. Il allait répliquer quand nous entendîmes :
- "Je dois me charger de quel genre de commande ?"
Le Doc répondit à Ryo sans se retourner :
- "Ce jeune homme essaie de nous convaincre du bien fondé de sa volonté d'en finir avec la vie ..."
Mick se tourna vers Ryo d'un air désespéré :
- "Si y'a bien quelqu'un qui peut comprendre c'est toi, Bro'. Imagine que tu ne puisses plus te servir de tes mains ..."
Ryo prit un air goguenard :
- "Alors, je vais t'dire, mon vieux, si t'étais plus doué à la drague, t'aurais pas besoin de te servir de tes mains ..."
- "Tu sais bien que je ne te parle pas de ça, crétin !" répliqua Mick d'un ton tellement dur que Ryo changea immédiatement d'expression mais ne répondit pas. "J'aurais dû mourir, Ryo. Et pas qu'une fois. J'aurai dû mourir dans cette explosion et Kaïbara en a décidé autrement en me repêchant de l'océan. J'aurai dû mourir dans cette cale, mais il m'a réveillé avec de l'angel-dust. J'aurai dû mourir en combattant contre Falcon. Mais il a retenu ses coups. J'aurai dû mourir en plongeant mes mains dans ce tableau de bord pour sauver les personnes qui me sont chères. Mais, là aussi, on m'en a aussi empêché !"
Il fusilla Ryo du regard :
- "Tu m'en as empêché ! Alors maintenant, assume, Bro'. Fais ce qui aurait dû être fait depuis longtemps. Colle-moi une balle dans le crâne qu'on n'en parle plus."
Ryo restait de marbre, comme si la colère et les cris de Mick coulaient sur lui. Ce dernier était à bout de souffle quand il se tourna vers le Doc, impassible lui aussi :
- "Et vous, Doc, vous vous sentiriez comment si on vous disait que vous ne pourriez plus rien faire de vos mains ? Si vous ne pouviez plus soigner ?"
- "Vous pouvez peut-être envisager de construire votre vie autrement ...Vous êtes en vie, jeune homme et c'est déjà un petit miracle. "
- "En vie ! En vie !" Il hurlait de rage, les bras levés au ciel, la perfusion menaçant de se détacher de son bras. "Putain de merde ! Vous appelez ça, vivre, vous !?! Je peux rien faire sans demander de l'aide ! Même pas me raser ou m'habiller ! Et que dire du reste ? Et si je rencontre une femme ?"
Je soupirai, pensant que ce genre de choses était parfaitement accessoire mais Mick ne me laissa pas la possibilité d'exprimer mon indignation :
- "Alors dites-moi, vous deux, les prétendus meilleurs dragueurs du Japon, l'Étalon de Shinjuku et celui de je-ne-sais-plus-où, dites-moi : comment vous vous sentiriez si vous ne pouviez plus toucher qui que ce soit ? Comment vous vous sentiriez si vous ne pouviez plus frôler la taille d'une femme, tenir ses mains, effleurer ses lèvres, la sentir vibrer sous vos doigts, hein !?!?!"
Il leva sa main droite et frappa violemment le matelas de son lit. Il poussa un cri de douleur tout en grimaçant :
- "Raaaaaaa ! Putain, fait chiiiiiier !"
- "Il est temps de renouveler votre anti-douleur ..." Dis-je, en m'avançant vers sa perfusion pour ajouter une dose de morphine mais il se tourna vers moi, levant son avant-bras pansé tout en me regardant, m'intimant à ne rien faire.
- "Foutez moi la paix avec votre anti douleur ! Je suis pas une mauviette, Docteur Natori ! Je peux gérer ! Mais dites-moi ? Doc ? Ryo ?" Reprit-il en se tournant tour à tour vers le vieil homme et vers son alter ego : "Vous feriez quoi, si vous tombiez amoureux d'une femme sans pouvoir espérer un jour sentir la douceur de sa peau, jouer avec ses cheveux, caresser la rondeur de sa poitrine ? Hein, dites ? Vous feriez quoi ? Vous feriez quoiiiiiiii ???"
Le Doc et Ryo restèrent muets. Je repensais alors à ce que Mick m'avait confié : il avait été amoureux de Kaori. Alors, c'était parce qu'il avait perdu face à Ryo qu'il abandonnait ?
Devant l'absence de réaction de ses interlocuteurs, Mick demanda, d'une voix plus calme cette fois et un léger sourire au coin des lèvres :
- "Alors, on ne répond pas ? Vous commencez à piger ?"
J'avais envie de crier, de l'empoigner, de le secouer, de le gifler, de le prendre dans mes bras, de lui dire que non, il ne devait pas mourir. Il n'en avait pas le droit.
- "Alors, Ryo ? Ta réponse ?" Reprit-il.
- "Je refuse."
- "Tu me dois bien ça, tu le sais."
- "Non. Kaori ne me le pardonnerait jamais. Et moi, je ne me le pardonnerais jamais. Je te suis redevable d'une vie depuis ce qu'il s'est passé à San Francisco. Pas d'une balle dans le crâne pour bons et loyaux services."
- "J'ai failli te tuer, je te rappelle."
- "Et tu ne l'as pas fait.”
- "Oui mais si nous étions affrontés ..."
- "C'est peut-être toi qui m'aurais descendu, ça, on ne le saura jamais."
Ryo s'avança vers Mick :
- "Tu sais bien que je ne tue plus comme ça. Je ne tuerai pas quelqu'un incapable de tenir une arme."
- "Alors, je fais comment, moi ?"
Ryo haussa les épaules. Mick se tourna alors vers moi et planta son regard dans le mien.
- "Kazue ? Je peux compter sur vous ?"
Je restai silencieuse quelques secondes et :
- "Non." Fut finalement le seul mot que je réussis à prononcer tellement ma gorge était serrée.
Mick me regarda intensément :
- "Comment ça ? Non ?"
Et puis soudain, mon esprit se débloqua. Ce fut comme un démarrage au frein à main : d'un seul coup, mes idées s'alignèrent et se mirent en place à une vitesse prodigieuse.
Mick répéta :
- "Comment ça ? Non ?"
Mais je ne pris pas la peine de répondre car mes pas me portaient déjà vers la sortie et je maugréai pour moi-même :
- "Non mais quelle idiote, je suis une imbécile, une tête vide ..."
J'entendis le Doc demander derrière moi :
- "Mais quelle mouche l'a piquée ?"
Je courrai maintenant dans le couloir en direction de mon bureau, en ouvris la porte à la volée et fouillai immédiatement les étagères :
- "Mais où est-ce que j'ai foutu ce truc ?"